Déclaration de M. Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au logement et à l'urbanisme, sur les grandes orientations de la prise en charge des personnes sans abri ou mal logées et la lutte contre l'exclusion, à Paris le 18 février 2010.

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Circonstance : Journée de lancement de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, à Paris le 18 février 2010

Texte intégral

Monsieur le Commissaire Européen,
Monsieur le Haut Commissaire,
Mesdames, Messieurs,
2010 est l'année qui marque la mobilisation des acteurs européens dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. La conférence d'aujourd'hui est la première étape en France de cette importante mobilisation.
Cette année est pour nous l'occasion de changer le regard de nos concitoyens sur les personnes qui vivent la pauvreté.
Faire changer le regard, c'est lever les préjugés, combattre les idées préconçues, et participer à la résolution d'un problème global et pas seulement national.
Nous devons replacer les besoins des personnes en difficulté au coeur de nos priorités.
C'est le sens de la réforme que j'ai engagée avec les associations autour de la stratégie nationale pour la prise en charge des personnes sans abri ou mal logées. Cette réforme s'inscrit comme contribution à l'objectif national de réduction de la pauvreté d'un tiers en cinq ans, annoncé par le Président de la République.
Notre dispositif d'hébergement se caractérise par l'intervention d'une multitude d'acteurs, alliée à une trop grande faiblesse du pilotage. Ce système peut être largement amélioré et doit faciliter le processus d'accès au logement.
Malgré toute l'énergie déployée par les acteurs associatifs, ce système mérite une refonte. Le 10 novembre dernier, j'ai lancé cette refondation sur la base des propositions du secteur associatif.
Le projet développé est de créer un véritable service public de l'hébergement et de l'accès au logement.
Notre volonté, c'est de sortir les personnes sans abri du cercle vicieux de la rue, et les amener vers le logement.
Notre objectif, c'est d'intervenir sur tous les leviers, de la prévention de la mise à la rue à l'accès au logement. Il s'agit aussi de mettre en place un accompagnement adapté, en prenant notamment en compte la dimension sanitaire.
Ce point est nouveau, et me semble essentiel au moment où l'on souhaite mutualiser nos façons de faire : Lorsque l'on mène une action transversale, interministérielle et partenariale, c'est pour le Gouvernement Français la condition de sa réussite dans l'amélioration significative des conditions de vie de nos concitoyens les plus exclus.
C'est le message que je souhaite porter au niveau européen.
Hier, nous avons d'ailleurs fait un point d'étape avec les associations dans la mise en oeuvre de cette refondation, pendant lequel nous avons parlé très concrètement de la mise en place du référent unique, de la centralisation des demandes du 115, du développement des outils pour orienter les demandes au mieux, autant de sujets qui nécessitent la mobilisation de tous.
Je crois qu'on ne peut aborder cette problématique de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale sans l'intégrer aux problématiques de croissance durable, sans faire de ce volet social un moteur de notre économie. La réduction de la fracture énergétique est un exemple concret de sujet où se rejoignent les trois piliers du développement durable, économique, social et environnemental.
La précarité énergétique est en effet un facteur d'isolement pour les personnes dont la facture énergétique devient trop importante. Le programme de lutte contre la précarité énergétique que nous avons présenté avec Jean-Louis Borloo permettra de financer la réhabilitation des logements de 300 000 personnes en situation de fragilité.
Une action ciblée pour les plus modestes sera possible grâce à la mobilisation d'une enveloppe de 1,25 milliards d'euros, comprenant une dotation de 500Meuros du Grand Emprunt dédiée à cette action. C'est la preuve que l'investissement en faveur des plus précaires est bien évidemment un investissement d'avenir.
Voilà, Mesdames et Messieurs, certaines déclinaisons françaises de la lutte contre l'exclusion.
C'est une chance que l'Europe se saisisse de ce problème. C'est l'occasion d'accentuer la coopération, les échanges d'idées entre partenaires.
Cette année de lutte contre l'exclusion est un jalon de ce qui doit nous permettre d'articuler croissance économique, préservation du modèle social européen et protection de l'environnement.
Nombre de pays se sont déjà investis avant la France dans une stratégie de lutte contre l'exclusion. Le Président de la République, lorsque la France présidait l'Union Européenne, souhaitait que ce sujet soit au coeur de la coopération entre pays européens.
La conférence de consensus prévue en décembre prochain sera l'occasion de capitaliser les expériences de chacun, de rapprocher nos pratiques. Cette méthode d'échange, associant acteurs publics et associatifs, permettra d'avancer sur les politiques de prise en charge et les outils d'analyse de cette forme la plus visible de l'exclusion. J'en attends beaucoup pour l'amélioration de nos politiques.
Cette conférence de consensus marquera la fin d'un processus, mais je crois qu'elle nous permettra surtout d'amorcer un nouvel élan, en définissant les moyens à adopter ensemble, à l'horizon 2020, dans le cadre de la stratégie de l'Union Européenne, sur une plus forte intégration de nos politiques respectives.
Notre objectif, c'est de faire reculer l'exclusion.
Notre force, ce sont les liens que nous avons tissés entre nous, pays européens, et notre volonté d'aller encore plus loin ensemble, sur le volet social.
Nous sommes déjà passé dans le concret, grâce à la dynamique introduite par les porteurs de projets.
L'appel à projets a été un franc succès avec 600 propositions. 68 projets ont été retenus au plan national. Ces projets concernent notamment de l'accès aux droits et à la citoyenneté ou l'amélioration des parcours d'insertion.
Les acteurs concernés ont été largement associés à la préparation ; le territoire national est très largement couvert, les spécificités rurales et urbaines sont prises en compte, ce qui nous permet de toucher le plus grand nombre.
Voilà, je crois que nous disposons des meilleurs outils possibles pour faire avancer la société européenne.
Je tenais enfin à vous remercier de votre présence.
Je salue plus particulièrement la présence du commissaire européen Lazlo ANDOR.
Mr le Commissaire, c'est votre premier déplacement officiel à l'étranger, et je vous remercie de nous accompagner dans cette journée si importante. Le travail de préparation que vous avez accompli est le fil rouge de cette année européenne, et vous avez pu vous rendre compte hier lors des différentes visites que nous avons menées ensemble, que l'engagement français est important dans la lutte contre l'exclusion.
Je tiens à saluer la présence du représentant de la Présidence espagnole, grâce à qui la journée de lancement européenne à Madrid a permis de placer cette année sous les meilleurs auspices.
Je tiens à remercier mon homologue belge. Cher collègue, la Belgique et la France partagent la même sensibilité et les mêmes points de vue sur la lutte que nous menons contre l'exclusion. Et je le sais, ce message fera partie intégrante de la déclaration formelle des chefs d'Etat de l'Union qui sera réalisé sous l'égide de la Belgique.
Et puis, rien ne serait possible sans les acteurs associatifs, les hommes et les femmes qui travaillent au quotidien pour améliorer la vie des personnes qui en ont le plus besoin. Je souhaite leur rendre hommage, car cette année de lutte contre l'exclusion est la leur.
Voilà, toutes les forces sont réunies pour nous permettre de relever ce défi. C'est une véritable avancée pour nous tous, pays européens. Nous partageons plus qu'un continent, nous partageons une histoire, nous partageons des valeurs, nous avons choisi de lier notre avenir. C'est pourquoi, avec cette même volonté, nous réussirons à donner à la lutte contre l'exclusion un autre élan, un autre visage.
Merci de votre attention.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 22 avril 2010