Texte intégral
R. Elkrief - En football, le club de Toulouse se plaint d'avoir subi des tentatives de corruption de la part de la direction chargée du contrôle des finances du football ; dans le cyclisme, après le dopage on parle de corruption. B. Roussel, l'ancien directeur sportif de Festina nous explique que Virenque a acheté une étape en 1997 dans le Tour de France. Le sport français est-il pourri ?
- "Non. Il y a des dérives, il faut les combattre mais il faut penser à nos 170 000 clubs, aux centaines de milliers de bénévoles et aux 15 millions de pratiquants et pratiquantes qui eux font du beau sport."
C'est un peu un voeu pieux. On a l'impression d'un refrain très gentillet alors que la réalité est quand même sordide.
- "Le sport est touché par des dérives graves qu'il faut combattre. J'ai envie de dire à certains de ces messieurs du foot : "pensez un peu à tous ces clubs, à tous ces jeunes qui aiment le foot, qui rêvent de foot." L'autre réalité, c'est un sport qui se porte bien en France, qui a des résultats ; un sport amateur qui n'arrête pas de progresser au niveau de ses licenciés et des bénévoles qui ont envie que l'on reconnaisse leur travail, qui ont envie que l'on soit auprès d'eux, que le sport leur serve. Il y a deux réalités."
Vous savez bien que les journalistes parlent de trains qui n'arrivent pas à l'heure. Que pensez-vous de cette tentative, de ce marchandage, en tout cas affirmé, révélé par le club de Toulouse ? Toulouse veut dénoncer le classement devant le Conseil d'Etat et affirme que la direction chargée des comptes veut bien ne pas le rétrograder à condition qu'il revienne sur sa plainte devant le Conseil d'Etat.
- "Je n'étais pas là et je ne sais pas quelle est la réalité de cette tentative de marchandage. Je dirai que le spectacle est assez triste. Le football s'est donné des règles, il a des commissions disciplinaires. Je pense que les clubs devraient respecter les décisions de ces commissions disciplinaires."
Elles n'ont pas été respectées ?
- "Non, ils ont estimé qu'il fallait faire appel à la justice. Aujourd'hui, nous sommes dans l'attente de la décision du Conseil d'Etat. Une fois que le Conseil d'Etat aura pris sa décision - dans le courant de la semaine prochaine -, il faudra l'appliquer et peut-être que cela va chambouler le championnat. Je pense surtout qu'il faut maintenant - je l'avais dit il y a quelques mois - que le football tienne une grande réunion et qu'ils se mettent d'accord sur son avenir, sur la manière dont on va bâtir le football professionnel aujourd'hui. Si cela continue ainsi, d'affaires en affaires, je pense que cela va porter vraiment un coup à ce sport."
Est-ce que vous regrettez que la justice intervienne ? Vous auriez préféré que les affaires du football restent à l'intérieur de la discipline ?
- "Surtout pas. Il ne faut pas qu'il y ait la loi du silence ou que l'on reste en famille comme dit."
"Qu'on lave son linge sale en famille" comme j'ai lu ce matin ?
- "A partir du moment où un sport se donne des règles, que les présidents de club se donnent ensemble et qu'ils les ont adoptées..."
....Vous regrettez donc la plainte de Toulouse ?
- "Ce n'est pas ça que je veux dire. Qu'ils respectent d'abord ces règles ! Quand on fait des faux passeports, on ne respecte pas ces règles. Quand un club est sanctionné, il faut qu'il accepte d'être sanctionné parce qu'il n'a pas respecté ces règles. Après qu'un club fasse appel à la justice, c'est son droit et je ne veux pas lui enlever ce droit."
Dans le cyclisme, le livre de Bruno Roussel nous apprend que peut-être R. Virenque aurait acheté une étape en 1997 au Tour de France. Ce qui est frappant - d'accord il dément - c'est surtout que les papes du vélo disent : "ca se sait ; on le sait bien ; ce n'est pas une surprise." C'est quand même époustouflant !
- "Oui, ce sont les réactions que j'ai entendues partout autour de moi. Une sorte de banalisation de tout cela."
Vous le saviez ?
