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Q - Vous êtes, depuis le dernier remaniement, à la tête dun ministère de la ville de plein exercice. en quoi cela renforce-t-il la politique de la ville ?
Cest tout à fait exact ! Le président de la République et le Premier ministre ont fait le choix de renforcer la politique de la ville, notamment en créant un ministère de plein exercice. Cest un acte fort qui témoigne de leurs volontés dengager tout le Gouvernement au service des populations les plus fragiles et des territoires prioritaires ciblés par la politique de la ville. En effet, être à la tête dun ministère de plein exercice, cest avoir la capacité de mobiliser toutes les énergies interministérielles pour faire converger au maximum le droit commun en direction des quartiers sensibles et en faveur des personnes fragiles. Pour mener mes missions, je dispose de la tutelle directe de lANRU et de lAcsé, et bénéficie du concours de toutes les administrations centrales concernées par la politique de la ville. Cela sest déjà concrétisé le 18 février dernier, trois mois seulement après ma nomination, par la réunion dun comité interministériel des villes (CiV), présidé par François Fillon. À cette occasion, le Premier ministre a tracé la feuille de route de la politique de la ville pour les mois à venir.
Les conclusions de ce CiV réaffirment la volonté du Gouvernement dagir pour une meilleure solidarité nationale, une solidarité entre les personnes, mais aussi entre les territoires. En tant que ministre, elles me permettent de mobiliser lensemble du gouvernement et dactionner avec efficacité de multiples leviers en faveur de la tranquillité publique, pour la remise à niveau du cadre de vie et des conditions de logement, pour le développement dune offre de transports et pour laccès à léducation, la formation et lemploi.
Dans le prolongement de laction engagée, nous souhaitons développer lidée dune ville qui accueille, qui protège et qui donne des opportunités à chacun. En témoignent les chantiers de la rénovation urbaine qui, avec un investissement massif de 12 milliards deuros, se déploient partout en France, dans près de 500 quartiers couvrant plus de 3 millions dhabitants. Nous avons aussi décidé de renouveler, jusquen 2014, les contrats urbains de cohésion sociale afin dassurer la pérennité de nos actions et dapporter la stabilité nécessaire aux acteurs de terrain pour déployer leurs projets de territoires.
Q - Vous avez vous-même une grande expérience de la politique de la ville au niveau local. Comment la situation vous semble-t-elle avoir évolué ? Quels défis reste-t-il à relever ?
Vous avez raison. Dès 1993, jai été chargé par Charles Pasqua, alors président du conseil général, de mettre en oeuvre, dans les hauts-de- Seine, le Pacte 92. Cétait le premier plan de cohésion urbaine et sociale en France, un plan qui conjuguait lurbain et lhumain dans les quartiers sensibles de ce département. Ce projet a permis dengager la rénovation de neuf quartiers fragiles qui sont par la suite devenus, pour la plupart dentre eux, des sites prioritaires de lANRU.
À léchelle de la France beaucoup a déjà été fait, notamment en matière de rénovation urbaine. Près de 12 milliards deuros sont apportés par lANRU qui génèrent 43 milliards deuros dinvestissements. Partout, les quartiers de la politique de la ville sont en cours de réhabilitation, de rénovation et de désenclavement et aujourdhui, on peut mesurer de manière visible les progrès au service dun meilleur vivre ensemble.
Dans nos actions, nous devons nous inscrire sans réserve dans la dynamique du Grenelle de lenvironnement lancée par Jean-Louis Borloo. Je souhaite ainsi que nous allions plus loin dans la performance environnementale des logements, dans la qualité urbaine et architecturale et dans la réduction des nuisances et des pollutions. Nous devons également consolider notre action sur le plan de la lutte contre lhabitat indigne et le traitement des copropriétés dégradées. Par ailleurs, nos préoccupations majeures sont le développement des activités économiques dans les quartiers et laccès à la qualification et à lemploi des personnes qui y habitent.
Je suis convaincu quil nous faut davantage nous appuyer sur les capacités créatrices de nos quartiers et de leurs habitants. Ces territoires attirent de plus en plus dentreprises. Lactivité économique y bénéficie pleinement du statut dauto-entrepreneur. Dans les zones franches urbaines, le taux dinstallation de nouveaux établissements atteint 30 %. Un groupe de travail, présidé par Eric Raoult, est par ailleurs chargé de me faire des propositions sur lemploi et le développement économique. Jy serai très attentif. Je pense également que nous devons nous impliquer avec force dans le renforcement des services quotidiens aux habitants des quartiers. Les conventions de gestion urbaine de proximité marquent, à cet effet, lengagement de tous pour améliorer la qualité de vie des habitants et pour réconcilier la Ville et lhomme. Tout au long des chantiers de rénovation urbaine, ces conventions préparent aussi - comme les différentes études dimpact - laprès-ANRU. Cest une de mes priorités : créer les conditions pour que les quartiers rénovés puissent améliorer la qualité de vie dans la durée.
Q - Vous êtes également en charge du grand paris. Quelles complémentarités peuvent naître entre le chantier métropolitain et la rénovation des quartiers ?
Parce quil y a des synergies évidentes entre la politique de la ville et le Grand Paris, le président de la République men a confié la mise en oeuvre. Depuis que jai la responsabilité de faire aboutir ce projet présidentiel, les discussions entre les partenaires ont avancé à un rythme soutenu afin de parvenir au rééquilibrage de la métropole autour de grands pôles économiques attractifs, compétitifs et organisés en réseau. Lunité de lensemble du territoire de la métropole se fera grâce au développement dun réseau de transports dont les tracés aujourdhui convergents sont les fruits dun accord global.
Lattractivité de la région capitale irradiera ainsi lensemble du territoire et offrira aux quartiers sensibles dile-de-France, des opportunités nombreuses et concrètes de développement. Cela contribuera au désenclavement des quartiers et apportera, dans de nombreux territoires, les améliorations attendues.
Q - Lors du Civ du 18 février 2011, le premier ministre vous a confié une mission de réflexion sur une deuxième phase du pnru. Que peut-on attendre de cet exercice ?
Chacun reconnait la réussite du PNRU et de son ambition politique. il ny a pas de fatalité face aux difficultés accumulées dans les quartiers. Il est possible de faire baisser la délinquance, de lutter contre le chômage et léchec scolaire avec une vraie stratégie territoriale. La politique de rénovation urbaine conduite depuis 2003 est saluée, toutes sensibilités politiques confondues, de manière unanime. Aujourdhui, certains besoins restent à couvrir, parfois même sur les territoires où ont été engagées des opérations de rénovation urbaine. Le travail nest pas « achevé » partout. Cest pourquoi il nous faut trouver des solutions pour ces territoires. Lors du dernier CiV, le Premier ministre ma confié un mandat pour préparer lacte 2 du PNRU. Cest un chantier majeur et, pour le mener à terme, je compte consulter lensemble des partenaires nationaux aujourdhui engagés aux côtés de lEtat et de lANRU, que préside Gérard hamel. En effet, ce qui a fait le succès de la première phase du programme, cest la qualité du partenariat.
Dans les quartiers, je suis convaincu quune deuxième phase du PNRU doit nous servir à faire encore mieux. Le but ultime de la rénovation dun quartier, le signe dun travail « achevé », cest quand le quartier devient un lieu de résidence choisi, un lieu dimplantation possible pour une entreprise, un lieu où les investisseurs privés sont prêts à venir, en somme quand le quartier intègre le droit commun de la vie urbaine. Cest avec cet objectif ambitieux en ligne de mire que je présenterai mes propositions dès cet automne.
Source http://www.anru.fr, le 7 avril 2011