Texte intégral
Monsieur le Maire,
Mesdames et messieurs,
Dabord monsieur le Maire je voudrais vous remercier pour la chaleur de cet accueil. Nous en avions bien besoin compte tenu des intempéries que nous avons dû affronter à lextérieur. On se serait cru dans le nord Finistère, mais cela nest pas étonnant quand on dit que le maire de Garges-Lès-Gonesse est un ancien marin, il ny a donc rien détonnant à ce que nous ayons dû affronter une véritable tempête de grande marée.
Cest pour moi un très grand plaisir de revenir à Garges-Lès-Gonesse où javais eu loccasion à deux reprises de venir du temps de Nelly Olin, et je peux ainsi mesurer le chemin qui a été parcouru en particulier grâce à laction déterminée que vous menez. Une action généreuse, une action innovante. Jai moi-même été longtemps maire et je peux mesurer les efforts que vous déployez pour reconfigurer lespace urbain et lespace social.
La qualité des réalisations que nous venons de visiter est la preuve quil ny a pas de territoire, comme vous lavez si bien dit, quil ny a pas de territoire condamné à cumuler toutes les épreuves. Vous avez montré quen abattant des murs dégradés, on pouvait repenser lavenir.
Depuis 2003, la mobilisation des pouvoirs publics en faveur de la rénovation urbaine a été massive. A travers lAgence Nationale pour la Rénovation Urbaine, créée par Jean-Louis Borloo, 12 milliards deuros ont été engagés par lEtat pour restructurer les quartiers, soit plus de 42 milliards deuros de travaux financés.
Les quartiers de «La Muette», des «Doucettes», de la «Dame blanche» ont été parmi les tout premiers bénéficiaires de cet engagement, avec un investissement de 361 millions deuros.
Tous les acteurs de terrain le reconnaissent, le Plan National de Rénovation Urbaine est une réussite. Les résultats sont visibles, ce sont des résultats concrets. En 2009, nous avons même assisté à un basculement puisque désormais on construit dans le cadre de ce plan plus de logements que lon nen démolit : 22 000 habitats dégradés ont été démolis sur lannée, pour plus de 27 000 logements sociaux construits, auxquels il faut ajouter les 62 000 logements réhabilités.
Au cours des prochaines années, cest à travers ce plan le quotidien de 4 millions dhabitants qui sen trouvera modifié, avec la production de quelques 130 000 logements en fin du programme, mais aussi avec de nouveaux équipements publics.
Grâce au plan de relance qui a été mis en uvre avec beaucoup dénergie par Patrick Devedjian, nous avons pu accélérer le rythme de ces réalisations, et le centre Dulcie September que nous venons de visiter en est un exemple de cette accélération qui a été rendu possible grâce au plan de relance.
Avec ce plan, plus de 1 200 opérations de rénovation, dans 270 quartiers ont pu être accompagnées. Au total, ce sont 12 000 logements sociaux qui ont été construits, 30 000 logements qui ont été réhabilités, 18 000 logements qui ont été résidentialisés.
Voilà, ceci dans un contexte qui était un contexte de crise économique et financière grave, nous avons avec le Président de la République estimé quil fallait miser sur linvestissement pour sortir plus vite de cette crise et pour faire en sorte que lactivité économique ne soit pas complètement pénalisée par la chute globale de la croissance en Europe et dans le monde. Je pense que cest un bon choix, un choix que personne ne peut regretter et qui a aujourdhui donné des résultats quon attendait.
LEtat, les collectivités locales, les partenaires sociaux, les bailleurs, le succès du Plan National de Rénovation Urbaine résulte dune mobilisation collective qui démontre que notre pays peut et sait rassembler ses forces lorsque lenjeu est important. Et je veux à cette occasion, rendre hommage au président de lANRU, mon ami Gérard Hamel, qui est lui-même maire et qui a lui-même une grande expérience de la rénovation urbaine, et à Pierre Sallenave, son directeur général que je connais aussi un peu, puisquil a été mon collaborateur - et à lensemble de leurs équipes.
Lélan quils ont impulsé pour améliorer lhabitat va être amplifié puisque nous prévoyons dans le projet de loi de finances de mobiliser les capacités financières des opérateurs HLM à hauteur de 340 millions deuros chaque année.
Cet effort urbain na évidemment de sens que sil sinscrit dans une stratégie plus globale. Et vous lavez évoqué, la rénovation ce nest pas seulement les murs, cest lemploi, cest léducation, cest la sécurité, ce sont les infrastructures de transport. Au fond cest toute une chaîne de développement, de socialisation, de désenclavement que nous devons progressivement retisser.
