Déclaration de M. Hervé Morin, ministre de la Défense et président du Nouveau centre, sur le rôle du Nouveau centre au sein de la majorité et sur les réformes de l'organisation des collectivités territoriales et des retraites, à Hem le 29 septembre 2009.

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Circonstance : Journées Parlementaires du Nouveau Centre, à Hem (Nord) le 29 septembre 2009

Texte intégral

M. le Premier Ministre, Cher François,
M. le Président du groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, Cher François Sauvadet,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Chers amis,
Je voudrais d'abord dire à Francis Vercamer combien nous sommes heureux que ces journées parlementaires se déroulent à Hem, dans cette terre du Nord qui a si bien réussi sa reconversion. Je voudrais lui dire combien nous sommes fiers de compter parmi nous le meilleur spécialiste des questions sociales à l'Assemblée nationale. Tu es un député unanimement reconnu pour ton travail et ton implication dans la vie parlementaire.
Je voudrais aussi dire à François Sauvadet, le président de notre groupe à l'Assemblée nationale que je sais, pour avoir occupé cette fonction jusqu'en 2007, combien il est difficile de présider un groupe de 24 parlementaires ; c'est même probablement plus difficile encore que pour un groupe de 300 députés. Chaque parlementaire, c'est une individualité, une personnalité, une voix, une influence dont il faut tenir compte. Et le président du groupe, il doit savoir concilier l'exigence de solidarité gouvernementale avec des moments d'expression propre, parfois de divergence ou du moins de différence.
Je voudrais enfin dire au Premier ministre, cher François, que nous avons à la tête du Gouvernement un homme à la capacité d'écoute hors du commun. Un homme qui a un vrai sens de l'intérêt général et des intérêts supérieurs de l'Etat. Un homme qui a une haute conscience de ce que représente la responsabilité politique. Cher François, je voulais te le dire, parce que c'est sincère.
Ta présence parmi nous, en tant que chef du Gouvernement, c'est le signe que le Nouveau Centre est un parti et un groupe parlementaire heureux d'être dans la majorité. Cela a été notre choix stratégique en 2007 entre les deux tours de l'élection présidentielle et nous sommes aujourd'hui satisfaits du bilan de l'action réformatrice menée par le Gouvernement sous la houlette du Président de la République.
Nous avons fait le choix d'une majorité réformatrice car nous avons fait le constat du déclin progressif de notre pays depuis 25 ans. Il faut remonter à 1980, avec Raymond Barre, pour trouver le dernier budget en équilibre et notre endettement atteint aujourd'hui 1 400 milliards d'euros. Nombre d'indicateurs sont au rouge : la France accuse un taux de chômage supérieur à la moyenne européenne et un taux d'emploi des jeunes sensiblement inférieur à celui de nos principaux partenaires. Notre pays innove moins que ses concurrents et tente de justifier son déficit commercial par sa monnaie. Pourtant l'Allemagne, avec une monnaie identique à la notre, réalise un excédent commercial de 178 milliards d'euros quand nous accusons un déficit de 58 milliards d'euros.
Le résultat de ce déclin progressif c'est un pays qui, depuis une quinzaine d'années, réalise un point de croissance de moins que ses voisins européens. Or si nous avions eu cette croissance qui nous a manquée, nous aurions aujourd'hui moins de chômage et moins de déficits pour financer des chantiers majeurs, comme celui de la dépendance que nous évoquions ce matin.
En faisant le choix de la majorité, le Nouveau Centre a ainsi pris le parti des réformes que nous appelions de nos voeux depuis longtemps à l'UDF. Nous sommes passés des paroles aux actes et ces réformes sont aujourd'hui devenues réalité. Je pense notamment à la transformation du revenu minimum d'insertion (RMI) en revenu de solidarité active (RSA) pour permettre une véritable incitation à la reprise d'activité et donc à l'insertion. Je pense également à l'instauration du service minimum garanti dans les transports et à l'école, mais aussi à l'autonomie des universités que chacun proposait mais que personne n'avait jamais fait. Elle est désormais engagée de façon irréversible.
Quant à la réforme de l'Etat, permettez-moi de prendre l'exemple de la réforme de la défense que beaucoup pensaient impossible territorialement et que nous avons pourtant réalisée pour densifier et réorganiser nos unités.
Mes Chers amis,
Ces réformes, nous les souhaitions et nous les portons dans la majorité. Cette majorité, elle ne saurait se résumer au grand parti frère qu'est l'UMP. Nous sommes ensemble, le Nouveau Centre et l'UMP, coresponsables de la majorité. Nous sommes deux partis qui portons une majorité. Et cette majorité, elle se portera d'autant mieux que la sensibilité centriste que nous incarnons y aura toute son expression.
Et quel meilleur exemple que le résultat des élections en Allemagne de dimanche dernier ? Le FDP permet au grand parti conservateur qu'est la CDU de sortir de la grande coalition avec les socialistes. Le FDP réalise le meilleur score de son histoire parce qu'il a su incarner une véritable modernité, en portant une vision rénovée de la démocratie, des libertés et un discours responsable sur l'équilibre des finances publiques.
Ce qui se passe en Allemagne doit d'autant plus nous inspirer que chez nous, le passage à gauche du MoDem laisse orpheline une grande partie de l'électorat centriste qui avait voté François Bayrou au premier tour de l'élection présidentielle de 2007.
Or si l'union de la majorité se justifie dans les scrutins à un seul tour, comme les élections européennes, elle est plus discutable dans les scrutins à deux tours. Les enquêtes d'opinion indiquent d'ailleurs que nombre d'électeurs qui se retrouvent dans la majorité souhaitent exprimer leur sensibilité politique au premier tour. Le résultat très serré de l'élection législative partielle de Rambouillet, où le candidat de la majorité n'a obtenu que cinq voix d'avance, est à cet égard riche d'enseignements.
