Déclaration de Mme Valérie Létard, secrétaire d'Etat aux technologies vertes et aux négociations sur le climat, sur l'économie verte, le développement régional et le développement rural, Paris le 2 juin 2010.

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Circonstance : Cérémonie de remise des "Grès d'or" de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France, à Paris le 2 juin 2010

Texte intégral

Monsieur le Président de la FEEF (M. Gilles CHARPENTIER),
Monsieur le Président de la Fédération du Commerce et de la Distribution (M. Jérôme BEDIER),
Monsieur le Président du Conseil de l'analyse économique (M. Christian de BOISSIEU),
Mesdames, Messieurs,
Avant toute chose, permettez-moi de remercier Monsieur Charpentier et l'équipe de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France pour cette invitation à présider cet événement. J'en suis tout particulièrement honorée, car les valeurs qui président à l'attribution des prix que nous allons remettre sont celles que nous défendons avec Jean-Louis Borloo dans l'action quotidienne de ce grand et beau ministère de l'écologie et du développement durable.
Ces valeurs, ce sont celles d'une croissance innovante fondée sur un nouveau modèle plus respectueux de l'environnement, des territoires et des hommes.
De ce point de vue, il faut vraiment que chacun d'entre nous soit conscient du fait que le processus du Grenelle de l'environnement conduit par Jean-Louis BORLOO pose les fondations d'un nouveau modèle de développement économique. Processus fondateur tout d'abord par son mode d'élaboration et de consensus qui a permis de prendre 273 engagements et de rendre acceptables par toutes les parties prenantes les modifications que nous devrons apporter à notre comportement, notre consommation, notre gestion des matières premières et de l'énergie. Entre l'automobile, les transports, le traitement de l'eau, la gestion des déchets et l'énergie, le Grenelle concerne près de 60% du PIB national. Les dispositions du Grenelle vont ainsi contribuer à solvabiliser des secteurs essentiels pour notre avenir tels que les énergies renouvelables ou l'efficacité énergétique des bâtiments. Je souligne ainsi que le plan de relance a par exemple consacré 5 milliards d'euros dans des secteurs affectés par le développement durable.
Le « grand emprunt » y affecte quant à lui 10 milliards d'euros, notamment pour soutenir les efforts en matière de développement des énergies renouvelables.
Plus globalement, notre ministère a engagé un plan d'action spécifique sur les 18 filières stratégiques de l'économie verte, concernant les énergies renouvelables, la réduction des besoins en énergie ou en consommation de ressources naturelles.
Vous qui êtes au coeur de notre production économique et qui représentez la diversité de cette production, je pense que vous êtes des acteurs essentiels de cette transformation.
Nous faisons aussi l'analyse selon laquelle il s'agit d'une croissance riche en emplois et de surcroît en emplois de qualité. Car de nouvelles activités se développent et nous allons les soutenir. Ce soutien, nous sommes en mesure de l'apporter dans le cadre du plan de mobilisation pour le développement des métiers de la croissance verte dont j'ai la charge auprès du ministre d'Etat, plan que j'ai présenté le 28 janvier dernier lors d'une conférence nationale.
L'objectif visé par ce plan de mobilisation est précisément d'organiser les nécessaires transitions professionnelles liées au passage à l'économie de la croissance verte. Ce sont ainsi 11 millions de Français au moins qui seront concernés par les activités de l'économie verte.
Les comités de filières que nous avons missionnés pour élaborer ce plan ont souligné que peu de métiers nouveaux seraient créés, mais que la plupart des métiers existants devraient intégrer des compétences liées à l'économie verte. Ainsi les compétences de base maîtrisées par les salariés de notre pays ne sont pas remises en cause, et c'est un message rassurant. En revanche, l'adaptation de ces compétences est nécessaire pour rester dans le mouvement et répondre aux attentes de demain. C'est un enjeu considérable pour les ressources humaines et la compétitivité de vos entreprises tout d'abord mais aussi pour notre pays dans son ensemble.
Depuis bientôt trois ans, c'est tout cela qui guide l'action du ministère en prenant garde que chaque pas, chaque nouvelle mesure, que celle-ci soit de niveau législatif ou règlementaire soit prise dans la concertation.
