Texte intégral
J.-P. Elkabbach.- Bienvenue dans ces lieux que vous connaissez si bien. F. Baroin, bonjour.
Merci, bonjour.
Le président de la République a donc demandé hier aux députés UMP de ne pas toucher au bouclier fiscal, est-ce une position tenable ?
Bien sûr c'est une position tenable si on se fixe comme principe qu'on a enfin besoin dans notre pays de stabilité fiscale. Il m'est arrivé avec le Président, chacun le sait, d'avoir un certain nombre de débats mais je n'en ai pas eu sur cette affaire de bouclier fiscal. Pourquoi ? L'idée elle est très simple : est-ce qu'un impôt dans un pays comme le nôtre peut être confiscatoire, voire spoliateur ? Si on s'entend sur le principe, alors ce n'est pas un débat gauche-droite. C'est même Rocard qui a fixé pour le premier un plafonnement qui existait.
Et vous étiez vous-mêmes dans le gouvernement D. De Villepin, avec J.-F. Copé, qui avait plafonné les impôts à 60%...
Moi je suis très fier d'avoir appartenu à ce gouvernement. Bien sûr très fier d'avoir appartenu au gouvernement de D. de Villepin qui a fixé un bouclier qui était à 60%. Et puis N. Sarkozy avait pris un engagement pendant la campagne : on ne travaille pas plus d'un jour sur deux pour l'Etat. Ce principe il est simple. Alors c'est vrai que dans le bouclier il y a beaucoup de choses, mais ce bouclier il nous permet d'abord d'être relativement avantageux vis-à-vis de nos voisins européens, relativement compétitifs et contrairement à ce que l'on dit, c'est un principe d'équité.
Oui, mais avantageux pour quelques-uns. A l'origine en 2007, F. Baroin il s'agissait de créer un choc de confiance et de croissance. Alors aujourd'hui, le bouclier fiscal est perçu comme un Himalaya d'injustices.
Oui, mais ce qui n'est d'ailleurs pas tout à fait vrai, parce que c'est vrai que c'est modeste, ça concerne environ 20.000 personnes, les chiffres définitifs seront connus au mois de juillet et ce sera de l'ordre de la restitution du bouclier de 650 à 700 millions d'euros. C'est donc par rapport au budget de l'Etat relativement marginal, mais c'est un principe. Et le choc de confiance ou de croissance il intégrait le bouclier, la suppression des droits de succession et toute la loi TEPA sur l'économie. Les choses ont changé, on est en pleine crise, du coup au lendemain...
Eh, justement...
...Des Régionales et de la victoire de la gauche...
Justement, est-ce que la crise ne change pas les choses ? Est-ce qu'elle n'appelle pas plus de justice sociale ?
Le débat sur le bouclier ce n'est pas un débat qui est médiocre. Les arguments qui sont développés sont des arguments d'intelligence, pour ceux qui sont sérieux et qui veulent appréhender sérieusement ce sujet. Mais je suis convaincu que nous devons avoir de la stabilité à l'échelle d'un quinquennat et que tout ce qui est développé, au fond ce triptyque - faisons sauter le bouclier, sortons la CSG, la CRDS, discutons de l'impôt de solidarité sur la fortune parce que la question du bouclier c'est pour les riches, je rappelle que la France est l'un des seuls rares et derniers pays à avoir un impôt de solidarité sur la fortune, donc les riches...
Donc si on touche au bouclier fiscal, il faudrait toucher à l'ensemble de la fiscalité...
Toucher à l'ensemble... Et si on le touche est-ce que c'est...
Est-ce que c'est prévu ? Est-ce que c'est envisagé ?
A mon avis ça sera l'un des grands débats de l'élection présidentielle. Mais je souhaite vraiment que pour la préparation de la loi de finances 2011, on puisse échapper, peut-être un voeu pieux, mais en tout cas je suis sur la ligne et je suis en phase avec cette volonté de stabilité fiscale.
