Texte intégral
Messieurs les Présidents de la République,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Commission du Bassin du Lac Tchad et représentants de la communauté internationale,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honorée de prendre la parole aujourdhui à NDjamena, répondant en cela à un engagement du Président de la République française Nicolas Sarkozy pris auprès de vous, Monsieur le Président Idriss Debby Itno, à loccasion du Sommet de la Francophonie de Montreux.
Le Président Sarkozy souhaitait en effet que la France soit représentée à un niveau ministériel à ce forum afin dexposer ses vues sur la question de la sauvegarde du lac Tchad. Et je suis ravie d'avoir cette occasion privilégiée de découvrir ce pays et cette région si riche, au coeur d'un continent porteur de tant de grands projets pour le monde au XXIe siècle.
Monsieur le Président, nous connaissons tous votre engagement personnel en faveur du lac Tchad. Lors du Sommet Afrique-France de Nice en mai dernier, vous avez pris la parole devant vos pairs pour exprimer votre inquiétude sur lavenir du lac, dont la surface a été divisée par 10 depuis les années 70, selon certaines estimations. Vous avez souhaité accueillir dans votre pays les membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad pour ces trois journées de débats, organisées avec le Forum Mondial pour le Développement Durable.
Cette réunion illustre la capacité de lAfrique à se rassembler et utiliser ses formidables capacités et son énergie pour résoudre ses problèmes. L'avenir du lac Tchad et plus globalement la gestion des ressources du bassin en est un. Près de 30 millions de personnes y vivent. Lutilisation de ses ressources et de son environnement ont une importance vitale pour les populations, les économies et les structures sociales des cinq pays du Bassin du lac Tchad et au-delà.
Nul ne peut ignorer ce qui se passe dans la région du lac Tchad. Sa survie concerne toute lAfrique. Tous à présent se mobilisent : organisations internationales en charge des questions environnementales et climatiques, bailleurs de fonds et partenaires au développement, parmi lesquels la France. Cest pourquoi nous continuerons à vous soutenir.
Ces deux jours de travaux ont été intenses et ont rassemblé des responsables et des scientifiques éminents. Cest loccasion de saluer leur travail. Nous appelons toute cette expertise locale et continentale à sexprimer à loccasion des débats qui vont se poursuivre à ce sujet.
Je ne voudrais pas simplifier vos débats, mais je crois pouvoir dire que les évolutions du niveau du lac Tchad sont liées, au moins en partie, aux conséquences du réchauffement climatique et des activités humaines. Depuis quatre décennies, lactivité humaine croissante liée à laugmentation de vos populations, quil sagisse des activités de la pêche, de lagriculture et de lélevage, a des effets tangibles sur cet environnement. Or ces activités sont aussi les moteurs de votre développement : elles touchent près de 30 millions de personnes, elles contribuent à lalimentation des grands centres urbains de NDjaména, Zinder et Maiduguri, elles génèrent des échanges commerciaux et des flux de populations. Cette activité humaine est également cause de désertification, et en particulier de déboisement, qui accélère le phénomène d'assèchement.
Toutes ces analyses ont été faites au cours de vos débats, aussi rigoureusement quil était possible, et nous ne pouvons qu'encourager cet effort. Je pense que cétait précisément le but de ce Forum : engager résolument la recherche de solutions pour sauvegarder le Lac Tchad.
Pour pouvoir avancer, nous avons besoin de discuter ces diagnostics au sein d'un comité scientifique élargi. Il sagit désormais de lancer une étude scientifique qui permettra de synthétiser les travaux déjà réalisés, notamment par les chercheurs africains, et de mieux identifier les phénomènes qui expliquent la baisse du niveau des eaux du lac Tchad et proposer des pistes dactions vers un développement durable pour tous les habitants du bassin. Il est essentiel, après avoir fait ces constats, que cette étude soit menée de la manière la plus rigoureuse possible afin que ses résultats ne soient pas remis en doute. Cest ainsi que la communauté internationale a procédé avec le GIEC, sur le changement climatique, et souhaite à présent le faire avec lIPBES (pour mémoire : plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services éco-systémiques), dans le domaine de la biodiversité.
