Texte intégral
Mes chers amis,
Au terme de ces journées parlementaires, je veux remercier Daniel Fasquelle, André Flajolet et toutes leurs équipes pour l'efficacité et la qualité de leur organisation.
Avec vous tous, avec Bernard Accoyer, Gérard Larcher, Jean-François Copé, Gérard Longuet, Xavier Bertrand, et tous les membres du gouvernement présents, ces journées signent notre unité et notre volonté de continuer à moderniser la France.
L'intérêt national l'exige. L'intérêt politique aussi.
Les socialistes sont à l'arrêt, parce que depuis deux ans nous sommes à l'initiative, nous saisissant des grands enjeux de notre temps, enjambant ces anciennes frontières idéologiques qui firent si longtemps le succès de nos adversaires.
Voilà bien longtemps que la gauche n'a plus le monopole de la solidarité.
Elle n'a plus du tout, cher Jean-Louis, celui l'environnement, depuis qu'elle a renié ses engagements sur la taxe carbone.
Elle n'a plus celui de la culture, puisqu'elle ignore les droits des créateurs.
Elle n'a plus celui de la moralisation du système financier.
Que lui reste-t-il ?
La critique systématique du gouvernement.
Et les primaires pour lesquelles les Français ont bien du mal à se passionner.
Bref, Le Touquet n'est pas la Rochelle.
Durant ces deux journées, j'ai ressenti, mes chers amis, ce mélange de volonté et de gravité qui nous habite tous.
Nous sommes quasiment à mi mandat présidentiel et législatif.
Et d'expérience, je sais que c'est toujours une période sensible.
Partout en Europe, je vois des gouvernements malmenés par leur opposition et leur opinion. La crise économique et sociale amplifie naturellement les doutes, les résistances, les divisions.
Nous avons, en France, le privilège de demeurer en situation d'agir et d'innover.
Nous le devons à la cohérence de notre projet, qui, avec ou sans la crise, est fondé sur la nécessité des réformes.
Nous le devons à l'unité de la majorité qui ne s'est jamais dispersée lorsque l'essentiel était en jeu.
Nous le devons au président de la République dont l'énergie répond à la dureté des temps.
En ce moment même, à Pittsburgh, se tient le G20.
Après la réunion de Londres, après celle de Washington, la France poursuit son effort pour réformer le système financier et la gouvernance mondiale.
Une chose est sûre : si Nicolas Sarkozy n'avait pas convaincu l'Europe et les grandes puissances d'organiser une riposte collective, nous en serions encore à débattre des raisons de la chute de Lehman Brothers.
S'il n'avait pas, avec Angela Merkel, exigé la fin des paradis fiscaux, la réglementation des bonus, la refonte des mécanismes de régulation, rien n'aurait changé dans notre système financier !
Il ne faut pas sous estimer les pesanteurs d'un système qui a failli, mais derrière lequel beaucoup d'acteurs continuent de se réfugier...
Le combat que nous menons est difficile.
Les changements seront progressifs, d'aucun trouveront que ça ne va pas assez vite mais une chose est sûre: c'est la France qui a forcé ses partenaires à prendre leurs responsabilités politiques.
Avec Christine Lagarde et Eric Woerth, nous avons pris les nôtres, sans attendre les décisions du G20 sur les bonus, les parachutes dorés, les retraites chapeaux, les agences de notation, les paradis fiscaux.
Au regard des avancées du G20, nous examinons l'opportunité d'un projet de loi de réglementation des activités financières destiné à dissuader ceux qui réalisent des opérations en direction des territoires qui ne respecteraient pas les engagements pris au niveau international.
L'économie de marché ne doit plus se confondre avec le marché de l'économie, et la République du mérite et du travail que nous voulons ne doit pas être ruinée par les coups de poker de la spéculation : voilà les convictions qui nous guident.
Ce sont ces convictions qui m'ont conduit à m'engager dans l'action politique, des convictions gaullistes dont on voit qu'elles n'ont rien perdu de leur actualité, la conviction que la France est grande par son audace et son message humaniste.
Ces convictions, cette éthique de l'action publique, nous ne devons pas seulement les proclamer mais les vivre chaque jour.
On ne change pas le monde lorsque l'on est préoccupé de son seul avenir personnel.
On ne convainc pas quand on est fébrile.
On ne réforme pas quand on ne pense qu'à sa popularité.
Mes chers amis,
Plus que jamais, le gouvernement doit être concentré sur ses charges. Il doit être à l'écoute du parlement et de la majorité présidentielle.
Plus que jamais, les groupes UMP, ont un devoir de solidarité vis-à-vis du Gouvernement et un devoir d'initiative - qui est renforcé par la réforme constitutionnelle.
J'ai toujours milité pour un parlement revalorisé et respecté, et ce n'est pas maintenant que je vous reprocherai d'assumer pleinement vos droits.
Ils doivent naturellement s'exercer de façon concertée et cohérente, en synergie avec l'exécutif.
Pour moi, il n'y a pas le Gouvernement d'un côté et la majorité parlementaire de l'autre.
Dans notre Ve République, il ne peut y avoir l'exécutif et le législatif qui tirent à hue et à dia. Pas plus qu'il ne peut y avoir l'Etat d'un coté et les collectivités locales de l'autre, chacun se défiant ou s'ignorant.
La France des baronnies n'est pas la mienne !
J'estime que nous sommes collectivement comptables de la mise oeuvre du projet présidentiel. C'est pourquoi je vous parle toujours avec franchise et amitié.
J'estime que nous sommes tous au service de l'intérêt national.
Entre nous, il n'y a donc pas de contre-pouvoirs !
Il n'y a, à mes yeux, que des pouvoirs qui se complètent de façon responsable et efficace.
Voilà pourquoi, cher Jean François et cher Gérard, sur la réforme des collectivités territoriales, sur la définition des priorités nationales d'investissement, sur la modernisation de la procédure pénale, la relation de travail entre le Gouvernement et la majorité doit être exemplaire.
Cette relation doit se nouer très en amont des projets de loi ou des propositions de loi car si nous sommes ensemble dans l'action nous devons l'être, au préalable, dans la réflexion.
Plus que jamais notre unité, mes amis, fait notre force. Les Français attendent de chacun d'entre-nous une solidarité et une solidité à toute épreuve.
Face à la crise, nous avons fait preuve de cette solidité.
Notre stratégie de relance porte ses fruits.
Parmi tous les Etats européens, c'est la France qui résiste le mieux.
