Texte intégral
C. Barbier.- Grèves et manifestations aujourd'hui contre la réforme des retraites. Faut-il maintenir cette réforme coûte que coûte, même si la rue se mobilise aujourd'hui et à la rentrée ?
Bien sûr, il y a une mobilisation, elle est d'une certaine manière importante, légitime ; on peut manifester. Simplement, la réforme est une réforme inéluctable, parce que tout simplement on vit plus vieux, et énoncer cela c'est monter une évidence qui appelle des réponses, et la réponse est dans le financement inéluctable de nos retraites, donc le relèvement de l'âge de départ en retraite.
Si c'est inéluctable, demandez-vous un vote en procédure d'urgence pour en finir vite ?
Non, il y a le débat, il y a la concertation, le ministre du Travail l'a menée avec les organisations syndicales et il continue de le faire, et puis le Parlement a la parole dans ce pays et c'est bien naturel, et donc il y aura un débat parlementaire, et le texte sera présenté au mois de juillet.
Est-ce que la réforme n'est pas menacée par ce que l'on appelle l'affaire Woerth-Bettencourt ? Est-ce que E. Woerth est encore crédible, encore assez solide pour défendre cette mesure ?
Cela n'a rien à voir. Il y a l'homme en charge du dossier des retraites, E. Woerth, qui a tout mon soutien, et qui a le soutien du Gouvernement et du Président, pour mener à bien cette réforme fondamentale. Et puis il y a une affaire dont on peut se demander du reste pourquoi elle sort opportunément en ce moment sur ce dossier si fondamental des retraites et qui vise à fragiliser un homme ? Ce sont des procédés qui ne sont pas très dignes en démocratie.
Ce serait peut-être plus facile pour lui de se défendre s'il démissionnait, et pour un nouveau ministre de porter la réforme en ayant les mains libres ?
Il est l'homme du dossier des retraites, il doit porter ce dossier.
Dans cette réforme des retraites, faut-il améliorer, comme l'a souhaité le président de la République, la prise en compte de la pénibilité, en prenant en compte peut-être les risques, quand on est exposé à des risques dans son métier, et pas seulement quand on est en incapacité de travail comme le prévoyait la première mouture ?
C'est une innovation, le Président a eu raison d'indiquer cela, parce que cela ne se pratique pas dans tous les autres pays autour de nous, et l'idée de prendre en compte les gens qui ont travaillé dur, dans des métiers pénibles, de prendre cela en compte pour financer leur retraite de manière un peu différente, c'est très fort.
On fonctionne par métier pas seulement individu par individu, c'est possible ?
On fonctionnera par individu, parce que comment reconnaître la pénibilité ? Elle affecte chaque individu de manière différente, donc cet aspect individuel sera très important.
Vous souhaitez, vous, introduire de la capitalisation dans le système des retraites. Est-ce que ce n'est pas aller vers une retraite à deux vitesses : les riches, qui pourront épargner, et les pauvres, qui vivront avec le système actuel ?
Il y a cette réforme, il faut la mener à bien, elle est indispensable. Et puis, il y a ce qu'on appelle des mécanismes d'épargne-retraite, qui existent déjà dans notre pays, qui ont été créés en 2003 et en 2004 avec la réforme Fillon. Ces mécanismes marchent, il faut peut-être accélérer les sommes qui sont versées sur les plans d'épargne retraite collective dans les entreprises.
Comment ?
Débloquons des fonds qui sont aujourd'hui immobilisés, je pense au Fonds de participation, je pense au Fonds d'intéressement, je pense à l'assurance-vie. Il y a des mécanismes simples, sans incitation fiscale donc sans coût fiscal supplémentaire, qui pourraient certainement être mobilisés. C'est un dossier qu'il faudra ouvrir.
De manière obligatoire chaque Français devrait se constituer une ?
Il est hors de question d'obliger, ce n'est pas dans ma philosophie, à épargner pour sa retraite. Simplement, on peut inciter, et des fonds qui sont aujourd'hui bloqués peuvent être débloqués, si on le souhaite.
