Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, B. Hortefeux.
Bonjour, J.-M. Aphatie.
Vous avez assisté, hier à Villiers-sur-Marne, aux obsèques d'A. Fouquet, policière municipale de 26 ans qui a été tuée jeudi dernier par des malfaiteurs. On imagine que c'était un moment très émouvant ?
Oui, c'était hier le temps de l'émotion, pas une émotion factice, pas une émotion de circonstance mais une émotion réelle, profonde, partagée par la famille d'abord d'A. Fouquet, par ses proches, par les très nombreux policiers, policiers municipaux, membres de la Police nationale, gendarmes mais aussi d'ailleurs émotion partagée - j'ai pu l'observer - par le président de la République et par tous ceux qui l'accompagnaient.
Il y a aussi beaucoup de colère, visiblement, chez les policiers municipaux qui réclament- vous recevrez des syndicats, ce matin - le droit d'être armés. Ils veulent que le Gouvernement prenne un décret qui oblige les maires qui ont créé des polices municipales à fournir des armes aux policiers municipaux. Qu'allez-vous leur répondre ?
Oui, d'abord un mot sur l'enquête. Vous avez évoqué le moment de douleur ; nous sommes aujourd'hui dans le temps de la détermination et des résultats. Sur les policiers municipaux, qui jouent au côté de la police nationale et de la gendarmerie, un rôle de sécurité au quotidien, la réalité est très simple : il y a 3.500 communes qui sont dotées de police municipale et dans la moitié de ces 3.500 communes, celles-ci sont armées.
Parce que les maires l'ont décidé ainsi.
Parce que c'est de la compétence des maires dans le cadre des textes réglementaires nationaux. Par exemple, il y avait un obstacle juridique à ce que les polices municipales, contrairement à la police nationale et à la gendarmerie, soient équipées de pistolets à impulsion électrique...
Le Taser.
C'est-à-dire, en clair, pour l'essentiel, les Tasers. Il y avait un obstacle juridique, cet obstacle juridique est désormais levé puisque ce matin, a été publié un décret que j'ai signé, il y a quelques jours, permettant aux communes ayant des polices municipales de s'en équiper. Simplement, pour l'armement unilatéral obligatoire, je n'ai pas compris que toutes les organisations syndicales, tous les représentants des policiers municipaux la réclamaient. Il y a une réalité très simple, c'est que les missions de la police municipale varient, comme leur nom l'indique, selon les communes.
Vous ne prendrez donc pas ce décret ?
Non, mais d'abord, ça ne peut pas se passer comme ça puisqu'il s'agit de policiers municipaux. Ca signifie que s'il y a cette volonté exprimée par l'ensemble des organisations représentatives et des représentants, eh bien ça doit être discuté avec l'association des maires de France puisque ce sont des policiers municipaux et ensuite, il faudrait naturellement qu'il y ait sans doute des textes. Si vous voulez, en résumé à ce stade, donc il y a une avancée puisque depuis ce matin, les polices municipales peuvent être équipées de Taser et pour les discussions qui vont s'ouvrir effectivement dans quelques minutes - je les recevrai place Beauvau dans quelques minutes -, eh bien j'ai tout simplement une position d'écoute et d'ouverture.
Concernant donc les personnes qui ont tué A. Fouquet, Le Parisien le dit comme ça, ce matin : "L'enquête piétine".
Je suis un peu surpris d'ailleurs sur ce commentaire parce que... Observons ce qui se passe : d'ores et déjà, il y a un individu qui a été écroué, un ; ensuite, un autre a été identifié. Je précise d'ailleurs qu'il a été identifié grâce aux fichiers ADN qui sont des fichiers extrêmement utiles.
Une personne présentée comme très dangereuse dans la presse, vous le confirmez ?
Précisément, cette deuxième personne qui a été identifiée, disons les mots avec un peu de réserve, c'est un large multirécidiviste. Et puis, une troisième personne est en passe à son tour d'être elle aussi identifiée. Comme l'a dit le président de la République, ce crime sera puni. Et d'ailleurs, ça me donne l'occasion de préciser une chose : je dirais presque « puni comme à chaque fois » parce que chacun doit connaître la réalité. D'abord le nombre de violences ayant abouti à des homicides est en diminution constante. Sur ces quinze dernières années, le nombre de meurtres, pour parler clair, a diminué de près de 50%. Et deuxièmement élément, dans 93% des cas, c'est-à-dire dans quasiment la totalité, les meurtriers sont arrêtés. Chacun doit donc le savoir : dans notre pays, grâce à la mobilisation, grâce à la compétence, grâce aux moyens techniques, grâce aux moyens scientifiques, il n'y a pas d'avenir pour les délinquants.
