Texte intégral
Sire, vénérable représentant des autorités religieuses,
Mesdames et Messieurs les vice-Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les ministres et secrétaires dEtat,
Monsieur le gouverneur,
Mesdames et Messieurs.
Lévénement qui nous rassemble aujourd'hui est pour moi une source de fierté et de joie, parce que lachèvement des travaux de restauration du Baphuon est un succès qui cimente et qui consacre lamitié ancienne entre le Cambodge et la France.
Parce quétant à lépoque ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, jai apporté mon soutien au lancement de ce chantier de longue haleine, et que cest une grande satisfaction, un peu plus de 15 ans après, de pouvoir être avec vous pour en célébrer la fin et pour en admirer le splendide résultat.
Mais cette restauration est une aventure dont les commencements remontent bien au-delà de 1995, et coïncident en réalité avec la naissance de lEcole Française dExtrême-Orient au début du 20e siècle.
Dès les années 1900, cette prestigieuse institution avait pris les mesures pour enrayer le recouvrement du Baphuon sous une épaisse végétation, et pour améliorer le drainage du site.
Il fallait pourtant aller plus loin, car le bâtiment souffrait davoir été construit avec des murs de soubassement trop fins, qui furent régulièrement à lorigine deffondrements.
Pendant plusieurs décennies, Henri Marchal et Bernard-Philippe Groslier, deux grands archéologues, dont le destin est inséparable de celui du site dAngkor, nont eu de cesse que de préserver le temple du Baphuon et de lui redonner tout son éclat.
Une première tentative de reconstruction est menée dans les années 60, elle sinterrompt avec la guerre civile puis la prise du pouvoir par les Khmers Rouges, qui détruisent les archives de ce chantier.
Lorsquil reprend en 1995, avec Jacques Dumarçay, puis avec Pascal Royère à partir de 1997, il faut alors sarmer de beaucoup de patience, faire preuve dune minutie extrême, convoquer toutes les énergies pour renouer le fil des travaux précédents.
En effet, les documents perdus répertoriaient les 300 000 pierres du Baphuon dispersées sur plusieurs hectares, où la forêt avait reconquis ses droits.
La disparition de ces documents fait de ce chantier un puzzle titanesque, une tâche immense, qui met le courage et la persévérance à lépreuve ; une sorte douvrage de Sisyphe mais le succès final, cette fois-ci, fait mentir le mythe.
Car peu à peu, pierre à pierre, ce travail de recensement, de numérotation, de regroupement, de montage et de remontage, saccomplit et parvient à son terme grâce à Pascal Royère, grâce aux équipes qui lentourent, grâce aux nombreux Cambodgiens, terrassiers, maçons, tailleurs de pierres, contremaîtres, architectes, qui ont porté la réussite de cette entreprise, et auxquels je veux aujourd'hui rendre hommage.
Le chantier du Baphuon a été exceptionnel, par sa difficulté, par loriginalité des méthodes développées, et aussi, il est important de le rappeler, par le travail de formation et le transfert de techniques archéologiques qui sest opéré à cette occasion au bénéfice du Cambodge.
Ce fut lun des plus importants projets de restauration monumentale au monde. Ce fut lune des plus belles coopérations franco-cambodgiennes dans le domaine de larchéologie.
Mais ce nétait pas un projet isolé.
Depuis un siècle et demi, depuis les explorations dHenri Mouhot, qui fit redécouvrir au monde occidental ces constructions fabuleuses, scellées dans lécrin des forêts, il existe entre la France et le site dAngkor un lien de cur.
Au cours des vingt dernières années, les différentes institutions françaises ont apporté plus de 21 millions deuros pour restaurer Angkor, et surtout pour partager avec les Cambodgiens les savoir-faire scientifiques, techniques, juridiques, que requiert cet exceptionnel patrimoine archéologique qui est le leur.
Il faut aussi saluer comme une illustration de notre coopération exemplaire, dans la région de Siem Reap, le partenariat qui a été établi entre lAutorité pour la Préservation du Site et lAménagement de la Région dAngkor, lInstitut National de Recherche Archéologique Préventive, et la société VINCI, afin de concilier les aménagements aéroportuaires, la préservation de sites et la connaissance archéologique.
Lachèvement du Baphuon ne signifie évidemment pas la fin de cette grande aventure du site dAngkor, que nous sommes fiers de partager avec le Cambodge.
Et je suis heureux de vous annoncer que la France, sollicitée par les autorités cambodgiennes, a décidé de lancer, en collaboration avec lAPSARA, le chantier de restauration du temple du Mebon, au centre du Baray Occidental.