Face à l'état des finances publiques, la Cour des comptes, elle, recommande une hausse des impôts, rapide. Faut-il obtempérer ?
Ce qu'il faut, c'est prendre conscience une fois pour toutes dans notre pays qu'on ne peut pas continuer à creuser les déficits année après année depuis 30 ans !
Augmentons les impôts alors ?
Il y a deux manières : soit, on augmente les impôts, et vous le savez le taux de prélèvements dans notre pays est un des plus importants au monde. Soit, on regarde les dépenses et on s'attache à faire en sorte de les diminuer parce qu'elles sont aussi plus élevées qu'ailleurs ces dépenses publiques, c'est ce que fait le Gouvernement.
Vous, dans votre ministère par exemple, qu'allez-vous faire : supprimer des conseillers dans votre cabinet ?
Ce que je peux vous dire c'est qu'au ministère de l'Economie et des Finances, avec C. Lagarde, nous sommes exemplaires dans ce Gouvernement et depuis maintenant trois ans. S'il faut faire plus, nous le ferons.
Baisser les salaires des ministres ?
Cela est assez indifférent. S'il faut exprimer une symbolique de baisse des salaires, de baisse des traitements des ministres, bien sûr, je n'y suis pas du tout opposé. Il faut surtout regarder une fois pour toutes le périmètre des dépenses publiques et regarder ce que nous pourrions faire en économies. Il y a encore beaucoup d'économies à faire dans un Etat qui dépense plus qu'ailleurs.
Geler le salaire des fonctionnaires pendant trois ans, c'est ce qu'on entend ?
Il faut que chacun prenne sa part, en haut et à tous les niveaux de la société, y compris dans la fonction publique.
L'annulation de la garden party, est-ce que ce n'est pas une erreur ? On pourrait transformer cette garden party en grande réception par exemple pour tous les jeunes de banlieue ?
Pourquoi pas, c'est une bonne idée. En tout cas, la symbolique de la suppression d'une manifestation qui coûte beaucoup d'argent peut être remplacé par un rassemblement qui lui n'en coûtera pas.
Un an après sa mise en place, est-ce qu'il ne serait pas temps pour lutter contre les déficits, de remonter la TVA sur la restauration ? Elle a été baissée, ça n'a pas créé les emplois désirés, ça n'a pas fait baisser les additions.
D'abord, je vous dis : je ne suis pas d'accord avec ce que vous venez de dire, on a créé beaucoup d'emplois dans la restauration. La restauration...
Combien ?
22.000 depuis le début de la baisse du taux de TVA, c'est-à-dire, que la restauration est aujourd'hui le premier secteur créateur d'emplois, donc il y a eu un effet TVA. Et cette baisse du taux de TVA a été décidée, elle a engagé les professionnels dans des contreparties : emplois, formation, investissements, baisse des prix. Tout cela, est un tout, on ne relève pas le taux de TVA sans regarder les contreparties, et donc c'est absolument exclu de mon point de vue.
Vous serez dans le Var demain pour réunir votre Club des réformateurs. Est-ce que les entreprises et les secteurs du tourisme touchés par les inondations seront aidés par l'Etat ?
Bien sûr, elles seront accompagnées, comme en a témoigné la visite sur place du président de la République dès lundi. Et je peux vous indiquer que je mobiliserai les fonds du FISAC, c'est-à-dire, le Fonds de sauvegarde de l'artisanat et du commerce, comme nous l'avons fait pour la tempête Xynthia, et que les entreprises, quelles qu'elles soient, artisanales, commerciales, de services, font moins d'1 million d'euros de chiffres d'affaires, seront accompagnées par des soutiens plafonnés à 10.000 euros, donc 10.000 euros pour ces entreprises, c'est je crois à la hauteur de la mobilisation de l'Etat.
Est-il vraiment dans le rôle du président de la République de recevoir T. Henry pour parler de l'Equipe de France de football ?