Donc, pour le meurtre d'A. Fouquet, les personnes identifiées, pour l'instant, sont toujours recherchées ; et vous ne savez pas combien il y avait exactement de malfaiteurs sur les lieux du crime ?
Six à sept personnes. Tous les éléments de l'enquête, encore une fois montrent qu'il y avait six à sept personnes et que l'objectif était un objectif lourd puisqu'ils avaient des moyens extrêmement importants, permettant soit l'attaque d'un fourgon blindé, soit l'attaque d'un établissement bancaire.
On constate, B. Hortefeux, une recrudescence des violences en banlieue. C. Bartolone, président socialiste du Conseil général de Seine-Saint-Denis, expliquait dans une interview au Monde, samedi : "Le Gouvernement nous abandonne". Et il disait aussi : "A tout moment, la Seine-Saint-Denis peut revivre les émeutes de 2005". Exagère-t-il ou a-t-il raison, B. Hortefeux ?
J'ai naturellement lu cette intervention de C. Bartolone qui est un élu que je connais bien et que par définition, comme dans toute démocratie, je respecte. D'abord, il faut arrêter les mensonges.
Il ment ?
Il ment au moins, soit c'est sciemment - ce que je ne veux pas croire -, soit c'est par méconnaissance, ce qui est possible ; mais la réalité est très simple. Il évoque la question des effectifs. Il y avait, il y a dix ans, 4.500 policiers affectés au seul département de la Seine-Saint-Denis, aujourd'hui il y en a 500 de plus. 500 ! Et d'ailleurs, il y en aura encore un peu plus puisque dans le cadre des recrutements d'adjoints de sécurité, j'en ai annoncés près de 400 en gros pour l'agglomération parisienne, plus d'une centaine seront affectés à la Seine-Saint-Denis. Donc, premier élément : il faut arrêter les mensonges, il n'y a pas de diminution des effectifs policiers en Seine-Saint-Denis. Au contraire, il y a une forte augmentation. Deuxième élément...
Et pourtant, la situation se dégrade dans les banlieues !
Attendez ! Deuxième élément. Le sujet ne serait pas aussi grave, ça serait à s'en tordre les côtes de rire ! Parce que monsieur Bartolone, vous vous en souvenez certainement, a été pendant quatre ans ministre de la ville et il préside un département qui est depuis toujours, depuis sa création, à gauche. Alors si vraiment ils avaient des recettes toutes faites, il ne fallait surtout pas qu'ils hésitent à les appliquer.
La situation se dégrade ou pas dans les banlieues, B. Hortefeux ?
Je crois que si ce territoire rencontre des difficultés, peut-être pourrait-il en porter sobrement une part de responsabilités !
Est-ce que la situation se dégrade ou pas dans les banlieues, d'après vous ?
La réalité, elle est très simple. Nous avons décidé avec détermination - je dirais, d'ailleurs, un certain courage - décidé de donner des coups de pied dans la fourmilière. Et cela a deux conséquences. Deux conséquences. Première conséquence : on obtient des résultats. Il faut savoir que sur les premiers mois de l'année, nous avons augment?? de 100 %, nous avons doublé les saisies de drogue. 1.000 affaires sur l'agglomération parisienne ont été traitées et 2.120 personnes ont été interpellées. Ensuite, c'est vrai que nos actions, nos initiatives, ça dérange les délinquants. Donc, quand vous me dites : ça se dégrade. Eh bien, ça dérange les délinquants parce que tout simplement, nous les attaquons sur tous les fronts, sur les fronts de la drogue, sur...
Ca n'est pas une dégradation de la situation, c'est les conséquences de votre action, c'est ce que vous voulez dire ?
Bien sûr. Ca les dérange. On les attaque sur leur train de vie, sur leurs revenus ; et ça signifie tout simplement que quand il y a des caillassages, c'est sans doute le signe - peut-être d'ailleurs, le passage obligé - que nous sommes en train de rétablir l'ordre et l'autorité dans ces quartiers.
Sans doute, les élus de Seine-Saint-Denis auront à coeur, aujourd'hui, de répondre à B. Hortefeux qui s'exprimait ce matin sur RTL. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 mai 2010
Bonjour, J.-M. Aphatie.
