Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, sur les grandes orientations de la politique maritime dans le cadre du Grenelle de la mer, à Paris le 10 février 2011.

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Circonstance : Comité national de suivi du Grenelle de la mer, à Paris le 10 février 2011

Texte intégral

Monsieur le Ministre [de Polynésie française]
Monsieur le président de l'Association nationale des élus du littoral,
Messieurs les élus,
Monsieur le secrétaire général de la mer,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis d'ouvrir avec vous ce comité national de suivi du Grenelle de la mer.
La ministre chargée de la mer que je suis a mis un peu plus de deux mois avant de vous réunir. Il nous a fallu du temps, c'est vrai.
Mais c'est aussi parce que j'ai d'abord souhaité faire un point, un état des lieux exhaustif, indispensable à la construction d'une stratégie pour les 15 prochains mois.
Je suis en mesure de vous délivrer un message simple : le Grenelle est bien vivant, et il progresse. Le Grenelle de l'environnement, qui atteint sa maturité aujourd'hui ; et le Grenelle de la mer, son petit frère né en 2009.
Lorsque le Grenelle de la mer a été lancé, il a provoqué une prise de conscience collective des enjeux liés à la mer et aux littoraux. Grâce à la forte mobilisation de tous les acteurs, nous avons défini ensemble une véritable politique maritime, dont les deux piliers sont, je le rappelle :
- Le discours prononcé au Havre le 16 juillet 2009 par le Président de la République.
- Et le livre bleu, ou « Stratégie nationale pour la mer et les océans », adopté par le comité interministériel de la mer (CIMER) en décembre 2009.
Pour que cette politique puisse devenir une réalité, nous avons demandé à 18 comités de travailler sur des thèmes très variés, allant de l'aménagement du littoral à la lutte contre les pollutions, en passant par le démantèlement des navires, la pêche, les ports ou les aires marines protégées.
Ces rapports m'ont tous été remis ; je viens tout juste de recevoir le dernier, qui est consacré aux aires marines protégées.
Je ne vous cache pas que j'ai été surprise par le foisonnement des propositions issues du travail des comops [comité opérationnels]. Surprise et extrêmement satisfaite, parce que cette abondance reflète la mobilisation de la société civile, la votre, et ouvre des voies totalement innovantes. Bien entendu, comme beaucoup l'ont constaté, toutes les propositions ne sont pas de même nature. Certaines sont directement opérationnelles, d'autres demandent un approfondissement important, et d'autres encore s'inscrivent dans des perspectives très lointaines. Il fallait y être attentif, et il fallait également faire des choix. C'est la responsabilité qui revient au politique.
Comme je vous l'ai exposé à Toulon, en prenant mes fonctions au ministère, je pense que la politique maritime doit suivre quatre objectifs :
Celui d'un développement économique créateur de richesses et d'emploi,
Celui d'un investissement dans l'avenir grâce à la formation et à la recherche
Celui d'une politique ambitieuse de protection et de valorisation de notre patrimoine et celui enfin d'une gouvernance renouvelée pour inscrire cette politique dans la durée.
Sur chacun de ces axes, je veux agir de façon très concrète, et je sais que c'est ce que vous attendez. Je vous en donne quelques exemples.
En matière de développement économique d'abord, je veux revenir sur deux projets très emblématiques :
En premier lieu, les énergies marines. Nous avons lancé l'appel à projet sur les démonstrateurs en novembre et nous lancerons celui sur l'éolien offshore en mars. Avec la perspective de créer 10 000 emplois en France.
En second lieu, le transport maritime, avec le lancement d'une première autoroute de la mer en septembre.
Ces deux exemples ont un point commun : dans les deux cas, rien n'était acquis. Beaucoup n'y croyaient pas et m'ont dit « vous n'y arriverez jamais ». Pourtant, nous l'avons fait.
En matière de formation et de recherche, citons trois réalisations :
- La création, d'abord, d'une grande école des métiers de la mer, en novembre.
- Puis le navire du futur : j'installerai en mars le Corican [conseil d'orientation pour la recherche et l'innovation navales], constitué des industriels de la construction navale pour réfléchir sur ce projet doté de 100 millions d'euros.
- Et enfin, la campagne d'exploration des grands fonds marins dans les eaux de Wallis-et-Futuna, dont je souhaite qu'elle pose les bases d'une stratégie ambitieuse de valorisation des ressources profondes (terres rares, nodules polymétalliques).
Dans le domaine de la protection, nous avons déjà accompli des efforts significatifs, et pour cause : en 2008, nous partions, en mer, de presque rien. En deux ans, avec persuasion et pédagogie, nous avons réussi à créer deux parcs marins.
Je vous annonce aujourd'hui que nous en créerons trois en 2011 (Côte Vermeille, Trois estuaires picards, Glorieuses), puis encore trois autres en 2012. Et nous créerons bientôt le parc marin international des bouches de Bonifacio, entre la France et l'Italie, puis nous mettrons en oeuvre la stratégie pour le milieu marin, qui vise le bon état écologique des eaux marines d'ici à 2020.
Pour finir sur cette liste non exhaustive, je précise que ce sont là les grandes mesures, les plus emblématiques, les plus connues.
Mais j'attache une importance toute aussi grande à des mesures plus techniques, qui souvent ne coûtent rien mais qui ont des effets d'une grande portée. Parmi ces mesures, je pense à l'adoption du paquet Erika III, sur le renforcement de la sécurité maritime ; à l'encadrement de la pêche de loisir -c'est une première- ; à l'introduction de l'environnement dans la formation des navigants. Je pense aussi à la fixation des espèces protégées en mer, en collaboration étroite avec le Ministère chargé de la pêche ; ou bien encore au renforcement des conditions réglementaires de rejet des boues de dragage à la mer.
Ces mesures vont concerner très directement nos compatriotes, et c'est l'une des raisons pour lesquelles, à mes yeux, elles sont les plus importantes.
Un dernier mot, sur le Grenelle, qui est avant tout une méthode ; un processus de concertation avec l'ensemble des acteurs : élus, entreprises, organisations non gouvernementales, organisations professionnelles. Un processus qui n'a donc pas de fin, et qui ne peut être ni achevé, ni refermé. C'est du moins mon souhait, et je veux que nous le réalisions ensemble.
J'ai bien conscience que nous avons fait naître une attente très forte, et je sais également que nous ne pourrons pas tout faire. Je n'en éprouve pourtant aucun regret : savoir que tous les désirs ne sont pas réalisables est un signe de maturité. C'est la preuve que nous avons fait des choix et que nous sommes au travail.
Ensemble, souhaitons bon vent au Grenelle de la mer !
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 11 février 2011