Un financement de 2,7 millions deuros a été constitué, grâce aux contributions du ministère des Affaires étrangères, du ministère de lEnseignement supérieur, du ministère de la Culture, et de lEcole Française dExtrême-Orient. Les travaux devraient pouvoir commencer dès 2012.
Sire, Mesdames et Messieurs, pour nos deux Nations qui travaillent main dans la main sur le site dAngkor, cette cérémonie est la célébration dune longue amitié autour dune réussite commune.
Pour le peuple cambodgien, qui a tant souffert au siècle dernier, elle est la marque dune renaissance, entamée il y a bientôt vingt ans, à travers laquelle il affirme, par-delà les tragédies de lhistoire récente, la continuité de son identité nationale dans ce quelle a de plus profond, de plus ancestral et de plus brillant.
Dans la magnificence de son passé, le Cambodge souverain, le Cambodge en paix, dont le drapeau porte en son cur un temple dAngkor, peut trouver une source de fierté, despoir et de sérénité.
Sur la grandeur de ce patrimoine, il peut établir sa confiance en lavenir.
Le Baphuon est remarquable dans lordre de larchitecture et de larchéologie, mais il lest aussi dans lordre de lesprit et des symboles.
Edifié au 11e siècle, au temps de lEmpire Khmer, il est lun des plus grands édifices religieux du Cambodge ancien, un exemple magnifique des temples montagnes dédiés au culte de Shiva.
Plus tard, au 16e siècle, leffigie dun grand Bouddha couché sest mêlée aux pierres à demi effondrées de la façade ouest.
Longtemps retenu dans le sommeil de la jungle, il va redevenir, au grand jour, lun des emblèmes dAngkor.
Il y a dans cet édifice unique au monde une grâce, une image de coïncidence harmonieuse entre deux traditions religieuses multiséculaires, qui est un message éclatant de tolérance et de paix.
Il importait de le faire connaître, et de le faire rayonner.
Ce sera chose faite désormais, avec la réouverture au public du Baphuon, au terme de ces longues années de travaux, dont nous avons la joie de fêter aujourd'hui la fin.
Vive le Cambodge, vive la France, vive lamitié entre la France et le Cambodge !
Source http://www.gouvernement.fr, le 4 juillet 2011
Mesdames et Messieurs les vice-Premiers ministres,
Mesdames et Messieurs les ministres et secrétaires dEtat,
Monsieur le gouverneur,
Mesdames et Messieurs.
Lévénement qui nous rassemble aujourd'hui est pour moi une source de fierté et de joie, parce que lachèvement des travaux de restauration du Baphuon est un succès qui cimente et qui consacre lamitié ancienne entre le Cambodge et la France.
Parce quétant à lépoque ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, jai apporté mon soutien au lancement de ce chantier de longue haleine, et que cest une grande satisfaction, un peu plus de 15 ans après, de pouvoir être avec vous pour en célébrer la fin et pour en admirer le splendide résultat.
Mais cette restauration est une aventure dont les commencements remontent bien au-delà de 1995, et coïncident en réalité avec la naissance de lEcole Française dExtrême-Orient au début du 20e siècle.
Dès les années 1900, cette prestigieuse institution avait pris les mesures pour enrayer le recouvrement du Baphuon sous une épaisse végétation, et pour améliorer le drainage du site.
Il fallait pourtant aller plus loin, car le bâtiment souffrait davoir été construit avec des murs de soubassement trop fins, qui furent régulièrement à lorigine deffondrements.
Pendant plusieurs décennies, Henri Marchal et Bernard-Philippe Groslier, deux grands archéologues, dont le destin est inséparable de celui du site dAngkor, nont eu de cesse que de préserver le temple du Baphuon et de lui redonner tout son éclat.
Une première tentative de reconstruction est menée dans les années 60, elle sinterrompt avec la guerre civile puis la prise du pouvoir par les Khmers Rouges, qui détruisent les archives de ce chantier.
Lorsquil reprend en 1995, avec Jacques Dumarçay, puis avec Pascal Royère à partir de 1997, il faut alors sarmer de beaucoup de patience, faire preuve dune minutie extrême, convoquer toutes les énergies pour renouer le fil des travaux précédents.
En effet, les documents perdus répertoriaient les 300 000 pierres du Baphuon dispersées sur plusieurs hectares, où la forêt avait reconquis ses droits.
La disparition de ces documents fait de ce chantier un puzzle titanesque, une tâche immense, qui met le courage et la persévérance à lépreuve ; une sorte douvrage de Sisyphe mais le succès final, cette fois-ci, fait mentir le mythe.
