Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, nous venons vous voir tout d'abord pour parler de ce projet de loi sur l'action extérieure de l'Etat qui évoque notamment les dépenses engendrées par les opérations de secours aux Français.
R - Il est évident que ni les journalistes ni les humanitaires ne sont visées.
Q - Pouvez-vous nous expliquer ?
R - Je peux même vous lire l'extrait du projet de loi : "l'Etat peut exiger le remboursement de tout ou partie des dépenses qu'il a engagées, dont il serait redevable, à l'égard de tiers à l'occasion d'opérations de secours à l'étranger au bénéfice de personnes s'étant délibérément exposées, sauf motif légitime, notamment tiré de leur activité professionnelle ou d'une situation d'urgence, à des risques qu'ils ne peuvent ignorer."
Q - Ce n'est pas explicite, Monsieur le Ministre !
R - C'est complètement explicite. Nous en avons parlé 25 fois, il ne faut pas faire de liste. Si vous n'avez pas de carte de presse, vous n'êtes pas journaliste ; si vous êtes un jeune qui veut faire ses preuves et rentrer dans la profession, vous n'êtes pas protégé. Un archéologue ne sera pas protégé. La formulation "tiré de leur activité professionnelle ou d'une situation d'urgence" est la meilleure pour les journalistes et pour les humanitaires, et je le précise dans mon discours. Bien entendu, si les journalistes et les humanitaires ne prennent pas de risques, alors le métier n'est pas possible. C'est tout à fait clair.
Q - Pourquoi ne pas l'écrire dans la loi ?
R - Parce que l'on réduirait les choses si on faisait une liste. Tout ce qui est tiré d'une activité professionnelle ou de l'urgence, évidemment n'est pas concerné. Qui le sera ? Des agences de voyage et des touristes.
Q - Cela veut dire que l'amendement examiné cet après-midi, déposé par le groupe socialiste qui exclut du champ d'application...
R - J'en ai discuté de nombreuses fois avec le groupe socialiste. Oui, l'amendement est beaucoup plus protecteur s'il ne contient pas de liste.
Nous savons que les journalistes et les humanitaires doivent prendre des risques.
Q - ... c'est l'idée de motif légitime. Qui va décider qu'un motif est légitime ou pas ? Est-ce que l'action de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière en Afghanistan est légitime ?
R - Mais, bien sûr que leur action était légitime. Ils faisaient un reportage en Afghanistan, il est légitime qu'ils soient protégés.
Q - Mais ce qui est clair pour vous pourrait ne pas être clair pour un prochain ministre.
R - Mais pas du tout, c'est un texte de loi. Comment sera-t-il appliqué ? En cas d'interrogation, c'est bien sûr la justice qui tranchera. C'est pour cela qu'il ne faut pas faire de catégories, ce qui n'autoriserait aucune souplesse. Une liste précise exclurait par exemple le preneur de son qui vient d'être engagé et qui n'a pas sa carte de presse ; il faut éviter ces situations.
Voulez-vous vraiment que les humanitaires ne soient pas protégés ? Les humanitaires n'ont pas de carte d'humanitaire et ne sont pas tous médecins. Si vous distinguez chez les humanitaires ceux qui font partie d'une catégorie médicale et les autres, comme les logisticiens, qui ne seraient pas nommément inscrits dans la liste, vous faites une erreur profonde. Avec la formulation "tiré de leur activité professionnelle ou des situations d'urgence", tout le monde a vocation à être protégé.
Q - Ils seraient donc obligés de payer...
R - Pas "obligés" ! L'Etat "peut" demander le remboursement et par l'intermédiaire de la loi. Vous savez, la France s'acharne à libérer tous ses otages. Et je connais beaucoup de pays qui ne le font jamais.
Q - N'avez-vous pas peur d'une géométrie variable en fonction des situations ?
