Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur l'importance des partenariats public privé pour la construction d'enceintes sportives et la réforme de l'administration du sport, au Mans (Sarthe) le 29 janvier 2011.

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Circonstance : Inauguration du stade MMArena, au Mans (Sarthe) le 29 janvier 2011

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Messieurs et chers amis, je voudrais vous dire combien avec Chantal Jouanno, le ministre des sports, je suis heureux de vous retrouver pour inaugurer ce matin le MMArena. C'est un événement, c'est un événement pour Le Mans d'abord Monsieur le maire, c'est un événement pour la Sarthe, c'est un événement pour les Pays de la Loire, mais c'est aussi un événement qui a une signification nationale.
D'abord parce que ce projet, on vient de le dire, est un projet nouveau en France, c'est le premier exemple de ce qu'on appelle le "naming". On peut dire le "nommage" si on veut, mais enfin ce n'est pas très joli, et je suis convaincu que c'est une idée qui va prospérer et qui permettra d'apporter des solutions intelligentes au financement de beaucoup de grands équipements, notamment dans le domaine sportif.
Je voudrais saluer avant toute chose ceux qui ont fait le succès que nous fêtons aujourd'hui. Issue du monde du football, la demande d'un nouveau stade a trouvé un écho très favorable chez les responsables politiques de la Sarthe et de la région. Et l'engagement des collectivités locales atteste que cette arène ne sera pas une enceinte réservée à une équipe, mais ce sera une infrastructure qui va rayonner largement au-delà de l'agglomération mancelle. On peut d'ailleurs dire que cette situation exceptionnelle - le stade, le circuit, Antarès, l'ensemble de ces équipements sportifs, le tout à 55 minutes de Paris, desservi par le tramway - c'est un lieu où on peut imaginer demain accueillir des grands événements, y compris les événements de dimension mondiale. A chacun d'essayer de les imaginer.
Thierry Derez n'a pas laissé passer la chance de lier le nom des Mutuelles du Mans à cette réalisation. Les Mutuelles du Mans, c'est une grande entreprise née ici, mais qui a aujourd'hui un rayonnement international, qui pèse à l'échelle européenne dans le secteur de l'assurance. Je suis heureux de constater que cette entreprise n'oublie pas son ancrage dans l'identité sarthoise. Je me permettrai aussi, au passage, de saluer les "Poulets de Loué", qui sont un partenaire fidèle, je dirais presque immémorial, de l'équipe de football du Mans.
Vinci, de son côté, a fait la preuve de son savoir-faire dans la réalisation de très grands chantiers complexes. Je dois dire qu'on a tous été impressionnés par la visite que nous venons de faire. Ce que nous avons là, c'est un stade "intelligent", avec un haut degré d'intégration technologique pour en multiplier et pour en faciliter les usages. C'est un stade où l'innovation a été mise au service de l'exigence environnementale. C'est un stade où le confort et la sécurité sont renforcés. Les agents de sécurité, les policiers, les pompiers, les médecins, les secouristes disposent ici de tout le nécessaire pour faire que ce stade soit toujours et seulement un lieu de fête.
C'est un stade polyvalent conçu pour organiser de manière optimale des concerts, des spectacles, des opéras, des événements variés. C'est un stade moderne qui ne se contente pas de fonder le rang d'un club de football, mais qui participe à la vie culturelle et au rayonnement de toute une région. Et c'est d'ailleurs ce que vous avez voulu marquer en désignant cette enceinte du terme d'"arène". C'est un stade mais c'est aussi plus que cela, c'est un lieu de vie dont les usages et les retombées sont nombreux.
On se souvient que c'est la Ligue - dont je salue le président Frédéric Thiriez - qui avait demandé au Mans de se doter d'une nouvelle enceinte. La nécessité en devenait d'autant plus forte que le club du Mans était en train d'asseoir sa dimension nationale, avec un premier passage en Ligue 1 en 2003, puis cinq saisons d'affilée dans l'élite entre 2005 et 2010, où l'équipe a fait beaucoup plus que se défendre.
