Texte intégral
Monsieur le Premier ministre, je voudrais d'abord vous remercier
de l'entretien que nous venons d'avoir et de l'accueil chaleureux
que vous m'avez réservé.
C'est mon premier déplacement au Royaume-uni en tant que
Premier ministre, je veux dire à la presse française que ça n'est
quand même pas tout à fait un évènement historique, car je suis
déjà venu en Grande-Bretagne accompagner un Premier ministre
qui était Jean-Pierre Raffarin, je crois en 2003 et 2004, je crois
que le Premier ministre Dominique de Villepin est venu en
Grande-Bretagne en 2005.
J'ai indiqué tout à l'heure à David Cameron que je pense que
nous devons intensifier les rencontres entre nos deux
gouvernements. Nous devons d'autant plus le faire que la
qualité des relations franco-britanniques a atteint un niveau
rarement égalé, grâce en particulier au sommet
franco-britannique de Londres et aux accords historiques qui ont
été passés en matière de défense, et dont j'ai eu l'occasion de
dire à plusieurs reprises qu'ils ne pouvaient avoir lieu qu'entre
deux nations soeurs, c'est-à-dire des nations dont le niveau de
confiance est tel qu'elles peuvent mettre en commun des choses
aussi fondamentales que leur sécurité.
J'avais déjà eu l'occasion de rencontrer David Cameron à Paris
en 2008 alors qu'il était le chef de l'opposition. Et j'avais déjà pu
apprécier à cette occasion le sens des responsabilités qui
l'animait.
En le rencontrant aujourd'hui je retrouve ses qualités auxquelles
j'ajouterais le courage et la capacité de leadership. Et c'est la
première chose que j'ai dit à David Cameron tout à l'heure, c'est
que le Gouvernement français est très admiratif de la politique
économique et financière qui est conduite en Grande-Bretagne,
du courage avec lequel le Gouvernement britannique a engagé
cet effort de redressement budgétaire. Je suis certain qu'il
portera ses fruits, pour la Grande-Bretagne naturellement, mais
aussi pour l'ensemble de l'Union européenne. Et je veux dire de
ce point de vue, que c'est un réconfort pour le chef du
Gouvernement français que de pouvoir comparer les politiques
qui sont conduites en matière financière, en matière budgétaire,
en matière économique et constater que des deux côtés de la
Manche, elles sont finalement très proches.
J'ajoute que nous sommes, français comme britanniques, très
sourcilleux de notre indépendance, nous sommes très sourcilleux
de notre souveraineté nationale. Eh bien notre souveraineté
nationale passe d'abord par la réduction de nos déficits et par le
retour à l'équilibre de nos finances publiques.
Nous avons ensuite évoqué la question de l'euro. Je veux redire
de nouveau que l'euro n'a pas besoin d'être sauvé. L'euro a
besoin d'être défendu. Et pour défendre l'euro nous avons
besoin, à l'intérieur de la zone euro, de renforcer notre
coopération. Les gouvernements de la zone euro ont besoin de
mettre en place un pilotage économique de cette zone.
Nous avons besoin de rapprocher progressivement dans une
vision de long terme nos fiscalités, notre organisation du travail,
notre organisation économique. On ne peut pas imaginer sur le
long terme une zone euro avec le maintien de différences aussi
grandes en matière de temps de travail, en matière d'âge de la
retraite, en matière d'organisation économique, de fiscalité. Et
donc si on veut que la zone euro se consolide il faut
impérativement que l'on rapproche les législations dans ces
domaines. Et ce que j'ai indiqué à David Cameron c'est que nous
souhaitons que la Grande-Bretagne observe, regarde, soutienne
ces efforts avec enthousiasme parce que c'est l'intérêt de la
Grande-Bretagne que d'avoir une zone euro forte.
Naturellement je ne suis venu demander à David Cameron ni
aide ni modification de la politique de la Grande-Bretagne
s'agissant de l'euro mais un regard positif sur cet effort
d'harmonisation, de cohérence, que nous allons entreprendre.