Pour les retraites, le déficit de 2010 va atteindre ce qui était prévu pour 2030, ai-je lu. Elles ont un coût de 270 milliards d'euros par an avec un déficit de 30 milliards, c'est-à-dire le montant annuel du Grand emprunt. Est-ce qu'on ne peut pas imaginer une sorte de bouclier social, un meilleur partage des efforts et de la justice sociale par exemple au moment des retraites ?
La grande affaire, vous avez raison, c'est l'affaire des retraites. C'est je crois là-dessus qu'une partie de notre crédibilité nationale et européenne va se jouer. Je dis bien européenne, pourquoi ? Parce que la tension qu'on sent aujourd'hui dans la société française elle vient de cette angoisse liée à notre stock de dettes et à la dégradation de nos comptes publics. Si nous réussissons, ce qui est souhaitable pour tout le monde, pour la gauche comme pour la droite, quelle que soit la perspective de l'élection présidentielle, nous serons au rendez-vous de nos engagements internationaux sur la maîtrise de notre dette et de nos déficits, et nous serons également au rendez-vous de la restauration de la confiance vis-à-vis des Français, car pour la première fois il y a un lien très direct entre la dette, la préparation de l'avenir et la relance de la croissance. Cette angoisse de la dette peut pousser le contribuable usager des services publics à devenir un conservateur frileux qui va plus épargner que consommer.
Et ça a même un lien avec la popularité présidentielle en berne aujourd'hui.
Mais d'une certaine manière, cette question elle vient en second, ce qui compte c'est de réussir cette réforme.
Mais vous n'êtes pas indifférent ?
Je ne suis pas indifférent, enfin je ne rentre pas au Gouvernement dans les meilleures conditions ni de popularité ni de finances publiques, mais c'est une question de responsabilité politique, et quand on fait de la politique, soit on reste sur le bord du chemin soit on s'engage. Voilà on va essayer de s'engager pour réussir cette réforme.
F. Baroin, en arrivant à Bercy, est-ce que vous avez trouvé des finances publiques en bon état, franchement ?
On ne peut pas le dire comme ça ?
Et comment on peut le dire ? Les caisses de l'Etat sont plus vides que vous ne le croyez ?
On va le dire pudiquement, comme une situation tendue, sous contrôle, avec une ambition exigeante d'offrir - ça c'est ce que je vais proposer en arbitrage à N. Sarkozy et à F. Fillon - une vraie inflexion dans les déficits. La loi de finances, le budget 2011 est un rendez-vous très important.
D'accord, mais comment tailler sur les dépenses, s'il y en a, sociales ou fiscales, qui sont improductives ou inutiles ?
Déjà en ne remettant pas en cause ce qui a été mis en oeuvre puisqu'au fond l'intérêt de ces dispositifs, c'est qu'ils s'inscrivent dans la durée. On ne remet pas en cause le 0 volume. C'est quoi le 0 volume ? C'est-à-dire qu'on n'augmente pas le coût des dépenses publiques plus que le coût de la vie. C'est déjà un effort considérable. On maintient ce principe d'un fonctionnaire sur deux en suppression, mais ça c'est un objectif global, ça veut dire que dans certains secteurs, ça pourra monter et d'autres ça pourra baisser.
Mais est-ce que cette mesure suffit à réduire les déficits, parce que c'est 500 millions d'économie par an ?
On peut faire un effort vertueux. Pardon, c'est peut-être plus modeste, si la situation n'était peut-être pas aussi dégradée, mais je suis un élu local, un maire qui n'a pas augmenté ces impôts depuis 12 ans. Et personne de sérieux non plus ne peut dire que le territoire ne s'est pas développé. Quand on réduit et quand on gère la bosse démographique, au fond c'est cela, d'un fonctionnaire sur deux on réduit aussi le train de vie, on peut redéployer une partie de ces dépenses sur d'autres priorités.
Vous jouez un rôle lors de la réforme des retraites ?