Aujourd'hui, le club est de nouveau en Ligue 2. Ce sont les aléas de la vie sportive, mais je suis convaincu qu'avec un équipement pareil et les encouragements qui vont être prodigués toute la journée, tous les espoirs sont permis. D'autant que tout ça est assez simple, il suffit - comme le disait un grand entraîneur d'une équipe nationale que j'entendais - enfin d'une équipe française - que j'entendais récemment : "Le foot c'est très simple. Il y a deux fondamentaux, c'est l'attaque et la défense. Il suffit d'être bon dans les deux fondamentaux."
Mais je partage avec vous la conviction que Le Mans retrouvera bientôt l'élite, et j'adresse au président Legarda, aux joueurs et à l'ensemble de l'encadrement tous mes encouragements.
Bien sûr, nous serons nombreux à garder pour le stade Léon-Bollée une certaine nostalgie. Il a été le théâtre de beaucoup d'émotions et de ferveurs. C'est un stade où régnait une atmosphère chaleureuse, une atmosphère familiale que le public du Mans continuera de faire vivre dans le MMArena. Mais c'était un stade ancien, sa capacité n'était plus suffisante. Il était à l'étroit en centre ville où il ne pouvait plus s'élargir.
La nostalgie est un sentiment qui a sa noblesse, mais en football comme ailleurs, l'histoire nous apprend la nécessité du changement quand on veut conquérir de nouvelles dimensions.
Le MMArena inaugure, Mesdames et Messieurs, toute une série de chantiers qui vont redessiner, sur l'ensemble du territoire, le paysage de nos enceintes sportives. La vérité c'est que nous en avons besoin. En France, la moyenne d'âge des stades est de 66 ans, en Angleterre elle est de 22 ans. Notre retard ne doit pas s'accentuer et nous devons nous remettre à niveau si nous voulons rester dans le peloton de tête des grandes nations sportives.
Nous avons eu l'immense honneur et la grande chance de gagner lors de notre candidature à l'Euro 2016. C'est un succès qui nous oblige maintenant à améliorer nos infrastructures. 7 stades sont appelés à être rénovés, 4 nouveaux stades devraient voir le jour. Nous sommes d'ailleurs en train d'examiner les moyens législatifs pour faciliter ces projets, et notamment sur la question des baux emphytéotiques. Nous allons engager un soutien de 150 millions d'euros à répartir entre ces chantiers. Le Gouvernement sera attentif à chaque dossier, à ses exigences, à ses contraintes, mais il sera aussi attentif au respect de l'équité, du droit et des procédures.
Ces chantiers vont créer des emplois, comme on l'a vu ici. Au total, ce sont 70 entreprises qui ont travaillé sur le MMArena, dont plus des deux tiers ont employé des femmes et des hommes de la région. Ces chantiers seront aussi l'occasion de repenser notre modèle économique en matière d'équipements sportifs.
Dans un contexte budgétaire où il est vital pour notre pays de maîtriser la dépense publique, nous devons chercher l'efficacité. Il faut développer les partenariats public-privé. Il faut innover avec des opérations comme le "naming". Il faut concevoir des équipements qui puissent disposer de recettes propres, de façon à réduire du même coup la part des subventions dans leur fonctionnement.
Les grandes enceintes sportives doivent à la fois participer à l'animation des territoires et trouver leur équilibre financier. D'ailleurs, les deux choses sont liées parce que c'est en multipliant les activités que se créera la ressource économique nécessaire à leur émergence et à leur vitalité.
Le MMArena illustre bien cette nouvelle donne, il s'inscrit dans un grand espace de sport et de loisirs, de commerce et d'emploi. Dans le cadre d'une situation, dont j'ai déjà dit qu'elle était exceptionnelle et qui fait de la place du Mans une place unique dans le paysage national.