Nous avons évoqué la question du budget européen pour
constater que nous étions complètement en ligne sur la
nécessité de ne pas augmenter le budget européen. Et sur la
nécessité de réorienter une partie des dépenses de l'Union
européenne vers des actions plus efficaces en matière de
soutien à la croissance.
J'ai en particulier évoqué trois idées que la France veut défendre
au cours de cette année 2011 : le fonds européen des brevets,
la mise en place d'un fonds de capital risque pour les PME
innovantes et l'obligation pour la Commission et pour l'Union
européenne de réaliser des études d'impact avant chaque
décision pour constater quels sont les effets des décisions
européennes, des normes décidées par l'Europe sur nos
entreprises.
Enfin, nous avons évoqué nos coopérations bilatérales et en
particulier la possibilité de rapprocher nos secteurs industriels
notamment dans le domaine nucléaire en raison de la
coopération très étroite qui existe désormais entre la France et
la Grande-Bretagne sur ces sujets.
Et puis nous avons évoqué la lutte contre le terrorisme et je
voudrais remercier David Cameron pour le message de solidarité
qu'il a adressé au Président de la République française et qu'il
vient de renouveler à la suite des dramatiques incidents qui se
sont produits au Niger et qui montrent à quel point nos
démocraties doivent s'unir pour défendre ensemble leurs
valeurs. Puisque dans ces évènements tragiques, ce n'est pas le
Gouvernement français qui est attaqué, ce sont les valeurs des
démocraties et ce sont ces valeurs-là que nous partageons.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
La coopération entre la France et la Grande-Bretagne dans la
lutte contre le terrorisme est très étroite, elle est ancienne. Elle
n'a cessé de se renforcer et nous avons évoqué ensemble la
nécessité de la renforcer encore, notamment concernant la zone
sahélienne. L'objectif, s'agissant de la zone sahélienne, c'est
d'éviter à tout prix que ces mouvements terroristes étendent
considérablement leur influence au détriment des Etats
existants, au détriment des structures publiques qui sont déjà
très fragiles dans cette région du monde. Nous voyons bien que
nous sommes à un moment clé où ces Etats ont besoin d'être
encouragés, ont besoin d'être renforcés, ont besoin d'être aidés
dans la lutte contre le terrorisme. Et nous souhaitons y travailler
très étroitement ensemble avec la Grande-Bretagne.
S'agissant de la situation en Tunisie, puisque c'est la question
que vous posez, je veux dire que nous sommes extrêmement
préoccupés par cette situation, par la violence qui s'est
développée depuis quelques jours. Nous appelons instamment
l'ensemble des parties à faire preuve de retenue, à choisir la
voie du dialogue. On ne peut pas continuer dans cette utilisation
disproportionnée de la violence et le Gouvernement français fait
tous ces efforts pour convaincre le Gouvernement tunisien de
s'engager dans cette voie. Je note avec intérêt que des mesures
ont déjà été annoncées, en particulier la libération des
personnes qui avaient été arrêtées au début des émeutes. Il
faut absolument progresser dans cette voie. Et enfin j'ajoute
que, au-delà des problèmes politiques intérieurs à ces pays, qui
doivent être résolus par la voie la plus démocratique, il y a un
problème de développement économique. Et ces problèmes sont
liés. Et là, nous avons une action que nous pouvons conduire
ensemble, l'Union européenne, pour apporter des aides au
développement plus efficaces à cette région du Maghreb, avec
laquelle nous avons des liens historiques, que chacun connaît
bien.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
Si votre question peut se résumer à la question suivante : est-ce
que la politique d'assimilation que j'ai toujours défendue, peut
fonctionner avec une femme anglaise ? La réponse est non.