Lamélioration des transports de lensemble du Grand Paris, et notamment le désenclavement des territoires aujourdhui mal desservis, sont un des objectifs principaux de la loi qui a été votée par le Parlement en juin dernier.
Nous sommes dans la phase des débats publics. Je sais que certains projets vous intéressent particulièrement, je pense à la gare du triangle de Gonesse. Quelque soit le tracé finalement retenu, je veux vous dire et je my engage personnellement que le gouvernement sera très attentif à ce que ce choix bénéficie pleinement aux habitants du Val de France.
Ici comme dans beaucoup dautres quartiers, il existe des énergies, il existe des compétences qui ne demandent quà sexprimer et pour autant nous savons que trouver un emploi stable, réaliser ses projets, cest souvent un chemin très difficile, un chemin parsemé dembûches. Et cest évidemment encore plus vrai lorsquon est dans une période de crise économique et financière comme celle que nous traversons.
Pour aider les jeunes à sorienter nous avons, avec Eric Woerth, avancé des solutions. Les contrats dautonomie que nous avons créés bénéficient aujourdhui à 35.000 jeunes et pour ceux qui jouent le jeu jusquau bout, la moitié décroche un emploi ou une formation qualifiante.
Cette avancée a été possible grâce à lengagement de grandes entreprises, grâce à lengagement des fédérations professionnelles qui ont choisi de sassocier au plan Espoir banlieues qui a été lancé par Fadéla Amara.
Les élus que vous êtes le savent bien, cette politique de la ville elle a dabord et avant tout besoin de stabilité, elle a besoin de continuité. Je pense aux contrats urbains de cohésion sociale. Leurs projets ont besoin dun cadre stable, dun cadre pérenne pour pouvoir se déployer. Les acteurs de ces contrats ont besoin de visibilité pour travailler. Et donc nous allons prolonger la génération actuelle de ces contrats jusquen 2014. En choisissant cette date, nous choisissons de mettre en cohérence les contrats avec la réalité de la vie politique locale. Cest dailleurs ce que préconisaient Gérard HAMEL et Pierre ANDRÉ dans le rapport quils mont remis il y a un an. Cétait également lavis du Conseil National des Villes.
Mais la politique de la ville nest pas seulement quune question de moyens. Les efforts consentis par la solidarité nationale doivent être mieux pilotés, les résultats doivent être davantage évalués et les insuffisances doivent être identifiées. Nous sommes dans une période qui sera une période longue où largent public est rare, eh bien il faut éviter le saupoudrage et il faut éviter la dispersion. Il faut mieux cibler les besoins prioritaires, et pour cela nous devons engager une réflexion cruciale que nous allons engager dès 2011pour établir les critères de sélection qui présideront à la future géographie de la politique de la ville et qui permettront une concentration des crédits sur les quartiers qui en ont le plus besoin.
Je sais que beaucoup délus des quartiers les plus difficiles trouvent que ça ne va pas assez vite, et auraient aimé que cette révision de la géographie de la politique de la ville se fasse plus vite, en même temps chacun voit bien quil y a des programmes qui sont engagés, des municipalités qui ont initié des projets, on ne peut pas du jour au lendemain arrêter les choses, donner des coups daccordéon. Il faut de la continuité, de la cohérence et cest ce que nous sommes en train de faire.
Depuis plusieurs années, on tend à oublier que la vocation dune politique de la ville, cest de compenser des déséquilibres localisés et cela nest pas de se substituer aux politiques de droit commun. La politique de la ville cest un complément par définition. Je pense quil faut le rappeler, mais il ne faut pas simplement le rappeler il faut en tirer les conséquences.
Pour que lensemble des acteurs publics concoure à rétablir les équilibres, jai annoncé en mai dernier que nous lancerions une expérimentation de contractualisation du droit commun.
Elle se fera au travers de contrats urbains de cohésion sociale expérimentaux que nous allons mettre en place sur une trentaine de sites. Ces contrats prévoiront des engagements très concrets de lEtat, des collectivités territoriales, de Pôle emploi, et ils mettront laccent sur trois domaines prioritaires : lemploi, léducation et la sécurité.
Si on veut faire venir des entreprises dans les quartiers, si on veut développer léconomie, la première des conditions cest évidemment dassurer la sécurité. Il ny a pas de progrès possible si le désordre, la violence, la peur prennent le pas sur la confiance et sur le respect du droit.
Entre linsécurité, la désaffection économique, la ghettoïsation sociale, il y a un lien évident. La sécurité, elle doit être effective partout et pour tous. Et il faut, pour assumer chacun nos responsabilités, regarder les choses en face, mais aussi tordre le cou à beaucoup de clichés.