Je veux d'ailleurs insister sur le fait qu'en cherchant de nouveaux modèles économiques pour financer les grands équipements sportifs, l'Etat modernise les forces de son action, il fait appel aux initiatives, il favorise la mobilisation des différents acteurs, l'impulsion de l'Etat, y compris son impulsion financière. Elle est toujours nécessaire pour lancer de grands chantiers. Elle est aussi nécessaire pour orienter la réflexion et l'action à un moment où il importe que la France ne reste pas à l'écart des évolutions du sport mondial. Elle est enfin nécessaire pour faire prévaloir les valeurs du sport, faire en sorte que ces valeurs convergent avec l'éthique républicaine, en mettant en avant le respect des règles, le respect de l'adversaire, la récompense de l'effort, la fierté de la réussite collective.
A l'échelle internationale, les victoires d'un pays contribuent à son image et à sa dynamique générale, et là comme dans tous les domaines la concurrence est de plus en plus rude. Nous sommes au côté de nos athlètes, nous nous battons pour consolider nos positions dans les grandes instances de décision, nous faisons valoir nos atouts pour accueillir les grands événements, nous avons remporté l'organisation de l'Euro 2016. J'ajouterai que nous avons aussi gagné celle des Jeux équestres mondiaux en 2014 en Basse-Normandie et les Jeux de la Francophonie à Nice en 2013.
Nous sommes en compétition pour les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2018. Le projet d'Annecy, après quelques difficultés, est maintenant stabilisé. On va défendre le dossier technique qui est extrêmement solide. Et on va en particulier mettre en avant des principes auxquels nous sommes attachés, des Jeux à dimension humaine, des Jeux qui respectent l'environnement, des Jeux organisés par et pour les sportifs. Voilà, je pense qu'on a franchement le meilleur dossier sur le papier ; le meilleur dossier, c'est-à-dire qu'on a des montagnes, on a de la neige sur ces montagnes, on a une tradition d'équipements sportifs. Peut-être que le Qatar aura du mal à nous concurrencer sur ces Jeux Olympiques. En tout cas, c'est un défi qui n'est pas facile à relever, mais on va jouer toutes nos chances à fond.
Et la France continuera de présenter des candidatures de qualité pour d'autres événements sportifs internationaux, comme la Ryder Cup de golf.
Il y a quelques semaines le Président de la République et moi-même, nous avons décidé de créer un ministère des Sports « de plein exercice » dont la responsabilité a été confiée à Chantal Jouanno. L'Etat veut mettre en place tous les moyens pour assurer son rôle. C'est un rôle de stratège ; c'est un rôle de régulateur ; c'est un rôle de garant de l'intérêt général dans un partage de responsabilités cohérent avec les grands partenaires que sont, d'un côté le mouvement sportif et de l'autre les collectivités territoriales. C'est le sens de la concertation que le ministre des Sports va engager dans les prochains mois avec "l'Assemblée du sport".
Contrairement à une idée reçue que l'on entend trop souvent, je veux rappeler que les moyens financiers consacrés aux politiques sportives nationales sont en progression. Malgré la sévérité d'un contexte budgétaire que vous connaissez, nous avons tenu à ce que le budget des sports progresse en 2011 par rapport à 2010, alors que la règle générale de tous les budgets de l'Etat c'est le gel.
Pour mesurer l'intervention de l'Etat dans toute son étendue, il faut tenir compte non seulement des crédits budgétaires, mais aussi des ressources affectées au Centre National pour le Développement du Sport, qui ont beaucoup contribué à la montée en puissance des moyens globaux du ministère depuis une dizaine d'années. Ces derniers mois, de nouvelles mesures sont venues amplifier l'effort consenti, qu'il s'agisse de l'affectation au CNDS d'une taxe prélevée sur les paris sportifs, ou l'instauration dans la loi de finances pour 2011 d'un prélèvement supplémentaire sur le chiffre d'affaires de la Française Des Jeux, pour contribuer aux travaux d'infrastructures nécessaires à l'organisation de l'Euro 2016.
