Texte intégral
Madame la Première présidente, (Dominique Lottin)
Monsieur lAvocat général, (Philippe Gosselin)
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Directeur général, Jean-Pierre Valentin,
Mesdames, Messieurs les Directeurs,
Mesdames, Messieurs les formateurs et personnels de lENPJJ,
Mesdames et Messieurs les stagiaires,
Mesdames, Messieurs,
Je suis ravi dêtre aujourdhui parmi vous, aujourdhui où, Mesdames et Messieurs les futurs Directeurs et éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, vous débutez vos deux années de formation. Je me réjouis que vous veniez rejoindre les rangs de la protection judiciaire de la jeunesse, vous avez choisi dembrasser les passionnantes professions de la PJJ.
Vous avez intégré une Ecole dexcellence, et je veux saluer, Monsieur le Directeur général, la qualité de lenseignement et le dynamisme de lENPJJ. Je profite de loccasion qui mest donnée pour adresser mes remerciements à lensemble des personnels et équipes pédagogiques qui dispensent des enseignements de grande qualité, grâce auxquels les stagiaires diplômés de lENPJJ seront hautement qualifiés. LENPJJ a toujours su adapter ses formations pour être en phase avec la réalité des métiers de la protection judiciaire de la jeunesse et des évolutions de notre société. Et lon sait toute limportance dune telle capacité dévolution pour apporter la meilleure réponse à la protection de lenfance, pour apporter la réponse la mieux adaptée à la délinquance des mineurs.
2012 sera une année importante pour la PJJ. Nous sommes en effet à laube de deux anniversaires symboliques qui témoignent du chemin parcouru, mais aussi (et je dirais surtout) de la permanence des principes fondamentaux qui gouvernent vos métiers : un siècle, on pense souvent que cest avec lordonnance du 2 février 1945 que débute la justice pénale des mineurs telle que nous la connaissons, mais cest en 1912 quont été posés les principes de cette justice. Voilà soixante ans qua été créée une formation pour la protection judiciaire de la jeunesse : la PJJ repose sur des méthodes et des outils spécifiques, et nous avons très tôt pris conscience quil ne saurait y avoir de prise en charge efficace sans formation adéquate et sans partage dexpérience.
Notre droit pénal des mineurs et la formation que vous vous apprêtez à suivre reposent sur des principes fondamentaux, auxquels chacun de nous est profondément attaché : celui de la spécialisation de la justice des mineurs, celui de la finalité éducative de cette justice. Ces deux principes au cur de votre mission, guident aussi mon action. Notre justice pénale des mineurs a considérablement évolué, vos métiers se sont modernisés, sans jamais perdre de vue ces valeurs qui font la qualité de notre action en faveur des mineurs en difficulté.
Ces principes, la volonté de définir des solutions efficaces, ont dailleurs présidé à la réforme de la loi du 10 août 2011 sur la participation des citoyens au fonctionnement de la justice pénale et le jugement des mineurs. Par cette loi, nous avons amélioré le fonctionnement de la justice pénale des mineurs, en apportant de nouvelles réponses, progressives en fonction de la gravité des faits et qui permettent une appréciation plus approfondie de la personnalité du mineur. Tel est ainsi lobjet du dossier unique de personnalité. Cest grâce à une information complète, actualisée, que magistrats et professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse pourront prendre les mesures et les sanctions adaptées à la situation et au parcours du mineur. Cest en effet en affinant les réponses pénales et éducatives, que nous nous donnerons les meilleurs moyens de prévenir la récidive.
La loi a également innové en introduisant le principe de césure du procès pénal, qui, tout en respectant le temps nécessaire au juge pour recueillir les éléments de personnalité, permet un jugement plus rapide. Nous le savons, le temps entre la commission des faits et le jugement du mineur est encore souvent trop long, intervenant de longs mois après les faits, la sanction perd toute portée pédagogique. Cest pourquoi nous avons introduit, par la loi du 10 août 2011, la possibilité pour le parquet de convoquer par officier de police judiciaire directement devant le tribunal pour enfants le mineur déjà connu de la justice, sous réserve de lexistence dinvestigations sur la personnalité du mineur et du respect dun seuil de peine fixé en fonction de son âge.
Enfin, pour névoquer que quelques-unes des nombreuses avancées de cette loi, nous avons créé une nouvelle formation de jugement : le tribunal correctionnel pour mineurs. Il était important quà la progressivité des sanctions puisse correspondre une progressivité dans les formations de jugement, tout en préservant la spécificité de ces formations et de la procédure suivie.
