Texte intégral
M. Biraben et C. Roux.- M. Biraben : La ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, N. Kosciusko-Morizet, est l'invitée de La Matinale. Elle rentre de Cancun avec une bonne raison d'avoir le sourire : le processus de discussion de l'ONU est relancé. Moins réjouissant, elle sera aux côtés du Premier ministre aujourd'hui pour une réunion de préparation avant l'arrivée de la neige ! L'objectif ? Faire mieux que la semaine dernière - oh ! Ca ne devrait pas être trop compliqué ! N. Kosciusko-Morizet, bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : Soyez la bienvenue.
C. Roux : Bonjour. On va parler de la neige mais d'abord, je voudrais vous citer F. Fillon : « Le respect dû à la justice est un des fondements de l'État ». Est-ce que vous considérez qu'il s'agit d'un recadrage du ministre de l'Intérieur ?
Je crois surtout qu'il s'agit de mettre fin à une polémique sur laquelle faisaient front les uns et les autres et qui finalement n'avait pas lieu d'être, et puis en plus qui n'est pas au coeur des préoccupations des Français. Ce qui intéresse les Français, c'est que la chaîne sécurité police-justice fonctionne bien. Ce n'est pas les petites phrases.
C. Roux : Donc vous approuvez B. Hortefeux lorsqu'il commente une décision de justice ?
Je crois que le Premier ministre a dit très clairement que cette polémique prenait fin, donc je ne mets pas à mon tour de l'huile sur le feu.
C. Roux : Vous êtes un des ministres très importants, numéro 4 du Gouvernement. Est-ce que vous nous dites ce matin que le fait de ne pas commenter une décision de justice est un principe qui compte encore quand on est ministre de la République ?
Ah oui, c'est un principe. C'est un principe qui est lié en fait à la séparation entre l'exécutif et le judiciaire et qui est important ; bien sûr, oui.
C. Roux : Vous, c'est une règle que vous vous imposez ?
Oui. Je crois que c'est vraiment un principe. Ça ne veut pas dire que sous le coup de l'émotion, on ne peut pas être amené à avoir une expression personnelle qui déborde un peu, mais c'est un principe.
C. Roux : Donc B. Hortefeux est émotif.
Écoutez, comme on l'est tous. Heureusement ! Enfin, si on était des machines, vous nous le reprocheriez aussi.
M. Biraben : On passe à la neige.
C. Roux : On passe à la neige. De l'émotion encore puisqu'il y a une réunion aujourd'hui organisée autour du Premier ministre sur l'épisode neigeux comme on dit, et qui est annoncé pour la fin de la semaine. Est-ce que vous nous assurez ce matin que ça se passera mieux que la semaine dernière ?
Mais c'est comme à l'armée ! Les instructions pour que ça se passe bien ! Écoutez, moi je vous assure qu'on fait tout pour que ça se passe bien. On l'a fait toute la semaine dernière et on fait tout, en utilisant les retours d'expérience de la semaine dernière parce qu'on peut toujours s'améliorer, pour que ça se passe encore mieux. Encore mieux, ça veut dire essayer d'avoir la meilleure prise de décision au bon moment, parce qu'en fait il ne suffit pas d'avoir les bons morceaux dans le domino : il faut avoir les bonnes prises de décision au bon moment et d'essayer d'utiliser au mieux les moyens qui sont les nôtres, qui sont dimensionnés pour des épisodes climatiques moyens et qui nous imposent d'être encore toujours meilleurs et plus mobilisés quand l'épisode climatique est extrême.
C. Roux : Alors quelles sont les leçons concrètement que vous avez retenues de la dernière fois ? C'est par exemple plus d'information, plus de salage, bloquer les poids lourds sur la route plus tôt ?