Cest dans cette perspective que la France sengage à poursuivre son engagement, et c'est pourquoi nous sommes prêts à contribuer au financement de cette étude. A travers lAFD, le Fond Français pour lEnvironnement Mondial, se mobilisera pour le financement ultérieur des propositions. Le FFEM a la capacité de rechercher et de rassembler les apports de nouveaux bailleurs. Cest ce que le FFEM a réalisé dans le cadre dun projet sur le bassin du fleuve Congo qui vise à rassembler les données scientifiques sur la gestion des ressources naturelles préparant des outils daide à la décision. Ce projet dun montant de près de 4 millions dEuros à mobiliser entre autre, la Commission Européenne, et lagence de coopération allemande. Nous nous proposons d'étudier un projet similaire et adapté à la problématique du bassin du Lac Tchad.
La France est enfin en mesure, dans le cadre du partenariat mis en place avec le Forum Mondial pour le Développement Durable, dassocier toutes ses institutions de recherche ou de plaidoyer concernées pour prolonger cet effort de mobilisation.
Mesdames et Messieurs,
Je crois également que lune des leçons à tirer de ce forum est quil faut privilégier une approche consensuelle et englobante dans la recherche de moyens pour sauvegarder le lac Tchad.
Il est important que la coopération internationale entre les pays riverains se renforce pour assurer le suivi scientifique et opérationnel de cet ambitieux défi.
Au niveau régional, nous vous encourageons aussi à étudier toutes les voies qui pourraient permettre de réduire la tension sur la ressource en eau tout en assurant la sécurité de lapprovisionnement des populations.
Les enjeux géographiques et géoclimatiques, comme les incertitudes qui pèsent encore sur les différentes orientations possibles, nous invitent à renforcer un partenariat qui doit sexprimer à léchelle mondiale.
Je voudrais enfin profiter de loccasion qui mest donnée pour rappeler l'impératif dune meilleure gestion des ressources en eau de notre planète dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les cours deaux transfrontaliers de 1997. Celle-ci pose les principes essentiels d'une gestion intégrée des ressources en eau et de concertation entre les Etats, quil sagisse dinformation préalable, de non atteinte aux intérêts des autres pays riverains par un projet sur un cours deau, ou de partage des bénéfices.
Il ne manque que 15 pays Parties pour que la Convention entre en vigueur. La France sest engagée, au Forum mondial de leau dIstanbul en 2009, à procéder le plus rapidement possible à sa ratification. Ce serait un signal fort que, dici le 6ème Forum mondial de leau que nous organiserons à Marseille en mars 2012, la convention entre en vigueur. Nous pouvons d'ailleurs saluer la ratification récente par le Nigéria de cette convention.
Le rendez-vous de Marseille sera une étape cruciale pour débattre ensemble et développer des solutions pour une meilleure gestion de leau et un meilleur accès à cette ressource. Tous les pays seront invités à participer à sa préparation.
A l'occasion de ce Forum mondial, nous proposons d'organiser une table-ronde sur la situation du lac Tchad et de son bassin. Nous apprécierons ainsi, entre tous les partenaires, les donateurs comme les pays concernés, les solutions pérennes à apporter à ce défi majeur pour la région. Un point d'étape avec les bailleurs pourra être organisé si nécessaire.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de conclure en insistant sur limportance de cette réunion. Lavenir du lac Tchad, cest lavenir de votre région et de vos peuples et cest à vous, décideurs et hauts responsables, élus et notables, intellectuels et scientifiques, de réfléchir aux causes et aux meilleurs moyens de sauvegarder le lac Tchad.
La lutte contre l'assèchement du lac Tchad est ainsi emblématique des nouveaux défis environnementaux que nous devons relever ensemble pour répondre aux enjeux du changement climatique. C'est une véritable approche "Justice-Climat" qu'il nous faut ensemble mettre en oeuvre, pour mobiliser les financements décidés à Copenhague en décembre dernier au service notamment des grands enjeux du développement en Afrique : la forêt, l'eau et l'accès universel à l'énergie. La problématique qui nous rassemble aujourd'hui est au coeur de ces thématiques : lutte contre la désertification, protection des forêts, accès à des énergies locales. C'est également le cas du projet de Grande Muraille Verte, envisagé sur toute la frontière Sud du Sahel.
Je souhaite donc que vos travaux se prolongent et puissent sappuyer utilement sur les débats de grande qualité auxquels nous assistons.