Lancées en 2007, les réformes de structure conduites avec notre révision générale des politiques publiques sont aujourd'hui presque toutes en oeuvre dans le domaine du sport. L'administration centrale a été réorganisée, les directions régionales et départementales assurent le pilotage des politiques sportives et le lien avec les acteurs locaux. De nouveaux établissements ont été créés, comme l'Institut français du cheval et de l'équitation ou l'Ecole nationale des sports de montagne. Les Centres régionaux d'éducation populaire et de sport - dont l'idée avait été initiée par Léo Lagrange à la fin des années 30 - ont reçu un nouveau statut qui en fait à présent des centres de ressources, d'expertise et de performance sportive.
Cette administration redessinée est au service de nos ambitions nationales. Le rayonnement international de nos équipes et de nos "experts", et je ne parle pas seulement des handballeurs, mais aussi bien de nos techniciens et de nos dirigeants. Le développement du sport pour tous, parce que le sport c'est d'abord un facteur essentiel de cohésion sociale, d'insertion, d'éducation, de santé. La lutte contre toutes les dérives qui menacent le sport, qui menacent les valeurs du sport, je veux parler de la violence, du dopage, de l'emprise parfois excessive des enjeux d'argent qui peuvent conduire, qui conduisent parfois, au mépris des règles et de l'équité.
Voilà, il est de tradition en France, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays développés, que l'Etat s'engage dans le domaine du sport en le considérant comme un sujet éminemment politique. Ce fut le cas lors du Front Populaire à la Libération. Puis ce fut le cas lors du retour au pouvoir du général de Gaulle qui avait appelé Maurice Herzog à ses côtés pour lui en confier la charge.
Je crois à la légitimité de cette tradition d'engagement. A l'heure où le sport est plus qu'autrefois un élément essentiel de la vie sociale, il y a 35 millions de Français qui disent pratiquer une activité sportive. A l'heure où le sport est aussi un secteur d'activité économique de plus en plus important, qui représente en France un volume annuel de 34 milliards d'euros.
Mais je crois aussi à la nécessité de repenser en profondeur les modalités de l'action publique, pour répondre aux changements de notre société et du monde qui nous entoure. Le défi, c'est celui de la haute technicité que requiert aujourd'hui la performance sportive, c'est celui de l'exemplarité morale et sociale à tous les échelons, du club local à l'équipe nationale, dans le monde amateur comme dans le monde professionnel, et dans tous les sports, que ce soit des sports très médiatisés ou qu'ils le soient moins. Les émotions que fait naître l'effort, les émotions que fait naître la compétition ne doivent pas être trahies. Notre devoir à tous c'est d'y veiller.
Ici au Mans, ces émotions individuelles et collectives trouvent aujourd'hui un nouvel espace où retentir. Dans le domaine des infrastructures sportives, c'est un exemple d'innovation qui peut faire la fierté des Sarthois. Mais il préserve aussi le fil d'une tradition, celle de la ferveur et de l'enthousiasme d'un public qui vibre avec son club, qui en partage les victoires et les défaites, les espoirs et les épreuves.
Dans ce nouveau stade, c'est une vieille histoire qui va continuer à s'écrire. Puisse le MMArena nous réserver bien des moments forts, bien des soirées glorieuses, bien des exploits mémorables. Il accueille ce soir son match inaugural qui verra Le Mans FC s'opposer au club d'Ajaccio.
Pour cette première, le calendrier nous gratifie d'une rencontre pleine d'enjeux, puisque les deux équipes sont au coude à coude dans la lutte pour monter en Ligue 1.
Bon, vous devinez vers quelle équipe mon coeur penche évidemment. Mais comme les supporters du Mans, dont la réputation de fair-play est une source de fierté, je souhaite que le meilleur gagne et que la beauté du jeu fasse honneur ce soir au MMArena.Source http://www.gouvernement.fr, le 7 février 2011