Texte intégral
Monsieur le Président de la Fédération des industries coréennes,
Monsieur le Président de la Chambre de commerce et dindustrie franco-coréenne,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous remercier davoir organisé cette rencontre qui me permet de dialoguer avec la communauté daffaires franco-coréenne de Séoul.
Jai souhaité venir à la veille du G20 à Séoul parce que je suis convaincu que la Corée a des messages extrêmement forts à nous délivrer et à délivrer au monde dans le contexte de la mondialisation.
La Corée est la preuve quun pays qui sengage intelligemment dans cette mondialisation, loin de chercher à sen soustraire, a tout à y gagner. En misant sur son intégration dans les échanges internationaux, la Corée sest classée parmi les pays les plus industrialisés. En investissant massivement dans léducation, dans la recherche, dans léconomie numérique, elle prépare activement la compétition de demain.
Elle est passée du statut de pays en développement à celui de donateur et elle entend assumer toutes ses responsabilités internationales.
Aujourdhui, nous sommes à un moment de vérité pour lavenir de léconomie et de la gouvernance mondiale. Le monde connaît des turbulences économiques majeures, auxquelles lEurope est aujourdhui largement exposée, mais qui en réalité concernent le monde entier et concernent aussi lAsie et la Corée.
Depuis un peu plus dun an, vous entendez que lUnion européenne est une zone menacée, que leuro va éclater, que lEurope est divisée, que le continent européen est traversé par des forces centrifuges et que la Grèce pourrait sortir de leuro.
Cest un fait, la zone euro vient de traverser la crise la plus grave de son histoire.
Pour autant, la construction européenne na jamais été un long fleuve tranquille et dailleurs, pourrait-il en être autrement ? Les débats que nous avons à 27, loriginalité de la construction que nous avons engagée, lhistoire même de lEurope font que cette construction ne peut pas être un long fleuve tranquille. Mais les débats que nous engageons autour de la gouvernance économique, loin dêtre un indice de division, sont en réalité lexpression dune construction européenne qui progresse sans cesse.
Le projet européen na jamais visé à luniformité, et nous lui avons toujours préféré le consensus démocratique, au bénéfice de tous. Et cest précisément ce consensus qui fait la force de notre union.
Alors, aujourdhui, lEurope est face à un nouveau défi. Comme elle la toujours fait par le passé, elle surmontera les épreuves et elle en sortira renforcée.
Ma conviction - et jose le dire ici, au cur dune Asie en pleine croissance ! cest quavec sa cohésion démocratique et sociale, avec sa richesse, avec la qualité de sa formation, de sa technologie, de ses infrastructures, avec sa culture, lEurope de demain peut incarner un des espaces parmi les plus stables, parmi les plus prospères et parmi les plus influents du XXIème siècle.
Les bénéfices de lEurope dépassent de loin les difficultés quelle affronte.
Depuis plus de 60 ans, lEurope nous garantit un espace de paix et de prospérité que nous navions jamais connu dans notre histoire. Elle est le modèle le plus achevé dintégration régionale au monde, et elle est le plus grand marché développé avec 500 millions de consommateurs, qui représentent 30% du PIB mondial. Ce que lon peut dire aujourdhui, cest que la crise de la dette souveraine de certains Etats de la zone euro a éclaté alors quelle était encore insuffisamment organisée sur le plan économique.
Et cette crise a révélé des oublis de notre union monétaire.
Dune part, nous avons construit la monnaie européenne sans bâtir en même temps de gouvernance économique commune, sans harmoniser nos budgets et les fiscalités de nos pays. Cétait insuffisant, car partager une même monnaie suppose une plus grande convergence. Dautre part, nous avons laissé filer lendettement public de la plupart des pays, et avons laissé se creuser les écarts de compétitivité.
Grâce à la mobilisation franco-allemande exemplaire, nous avons répliqué rapidement avec lensemble des pays européens depuis le début de cette crise. En quelques mois, je voudrais vous faire remarquer que lEurope a fait plus de progrès quen 20 ans en matière de régulation.