A la suite du rebond constaté au deuxième trimestre et dans la foulée d'un troisième trimestre qui devrait enregistrer un croissance positive, nous allons réviser à la hausse, pour la première fois depuis 2007, nos prévisions d'activité: en 2009, nous pensions subir un recul de 3% ; nous estimons que ce ne sera finalement pas plus de 2,25% alors que dans la zone euro, le recul sera de 4 % ; pour 2010, nous remontons à 0,75% notre prévision de croissance. En 2010, la croissance française sera supérieure à celle de la zone euro.
Je suis conscient que le mouvement qui s'amorce est modeste, qu'il est fragile, et pour moi, la crise ne sera véritablement finie que lorsque le chômage commencera à décroître.
La consommation des ménages s'est essoufflée ces dernières semaines. L'investissement des entreprises n'est pas reparti. Tous les dangers ne sont pas écartés.
L'année 2010 sera capitale.
Il nous faudra, d'un côté, continuer de protéger et d'épauler nos concitoyens face aux conséquences de la crise.
Pour les ménages modestes et les classes moyennes, nous tiendrons notre ligne : pas de hausse des prélèvements obligatoires !
Cet engagement, nous le respectons strictement dans le cas de la taxe carbone.
En février, tous les Français dont les revenus sont trop bas pour payer l'impôt toucheront un chèque qui correspondra au montant moyen de l'augmentation de leur facture de gaz et d'essence ou de gazole. Tous les autres bénéficieront d'une réduction d'impôt de même montant. Et ces montants seront augmentés pour nos concitoyens qui n'ont pas accès aux transports collectifs.
Nous allons, par ailleurs, mettre en place des règles spécifiques pour les agriculteurs et les pêcheurs, qui ne peuvent répercuter l'augmentation du gazole dans leur prix.
Pour eux, la taxe carbone ne sera que d'environ 1 centime par litre. La compensation sera intégrale et leur sera versée dès le mois de février par chèque du trésor public.
Sur l'emploi, une vague destructrice est en train de passer sur toute l'Europe.
Même si la progression du chômage est moins forte ces derniers mois, nous n'y échappons pas.
Face à cette situation, le Gouvernement a mis en place des outils puissants et inédits.
D'abord, l'activité partielle, dont nous venons de porter le dispositif d'indemnisation à 1000 heures, et qui bénéficie à 320 000 personnes.
Pour ces 320 000 personnes, cette mesure permet le maintien du contrat de travail, et l'insertion dans l'entreprise. Vis-à-vis de la personne, cela n'a pas de prix. Vis-à-vis de son employeur, c'est l'assurance de pouvoir compter sur une main d'oeuvre opérationnelle dès que l'activité repartira.
D'autres outils jouent un rôle majeur pour atténuer le choc du chômage
Le contrat de transition professionnelle sera étendu ; l'exonération de charges dans les très petites entreprises sera prolongée en 2010 ; le fonds d'investissement social sera utilisé à fond ; un effort massif en faveur de l'alternance est engagé.
1,3 milliard d'euros sont prévus.
Dans toutes les entreprises, une embauche d'apprenti, cela signifie "zéro charges" !
Et dans les entreprises de moins de cinquante salariés, nous avons instauré une aide de 1800 euros par embauche d'un apprenti supplémentaire.
Voilà notre défense face à la crise. Mais il faut aussi être à l'offensive et préparer l'avenir.
Par le passé, à chaque sortie de crise, notre pays s'est illustré par un temps de retard et par une croissance molle quand les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l'Allemagne repartaient vite et fort.
Au regard de cette expérience, nous devons créer les conditions d'une reprise nationale forte et durable.
Comment ?
D'abord en enclenchant des investissements d'avenir qui produiront du nouveau PIB.
La commission présidée par Alain Juppé et Michel Rocard fera ses propositions en novembre.
Notre mouvement, nos parlementaires et les commissions sont également au travail.
Je vous propose, Jean-François et Gérard, de constituer rapidement un groupe de travail commun entre les groupes de la majorité et le Gouvernement pour accorder nos réflexions.
A partir de mi-octobre, je recevrai les responsables des partis politiques pour recueillir leurs propositions.
Dans le courant octobre, je réunirai la conférence nationale des exécutifs locaux pour recueillir l'analyse des collectivités locales.
Sur le grand emprunt, vous connaissez mon exigence.
Pour être crédibles, les priorités nationales doivent être peu nombreuses et structurantes. Il ne s'agira pas de faire l'inventaire des idées récusées lors des arbitrages budgétaires !
Ce doit être des dépenses porteuses de croissance et d'emploi avec une rentabilité clairement identifiable.
J'exclus que l'emprunt puisse financer des dépenses de fonctionnement et des dépenses récurrentes d'investissement.
Mais la bataille de la croissance, elle se joue d'abord maintenant.
Il faut créer, sans attendre, un choc de compétitivité qui libère l'énergie de nos entreprises.
L'interventionnisme accru de l'Etat dans la crise, ne doit pas nous faire oublier que le retour de la croissance se jouera dans le secteur privé, et ce secteur aura besoin d'oxygène pour saisir la reprise.
C'est pour cela que nous avons décidé de supprimer la taxe professionnelle.
Cette réforme, c'est pour les entreprises un allègement d'impôt à hauteur de 6 milliards d'euros.
En la faisant d'un coup, en 2010, nous réaliserons par ailleurs un transfert de plus de 6 milliards d'euros supplémentaires pour les entreprises, notamment les plus petites.
12 milliards d'euros injectés massivement et rapidement pour nos entreprises : c'est un gain d'une ampleur sans égal !
J'ajoute qu'avec cette réforme, nous ne prenons pas dans les poches de certaines entreprises pour redonner aux autres.
L'immense majorité des entreprises, surtout celles qui font face à la concurrence internationale, verront leur charge fiscale baisser.
Mais nous allons au-delà. Grâce aux mécanismes d'abattement et d'écrêtement que nous avons décidés, aucune entreprise ne verra sa charge fiscale augmenter de plus de 10 % ou de plus de 500 millions d'euros l'an prochain.
Cette réforme, ce n'est pas une amputation des moyens des collectivités locales, c'est un atout pour notre compétitivité, notre attractivité, nos emplois.
Ce qui menace nos territoires, c'est la désindustrialisation, ce n'est pas la suppression de la taxe professionnelle !
Il faut être cohérent.
On ne peut pas, d'un côté, s'insurger devant la fermeture des entreprises et la délocalisation des usines, et de l'autre, regretter la suppression de la taxe la plus pénalisante qui soit pour l'activité. Si les entreprises ferment ou partent, les ressources des collectivités fondent inéluctablement.
Ceci dit, je comprends les interrogations des collectivités locales.
Je prends l'engagement que la réforme préservera leur autonomie financière, en faisant en sorte que leurs ressources propres représentent toujours une part déterminante de leurs ressources totales.