- "Oui, bien sûr. Cela se disait déjà. Depuis que je suis dans ce ministère, j'entends beaucoup de choses. Je crois que le livre de M. Roussel, que j'ai lu, une nouvelle fois met une évidence un système tel que l'avait fait aussi le livre de C. Basson, tel que l'avaient montré différents procès qui ont eu lieu, c'est-à-dire un système où on n'arrive pas pour l'instant réellement à sortir d'une forme d'organisation, d'une certaine conception du sport qui fait qu'à chaque fois, on retombe de dérives en dérives."
Vous pensez que c'est vrai ?
- "Je ne sais pas si tout est vrai dans ce livre, je ne peux pas le savoir, mais cela va dans le sens d'autres écrits, d'autres témoignages que nous avons eus de différents acteurs - coureurs, membres de l'encadrement. Ce que j'espère, c'est quand même aujourd'hui qu'il y ait une sensibilisation, une alerte, que les différentes mesures que nous avons prises au niveau du ministère, au niveau de la fédération française de cyclisme, en accord avec l'UCI de la direction du Tour de France vont nous permettre de sortir par le haut de cette affaire et que le cyclisme va enfin trouver la force de se transformer."
A quoi servez-vous - excusez ma question - dans ces cas-là ?
- "Je ne peux pas être celle qui règle tout à l'intérieur du sport français. J'ai fait un travail législatif qui a permis d'élaborer un certain nombre de règles. J'essaye de faire en sorte d'alerter, de sensibiliser pour sauver un sport qui soit un sport de plaisir, un sport d'épanouissement et de bonheur, un sport collectif qui respecte les règles du sport qui a ses valeurs. C'est le rôle du ministère. A chaque fois, nous recevons les fédérations, nous travaillons avec elles. J'ai encore récemment eu une réunion de travail avec l'UCI."
Vous rappelez les règles. Vous êtes là pour rappeler les règles et pour donner des leçons.
- "On les fait appliquer aussi. Il y a beaucoup de contrôles. Je vais atteindre 10 000 contrôles anti-dopages dans l'année 2001. Nous menons une grande campagne contre la violence. Aujourd'hui, je suis à Vaulx-en-Velin cet après-midi avec les clubs amateurs de Vaulx-en-Velin et les élus de la localité, les dirigeants des sports, pour agir sur la violence."
Il y a eu un certain nombre de scandales dans le Giro, le tour d'Italie. Il y a pas mal d'équipes qui ont été dans le Giro qui vont venir dans le Tour de France dans 15 jours. Est-ce que vous demandez à la justice de vous donner des informations ?
- "Ce n'est pas le rôle du ministère. On n'a rien à demander à la justice. La justice fait son travail."
C'est la justice italienne qui a fait une enquête.
- "On a rien à demander, surtout à la justice italienne."
Pourquoi pas ?
- "J.-M. Leblanc a dit que s'il y avait des condamnations, les personnes condamnées ne seraient pas accueillies au Tour de France, ce qui me paraît quand même de bon sens. C'est une responsabilité de la direction du Tour."
Pour revenir au football : est-ce la faillite d'un système, est-ce qu'il faut que les dirigeants de la fédération, de la ligue démissionnent, remettent leurs mandats à plat pour qu'on y voit plus clair ?
- "Je crois quand même qu'il serait temps - je le disais tout à l'heure - qu'ils décident peut-être d'états généraux du foot, enfin de quelques chose qui permette réellement de remettre tout à plat et qu'ils construisent ensemble des règles qu'ils sont prêts à appliquer ensemble."
Vous êtes aussi ministre de la Jeunesse, L. Jospin s'est exprimé hier sur les rave-parties. Il veut être conciliant et prôner le dialogue. Mais concrètement cela veut dire quoi ? C'est un problème qui ne serra pas réglé avant les élections présidentielles ?
- "Non, je crois que l'on peut avancer assez rapidement. Je pense que la bonne voie pour avancer c'est de travailler sur cette fameuse charte qu'on pourrait élaborer entre les ministères concernés et les associations."
On ne peut pas passer par la loi ?
- "On peut d'ailleurs donner un fondement législatif à cette charte, ce serait intéressant, mais il faut d'abord la rédiger en concertation. Je pense qu'il faut laisser cette liberté aux jeunes et aux moins jeunes - parce qu'il n'y a pas que de jeunes dans les raves - mais il faut aussi que cette liberté respecte la liberté des autres et donc, il faut se donner quelques règles, se protéger. Il faut que tout se passe bien. Je pense que le bon démarrage, c'est la charte. Après, on peut lui donner un appui législatif. Je le fais souvent sur des questions concernant les jeunes, par exemple sur le Conseil national de la jeunesse qui vient de recevoir un appui législatif."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 juin 2001)
- "Non. Il y a des dérives, il faut les combattre mais il faut penser à nos 170 000 clubs, aux centaines de milliers de bénévoles et aux 15 millions de pratiquants et pratiquantes qui eux font du beau sport."