Je vous remercie.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 3 novembre 2010
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Commission du Bassin du Lac Tchad et représentants de la communauté internationale,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honorée de prendre la parole aujourdhui à NDjamena, répondant en cela à un engagement du Président de la République française Nicolas Sarkozy pris auprès de vous, Monsieur le Président Idriss Debby Itno, à loccasion du Sommet de la Francophonie de Montreux.
Le Président Sarkozy souhaitait en effet que la France soit représentée à un niveau ministériel à ce forum afin dexposer ses vues sur la question de la sauvegarde du lac Tchad. Et je suis ravie d'avoir cette occasion privilégiée de découvrir ce pays et cette région si riche, au coeur d'un continent porteur de tant de grands projets pour le monde au XXIe siècle.
Monsieur le Président, nous connaissons tous votre engagement personnel en faveur du lac Tchad. Lors du Sommet Afrique-France de Nice en mai dernier, vous avez pris la parole devant vos pairs pour exprimer votre inquiétude sur lavenir du lac, dont la surface a été divisée par 10 depuis les années 70, selon certaines estimations. Vous avez souhaité accueillir dans votre pays les membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad pour ces trois journées de débats, organisées avec le Forum Mondial pour le Développement Durable.
Cette réunion illustre la capacité de lAfrique à se rassembler et utiliser ses formidables capacités et son énergie pour résoudre ses problèmes. L'avenir du lac Tchad et plus globalement la gestion des ressources du bassin en est un. Près de 30 millions de personnes y vivent. Lutilisation de ses ressources et de son environnement ont une importance vitale pour les populations, les économies et les structures sociales des cinq pays du Bassin du lac Tchad et au-delà.
Nul ne peut ignorer ce qui se passe dans la région du lac Tchad. Sa survie concerne toute lAfrique. Tous à présent se mobilisent : organisations internationales en charge des questions environnementales et climatiques, bailleurs de fonds et partenaires au développement, parmi lesquels la France. Cest pourquoi nous continuerons à vous soutenir.
Ces deux jours de travaux ont été intenses et ont rassemblé des responsables et des scientifiques éminents. Cest loccasion de saluer leur travail. Nous appelons toute cette expertise locale et continentale à sexprimer à loccasion des débats qui vont se poursuivre à ce sujet.
Je ne voudrais pas simplifier vos débats, mais je crois pouvoir dire que les évolutions du niveau du lac Tchad sont liées, au moins en partie, aux conséquences du réchauffement climatique et des activités humaines. Depuis quatre décennies, lactivité humaine croissante liée à laugmentation de vos populations, quil sagisse des activités de la pêche, de lagriculture et de lélevage, a des effets tangibles sur cet environnement. Or ces activités sont aussi les moteurs de votre développement : elles touchent près de 30 millions de personnes, elles contribuent à lalimentation des grands centres urbains de NDjaména, Zinder et Maiduguri, elles génèrent des échanges commerciaux et des flux de populations. Cette activité humaine est également cause de désertification, et en particulier de déboisement, qui accélère le phénomène d'assèchement.
Toutes ces analyses ont été faites au cours de vos débats, aussi rigoureusement quil était possible, et nous ne pouvons qu'encourager cet effort. Je pense que cétait précisément le but de ce Forum : engager résolument la recherche de solutions pour sauvegarder le Lac Tchad.
Pour pouvoir avancer, nous avons besoin de discuter ces diagnostics au sein d'un comité scientifique élargi. Il sagit désormais de lancer une étude scientifique qui permettra de synthétiser les travaux déjà réalisés, notamment par les chercheurs africains, et de mieux identifier les phénomènes qui expliquent la baisse du niveau des eaux du lac Tchad et proposer des pistes dactions vers un développement durable pour tous les habitants du bassin. Il est essentiel, après avoir fait ces constats, que cette étude soit menée de la manière la plus rigoureuse possible afin que ses résultats ne soient pas remis en doute. Cest ainsi que la communauté internationale a procédé avec le GIEC, sur le changement climatique, et souhaite à présent le faire avec lIPBES (pour mémoire : plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services éco-systémiques), dans le domaine de la biodiversité.