Le Gouvernement proposera qu'elle s'accompagne d'une garantie individuelle de ressources pour chaque collectivité. En d'autres termes, la réforme garantira à chacune d'entre-elle le maintien de leur niveau de ressources actuelles.
Mais, au-delà de ce principe, cette réforme devra atteindre deux objectifs.
Premier objectif, c'est de restaurer un lien direct entre les entreprises et leurs territoires. C'est le cas de notre projet. La future contribution économique territoriale restera assise ou répartie selon des critères qui reflètent la situation locale.
Deuxième objectif: la réforme devra assurer aux collectivités territoriales un financement passant essentiellement par des ressources fiscales, équilibrées, dynamiques et peu volatiles.
Je sais que ce dernier point vous préoccupe - et Gérard Larcher s'en est fait l'écho auprès de moi.
Certains insistent sur la nécessité de garder un équilibre entre la part des ressources collectées auprès des ménages et la part des ressources collectées auprès des entreprises.
D'autres insistent sur la nécessité d'avoir des recettes dont le produit suive l'évolution de leurs dépenses.
D'autres enfin insistent pour conserver un pouvoir de vote de taux.
Le Gouvernement a entendu ces observations.
Avec Christine Lagarde et Brice Hortefeux, nous avons décidé de renoncer à la spécialisation des impôts. Nous sommes ouverts à une autre répartition de la fiscalité locale rénovée.
Il appartiendra au Parlement, comme vous l'avez vous-même suggéré, de trouver la solution la plus pragmatique.
Mais il y a un point sur lequel nous serons inflexibles, c'est celui du calendrier !
Ni le président de la République, ni moi-même, n'accepterons que cette réforme attendue par nos entreprises soit reportée.
Le combat pour la croissance est prioritaire et urgent !
Cette quête de productivité et d'efficacité ne doit pas relever du seul secteur privé. Toute la sphère publique doit y répondre.
La révision générale des politiques publiques va se poursuivre.
La baisse des effectifs dans la fonction publique ne ralentira pas. En l'espace de trois années, près de 100.000 postes n'ont pas été renouvelés.
Depuis 50 ans, aucun gouvernement n'a été aussi volontariste sur cette question.
Nos entreprises publiques sont, elles aussi, appelées à se dépasser.
La réforme du fret, comme la réforme de la Poste, doivent contribuer à moderniser le service public. Notre secteur du fret est en panne. Celui du secteur postal est confronté à l'utilisation massive des nouvelles technologies et à la libéralisation totale du courrier en Europe.
Ce n'est pas avec les thèses de Mr Besancenot que le service public français restera maître de son avenir ! C'est avec les réformes que cette majorité va débattre, enrichir et adapter.
Nos entreprises publiques ont le devoir de se doter des armes nécessaires pour affronter cette nouvelle donne.
Au coeur de la sphère publique, il y a enfin les pouvoirs locaux.
Je suis un partisan résolu de la décentralisation.
J'en ai assumé toutes les fonctions, et je sais comme chacun d'entre-vous, que notre système est complexe, coûteux, et n'est pas adapté à l'évolution de la société française.
Avec le président de la République, nous avons décidé de moderniser notre organisation du territoire.
Les rapports d'Edouard Balladur, de Dominique Perben et Jean-Patrick Courtois nous ont confortés dans notre approche.
Ce sera le grand chantier des prochains mois au Parlement, et nous aurons besoin de votre expérience, de votre soutien, mais aussi de votre résolution car les arguments pour ne rien changer ne manqueront pas.
Chaque échelon devra progressivement se spécialiser, s'identifier à des grandes politiques publiques.
Le futur projet de loi ne fera pas la liste des compétences attribuées à tel ou tel échelon. Ce serait prématuré. Ce tri est complexe à mener, et fera l'objet d'un texte ultérieur.
D'ores et déjà, nous pouvons cependant poser quelques jalons, qui reprennent en grande partie les pistes esquissées dans les rapports de Jean Luc Warsmann et de Claude Belot.
Le projet de loi, qui sera transmis prochainement au Conseil d'Etat, s'attachera avant tout à restaurer la gouvernance des territoires.
Avec la création du conseiller territorial nous faisons le pari d'une meilleure coordination des politiques locales. Plutôt que de supprimer un échelon, nous organisons leur complémentarité !
Ces élus seront moins nombreux, mais ils auront plus de pouvoir, plus de visibilité, plus d'efficacité, et donc plus de légitimité.
Le mode de scrutin qui vous est proposé pour la désignation des conseillers territoriaux favorisera leur positionnement: notre choix est en effet celui de l'élection dans le cadre du canton, donc au scrutin majoritaire à un tour, qui garantit l'ancrage territorial et la proximité des élus avec la population.
Chacun saura demain qui le représente à la région !
En même temps, nous ne pouvions pas effacer les acquis du scrutin proportionnel, qui favorise la parité et la représentation des différentes sensibilités politiques.
C'est pourquoi nous proposons un scrutin mixte, majoritaire pour l'essentiel, doublé d'une dose de proportionnelle.
L'efficacité de la gouvernance sera ainsi garantie, comme le pluralisme démocratique puisque toutes les sensibilités seront prises en compte.
Mais, que personne ne s'y trompe, on ne peut vouloir à la fois la réduction du nombre global d'élus, la représentation de tous les territoires, le maintien des cantons et l'égalité du suffrage, tout en garantissant à chacun la stabilité de son paysage politique.
Au total, nous devrions passer de 6 000 à environ 3 000 élus.
J'en suis conscient: localement, cela constituera un choc que nous allons devoir assumer. Mais nous aurons les Français avec nous !
A l'échelon communal, nous allons renforcer l'intercommunalité par l'élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires dans le cadre communal.
Enfin, pour la compétitivité de nos territoires, nous devons faire émerger des métropoles capables de constituer une véritable force.
Nous proposerons une nouvelle organisation pour les agglomérations qui le souhaitent et qui ont la taille critique.
Il ne s'agit pas de proposer un schéma tout ficelé mais une boîte à outils afin de faciliter la construction d'un projet métropolitain avec une double perspective: rationaliser l'administration territoriale sur des territoires densément peuplés mais aussi rayonner dans l'espace européen en développant des synergies avec d'autres collectivités.
Cette réforme de la décentralisation, m'a-t-on dit ici ou là, risque de venir percuter la campagne des élections régionales...
Il ne faut pas craindre un débat de fond. La meilleure façon de perdre aux élections régionales c'est d'y aller sans projet.
Je vous parle ici en tant qu'élu local que je fus pendant plus de vingt ans, plus qu'en tant que Premier ministre.