LEurope soriente résolument vers la mise en place dun gouvernement économique de la zone euro, ce même gouvernement économique dont on ne pouvait même pas prononcer le nom il y a encore quelques mois tant il suscitait de divisions à lintérieur de lEurope.
LEurope appliquera bientôt de nouvelles règles plus exigeantes pour contrôler la dette, pour surveiller les déséquilibres macro économiques et pour améliorer les cadres budgétaires. Nous avons institutionnalisé le sommet de la zone euro pour une concertation plus efficace. Nous avons créé, pour protéger la zone euro, un Fonds européen de stabilité financière qui est désormais doté dune capacité daide de 440 milliards deuros, un fonds qui pourra agir à titre préventif, qui pourra acheter des emprunts dEtat sur le marché secondaire et qui pourra participer à la recapitalisation détablissements financiers. En 2013, ce Fonds deviendra permanent, à travers le mécanisme européen de stabilité.
Ainsi, en moins de trois mois, tous les Parlements des 17 pays de la zone euro ont ratifié les mesures de réforme de ce Fonds qui va donc pouvoir désormais donner sa pleine efficacité.
A présent, il faut structurer une réponse globale de l'Europe.
Après-demain et puis jusquau milieu de la semaine prochaine, le Conseil européen et le Sommet de la zone euro vont se réunir. Nous nous sommes fixés pour cette réunion qui est une réunion décisive, qui est une réunion capitale trois objectifs.
Dabord, nous voulons un plan de recapitalisation des banques européennes qui en ont besoin. Il sagit de mettre en place un mécanisme de recapitalisation qui soit ordonné, qui soit cohérent, qui obéisse aux mêmes règles sur lensemble du territoire européen.
Nous voulons aussi et cest notre deuxième objectif définir une stratégie pour la Grèce qui tienne compte des circonstances nouvelles et une amélioration de la gouvernance de la zone euro. Il y a deux semaines, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures pour faciliter le refinancement des banques.
En Europe, nous sommes d'accord pour renforcer la structure du capital des banques, conformément aux accords que lon appelle les accords « de Bâle III », conclus pour tirer les conséquences de la précédente crise financière. Dores et déjà, les banques françaises se sont engagées à détenir 9% de fonds propres dès 2013. Au niveau européen, pour renforcer le capital des banques, il faudra dabord réinvestir les revenus des banques, puis, le cas échéant, recourir aux capitaux privés des actionnaires et des investisseurs, et seulement en ultime recours mobiliser des capitaux publics. Sagissant des banques françaises, je veux vous dire que je suis confiant dans leur capacité à mobiliser leurs bénéfices et leurs ressources nécessaires pour renforcer leurs fonds propres.
Aujourdhui, tous les pays européens ont fait de lassainissement de leurs finances publiques leur première priorité. Les déséquilibres macroéconomiques vont désormais être surveillés par des instruments collectifs de surveillance des budgets nationaux. Et les pays seront soumis à des sanctions financières précoces, quasi-automatiques, et d'un montant très dissuasif. Pour faire converger nos fiscalités, la Commission européenne a fait des propositions pour consolider une assiette commune de limpôt sur les sociétés. Nous nous dirigeons vers un impôt sur les sociétés commun à lensemble des pays de la zone euro.
Mais sans attendre cet objectif, la France et lAllemagne ont décidé de sengager dans un effort historique dintégration fiscale puisque nous avons pris lengagement de mettre en place un impôt sur les sociétés commun à la France et à lAllemagne dès 2013.
Après-demain, et au début de la semaine prochaine, le deuxième défi des Chefs dEtat et de Gouvernement, ce sera aussi de dynamiser la croissance.
Sans dépenser plus dans les circonstances financières actuelles, l'Europe doit cibler ses efforts sur l'activité économique et les secteurs d'avenir. Cela passe par une dynamique en faveur du capital risque, par une stratégie commune de valorisation des brevets, par un encouragement de l'économie numérique et par un financement européen ciblé sur les infrastructures les plus indispensables à l'innovation et à la compétitivité.
