Déclaration de M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire, sur les grandes orientations du programme d'investissements destiné à conforter la vocation européenne de Strasbourg, à Strasbourg le 17 septembre 2009.

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Intervenant(s) : 
  • Michel Mercier - Ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire

Circonstance : Signature du contrat triennal "Strasbourg, capitale européenne 2009 - 2011", à Strasbourg le 17 septembre 2009

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil régional, André REICHARDT
Monsieur le Président du Conseil général du Bas-Rhin, Guy-Dominique KENNEL,
Monsieur le Président de la Communauté urbaine de Strasbourg, Jacques BIGOT,
Monsieur le Maire, Roland RIES,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,

Je suis particulièrement heureux d'être parmi vous, mandaté par le Premier ministre, François Fillon, pour signer le contrat triennal « Strasbourg - Capitale européenne », au terme de deux années de travail et de négociations intenses depuis la communication du conseil des ministres décentralisé à Strasbourg du 7 septembre 2007. C'est un engagement national et local particulièrement fort ; c'est un engagement de l'Etat et des collectivités territoriales pour la ville de Strasbourg sur le modèle d'une contractualisation unique en France puisqu'il associe l'ensemble des collectivités, région, département, communauté urbaine et ville.
Ce contrat pour le rayonnement de la ville de Strasbourg et sa position emblématique au sein de l'Union européenne, je sais combien le président Zeller aurait aimé le signer avec nous aujourd'hui. Je veux donc saluer sa mémoire, et rappeler l'homme de convictions et d'engagement qu'il a été, au service de sa région, l'Alsace, au service de la France et au service de l'Europe. Adrien Zeller était passionné par la construction européenne, il était aussi extrêmement attaché à la décentralisation et a beaucoup oeuvré pour l'aménagement du territoire ici en Alsace. C'est bien peu dire que de le rappeler aujourd'hui. Au-delà de la politique, je voudrais surtout saluer la mémoire d'un grand humaniste, car c'est dans cet amour et cette compréhension de la nature humaine qu'il puisait toute la force de son engagement d'homme public. C'est aussi pour cela qu'il nous manque tant désormais.
Je voudrais aussi adresser mes félicitations à M. REICHARDT, nouveau Président du Conseil régional et lui dire à quel point, dans l'exercice de mes fonctions, je serai à l'écoute des régions, et aujourd'hui de l'Alsace. Votre région dans les domaines de l'aménagement du territoire, a toujours été très active et souvent innovante.
Je me réjouis de cette signature, de ce moment fort que nous vivons ensemble.
D'abord, parce que Strasbourg, une des capitales de l'Europe, est un enjeu d'aménagement du territoire national et européen.
Siège du Parlement européen, du Conseil de l'Europe et de la Cour européenne des droits de l'homme, ville à vocation transfrontalière au carrefour des intérêts français, européens et internationaux, Strasbourg occupe une place unique.
Mais je me réjouis également pour la ville de Strasbourg elle-même. Cité exceptionnelle qui suscite l'admiration de tous par la richesse de sa vie culturelle, par sa tradition d'hospitalité, par son potentiel économique. Métropole emblématique de la construction européenne tant par sa géographie que par son histoire. Sous tous les gouvernements, la place de Strasbourg comme capitale européenne a fait l'unanimité. Cette place doit être confortée, par la desserte TGV jusqu'ici et au-delà de nos frontières, par l'amélioration de la desserte aérienne, par la présence de pôles culturels et de hauts lieux d'enseignement et de savoir. Ce sont là des infrastructures essentielles au rayonnement politique d'une ville où a pris corps l'idée même d'Europe, à travers un projet de réconciliation et de paix.
En signant ensemble ce contrat, nous rendons possible ce programme ambitieux d'investissements, à hauteur de 244 millions d'euros, qui vient renforcer les autres politiques contractuelles qui concernent Strasbourg de façon importante : je veux parler des programmes européens qui consacrent 244 millions d'euros pour la compétitivité et le développement rural mais aussi du CPER, d'un montant global de 1 milliard d'euros, et que l'Etat finance à hauteur de 341 millions d'euros.
Sur la période 2009-2011, l'Etat apporte près de la moitié des crédits, 117 millions d'euros, pour conforter le rayonnement de Strasbourg comme capitale européenne. C'est la troisième génération de contrat triennal depuis 2003 et, au total, en montant cumulé, l'Etat a apporté 288 millions d'euros.