Je n'ai jamais distingué les intérêts locaux des intérêts nationaux. Il n' y pas d'un côté les collectivités locales et de l'autre l'Etat. Il y a l'Etat et les collectivités locales qui concourent ensemble aux progrès de la nation.
Nous ne devons pas avoir de complexes, parler d'une nouvelle décentralisation au service d'une République plus efficace.
Nous devons placer la gauche devant ses responsabilités.
Si elle estime que le mille feuilles de la décentralisation ne mérite aucune retouche, eh bien qu'elle le dise !
Si elle conteste l'idée qu'il faille des conseillers territoriaux moins nombreux mais plus influents, eh bien qu'elle le dise !
Le simple fait que la gauche concentre son tir sur le mode de scrutin démontre, une nouvelle fois, qu'elle est dans la contradiction et la défensive.
Contradiction, car le système que nous avons envisagé est inspiré de celui promu en 1926 par Léon Blum et adopté par le Parti socialiste dans son programme électoral de 1972 !
Défensive, car n'est pas le mode de scrutin qui décide des victoires, ce sont les idées, ce sont les projets et ce sont les Français !
Mes chers amis,
Pour faire de cette année 2009 une année tremplin, il nous reste enfin à placer la France en situation de revenir progressivement à une gestion maîtrisée de ses comptes publics et sociaux.
S'il est légitime d'aller chercher la reprise en s'endettant, il sera nécessaire de se désendetter pour installer durablement et fortement la croissance.
Cette démarche d'assainissement doit pouvoir s'inscrire dans le cadre d'une stratégie européenne, et j'ajoute même d'une stratégie internationale.
Le président de la République l'a rappelé à New-York, c'est la confiance dans la signature des Etats et des banques centrales qui a permis de "régler" les conséquences de la bulle spéculative. Mais si demain, une nouvelle bulle se formait autour de la dette des Etats, alors, c'est cette crédibilité qui serait mise en doute. Et les conséquences seraient plus dévastatrices que la crise actuelle.
La signature des Etats a permis d'éviter le chaos.
Cette signature ne doit pas se dégrader faute d'une stratégie de désendettement.
Mes amis,
A la fin de ce mois, la présentation du Projet de Loi de Finances, puis au début octobre, celle du Projet de Loi de financement de la sécurité sociale, mettront en évidence ce que nous savions tous déjà : nos finances publiques ont subi lourdement le choc de la crise.
Nous ne sommes évidemment pas les seuls à le vivre. C'est le cas des plus vertueux de nos voisins, et parfois plus encore que nous.
En assumant clairement le rejet d'une politique de rigueur qui aujourd'hui nuirait à la France, je n'oublie pas nos responsabilités par rapport aux générations futures.
Mais ma conviction est qu'un pays qui aggrave trop durablement sa situation financière crée sur les marchés et chez les investisseurs un doute sur son avenir.
Ce doute dissuade l'investissement et le travail, soit que la faiblesse de l'économie soit présumée durable, soit qu'on anticipe des hausses d'impôts.
Voilà pourquoi, dès que la crise aura cessé d'engendrer l'effondrement des recettes publiques et de creuser les déficits, nous devrons patiemment reconstruire le chemin qui nous ramènera sinon vers l'équilibre du moins vers une maîtrise raisonnable de nos finances.
En 2010, nous devons impérativement stabiliser notre déficit par rapport à 2009.
Mais nous devrons aussi définir ensemble une perspective pluriannuelle pour que le fardeau de la dette non seulement ne constitue un handicap à la croissance mais ne finisse par nous acculer à des hausses d'impôts que nous récusons.
Cette entreprise difficile demandera du courage, un courage partagé par tous les élus, locaux comme nationaux, mais aussi un réel sens de la justice pour qu'ensemble nous tracions la voie dans laquelle la maîtrise des dépenses fiscales, budgétaires et sociales ne puisse être contestée par quiconque de bonne foi.
Tel sera l'objet de la prochaine loi de finances pluriannuelle au printemps.
Tel sera aussi le sens du rendez-vous sur les retraites que nous n'esquiverons pas.
D'ici là, nous assumons une transition 2009-2010 clairement dégradée, en sachant que c'est le prix à payer pour éviter une récession durable à la japonaise.
Mais le déficit que nous avons accepté pour 2009 et 2010 ne doit pas être un déficit inutile. Il doit nous permettre de soutenir la compétitivité de nos entreprises dans la concurrence internationale.
C'est le choix de la réforme de la taxe professionnelle et des transferts de trésorerie que nous avons décidé pour nos entreprises et donc pour nos emplois.
C'est le choix des investissements clef à financer par l'emprunt qui devront être étroitement mesurés.
C'est le choix de la prime à la casse qui se poursuivra sur l'année 2010, tout en assurant une sortie progressive de cette mesure de première importance pour l'industrie automobile.
C'est le choix du paiement accéléré du Crédit d'Impôt Recherche.
C'est enfin le choix de la maîtrise des dépenses courantes, strictement tenues dans la limite du "zéro volume".
Mes amis,
Depuis deux ans et demi, nous sommes en charge de la France.
Sous l'autorité du président de la République, nous suivons le fil de nos engagements et cette fidélité est le gage de notre crédibilité.
La première année a été d'une extraordinaire vitalité politique et intellectuelle, et j'ai la certitude que la France d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier.
La seconde année a été dominée par la gestion d'une crise violente qui a accaparé l'essentiel de nos forces. Dans des circonstances difficiles, nous pouvons dire sans faire d'autosatisfaction que nous avons fait preuve de sang froid et de méthode.
A la sortie de cette crise, il y aura des nations gagnantes et des nations perdantes.
Notre volonté réformatrice et la justesse de notre riposte face à la bourrasque nous placent en situation favorable.
Mais l'année 2010 sera décisive.
Il va nous falloir protéger les Français sans les tromper sur les efforts qu'il nous reste à accomplir pour saisir la croissance.
Il va nous falloir agir avec justesse au présent sans gâcher l'avenir.
Nous ne pouvons remettre au hasard de nos espérances la relance de la France.
Nos actes vont peser.
Notre unité et notre solidité, mes chers amis, seront l'une des conditions du redressement national.
Et puis pour finir je voudrais plus personnellement vous remercier du soutien que vous m'avez toujours apporté et qui ne m'a jamais fait défaut depuis que le président de la République m'a confié la direction du Gouvernement je lis dans la presse que je n'ai que des amis au Parlement et bien je veux que vous sachiez que j'ai pour les députés et les sénateurs de la majorité présidentielle un profond respect, vous les élus du peuple français ici, avec chacun des membres du Gouvernement nous savons que nous vous devons une grande part de notre légitimité.