Dimanche prochain et en début de semaine prochaine puisque nous avons choisi détaler le prochain sommet européen sur plusieurs jours, je suis certain que lEurope saura prendre les décisions qui simposent pour dessiner lunion monétaire de demain.
Ce que je veux retenir des tensions récentes, cest que nos efforts de coordination internationale sont plus importants que jamais. Et ces efforts valent bien au-delà du continent européen.
Si nous voulons apporter une réponse concertée aux turbulences économiques, le G20 me paraît aujourdhui le forum le plus adapté.
Les 3 et 4 novembre prochains, le G20 de Cannes devra offrir des solutions pour restaurer la confiance et pour soutenir la croissance. Nous attendons beaucoup dun plan daction pour une croissance forte, durable et équilibrée, qui réponde aux enjeux économiques actuels et à linquiétude des marchés financiers.
Lobjectif cest à la fois de traiter les facteurs de vulnérabilités à court terme, et de consolider les fondements de la croissance à moyen terme.
Les pays du G20 à lorigine des principaux déséquilibres économiques mondiaux devront prendre des engagements concrets à la hauteur de la situation. Dans certains États industrialisés, il existe en effet des marges pour soutenir la demande globale, soit via un développement de la demande intérieure pour les pays qui sont en excédent, soit en adaptant le rythme de consolidation budgétaire. Ceux, en revanche, qui présentent un déficit courant élevé devront mettre en uvre des politiques destinées à accroître leur épargne nationale. Et au fond, ce sont ces mouvements équilibrés qui doivent permettre de retrouver les conditions dune croissance mondiale durable.
De la part de certains grands pays émergents, nous attendons une contribution accrue à la croissance mondiale et nous attendons notamment quils accélèrent leur évolution vers une croissance davantage tirée par la demande intérieure.
Cela suppose des réformes structurelles, cela suppose une flexibilité accrue des taux de change pour refléter vraiment les fondamentaux économiques. Je nignore pas que ces réformes sont difficiles à conduire, mais je veux dire très solennellement quelles sont absolument indispensables si nous voulons que prévale une approche coopérative face aux enjeux économiques internationaux.
Enfin, nous souhaitons que les États du G20 puissent sengager collectivement à ce que le FMI dispose toujours des ressources nécessaires à lexercice de ses missions. Et pour cela, il faudrait que nous réfléchissions dès que possible aux modalités qui permettront de doter le FMI de moyens accrus en cas de besoin. De nouvelles ressources pourraient être envisagées sous forme de nouveaux prêts bilatéraux de la part dÉtats volontaires, qui pourront être mobilisables rapidement.
La deuxième mission du Sommet de Cannes, cest de poursuivre les réformes en matière de régulation financière.
Aucun marché, aucun acteur, aucun produit ne doit échapper à des règles et à une surveillance appropriées.
Nous devrons nous accorder pour mieux réguler le système bancaire parallèle et les dérivés de matières premières. Nous devons nous doter dun cadre permanent pour vérifier que les engagements du G20 sur les bonus des opérateurs de marché soient effectivement respectés dans la durée.
Nous devrons rendre le système financier moins dépendant des agences de notation, et faire en sorte quil réagisse de manière moins disproportionnée à leurs moindres jugements, même si je suis le premier à rappeler que les États, par leur politique budgétaire, sont les premiers responsables des notes qui peuvent leur être attribuées.
La troisième ambition du G20 de Cannes, cest de poser les bases d'un Système monétaire international qui soit plus stable pour résister aux chocs de liquidité, mais qui soit aussi plus adapté au nouvel équilibre entre les pays du G7 et les grands émergents.
Nous avons déjà progressé sur plusieurs fronts : le développement de lutilisation des monnaies locales pour lémission des dettes souveraines, la définition de principes communs pour encadrer les relations entre le Fonds monétaire international et les accords régionaux de financement, et enfin, la détermination dun cadre pour la gestion des flux internationaux de capitaux.