C'est un peu un voeu pieux. On a l'impression d'un refrain très gentillet alors que la réalité est quand même sordide.
- "Le sport est touché par des dérives graves qu'il faut combattre. J'ai envie de dire à certains de ces messieurs du foot : "pensez un peu à tous ces clubs, à tous ces jeunes qui aiment le foot, qui rêvent de foot." L'autre réalité, c'est un sport qui se porte bien en France, qui a des résultats ; un sport amateur qui n'arrête pas de progresser au niveau de ses licenciés et des bénévoles qui ont envie que l'on reconnaisse leur travail, qui ont envie que l'on soit auprès d'eux, que le sport leur serve. Il y a deux réalités."
Vous savez bien que les journalistes parlent de trains qui n'arrivent pas à l'heure. Que pensez-vous de cette tentative, de ce marchandage, en tout cas affirmé, révélé par le club de Toulouse ? Toulouse veut dénoncer le classement devant le Conseil d'Etat et affirme que la direction chargée des comptes veut bien ne pas le rétrograder à condition qu'il revienne sur sa plainte devant le Conseil d'Etat.
- "Je n'étais pas là et je ne sais pas quelle est la réalité de cette tentative de marchandage. Je dirai que le spectacle est assez triste. Le football s'est donné des règles, il a des commissions disciplinaires. Je pense que les clubs devraient respecter les décisions de ces commissions disciplinaires."
Elles n'ont pas été respectées ?
- "Non, ils ont estimé qu'il fallait faire appel à la justice. Aujourd'hui, nous sommes dans l'attente de la décision du Conseil d'Etat. Une fois que le Conseil d'Etat aura pris sa décision - dans le courant de la semaine prochaine -, il faudra l'appliquer et peut-être que cela va chambouler le championnat. Je pense surtout qu'il faut maintenant - je l'avais dit il y a quelques mois - que le football tienne une grande réunion et qu'ils se mettent d'accord sur son avenir, sur la manière dont on va bâtir le football professionnel aujourd'hui. Si cela continue ainsi, d'affaires en affaires, je pense que cela va porter vraiment un coup à ce sport."
Est-ce que vous regrettez que la justice intervienne ? Vous auriez préféré que les affaires du football restent à l'intérieur de la discipline ?
- "Surtout pas. Il ne faut pas qu'il y ait la loi du silence ou que l'on reste en famille comme dit."
"Qu'on lave son linge sale en famille" comme j'ai lu ce matin ?
- "A partir du moment où un sport se donne des règles, que les présidents de club se donnent ensemble et qu'ils les ont adoptées..."
....Vous regrettez donc la plainte de Toulouse ?
- "Ce n'est pas ça que je veux dire. Qu'ils respectent d'abord ces règles ! Quand on fait des faux passeports, on ne respecte pas ces règles. Quand un club est sanctionné, il faut qu'il accepte d'être sanctionné parce qu'il n'a pas respecté ces règles. Après qu'un club fasse appel à la justice, c'est son droit et je ne veux pas lui enlever ce droit."
Dans le cyclisme, le livre de Bruno Roussel nous apprend que peut-être R. Virenque aurait acheté une étape en 1997 au Tour de France. Ce qui est frappant - d'accord il dément - c'est surtout que les papes du vélo disent : "ca se sait ; on le sait bien ; ce n'est pas une surprise." C'est quand même époustouflant !
- "Oui, ce sont les réactions que j'ai entendues partout autour de moi. Une sorte de banalisation de tout cela."
Vous le saviez ?
- "Oui, bien sûr. Cela se disait déjà. Depuis que je suis dans ce ministère, j'entends beaucoup de choses. Je crois que le livre de M. Roussel, que j'ai lu, une nouvelle fois met une évidence un système tel que l'avait fait aussi le livre de C. Basson, tel que l'avaient montré différents procès qui ont eu lieu, c'est-à-dire un système où on n'arrive pas pour l'instant réellement à sortir d'une forme d'organisation, d'une certaine conception du sport qui fait qu'à chaque fois, on retombe de dérives en dérives."