Trois axes de développement ont d'ores et déjà été fléchés :

  • Pour améliorer l'accessibilité de la capitale parlementaire de l'Europe, 111 millions d'euros vont être investis. C'est un effort considérable pour financer les travaux de la seconde phase du TGV - Est et permettre le raccordement ferroviaire de Mulhouse dans le cadre de la réalisation de la ligne à grande vitesse Rhin-Rhône ; pour soutenir les lignes aériennes sous obligations de service public ainsi que les transports collectifs tel que le tram reliant directement l'aéroport de Strasbourg -Entzheim aux institutions européennes et à l'université de Strasbourg.
  • Pour accroître la vocation strasbourgeoise de ville européenne dans les domaines de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche avec un budget de 62 millions d'euros. La période 2009/2011 sera ainsi marquée par le développement de l'université de Strasbourg, en lien avec le plan Campus, et par la construction d'une école européenne, unique en France.
  • Pour renforcer le rayonnement culturel à hauteur de 72 millions d'euros, à travers notamment l'extension de l'école nationale supérieure d'architecture.

Cet effort massif en faveur de la ville de Strasbourg sera complété par un soutien de l'Etat au financement de la liaison tramway reliant Strasbourg à Kehl (à hauteur de 10 millions d'euros), de la liaison routière interports (1 million d'euros) et des opérations de rénovation urbaine (1,7 million d'euros).
Je me réjouis enfin parce que ce contrat fait vivre la relation franco-allemande, dans le cadre d'un territoire transfrontalier où Strasbourg tient pleinement son rôle de ville du dialogue, ville de l'esprit européen, ville de coopération avec l'Allemagne.
Cette dynamique transfrontalière est fortement soutenue par toutes les collectivités présentes aujourd'hui et par l'Union européenne, avec la mise en oeuvre des programmes de coopération, qui sont des éléments essentiels de la politique de cohésion.
Je pense en particulier à l'espace du Rhin supérieur, espace trinational (France, Allemagne, Suisse) qui rassemble 6 millions d'habitants. C'est un territoire de coopération transfrontalière historique et vous avez su depuis de nombreuses années développer une approche intégrée en matière de développement économique (coopération entre les PME, pôle de compétitivité Biovalley ...), en matière de formation et de travail (45 000 frontaliers travaillent en Allemagne) et aussi de développement durable (réseaux de transports, énergies renouvelables et gestion des ressources naturelles).
C'est certainement un des territoires frontaliers où les actions de coopération sont les plus développées.
Dans cet ensemble, je tiens à saluer l'initiative de l'Euro-district de Strasbourg Ortenau qui est tout à fait remarquable et qui s'inscrit dans une véritable démarche d'aménagement du territoire. Son ambition d'évoluer vers un « Groupement européen de coopération transfrontalière » renforcera sa gouvernance ainsi que le rayonnement et l'attractivité de cet espace de projets. Je soutiens et j'encourage pleinement votre démarche.
Strasbourg, capitale européenne, a ainsi un rôle majeur dans la coopération franco-allemande. Au moment de la mise en place d'un nouveau gouvernement fédéral et dans la perspective d'un prochain Conseil de ministres franco-allemand, j'ai proposé au secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes que ces actions exemplaires de coopération transfrontalière constituent un axe de réflexion structurant pour le dialogue franco allemand, dans le domaine de l'aménagement du territoire.
Voilà ce que je souhaitais vous dire à l'occasion de cette signature. A travers la ville de Strasbourg, c'est le poids de la France dans le concert européen que nous renforçons. Nous disposons d'atouts innombrables pour conforter cette influence historique. Il nous appartient de la faire fructifier en prenant notamment les bonnes orientations pour l'après 2013. Je viens de rencontrer nos parlementaires européens et d'évoquer avec eux l'avenir de la politique de cohésion, si décisive pour nos territoires. La période de concertation qui s'ouvre est cruciale. Soyons tous à la hauteur de cet enjeu historique.

Source http://www.datar.gouv.fr, le 22 juillet 2010