Déclaration de M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, sur la politique des pôles de compétitivité orientés vers le développement des écotechnologies, à Paris le 14 septembre 2009.

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Circonstance : Réunion des responsables des pôles de compétitivité, à Paris le 14 septembre 2009

Texte intégral

Monsieur le Préfet,
Mesdames et messieurs les présidents de pôles, directeurs d'établissements de recherche et de formation, d'incubateurs, d'organismes de soutien aux pôles,
Je vous remercie d'avoir participé à cette réunion passionnante à plus d'un titre.
Et d'abord parce que vous avez su nous transmettre votre passion, celle qui vous anime à travers tous les projets de développement et de recherche-développement que vous conduisez.
Et il en faut de la passion pour faire avancer et conduire au succès des projets qui sont à la fois complexes techniquement - et vous me pardonnerez si je n'ai pas compris en détail les « axes » ou les « potentiels » technologiques qui ont été présentés - et qui impliquent un grand nombre d'acteurs.
Une réunion passionnante aussi en raison de son thème, les éco-technologies, qui représentent un formidable potentiel en matière de développement économique, et une vraie force motrice pour tous. C'est en effet très valorisant de se battre pour la croissance de son entreprise, de sa Nation, mais se battre en plus pour la croissance verte, c'est presque la cerise sur le gâteau...
Je suis personnellement convaincu de l'importance et de l'intérêt des écotechnologies. Elles sont à la fois une nécessité et une opportunité.
Une nécessité pour notre société qui doit diminuer fortement ses émissions de gaz à effets de serre, et donc améliorer très fortement son efficacité énergétique.
Nos enfants ne vivront pas avec un pétrole et une électricité bon marché; ils n'auront pas non plus accès à des matières premières bon marché, conditions qui ont permis une croissance forte pendant des dizaines d'années mais qui n'est plus envisageable pour les années à venir.
La contribution climat-énergie, qui a été annoncée par le Président de la République jeudi dernier, est là pour nous donner un signal fort.
Soyons réactifs et prenons aujourd'hui les mesures qui s'imposent, sinon les changements climatiques seront tels que ce sont nos sociétés elles-mêmes qui pourraient être menacées dans leur fonctionnement.
Mais c'est aussi une opportunité, car améliorer les performances énergétiques de l'habitat, des transports, de nos modes de vie en général impose de dépasser les limites de nombre de technologies existantes, et donc d'inventer de nouveaux outils, de nouveaux procédés, de nouveaux produits. C'est un énorme enjeu en matière de recherche-développement.
Guidés par la nécessité de l'efficience énergétique, les usages vont évoluer, mais ces évolutions ne seront possibles que si les technologies elles-mêmes évoluent profondément.
Les pôles de compétitivité sont les fers de lance de la recherche industrielle en France. Ils ont pour mission de relever ce défi technologique, et par là même de guider les usages, créer les produits et les marchés correspondants.
Le gouvernement souhaite que la France soit un des leaders dans cette course technologique et industrielle.
Il a donc lancé l'appel à projets « écotechnologies » le 30 juin dernier, afin que tous les « créneaux technologiques et de marché » que représentent les écotechnologies, qui à ce jour n'ont pas forcément été occupés par les pôles existants, soient occupés par un pôle de compétitivité.
Il faut en effet être ambitieux et pragmatiques, et mettre l'accent sur ces thématiques importantes, pour lesquelles la France dispose d'atouts, mais qui n'avaient pas donné lieu à des candidatures lors de la première phase des pôles de compétitivité.
Il faut être honnêtes avec nous-mêmes aussi ! La France n'a pas réussi le virage de l'éolien et du photovoltaïque à la mesure de l'Allemagne ou du Japon. Alors il ne faut pas que ça se reproduise sur l'eau par exemple, ou d'autres technologies qui seront majeures demain et sur lesquelles il faut se concentrer dès aujourd'hui !
Cet appel à projets dans les écotechnologies ne signifie pas pour autant que le gouvernement souhaite voir chaque pôle de compétitivité se « peindre en vert ». Ce nouvel appel à projet vise essentiellement à combler des lacunes en matière d'écotechnologie. Ce n'est pas la remise en cause de la pertinence et de l'intérêt des sujets qui sont abordés par les pôles déjà labellisés.
Je suis personnellement très impressionné par la capacité que vous démontrez à intégrer dans votre stratégie cette nouvelle dimension - pour certains même elle a été intégrée dès la création du pôle - et à en faire une force. Mais si certains d'entre vous continuent à faire du plastique, ou des voitures, ou des bus, qu'ils se rassurent : nous aurons encore besoin de vous pour de nombreuses années, vous ne vous êtes pas trompés, et vous continuerez à être soutenus.