C'est E. Woerth le pilote, mais évidemment le ministre des Budgets sera co-signataire de ces décrets.
Votre prédécesseur, E. Woerth, voulait faire revenir et régulariser les évadés du fisc volontaires, il paraît que la pêche n'est pas bonne.
La pêche n'est pas exceptionnelle mais l'ouverture de la truite a eu lieu il y a trois semaines. Donc laissons un peu de temps pour voir.
Mais les filets sont toujours déployés.
Ils sont encore déployés jusqu'à la fin du mois, compte tenu du changement de Gouvernement, moi j'ai donné trois semaines de plus. En revanche, tout ce qui peut s'apparenter de près ou de loin à une repentance fiscale, voire une amnistie fiscale je ne serai pas sur ce bateau là.
Oui, ce n'est pas une plaisanterie de 1er avril mais si le président de la République décide de dissoudre l'Assemblée pour envoyer les moroses de l'UMP et les désenchantés devant les urnes...
C'est une plaisanterie de 1er avril.
C'est une plaisanterie ? Le risque de la cohabitation on ne le prend pas avec un quinquennat ? C'est un 1er avril.
On est à un an et demi d'une échéance présidentielle, non alors vraiment oui c'est un 1er avril.
Oui, Frédéric Mitterrand évoquait l'augmentation possible de la redevance télé, ça ce n'est pas le 1er avril, est-ce que s'est envisagé ?
C'est peut-être un 1er avril quand même.
Oui, c'est-à-dire que ça ne se fait pas.
Non, c'est un cadre général sur lequel on doit discuter, sur les choix budgétaires. On est un pays qui a un taux d'imposition de prélèvements obligatoires parmi les trois plus élevés et puis, pardon, mais il faudra qu'on fixe ce cadre budgétaire. On ne peut pas lancer des annonces qui vont troubler notre électorat. On maintient un niveau de prélèvement, on n'augmente pas les impôts. On fait un effort exigeant de maîtrise des dépenses publiques pour adresser un message aux Français et à nos partenaires.
F. Baroin, quand on entend l'état du déficit public il va peut-être augmenter ?
Non.
Il va baisser, il est passé de 7,9 à 7,5.
7,5, plutôt une bonne nouvelle.
C'est un bon record quand même.
Il faut être modeste dans la proclamation de ces résultats si j'ose dire, mais il faut être lucide sur le fait que par exemple si on a une baisse du déficit public, c'est que le plan de relance a eu une certaine vertu.
Est-ce que vous avez de quoi investir des réserves, est-ce que vous disposez de réserves, ou il n'y en a pas ?
Il n'y a pas de réserve et il n'y a pas de cagnotte ça c'est sûr.
Bon et dernière question, plus personnelle, vous êtes très beau et très bien accompagné à la une de...
Vous êtes très aimable.
A la Une de Paris-Match, vous l'avez vu ?
Vous êtes très aimable J.-P. Elkabbach.
Vous l'avez vu ?
Je l'ai vu.
Toutes les revues de presse en parlent, on entendait M. Grossiord tout à l'heure.
Oui, oui mais M. Grossiord en plus avec sa très belle voix de radio a dû mettre en lumière tout cela, mais moi c'est une question de principe : je n'ai jamais mis le doigt dans l'engrenage de l'exposition de ma vie privée, tout ce qui a été développé sur ma vie privée a été plus ou moins volée. Ces photos ne sont pas volées, donc... Et j'ai une amitié pour le groupe Lagardère, mais j'attaque voilà.
Quoi ! Vous attaquez ?
Mais oui, mais bien sûr...
Ca c'est une blague de 1er avril.
Non, ce n'est pas une blague de poisson d'avril. On l'a toujours fait, vous ne m'avez jamais vu avec mes gosses sur du papier glacé, vous ne m'avez jamais vu exposer le reste. J'ai donné mon accord pour un portrait politique, je n'ai pas donné mon accord pour la publication de photos qui relèvent de ma vie privée.