Source http://www.gouvernement.fr, le 29 septembre 2009
Au terme de ces journées parlementaires, je veux remercier Daniel Fasquelle, André Flajolet et toutes leurs équipes pour l'efficacité et la qualité de leur organisation.
Avec vous tous, avec Bernard Accoyer, Gérard Larcher, Jean-François Copé, Gérard Longuet, Xavier Bertrand, et tous les membres du gouvernement présents, ces journées signent notre unité et notre volonté de continuer à moderniser la France.
L'intérêt national l'exige. L'intérêt politique aussi.
Les socialistes sont à l'arrêt, parce que depuis deux ans nous sommes à l'initiative, nous saisissant des grands enjeux de notre temps, enjambant ces anciennes frontières idéologiques qui firent si longtemps le succès de nos adversaires.
Voilà bien longtemps que la gauche n'a plus le monopole de la solidarité.
Elle n'a plus du tout, cher Jean-Louis, celui l'environnement, depuis qu'elle a renié ses engagements sur la taxe carbone.
Elle n'a plus celui de la culture, puisqu'elle ignore les droits des créateurs.
Elle n'a plus celui de la moralisation du système financier.
Que lui reste-t-il ?
La critique systématique du gouvernement.
Et les primaires pour lesquelles les Français ont bien du mal à se passionner.
Bref, Le Touquet n'est pas la Rochelle.
Durant ces deux journées, j'ai ressenti, mes chers amis, ce mélange de volonté et de gravité qui nous habite tous.
Nous sommes quasiment à mi mandat présidentiel et législatif.
Et d'expérience, je sais que c'est toujours une période sensible.
Partout en Europe, je vois des gouvernements malmenés par leur opposition et leur opinion. La crise économique et sociale amplifie naturellement les doutes, les résistances, les divisions.
Nous avons, en France, le privilège de demeurer en situation d'agir et d'innover.
Nous le devons à la cohérence de notre projet, qui, avec ou sans la crise, est fondé sur la nécessité des réformes.
Nous le devons à l'unité de la majorité qui ne s'est jamais dispersée lorsque l'essentiel était en jeu.
Nous le devons au président de la République dont l'énergie répond à la dureté des temps.
En ce moment même, à Pittsburgh, se tient le G20.
Après la réunion de Londres, après celle de Washington, la France poursuit son effort pour réformer le système financier et la gouvernance mondiale.
Une chose est sûre : si Nicolas Sarkozy n'avait pas convaincu l'Europe et les grandes puissances d'organiser une riposte collective, nous en serions encore à débattre des raisons de la chute de Lehman Brothers.
S'il n'avait pas, avec Angela Merkel, exigé la fin des paradis fiscaux, la réglementation des bonus, la refonte des mécanismes de régulation, rien n'aurait changé dans notre système financier !
Il ne faut pas sous estimer les pesanteurs d'un système qui a failli, mais derrière lequel beaucoup d'acteurs continuent de se réfugier...
Le combat que nous menons est difficile.
Les changements seront progressifs, d'aucun trouveront que ça ne va pas assez vite mais une chose est sûre: c'est la France qui a forcé ses partenaires à prendre leurs responsabilités politiques.
Avec Christine Lagarde et Eric Woerth, nous avons pris les nôtres, sans attendre les décisions du G20 sur les bonus, les parachutes dorés, les retraites chapeaux, les agences de notation, les paradis fiscaux.
Au regard des avancées du G20, nous examinons l'opportunité d'un projet de loi de réglementation des activités financières destiné à dissuader ceux qui réalisent des opérations en direction des territoires qui ne respecteraient pas les engagements pris au niveau international.
L'économie de marché ne doit plus se confondre avec le marché de l'économie, et la République du mérite et du travail que nous voulons ne doit pas être ruinée par les coups de poker de la spéculation : voilà les convictions qui nous guident.
Ce sont ces convictions qui m'ont conduit à m'engager dans l'action politique, des convictions gaullistes dont on voit qu'elles n'ont rien perdu de leur actualité, la conviction que la France est grande par son audace et son message humaniste.
Ces convictions, cette éthique de l'action publique, nous ne devons pas seulement les proclamer mais les vivre chaque jour.
On ne change pas le monde lorsque l'on est préoccupé de son seul avenir personnel.
On ne convainc pas quand on est fébrile.
On ne réforme pas quand on ne pense qu'à sa popularité.
Mes chers amis,
Plus que jamais, le gouvernement doit être concentré sur ses charges. Il doit être à l'écoute du parlement et de la majorité présidentielle.
Plus que jamais, les groupes UMP, ont un devoir de solidarité vis-à-vis du Gouvernement et un devoir d'initiative - qui est renforcé par la réforme constitutionnelle.
J'ai toujours milité pour un parlement revalorisé et respecté, et ce n'est pas maintenant que je vous reprocherai d'assumer pleinement vos droits.
Ils doivent naturellement s'exercer de façon concertée et cohérente, en synergie avec l'exécutif.
Pour moi, il n'y a pas le Gouvernement d'un côté et la majorité parlementaire de l'autre.
Dans notre Ve République, il ne peut y avoir l'exécutif et le législatif qui tirent à hue et à dia. Pas plus qu'il ne peut y avoir l'Etat d'un coté et les collectivités locales de l'autre, chacun se défiant ou s'ignorant.
La France des baronnies n'est pas la mienne !
J'estime que nous sommes collectivement comptables de la mise oeuvre du projet présidentiel. C'est pourquoi je vous parle toujours avec franchise et amitié.
J'estime que nous sommes tous au service de l'intérêt national.
Entre nous, il n'y a donc pas de contre-pouvoirs !
Il n'y a, à mes yeux, que des pouvoirs qui se complètent de façon responsable et efficace.
Voilà pourquoi, cher Jean François et cher Gérard, sur la réforme des collectivités territoriales, sur la définition des priorités nationales d'investissement, sur la modernisation de la procédure pénale, la relation de travail entre le Gouvernement et la majorité doit être exemplaire.
Cette relation doit se nouer très en amont des projets de loi ou des propositions de loi car si nous sommes ensemble dans l'action nous devons l'être, au préalable, dans la réflexion.
Plus que jamais notre unité, mes amis, fait notre force. Les Français attendent de chacun d'entre-nous une solidarité et une solidité à toute épreuve.
Face à la crise, nous avons fait preuve de cette solidité.
Notre stratégie de relance porte ses fruits.
Parmi tous les Etats européens, c'est la France qui résiste le mieux.
A la suite du rebond constaté au deuxième trimestre et dans la foulée d'un troisième trimestre qui devrait enregistrer un croissance positive, nous allons réviser à la hausse, pour la première fois depuis 2007, nos prévisions d'activité: en 2009, nous pensions subir un recul de 3% ; nous estimons que ce ne sera finalement pas plus de 2,25% alors que dans la zone euro, le recul sera de 4 % ; pour 2010, nous remontons à 0,75% notre prévision de croissance. En 2010, la croissance française sera supérieure à celle de la zone euro.