La réalité des quartiers, cest dans trop dendroits encore, la délinquance et lincivisme. Mais la réalité des quartiers, cest aussi lhonnêteté, le mérite et lambition de réussir de limmense majorité des habitants qui y vivent.
A ceux qui respectent les lois de la République, à ceux qui vivent de leur travail, à ceux qui veulent créer de lactivité, à ceux qui transmettent à leurs enfants les valeurs fondamentales de la vie en société, nous avons collectivement le devoir dapporter la sécurité nécessaire à leur épanouissement.
Sous limpulsion du Président de la République, lautorité de lEtat sest renforcée là où souvent personne ne lattendait plus. 33 groupes dintervention régionaux ont été créés. Ces groupes dintervention régionaux mutualisent, ce qui aurait du être fait depuis longtemps, les compétences des policiers, des gendarmes, des douaniers, des agents du Fisc pour lutter contre les trafics et contre léconomie souterraine, en sattaquant aux avoirs criminels.
Nous avons développé la vidéoprotection, dont le rôle dans la prévention, dans la dissuasion et dans lélucidation ne se discute pas à mes yeux. Nous avons lancé sept plans daction contre les cambriolages, contre les trafics de stupéfiants, contre les bandes, contre les violences scolaires, contre la délinquance dans les transports en commun, contre le hooliganisme et les agressions contre les personnes âgées.
Nous avons renforcé la coopération de tous les acteurs, parce que vraiment sil y a un sujet où le cloisonnement, les querelles de chapelle conduisent toujours à léchec, cest bien celui-là, et nous avons donné aux maires les moyens de jouer un rôle accru dans la protection de nos concitoyens.
Depuis 2002, la délinquance dans notre pays a diminué. Le taux délucidation qui était de 1 sur 4, est maintenant de 1 sur 3. Et ici à Garges-lès-Gonesse, la délinquance générale a baissé de plus de 4% depuis le début 2010.
Mais il y a tellement encore à faire ! Il y a tellement encore à faire quand on voit combien sont nombreux nos concitoyens qui subissent encore cette délinquance qui mine leur vie quotidienne.
Nous devons inlassablement et fermement poursuivre nos efforts, et cela à tous les niveaux.
Laction de la police, laction du Fisc, laction des douanes na de sens que si elle est suivie dune réponse judiciaire adaptée, cest-à-dire dune réponse judiciaire qui soit suffisamment dissuasive.
Nous devrons, dans les mois qui viennent, réfléchir et agir pour rendre plus cohérente notre politique pénale.
Je pense en particulier à la nécessité de rendre plus effective lexécution des courtes peines de prison, à un meilleur suivi judiciaire des affaires qui troublent lordre public, en sattaquant à la délinquance multiréitérante.
Mais lautorité de la loi, nous devons chacun dentre nous en être bien convaincus, lautorité de la loi ne dépend pas seulement de la force publique. Lautorité de la loi cest un enjeu de société, c'est-à-dire que cest un enjeu qui dépend en réalité de chacun de nous. Face à la culture de la violence, nous avons besoin dun consensus civique, nous avons besoin dun consensus moral qui soit partagé par tous. Des policiers aux pompiers, des enseignants aux conducteurs de bus, des agents de ladministration aux gardiens dimmeuble, ceux qui incarnent nos institutions, ceux qui servent lEtat, ceux qui servent le bien public doivent être respectés.
Oui, lautorité dépend du civisme, lautorité dépend de la morale que nous avons en partage et elle dépend aussi de la confiance que la République doit inspirer à nos concitoyens.
Depuis son origine, cest lécole de la République qui porte les aspirations de notre peuple. Dans les quartiers, la promotion sociale par lécole a connu des échecs et nous devons le reconnaître, et il faut la relancer.
Légalité des chances, cest lutter contre le sentiment que les destins sécrivent sans que chacun ait toutes les cartes en main. Nous avons augmenté le nombre des élèves boursiers dans les classes préparatoires, et on doit encore faire mieux. Nous avons lancé les cordées de la réussite, pour détecter et pour aider les talents à rejoindre les filières dexcellence.
Nous avons créé les internats dexcellence pour que les élèves qui le souhaitent puissent travailler dans les meilleures conditions matérielles. Le premier internat dexcellence a été ouvert à la rentrée 2009. Onze nouveaux internats dexcellence ont été ouverts à cette rentrée 2010. Et nous avons inscrit 300 millions deuros, dans le Grand Emprunt, qui vont être consacrés aux internats dexcellence. Ce qui montre monsieur le Maire que nous partageons complètement la remarque que vous avez faite tout à lheure en disant quau fond ces investissements sont bien des investissements davenir qui débouchent sur le développement économique, qui débouchent sur la cohésion spéciale et qui débouchent sur lemploi.