Sur la base du retour d'expérience qui a été organisé par T. Mariani vendredi dernier, ça s'est pas mal passé dans les aéroports et dans les trains. On a un problème sur les bus, notamment en banlieue, en plus je le vois à partir de ma ville, Longjumeau. C'est que les parcours des bus, en fait, parcourent plusieurs communes et ce sont les communes qui sont en charge de dégager les voies. Donc vous pouvez très bien avoir sur le parcours une commune qui a dégagé et l'autre qui ne l'a pas encore fait, donc le bus ne peut pas passer. Donc là il y a un problème d'organisation. On a un problème sur la partie routière qui est le choix du bon moment pour arrêter les poids lourds. Rétrospectivement, on aurait pu arrêter les poids lourds plus tôt, quelques heures plus tôt. En même temps, c'est toujours facile à dire après parce qu'arrêter les poids lourds c'est une décision qui économiquement est assez lourde, qui fait perdre beaucoup aux entreprises de ce secteur-là et donc on essaye de le faire au meilleur moment. Et c'est vrai que quand on le fait trop tard, le poids lourd est sur la chaussée et à ce moment-là, ce n'est plus une question d'équipement contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là. La saleuse, elle ne peut pas passer donc la question ce n'est pas d'avoir plus de saleuses : c'est qu'il y a un moment où la saleuse elle ne peut plus passer.
C. Roux : Ça veut dire que vous n'allez pas mobiliser les moyens supplémentaires.
Ça veut dire que ce n'est pas forcément une question de moyens - j'insiste là-dessus. Et puis je dis aussi quelque chose ; on nous dit : « voilà comment ça se passe à Stockholm ». Bon, c'est aussi des pays qui ont un climat différent, à un moment il y a un arbitrage à faire. On peut choisir d'avoir plus d'équipements. Il faut savoir qu'un camion saleuse, c'est entre 100 000 et 200 000 euros ; un gros engin spécialisé, c'est 400 000 euros. Alors il faut être bien équipé, il ne faut pas être suréquipé. Moi je suis maire de banlieue, il y a de l'argent que je préfère qu'on investisse dans l'amélioration des lignes de bus ou RER plutôt que d'en acheter des équipements qui ne serviront qu'une fois tous les quinze ans.
C. Roux : T. Mariani, donc secrétaire d'État aux transports, a déclaré : « nous nous attendons à une semaine particulièrement délicate ».
Parce qu'on annonce de la neige !
C. Roux : Vous diriez ça aussi ? Vous prenez les devants d'une certaine manière ? Vous dites aux Français : « ça va être compliqué ».
Alors, il y a un dernier problème que je n'ai pas souligné tout à l'heure qui est la prise au sérieux des alertes. Moi je pense qu'il y a trop de Français aujourd'hui - mais c'est de notre faute, en fait - qui quand ils entendent « Alerte orange » dans leur département ne savent pas forcément ce que c'est et ils n'en tirent pas de conclusions particulières. Et je pense que c'est une réflexion qu'on doit avoir sur le type d'information qui accompagne l'alerte ou peut-être sur le fait de la rendre plus rare. Je veux dire, je demande aux Français qui nous écoutent d'ailleurs de se poser la question : vous entendez « Alerte orange » à la télé la veille au moment de la météo, est-ce que vous changez quelque chose à votre programme du lendemain ? Je suis sûre qu'il y a une majorité de Français qui ne changent rien.
C. Roux : Qu'est-ce que vous leur conseillez justement pour ce week-end, puisque là vous avez l'occasion de passer un message clair et ferme ? Il faut prendre sa voiture, ne pas prendre sa voiture, prendre le train ?
Quand on annonce de la neige, il faut se poser la question de la neige en quantité, il faut se poser la question de modifier son programme pour ne pas prendre sa voiture. Et puis une fois que la neige a commencé à tomber, il faut se renseigner auprès de Bison Futé, des numéros qui vont bien, pour vérifier que la voie est dégagée avant de la prendre, sinon en fait c'est aller remplir un bouchon et éventuellement un blocage. Je précise que les blocages, je le dis quand même, ont donné lieu à énormément de solidarité et ça, c'est un signal je trouve qui fait toujours chaud au coeur. Je prends l'exemple de Vélizy : il y a eu des milliers de personnes coincées dans Vélizy, c'est vrai. Ce n'est pas formidable et on n'en est pas heureux, mais enfin c'est aussi bien qu'il y ait eu des commerçants à Vélizy pour ouvrir grand leurs portes, pour proposer aux enfants de venir dormir dans le lit qui était là, et ça aussi ça fait chaud au coeur.