Deuxièmement, il ne faut quand même pas exagérer les
différences entre nos deux pays. Je disais tout à l'heure qu'il y a
beaucoup de coquetterie dans la mise en avant de nos
divergences. La vérité est que depuis des années nous avons
progressé les uns vers les autres en termes d'organisation, et
même en termes idéologiques. Je pense que la Grande-Bretagne
reconnaît aujourd'hui qu'il est nécessaire parfois de donner des
impulsions pour mettre en oeuvre des filières industrielles, et la
France a fait beaucoup d'efforts pour ouvrir son marché. C'est
aujourd'hui un des pays les plus ouverts du monde, en tout cas
un des pays les plus ouverts en Europe, et j'en faisais la
démonstration ce matin en m'exprimant à la City.
Troisièmement, comme vient de le dire David à l'instant, nous
ne demandons pas à la Grande-Bretagne de rentrer dans la zone
euro. Et l'effort de cohérence, nécessaire à l'intérieur de la zone
euro, ne concerne pas la Grande-Bretagne. Ce que nous
demandons c'est que la Grande-Bretagne, comment dirais-je, ne
s'offusque pas de cet effort. Ne le considère pas comme
dangereux pour elle. Ne le considère pas comme une sorte de
différence qui pourrait s'installer entre la zone euro et les pays
qui n'y sont pas.
Nous avons fait deux choix différents. A l'époque ce choix était
très discuté dans mon pays, j'ai fait partie de ceux qui s'y
étaient opposés. Et lorsque nous nous opposions à ce choix,
avec un certain nombre de responsables politiques français,
nous disions très exactement ce qui est en train de se produire
aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on peut avoir une monnaie commune
à condition d'avoir un gouvernement économique commun, à
condition d'avoir une politique économique harmonisée, à
condition d'avoir plus de convergence fiscale et sociale.
Eh bien aujourd'hui on y est, on est devant une obligation
historique, celle de consolider cette zone euro et donc nous
devons aller vers cette convergence. Mais nous comprenons
parfaitement que les Anglais veuillent rester des Anglais. Et
encore une fois, même si nous ne le comprenions pas, nous ne
parviendrions pas à vous convaincre du contraire.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
C'est une préoccupation pour tous les gouvernements
européens, j'ai envie de dire c'est une préoccupation pour tous
les démocrates dans nos pays qui ne peuvent pas voir d'un bon
oeil monter finalement une intolérance et une sorte de repli sur
soi qui ont toujours mené dans l'histoire à de très mauvais
résultats. Et donc nous sommes mobilisés pour lutter contre la
montée de ces extrémismes et la meilleure façon de lutter
contre la montée de ces extrémismes c'est de dire la vérité,
d'assumer les politiques que nous conduisons, d'affronter la
réalité.
C'est la raison pour laquelle à la tête du Gouvernement français
je n'ai cessé de défendre une politique de rigueur, une politique
d'assainissement des finances publiques, parce que c'est une
nécessité pour défendre la souveraineté nationale, pour
défendre l'indépendance nationale. C'est la raison pour laquelle
j'ai toujours soutenu une politique qui défende notre identité
nationale à l'intérieur de l'ensemble européen.
J'évoquais tout à l'heure les convergences nécessaires des
politiques fiscales, des politiques sociales, des politiques
économiques. Aucune de ces convergences ne revient à
remettre en cause les différences essentielles, culturelles qui
existent entre nos peuples et qui doivent s'additionner. Et enfin
j'ajoute que nous avons évoqué la lutte contre le terrorisme, la
montée de cet islamisme radical, qui vient jeter une lumière, qui
est une mauvaise lumière, sur toute une région du monde.