Longtemps, on a estimé que pour améliorer les résultats scolaires, il fallait simplement mettre davantage de moyens. Cela a été la logique des zones d'éducation prioritaires.
Aujourdhui, nous cherchons plus defficacité. Nous cherchons plus defficacité en mettant laccent sur la constitution de réseaux et en mettant laccent sur lattention personnalisée aux élèves.
Contre le décrochage scolaire, nous insistons sur l'adaptation de l'offre scolaire mais aussi sur des mesures de prévention et de suivi de l'absentéisme des élèves.
Les coordinations locales, qui rassemblent tous les acteurs impliqués, à léchelle du quartier, assurent le repérage des décrocheurs et doivent veiller autant que faire ce peut, à leur proposer des solutions individuelles.
Ceux qui sont en difficulté ne doivent pas en effet se sentir abandonnés. Et ceux qui réussissent ne doivent pas être découragés par un sentiment de fatalité. La volonté, le travail, la discipline doivent être récompensés. Cest leffort de lEtat mais cest aussi leffort des acteurs de léducation nationale. Cest aussi leffort de tous les acteurs locaux, et cest enfin leffort des élèves et de leurs parents.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, jai tenu à me rendre parmi vous parce quon ne dit jamais assez que nos quartiers sont aussi des lieux où il existe une formidable énergie positive qui ne demande quà être soutenue et à être valorisée.
Parler des quartiers lorsquil y a des tensions, lorsquil y a des violences, des trafics, cest légitime parce que trop longtemps on a passé sous silence ce qui se passait dans certaines cités et ce faisant, on a ignoré la souffrance des habitants qui ne se sentaient plus protégés dans leurs droits.
Mais ne parler que de cela, névoquer que les échecs, cest oublier toutes les initiatives qui ont été prises par les élus locaux, cest oublier toutes ces actions économiques et sociales qui ont été développées par les acteurs de terrains, cest oublier la part de dévouement, la part dabnégation, de générosité qui inspire les associations de quartiers, cest oublier tous ces habitants, toutes ces familles, qui se débattent avec dignité et avec espoir dans les difficultés de la vie quotidienne.
Durant plusieurs décennies nous avons fait des erreurs, et notamment nous avons fait des erreurs en termes durbanisme et de mixité sociale.
Plusieurs de nos banlieues sont ainsi devenues les réceptacles de toutes nos difficultés nationales : le chômage, linsécurité, léchec scolaire, limmigration mal régulée, la désocialisation, la dévalorisation aussi de nos valeurs civiques. Tout ceci sest dune certaine façon condensé sur les quartiers. Eh bien pas à pas, nous essayons ensemble de surmonter ces échecs.
Cest une entreprise de longue haleine, cest une entreprise qui réclame beaucoup dhumilité, beaucoup de sincérité mais aussi beaucoup de vérité.
Dhumilité, parce que les choses ne vont jamais aussi vite quespéré et parce que les succès sont souvent fragiles.
Sincérité, parce que nous sommes dans une période où létat de nos finances publiques limite nos marges de manuvre.
Vérité enfin, parce que je crois que nous sommes dans un temps où chacun doit sefforcer de donner à la République un peu plus que ce que la République nous donne.
Je veux dire par là que lavenir de notre pays dépend aussi de chacun dentre-nous, lavenir de notre pays dépend de nos efforts, de notre sens de lintérêt général et de notre responsabilité personnelle.
Les pouvoirs publics ont besoin des citoyens ! Sans le soutien, sans celui des associations, des familles, léducation des enfants, la tranquillité publique, lintégration ne pourront jamais pleinement réussir.
La République cest pour tous mais la République nest pour tous que si nous sommes tous engagés pour la République !
A Garges-lès-Gonesse, je sais monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs que vous êtes pleinement conscients de tout cela.
Parmi vous, je veux vous dire que jai ressenti une grande volonté de combattre ladversité, une volonté de bâtir les conditions de lavenir. Je mesure toutes les difficultés quil vous faut surmonter, mais je discerne aussi les talents et les espoirs qui animent votre ville.
