Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur l'assassinat de deux jeunes Français au Niger, à l'Assemblée nationale le 11 janvier 2011.

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Circonstance : Question posée par M. Christian Vanneste, député (UMP) du Nord lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 11 janvier 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député Christian Vanneste,
Je voudrais vous remercier d'avoir été, avec le maire de Linselles et le préfet de la région dans les premiers instants pour porter l'amitié et la fraternité de la République auprès des familles éprouvées.
Je voudrais rappeler les faits. Vendredi, deux jeunes Français ont été enlevés dans un restaurant en plein coeur de Niamey, dans une zone qui n'était pas considérée jusqu'à maintenant comme une zone à haut risque. Très vite, les ravisseurs ont été poursuivis par les forces de sécurité nigériennes. Très vite aussi, les forces de sécurité nigériennes ont fait une demande officielle auprès du gouvernement français pour obtenir l'assistance militaire de la France. Nous avons apporté cette assistance sous force de renseignements ; les avions permettant d'observer les véhicules ont décollé et en mettant en alerte des forces capables d'intervenir.
Une première tentative a été faite par les forces nigériennes pour tenter de stopper les ravisseurs, elle a échoué. Au cours de cette tentative, d'ailleurs, un officier nigérien a été blessé. Au moment où nous avons constaté que les ravisseurs allaient quitter, et avaient d'ailleurs déjà quitté le territoire du Niger, s'engager au Mali et se rapprocher des zones-refuges où sont sans doute retenus les otages français qui ont été enlevés à Arlit, et dont nous savons que ce sont des zones qui sont extraordinairement difficiles d'accès, nous avons pris la décision d'intervenir.
30 militaires français héliportés et parachutés, sont entrés en contact avec cette colonne, il y a eu des combats extrêmement violents, et à l'issue de ces combats qui ont été très brefs, les ravisseurs ont été neutralisés, mais nos soldats ont découvert les corps sans vie exécutés des deux Français. Je dis « exécutés », selon toutes les indications qui m'ont été fournies, à la fois par les militaires français et par les médecins qui les ont examinés, mais naturellement une autopsie aura lieu dans le cadre de l'enquête qui est en cours. 4 ravisseurs ont été tués, 2 ont été fait prisonniers, ils ont été remis aux autorités nigériennes, qui actuellement les interrogent avec le concours de la justice française.
La décision que nous avons prise, je veux le redire à nouveau, c'est une décision difficile, mais que nous ne pouvions pas ne pas prendre, pour plusieurs raisons.
D'abord parce qu'il y avait une demande expresse du gouvernement nigérien. Je veux rappeler que chaque jour depuis plusieurs années, nous demandons aux gouvernements de cette région de s'organiser pour lutter efficacement contre le terrorisme. Nous les aidons à former leurs forces de sécurité, nous leur fournissons du matériel, ce n'est pas au moment où ils avaient engagés clairement une action contre les ravisseurs que nous devions refuser de les aider.
Deuxièmement, nous savons que c'est dans cette période du trajet de départ et avant que les ravisseurs passent la frontière malienne qu'il y avait le plus de chance de sauver la vie des 2 otages.
Enfin, je veux dire que la meilleure façon d'assurer la sécurité des Français dans cette région, c'est aussi de montrer de la fermeté dans l'engagement des pays de la région et de la France à lutter contre le terrorisme, et c'est aussi en pensant à la sécurité de nos concitoyens dans cette région que nous avons décidé d'agir.
Voilà, mesdames et messieurs les députés, ce qui s'est produit. Les aléas d'une opération militaire n'ont pas permis qu'elle se termine heureusement. Mais je veux dire qu'avec le Président de la République et l'ensemble du Gouvernement, j'assume la décision qui a été prise parce que, je crois que nous luttons contre des terroristes qui combattent les valeurs qui sont les nôtres, la liberté, le progrès, la tolérance et nous ne devons pas piétiner ces valeurs.Source http://www.gouvernement.fr, le 12 janvier 2011