Je suis conscient que le mouvement qui s'amorce est modeste, qu'il est fragile, et pour moi, la crise ne sera véritablement finie que lorsque le chômage commencera à décroître.
La consommation des ménages s'est essoufflée ces dernières semaines. L'investissement des entreprises n'est pas reparti. Tous les dangers ne sont pas écartés.
L'année 2010 sera capitale.
Il nous faudra, d'un côté, continuer de protéger et d'épauler nos concitoyens face aux conséquences de la crise.
Pour les ménages modestes et les classes moyennes, nous tiendrons notre ligne : pas de hausse des prélèvements obligatoires !
Cet engagement, nous le respectons strictement dans le cas de la taxe carbone.
En février, tous les Français dont les revenus sont trop bas pour payer l'impôt toucheront un chèque qui correspondra au montant moyen de l'augmentation de leur facture de gaz et d'essence ou de gazole. Tous les autres bénéficieront d'une réduction d'impôt de même montant. Et ces montants seront augmentés pour nos concitoyens qui n'ont pas accès aux transports collectifs.
Nous allons, par ailleurs, mettre en place des règles spécifiques pour les agriculteurs et les pêcheurs, qui ne peuvent répercuter l'augmentation du gazole dans leur prix.
Pour eux, la taxe carbone ne sera que d'environ 1 centime par litre. La compensation sera intégrale et leur sera versée dès le mois de février par chèque du trésor public.
Sur l'emploi, une vague destructrice est en train de passer sur toute l'Europe.
Même si la progression du chômage est moins forte ces derniers mois, nous n'y échappons pas.
Face à cette situation, le Gouvernement a mis en place des outils puissants et inédits.
D'abord, l'activité partielle, dont nous venons de porter le dispositif d'indemnisation à 1000 heures, et qui bénéficie à 320 000 personnes.
Pour ces 320 000 personnes, cette mesure permet le maintien du contrat de travail, et l'insertion dans l'entreprise. Vis-à-vis de la personne, cela n'a pas de prix. Vis-à-vis de son employeur, c'est l'assurance de pouvoir compter sur une main d'oeuvre opérationnelle dès que l'activité repartira.
D'autres outils jouent un rôle majeur pour atténuer le choc du chômage
Le contrat de transition professionnelle sera étendu ; l'exonération de charges dans les très petites entreprises sera prolongée en 2010 ; le fonds d'investissement social sera utilisé à fond ; un effort massif en faveur de l'alternance est engagé.
1,3 milliard d'euros sont prévus.
Dans toutes les entreprises, une embauche d'apprenti, cela signifie "zéro charges" !
Et dans les entreprises de moins de cinquante salariés, nous avons instauré une aide de 1800 euros par embauche d'un apprenti supplémentaire.
Voilà notre défense face à la crise. Mais il faut aussi être à l'offensive et préparer l'avenir.
Par le passé, à chaque sortie de crise, notre pays s'est illustré par un temps de retard et par une croissance molle quand les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l'Allemagne repartaient vite et fort.
Au regard de cette expérience, nous devons créer les conditions d'une reprise nationale forte et durable.
Comment ?
D'abord en enclenchant des investissements d'avenir qui produiront du nouveau PIB.
La commission présidée par Alain Juppé et Michel Rocard fera ses propositions en novembre.
Notre mouvement, nos parlementaires et les commissions sont également au travail.
Je vous propose, Jean-François et Gérard, de constituer rapidement un groupe de travail commun entre les groupes de la majorité et le Gouvernement pour accorder nos réflexions.
A partir de mi-octobre, je recevrai les responsables des partis politiques pour recueillir leurs propositions.
Dans le courant octobre, je réunirai la conférence nationale des exécutifs locaux pour recueillir l'analyse des collectivités locales.
Sur le grand emprunt, vous connaissez mon exigence.
Pour être crédibles, les priorités nationales doivent être peu nombreuses et structurantes. Il ne s'agira pas de faire l'inventaire des idées récusées lors des arbitrages budgétaires !
Ce doit être des dépenses porteuses de croissance et d'emploi avec une rentabilité clairement identifiable.
J'exclus que l'emprunt puisse financer des dépenses de fonctionnement et des dépenses récurrentes d'investissement.
Mais la bataille de la croissance, elle se joue d'abord maintenant.
Il faut créer, sans attendre, un choc de compétitivité qui libère l'énergie de nos entreprises.
L'interventionnisme accru de l'Etat dans la crise, ne doit pas nous faire oublier que le retour de la croissance se jouera dans le secteur privé, et ce secteur aura besoin d'oxygène pour saisir la reprise.
C'est pour cela que nous avons décidé de supprimer la taxe professionnelle.
Cette réforme, c'est pour les entreprises un allègement d'impôt à hauteur de 6 milliards d'euros.
En la faisant d'un coup, en 2010, nous réaliserons par ailleurs un transfert de plus de 6 milliards d'euros supplémentaires pour les entreprises, notamment les plus petites.
12 milliards d'euros injectés massivement et rapidement pour nos entreprises : c'est un gain d'une ampleur sans égal !
J'ajoute qu'avec cette réforme, nous ne prenons pas dans les poches de certaines entreprises pour redonner aux autres.
L'immense majorité des entreprises, surtout celles qui font face à la concurrence internationale, verront leur charge fiscale baisser.
Mais nous allons au-delà. Grâce aux mécanismes d'abattement et d'écrêtement que nous avons décidés, aucune entreprise ne verra sa charge fiscale augmenter de plus de 10 % ou de plus de 500 millions d'euros l'an prochain.
Cette réforme, ce n'est pas une amputation des moyens des collectivités locales, c'est un atout pour notre compétitivité, notre attractivité, nos emplois.
Ce qui menace nos territoires, c'est la désindustrialisation, ce n'est pas la suppression de la taxe professionnelle !
Il faut être cohérent.
On ne peut pas, d'un côté, s'insurger devant la fermeture des entreprises et la délocalisation des usines, et de l'autre, regretter la suppression de la taxe la plus pénalisante qui soit pour l'activité. Si les entreprises ferment ou partent, les ressources des collectivités fondent inéluctablement.
Ceci dit, je comprends les interrogations des collectivités locales.
Je prends l'engagement que la réforme préservera leur autonomie financière, en faisant en sorte que leurs ressources propres représentent toujours une part déterminante de leurs ressources totales.