C. Roux : Juste une toute petite dernière question parce que c'est devenu le mot de la semaine : est-ce que la semaine dernière c'était la pagaille ? [Rires]
C. Roux : Oui ou non ? Dites-le.
Vous vous accrochez à des mots !
C. Roux : Parce que la parole politique engage et qu'elle a du poids pour nous, donc on écoute ce que nous dit le ministre de l'Intérieur.
Écoutez, je comprends que les Français qui se sont retrouvés bloqués une nuit entière, leur voiture arrêtée, avec les enfants qui voulaient dormir et qui avaient froid dedans aient trouvé qu'en tout cas c'était loin d'être formidable. Après chacun choisit ses termes.
M. Biraben : Bien pour le bulletin météo, sinon vous pouvez composer le numéro de téléphone du Premier ministre F. Fillon, il suit la météo de très près. On va passer à Cancun.
C. Roux : Oui. Vous avez des raisons de vous réjouir, ce qu'a dit tout à l'heure Maïtena, puisque vous venez de Cancun et on a reçu hier C. Duflot qui, elle, voit plutôt le verre à moitié vide puisqu'elle dit : « nous avons sauvé les négociations mais nous n'avons pas sauvé le climat ». Est-ce que vous reprendriez cette expression ?
Ah bien, elle a raison. Non mais elle a raison. Ce n'est pas la fin de l'histoire, Cancun. On n'a pas réussi encore à obtenir le grand accord dont rêve la France et que le président de la République défendait l'année dernière à Copenhague d'avoir toutes les nations du monde qui s'engagent sur des réductions d'émissions et c'est indispensable pour réussir à sauver le climat. Mais on a réussi à obtenir un accord là où depuis Copenhague il y avait du flottement et où certaines délégations étaient arrivées à Cancun en fait presque par solidarité et dans l'esprit de venir enterrer le système international de négociation. Je dis par solidarité parce que ça ne leur faisait pas forcément plaisir, mais certaines négociations, même les plus motivées, n'y croyaient pas. On a eu des chefs d'État ou d'anciens chefs d'État comme Lula qui disaient : « bien finalement, je ne vais pas à Cancun parce qu'il ne s'y passera rien ». Donc on arrivait quand même très profil bas et finalement, on a réussi à avoir un accord qui n'est pas la fin de l'histoire en matière de réduction d'émissions mais qui a vraiment du contenu et notamment du contenu pour les pays du sud. C'est-à-dire qu'un des enjeux, c'est de faire en sorte que les pays en développement n'empruntent pas le même sentier de développement que les pays du nord. Si tous les Chinois et plus encore tous les Africains, tous les Indiens, se mettent à se développer à l'américaine, on est sûr que la planète explose. Et Cancun, c'est un accord qui met en place des instruments pour faire en sorte que les p ays du sud puissent se développer mais avec tout de suite des technologies propres et des financements pour les accompagner.
C. Roux : Alors vous avez une suggestion de la fondation Hulot qui vous demande que le climat soit un sujet central de la présidence française du G20. Est-ce que vous allez peser dans ce sens ?
Mais le climat est un sujet de la présidence du G20.
C. Roux : Le sujet central.
Et pas seulement le climat : la gouvernance ; y compris la gouvernance mondiale en matière d'environnement. Parce qu'un des problèmes aujourd'hui, si vous avez des organisations mondiales très puissantes - l'organisation mondiale du commerce par exemple - et puis en matière d'environnement, c'est des séries de petites conventions qui pour la plupart sont issues du sommet de la Terre à Rio. Ça tombe bien : en 2012 il y a l'anniversaire, les 20 ans de Rio. Et c'est un Français, B. Lalonde, qui est chargé de l'organisation ; on va pouvoir, à cette occasion je crois, avancer sur notre projet d'organisation mondiale de l'environnement et en effet, la présidence française du G8/G20 peut être l'occasion de construire les briques qui permettront d'aboutir en 2012. (.../...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 décembre 2010
Bonjour.