Je suis venu ici, Monsieur le Maire, pour saluer, pour encourager, pour épauler, pour remercier tous ceux qui, comme vous, donnent le meilleur deux même, et en faisant cela vous donnez à la France les chances de son succès.Source http://www.gouvernement.fr, le 10 novembre 2010
Mesdames et messieurs,
Dabord monsieur le Maire je voudrais vous remercier pour la chaleur de cet accueil. Nous en avions bien besoin compte tenu des intempéries que nous avons dû affronter à lextérieur. On se serait cru dans le nord Finistère, mais cela nest pas étonnant quand on dit que le maire de Garges-Lès-Gonesse est un ancien marin, il ny a donc rien détonnant à ce que nous ayons dû affronter une véritable tempête de grande marée.
Cest pour moi un très grand plaisir de revenir à Garges-Lès-Gonesse où javais eu loccasion à deux reprises de venir du temps de Nelly Olin, et je peux ainsi mesurer le chemin qui a été parcouru en particulier grâce à laction déterminée que vous menez. Une action généreuse, une action innovante. Jai moi-même été longtemps maire et je peux mesurer les efforts que vous déployez pour reconfigurer lespace urbain et lespace social.
La qualité des réalisations que nous venons de visiter est la preuve quil ny a pas de territoire, comme vous lavez si bien dit, quil ny a pas de territoire condamné à cumuler toutes les épreuves. Vous avez montré quen abattant des murs dégradés, on pouvait repenser lavenir.
Depuis 2003, la mobilisation des pouvoirs publics en faveur de la rénovation urbaine a été massive. A travers lAgence Nationale pour la Rénovation Urbaine, créée par Jean-Louis Borloo, 12 milliards deuros ont été engagés par lEtat pour restructurer les quartiers, soit plus de 42 milliards deuros de travaux financés.
Les quartiers de «La Muette», des «Doucettes», de la «Dame blanche» ont été parmi les tout premiers bénéficiaires de cet engagement, avec un investissement de 361 millions deuros.
Tous les acteurs de terrain le reconnaissent, le Plan National de Rénovation Urbaine est une réussite. Les résultats sont visibles, ce sont des résultats concrets. En 2009, nous avons même assisté à un basculement puisque désormais on construit dans le cadre de ce plan plus de logements que lon nen démolit : 22 000 habitats dégradés ont été démolis sur lannée, pour plus de 27 000 logements sociaux construits, auxquels il faut ajouter les 62 000 logements réhabilités.
Au cours des prochaines années, cest à travers ce plan le quotidien de 4 millions dhabitants qui sen trouvera modifié, avec la production de quelques 130 000 logements en fin du programme, mais aussi avec de nouveaux équipements publics.
Grâce au plan de relance qui a été mis en uvre avec beaucoup dénergie par Patrick Devedjian, nous avons pu accélérer le rythme de ces réalisations, et le centre Dulcie September que nous venons de visiter en est un exemple de cette accélération qui a été rendu possible grâce au plan de relance.
Avec ce plan, plus de 1 200 opérations de rénovation, dans 270 quartiers ont pu être accompagnées. Au total, ce sont 12 000 logements sociaux qui ont été construits, 30 000 logements qui ont été réhabilités, 18 000 logements qui ont été résidentialisés.
Voilà, ceci dans un contexte qui était un contexte de crise économique et financière grave, nous avons avec le Président de la République estimé quil fallait miser sur linvestissement pour sortir plus vite de cette crise et pour faire en sorte que lactivité économique ne soit pas complètement pénalisée par la chute globale de la croissance en Europe et dans le monde. Je pense que cest un bon choix, un choix que personne ne peut regretter et qui a aujourdhui donné des résultats quon attendait.
LEtat, les collectivités locales, les partenaires sociaux, les bailleurs, le succès du Plan National de Rénovation Urbaine résulte dune mobilisation collective qui démontre que notre pays peut et sait rassembler ses forces lorsque lenjeu est important. Et je veux à cette occasion, rendre hommage au président de lANRU, mon ami Gérard Hamel, qui est lui-même maire et qui a lui-même une grande expérience de la rénovation urbaine, et à Pierre Sallenave, son directeur général que je connais aussi un peu, puisquil a été mon collaborateur - et à lensemble de leurs équipes.
Lélan quils ont impulsé pour améliorer lhabitat va être amplifié puisque nous prévoyons dans le projet de loi de finances de mobiliser les capacités financières des opérateurs HLM à hauteur de 340 millions deuros chaque année.
Cet effort urbain na évidemment de sens que sil sinscrit dans une stratégie plus globale. Et vous lavez évoqué, la rénovation ce nest pas seulement les murs, cest lemploi, cest léducation, cest la sécurité, ce sont les infrastructures de transport. Au fond cest toute une chaîne de développement, de socialisation, de désenclavement que nous devons progressivement retisser.