Le Gouvernement proposera qu'elle s'accompagne d'une garantie individuelle de ressources pour chaque collectivité. En d'autres termes, la réforme garantira à chacune d'entre-elle le maintien de leur niveau de ressources actuelles.
Mais, au-delà de ce principe, cette réforme devra atteindre deux objectifs.
Premier objectif, c'est de restaurer un lien direct entre les entreprises et leurs territoires. C'est le cas de notre projet. La future contribution économique territoriale restera assise ou répartie selon des critères qui reflètent la situation locale.
Deuxième objectif: la réforme devra assurer aux collectivités territoriales un financement passant essentiellement par des ressources fiscales, équilibrées, dynamiques et peu volatiles.
Je sais que ce dernier point vous préoccupe - et Gérard Larcher s'en est fait l'écho auprès de moi.
Certains insistent sur la nécessité de garder un équilibre entre la part des ressources collectées auprès des ménages et la part des ressources collectées auprès des entreprises.
D'autres insistent sur la nécessité d'avoir des recettes dont le produit suive l'évolution de leurs dépenses.
D'autres enfin insistent pour conserver un pouvoir de vote de taux.
Le Gouvernement a entendu ces observations.
Avec Christine Lagarde et Brice Hortefeux, nous avons décidé de renoncer à la spécialisation des impôts. Nous sommes ouverts à une autre répartition de la fiscalité locale rénovée.
Il appartiendra au Parlement, comme vous l'avez vous-même suggéré, de trouver la solution la plus pragmatique.
Mais il y a un point sur lequel nous serons inflexibles, c'est celui du calendrier !
Ni le président de la République, ni moi-même, n'accepterons que cette réforme attendue par nos entreprises soit reportée.
Le combat pour la croissance est prioritaire et urgent !
Cette quête de productivité et d'efficacité ne doit pas relever du seul secteur privé. Toute la sphère publique doit y répondre.
La révision générale des politiques publiques va se poursuivre.
La baisse des effectifs dans la fonction publique ne ralentira pas. En l'espace de trois années, près de 100.000 postes n'ont pas été renouvelés.
Depuis 50 ans, aucun gouvernement n'a été aussi volontariste sur cette question.
Nos entreprises publiques sont, elles aussi, appelées à se dépasser.
La réforme du fret, comme la réforme de la Poste, doivent contribuer à moderniser le service public. Notre secteur du fret est en panne. Celui du secteur postal est confronté à l'utilisation massive des nouvelles technologies et à la libéralisation totale du courrier en Europe.
Ce n'est pas avec les thèses de Mr Besancenot que le service public français restera maître de son avenir ! C'est avec les réformes que cette majorité va débattre, enrichir et adapter.
Nos entreprises publiques ont le devoir de se doter des armes nécessaires pour affronter cette nouvelle donne.
Au coeur de la sphère publique, il y a enfin les pouvoirs locaux.
Je suis un partisan résolu de la décentralisation.
J'en ai assumé toutes les fonctions, et je sais comme chacun d'entre-vous, que notre système est complexe, coûteux, et n'est pas adapté à l'évolution de la société française.
Avec le président de la République, nous avons décidé de moderniser notre organisation du territoire.
Les rapports d'Edouard Balladur, de Dominique Perben et Jean-Patrick Courtois nous ont confortés dans notre approche.
Ce sera le grand chantier des prochains mois au Parlement, et nous aurons besoin de votre expérience, de votre soutien, mais aussi de votre résolution car les arguments pour ne rien changer ne manqueront pas.
Chaque échelon devra progressivement se spécialiser, s'identifier à des grandes politiques publiques.
Le futur projet de loi ne fera pas la liste des compétences attribuées à tel ou tel échelon. Ce serait prématuré. Ce tri est complexe à mener, et fera l'objet d'un texte ultérieur.
D'ores et déjà, nous pouvons cependant poser quelques jalons, qui reprennent en grande partie les pistes esquissées dans les rapports de Jean Luc Warsmann et de Claude Belot.
Le projet de loi, qui sera transmis prochainement au Conseil d'Etat, s'attachera avant tout à restaurer la gouvernance des territoires.
Avec la création du conseiller territorial nous faisons le pari d'une meilleure coordination des politiques locales. Plutôt que de supprimer un échelon, nous organisons leur complémentarité !
Ces élus seront moins nombreux, mais ils auront plus de pouvoir, plus de visibilité, plus d'efficacité, et donc plus de légitimité.
Le mode de scrutin qui vous est proposé pour la désignation des conseillers territoriaux favorisera leur positionnement: notre choix est en effet celui de l'élection dans le cadre du canton, donc au scrutin majoritaire à un tour, qui garantit l'ancrage territorial et la proximité des élus avec la population.
Chacun saura demain qui le représente à la région !
En même temps, nous ne pouvions pas effacer les acquis du scrutin proportionnel, qui favorise la parité et la représentation des différentes sensibilités politiques.
C'est pourquoi nous proposons un scrutin mixte, majoritaire pour l'essentiel, doublé d'une dose de proportionnelle.
L'efficacité de la gouvernance sera ainsi garantie, comme le pluralisme démocratique puisque toutes les sensibilités seront prises en compte.
Mais, que personne ne s'y trompe, on ne peut vouloir à la fois la réduction du nombre global d'élus, la représentation de tous les territoires, le maintien des cantons et l'égalité du suffrage, tout en garantissant à chacun la stabilité de son paysage politique.
Au total, nous devrions passer de 6 000 à environ 3 000 élus.
J'en suis conscient: localement, cela constituera un choc que nous allons devoir assumer. Mais nous aurons les Français avec nous !
A l'échelon communal, nous allons renforcer l'intercommunalité par l'élection au suffrage universel direct des conseillers communautaires dans le cadre communal.
Enfin, pour la compétitivité de nos territoires, nous devons faire émerger des métropoles capables de constituer une véritable force.
Nous proposerons une nouvelle organisation pour les agglomérations qui le souhaitent et qui ont la taille critique.
Il ne s'agit pas de proposer un schéma tout ficelé mais une boîte à outils afin de faciliter la construction d'un projet métropolitain avec une double perspective: rationaliser l'administration territoriale sur des territoires densément peuplés mais aussi rayonner dans l'espace européen en développant des synergies avec d'autres collectivités.
Cette réforme de la décentralisation, m'a-t-on dit ici ou là, risque de venir percuter la campagne des élections régionales...
Il ne faut pas craindre un débat de fond. La meilleure façon de perdre aux élections régionales c'est d'y aller sans projet.
Je vous parle ici en tant qu'élu local que je fus pendant plus de vingt ans, plus qu'en tant que Premier ministre.