Oh là ! Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 avril 2010
Merci, bonjour.
Le président de la République a donc demandé hier aux députés UMP de ne pas toucher au bouclier fiscal, est-ce une position tenable ?
Bien sûr c'est une position tenable si on se fixe comme principe qu'on a enfin besoin dans notre pays de stabilité fiscale. Il m'est arrivé avec le Président, chacun le sait, d'avoir un certain nombre de débats mais je n'en ai pas eu sur cette affaire de bouclier fiscal. Pourquoi ? L'idée elle est très simple : est-ce qu'un impôt dans un pays comme le nôtre peut être confiscatoire, voire spoliateur ? Si on s'entend sur le principe, alors ce n'est pas un débat gauche-droite. C'est même Rocard qui a fixé pour le premier un plafonnement qui existait.
Et vous étiez vous-mêmes dans le gouvernement D. De Villepin, avec J.-F. Copé, qui avait plafonné les impôts à 60%...
Moi je suis très fier d'avoir appartenu à ce gouvernement. Bien sûr très fier d'avoir appartenu au gouvernement de D. de Villepin qui a fixé un bouclier qui était à 60%. Et puis N. Sarkozy avait pris un engagement pendant la campagne : on ne travaille pas plus d'un jour sur deux pour l'Etat. Ce principe il est simple. Alors c'est vrai que dans le bouclier il y a beaucoup de choses, mais ce bouclier il nous permet d'abord d'être relativement avantageux vis-à-vis de nos voisins européens, relativement compétitifs et contrairement à ce que l'on dit, c'est un principe d'équité.
Oui, mais avantageux pour quelques-uns. A l'origine en 2007, F. Baroin il s'agissait de créer un choc de confiance et de croissance. Alors aujourd'hui, le bouclier fiscal est perçu comme un Himalaya d'injustices.
Oui, mais ce qui n'est d'ailleurs pas tout à fait vrai, parce que c'est vrai que c'est modeste, ça concerne environ 20.000 personnes, les chiffres définitifs seront connus au mois de juillet et ce sera de l'ordre de la restitution du bouclier de 650 à 700 millions d'euros. C'est donc par rapport au budget de l'Etat relativement marginal, mais c'est un principe. Et le choc de confiance ou de croissance il intégrait le bouclier, la suppression des droits de succession et toute la loi TEPA sur l'économie. Les choses ont changé, on est en pleine crise, du coup au lendemain...
Eh, justement...
...Des Régionales et de la victoire de la gauche...
Justement, est-ce que la crise ne change pas les choses ? Est-ce qu'elle n'appelle pas plus de justice sociale ?
Le débat sur le bouclier ce n'est pas un débat qui est médiocre. Les arguments qui sont développés sont des arguments d'intelligence, pour ceux qui sont sérieux et qui veulent appréhender sérieusement ce sujet. Mais je suis convaincu que nous devons avoir de la stabilité à l'échelle d'un quinquennat et que tout ce qui est développé, au fond ce triptyque - faisons sauter le bouclier, sortons la CSG, la CRDS, discutons de l'impôt de solidarité sur la fortune parce que la question du bouclier c'est pour les riches, je rappelle que la France est l'un des seuls rares et derniers pays à avoir un impôt de solidarité sur la fortune, donc les riches...
Donc si on touche au bouclier fiscal, il faudrait toucher à l'ensemble de la fiscalité...
Toucher à l'ensemble... Et si on le touche est-ce que c'est...
Est-ce que c'est prévu ? Est-ce que c'est envisagé ?
A mon avis ça sera l'un des grands débats de l'élection présidentielle. Mais je souhaite vraiment que pour la préparation de la loi de finances 2011, on puisse échapper, peut-être un voeu pieux, mais en tout cas je suis sur la ligne et je suis en phase avec cette volonté de stabilité fiscale.