Vous avez assisté, hier à Villiers-sur-Marne, aux obsèques d'A. Fouquet, policière municipale de 26 ans qui a été tuée jeudi dernier par des malfaiteurs. On imagine que c'était un moment très émouvant ?
Oui, c'était hier le temps de l'émotion, pas une émotion factice, pas une émotion de circonstance mais une émotion réelle, profonde, partagée par la famille d'abord d'A. Fouquet, par ses proches, par les très nombreux policiers, policiers municipaux, membres de la Police nationale, gendarmes mais aussi d'ailleurs émotion partagée - j'ai pu l'observer - par le président de la République et par tous ceux qui l'accompagnaient.
Il y a aussi beaucoup de colère, visiblement, chez les policiers municipaux qui réclament- vous recevrez des syndicats, ce matin - le droit d'être armés. Ils veulent que le Gouvernement prenne un décret qui oblige les maires qui ont créé des polices municipales à fournir des armes aux policiers municipaux. Qu'allez-vous leur répondre ?
Oui, d'abord un mot sur l'enquête. Vous avez évoqué le moment de douleur ; nous sommes aujourd'hui dans le temps de la détermination et des résultats. Sur les policiers municipaux, qui jouent au côté de la police nationale et de la gendarmerie, un rôle de sécurité au quotidien, la réalité est très simple : il y a 3.500 communes qui sont dotées de police municipale et dans la moitié de ces 3.500 communes, celles-ci sont armées.
Parce que les maires l'ont décidé ainsi.
Parce que c'est de la compétence des maires dans le cadre des textes réglementaires nationaux. Par exemple, il y avait un obstacle juridique à ce que les polices municipales, contrairement à la police nationale et à la gendarmerie, soient équipées de pistolets à impulsion électrique...
Le Taser.
C'est-à-dire, en clair, pour l'essentiel, les Tasers. Il y avait un obstacle juridique, cet obstacle juridique est désormais levé puisque ce matin, a été publié un décret que j'ai signé, il y a quelques jours, permettant aux communes ayant des polices municipales de s'en équiper. Simplement, pour l'armement unilatéral obligatoire, je n'ai pas compris que toutes les organisations syndicales, tous les représentants des policiers municipaux la réclamaient. Il y a une réalité très simple, c'est que les missions de la police municipale varient, comme leur nom l'indique, selon les communes.
Vous ne prendrez donc pas ce décret ?
Non, mais d'abord, ça ne peut pas se passer comme ça puisqu'il s'agit de policiers municipaux. Ca signifie que s'il y a cette volonté exprimée par l'ensemble des organisations représentatives et des représentants, eh bien ça doit être discuté avec l'association des maires de France puisque ce sont des policiers municipaux et ensuite, il faudrait naturellement qu'il y ait sans doute des textes. Si vous voulez, en résumé à ce stade, donc il y a une avancée puisque depuis ce matin, les polices municipales peuvent être équipées de Taser et pour les discussions qui vont s'ouvrir effectivement dans quelques minutes - je les recevrai place Beauvau dans quelques minutes -, eh bien j'ai tout simplement une position d'écoute et d'ouverture.
Concernant donc les personnes qui ont tué A. Fouquet, Le Parisien le dit comme ça, ce matin : "L'enquête piétine".
Je suis un peu surpris d'ailleurs sur ce commentaire parce que... Observons ce qui se passe : d'ores et déjà, il y a un individu qui a été écroué, un ; ensuite, un autre a été identifié. Je précise d'ailleurs qu'il a été identifié grâce aux fichiers ADN qui sont des fichiers extrêmement utiles.
Une personne présentée comme très dangereuse dans la presse, vous le confirmez ?
Précisément, cette deuxième personne qui a été identifiée, disons les mots avec un peu de réserve, c'est un large multirécidiviste. Et puis, une troisième personne est en passe à son tour d'être elle aussi identifiée. Comme l'a dit le président de la République, ce crime sera puni. Et d'ailleurs, ça me donne l'occasion de préciser une chose : je dirais presque « puni comme à chaque fois » parce que chacun doit connaître la réalité. D'abord le nombre de violences ayant abouti à des homicides est en diminution constante. Sur ces quinze dernières années, le nombre de meurtres, pour parler clair, a diminué de près de 50%. Et deuxièmement élément, dans 93% des cas, c'est-à-dire dans quasiment la totalité, les meurtriers sont arrêtés. Chacun doit donc le savoir : dans notre pays, grâce à la mobilisation, grâce à la compétence, grâce aux moyens techniques, grâce aux moyens scientifiques, il n'y a pas d'avenir pour les délinquants.