Car peu à peu, pierre à pierre, ce travail de recensement, de numérotation, de regroupement, de montage et de remontage, saccomplit et parvient à son terme grâce à Pascal Royère, grâce aux équipes qui lentourent, grâce aux nombreux Cambodgiens, terrassiers, maçons, tailleurs de pierres, contremaîtres, architectes, qui ont porté la réussite de cette entreprise, et auxquels je veux aujourd'hui rendre hommage.
Le chantier du Baphuon a été exceptionnel, par sa difficulté, par loriginalité des méthodes développées, et aussi, il est important de le rappeler, par le travail de formation et le transfert de techniques archéologiques qui sest opéré à cette occasion au bénéfice du Cambodge.
Ce fut lun des plus importants projets de restauration monumentale au monde. Ce fut lune des plus belles coopérations franco-cambodgiennes dans le domaine de larchéologie.
Mais ce nétait pas un projet isolé.
Depuis un siècle et demi, depuis les explorations dHenri Mouhot, qui fit redécouvrir au monde occidental ces constructions fabuleuses, scellées dans lécrin des forêts, il existe entre la France et le site dAngkor un lien de cur.
Au cours des vingt dernières années, les différentes institutions françaises ont apporté plus de 21 millions deuros pour restaurer Angkor, et surtout pour partager avec les Cambodgiens les savoir-faire scientifiques, techniques, juridiques, que requiert cet exceptionnel patrimoine archéologique qui est le leur.
Il faut aussi saluer comme une illustration de notre coopération exemplaire, dans la région de Siem Reap, le partenariat qui a été établi entre lAutorité pour la Préservation du Site et lAménagement de la Région dAngkor, lInstitut National de Recherche Archéologique Préventive, et la société VINCI, afin de concilier les aménagements aéroportuaires, la préservation de sites et la connaissance archéologique.
Lachèvement du Baphuon ne signifie évidemment pas la fin de cette grande aventure du site dAngkor, que nous sommes fiers de partager avec le Cambodge.
Et je suis heureux de vous annoncer que la France, sollicitée par les autorités cambodgiennes, a décidé de lancer, en collaboration avec lAPSARA, le chantier de restauration du temple du Mebon, au centre du Baray Occidental.
Un financement de 2,7 millions deuros a été constitué, grâce aux contributions du ministère des Affaires étrangères, du ministère de lEnseignement supérieur, du ministère de la Culture, et de lEcole Française dExtrême-Orient. Les travaux devraient pouvoir commencer dès 2012.
Sire, Mesdames et Messieurs, pour nos deux Nations qui travaillent main dans la main sur le site dAngkor, cette cérémonie est la célébration dune longue amitié autour dune réussite commune.
Pour le peuple cambodgien, qui a tant souffert au siècle dernier, elle est la marque dune renaissance, entamée il y a bientôt vingt ans, à travers laquelle il affirme, par-delà les tragédies de lhistoire récente, la continuité de son identité nationale dans ce quelle a de plus profond, de plus ancestral et de plus brillant.
Dans la magnificence de son passé, le Cambodge souverain, le Cambodge en paix, dont le drapeau porte en son cur un temple dAngkor, peut trouver une source de fierté, despoir et de sérénité.
Sur la grandeur de ce patrimoine, il peut établir sa confiance en lavenir.
Le Baphuon est remarquable dans lordre de larchitecture et de larchéologie, mais il lest aussi dans lordre de lesprit et des symboles.
Edifié au 11e siècle, au temps de lEmpire Khmer, il est lun des plus grands édifices religieux du Cambodge ancien, un exemple magnifique des temples montagnes dédiés au culte de Shiva.
Plus tard, au 16e siècle, leffigie dun grand Bouddha couché sest mêlée aux pierres à demi effondrées de la façade ouest.
Longtemps retenu dans le sommeil de la jungle, il va redevenir, au grand jour, lun des emblèmes dAngkor.
Il y a dans cet édifice unique au monde une grâce, une image de coïncidence harmonieuse entre deux traditions religieuses multiséculaires, qui est un message éclatant de tolérance et de paix.
Il importait de le faire connaître, et de le faire rayonner.
Ce sera chose faite désormais, avec la réouverture au public du Baphuon, au terme de ces longues années de travaux, dont nous avons la joie de fêter aujourd'hui la fin.
Vive le Cambodge, vive la France, vive lamitié entre la France et le Cambodge !
Source http://www.gouvernement.fr, le 4 juillet 2011