Notre coopération pour lutter contre la montée de cet islamisme
radical, notre coopération pour essayer d'apporter des réponses
aux conflits qui sont à l'origine de la montée de cet islamisme
radical, sont aussi des réponses à la montée de ces
mouvements extrémistes.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
Je voudrais à mon tour dire toute ma confiance dans le
gouvernement de monsieur Socrates et indiquer à quel point il y
a un caractère irrationnel dans une partie des attaques contre
les pays de la zone euro. Comme David vient de le dire à
l'instant, la zone euro n'est pas la plus endettée du monde, et le
Portugal conduit aujourd'hui, et depuis plusieurs mois, une
politique extrêmement rigoureuse de réduction de la dépense
publique, de réorganisation de son économie, qui correspond
parfaitement aux attentes qui étaient celles de l'ensemble des
partenaires européens. Est-ce qu'il y a besoin d'argent
supplémentaire aujourd'hui ? La réponse est non. Il y a un fonds
qui a été mis en place, il y a surtout toute une série de
démarches en terme de discipline budgétaire, de surveillance de
ce que les Etats font, qui doit maintenant être réalisée.
On doit passer des déclarations, des accords de principe à la
mise en oeuvre précise des mécanismes qui vont permettre de
surveiller ce que les Etats font, et le cas échéant d'obtenir les
corrections de trajectoire nécessaires. Si demain des besoins
supplémentaires apparaissaient ce que j'ai dit, ce que le
président de la République française a dit à plusieurs reprises, et
ce que la Chancelière allemande a également répété, c'est que
nous ferons tout pour consolider l'euro, tout, absolument tout ce
qui sera nécessaire.
Par rapport à l'attitude de la Grande-Bretagne je n'ai aucune
remarque à faire sur la coopération de la Grande-Bretagne qui,
au fond, a joué pleinement le rôle qui devait être le sien depuis
le début de cette crise. Je rappelle d'ailleurs que c'est la
Grande-Bretagne et la France qui, au début de la crise
financière, ont pris les décisions, les initiatives nécessaires qui
ont permis d'éviter que la crise ne connaisse une aggravation
bien supérieure à ce que nous avons connu. Et aujourd'hui le
gouvernement de David Cameron a fait exactement ce qu'il
fallait faire, pour que la solidarité européenne soit totale, tout
en tenant compte du fait que la Grande-Bretagne n'est pas dans
la zone euro et qu'elle n'a pas les mêmes responsabilités de ce
fait.Source http://www.gouvernement.fr, le 14 janvier 2011
de l'entretien que nous venons d'avoir et de l'accueil chaleureux
que vous m'avez réservé.
C'est mon premier déplacement au Royaume-uni en tant que
Premier ministre, je veux dire à la presse française que ça n'est
quand même pas tout à fait un évènement historique, car je suis
déjà venu en Grande-Bretagne accompagner un Premier ministre
qui était Jean-Pierre Raffarin, je crois en 2003 et 2004, je crois
que le Premier ministre Dominique de Villepin est venu en
Grande-Bretagne en 2005.
J'ai indiqué tout à l'heure à David Cameron que je pense que
nous devons intensifier les rencontres entre nos deux
gouvernements. Nous devons d'autant plus le faire que la
qualité des relations franco-britanniques a atteint un niveau
rarement égalé, grâce en particulier au sommet
franco-britannique de Londres et aux accords historiques qui ont
été passés en matière de défense, et dont j'ai eu l'occasion de
dire à plusieurs reprises qu'ils ne pouvaient avoir lieu qu'entre
deux nations soeurs, c'est-à-dire des nations dont le niveau de
confiance est tel qu'elles peuvent mettre en commun des choses
aussi fondamentales que leur sécurité.
J'avais déjà eu l'occasion de rencontrer David Cameron à Paris
en 2008 alors qu'il était le chef de l'opposition. Et j'avais déjà pu
apprécier à cette occasion le sens des responsabilités qui
l'animait.
En le rencontrant aujourd'hui je retrouve ses qualités auxquelles
j'ajouterais le courage et la capacité de leadership. Et c'est la
première chose que j'ai dit à David Cameron tout à l'heure, c'est
que le Gouvernement français est très admiratif de la politique
économique et financière qui est conduite en Grande-Bretagne,
du courage avec lequel le Gouvernement britannique a engagé
cet effort de redressement budgétaire. Je suis certain qu'il
portera ses fruits, pour la Grande-Bretagne naturellement, mais
aussi pour l'ensemble de l'Union européenne. Et je veux dire de
ce point de vue, que c'est un réconfort pour le chef du
Gouvernement français que de pouvoir comparer les politiques
qui sont conduites en matière financière, en matière budgétaire,
en matière économique et constater que des deux côtés de la
Manche, elles sont finalement très proches.