R - Mais, je ne veux pas de géométrie variable, évidemment pas ! C'est pourquoi ceci est très clair. Nous en avons beaucoup discuté. En effet, certains pensaient que l'on pouvait - moi aussi d'ailleurs, au début - faire une liste. Mais cette liste étant forcément incomplète, elle est très sujette à caution. Il est beaucoup plus simple et moins réducteur d'inscrire dans la loi : " activité professionnelle ou liée à l'urgence ". Ne vous en faites pas !
Q - Il n'y aura jamais aucun doute pour vous ?
R - Aucun bien sûr, sinon je ne présenterais pas ce texte.
Q - Les prises d'otages actuellement dans le Sahel, par exemple, y a-t-il, pour vous, ambiguïté ou non ?
R - Cela dépend des situations et cela dépend de qui : à mon avis, les touristes dans le Sahel n'ont pas suffisamment suivi les mesures de prudence qu'on leur proposait de prendre. Nous avons sorti M. Camatte et, vraiment, je vous assure que j'y suis pour quelque chose, moi-même, le président de la République et bien d'autres. Nous nous sommes acharnés jusqu'à le sortir.
Q - Sait-on combien coûte une opération ? Avez-vous un chiffre en tête ?
R - Je ne rentrerai pas dans ce marché, certainement pas ! Il ne s'agit pas d'argent. Cet article s'inscrit dans un projet de loi comme il n'y en a pas eu depuis 40 ans et que je présente, au nom du gouvernement. Rien n'a été fait pour l'expression culturelle extérieure de la France et, pour la première fois, nous allons créer une agence culturelle, comme d'autres pays l'ont fait : l'Espagne, l'Allemagne, etc.
Il y a des demandes de France, des demandes culturelles de la France au sens très large du terme, aussi bien scientifiques, que littéraires, cinématographiques, etc. Et il n'y avait pas d'appareil, pas d'agence "Cervantès" ou "Goethe" pour y répondre.
Nous créons une agence culturelle qui va pouvoir répondre, avec des moyens et avec un mélange de personnels diplomatiques et de personnels culturels. Je crois, en tout cas, que c'est ce que beaucoup de gens demandaient lorsqu'ils s'adressaient à la France : pour le souvenir, pour l'histoire mais aussi pour l'avant-garde, pour les arts, etc.
Q - A propos des moyens, Monsieur le Ministre, il y a une grande inquiétude des personnels, que ce soit à l'étranger où en France, sur les moyens dont vous allez pouvoir disposer pour le ministère ? Avez-vous reçu votre lettre-plafond pour 2011-2013 ? Les arbitrages que vous aviez demandés à M. Sarkozy ont-ils été rendus en votre faveur ?
R - Non, cela c'est le développement, c'est autre chose. Tous les arbitrages ont-ils été rendus en ma faveur ? J'aurais voulu davantage mais cela a été positif, en particulier sur le culturel. Depuis l'an 2000, il n'y avait pas eu d'augmentation des crédits culturels. Depuis que nous nous attachons à cette agence, nous avons obtenu 60 millions d'euros supplémentaires.
Q - La suppression du secrétariat d'Etat à la Coopération et à la Francophonie vous permet-il de faire une économie substantielle ?
R - Nous allons nous adapter à ce changement. J'ai travaillé durant deux ans avec Alain Joyandet, qui était mon collègue et qui était un serviteur tout à fait fidèle de sa charge, surtout la Francophonie et, bien sûr, la Coopération. Je n'ai eu qu'à me louer de ce travail avec lui. Maintenant, je comprends les raisons de sa démission et nous allons essayer de remplir cette tâche supplémentaire.
Q - Le départ de M. Joyandet marginalise-t-il la France en Afrique ?
R - Cela ne marginalise rien du tout, nous allons continuer le travail qu'a fait Alain Joyandet, avec des moyens, en particulier au niveau du développement, qui doivent être augmentés ; c'est ce qui est très difficile. Les projets sont très clairs et il faut maintenant que nous nous attelions à les mettre en oeuvre.
Q - Le Quai d'Orsay est-il marginalisé depuis quelques mois ?
