Texte intégral
M. Biraben et C. Roux.- M. Biraben : Il fait encore doux, le grand froid se fait attendre, les SDF ne sont donc pas encore un sujet et le ministre pas encore sous pression. Mais avant que, comme chaque année, les Sans-abri meurent sur les trottoirs, parlons logement. Une promesse de campagne de N. Sarkozy : « plus personne ne sera obligé de dormir sur les trottoirs d'ici à 2 ans ». Raté. B. Apparu, bonjour.
Bonjour.
C. Roux : Bonjour. Oui, revenons sur ces propos de campagne de N. Sarkozy : « plus personne ne sera obligé de dormir sur les trottoirs d'ici à 2 ans ». Cela fait 2 ans et demi qu'il est aux manettes, on oublie cette promesse de campagne ?
On n'oublie pas cette promesse de campagne, ça reste un objectif pour nous.
C. Roux : C'est raté.
Je ne peux pas vous dire que c'est effectivement la pleine réussite, il y a encore des gens effectivement qui vivent dehors. La promesse de campagne c'était quoi ? C'était grosso modo : il faut que toute personne qui demande à être hébergée puisse l'être. Je pense qu'aujourd'hui, globalement, on n'en est quand même pas loin parce qu'on a fait 5.000 places nouvelles en 3 ans, donc je crois qu'on s'est donné les moyens. Mais franchement ce n'est plus le débat.
C. Roux : Ce n'est plus le débat...
Non...
C. Roux :...(Et cette) phrase de N. Sarkozy ?
Non, ce n'est plus le débat, non. Le vrai débat c'est que maintenant il faut qu'on se pose la question de façon différente. L'hébergement ce n'est pas une fin en soi, la fin en soi c'est le logement...
C. Roux : On va y venir dans le détail, restons juste sur cette phrase. Est-ce que vous considérez, vous en tant que secrétaire d'Etat au Logement, que d'ici à la fin du mandat de N. Sarkozy - je reprends cette phrase - « plus personne ne sera obligé de dormir sur les trottoirs » ?
Je pense que oui, je pense qu'on peut y arriver, je pense que c'est quelque chose à notre portée, que les gens ne soient pas obligés de dormir dehors c'est probablement à notre portée. Les choses sont objectivement plus subtiles malheureusement et plus compliquées...
C. Roux : Ah ! Ça, c'est à N. Sarkozy qu'il faut le dire !
Mais je lui dis sans aucune difficulté.
C. Roux : Ah !
(Les choses) sont plus complexes. J'étais par exemple cette semaine dans un centre d'hébergement très atypique, très particulier pour des gens qui ont passé plus de 10 ans dans la rue. Quelqu'un qui a passé 10 ans à la rue, les travailleurs sociaux pour pouvoir les (sic) emmener dans un centre d'hébergement ou équivalent, il leur a fallu 9 mois de travail dans la rue, dans la rue ! 9 mois de travail pour que quelqu'un accepte de sortir de la rue et de passer une nuit ailleurs que dans la rue, 9 mois de travail. Donc il faut se rendre compte que...
M. Biraben : Ce n'est pas la réalité de ceux qui vivent depuis 1 mois, 2 mois, 3 mois, 1 an dans la rue, ils en sortiraient volontiers...
Non, c'est justement ce que je voulais dire, c'est qu'on a des réalités totalement différentes. On n'a pas un « public » homogène, entre quelqu'un qui a passé 1 an dans la rue, 10 ans dans la rue ou 2 mois dans la rue, les situations et donc les solutions pour les sortir de la rue sont totalement différentes.
C. Roux : Alors on va faire un point justement sur les solutions, à la veille des grands froids - il paraît que le grand froid arrive pour la semaine prochaine - donc on prend le temps de voir où on en est. Est-ce que vous diriez, vous, que la situation est aujourd'hui, j'allais dire sous contrôle, est-ce que vous êtes bien préparé à la veille de l'arrivée de l'hiver ?