Le président de la République reçoit qui il veut, quand il le souhaite. Et aujourd'hui, le fiasco extraordinaire qui s'est passé en Afrique du Sud appelle des réponses. Je suis heureux que le Président s'empare de ce dossier.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 juillet 2010
Bien sûr, il y a une mobilisation, elle est d'une certaine manière importante, légitime ; on peut manifester. Simplement, la réforme est une réforme inéluctable, parce que tout simplement on vit plus vieux, et énoncer cela c'est monter une évidence qui appelle des réponses, et la réponse est dans le financement inéluctable de nos retraites, donc le relèvement de l'âge de départ en retraite.
Si c'est inéluctable, demandez-vous un vote en procédure d'urgence pour en finir vite ?
Non, il y a le débat, il y a la concertation, le ministre du Travail l'a menée avec les organisations syndicales et il continue de le faire, et puis le Parlement a la parole dans ce pays et c'est bien naturel, et donc il y aura un débat parlementaire, et le texte sera présenté au mois de juillet.
Est-ce que la réforme n'est pas menacée par ce que l'on appelle l'affaire Woerth-Bettencourt ? Est-ce que E. Woerth est encore crédible, encore assez solide pour défendre cette mesure ?
Cela n'a rien à voir. Il y a l'homme en charge du dossier des retraites, E. Woerth, qui a tout mon soutien, et qui a le soutien du Gouvernement et du Président, pour mener à bien cette réforme fondamentale. Et puis il y a une affaire dont on peut se demander du reste pourquoi elle sort opportunément en ce moment sur ce dossier si fondamental des retraites et qui vise à fragiliser un homme ? Ce sont des procédés qui ne sont pas très dignes en démocratie.
Ce serait peut-être plus facile pour lui de se défendre s'il démissionnait, et pour un nouveau ministre de porter la réforme en ayant les mains libres ?
Il est l'homme du dossier des retraites, il doit porter ce dossier.
Dans cette réforme des retraites, faut-il améliorer, comme l'a souhaité le président de la République, la prise en compte de la pénibilité, en prenant en compte peut-être les risques, quand on est exposé à des risques dans son métier, et pas seulement quand on est en incapacité de travail comme le prévoyait la première mouture ?
C'est une innovation, le Président a eu raison d'indiquer cela, parce que cela ne se pratique pas dans tous les autres pays autour de nous, et l'idée de prendre en compte les gens qui ont travaillé dur, dans des métiers pénibles, de prendre cela en compte pour financer leur retraite de manière un peu différente, c'est très fort.
On fonctionne par métier pas seulement individu par individu, c'est possible ?
On fonctionnera par individu, parce que comment reconnaître la pénibilité ? Elle affecte chaque individu de manière différente, donc cet aspect individuel sera très important.
Vous souhaitez, vous, introduire de la capitalisation dans le système des retraites. Est-ce que ce n'est pas aller vers une retraite à deux vitesses : les riches, qui pourront épargner, et les pauvres, qui vivront avec le système actuel ?
Il y a cette réforme, il faut la mener à bien, elle est indispensable. Et puis, il y a ce qu'on appelle des mécanismes d'épargne-retraite, qui existent déjà dans notre pays, qui ont été créés en 2003 et en 2004 avec la réforme Fillon. Ces mécanismes marchent, il faut peut-être accélérer les sommes qui sont versées sur les plans d'épargne retraite collective dans les entreprises.
Comment ?
Débloquons des fonds qui sont aujourd'hui immobilisés, je pense au Fonds de participation, je pense au Fonds d'intéressement, je pense à l'assurance-vie. Il y a des mécanismes simples, sans incitation fiscale donc sans coût fiscal supplémentaire, qui pourraient certainement être mobilisés. C'est un dossier qu'il faudra ouvrir.
De manière obligatoire chaque Français devrait se constituer une ?
Il est hors de question d'obliger, ce n'est pas dans ma philosophie, à épargner pour sa retraite. Simplement, on peut inciter, et des fonds qui sont aujourd'hui bloqués peuvent être débloqués, si on le souhaite.
Face à l'état des finances publiques, la Cour des comptes, elle, recommande une hausse des impôts, rapide. Faut-il obtempérer ?