R - Je ne pense pas une seconde que le Quai d'Orsay est marginalisé.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2010
R - Il est évident que ni les journalistes ni les humanitaires ne sont visées.
Q - Pouvez-vous nous expliquer ?
R - Je peux même vous lire l'extrait du projet de loi : "l'Etat peut exiger le remboursement de tout ou partie des dépenses qu'il a engagées, dont il serait redevable, à l'égard de tiers à l'occasion d'opérations de secours à l'étranger au bénéfice de personnes s'étant délibérément exposées, sauf motif légitime, notamment tiré de leur activité professionnelle ou d'une situation d'urgence, à des risques qu'ils ne peuvent ignorer."
Q - Ce n'est pas explicite, Monsieur le Ministre !
R - C'est complètement explicite. Nous en avons parlé 25 fois, il ne faut pas faire de liste. Si vous n'avez pas de carte de presse, vous n'êtes pas journaliste ; si vous êtes un jeune qui veut faire ses preuves et rentrer dans la profession, vous n'êtes pas protégé. Un archéologue ne sera pas protégé. La formulation "tiré de leur activité professionnelle ou d'une situation d'urgence" est la meilleure pour les journalistes et pour les humanitaires, et je le précise dans mon discours. Bien entendu, si les journalistes et les humanitaires ne prennent pas de risques, alors le métier n'est pas possible. C'est tout à fait clair.
Q - Pourquoi ne pas l'écrire dans la loi ?
R - Parce que l'on réduirait les choses si on faisait une liste. Tout ce qui est tiré d'une activité professionnelle ou de l'urgence, évidemment n'est pas concerné. Qui le sera ? Des agences de voyage et des touristes.
Q - Cela veut dire que l'amendement examiné cet après-midi, déposé par le groupe socialiste qui exclut du champ d'application...
R - J'en ai discuté de nombreuses fois avec le groupe socialiste. Oui, l'amendement est beaucoup plus protecteur s'il ne contient pas de liste.
Nous savons que les journalistes et les humanitaires doivent prendre des risques.
Q - ... c'est l'idée de motif légitime. Qui va décider qu'un motif est légitime ou pas ? Est-ce que l'action de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière en Afghanistan est légitime ?
R - Mais, bien sûr que leur action était légitime. Ils faisaient un reportage en Afghanistan, il est légitime qu'ils soient protégés.
Q - Mais ce qui est clair pour vous pourrait ne pas être clair pour un prochain ministre.
R - Mais pas du tout, c'est un texte de loi. Comment sera-t-il appliqué ? En cas d'interrogation, c'est bien sûr la justice qui tranchera. C'est pour cela qu'il ne faut pas faire de catégories, ce qui n'autoriserait aucune souplesse. Une liste précise exclurait par exemple le preneur de son qui vient d'être engagé et qui n'a pas sa carte de presse ; il faut éviter ces situations.
Voulez-vous vraiment que les humanitaires ne soient pas protégés ? Les humanitaires n'ont pas de carte d'humanitaire et ne sont pas tous médecins. Si vous distinguez chez les humanitaires ceux qui font partie d'une catégorie médicale et les autres, comme les logisticiens, qui ne seraient pas nommément inscrits dans la liste, vous faites une erreur profonde. Avec la formulation "tiré de leur activité professionnelle ou des situations d'urgence", tout le monde a vocation à être protégé.
Q - Ils seraient donc obligés de payer...
R - Pas "obligés" ! L'Etat "peut" demander le remboursement et par l'intermédiaire de la loi. Vous savez, la France s'acharne à libérer tous ses otages. Et je connais beaucoup de pays qui ne le font jamais.
Q - N'avez-vous pas peur d'une géométrie variable en fonction des situations ?
R - Mais, je ne veux pas de géométrie variable, évidemment pas ! C'est pourquoi ceci est très clair. Nous en avons beaucoup discuté. En effet, certains pensaient que l'on pouvait - moi aussi d'ailleurs, au début - faire une liste. Mais cette liste étant forcément incomplète, elle est très sujette à caution. Il est beaucoup plus simple et moins réducteur d'inscrire dans la loi : " activité professionnelle ou liée à l'urgence ". Ne vous en faites pas !