Vous pensez que c'est vrai ?
- "Je ne sais pas si tout est vrai dans ce livre, je ne peux pas le savoir, mais cela va dans le sens d'autres écrits, d'autres témoignages que nous avons eus de différents acteurs - coureurs, membres de l'encadrement. Ce que j'espère, c'est quand même aujourd'hui qu'il y ait une sensibilisation, une alerte, que les différentes mesures que nous avons prises au niveau du ministère, au niveau de la fédération française de cyclisme, en accord avec l'UCI de la direction du Tour de France vont nous permettre de sortir par le haut de cette affaire et que le cyclisme va enfin trouver la force de se transformer."
A quoi servez-vous - excusez ma question - dans ces cas-là ?
- "Je ne peux pas être celle qui règle tout à l'intérieur du sport français. J'ai fait un travail législatif qui a permis d'élaborer un certain nombre de règles. J'essaye de faire en sorte d'alerter, de sensibiliser pour sauver un sport qui soit un sport de plaisir, un sport d'épanouissement et de bonheur, un sport collectif qui respecte les règles du sport qui a ses valeurs. C'est le rôle du ministère. A chaque fois, nous recevons les fédérations, nous travaillons avec elles. J'ai encore récemment eu une réunion de travail avec l'UCI."
Vous rappelez les règles. Vous êtes là pour rappeler les règles et pour donner des leçons.
- "On les fait appliquer aussi. Il y a beaucoup de contrôles. Je vais atteindre 10 000 contrôles anti-dopages dans l'année 2001. Nous menons une grande campagne contre la violence. Aujourd'hui, je suis à Vaulx-en-Velin cet après-midi avec les clubs amateurs de Vaulx-en-Velin et les élus de la localité, les dirigeants des sports, pour agir sur la violence."
Il y a eu un certain nombre de scandales dans le Giro, le tour d'Italie. Il y a pas mal d'équipes qui ont été dans le Giro qui vont venir dans le Tour de France dans 15 jours. Est-ce que vous demandez à la justice de vous donner des informations ?
- "Ce n'est pas le rôle du ministère. On n'a rien à demander à la justice. La justice fait son travail."
C'est la justice italienne qui a fait une enquête.
- "On a rien à demander, surtout à la justice italienne."
Pourquoi pas ?
- "J.-M. Leblanc a dit que s'il y avait des condamnations, les personnes condamnées ne seraient pas accueillies au Tour de France, ce qui me paraît quand même de bon sens. C'est une responsabilité de la direction du Tour."
Pour revenir au football : est-ce la faillite d'un système, est-ce qu'il faut que les dirigeants de la fédération, de la ligue démissionnent, remettent leurs mandats à plat pour qu'on y voit plus clair ?
- "Je crois quand même qu'il serait temps - je le disais tout à l'heure - qu'ils décident peut-être d'états généraux du foot, enfin de quelques chose qui permette réellement de remettre tout à plat et qu'ils construisent ensemble des règles qu'ils sont prêts à appliquer ensemble."
Vous êtes aussi ministre de la Jeunesse, L. Jospin s'est exprimé hier sur les rave-parties. Il veut être conciliant et prôner le dialogue. Mais concrètement cela veut dire quoi ? C'est un problème qui ne serra pas réglé avant les élections présidentielles ?
- "Non, je crois que l'on peut avancer assez rapidement. Je pense que la bonne voie pour avancer c'est de travailler sur cette fameuse charte qu'on pourrait élaborer entre les ministères concernés et les associations."
On ne peut pas passer par la loi ?
- "On peut d'ailleurs donner un fondement législatif à cette charte, ce serait intéressant, mais il faut d'abord la rédiger en concertation. Je pense qu'il faut laisser cette liberté aux jeunes et aux moins jeunes - parce qu'il n'y a pas que de jeunes dans les raves - mais il faut aussi que cette liberté respecte la liberté des autres et donc, il faut se donner quelques règles, se protéger. Il faut que tout se passe bien. Je pense que le bon démarrage, c'est la charte. Après, on peut lui donner un appui législatif. Je le fais souvent sur des questions concernant les jeunes, par exemple sur le Conseil national de la jeunesse qui vient de recevoir un appui législatif."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 22 juin 2001)