Texte intégral
Monsieur le Ministre de la Culture et de la Communication, cher Frédéric,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs, représentants de l'UNESCO,
Monsieur le Président de l'association des biens français du patrimoine mondial,
Je suis heureuse d'être ici au Ministère de la Culture et de la Communication pour signer cette charte entre l'Etat et l'Association des biens français du patrimoine mondial dont je salue chaleureusement le Président, Monsieur Yves DAUGE.
Heureuse et quelque peu rassurée aussi de voir que nous allons, grâce à cette charte, consolider la gestion de nos biens inscrits au patrimoine mondial de l'humanité et être à l'heure des rendez-vous internationaux.
Heureuse aussi de vous annoncer que cette occasion qui concerne les biens les plus remarquables de notre patrimoine culturel et naturel, doit permettre de repenser une politique nationale du paysage ambitieuse.
Nos biens inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, sont des atouts extraordinaires pour valoriser nos territoires
Etre inscrit au patrimoine mondial consacre un site comme un bien à valeur universelle et exceptionnelle. C'est à la fois un immense honneur, une chance unique et une grande responsabilité.
Un honneur car grâce à cette liste d'excellence, 35 sites français donnent à la France une image d'exception à l'international. La France est au 5ème rang mondial du patrimoine UNESCO. Cet été, deux sites ont rejoint ce classement prestigieux grâce à l'action conjointe de l'Etat et des acteurs de territoire : la cité épiscopale d'Albi et les pitons et cirques de la Réunion.
Une chance car notre patrimoine paysager est certainement l'une des motivations premières des 70 millions de touristes qui nous visitent. De ce point de vue, l'inscription sur la liste du patrimoine mondial procure une plus-value considérable : ainsi par exemple, l'office du tourisme d'Albi a enregistré une hausse de 39 % de visiteurs dès que le classement a été connu. La richesse de nos biens culturels et naturels, la diversité de nos paysages sont des atouts considérables.
Une responsabilité ou plutôt une responsabilisation, car si, comme à La Réunion, « un vent nouveau souffle sur les permis de construire hôteliers », le territoire labellisé s'engage, du fait même de son inscription au patrimoine mondial, à préserver ce qui fait l'authenticité et l'intégrité du patrimoine.
Certes, l'Etat engage sa responsabilité. Pour autant, les collectivités territoriales et les acteurs, économiques, associatifs sont engagés dans cette responsabilité.
Pourquoi cette charte ?
La charte que nous allons signer aujourd'hui est nécessaire et urgente. Nous avons une épée de Damoclès au dessus de nos têtes. En 2014, tous les biens inscrits sur la liste de l'UNESCO seront réévalués. Avoir un plan de gestion du site est une condition sine qua non pour conserver le label. Or, à ce jour, nos biens français n'en n'ont pas.
Cette charte doit urgemment se décliner en conventions de gestion locale.
Car trouver le bon mode de gestion et de gouvernance n'est pas chose facile. Il faut un engagement collectif sur le long terme ; il faut compenser entre des enjeux parfois antagonistes, pour préserver la valeur du site sans pour autant le mettre « sous cloche ».
L'association de toutes les parties prenantes est une condition nécessaire pour la préservation des biens. C'est pourquoi nous vous donnons, Frédéric et moi, rendez-vous d'ici un an. Nous ferons ensemble un état des lieux des conventions signées.
Sur ce sujet, comme en matière de biodiversité ou de paysage, rien n'est jamais acquis et les évolutions peuvent aller très vite ; par définition les labels peuvent se perdent.
Les sites labélisés au patrimoine mondial de l'UNESCO : un laboratoire pour une gestion intégrée et renouvelée du paysage en France
Par ces plans de gestion, à vous de nous apporter des recettes pour concilier des impératifs contradictoires.
D'ailleurs, le Comité du patrimoine mondial, nous demande de donner les détails des évaluations de l'impact sur la valeur universelle exceptionnelle du bien. A Brasilia, en juillet dernier, le Comité s'est d'ailleurs déclaré préoccupé par l'impact potentiel des éoliennes sur le cadre paysager des biens inscrits.
De même, nous devrons donner toutes les informations sur les travaux liés au rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel.