Lamélioration des transports de lensemble du Grand Paris, et notamment le désenclavement des territoires aujourdhui mal desservis, sont un des objectifs principaux de la loi qui a été votée par le Parlement en juin dernier.
Nous sommes dans la phase des débats publics. Je sais que certains projets vous intéressent particulièrement, je pense à la gare du triangle de Gonesse. Quelque soit le tracé finalement retenu, je veux vous dire et je my engage personnellement que le gouvernement sera très attentif à ce que ce choix bénéficie pleinement aux habitants du Val de France.
Ici comme dans beaucoup dautres quartiers, il existe des énergies, il existe des compétences qui ne demandent quà sexprimer et pour autant nous savons que trouver un emploi stable, réaliser ses projets, cest souvent un chemin très difficile, un chemin parsemé dembûches. Et cest évidemment encore plus vrai lorsquon est dans une période de crise économique et financière comme celle que nous traversons.
Pour aider les jeunes à sorienter nous avons, avec Eric Woerth, avancé des solutions. Les contrats dautonomie que nous avons créés bénéficient aujourdhui à 35.000 jeunes et pour ceux qui jouent le jeu jusquau bout, la moitié décroche un emploi ou une formation qualifiante.
Cette avancée a été possible grâce à lengagement de grandes entreprises, grâce à lengagement des fédérations professionnelles qui ont choisi de sassocier au plan Espoir banlieues qui a été lancé par Fadéla Amara.
Les élus que vous êtes le savent bien, cette politique de la ville elle a dabord et avant tout besoin de stabilité, elle a besoin de continuité. Je pense aux contrats urbains de cohésion sociale. Leurs projets ont besoin dun cadre stable, dun cadre pérenne pour pouvoir se déployer. Les acteurs de ces contrats ont besoin de visibilité pour travailler. Et donc nous allons prolonger la génération actuelle de ces contrats jusquen 2014. En choisissant cette date, nous choisissons de mettre en cohérence les contrats avec la réalité de la vie politique locale. Cest dailleurs ce que préconisaient Gérard HAMEL et Pierre ANDRÉ dans le rapport quils mont remis il y a un an. Cétait également lavis du Conseil National des Villes.
Mais la politique de la ville nest pas seulement quune question de moyens. Les efforts consentis par la solidarité nationale doivent être mieux pilotés, les résultats doivent être davantage évalués et les insuffisances doivent être identifiées. Nous sommes dans une période qui sera une période longue où largent public est rare, eh bien il faut éviter le saupoudrage et il faut éviter la dispersion. Il faut mieux cibler les besoins prioritaires, et pour cela nous devons engager une réflexion cruciale que nous allons engager dès 2011pour établir les critères de sélection qui présideront à la future géographie de la politique de la ville et qui permettront une concentration des crédits sur les quartiers qui en ont le plus besoin.
Je sais que beaucoup délus des quartiers les plus difficiles trouvent que ça ne va pas assez vite, et auraient aimé que cette révision de la géographie de la politique de la ville se fasse plus vite, en même temps chacun voit bien quil y a des programmes qui sont engagés, des municipalités qui ont initié des projets, on ne peut pas du jour au lendemain arrêter les choses, donner des coups daccordéon. Il faut de la continuité, de la cohérence et cest ce que nous sommes en train de faire.
Depuis plusieurs années, on tend à oublier que la vocation dune politique de la ville, cest de compenser des déséquilibres localisés et cela nest pas de se substituer aux politiques de droit commun. La politique de la ville cest un complément par définition. Je pense quil faut le rappeler, mais il ne faut pas simplement le rappeler il faut en tirer les conséquences.
Pour que lensemble des acteurs publics concoure à rétablir les équilibres, jai annoncé en mai dernier que nous lancerions une expérimentation de contractualisation du droit commun.
Elle se fera au travers de contrats urbains de cohésion sociale expérimentaux que nous allons mettre en place sur une trentaine de sites. Ces contrats prévoiront des engagements très concrets de lEtat, des collectivités territoriales, de Pôle emploi, et ils mettront laccent sur trois domaines prioritaires : lemploi, léducation et la sécurité.
Si on veut faire venir des entreprises dans les quartiers, si on veut développer léconomie, la première des conditions cest évidemment dassurer la sécurité. Il ny a pas de progrès possible si le désordre, la violence, la peur prennent le pas sur la confiance et sur le respect du droit.
Entre linsécurité, la désaffection économique, la ghettoïsation sociale, il y a un lien évident. La sécurité, elle doit être effective partout et pour tous. Et il faut, pour assumer chacun nos responsabilités, regarder les choses en face, mais aussi tordre le cou à beaucoup de clichés.