Mes Chers amis,
J'ai évoqué notre engagement pour les réformes. Je voudrais à présent vous parler de l'ambition du Nouveau Centre, de ce que nous devons incarner dans les débats parlementaires à venir.
Je vous propose que nous portions l'idée d'une société de la reconnaissance. Je suis frappé de constater à quel point, dans nos sociétés modernes, la reconnaissance est liée à la valeur ajoutée et à la création de richesses. Nous ne savons plus reconnaître les fonctions sociales majeures structurantes dans notre société. Je pense notamment aux enseignants, aux chercheurs, aux magistrats, au corps médical. Ces fonctions sociales, nous devons les porter dans le débat parlementaire pour qu'elles soient mieux reconnues. C'est ainsi que le Nouveau Centre incarnera ce que j'appelle un humanisme moderne.
Je vous propose également que nous soyons les porteurs d'une société apaisée. Nous ne devons pas laisser s'installer ces discours qui opposent sans cesse les Français les uns aux autres : les fonctionnaires aux salariés du privé, les jeunes aux vieux, le peuple aux élites et aux catégories intermédiaires. Le Nouveau Centre doit au contraire incarner l'idée qu'une société est d'autant plus portée au progrès qu'elle est apaisée.
Je veux enfin que nous imaginions, à travers notre discours au Parlement, une nouvelle fraternité et que nous soyons en première ligne sur des sujets comme l'égalité des chances, la fin de vie ou encore la bioéthique. Sur des questions de société comme le mariage homosexuel et l'adoption par couples homosexuels, je crois que nous sommes restés au milieu du gué. Mieux vaut un enfant qui trouve de l'amour dans une famille, quelle que soit la façon dont elle se construit, qu'un enfant seul à la DASS.
Mes Chers amis,
Avant de conclure, je voudrais aborder deux sujets sur lesquels nous allons débattre en 2010.
Le premier sujet, c'est celui de la décentralisation et de la réforme territoriale. Voilà un sujet que l'UDF a toujours porté.
La décentralisation doit aujourd'hui franchir une nouvelle étape, car l'organisation actuelle de nos collectivités locales est obsolète. Elle est source de confusion, de gaspillage et d'inefficacité.
Nous défendons trois idées simples :
- La fusion des assemblées départementales et régionales en une assemblée territoriale unique - mais où certains sujets pourront être traités par les élus départementaux de cette nouvelle assemblée ;
- L'interdiction des compétences croisées et la fin de la compétence générale de chaque échelon de collectivité, qui est source d'accroissement des services et des personnels. 500 000 fonctionnaires territoriaux supplémentaires en 20 ans!
- L'existence de véritables ressources propres - Charles de Courson en parlerait mieux que moi - pour responsabiliser la dépense, alors que les collectivités locales restent aujourd'hui essentiellement financées par des transferts de l'Etat. A travers cette réforme, c'est une liberté majeure qui est en jeu : la liberté des collectivités locales, sous le contrôle démocratique des citoyens.
Quant à la réforme du mode de scrutin applicable aux futurs conseillers territoriaux, elle ne saurait nous engager vers un mode de scrutin majoritaire à un seul tour préfigurant la généralisation de ce mode de scrutin pour les autres élections. Car si l'on bride l'expression de nos compatriotes, ils trouveront toujours d'autres moyens : soit la rue, soit des votes protestataires aux extrêmes.
Un système d'apparentement serait un très mauvais signal et le Nouveau Centre sera vigilant pour que la diversité de la sociologie politique française continue à s'exprimer à travers le futur mode de scrutin des conseillers territoriaux, qui devra garantir la pleine expression du pluralisme.
Le second sujet, c'est celui des retraites. Nous avons besoin d'une réforme qui modifie en profondeur notre système de retraites. Nous devons nous orienter vers un système universel et individualisé. Un système transparent permettant aux Français d'être en mesure chaque jour de connaître leurs droits à la retraite, en allant tout simplement sur Internet. Un système souple et flexible pour tenir compte des parcours professionnels de chacun, de la pénibilité du travail et du choix des modes de vie et des moments de travail qui seront de moins en moins linéaires et de plus en plus orientés par des choix personnels. Cette réforme, elle devra tenir compte de l'exigence de justice sociale et prendre en compte la question de la pénibilité du travail à travers un mécanisme de bonification.
Regardons aussi ce qui se fait ailleurs en Europe. Je pense à nos amis suédois qui ont mis en place un système unifié qui permet notamment, à travers leur fameuse « enveloppe orange » de connaître chaque année, avec précision, les droits acquis et la rente ou la pension qui sera versée le jour de sa retraite.
Mes Chers amis,
Voici des sujets que le Nouveau Centre doit porter à l'Assemblée nationale mais aussi au Sénat. Et je forme le voeu qu'au lendemain des élections sénatoriales de 2011 la construction de notre formation politique nous permettra de nous appuyer au Sénat, comme c'est le cas à l'Assemblée, sur un groupe parlementaire autonome.
Vous le voyez, notre feuille de route est claire.
J'attends de vous une mobilisation totale dans la construction de notre parti.
- Nous avons besoin de tous les talents.
- Nous avons besoin de toutes les énergies.
- Nous avons besoin de l'engagement de chacun pour occuper tout l'espace politique du centre et relever le défi que nous nous sommes lancés : reprendre le flambeau de l'UDF.
Je vous remercie.
Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 1er octobre 2009