Je n'ai jamais distingué les intérêts locaux des intérêts nationaux. Il n' y pas d'un côté les collectivités locales et de l'autre l'Etat. Il y a l'Etat et les collectivités locales qui concourent ensemble aux progrès de la nation.
Nous ne devons pas avoir de complexes, parler d'une nouvelle décentralisation au service d'une République plus efficace.
Nous devons placer la gauche devant ses responsabilités.
Si elle estime que le mille feuilles de la décentralisation ne mérite aucune retouche, eh bien qu'elle le dise !
Si elle conteste l'idée qu'il faille des conseillers territoriaux moins nombreux mais plus influents, eh bien qu'elle le dise !
Le simple fait que la gauche concentre son tir sur le mode de scrutin démontre, une nouvelle fois, qu'elle est dans la contradiction et la défensive.
Contradiction, car le système que nous avons envisagé est inspiré de celui promu en 1926 par Léon Blum et adopté par le Parti socialiste dans son programme électoral de 1972 !
Défensive, car n'est pas le mode de scrutin qui décide des victoires, ce sont les idées, ce sont les projets et ce sont les Français !
Mes chers amis,
Pour faire de cette année 2009 une année tremplin, il nous reste enfin à placer la France en situation de revenir progressivement à une gestion maîtrisée de ses comptes publics et sociaux.
S'il est légitime d'aller chercher la reprise en s'endettant, il sera nécessaire de se désendetter pour installer durablement et fortement la croissance.
Cette démarche d'assainissement doit pouvoir s'inscrire dans le cadre d'une stratégie européenne, et j'ajoute même d'une stratégie internationale.
Le président de la République l'a rappelé à New-York, c'est la confiance dans la signature des Etats et des banques centrales qui a permis de "régler" les conséquences de la bulle spéculative. Mais si demain, une nouvelle bulle se formait autour de la dette des Etats, alors, c'est cette crédibilité qui serait mise en doute. Et les conséquences seraient plus dévastatrices que la crise actuelle.
La signature des Etats a permis d'éviter le chaos.
Cette signature ne doit pas se dégrader faute d'une stratégie de désendettement.
Mes amis,
A la fin de ce mois, la présentation du Projet de Loi de Finances, puis au début octobre, celle du Projet de Loi de financement de la sécurité sociale, mettront en évidence ce que nous savions tous déjà : nos finances publiques ont subi lourdement le choc de la crise.
Nous ne sommes évidemment pas les seuls à le vivre. C'est le cas des plus vertueux de nos voisins, et parfois plus encore que nous.
En assumant clairement le rejet d'une politique de rigueur qui aujourd'hui nuirait à la France, je n'oublie pas nos responsabilités par rapport aux générations futures.
Mais ma conviction est qu'un pays qui aggrave trop durablement sa situation financière crée sur les marchés et chez les investisseurs un doute sur son avenir.
Ce doute dissuade l'investissement et le travail, soit que la faiblesse de l'économie soit présumée durable, soit qu'on anticipe des hausses d'impôts.
Voilà pourquoi, dès que la crise aura cessé d'engendrer l'effondrement des recettes publiques et de creuser les déficits, nous devrons patiemment reconstruire le chemin qui nous ramènera sinon vers l'équilibre du moins vers une maîtrise raisonnable de nos finances.
En 2010, nous devons impérativement stabiliser notre déficit par rapport à 2009.
Mais nous devrons aussi définir ensemble une perspective pluriannuelle pour que le fardeau de la dette non seulement ne constitue un handicap à la croissance mais ne finisse par nous acculer à des hausses d'impôts que nous récusons.
Cette entreprise difficile demandera du courage, un courage partagé par tous les élus, locaux comme nationaux, mais aussi un réel sens de la justice pour qu'ensemble nous tracions la voie dans laquelle la maîtrise des dépenses fiscales, budgétaires et sociales ne puisse être contestée par quiconque de bonne foi.
Tel sera l'objet de la prochaine loi de finances pluriannuelle au printemps.
Tel sera aussi le sens du rendez-vous sur les retraites que nous n'esquiverons pas.
D'ici là, nous assumons une transition 2009-2010 clairement dégradée, en sachant que c'est le prix à payer pour éviter une récession durable à la japonaise.
Mais le déficit que nous avons accepté pour 2009 et 2010 ne doit pas être un déficit inutile. Il doit nous permettre de soutenir la compétitivité de nos entreprises dans la concurrence internationale.
C'est le choix de la réforme de la taxe professionnelle et des transferts de trésorerie que nous avons décidé pour nos entreprises et donc pour nos emplois.
C'est le choix des investissements clef à financer par l'emprunt qui devront être étroitement mesurés.
C'est le choix de la prime à la casse qui se poursuivra sur l'année 2010, tout en assurant une sortie progressive de cette mesure de première importance pour l'industrie automobile.
C'est le choix du paiement accéléré du Crédit d'Impôt Recherche.
C'est enfin le choix de la maîtrise des dépenses courantes, strictement tenues dans la limite du "zéro volume".
Mes amis,
Depuis deux ans et demi, nous sommes en charge de la France.
Sous l'autorité du président de la République, nous suivons le fil de nos engagements et cette fidélité est le gage de notre crédibilité.
La première année a été d'une extraordinaire vitalité politique et intellectuelle, et j'ai la certitude que la France d'aujourd'hui n'est plus celle d'hier.
La seconde année a été dominée par la gestion d'une crise violente qui a accaparé l'essentiel de nos forces. Dans des circonstances difficiles, nous pouvons dire sans faire d'autosatisfaction que nous avons fait preuve de sang froid et de méthode.
A la sortie de cette crise, il y aura des nations gagnantes et des nations perdantes.
Notre volonté réformatrice et la justesse de notre riposte face à la bourrasque nous placent en situation favorable.
Mais l'année 2010 sera décisive.
Il va nous falloir protéger les Français sans les tromper sur les efforts qu'il nous reste à accomplir pour saisir la croissance.
Il va nous falloir agir avec justesse au présent sans gâcher l'avenir.
Nous ne pouvons remettre au hasard de nos espérances la relance de la France.
Nos actes vont peser.
Notre unité et notre solidité, mes chers amis, seront l'une des conditions du redressement national.
Et puis pour finir je voudrais plus personnellement vous remercier du soutien que vous m'avez toujours apporté et qui ne m'a jamais fait défaut depuis que le président de la République m'a confié la direction du Gouvernement je lis dans la presse que je n'ai que des amis au Parlement et bien je veux que vous sachiez que j'ai pour les députés et les sénateurs de la majorité présidentielle un profond respect, vous les élus du peuple français ici, avec chacun des membres du Gouvernement nous savons que nous vous devons une grande part de notre légitimité.
Source http://www.gouvernement.fr, le 29 septembre 2009