La réalité des quartiers, cest dans trop dendroits encore, la délinquance et lincivisme. Mais la réalité des quartiers, cest aussi lhonnêteté, le mérite et lambition de réussir de limmense majorité des habitants qui y vivent.
A ceux qui respectent les lois de la République, à ceux qui vivent de leur travail, à ceux qui veulent créer de lactivité, à ceux qui transmettent à leurs enfants les valeurs fondamentales de la vie en société, nous avons collectivement le devoir dapporter la sécurité nécessaire à leur épanouissement.
Sous limpulsion du Président de la République, lautorité de lEtat sest renforcée là où souvent personne ne lattendait plus. 33 groupes dintervention régionaux ont été créés. Ces groupes dintervention régionaux mutualisent, ce qui aurait du être fait depuis longtemps, les compétences des policiers, des gendarmes, des douaniers, des agents du Fisc pour lutter contre les trafics et contre léconomie souterraine, en sattaquant aux avoirs criminels.
Nous avons développé la vidéoprotection, dont le rôle dans la prévention, dans la dissuasion et dans lélucidation ne se discute pas à mes yeux. Nous avons lancé sept plans daction contre les cambriolages, contre les trafics de stupéfiants, contre les bandes, contre les violences scolaires, contre la délinquance dans les transports en commun, contre le hooliganisme et les agressions contre les personnes âgées.
Nous avons renforcé la coopération de tous les acteurs, parce que vraiment sil y a un sujet où le cloisonnement, les querelles de chapelle conduisent toujours à léchec, cest bien celui-là, et nous avons donné aux maires les moyens de jouer un rôle accru dans la protection de nos concitoyens.
Depuis 2002, la délinquance dans notre pays a diminué. Le taux délucidation qui était de 1 sur 4, est maintenant de 1 sur 3. Et ici à Garges-lès-Gonesse, la délinquance générale a baissé de plus de 4% depuis le début 2010.
Mais il y a tellement encore à faire ! Il y a tellement encore à faire quand on voit combien sont nombreux nos concitoyens qui subissent encore cette délinquance qui mine leur vie quotidienne.
Nous devons inlassablement et fermement poursuivre nos efforts, et cela à tous les niveaux.
Laction de la police, laction du Fisc, laction des douanes na de sens que si elle est suivie dune réponse judiciaire adaptée, cest-à-dire dune réponse judiciaire qui soit suffisamment dissuasive.
Nous devrons, dans les mois qui viennent, réfléchir et agir pour rendre plus cohérente notre politique pénale.
Je pense en particulier à la nécessité de rendre plus effective lexécution des courtes peines de prison, à un meilleur suivi judiciaire des affaires qui troublent lordre public, en sattaquant à la délinquance multiréitérante.
Mais lautorité de la loi, nous devons chacun dentre nous en être bien convaincus, lautorité de la loi ne dépend pas seulement de la force publique. Lautorité de la loi cest un enjeu de société, c'est-à-dire que cest un enjeu qui dépend en réalité de chacun de nous. Face à la culture de la violence, nous avons besoin dun consensus civique, nous avons besoin dun consensus moral qui soit partagé par tous. Des policiers aux pompiers, des enseignants aux conducteurs de bus, des agents de ladministration aux gardiens dimmeuble, ceux qui incarnent nos institutions, ceux qui servent lEtat, ceux qui servent le bien public doivent être respectés.
Oui, lautorité dépend du civisme, lautorité dépend de la morale que nous avons en partage et elle dépend aussi de la confiance que la République doit inspirer à nos concitoyens.
Depuis son origine, cest lécole de la République qui porte les aspirations de notre peuple. Dans les quartiers, la promotion sociale par lécole a connu des échecs et nous devons le reconnaître, et il faut la relancer.
Légalité des chances, cest lutter contre le sentiment que les destins sécrivent sans que chacun ait toutes les cartes en main. Nous avons augmenté le nombre des élèves boursiers dans les classes préparatoires, et on doit encore faire mieux. Nous avons lancé les cordées de la réussite, pour détecter et pour aider les talents à rejoindre les filières dexcellence.
Nous avons créé les internats dexcellence pour que les élèves qui le souhaitent puissent travailler dans les meilleures conditions matérielles. Le premier internat dexcellence a été ouvert à la rentrée 2009. Onze nouveaux internats dexcellence ont été ouverts à cette rentrée 2010. Et nous avons inscrit 300 millions deuros, dans le Grand Emprunt, qui vont être consacrés aux internats dexcellence. Ce qui montre monsieur le Maire que nous partageons complètement la remarque que vous avez faite tout à lheure en disant quau fond ces investissements sont bien des investissements davenir qui débouchent sur le développement économique, qui débouchent sur la cohésion spéciale et qui débouchent sur lemploi.