Pour les retraites, le déficit de 2010 va atteindre ce qui était prévu pour 2030, ai-je lu. Elles ont un coût de 270 milliards d'euros par an avec un déficit de 30 milliards, c'est-à-dire le montant annuel du Grand emprunt. Est-ce qu'on ne peut pas imaginer une sorte de bouclier social, un meilleur partage des efforts et de la justice sociale par exemple au moment des retraites ?
La grande affaire, vous avez raison, c'est l'affaire des retraites. C'est je crois là-dessus qu'une partie de notre crédibilité nationale et européenne va se jouer. Je dis bien européenne, pourquoi ? Parce que la tension qu'on sent aujourd'hui dans la société française elle vient de cette angoisse liée à notre stock de dettes et à la dégradation de nos comptes publics. Si nous réussissons, ce qui est souhaitable pour tout le monde, pour la gauche comme pour la droite, quelle que soit la perspective de l'élection présidentielle, nous serons au rendez-vous de nos engagements internationaux sur la maîtrise de notre dette et de nos déficits, et nous serons également au rendez-vous de la restauration de la confiance vis-à-vis des Français, car pour la première fois il y a un lien très direct entre la dette, la préparation de l'avenir et la relance de la croissance. Cette angoisse de la dette peut pousser le contribuable usager des services publics à devenir un conservateur frileux qui va plus épargner que consommer.
Et ça a même un lien avec la popularité présidentielle en berne aujourd'hui.
Mais d'une certaine manière, cette question elle vient en second, ce qui compte c'est de réussir cette réforme.
Mais vous n'êtes pas indifférent ?
Je ne suis pas indifférent, enfin je ne rentre pas au Gouvernement dans les meilleures conditions ni de popularité ni de finances publiques, mais c'est une question de responsabilité politique, et quand on fait de la politique, soit on reste sur le bord du chemin soit on s'engage. Voilà on va essayer de s'engager pour réussir cette réforme.
F. Baroin, en arrivant à Bercy, est-ce que vous avez trouvé des finances publiques en bon état, franchement ?
On ne peut pas le dire comme ça ?
Et comment on peut le dire ? Les caisses de l'Etat sont plus vides que vous ne le croyez ?
On va le dire pudiquement, comme une situation tendue, sous contrôle, avec une ambition exigeante d'offrir - ça c'est ce que je vais proposer en arbitrage à N. Sarkozy et à F. Fillon - une vraie inflexion dans les déficits. La loi de finances, le budget 2011 est un rendez-vous très important.
D'accord, mais comment tailler sur les dépenses, s'il y en a, sociales ou fiscales, qui sont improductives ou inutiles ?
Déjà en ne remettant pas en cause ce qui a été mis en oeuvre puisqu'au fond l'intérêt de ces dispositifs, c'est qu'ils s'inscrivent dans la durée. On ne remet pas en cause le 0 volume. C'est quoi le 0 volume ? C'est-à-dire qu'on n'augmente pas le coût des dépenses publiques plus que le coût de la vie. C'est déjà un effort considérable. On maintient ce principe d'un fonctionnaire sur deux en suppression, mais ça c'est un objectif global, ça veut dire que dans certains secteurs, ça pourra monter et d'autres ça pourra baisser.
Mais est-ce que cette mesure suffit à réduire les déficits, parce que c'est 500 millions d'économie par an ?
On peut faire un effort vertueux. Pardon, c'est peut-être plus modeste, si la situation n'était peut-être pas aussi dégradée, mais je suis un élu local, un maire qui n'a pas augmenté ces impôts depuis 12 ans. Et personne de sérieux non plus ne peut dire que le territoire ne s'est pas développé. Quand on réduit et quand on gère la bosse démographique, au fond c'est cela, d'un fonctionnaire sur deux on réduit aussi le train de vie, on peut redéployer une partie de ces dépenses sur d'autres priorités.
Vous jouez un rôle lors de la réforme des retraites ?
C'est E. Woerth le pilote, mais évidemment le ministre des Budgets sera co-signataire de ces décrets.