M. Biraben : Soyez la bienvenue.
C. Roux : Bonjour. On va parler de la neige mais d'abord, je voudrais vous citer F. Fillon : « Le respect dû à la justice est un des fondements de l'État ». Est-ce que vous considérez qu'il s'agit d'un recadrage du ministre de l'Intérieur ?
Je crois surtout qu'il s'agit de mettre fin à une polémique sur laquelle faisaient front les uns et les autres et qui finalement n'avait pas lieu d'être, et puis en plus qui n'est pas au coeur des préoccupations des Français. Ce qui intéresse les Français, c'est que la chaîne sécurité police-justice fonctionne bien. Ce n'est pas les petites phrases.
C. Roux : Donc vous approuvez B. Hortefeux lorsqu'il commente une décision de justice ?
Je crois que le Premier ministre a dit très clairement que cette polémique prenait fin, donc je ne mets pas à mon tour de l'huile sur le feu.
C. Roux : Vous êtes un des ministres très importants, numéro 4 du Gouvernement. Est-ce que vous nous dites ce matin que le fait de ne pas commenter une décision de justice est un principe qui compte encore quand on est ministre de la République ?
Ah oui, c'est un principe. C'est un principe qui est lié en fait à la séparation entre l'exécutif et le judiciaire et qui est important ; bien sûr, oui.
C. Roux : Vous, c'est une règle que vous vous imposez ?
Oui. Je crois que c'est vraiment un principe. Ça ne veut pas dire que sous le coup de l'émotion, on ne peut pas être amené à avoir une expression personnelle qui déborde un peu, mais c'est un principe.
C. Roux : Donc B. Hortefeux est émotif.
Écoutez, comme on l'est tous. Heureusement ! Enfin, si on était des machines, vous nous le reprocheriez aussi.
M. Biraben : On passe à la neige.
C. Roux : On passe à la neige. De l'émotion encore puisqu'il y a une réunion aujourd'hui organisée autour du Premier ministre sur l'épisode neigeux comme on dit, et qui est annoncé pour la fin de la semaine. Est-ce que vous nous assurez ce matin que ça se passera mieux que la semaine dernière ?
Mais c'est comme à l'armée ! Les instructions pour que ça se passe bien ! Écoutez, moi je vous assure qu'on fait tout pour que ça se passe bien. On l'a fait toute la semaine dernière et on fait tout, en utilisant les retours d'expérience de la semaine dernière parce qu'on peut toujours s'améliorer, pour que ça se passe encore mieux. Encore mieux, ça veut dire essayer d'avoir la meilleure prise de décision au bon moment, parce qu'en fait il ne suffit pas d'avoir les bons morceaux dans le domino : il faut avoir les bonnes prises de décision au bon moment et d'essayer d'utiliser au mieux les moyens qui sont les nôtres, qui sont dimensionnés pour des épisodes climatiques moyens et qui nous imposent d'être encore toujours meilleurs et plus mobilisés quand l'épisode climatique est extrême.
C. Roux : Alors quelles sont les leçons concrètement que vous avez retenues de la dernière fois ? C'est par exemple plus d'information, plus de salage, bloquer les poids lourds sur la route plus tôt ?