A présent, nous voulons que le Sommet de Cannes puisse contribuer à renforcer les filets internationaux de protection financière, en favorisant un mécanisme nouveau qui devrait assurer la fourniture de liquidités à court terme aux pays dont les politiques économiques et les fondamentaux sont sains, mais qui sont confrontés à un choc.
Nous voulons aussi renforcer les outils et lefficacité de la surveillance macroéconomique des pays par le FMI.
Enfin, nous devons progresser sur la question de linclusion des devises de nouveaux pays dans le panier de monnaies qui définit les droits de tirage spéciaux sur la base des critères existants.
Depuis le Sommet de Séoul, le développement figure parmi les priorités du G20 et de la Présidence française.
Concrètement, il sagit didentifier les projets dinfrastructures à soutenir, parmi ceux qui permettraient de mieux renforcer le potentiel de croissance à long terme des régions concernées. En juin dernier lors de la première réunion des ministres de lAgriculture du G20, un plan daction en cinq points sur la sécurité alimentaire a été adopté.
Cest un premier succès quil va falloir maintenant mettre en uvre.
Je suis convaincu que le financement de certains biens publics mondiaux comme lenvironnement et même la stabilité financière nécessite que lon mobilise des ressources nouvelles.
Vous le savez, la France a proposé à ses partenaires la mise en place dune taxe sur les transactions financières au niveau international, car nous voulons que les pays du G20 aient le choix entre différents outils pour financer leurs engagements pour le développement.
Lannée dernière, la Corée a su avec beaucoup de talent porter plus haut laction du G20 et amener le monde vers une globalisation mieux maîtrisée et qui profite au plus grand nombre.
Les propositions de la France sinscrivent dans le prolongement de la réussite du G20 de Séoul.
Nous avons décidé de poursuivre la démarche que vous avez engagée lan dernier et nous avons en particulier souhaité réunir un « B20 » qui regroupe les organisations patronales et les entreprises des pays du G20. Dès le début de lannée, nous les avons associées très étroitement aux travaux du G20, ce qui a permis un dialogue sur tous les sujets de notre agenda.
Mesdames et Messieurs,
Au-delà de notre coopération au sein des instances internationales, nos deux pays sont liés par des échanges qui sont appelés à être intensifiés.
La Corée est notre 4ème partenaire commercial en Asie, avec près de 7 milliards deuros déchanges annuels. Après sept années de déficit commercial, lannée 2010 a marqué le retour à lexcédent pour la France vis-à-vis de la Corée, une tendance qui se confirme en 2011, eh bien, je veux voir dans ce quasi-équilibre atteint aujourdhui le signe positif de la maturité de nos relations commerciales.
Lentrée en vigueur de laccord de libre-échange entre lUnion Européenne et la Corée, le 1er juillet dernier, doit être loccasion daller encore plus loin et de poursuivre le processus dintégration de nos économies.
Quand nous nous sommes rencontrés à Paris en mai dernier, votre Président ma proposé un objectif ambitieux puisquil sagit de tripler nos échanges en cinq ans. Cest un objectif auquel je souscris entièrement.
Vous qui dirigez des entreprises, vous êtes les premiers invités à saisir les nouvelles opportunités offertes par laccord de libre-échange pour renforcer nos relations commerciales et partenariales.
De leur côté, les pouvoirs publics garantiront son application en ouvrant leurs marchés respectifs, sans obstacles quils soient de nature tarifaire ou réglementaire, et en multipliant les encouragements en direction de nos exportateurs. Concrètement, nous devrons veiller au démantèlement progressif des barrières tarifaires et à la mise en place des facilités commerciales.
Ces dernières années, les coopérations entre la France et la Corée se sont multipliées dans les secteurs à très fort contenu technologique.
Cest vrai du secteur automobile, de lélectronique, des énergies renouvelables, de lenvironnement et des transports. Cest vrai aussi de laéronautique, avec le programme Airbus A350 sur lequel nous avons noué un partenariat avec des industriels coréens, et avec le développement franco-coréen de lhélicoptère de transport militaire léger qui va équiper larmée coréenne.