Votre prédécesseur, E. Woerth, voulait faire revenir et régulariser les évadés du fisc volontaires, il paraît que la pêche n'est pas bonne.
La pêche n'est pas exceptionnelle mais l'ouverture de la truite a eu lieu il y a trois semaines. Donc laissons un peu de temps pour voir.
Mais les filets sont toujours déployés.
Ils sont encore déployés jusqu'à la fin du mois, compte tenu du changement de Gouvernement, moi j'ai donné trois semaines de plus. En revanche, tout ce qui peut s'apparenter de près ou de loin à une repentance fiscale, voire une amnistie fiscale je ne serai pas sur ce bateau là.
Oui, ce n'est pas une plaisanterie de 1er avril mais si le président de la République décide de dissoudre l'Assemblée pour envoyer les moroses de l'UMP et les désenchantés devant les urnes...
C'est une plaisanterie de 1er avril.
C'est une plaisanterie ? Le risque de la cohabitation on ne le prend pas avec un quinquennat ? C'est un 1er avril.
On est à un an et demi d'une échéance présidentielle, non alors vraiment oui c'est un 1er avril.
Oui, Frédéric Mitterrand évoquait l'augmentation possible de la redevance télé, ça ce n'est pas le 1er avril, est-ce que s'est envisagé ?
C'est peut-être un 1er avril quand même.
Oui, c'est-à-dire que ça ne se fait pas.
Non, c'est un cadre général sur lequel on doit discuter, sur les choix budgétaires. On est un pays qui a un taux d'imposition de prélèvements obligatoires parmi les trois plus élevés et puis, pardon, mais il faudra qu'on fixe ce cadre budgétaire. On ne peut pas lancer des annonces qui vont troubler notre électorat. On maintient un niveau de prélèvement, on n'augmente pas les impôts. On fait un effort exigeant de maîtrise des dépenses publiques pour adresser un message aux Français et à nos partenaires.
F. Baroin, quand on entend l'état du déficit public il va peut-être augmenter ?
Non.
Il va baisser, il est passé de 7,9 à 7,5.
7,5, plutôt une bonne nouvelle.
C'est un bon record quand même.
Il faut être modeste dans la proclamation de ces résultats si j'ose dire, mais il faut être lucide sur le fait que par exemple si on a une baisse du déficit public, c'est que le plan de relance a eu une certaine vertu.
Est-ce que vous avez de quoi investir des réserves, est-ce que vous disposez de réserves, ou il n'y en a pas ?
Il n'y a pas de réserve et il n'y a pas de cagnotte ça c'est sûr.
Bon et dernière question, plus personnelle, vous êtes très beau et très bien accompagné à la une de...
Vous êtes très aimable.
A la Une de Paris-Match, vous l'avez vu ?
Vous êtes très aimable J.-P. Elkabbach.
Vous l'avez vu ?
Je l'ai vu.
Toutes les revues de presse en parlent, on entendait M. Grossiord tout à l'heure.
Oui, oui mais M. Grossiord en plus avec sa très belle voix de radio a dû mettre en lumière tout cela, mais moi c'est une question de principe : je n'ai jamais mis le doigt dans l'engrenage de l'exposition de ma vie privée, tout ce qui a été développé sur ma vie privée a été plus ou moins volée. Ces photos ne sont pas volées, donc... Et j'ai une amitié pour le groupe Lagardère, mais j'attaque voilà.
Quoi ! Vous attaquez ?
Mais oui, mais bien sûr...
Ca c'est une blague de 1er avril.
Non, ce n'est pas une blague de poisson d'avril. On l'a toujours fait, vous ne m'avez jamais vu avec mes gosses sur du papier glacé, vous ne m'avez jamais vu exposer le reste. J'ai donné mon accord pour un portrait politique, je n'ai pas donné mon accord pour la publication de photos qui relèvent de ma vie privée.
Oh là ! Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 8 avril 2010