J'ajoute que nous sommes, français comme britanniques, très
sourcilleux de notre indépendance, nous sommes très sourcilleux
de notre souveraineté nationale. Eh bien notre souveraineté
nationale passe d'abord par la réduction de nos déficits et par le
retour à l'équilibre de nos finances publiques.
Nous avons ensuite évoqué la question de l'euro. Je veux redire
de nouveau que l'euro n'a pas besoin d'être sauvé. L'euro a
besoin d'être défendu. Et pour défendre l'euro nous avons
besoin, à l'intérieur de la zone euro, de renforcer notre
coopération. Les gouvernements de la zone euro ont besoin de
mettre en place un pilotage économique de cette zone.
Nous avons besoin de rapprocher progressivement dans une
vision de long terme nos fiscalités, notre organisation du travail,
notre organisation économique. On ne peut pas imaginer sur le
long terme une zone euro avec le maintien de différences aussi
grandes en matière de temps de travail, en matière d'âge de la
retraite, en matière d'organisation économique, de fiscalité. Et
donc si on veut que la zone euro se consolide il faut
impérativement que l'on rapproche les législations dans ces
domaines. Et ce que j'ai indiqué à David Cameron c'est que nous
souhaitons que la Grande-Bretagne observe, regarde, soutienne
ces efforts avec enthousiasme parce que c'est l'intérêt de la
Grande-Bretagne que d'avoir une zone euro forte.
Naturellement je ne suis venu demander à David Cameron ni
aide ni modification de la politique de la Grande-Bretagne
s'agissant de l'euro mais un regard positif sur cet effort
d'harmonisation, de cohérence, que nous allons entreprendre.
Nous avons évoqué la question du budget européen pour
constater que nous étions complètement en ligne sur la
nécessité de ne pas augmenter le budget européen. Et sur la
nécessité de réorienter une partie des dépenses de l'Union
européenne vers des actions plus efficaces en matière de
soutien à la croissance.
J'ai en particulier évoqué trois idées que la France veut défendre
au cours de cette année 2011 : le fonds européen des brevets,
la mise en place d'un fonds de capital risque pour les PME
innovantes et l'obligation pour la Commission et pour l'Union
européenne de réaliser des études d'impact avant chaque
décision pour constater quels sont les effets des décisions
européennes, des normes décidées par l'Europe sur nos
entreprises.
Enfin, nous avons évoqué nos coopérations bilatérales et en
particulier la possibilité de rapprocher nos secteurs industriels
notamment dans le domaine nucléaire en raison de la
coopération très étroite qui existe désormais entre la France et
la Grande-Bretagne sur ces sujets.
Et puis nous avons évoqué la lutte contre le terrorisme et je
voudrais remercier David Cameron pour le message de solidarité
qu'il a adressé au Président de la République française et qu'il
vient de renouveler à la suite des dramatiques incidents qui se
sont produits au Niger et qui montrent à quel point nos
démocraties doivent s'unir pour défendre ensemble leurs
valeurs. Puisque dans ces évènements tragiques, ce n'est pas le
Gouvernement français qui est attaqué, ce sont les valeurs des
démocraties et ce sont ces valeurs-là que nous partageons.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
La coopération entre la France et la Grande-Bretagne dans la
lutte contre le terrorisme est très étroite, elle est ancienne. Elle
n'a cessé de se renforcer et nous avons évoqué ensemble la
nécessité de la renforcer encore, notamment concernant la zone
sahélienne. L'objectif, s'agissant de la zone sahélienne, c'est
d'éviter à tout prix que ces mouvements terroristes étendent
considérablement leur influence au détriment des Etats
existants, au détriment des structures publiques qui sont déjà
très fragiles dans cette région du monde. Nous voyons bien que
nous sommes à un moment clé où ces Etats ont besoin d'être
encouragés, ont besoin d'être renforcés, ont besoin d'être aidés
dans la lutte contre le terrorisme. Et nous souhaitons y travailler
très étroitement ensemble avec la Grande-Bretagne.