Ces partenariats industriels sont extrêmement prometteurs, et je forme le vu quils ouvrent la voie à dautres réussites communes entre des entreprises françaises et des entreprises coréennes.
En matière dinvestissements, les entreprises françaises se sont montrées plus volontaires dans leur politique dimplantations en Corée que leurs homologues coréennes sur le marché français.
Pourtant, je veux vous dire que la France a toutes les raisons dattirer les investisseurs.
Depuis 2007, nous avons renforcé la compétitivité de notre pays. Nous avons défiscalisé les heures supplémentaires pour que ceux qui le souhaitent puissent travailler davantage. Nous avons rendu nos universités autonomes, libres de développer leurs partenariats avec les entreprises. Nous avons encouragé les liens entre lentreprise et les secteurs dexcellence scientifique, technologique et industrielle : aujourdhui, nous avons mis en place 71 « pôles de compétitivité » qui réunissent des chercheurs et des industriels dune même filière sur un même territoire. Nous avons supprimé la taxe professionnelle, un impôt qui pesait sur linvestissement des entreprises installées en France et pour encourager les entreprises à investir dans la recherche, nous avons considérablement réformé notre système fiscal puisque la France est devenue aujourdhui lun des pays les plus attractifs de lOCDE pour les investissements de recherche, à tel point que nous sommes aujourdhui le premier pays européen pour laccueil de centres de Recherche & Développement dentreprises étrangères.
Nous avons créé des instruments dédiés au financement de la Recherche & Développement, y compris en faveur des petites entreprises. En mai dernier, notre principal organisme public de soutien à linnovation des PME, OSEO, a signé un accord de partenariat avec le Korea Institute for Advancement of Technology et je souhaite que les premiers projets conjoints puissent être financés extrêmement rapidement.
Enfin, en 2009, nous avons lancé un grand programme dinvestissements dans des secteurs de pointe qui devraient tirer notre croissance de demain. Nous avons en effet en pleine crise financière, et malgré un effort considérable de réduction de nos dépenses, affecté 35 milliards deuros à lenseignement supérieur, à la recherche, à lindustrie, au nucléaire de 4ème génération, aux réseaux à haut débit. Avec leffet de levier que représentent ces crédits publics, cest environ 60 milliards deuros qui vont être investis en trois ans sur les secteurs de pointe, les secteurs davenir de léconomie française.
Je sais que la Corée a également adopté un plan dinvestissement ambitieux qui est un peu similaire dans plusieurs de ces domaines et donc jy vois une raison supplémentaire de plus de renforcer nos coopérations.
Au-delà de nos relations bilatérales, notre coopération économique doit pouvoir sexprimer dans le cadre de nos responsabilités globales en matière de changement climatique et de développement durable.
La France et la Corée se sont engagées dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et nous avons tout à gagner à accompagner ensemble la mutation de nos économies vers un modèle plus durable et plus protecteur de lenvironnement. Je pense au développement du véhicule électrique, aux infrastructures de recharge, à la mise en place dun marché de crédits carbone, dans lequel nous avons lun et lautre une expérience à faire partager.
Sur tous ces sujets, nous avons encore de grands champs pour développer notre coopération.
Maintenant que la Corée est devenue un pays donateur, nous avons aussi intérêt à renforcer notre dialogue bilatéral avec certaines régions, comme lAfrique subsaharienne, et à agir ensemble dans un nombre croissant de pays, notamment via lAgence française de développement et la Kexim Bank. Ceci serait en ligne avec les engagements communs que nous avons pris dans le cadre du G20.
Le renforcement de nos relations, Mesdames et Messieurs, ne doit rien au hasard. Il sinscrit dans une amitié, dans une amitié qui a été scellée il y a soixante ans sur les champs de bataille. Il sancre dans des intérêts convergents et dans un même désir de prendre nos responsabilités pour une mondialisation qui soit mutuellement profitable.
Je vous encourage à développer des projets communs qui serviront dexemple aux générations qui nous suivront.