C'est aussi parce que nous sommes convaincus que la croissance durable ne peut exister que si elle est juste et profite à tous les acteurs. Un tel modèle de croissance ne peut se développer que par le dialogue.
Et en ce sens, je vous rejoins parfaitement M. le président Charpentier lorsque vous dites que la mondialisation doit devenir environnementale et sociale et par conséquent durable et équitable.
C'est pour cela que Jean-Louis BORLOO a mis au point le principe de la gouvernance à 5, associant les élus, les entreprises, les associations, les partenaires sociaux et les administrations et que nous l'avons gravée dans les textes règlementaires qui fondent le Conseil national du développement durable installé voilà quelques jours seulement.
Ce modèle de croissance, c'est, me semble-t-il, celui que vous faites vivre par des partenariats gagnant / gagnant entre des acteurs économiques dont il apparaît en fin de compte que les intérêts sont résolument complémentaires. Qui pourrait en effet penser que les innovations, notamment dans les activités liées à la croissance verte, comme l'agriculture biologique pourraient trouver leur marché sans les grandes enseignes ? Qui peut aujourd'hui penser que les grands acteurs de la distribution seraient déconnectés des aspirations de nos concitoyens pour des produits respectueux de l'environnement, liés à un territoire et à une histoire ?
Je constate pour ma part que le partenariat noué entre les entreprises et entrepreneurs de France et la grande distribution dont on voit ce soir combien il est fructueux, me paraît tout à fait rentrer dans la logique du développement durable. Nous allons en avoir d'ailleurs l'illustration concrète au moment de la remise des prix.
Le Grenelle de l'environnement, c'est aussi une éthique de la responsabilité. Ce qui se traduit à mes yeux, notamment par une gouvernance plus responsable de la part des acteurs économiques, c'est-à-dire un renforcement de ce qu'on appelle la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. La loi dite Grenelle 2 qui va être définitivement adoptée d'ici fin juin, apporte des avancées significatives sur ce plan, en engageant les entreprises de plus de 500 salariés et de 43 millions d'euros de chiffre d'affaires, à rendre publiques des informations sur la manière dont elles prennent en compte les conséquences sociales et environnementales de leurs activités.
Ce que nous constatons en fait aujourd'hui, c'est que les entreprises le font de plus en plus, même lorsqu'elles n'y sont pas obligées. A terme, nous escomptons que toutes les entreprises s'en saisiront.
Nous n'avons pas souhaité créer de normes en termes de RSE pour les PME et les TPE, car il faut garder de la souplesse pour cette catégorie d'entreprises dont les situations sont très disparates. Ce qui est certain, c'est que le mouvement est lancé et que de plus en plus d'entreprises ont bien compris l'intérêt d'être exemplaires dans ce domaine, en particulier toutes celles qui sont au contact du consommateur. Lorsque je vois votre palmarès et les partenariats qui sont noués, je me dis que l'incitation peut être aussi féconde que la norme si ce n'est davantage.
Cette croissance, enfin doit être juste. Les bénéfices des avancées environnementales ne doivent pas être réservés aux couches les plus aisées de la population. Les plus fragiles doivent pouvoir acquérir les produits les plus économes en énergie, comme ils doivent pouvoir également acheter les produits les plus respectueux de l'environnement. Nous travaillons à un pacte de solidarité écologique qui traitera entre autres des questions d'accès à la consommation durable pour les populations les plus en difficultés et cela en lien avec Chantal Jouanno.
Je compte bien à ce titre mobiliser votre culture du partenariat pour vous y associer. Les prix qui seront remis dans quelques instants illustrent bien mes propos : Développement Régional, Développement durable, Innovation, espoir sont au coeur de notre action. Ils montrent que nos convictions se rejoignent. Nous ne sommes qu'au début d'un bouleversement en profondeur de nos sociétés, une transformation dont nous souhaitons qu'elle soit progressive, respectueuse de l'humain, soucieuse de la place de la France dans l'économie mondiale et porteuse d'une croissance durable.
Je suis vraiment très contente d'être parmi vous ce soir pour vous délivrer ce message de confiance et de volonté.
Je vous remercie.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 3 juin 2010