Car c'est bien l'ensemble des pôles de compétitivité, quelle que soit leur spécificité, qui concourt à favoriser la croissance et la compétitivité de demain.
Et d'ailleurs, la qualité des projets et des stratégies que vous nous avez présentés, le volontarisme avec lequel vous vous êtes saisi de ce thème des écotechnologies est une parfaite illustration de la réussite générale que constitue la politique des pôles de compétitivité : elle a démultiplié la capacité des acteurs de l'économie, de la recherche et de l'enseignement que vous êtes à se remettre en question, à saisir des opportunités nouvelles et à se projeter dans l'avenir.
En 2005, quand la DATAR et le Ministère de l'Industrie se sont battus pour lancer les pôles de compétitivité, beaucoup ont considéré qu'il s'agissait d'une nouvelle pierre dans leur jardin, et étaient bien loin de penser qu'il s'agissait d'une idée fertile, porteuse de développement économique et technologique.
Le dynamisme et le professionnalisme des 71 pôles de compétitivité labellisés, qui ont du reste été confirmés par une évaluation indépendante, a prouvé que même en France on était capables de se mettre ensemble, entre chercheurs, enseignants, industriels et acteurs publics, pour donner la parole et la force d'impulsion à ceux qui sont sur le terrain, pour les faire s'entendre, et porter une ambition collective.
Bien sûr l'histoire n'est pas finie : la politique des pôles de compétitivité n'a que 3 ans, de nombreux défis restent encore à relever. Les pôles sont des structures jeunes, certains n'ont pas encore atteint leur « vitesse de croisière ».
De manière plus générale, l'intensité de la compétition au niveau mondial impose que personne ne se repose sur ses acquis mais que la poursuite de l'excellence, qui est une des raisons d'être des pôles de compétitivité, se poursuive, s'amplifie, se renouvelle.
La deuxième phase de cette politique constitue réellement une nouvelle étape dans le soutien aux pôles de compétitivité. Cette nouvelle étape est marquée en particulier par deux évolutions majeures :
. en premier lieu, le soutien de l'État aux pôles est désormais conditionné à la mise en place de « contrats de performance » pluriannuels. Ces contrats donnent une visibilité plus grande à l'engagement collectif des membres du pôle, à leur stratégie et à leur vision du futur. C'est un document qui a une vraie valeur d'engagement et qui clarifie les axes stratégiques choisis pour développer des actions communes
. en second lieu, le soutien de l'État s'est étendu aux plates-formes d'innovation en plus des projets collaboratifs de recherche-développement.
Ces plates-formes permettront d'intensifier l'effort de recherche-développement des acteurs des pôles, par la mise à disposition du collectifs d'équipements de très haute technologie, qui leur ouvrira des perspectives technologiques essentielles.
Ces deux nouveautés témoignent bien de l'importance du collectif et de la localisation dans la politique des pôles de compétitivité.
Les pôles sont bien entendu reconnaissables par leur excellence en matière industrielle, d'enseignement et de recherche-développement.
Mais qu'est-ce que l'excellence sans volonté collective, sans ambition commune ? De même, est-on capable d'assurer la vie du collectif, la collaboration au plus haut niveau sans infrastructures mutualisées, autrement dit sans lieux de rencontre, de recherche et de progrès ?
La politique des pôles de compétitivité replace au premier plan l'inscription territoriale de l'excellence et de la collaboration en matière de recherche-développement, d'enseignement et d'industrie. Elle remet donc au centre les territoires, qui sont les supports de cette excellence.
Vous avez compris maintenant mon intérêt tout particulier pour les pôles de compétitivité.
L'importance des pôles de compétitivité dans l'avenir industriel de la France est telle que la question du renforcement de leur soutien par le biais du « grand emprunt » a également été posée par le Premier ministre. En tant que coanimateur de cette politique, mais aussi en tant qu'élu local, je suis convaincu moi aussi que le soutien à des projets ambitieux et collaboratifs portés par des entreprises, des laboratoires de recherche et des établissements d'enseignement supérieur sont d'une importance capitale pour la compétitivité de la France de Demain.
D'autre part, la logique d'ancrage économique territorial, de collaboration, d'ambition collective dont vous êtes porteurs, je souhaite la voir s'appliquer à des réseaux d'entreprises moins technologiques, moins puissantes, mais qui tout autant que celles que vous représentez ont besoin d'améliorer leur compétitivité, en créant des collectifs, des lieux d'innovation et d'émulation. Ces regroupements, que certaines régions appellent « clusters » ou « grappes d'entreprises », et qui peuvent se retrouver dans tout le territoire, je souhaite également les soutenir, et qui sait, certains sont-ils peut-être les ferments de pôles de compétitivité de demain.
Source http://www.datar.gouv.fr, le 22 juillet 2010