Je vous encourage à voir dans la France votre partenaire et votre amie.
Et je vous invite à avoir confiance dans le destin de lEurope, comme jai confiance dans la force de votre pays et de votre avenir.
Question de Monsieur Young-Doo YOO, président et CEO de la société ASIANA AIRLINES
Monsieur le Président,
Je pense quen tant que pays démocratiques et puissances économiques, nous avons des valeurs et des responsabilités communes.
Nous avons montré à travers les Présidents successifs du G20 une très grande similitude au fond sur notre approche de la régulation du commerce international des échanges et de la mondialisation. Votre Président, je lai dit tout à lheure, lorsquil est venu à Paris avec un volontarisme remarquable a dit : « en cinq ans, il faut tripler les échanges ». Maintenant que cette «instruction » nous a été donnée, il faut obtenir des résultats.
Alors comment peut-on les obtenir ?
Dabord, je pense que le plus important, cest le développement de partenariats industriels entre des entreprises françaises et des entreprises coréennes. Nous avons des exemples avec lautomobile, nous avons des exemples avec les chantiers navals, nous avons des exemples dans le domaine de laéronautique.
Je pense que ce sont ces exemples quil faut multiplier en développant des projets communs à des entreprises françaises et des entreprises coréennes. Jai quelques thèmes prioritaires que je veux évoquer devant vous à titre dexemple : la mobilité électrique, le partenariat dans le domaine de laéronautique, ce que nous avons commencé à faire sur lAIRBUS A350 peut trouver des prolongements importants.
La deuxième piste, me semble-t-il, pour améliorer les échanges, cest daugmenter les investissements coréens en France. Jai dit tout à lheure quil y avait pas mal dinvestissements français en Corée mais encore assez peu dinvestissements coréens en France. Je crois quaujourdhui, si lon met STX et les Chantiers de lAtlantique à part, il doit y avoir 1 400 emplois en France qui dépendent dentreprises coréennes contre 63 000 qui dépendent dentreprises japonaises.
Donc il y a, je crois, un champ de progression considérable et jai indiqué tout à lheure toutes les raisons pour lesquelles il était intéressant pour des entreprises coréennes dinvestir en France au cur du marché européen avec une compétitivité de léconomie française qui sest accrue et avec en particulier des dispositifs fiscaux en matière de soutien à la recherche et au développement qui sont aujourdhui beaucoup plus performants que par le passé.
Et puis, troisièmement, il faut mettre en place vraiment laccord de libre-échange entre lUnion européenne et la Corée. On attend 20 milliards sur les vingt prochaines années de progression dans les échanges Union européenne / Corée grâce à cet accord, mais vous savez bien quil faut quils passent des textes, des principes qui ont été décidés, à la réalité.
La réalité, cest les blocages sur les marchés publics chez les uns ou chez les autres, cest toutes les questions de normalisation. Je prends lexemple du véhicule électrique. Si nous ne sommes pas capables de mettre en place des dispositifs de recharge des véhicules électriques qui soient standardisés entre la France et la Corée -nous sommes en train dessayer de le faire à lintérieur de lUnion européenne- alors bien sûr, nous aurons des difficultés à pratiquer les échanges dans ce domaine.
Je ne voudrais pas négliger dans ma réponse les projets dans le domaine culturel et dans le domaine éducatif parce que ces projets sont susceptibles de nourrir le développement et la coopération économique.
Nous allons avoir des saisons culturelles croisées, la Corée en France en 2015 et la France en Corée en 2016. Nous avons un projet de création dune maison à la Cité internationale universitaire de Paris qui pourrait être un très beau symbole permettant de rendre plus attractive la France pour les étudiants coréens et qui aura le moment venu, je le dis parce quil y a beaucoup de chefs dentreprises coréens et français ici, qui aura besoin du soutien des entreprises coréennes. Je veux dire dailleurs au sujet des universités quil existe actuellement 200 accords entre des universités françaises et coréennes et que nous accueillons un peu plus de 6 500 étudiants coréens.
