Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le soutien et l'aide de la France aux Palestiniens et à la défense des droits de l'homme, notamment à la levée du blocus israélien contre Gaza, Gaza le 21 janvier 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Tournée de Michèle Alliot-Marie au Proche-Orient du 21 au 23 janvier 2011 : rencontre avec un groupe d'élèves des écoles de l'UNRWA lors de sa visite à Gaza le 21

Texte intégral

C'est important pour moi de venir à Gaza pour voir moi-même, au-delà de ce que disent les journaux, au-delà des dossiers, la réalité de la ville, la réalité de votre vie. C'est pour moi très important de vous rencontrer et de vous écouter. C'est d'autant plus important que vous avez la vision à la fois de l'extérieur et de l'intérieur. De l'intérieur parce que vous vivez ici et de l'extérieur parce que vous vous êtes rendus dans d'autres pays, que vous avez pu faire des comparaisons, que vous avez pu discuter avec des personnes qui peuvent avoir une autre vision, une autre culture, une autre appréhension du monde et des relations entre les hommes et les femmes que celles qui peuvent exister ici. On gagne toujours à se rencontrer et à s'écouter et c'est peut-être le premier des droits de l'Homme que de pouvoir être écouté. La France est le pays qui a le premier exprimé les droits de l'Homme et les droits des citoyens. Et cela nous crée aussi un devoir. Le devoir de comprendre les autres, le devoir aussi de faire comprendre un certain nombre de principes, un certain nombre de valeurs et un certain nombre de règles.
La France est l'amie des Palestiniens, elle l'a exprimé à de nombreuses reprises. Elle l'exprime d'une façon très concrète par le soutien qu'elle apporte, notamment, à une institution comme celle que vous incarnez aujourd'hui. 30 % de l'aide que la France apporte aux Palestiniens est destinée à Gaza. Il s'agit de permettre à chacun des habitants, à Gaza comme en Cisjordanie, de pouvoir recevoir ce qui va lui permettre de réussir sa vie. Réussir sa vie, c'est pouvoir avoir un métier, une famille, une certitude que l'avenir sera meilleur, c'est pouvoir aussi discuter avec les autres. C'est pourquoi nous essayons d'aider à la fois au développement économique, parce qu'il y en a besoin pour créer des emplois ; d'aider à la préservation de la santé, car c'est la première chose dans la vie ; et d'aider à la formation et à la culture.
C'est notre volonté. Nous le faisons concrètement, nous le faisons également sur le plan politique en appelant à la levée du blocus. Vous savez, je tiens le même langage partout, parce que dire la vérité aux gens, dire la même chose, c'est aussi la première des honnêtetés et c'est comme cela que l'on peut vraiment se parler en confiance. Hier, quand j'ai rencontré les autorités israéliennes, je leur ai dit que j'estimais nécessaire que le blocus, qui a commencé à être levé, le soit complètement. Qu'il le soit pour que les matériaux dont on a besoin ici pour construire des maisons, des magasins ou des entreprises, puissent arriver ; qu'il soit levé pour que les produits alimentaires arrivent facilement et rapidement ; qu'il soit levé aussi pour que ce qui est produit ici puisse être exporté à l'extérieur et donc permettre d'apporter de la richesse et de créer des emplois ici. Et puis aussi qu'il soit levé pour les personnes. Vous avez pu voyager à l'extérieur, mais je sais que ce n'est pas le cas pour tout le monde et c'est important pour les gens de pouvoir aller à l'extérieur, de pouvoir revenir, de pouvoir être visités, c'est important pour les familles, pour les amis.
Bien sûr, il y a des problèmes qui demeurent. Vous évoquiez tout à l'heure le problème des prisonniers. Je comprends la tristesse des mères, des femmes ou des enfants de ceux qui sont prisonniers. Mais il est important aussi au titre des droits de l'Homme que la loi s'applique, que la justice s'applique. Pour vivre ensemble en société d'une façon paisible, il faut qu'il y ait des lois et il faut que ces lois soient respectées et quand elles ne sont pas respectées, il doit y avoir des procédures régulières pour que les gens éventuellement aient une punition, qui ensuite leur permette de retourner dans la société et d'effacer ce qui leur a été reproché. Il faut simplement que la loi soit appliquée justement. Avant d'être ministre des Affaires étrangères, j'étais ministre de la Justice. C'était aussi mon rôle que de faire appliquer la loi et de faire respecter dans le même temps les libertés. Parce que j'étais ministre de la Justice et des Libertés.
Je ne sais pas ce que vous choisirez comme profession les uns et les autres par la suite, mais je crois que ce que vous avez appris, ce que vous continuez à apprendre sur les droits de l'Homme, sur les libertés, sur le respect du droit, c'est quelque chose qui devra toujours guider votre vie, comme devra le faire aussi le souci de toujours respecter celui qui est votre interlocuteur. Dans la vie on peut ne pas être toujours d'accord avec quelqu'un, même dans sa propre famille, mais il faut le respecter, admettre qu'il ou qu'elle ait des idées différentes et toujours accepter de parler et de dialoguer. Parce que nous sommes tous des hommes et des femmes avec leurs soucis, avec leurs préoccupations, avec leurs aspirations et c'est finalement en dialoguant que l'on fait avancer les choses. Dites-vous également que dans la vie, quand on a vraiment envie de quelque chose, quand on a vraiment envie de la liberté, quand on a vraiment envie de réussir dans sa profession, on y arrive toujours, à condition de travailler, de toujours essayer de progresser, de toujours accueillir celui qui vous tend la main.
Vous avez, les uns et les autres, l'avenir devant vous. Vous avez beaucoup de qualités, je les ai appréciées ce matin. Comme on est en début d'année, je vais vous souhaiter une très bonne année 2011 à vous et vos familles, et puis encore ensuite de très belles années où vous pourrez mettre en oeuvre votre volonté de développer, de mieux faire comprendre aux autres ce que sont les droits de l'Homme. Je pense que l'on peut terminer en remerciant très chaleureusement tous ceux qui vous ont formé, tous ceux qui contribuent à votre formation, à votre ouverture et à votre établissement.
Très bonne année.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 janvier 2011