Oui, je pense qu'on est bien préparés, qu'on a un nombre de places suffisant pour mettre à l'abri ceux qui doivent être mis à l'abri. Et donc je pense qu'on a effectivement suffisamment de places pour pouvoir essayer de répondre à peu près à tout le monde. Et surtout, on va améliorer le système et la coordination du système. Un exemple très simple : vous savez qu'on a un numéro de téléphone, le 115 qui est utilisable pour effectivement prévenir si quelqu'un est en situation de danger, si quelqu'un veut être hébergé pour une nuit, il peut téléphoner au 115 ou quelqu'un qui voit quelqu'un dans la rue peut téléphoner au 115. Le 115 à Paris, jusqu'à cette année, c'est 30 % de visibilité de l'ensemble des passes d'urgence. Autrement dit quand vous appelez au 115, ils gèrent 30 % des places. Et donc on peut appeler au 115 et nous dire « désolé, ce soir il n'y a plus de place, on est complet » sans savoir ce qui se passe dans tous les centres d'hébergement parisiens. A partir du 1er décembre, on sera à 100 %. Deuxième chose sur laquelle on est probablement mieux préparés, c'est ce qu'on appelle la coordination des maraudes, les maraudes ce sont les camionnettes du Samu Social ou de la Croix-Rouge qui se baladent dans Paris ou à Lyon ou ailleurs, et qui regardent un petit peu... qui vont à la rencontre des Sans-abri. Là c'est pareil, on n'avait pas de maraude... de coordination des maraudes, là on aura une coordination des maraudes, c'est-à-dire qu'on n'aura plus 2 camionnettes dans le même arrondissement et 0 dans un autre arrondissement.
C. Roux : Le Parisien ce week-end mettait le doigt sur un nouveau phénomène à Paris, on parle souvent de Paris parce que c'est vrai que c'est là où la tension sur le...
C'est là où se cristallise la tension sur le sujet oui.
C. Roux : Voilà, sur le sujet du logement. Alors il y a un nouveau phénomène, on voit des Roms, des Afghans qui envahissent les rues à la nuit tombée, qui s'installent devant les grands magasins, devant l'Opéra Garnier, qui passent la nuit et qui partent au petit matin. Est-ce que c'est une situation qui peut perdurer ?
On a aujourd'hui un afflux massif de demandeurs d'asile dans notre pays, on a beaucoup plus de demandeurs d'asile que par le passé. Et donc nous avons... comme les demandeurs d'asile sont hébergés dans les centres d'hébergement ou alors, comme ils sont effectivement « à la rue », on les retrouve nuitamment devant les grands magasins ou ailleurs. Et on a objectivement une explosion en ce moment de la demande d'asile sur laquelle il va falloir effectivement agir très vite.
C. Roux : Parce qu'on a vu qu'on avait renvoyé de manière très, très médiatisée 3 Afghans de la "Jungle" de Calais. Qu'est-ce qu'on fait de ceux-ci ?
C'est tout le débat sur comment on reconduit à la frontière. Mais la reconduite à la frontière, il faut attendre juste une chose, c'est que quand vous êtes sur quelqu'un qui demande de l'asile, encore faut-il que le dossier soit traité. La vraie solution c'est comment on accélère le processus d'asile.
C. Roux : Alors qu'est-ce que vous proposez dans ce cas précis par exemple, vous travaillez sur ce sujet ?
Dans ce cas précis, je ne travaille pas sur le sujet parce que c'est E. Besson, mais on en discute souvent ensemble parce que nos sujets sont totalement complémentaires. La seule solution c'est d'accélérer les demandes d'asile. Aujourd'hui, il se passe trop de temps entre le jour où quelqu'un dépose un dossier de demande d'asile et le jour où il a une réponse. Et pendant cette période-là, ces gens-là effectivement ne sont pas traités et on ne peut évidemment pas les reconduire à la frontière si la réponse est négative, et on ne peut pas les insérer si la réponse est positive.
C. Roux : Alors un mot sur le DALO, le Droit Au Logement Opposable, 10.000 familles sont en attente, qu'est-ce que vous leur dites ? Patience ?
Je leur dis pour l'instant patience, je leur dis que je ne suis pas très fier des résultats de l'Etat pour l'instant parce qu'on n'est pas très bons. On a 10 départements où objectivement, on ne sait pas gérer le DALO parce qu'on a trop de demandes et pas assez de logements en face. Ce que je vais leur dire, c'est qu'il y a deux choses qu'on peut faire très vite. Sur Paris par exemple... là encore ou sur l'Ile-de-France, nous avons ce qu'on appelle « le contingent préfectoral ». C'est quoi ? C'est en gros, quand on construit un immeuble, l'Etat qui paie a droit à 30 % des logements, ça on le gère mal. Le résultat c'est qu'on perd, on perd 5.000 logements par an parce qu'on gère mal notre contingent préfectoral. Et puis deuxième chose, on a négocié avec les partenaires sociaux du 1 % logement la possibilité d'utiliser une partie de leur propre contingent, c'est-à-dire leur droit à réservation de logements. Ça va nous permettre d'en récupérer 5.000 de plus, ça on va le mettre en place tout de suite, dès décembre. Et donc sur l'année 2010, on va pouvoir gérer 10.000 logements de plus, ce qui nous permettra d'être beaucoup plus efficaces sur la gestion du DALO. Et puis la vraie question c'est comment, là encore, on continue à construire plus de logements parce qu'il faut continuer à construire plus de logements dans notre pays.