Donc, pour le meurtre d'A. Fouquet, les personnes identifiées, pour l'instant, sont toujours recherchées ; et vous ne savez pas combien il y avait exactement de malfaiteurs sur les lieux du crime ?
Six à sept personnes. Tous les éléments de l'enquête, encore une fois montrent qu'il y avait six à sept personnes et que l'objectif était un objectif lourd puisqu'ils avaient des moyens extrêmement importants, permettant soit l'attaque d'un fourgon blindé, soit l'attaque d'un établissement bancaire.
On constate, B. Hortefeux, une recrudescence des violences en banlieue. C. Bartolone, président socialiste du Conseil général de Seine-Saint-Denis, expliquait dans une interview au Monde, samedi : "Le Gouvernement nous abandonne". Et il disait aussi : "A tout moment, la Seine-Saint-Denis peut revivre les émeutes de 2005". Exagère-t-il ou a-t-il raison, B. Hortefeux ?
J'ai naturellement lu cette intervention de C. Bartolone qui est un élu que je connais bien et que par définition, comme dans toute démocratie, je respecte. D'abord, il faut arrêter les mensonges.
Il ment ?
Il ment au moins, soit c'est sciemment - ce que je ne veux pas croire -, soit c'est par méconnaissance, ce qui est possible ; mais la réalité est très simple. Il évoque la question des effectifs. Il y avait, il y a dix ans, 4.500 policiers affectés au seul département de la Seine-Saint-Denis, aujourd'hui il y en a 500 de plus. 500 ! Et d'ailleurs, il y en aura encore un peu plus puisque dans le cadre des recrutements d'adjoints de sécurité, j'en ai annoncés près de 400 en gros pour l'agglomération parisienne, plus d'une centaine seront affectés à la Seine-Saint-Denis. Donc, premier élément : il faut arrêter les mensonges, il n'y a pas de diminution des effectifs policiers en Seine-Saint-Denis. Au contraire, il y a une forte augmentation. Deuxième élément...
Et pourtant, la situation se dégrade dans les banlieues !
Attendez ! Deuxième élément. Le sujet ne serait pas aussi grave, ça serait à s'en tordre les côtes de rire ! Parce que monsieur Bartolone, vous vous en souvenez certainement, a été pendant quatre ans ministre de la ville et il préside un département qui est depuis toujours, depuis sa création, à gauche. Alors si vraiment ils avaient des recettes toutes faites, il ne fallait surtout pas qu'ils hésitent à les appliquer.
La situation se dégrade ou pas dans les banlieues, B. Hortefeux ?
Je crois que si ce territoire rencontre des difficultés, peut-être pourrait-il en porter sobrement une part de responsabilités !
Est-ce que la situation se dégrade ou pas dans les banlieues, d'après vous ?
La réalité, elle est très simple. Nous avons décidé avec détermination - je dirais, d'ailleurs, un certain courage - décidé de donner des coups de pied dans la fourmilière. Et cela a deux conséquences. Deux conséquences. Première conséquence : on obtient des résultats. Il faut savoir que sur les premiers mois de l'année, nous avons augment?? de 100 %, nous avons doublé les saisies de drogue. 1.000 affaires sur l'agglomération parisienne ont été traitées et 2.120 personnes ont été interpellées. Ensuite, c'est vrai que nos actions, nos initiatives, ça dérange les délinquants. Donc, quand vous me dites : ça se dégrade. Eh bien, ça dérange les délinquants parce que tout simplement, nous les attaquons sur tous les fronts, sur les fronts de la drogue, sur...
Ca n'est pas une dégradation de la situation, c'est les conséquences de votre action, c'est ce que vous voulez dire ?
Bien sûr. Ca les dérange. On les attaque sur leur train de vie, sur leurs revenus ; et ça signifie tout simplement que quand il y a des caillassages, c'est sans doute le signe - peut-être d'ailleurs, le passage obligé - que nous sommes en train de rétablir l'ordre et l'autorité dans ces quartiers.
Sans doute, les élus de Seine-Saint-Denis auront à coeur, aujourd'hui, de répondre à B. Hortefeux qui s'exprimait ce matin sur RTL. Bonne journée.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 27 mai 2010