Ce qu'il faut, c'est prendre conscience une fois pour toutes dans notre pays qu'on ne peut pas continuer à creuser les déficits année après année depuis 30 ans !
Augmentons les impôts alors ?
Il y a deux manières : soit, on augmente les impôts, et vous le savez le taux de prélèvements dans notre pays est un des plus importants au monde. Soit, on regarde les dépenses et on s'attache à faire en sorte de les diminuer parce qu'elles sont aussi plus élevées qu'ailleurs ces dépenses publiques, c'est ce que fait le Gouvernement.
Vous, dans votre ministère par exemple, qu'allez-vous faire : supprimer des conseillers dans votre cabinet ?
Ce que je peux vous dire c'est qu'au ministère de l'Economie et des Finances, avec C. Lagarde, nous sommes exemplaires dans ce Gouvernement et depuis maintenant trois ans. S'il faut faire plus, nous le ferons.
Baisser les salaires des ministres ?
Cela est assez indifférent. S'il faut exprimer une symbolique de baisse des salaires, de baisse des traitements des ministres, bien sûr, je n'y suis pas du tout opposé. Il faut surtout regarder une fois pour toutes le périmètre des dépenses publiques et regarder ce que nous pourrions faire en économies. Il y a encore beaucoup d'économies à faire dans un Etat qui dépense plus qu'ailleurs.
Geler le salaire des fonctionnaires pendant trois ans, c'est ce qu'on entend ?
Il faut que chacun prenne sa part, en haut et à tous les niveaux de la société, y compris dans la fonction publique.
L'annulation de la garden party, est-ce que ce n'est pas une erreur ? On pourrait transformer cette garden party en grande réception par exemple pour tous les jeunes de banlieue ?
Pourquoi pas, c'est une bonne idée. En tout cas, la symbolique de la suppression d'une manifestation qui coûte beaucoup d'argent peut être remplacé par un rassemblement qui lui n'en coûtera pas.
Un an après sa mise en place, est-ce qu'il ne serait pas temps pour lutter contre les déficits, de remonter la TVA sur la restauration ? Elle a été baissée, ça n'a pas créé les emplois désirés, ça n'a pas fait baisser les additions.
D'abord, je vous dis : je ne suis pas d'accord avec ce que vous venez de dire, on a créé beaucoup d'emplois dans la restauration. La restauration...
Combien ?
22.000 depuis le début de la baisse du taux de TVA, c'est-à-dire, que la restauration est aujourd'hui le premier secteur créateur d'emplois, donc il y a eu un effet TVA. Et cette baisse du taux de TVA a été décidée, elle a engagé les professionnels dans des contreparties : emplois, formation, investissements, baisse des prix. Tout cela, est un tout, on ne relève pas le taux de TVA sans regarder les contreparties, et donc c'est absolument exclu de mon point de vue.
Vous serez dans le Var demain pour réunir votre Club des réformateurs. Est-ce que les entreprises et les secteurs du tourisme touchés par les inondations seront aidés par l'Etat ?
Bien sûr, elles seront accompagnées, comme en a témoigné la visite sur place du président de la République dès lundi. Et je peux vous indiquer que je mobiliserai les fonds du FISAC, c'est-à-dire, le Fonds de sauvegarde de l'artisanat et du commerce, comme nous l'avons fait pour la tempête Xynthia, et que les entreprises, quelles qu'elles soient, artisanales, commerciales, de services, font moins d'1 million d'euros de chiffres d'affaires, seront accompagnées par des soutiens plafonnés à 10.000 euros, donc 10.000 euros pour ces entreprises, c'est je crois à la hauteur de la mobilisation de l'Etat.
Est-il vraiment dans le rôle du président de la République de recevoir T. Henry pour parler de l'Equipe de France de football ?
Le président de la République reçoit qui il veut, quand il le souhaite. Et aujourd'hui, le fiasco extraordinaire qui s'est passé en Afrique du Sud appelle des réponses. Je suis heureux que le Président s'empare de ce dossier.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 5 juillet 2010