M. Biraben : On passe à l'identité nationale ! C. Roux : Oui, on passe à l'identité nationale. M. Aubry a déclaré hier que ce débat sur l'identité nationale faisait honte à la France. Vous y êtes allé, vous, sur le site ?
Je n'y suis pas... enfin j'y suis allé le visiter, je n'ai pas encore posté ma propre contribution mais ça sera fait cette semaine.
C. Roux : Alors nous, on y est allé. Par exemple, quand vous entendez « il faut des Jaunes, des Noirs, des Bruns mais une minorité sinon la France n'est plus la France », vous êtes à l'aise avec ce genre de déclaration ?
Je suis d'accord, complètement...
C. Roux : Vous êtes d'accord avec B. Hortefeux, il dit « quand il y en a un ça va mais quand il y en a trop, ça ne va plus » ?
Moi, je considère que notre pays s'est construit sur de la diversité, c'est une réalité historique, c'est une réalité pour notre pays. Donc il ne s'agit pas... enfin, arrêtons de penser, de résumer ce débat de l'identité nationale qui pourrait se résumer à : « allez ! On les met dehors ». C'est absurde, ça n'a aucun sens, ce n'est pas du tout l'objet. Le débat sur l'identité nationale serait une erreur si on le résumait à l'immigration, ce n'est pas la seule question qui se pose.
C. Roux : Justement, si vous avez bien entendu la phrase... M. Biraben : Oui, je pense qu'il n'a pas... C. Roux : « Il faut des jaunes, des noirs, des bruns mais une minorité sinon la France n'est plus la France ».
Ah ! J'avais peut-être mal compris la phrase...
C. Roux : Oui.
J'avais peut-être probablement mal compris la formule, j'avais compris dans l'autre sens. Moi je considère que dans notre pays, il faut effectivement cette diversité et il faut l'assumer complètement. Donc je ne partage pas cette formule qui consiste à dire : « il en faut le moins possible » parce que la France est construite avec des Italiens, avec des Espagnols, avec des Portugais, il font notre richesse aujourd'hui. Et notre richesse de demain elle sera diverse, comme toujours.
M. Biraben : Vous posterez dans la journée, nous irons guetter votre...
Non, plutôt d'ici la fin de la semaine, je pense.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 novembre 2009
Bonjour.
C. Roux : Bonjour. Oui, revenons sur ces propos de campagne de N. Sarkozy : « plus personne ne sera obligé de dormir sur les trottoirs d'ici à 2 ans ». Cela fait 2 ans et demi qu'il est aux manettes, on oublie cette promesse de campagne ?
On n'oublie pas cette promesse de campagne, ça reste un objectif pour nous.
C. Roux : C'est raté.
Je ne peux pas vous dire que c'est effectivement la pleine réussite, il y a encore des gens effectivement qui vivent dehors. La promesse de campagne c'était quoi ? C'était grosso modo : il faut que toute personne qui demande à être hébergée puisse l'être. Je pense qu'aujourd'hui, globalement, on n'en est quand même pas loin parce qu'on a fait 5.000 places nouvelles en 3 ans, donc je crois qu'on s'est donné les moyens. Mais franchement ce n'est plus le débat.
C. Roux : Ce n'est plus le débat...
Non...
C. Roux :...(Et cette) phrase de N. Sarkozy ?
Non, ce n'est plus le débat, non. Le vrai débat c'est que maintenant il faut qu'on se pose la question de façon différente. L'hébergement ce n'est pas une fin en soi, la fin en soi c'est le logement...
C. Roux : On va y venir dans le détail, restons juste sur cette phrase. Est-ce que vous considérez, vous en tant que secrétaire d'Etat au Logement, que d'ici à la fin du mandat de N. Sarkozy - je reprends cette phrase - « plus personne ne sera obligé de dormir sur les trottoirs » ?
Je pense que oui, je pense qu'on peut y arriver, je pense que c'est quelque chose à notre portée, que les gens ne soient pas obligés de dormir dehors c'est probablement à notre portée. Les choses sont objectivement plus subtiles malheureusement et plus compliquées...
C. Roux : Ah ! Ça, c'est à N. Sarkozy qu'il faut le dire !
Mais je lui dis sans aucune difficulté.