S'agissant de la situation en Tunisie, puisque c'est la question
que vous posez, je veux dire que nous sommes extrêmement
préoccupés par cette situation, par la violence qui s'est
développée depuis quelques jours. Nous appelons instamment
l'ensemble des parties à faire preuve de retenue, à choisir la
voie du dialogue. On ne peut pas continuer dans cette utilisation
disproportionnée de la violence et le Gouvernement français fait
tous ces efforts pour convaincre le Gouvernement tunisien de
s'engager dans cette voie. Je note avec intérêt que des mesures
ont déjà été annoncées, en particulier la libération des
personnes qui avaient été arrêtées au début des émeutes. Il
faut absolument progresser dans cette voie. Et enfin j'ajoute
que, au-delà des problèmes politiques intérieurs à ces pays, qui
doivent être résolus par la voie la plus démocratique, il y a un
problème de développement économique. Et ces problèmes sont
liés. Et là, nous avons une action que nous pouvons conduire
ensemble, l'Union européenne, pour apporter des aides au
développement plus efficaces à cette région du Maghreb, avec
laquelle nous avons des liens historiques, que chacun connaît
bien.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
Si votre question peut se résumer à la question suivante : est-ce
que la politique d'assimilation que j'ai toujours défendue, peut
fonctionner avec une femme anglaise ? La réponse est non.
Deuxièmement, il ne faut quand même pas exagérer les
différences entre nos deux pays. Je disais tout à l'heure qu'il y a
beaucoup de coquetterie dans la mise en avant de nos
divergences. La vérité est que depuis des années nous avons
progressé les uns vers les autres en termes d'organisation, et
même en termes idéologiques. Je pense que la Grande-Bretagne
reconnaît aujourd'hui qu'il est nécessaire parfois de donner des
impulsions pour mettre en oeuvre des filières industrielles, et la
France a fait beaucoup d'efforts pour ouvrir son marché. C'est
aujourd'hui un des pays les plus ouverts du monde, en tout cas
un des pays les plus ouverts en Europe, et j'en faisais la
démonstration ce matin en m'exprimant à la City.
Troisièmement, comme vient de le dire David à l'instant, nous
ne demandons pas à la Grande-Bretagne de rentrer dans la zone
euro. Et l'effort de cohérence, nécessaire à l'intérieur de la zone
euro, ne concerne pas la Grande-Bretagne. Ce que nous
demandons c'est que la Grande-Bretagne, comment dirais-je, ne
s'offusque pas de cet effort. Ne le considère pas comme
dangereux pour elle. Ne le considère pas comme une sorte de
différence qui pourrait s'installer entre la zone euro et les pays
qui n'y sont pas.
Nous avons fait deux choix différents. A l'époque ce choix était
très discuté dans mon pays, j'ai fait partie de ceux qui s'y
étaient opposés. Et lorsque nous nous opposions à ce choix,
avec un certain nombre de responsables politiques français,
nous disions très exactement ce qui est en train de se produire
aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on peut avoir une monnaie commune
à condition d'avoir un gouvernement économique commun, à
condition d'avoir une politique économique harmonisée, à
condition d'avoir plus de convergence fiscale et sociale.