Cette demande d'explicitation nous conduit à un exercice intéressant par lui-même ; c'est d'une certaine façon un nouveau « droit de regard » qui nous oblige à une plus grande argumentation de nos choix. Cela engage à l'excellence.
Cette exigence d'évaluation a priori et d'excellence doit être se retrouver dans la gestion de tous nos paysages. Nos biens classés, peuvent être le creuset, le laboratoire de la gestion de tous les paysages, qu'ils soient remarquables, du quotidien ou dégradés.
C'est une notion bien complexe que celle des paysages. Ils sont en évolution permanente. Ils sont une expression de chaque culture. D'eux, dépendent l'identité de nos territoires. Ils sont le reflet de nos sociétés. Il est indispensable de les maintenir, de les protéger et de les valoriser à des fins fonctionnelles, esthétiques et écologiques, pour répondre garantir le bien-être et la qualité de vie des générations actuelles et futures.
La notion de paysage est par définition ambivalente. La Convention européenne de Florence (2000) nous indique que les paysages sont « une portion de territoire telle que perçue par les populations, et résultant d'interactions entre des facteurs naturels et/ou humains». C'est donc autant une perception humaine et une représentation de l'espace qu'un espace objectif. Eléments d'autant plus complexes qu'ils ne sont pas fixes.
Nous voyons bien la nécessité de prendre en compte la dimension paysagère avant d'autoriser des aménagements, sans céder à des revendications de type NIMBY -Not in my backyard.
Ainsi, on ne peut gérer les paysages sans codécision, sans implication de tous les acteurs, publics comme privés. Elle exige le partage du constat et de la valeur.
Nous avons commencé, à la suite du rapport de Monsieur le Sénateur DUPONT, à revoir notre législation. La loi Grenelle 2 a marqué des avancées considérables en matière d'encadrement de la publicité et des nuisances lumineuses.
Ce n'est qu'une étape. Il est temps de refonder ensemble la politique des paysages. Nous y travaillons. L'enjeu est de vous présenter les orientations dans les trois mois avec un comité national des Paysages dynamisé, doté d'une nouvelle feuille de route.
Je vous remercie.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 21 septembre 2010
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs, représentants de l'UNESCO,
Monsieur le Président de l'association des biens français du patrimoine mondial,
Je suis heureuse d'être ici au Ministère de la Culture et de la Communication pour signer cette charte entre l'Etat et l'Association des biens français du patrimoine mondial dont je salue chaleureusement le Président, Monsieur Yves DAUGE.
Heureuse et quelque peu rassurée aussi de voir que nous allons, grâce à cette charte, consolider la gestion de nos biens inscrits au patrimoine mondial de l'humanité et être à l'heure des rendez-vous internationaux.
Heureuse aussi de vous annoncer que cette occasion qui concerne les biens les plus remarquables de notre patrimoine culturel et naturel, doit permettre de repenser une politique nationale du paysage ambitieuse.
Nos biens inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, sont des atouts extraordinaires pour valoriser nos territoires
Etre inscrit au patrimoine mondial consacre un site comme un bien à valeur universelle et exceptionnelle. C'est à la fois un immense honneur, une chance unique et une grande responsabilité.
Un honneur car grâce à cette liste d'excellence, 35 sites français donnent à la France une image d'exception à l'international. La France est au 5ème rang mondial du patrimoine UNESCO. Cet été, deux sites ont rejoint ce classement prestigieux grâce à l'action conjointe de l'Etat et des acteurs de territoire : la cité épiscopale d'Albi et les pitons et cirques de la Réunion.
Une chance car notre patrimoine paysager est certainement l'une des motivations premières des 70 millions de touristes qui nous visitent. De ce point de vue, l'inscription sur la liste du patrimoine mondial procure une plus-value considérable : ainsi par exemple, l'office du tourisme d'Albi a enregistré une hausse de 39 % de visiteurs dès que le classement a été connu. La richesse de nos biens culturels et naturels, la diversité de nos paysages sont des atouts considérables.
Une responsabilité ou plutôt une responsabilisation, car si, comme à La Réunion, « un vent nouveau souffle sur les permis de construire hôteliers », le territoire labellisé s'engage, du fait même de son inscription au patrimoine mondial, à préserver ce qui fait l'authenticité et l'intégrité du patrimoine.