C. Roux : Ah !
(Les choses) sont plus complexes. J'étais par exemple cette semaine dans un centre d'hébergement très atypique, très particulier pour des gens qui ont passé plus de 10 ans dans la rue. Quelqu'un qui a passé 10 ans à la rue, les travailleurs sociaux pour pouvoir les (sic) emmener dans un centre d'hébergement ou équivalent, il leur a fallu 9 mois de travail dans la rue, dans la rue ! 9 mois de travail pour que quelqu'un accepte de sortir de la rue et de passer une nuit ailleurs que dans la rue, 9 mois de travail. Donc il faut se rendre compte que...
M. Biraben : Ce n'est pas la réalité de ceux qui vivent depuis 1 mois, 2 mois, 3 mois, 1 an dans la rue, ils en sortiraient volontiers...
Non, c'est justement ce que je voulais dire, c'est qu'on a des réalités totalement différentes. On n'a pas un « public » homogène, entre quelqu'un qui a passé 1 an dans la rue, 10 ans dans la rue ou 2 mois dans la rue, les situations et donc les solutions pour les sortir de la rue sont totalement différentes.
C. Roux : Alors on va faire un point justement sur les solutions, à la veille des grands froids - il paraît que le grand froid arrive pour la semaine prochaine - donc on prend le temps de voir où on en est. Est-ce que vous diriez, vous, que la situation est aujourd'hui, j'allais dire sous contrôle, est-ce que vous êtes bien préparé à la veille de l'arrivée de l'hiver ?
Oui, je pense qu'on est bien préparés, qu'on a un nombre de places suffisant pour mettre à l'abri ceux qui doivent être mis à l'abri. Et donc je pense qu'on a effectivement suffisamment de places pour pouvoir essayer de répondre à peu près à tout le monde. Et surtout, on va améliorer le système et la coordination du système. Un exemple très simple : vous savez qu'on a un numéro de téléphone, le 115 qui est utilisable pour effectivement prévenir si quelqu'un est en situation de danger, si quelqu'un veut être hébergé pour une nuit, il peut téléphoner au 115 ou quelqu'un qui voit quelqu'un dans la rue peut téléphoner au 115. Le 115 à Paris, jusqu'à cette année, c'est 30 % de visibilité de l'ensemble des passes d'urgence. Autrement dit quand vous appelez au 115, ils gèrent 30 % des places. Et donc on peut appeler au 115 et nous dire « désolé, ce soir il n'y a plus de place, on est complet » sans savoir ce qui se passe dans tous les centres d'hébergement parisiens. A partir du 1er décembre, on sera à 100 %. Deuxième chose sur laquelle on est probablement mieux préparés, c'est ce qu'on appelle la coordination des maraudes, les maraudes ce sont les camionnettes du Samu Social ou de la Croix-Rouge qui se baladent dans Paris ou à Lyon ou ailleurs, et qui regardent un petit peu... qui vont à la rencontre des Sans-abri. Là c'est pareil, on n'avait pas de maraude... de coordination des maraudes, là on aura une coordination des maraudes, c'est-à-dire qu'on n'aura plus 2 camionnettes dans le même arrondissement et 0 dans un autre arrondissement.
C. Roux : Le Parisien ce week-end mettait le doigt sur un nouveau phénomène à Paris, on parle souvent de Paris parce que c'est vrai que c'est là où la tension sur le...
C'est là où se cristallise la tension sur le sujet oui.
C. Roux : Voilà, sur le sujet du logement. Alors il y a un nouveau phénomène, on voit des Roms, des Afghans qui envahissent les rues à la nuit tombée, qui s'installent devant les grands magasins, devant l'Opéra Garnier, qui passent la nuit et qui partent au petit matin. Est-ce que c'est une situation qui peut perdurer ?
On a aujourd'hui un afflux massif de demandeurs d'asile dans notre pays, on a beaucoup plus de demandeurs d'asile que par le passé. Et donc nous avons... comme les demandeurs d'asile sont hébergés dans les centres d'hébergement ou alors, comme ils sont effectivement « à la rue », on les retrouve nuitamment devant les grands magasins ou ailleurs. Et on a objectivement une explosion en ce moment de la demande d'asile sur laquelle il va falloir effectivement agir très vite.
C. Roux : Parce qu'on a vu qu'on avait renvoyé de manière très, très médiatisée 3 Afghans de la "Jungle" de Calais. Qu'est-ce qu'on fait de ceux-ci ?
C'est tout le débat sur comment on reconduit à la frontière. Mais la reconduite à la frontière, il faut attendre juste une chose, c'est que quand vous êtes sur quelqu'un qui demande de l'asile, encore faut-il que le dossier soit traité. La vraie solution c'est comment on accélère le processus d'asile.