Grâce à des réponses diversifiées, nous pouvons agir efficacement à légard des mineurs. Mais cest aussi grâce à limplication de chacune et de chacun dentre vous, et je sais tout lengagement et le dévouement des personnels de la protection judiciaire de la jeunesse pour mener à bien leur mission, je sais aussi toute leur capacité dinnovation. Ces retours dexpérience, les solutions proposées par le terrain sont essentielles : qui mieux que vous peut formuler des propositions en phase avec la réalité.
Cest aussi par une collaboration étroite de tous les acteurs concernés, PJJ bien sûr, magistrats, mais aussi partenaires locaux, que laction en faveur des mineurs peut produire tous ses effets. Vous, mesdames et messieurs, professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse bénéficiez dune expérience, dune expertise, dun savoir-faire et dune connaissance des mineurs que vous suivez, qui sont autant déléments essentiels aux magistrats. Cest dailleurs fort de ce constat, que le ministère de la justice a créé, en décembre dernier, la mesure judiciaire dinvestigation éducative, qui porte une vision large de la protection de lenfance, et tire partie dun de nos atouts majeurs la pluridisciplinarité. Le parcours, la situation du mineur comportent de multiples dimensions que seule une information complète peut permettre déclairer. Par leur professionnalisme et leur connaissance experte, les acteurs de la PJJ ont évidemment un rôle central à jouer. La circulaire du 30 juin dernier est venue encore renforcer leffort de coordination qui doit sopérer au sein du trinôme du juge des enfants, du procureur de la République et des directeurs de services de la PJJ.
Cette collaboration ne doit bien sûr pas se limiter à la sphère des acteurs de la chaîne éducative et judiciaire, il existe une nécessaire complémentarité entre laction de linstitution judiciaire et celle des collectivités territoriales. Je suis profondément convaincu de la nécessité dapprofondir nos partenariats locaux, mais je sais que cest aussi votre conviction : quel plus bel exemple de cette complémentarité de nos actions que celui de la protection de lenfance.
De la qualité des relais, de la qualité de la communication dépend la qualité des réponses administratives, puis judiciaires. Cest pourquoi, dans la continuité de la réforme du 5 mars 2007, le ministère de la Justice a veillé à définir précisément le rôle de linstitution judiciaire dans la mise en uvre de la réforme de la protection de lenfance. Je suis profondément convaincu du rôle central quont à jouer les services de la PJJ dans le dialogue qui doit sinstaurer entre les juridictions et les services de laide sociale à lenfance. La circulaire du 6 mai 2010 a permis de clarifier le rôle de chacun, cette fluidité est la clé de la protection de lenfance : car il faut veiller à mettre fin rapidement aux situations de danger dans lesquelles peut se trouver lenfant, tout en garantissant la protection des libertés individuelles.
Je sais votre volontarisme en la matière ; la PJJ a toujours eu à cur de faire évoluer ses cadres daction, pour favoriser le dialogue et la professionnalisation de ses agents. La réforme statutaire des directeurs des services et des éducateurs qui entre en vigueur aujourdhui même participe de cette modernisation des métiers.
Vous bénéficiez ainsi, mesdames, messieurs, dun cadre de formation rénové favorisant des enseignements théoriques et une formation pratique approfondis. Vous exercerez des métiers passionnants et vous le savez les attentes à légard de vos métiers sont fortes (protection de lenfance et réinsertion des mineurs en rupture constituent des défis dimportance dans lavenir dune société). Grâce à la formation que vous recevrez vous serez armé pour assumer pleinement les responsabilités qui vous incombent. La formation continue sera un atout supplémentaire, pour vous donner les moyens de parfaire votre expertise, et je salue la qualité des programmes mis en uvre par lENPJJ en la matière.
Mesdames, Messieurs,
Vous entrez au cur de métiers aussi exigeants que stimulants, et je me réjouis que la protection judiciaire de la jeunesse senrichisse aujourdhui de nouveaux visages et de nouvelles compétences. Je sais que vous aurez à cur de mettre votre dynamisme au service de cette belle institution, les défis seront nombreux à nen pas douter mais vous y trouverez de grandes satisfactions professionnelles et personnelles. Source http://www.justice.gouv.fr, le 2 septembre 2011