Sur la base du retour d'expérience qui a été organisé par T. Mariani vendredi dernier, ça s'est pas mal passé dans les aéroports et dans les trains. On a un problème sur les bus, notamment en banlieue, en plus je le vois à partir de ma ville, Longjumeau. C'est que les parcours des bus, en fait, parcourent plusieurs communes et ce sont les communes qui sont en charge de dégager les voies. Donc vous pouvez très bien avoir sur le parcours une commune qui a dégagé et l'autre qui ne l'a pas encore fait, donc le bus ne peut pas passer. Donc là il y a un problème d'organisation. On a un problème sur la partie routière qui est le choix du bon moment pour arrêter les poids lourds. Rétrospectivement, on aurait pu arrêter les poids lourds plus tôt, quelques heures plus tôt. En même temps, c'est toujours facile à dire après parce qu'arrêter les poids lourds c'est une décision qui économiquement est assez lourde, qui fait perdre beaucoup aux entreprises de ce secteur-là et donc on essaye de le faire au meilleur moment. Et c'est vrai que quand on le fait trop tard, le poids lourd est sur la chaussée et à ce moment-là, ce n'est plus une question d'équipement contrairement à ce que j'ai pu lire ici ou là. La saleuse, elle ne peut pas passer donc la question ce n'est pas d'avoir plus de saleuses : c'est qu'il y a un moment où la saleuse elle ne peut plus passer.
C. Roux : Ça veut dire que vous n'allez pas mobiliser les moyens supplémentaires.
Ça veut dire que ce n'est pas forcément une question de moyens - j'insiste là-dessus. Et puis je dis aussi quelque chose ; on nous dit : « voilà comment ça se passe à Stockholm ». Bon, c'est aussi des pays qui ont un climat différent, à un moment il y a un arbitrage à faire. On peut choisir d'avoir plus d'équipements. Il faut savoir qu'un camion saleuse, c'est entre 100 000 et 200 000 euros ; un gros engin spécialisé, c'est 400 000 euros. Alors il faut être bien équipé, il ne faut pas être suréquipé. Moi je suis maire de banlieue, il y a de l'argent que je préfère qu'on investisse dans l'amélioration des lignes de bus ou RER plutôt que d'en acheter des équipements qui ne serviront qu'une fois tous les quinze ans.
C. Roux : T. Mariani, donc secrétaire d'État aux transports, a déclaré : « nous nous attendons à une semaine particulièrement délicate ».
Parce qu'on annonce de la neige !
C. Roux : Vous diriez ça aussi ? Vous prenez les devants d'une certaine manière ? Vous dites aux Français : « ça va être compliqué ».
Alors, il y a un dernier problème que je n'ai pas souligné tout à l'heure qui est la prise au sérieux des alertes. Moi je pense qu'il y a trop de Français aujourd'hui - mais c'est de notre faute, en fait - qui quand ils entendent « Alerte orange » dans leur département ne savent pas forcément ce que c'est et ils n'en tirent pas de conclusions particulières. Et je pense que c'est une réflexion qu'on doit avoir sur le type d'information qui accompagne l'alerte ou peut-être sur le fait de la rendre plus rare. Je veux dire, je demande aux Français qui nous écoutent d'ailleurs de se poser la question : vous entendez « Alerte orange » à la télé la veille au moment de la météo, est-ce que vous changez quelque chose à votre programme du lendemain ? Je suis sûre qu'il y a une majorité de Français qui ne changent rien.
C. Roux : Qu'est-ce que vous leur conseillez justement pour ce week-end, puisque là vous avez l'occasion de passer un message clair et ferme ? Il faut prendre sa voiture, ne pas prendre sa voiture, prendre le train ?
Quand on annonce de la neige, il faut se poser la question de la neige en quantité, il faut se poser la question de modifier son programme pour ne pas prendre sa voiture. Et puis une fois que la neige a commencé à tomber, il faut se renseigner auprès de Bison Futé, des numéros qui vont bien, pour vérifier que la voie est dégagée avant de la prendre, sinon en fait c'est aller remplir un bouchon et éventuellement un blocage. Je précise que les blocages, je le dis quand même, ont donné lieu à énormément de solidarité et ça, c'est un signal je trouve qui fait toujours chaud au coeur. Je prends l'exemple de Vélizy : il y a eu des milliers de personnes coincées dans Vélizy, c'est vrai. Ce n'est pas formidable et on n'en est pas heureux, mais enfin c'est aussi bien qu'il y ait eu des commerçants à Vélizy pour ouvrir grand leurs portes, pour proposer aux enfants de venir dormir dans le lit qui était là, et ça aussi ça fait chaud au coeur.