C. Roux : Alors qu'est-ce que vous proposez dans ce cas précis par exemple, vous travaillez sur ce sujet ?
Dans ce cas précis, je ne travaille pas sur le sujet parce que c'est E. Besson, mais on en discute souvent ensemble parce que nos sujets sont totalement complémentaires. La seule solution c'est d'accélérer les demandes d'asile. Aujourd'hui, il se passe trop de temps entre le jour où quelqu'un dépose un dossier de demande d'asile et le jour où il a une réponse. Et pendant cette période-là, ces gens-là effectivement ne sont pas traités et on ne peut évidemment pas les reconduire à la frontière si la réponse est négative, et on ne peut pas les insérer si la réponse est positive.
C. Roux : Alors un mot sur le DALO, le Droit Au Logement Opposable, 10.000 familles sont en attente, qu'est-ce que vous leur dites ? Patience ?
Je leur dis pour l'instant patience, je leur dis que je ne suis pas très fier des résultats de l'Etat pour l'instant parce qu'on n'est pas très bons. On a 10 départements où objectivement, on ne sait pas gérer le DALO parce qu'on a trop de demandes et pas assez de logements en face. Ce que je vais leur dire, c'est qu'il y a deux choses qu'on peut faire très vite. Sur Paris par exemple... là encore ou sur l'Ile-de-France, nous avons ce qu'on appelle « le contingent préfectoral ». C'est quoi ? C'est en gros, quand on construit un immeuble, l'Etat qui paie a droit à 30 % des logements, ça on le gère mal. Le résultat c'est qu'on perd, on perd 5.000 logements par an parce qu'on gère mal notre contingent préfectoral. Et puis deuxième chose, on a négocié avec les partenaires sociaux du 1 % logement la possibilité d'utiliser une partie de leur propre contingent, c'est-à-dire leur droit à réservation de logements. Ça va nous permettre d'en récupérer 5.000 de plus, ça on va le mettre en place tout de suite, dès décembre. Et donc sur l'année 2010, on va pouvoir gérer 10.000 logements de plus, ce qui nous permettra d'être beaucoup plus efficaces sur la gestion du DALO. Et puis la vraie question c'est comment, là encore, on continue à construire plus de logements parce qu'il faut continuer à construire plus de logements dans notre pays.
M. Biraben : On passe à l'identité nationale ! C. Roux : Oui, on passe à l'identité nationale. M. Aubry a déclaré hier que ce débat sur l'identité nationale faisait honte à la France. Vous y êtes allé, vous, sur le site ?
Je n'y suis pas... enfin j'y suis allé le visiter, je n'ai pas encore posté ma propre contribution mais ça sera fait cette semaine.
C. Roux : Alors nous, on y est allé. Par exemple, quand vous entendez « il faut des Jaunes, des Noirs, des Bruns mais une minorité sinon la France n'est plus la France », vous êtes à l'aise avec ce genre de déclaration ?
Je suis d'accord, complètement...
C. Roux : Vous êtes d'accord avec B. Hortefeux, il dit « quand il y en a un ça va mais quand il y en a trop, ça ne va plus » ?
Moi, je considère que notre pays s'est construit sur de la diversité, c'est une réalité historique, c'est une réalité pour notre pays. Donc il ne s'agit pas... enfin, arrêtons de penser, de résumer ce débat de l'identité nationale qui pourrait se résumer à : « allez ! On les met dehors ». C'est absurde, ça n'a aucun sens, ce n'est pas du tout l'objet. Le débat sur l'identité nationale serait une erreur si on le résumait à l'immigration, ce n'est pas la seule question qui se pose.
C. Roux : Justement, si vous avez bien entendu la phrase... M. Biraben : Oui, je pense qu'il n'a pas... C. Roux : « Il faut des jaunes, des noirs, des bruns mais une minorité sinon la France n'est plus la France ».
Ah ! J'avais peut-être mal compris la phrase...
C. Roux : Oui.
J'avais peut-être probablement mal compris la formule, j'avais compris dans l'autre sens. Moi je considère que dans notre pays, il faut effectivement cette diversité et il faut l'assumer complètement. Donc je ne partage pas cette formule qui consiste à dire : « il en faut le moins possible » parce que la France est construite avec des Italiens, avec des Espagnols, avec des Portugais, il font notre richesse aujourd'hui. Et notre richesse de demain elle sera diverse, comme toujours.
M. Biraben : Vous posterez dans la journée, nous irons guetter votre...
Non, plutôt d'ici la fin de la semaine, je pense.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 novembre 2009