Longtemps, on a estimé que pour améliorer les résultats scolaires, il fallait simplement mettre davantage de moyens. Cela a été la logique des zones d'éducation prioritaires.
Aujourdhui, nous cherchons plus defficacité. Nous cherchons plus defficacité en mettant laccent sur la constitution de réseaux et en mettant laccent sur lattention personnalisée aux élèves.
Contre le décrochage scolaire, nous insistons sur l'adaptation de l'offre scolaire mais aussi sur des mesures de prévention et de suivi de l'absentéisme des élèves.
Les coordinations locales, qui rassemblent tous les acteurs impliqués, à léchelle du quartier, assurent le repérage des décrocheurs et doivent veiller autant que faire ce peut, à leur proposer des solutions individuelles.
Ceux qui sont en difficulté ne doivent pas en effet se sentir abandonnés. Et ceux qui réussissent ne doivent pas être découragés par un sentiment de fatalité. La volonté, le travail, la discipline doivent être récompensés. Cest leffort de lEtat mais cest aussi leffort des acteurs de léducation nationale. Cest aussi leffort de tous les acteurs locaux, et cest enfin leffort des élèves et de leurs parents.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, jai tenu à me rendre parmi vous parce quon ne dit jamais assez que nos quartiers sont aussi des lieux où il existe une formidable énergie positive qui ne demande quà être soutenue et à être valorisée.
Parler des quartiers lorsquil y a des tensions, lorsquil y a des violences, des trafics, cest légitime parce que trop longtemps on a passé sous silence ce qui se passait dans certaines cités et ce faisant, on a ignoré la souffrance des habitants qui ne se sentaient plus protégés dans leurs droits.
Mais ne parler que de cela, névoquer que les échecs, cest oublier toutes les initiatives qui ont été prises par les élus locaux, cest oublier toutes ces actions économiques et sociales qui ont été développées par les acteurs de terrains, cest oublier la part de dévouement, la part dabnégation, de générosité qui inspire les associations de quartiers, cest oublier tous ces habitants, toutes ces familles, qui se débattent avec dignité et avec espoir dans les difficultés de la vie quotidienne.
Durant plusieurs décennies nous avons fait des erreurs, et notamment nous avons fait des erreurs en termes durbanisme et de mixité sociale.
Plusieurs de nos banlieues sont ainsi devenues les réceptacles de toutes nos difficultés nationales : le chômage, linsécurité, léchec scolaire, limmigration mal régulée, la désocialisation, la dévalorisation aussi de nos valeurs civiques. Tout ceci sest dune certaine façon condensé sur les quartiers. Eh bien pas à pas, nous essayons ensemble de surmonter ces échecs.
Cest une entreprise de longue haleine, cest une entreprise qui réclame beaucoup dhumilité, beaucoup de sincérité mais aussi beaucoup de vérité.
Dhumilité, parce que les choses ne vont jamais aussi vite quespéré et parce que les succès sont souvent fragiles.
Sincérité, parce que nous sommes dans une période où létat de nos finances publiques limite nos marges de manuvre.
Vérité enfin, parce que je crois que nous sommes dans un temps où chacun doit sefforcer de donner à la République un peu plus que ce que la République nous donne.
Je veux dire par là que lavenir de notre pays dépend aussi de chacun dentre-nous, lavenir de notre pays dépend de nos efforts, de notre sens de lintérêt général et de notre responsabilité personnelle.
Les pouvoirs publics ont besoin des citoyens ! Sans le soutien, sans celui des associations, des familles, léducation des enfants, la tranquillité publique, lintégration ne pourront jamais pleinement réussir.
La République cest pour tous mais la République nest pour tous que si nous sommes tous engagés pour la République !
A Garges-lès-Gonesse, je sais monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs que vous êtes pleinement conscients de tout cela.
Parmi vous, je veux vous dire que jai ressenti une grande volonté de combattre ladversité, une volonté de bâtir les conditions de lavenir. Je mesure toutes les difficultés quil vous faut surmonter, mais je discerne aussi les talents et les espoirs qui animent votre ville.
Je suis venu ici, Monsieur le Maire, pour saluer, pour encourager, pour épauler, pour remercier tous ceux qui, comme vous, donnent le meilleur deux même, et en faisant cela vous donnez à la France les chances de son succès.Source http://www.gouvernement.fr, le 10 novembre 2010