Certes, l'Etat engage sa responsabilité. Pour autant, les collectivités territoriales et les acteurs, économiques, associatifs sont engagés dans cette responsabilité.
Pourquoi cette charte ?
La charte que nous allons signer aujourd'hui est nécessaire et urgente. Nous avons une épée de Damoclès au dessus de nos têtes. En 2014, tous les biens inscrits sur la liste de l'UNESCO seront réévalués. Avoir un plan de gestion du site est une condition sine qua non pour conserver le label. Or, à ce jour, nos biens français n'en n'ont pas.
Cette charte doit urgemment se décliner en conventions de gestion locale.
Car trouver le bon mode de gestion et de gouvernance n'est pas chose facile. Il faut un engagement collectif sur le long terme ; il faut compenser entre des enjeux parfois antagonistes, pour préserver la valeur du site sans pour autant le mettre « sous cloche ».
L'association de toutes les parties prenantes est une condition nécessaire pour la préservation des biens. C'est pourquoi nous vous donnons, Frédéric et moi, rendez-vous d'ici un an. Nous ferons ensemble un état des lieux des conventions signées.
Sur ce sujet, comme en matière de biodiversité ou de paysage, rien n'est jamais acquis et les évolutions peuvent aller très vite ; par définition les labels peuvent se perdent.
Les sites labélisés au patrimoine mondial de l'UNESCO : un laboratoire pour une gestion intégrée et renouvelée du paysage en France
Par ces plans de gestion, à vous de nous apporter des recettes pour concilier des impératifs contradictoires.
D'ailleurs, le Comité du patrimoine mondial, nous demande de donner les détails des évaluations de l'impact sur la valeur universelle exceptionnelle du bien. A Brasilia, en juillet dernier, le Comité s'est d'ailleurs déclaré préoccupé par l'impact potentiel des éoliennes sur le cadre paysager des biens inscrits.
De même, nous devrons donner toutes les informations sur les travaux liés au rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel.
Cette demande d'explicitation nous conduit à un exercice intéressant par lui-même ; c'est d'une certaine façon un nouveau « droit de regard » qui nous oblige à une plus grande argumentation de nos choix. Cela engage à l'excellence.
Cette exigence d'évaluation a priori et d'excellence doit être se retrouver dans la gestion de tous nos paysages. Nos biens classés, peuvent être le creuset, le laboratoire de la gestion de tous les paysages, qu'ils soient remarquables, du quotidien ou dégradés.
C'est une notion bien complexe que celle des paysages. Ils sont en évolution permanente. Ils sont une expression de chaque culture. D'eux, dépendent l'identité de nos territoires. Ils sont le reflet de nos sociétés. Il est indispensable de les maintenir, de les protéger et de les valoriser à des fins fonctionnelles, esthétiques et écologiques, pour répondre garantir le bien-être et la qualité de vie des générations actuelles et futures.
La notion de paysage est par définition ambivalente. La Convention européenne de Florence (2000) nous indique que les paysages sont « une portion de territoire telle que perçue par les populations, et résultant d'interactions entre des facteurs naturels et/ou humains». C'est donc autant une perception humaine et une représentation de l'espace qu'un espace objectif. Eléments d'autant plus complexes qu'ils ne sont pas fixes.
Nous voyons bien la nécessité de prendre en compte la dimension paysagère avant d'autoriser des aménagements, sans céder à des revendications de type NIMBY -Not in my backyard.
Ainsi, on ne peut gérer les paysages sans codécision, sans implication de tous les acteurs, publics comme privés. Elle exige le partage du constat et de la valeur.
Nous avons commencé, à la suite du rapport de Monsieur le Sénateur DUPONT, à revoir notre législation. La loi Grenelle 2 a marqué des avancées considérables en matière d'encadrement de la publicité et des nuisances lumineuses.
Ce n'est qu'une étape. Il est temps de refonder ensemble la politique des paysages. Nous y travaillons. L'enjeu est de vous présenter les orientations dans les trois mois avec un comité national des Paysages dynamisé, doté d'une nouvelle feuille de route.
Je vous remercie.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 21 septembre 2010