Interview de Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'outre-mer, dans "Le Journal de l'île de la Réunion" du 29 novembre 2010, sur le développement de Mayotte et de La Réunion dans le cadre de la départementalisation et le lancement de la télévision numérique terrestre en Outre-mer.

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Média : Journal de l'Ile de la Réunion

Texte intégral

1- Avant de débarquer à la Réunion ce soir, vous allez passez par Mayotte, qui deviendra département français en mars 2011. Quel a été votre message aux Mahorais ?
Je suis venue dire aux mahorais que l'Etat a tenu sa parole. Durant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s'était engagé à consulter les Mahorais sur le passage au statut de département. 95% de la population ayant demandé la transformation de Mayotte en DOM, le gouvernement s'est immédiatement attelé à cette tâche. Une première loi organique a été votée dès l'été 2009 pour prévoir la création du Département de Mayotte en mars 2011. Le vote de l'Assemblée Nationale le 23 novembre complète et organise cette évolution. Lors de mon dernier déplacement à Mayotte, je m'étais engagée à faire adopter ces projets de loi avant la fin de l'année. C'est le cas et je suis heureuse d'avoir partagée ce moment historique aux côtés de la population mahoraise quelques jours après le vote du Parlement.
2- Pensez-vous que le statut de département va régler les problèmes économiques et sociaux de Mayotte ?
Ce vote constitue une étape importante mais en aucun cas une fin en soi. Il nous appartient à présent, avec les élus de Mayotte et la population, de construire le développement économique et social de l'île dans ce cadre départemental. Ce fut précisément l'objet de mes échanges avec les élus mahorais. Beaucoup reste à faire, je suis absolument déterminée à accompagner le changement de statut pour faire de cette évolution une réussite. Toutes ces évolutions sont inscrites dans un pacte que le Président de la République avait présenté aux mahorais avant leur vote en 2009.
3- La Réunion est département français depuis 1946 et en dépit de 64 ans de départementalisation, sa situation économique demeure plus que jamais préoccupante. Comment l'expliquez-vous ?
L'organisation institutionnelle ne se substituera jamais au projet de territoire pour préparer l'avenir. En fonction du projet, c'est à la population et à ses élus de dire quelle est l'organisation la mieux adaptée. Mais l'activité économique, vous le savez comme moi, intègre bon nombre de paramètres : la situation locale et internationale, la confiance des ménages, l'inflation, etc A la Réunion, l'Etat accompagne les acteurs politiques et économiques. C'est ce que nous venons de faire avec le nouveau protocole de Matignon. L'Etat jouera pleinement son rôle de partenaire et tiendra ses engagements budgétaires.
4- Les Accords de Matignon 2 ont été signés depuis les premières semaines d'octobre dernier, pourquoi, selon vous, la Région tarde-t-elle à relancer la commande publique ?
Je ne pense pas que la Région retarde quoi que ce soit. La nouvelle équipe du Conseil Régional a souhaité revoir et adapter les projets qui avaient été imaginés par l'équipe précédente. Les électeurs réunionnais lui ont donné raison. Il faut maintenant lui laisser le temps de décliner son projet. Je constate avec satisfaction qu'en très peu de temps des initiatives concrètes ont été prises pour les réunionnaises et les réunionnais pour les aider dans leur vie quotidienne.
5- Durant votre court séjour, vous irez sur le site du Maïdo, récemment ravagé par un vaste incendie, faute notamment de moyens de lutte adapté. Ne pensez-vous pas qu'il serait opportun de doter l'île d'un avion bombardier d'eau dont l'efficacité ne fait aucun doute ?
Tout d'abord, je souhaite rendre hommage à l'exceptionnel travail réalisé par les pompiers réunionnais. Ils ont agi avec beaucoup de courage pour venir à bout de cet incendie important. Même si je me trouvais en Polynésie à ce moment là, j'ai suivi de près l'évolution du sinistre en liaison avec le Préfet. Je ne peux vous laisser dire que les moyens de lutte contre les incendies ne sont pas adaptés. Le conseil général a beaucoup œuvré pour organiser le SDIS et le doter de moyens. En ce qui concerne le bombardier d'eau, je tiens à vous rappeler que la sécurité civile a une flotte nationale, à disposition de l'ensemble du territoire. Cette mutualisation est inévitable en raison du coût élevé d'entretien de ces appareils. Mais, dès que cela s'avère nécessaire, ces moyens aériens sont envoyés sur site comme ce fut le cas à La Réunion. Pour mémoire, l'Etat a déployé un DASH 3, 120 militaires des Unité d'instruction et d'intervention de la sécurité civile et une section de sapeurs pompiers professionnels et volontaires du Var et des Bouches du Rhône.
6- Vous venez surtout pour lancer la TNT. Avec seulement dix chaînes contre une vingtaine et non des moindres en métropole, est-ce vraiment une révolution télévisuelle pour les Réunionnais ?
Passer de 4 chaînes en analogiques à 10 chaînes en numérique, oui je trouve qu'il s'agit d'une révolution. Je rappelle que ces 10 chaînes sont gratuites, ce qui en soit, est loin d'être négligeable notamment pour les ménages qui ne peuvent se payer des abonnements au câble ou pour le satellite et offrent une qualité d'image et de son bien meilleure. Là aussi, le Président de la République a tenu parole car le déploiement de la TNT en Outre-mer correspond à une promesse de sa campagne présidentielle. Il s'agit d'accélérer le désenclavement numérique des territoires ultramarins et de renforcer l'identité locale en permettant à RFO et à France Ô de valoriser les richesses culturelles.
7- N'est-ce pas plutôt une TNT au rabais car les téléspectateurs devront payer ici pour des chaînes comme TF1, M6… alors que les Français de l'hexagone les reçoivent gratuitement ?
Ce sont les patrons de chaînes qui décident ou non de figurer sur la TNT et pas l'Etat. De plus, j'estime que les chaînes qui sont disponibles sur le multiplex à la Réunion sont de grande qualité. Je suis certaine que les réunionnais sont gagnants par la gratuité de cette offre contrairement à ce que votre question sous-entend.
8- Les subventions permettant de capter le tout numérique à domicile ne sont toujours pas validés par le gouvernement. Pourquoi ce retard alors que la TNT est annoncée depuis déjà 2 ans ?
Il a fallu coordonner de nombreux intervenants. Mais un accord a été trouvé et le décret créant cette aide devrait être publié rapidement. Les aides seront effectivement versées en début d'année prochaine. A cet égard, je rappelle à la population qu'il faut conserver les factures ou les justificatifs d'achat.Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 2 décembre 2010