C. Roux : Juste une toute petite dernière question parce que c'est devenu le mot de la semaine : est-ce que la semaine dernière c'était la pagaille ? [Rires]
C. Roux : Oui ou non ? Dites-le.
Vous vous accrochez à des mots !
C. Roux : Parce que la parole politique engage et qu'elle a du poids pour nous, donc on écoute ce que nous dit le ministre de l'Intérieur.
Écoutez, je comprends que les Français qui se sont retrouvés bloqués une nuit entière, leur voiture arrêtée, avec les enfants qui voulaient dormir et qui avaient froid dedans aient trouvé qu'en tout cas c'était loin d'être formidable. Après chacun choisit ses termes.
M. Biraben : Bien pour le bulletin météo, sinon vous pouvez composer le numéro de téléphone du Premier ministre F. Fillon, il suit la météo de très près. On va passer à Cancun.
C. Roux : Oui. Vous avez des raisons de vous réjouir, ce qu'a dit tout à l'heure Maïtena, puisque vous venez de Cancun et on a reçu hier C. Duflot qui, elle, voit plutôt le verre à moitié vide puisqu'elle dit : « nous avons sauvé les négociations mais nous n'avons pas sauvé le climat ». Est-ce que vous reprendriez cette expression ?
Ah bien, elle a raison. Non mais elle a raison. Ce n'est pas la fin de l'histoire, Cancun. On n'a pas réussi encore à obtenir le grand accord dont rêve la France et que le président de la République défendait l'année dernière à Copenhague d'avoir toutes les nations du monde qui s'engagent sur des réductions d'émissions et c'est indispensable pour réussir à sauver le climat. Mais on a réussi à obtenir un accord là où depuis Copenhague il y avait du flottement et où certaines délégations étaient arrivées à Cancun en fait presque par solidarité et dans l'esprit de venir enterrer le système international de négociation. Je dis par solidarité parce que ça ne leur faisait pas forcément plaisir, mais certaines négociations, même les plus motivées, n'y croyaient pas. On a eu des chefs d'État ou d'anciens chefs d'État comme Lula qui disaient : « bien finalement, je ne vais pas à Cancun parce qu'il ne s'y passera rien ». Donc on arrivait quand même très profil bas et finalement, on a réussi à avoir un accord qui n'est pas la fin de l'histoire en matière de réduction d'émissions mais qui a vraiment du contenu et notamment du contenu pour les pays du sud. C'est-à-dire qu'un des enjeux, c'est de faire en sorte que les pays en développement n'empruntent pas le même sentier de développement que les pays du nord. Si tous les Chinois et plus encore tous les Africains, tous les Indiens, se mettent à se développer à l'américaine, on est sûr que la planète explose. Et Cancun, c'est un accord qui met en place des instruments pour faire en sorte que les p ays du sud puissent se développer mais avec tout de suite des technologies propres et des financements pour les accompagner.
C. Roux : Alors vous avez une suggestion de la fondation Hulot qui vous demande que le climat soit un sujet central de la présidence française du G20. Est-ce que vous allez peser dans ce sens ?
Mais le climat est un sujet de la présidence du G20.
C. Roux : Le sujet central.
Et pas seulement le climat : la gouvernance ; y compris la gouvernance mondiale en matière d'environnement. Parce qu'un des problèmes aujourd'hui, si vous avez des organisations mondiales très puissantes - l'organisation mondiale du commerce par exemple - et puis en matière d'environnement, c'est des séries de petites conventions qui pour la plupart sont issues du sommet de la Terre à Rio. Ça tombe bien : en 2012 il y a l'anniversaire, les 20 ans de Rio. Et c'est un Français, B. Lalonde, qui est chargé de l'organisation ; on va pouvoir, à cette occasion je crois, avancer sur notre projet d'organisation mondiale de l'environnement et en effet, la présidence française du G8/G20 peut être l'occasion de construire les briques qui permettront d'aboutir en 2012. (.../...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 décembre 2010