Q - Il n'y aura jamais aucun doute pour vous ?
R - Aucun bien sûr, sinon je ne présenterais pas ce texte.
Q - Les prises d'otages actuellement dans le Sahel, par exemple, y a-t-il, pour vous, ambiguïté ou non ?
R - Cela dépend des situations et cela dépend de qui : à mon avis, les touristes dans le Sahel n'ont pas suffisamment suivi les mesures de prudence qu'on leur proposait de prendre. Nous avons sorti M. Camatte et, vraiment, je vous assure que j'y suis pour quelque chose, moi-même, le président de la République et bien d'autres. Nous nous sommes acharnés jusqu'à le sortir.
Q - Sait-on combien coûte une opération ? Avez-vous un chiffre en tête ?
R - Je ne rentrerai pas dans ce marché, certainement pas ! Il ne s'agit pas d'argent. Cet article s'inscrit dans un projet de loi comme il n'y en a pas eu depuis 40 ans et que je présente, au nom du gouvernement. Rien n'a été fait pour l'expression culturelle extérieure de la France et, pour la première fois, nous allons créer une agence culturelle, comme d'autres pays l'ont fait : l'Espagne, l'Allemagne, etc.
Il y a des demandes de France, des demandes culturelles de la France au sens très large du terme, aussi bien scientifiques, que littéraires, cinématographiques, etc. Et il n'y avait pas d'appareil, pas d'agence "Cervantès" ou "Goethe" pour y répondre.
Nous créons une agence culturelle qui va pouvoir répondre, avec des moyens et avec un mélange de personnels diplomatiques et de personnels culturels. Je crois, en tout cas, que c'est ce que beaucoup de gens demandaient lorsqu'ils s'adressaient à la France : pour le souvenir, pour l'histoire mais aussi pour l'avant-garde, pour les arts, etc.
Q - A propos des moyens, Monsieur le Ministre, il y a une grande inquiétude des personnels, que ce soit à l'étranger où en France, sur les moyens dont vous allez pouvoir disposer pour le ministère ? Avez-vous reçu votre lettre-plafond pour 2011-2013 ? Les arbitrages que vous aviez demandés à M. Sarkozy ont-ils été rendus en votre faveur ?
R - Non, cela c'est le développement, c'est autre chose. Tous les arbitrages ont-ils été rendus en ma faveur ? J'aurais voulu davantage mais cela a été positif, en particulier sur le culturel. Depuis l'an 2000, il n'y avait pas eu d'augmentation des crédits culturels. Depuis que nous nous attachons à cette agence, nous avons obtenu 60 millions d'euros supplémentaires.
Q - La suppression du secrétariat d'Etat à la Coopération et à la Francophonie vous permet-il de faire une économie substantielle ?
R - Nous allons nous adapter à ce changement. J'ai travaillé durant deux ans avec Alain Joyandet, qui était mon collègue et qui était un serviteur tout à fait fidèle de sa charge, surtout la Francophonie et, bien sûr, la Coopération. Je n'ai eu qu'à me louer de ce travail avec lui. Maintenant, je comprends les raisons de sa démission et nous allons essayer de remplir cette tâche supplémentaire.
Q - Le départ de M. Joyandet marginalise-t-il la France en Afrique ?
R - Cela ne marginalise rien du tout, nous allons continuer le travail qu'a fait Alain Joyandet, avec des moyens, en particulier au niveau du développement, qui doivent être augmentés ; c'est ce qui est très difficile. Les projets sont très clairs et il faut maintenant que nous nous attelions à les mettre en oeuvre.
Q - Le Quai d'Orsay est-il marginalisé depuis quelques mois ?
R - Je ne pense pas une seconde que le Quai d'Orsay est marginalisé.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 juillet 2010