Eh bien aujourd'hui on y est, on est devant une obligation
historique, celle de consolider cette zone euro et donc nous
devons aller vers cette convergence. Mais nous comprenons
parfaitement que les Anglais veuillent rester des Anglais. Et
encore une fois, même si nous ne le comprenions pas, nous ne
parviendrions pas à vous convaincre du contraire.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
C'est une préoccupation pour tous les gouvernements
européens, j'ai envie de dire c'est une préoccupation pour tous
les démocrates dans nos pays qui ne peuvent pas voir d'un bon
oeil monter finalement une intolérance et une sorte de repli sur
soi qui ont toujours mené dans l'histoire à de très mauvais
résultats. Et donc nous sommes mobilisés pour lutter contre la
montée de ces extrémismes et la meilleure façon de lutter
contre la montée de ces extrémismes c'est de dire la vérité,
d'assumer les politiques que nous conduisons, d'affronter la
réalité.
C'est la raison pour laquelle à la tête du Gouvernement français
je n'ai cessé de défendre une politique de rigueur, une politique
d'assainissement des finances publiques, parce que c'est une
nécessité pour défendre la souveraineté nationale, pour
défendre l'indépendance nationale. C'est la raison pour laquelle
j'ai toujours soutenu une politique qui défende notre identité
nationale à l'intérieur de l'ensemble européen.
J'évoquais tout à l'heure les convergences nécessaires des
politiques fiscales, des politiques sociales, des politiques
économiques. Aucune de ces convergences ne revient à
remettre en cause les différences essentielles, culturelles qui
existent entre nos peuples et qui doivent s'additionner. Et enfin
j'ajoute que nous avons évoqué la lutte contre le terrorisme, la
montée de cet islamisme radical, qui vient jeter une lumière, qui
est une mauvaise lumière, sur toute une région du monde.
Notre coopération pour lutter contre la montée de cet islamisme
radical, notre coopération pour essayer d'apporter des réponses
aux conflits qui sont à l'origine de la montée de cet islamisme
radical, sont aussi des réponses à la montée de ces
mouvements extrémistes.
* Réponse du Premier ministre François Fillon
Je voudrais à mon tour dire toute ma confiance dans le
gouvernement de monsieur Socrates et indiquer à quel point il y
a un caractère irrationnel dans une partie des attaques contre
les pays de la zone euro. Comme David vient de le dire à
l'instant, la zone euro n'est pas la plus endettée du monde, et le
Portugal conduit aujourd'hui, et depuis plusieurs mois, une
politique extrêmement rigoureuse de réduction de la dépense
publique, de réorganisation de son économie, qui correspond
parfaitement aux attentes qui étaient celles de l'ensemble des
partenaires européens. Est-ce qu'il y a besoin d'argent
supplémentaire aujourd'hui ? La réponse est non. Il y a un fonds
qui a été mis en place, il y a surtout toute une série de
démarches en terme de discipline budgétaire, de surveillance de
ce que les Etats font, qui doit maintenant être réalisée.
On doit passer des déclarations, des accords de principe à la
mise en oeuvre précise des mécanismes qui vont permettre de
surveiller ce que les Etats font, et le cas échéant d'obtenir les
corrections de trajectoire nécessaires. Si demain des besoins
supplémentaires apparaissaient ce que j'ai dit, ce que le
président de la République française a dit à plusieurs reprises, et
ce que la Chancelière allemande a également répété, c'est que
nous ferons tout pour consolider l'euro, tout, absolument tout ce
qui sera nécessaire.
Par rapport à l'attitude de la Grande-Bretagne je n'ai aucune
remarque à faire sur la coopération de la Grande-Bretagne qui,
au fond, a joué pleinement le rôle qui devait être le sien depuis
le début de cette crise. Je rappelle d'ailleurs que c'est la
Grande-Bretagne et la France qui, au début de la crise
financière, ont pris les décisions, les initiatives nécessaires qui
ont permis d'éviter que la crise ne connaisse une aggravation
bien supérieure à ce que nous avons connu. Et aujourd'hui le
gouvernement de David Cameron a fait exactement ce qu'il
fallait faire, pour que la solidarité européenne soit totale, tout
en tenant compte du fait que la Grande-Bretagne n'est pas dans
la zone euro et qu'elle n'a pas les mêmes responsabilités de ce
fait.Source http://www.gouvernement.fr, le 14 janvier 2011