Cest dans cette perspective que la France sengage à poursuivre son engagement, et c'est pourquoi nous sommes prêts à contribuer au financement de cette étude. A travers lAFD, le Fond Français pour lEnvironnement Mondial, se mobilisera pour le financement ultérieur des propositions. Le FFEM a la capacité de rechercher et de rassembler les apports de nouveaux bailleurs. Cest ce que le FFEM a réalisé dans le cadre dun projet sur le bassin du fleuve Congo qui vise à rassembler les données scientifiques sur la gestion des ressources naturelles préparant des outils daide à la décision. Ce projet dun montant de près de 4 millions dEuros à mobiliser entre autre, la Commission Européenne, et lagence de coopération allemande. Nous nous proposons d'étudier un projet similaire et adapté à la problématique du bassin du Lac Tchad.
La France est enfin en mesure, dans le cadre du partenariat mis en place avec le Forum Mondial pour le Développement Durable, dassocier toutes ses institutions de recherche ou de plaidoyer concernées pour prolonger cet effort de mobilisation.
Mesdames et Messieurs,
Je crois également que lune des leçons à tirer de ce forum est quil faut privilégier une approche consensuelle et englobante dans la recherche de moyens pour sauvegarder le lac Tchad.
Il est important que la coopération internationale entre les pays riverains se renforce pour assurer le suivi scientifique et opérationnel de cet ambitieux défi.
Au niveau régional, nous vous encourageons aussi à étudier toutes les voies qui pourraient permettre de réduire la tension sur la ressource en eau tout en assurant la sécurité de lapprovisionnement des populations.
Les enjeux géographiques et géoclimatiques, comme les incertitudes qui pèsent encore sur les différentes orientations possibles, nous invitent à renforcer un partenariat qui doit sexprimer à léchelle mondiale.
Je voudrais enfin profiter de loccasion qui mest donnée pour rappeler l'impératif dune meilleure gestion des ressources en eau de notre planète dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les cours deaux transfrontaliers de 1997. Celle-ci pose les principes essentiels d'une gestion intégrée des ressources en eau et de concertation entre les Etats, quil sagisse dinformation préalable, de non atteinte aux intérêts des autres pays riverains par un projet sur un cours deau, ou de partage des bénéfices.
Il ne manque que 15 pays Parties pour que la Convention entre en vigueur. La France sest engagée, au Forum mondial de leau dIstanbul en 2009, à procéder le plus rapidement possible à sa ratification. Ce serait un signal fort que, dici le 6ème Forum mondial de leau que nous organiserons à Marseille en mars 2012, la convention entre en vigueur. Nous pouvons d'ailleurs saluer la ratification récente par le Nigéria de cette convention.
Le rendez-vous de Marseille sera une étape cruciale pour débattre ensemble et développer des solutions pour une meilleure gestion de leau et un meilleur accès à cette ressource. Tous les pays seront invités à participer à sa préparation.
A l'occasion de ce Forum mondial, nous proposons d'organiser une table-ronde sur la situation du lac Tchad et de son bassin. Nous apprécierons ainsi, entre tous les partenaires, les donateurs comme les pays concernés, les solutions pérennes à apporter à ce défi majeur pour la région. Un point d'étape avec les bailleurs pourra être organisé si nécessaire.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de conclure en insistant sur limportance de cette réunion. Lavenir du lac Tchad, cest lavenir de votre région et de vos peuples et cest à vous, décideurs et hauts responsables, élus et notables, intellectuels et scientifiques, de réfléchir aux causes et aux meilleurs moyens de sauvegarder le lac Tchad.
La lutte contre l'assèchement du lac Tchad est ainsi emblématique des nouveaux défis environnementaux que nous devons relever ensemble pour répondre aux enjeux du changement climatique. C'est une véritable approche "Justice-Climat" qu'il nous faut ensemble mettre en oeuvre, pour mobiliser les financements décidés à Copenhague en décembre dernier au service notamment des grands enjeux du développement en Afrique : la forêt, l'eau et l'accès universel à l'énergie. La problématique qui nous rassemble aujourd'hui est au coeur de ces thématiques : lutte contre la désertification, protection des forêts, accès à des énergies locales. C'est également le cas du projet de Grande Muraille Verte, envisagé sur toute la frontière Sud du Sahel.
Je souhaite donc que vos travaux se prolongent et puissent sappuyer utilement sur les débats de grande qualité auxquels nous assistons.
Je vous remercie.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 3 novembre 2010