Enfin, nous attachons beaucoup dimportance à lenseignement des langues. Nous avons ouvert les premières classes de lycée avec le coréen en troisième langue en France à Bordeaux et à Paris et on va poursuivre dans cette voie et il nous faut aussi agrandir notre lycée ici à Séoul et nous avons pour cela besoin dun soutien fort de la municipalité de Séoul. Je suis sûr que nous lobtiendrons.
Voilà, je pense que la feuille de route pour le développement des échanges entre la France et la Corée est parfaitement tracée. Il suffit maintenant que chacun se retrousse les manches et ait à cur de tenir les engagements qui ont été pris.
Question de PARC Dae-Shik, secrétaire général de la Federation of korean industries.
Sur le Gouvernement économique européen, nous avons avec leuro créé une monnaie qui est sans équivalent dans lhistoire puisquil sagit dune monnaie qui est partagée par 17 pays, mais qui ont chacun leur autonomie, leur souveraineté dans la conduite de leur politique économique.
Alors bien sûr, nous avions dans le cadre du traité qui a mis en place leuro prévu un certain nombre de règles communes pour assurer la crédibilité de cette monnaie.
Ces règles nont pas suffisamment été respectées et en particulier, nous navons pas réussi à mettre en place les institutions suffisamment réactives pour intervenir dès les premières dérives dans les Etats qui ne respectaient pas les critères permettant la convergence des économies.
Et donc nous sommes en train de remédier à cela.
Nous sommes en train de remédier à cela dabord en créant un Gouvernement économique. Le Gouvernement économique, ce sera dabord la réunion des chefs dEtat et de Gouvernement de la zone euro. Ce conseil des chefs dEtat et de Gouvernement de la zone euro devra pouvoir se doter dune petite structure permanente qui en liaison avec la Commission européenne aura pour mission dappliquer strictement les décisions, les orientations qui auront été prises en matière de politique économique.
Donc lune des premières missions de ce Gouvernement économique, ce sera dorganiser selon un calendrier qui naturellement prendra du temps une convergence relative des économies de la zone euro. Et cest vrai quil faudra pas à pas rapprocher les règles sociales, les règles fiscales des principaux pays de la zone euro, enfin de lensemble des pays de la zone euro, si nous voulons donner à la monnaie européenne dans la durée la solidité qui est aujourdhui la sienne.
Sans doute aurait-il fallu créer ce Gouvernement économique avant de créer la monnaie. Nous avons fait les choses dans lautre sens et la monnaie, au fond, a été une sorte de stimulant qui a conduit à une plus grande cohésion de la zone euro.
En tout cas, je nai pas de doute sur lavenir de cette monnaie et je nai pas de doute sur lavenir de la zone euro parce que cette monnaie, cest le symbole le plus fort de 60 ans de construction européenne. Donc renoncer à ce symbole, ce serait en réalité renoncer à lensemble de la construction européenne.
Cest évidemment quelque chose qui narrivera pas, parce que ce serait aller complètement à contre-courant de lHistoire.
Vous avez évoqué la Grèce.
Il est incontestable que la Grèce non seulement na pas respecté les règles de convergence qui étaient prévues par le traité mais il est aussi incontestable quelle na pas fourni aux instances européennes les bonnes informations sur la réalité de son économie. Et donc les dispositifs que nous sommes en train de mettre en place vont être beaucoup plus contraignants et permettront de donner des injonctions précises aux États qui sécarteraient des stratégies, des lignes qui ont été fixées collectivement.
Cest difficile de répondre en un mot sur la question que vous posiez sur la Chine et le G20, je pense que chacun aura compris dans mon intervention préliminaire que nous attendons beaucoup de la Chine.
Nous attendons beaucoup de la Chine sur la question des monnaies, sur la question de lévolution de la monnaie chinoise, de son évaluation et nous attendons beaucoup de la Chine quelle mène une politique qui permette de relancer la consommation à lintérieur de son territoire pour mettre en place les stabilisateurs dont léconomie mondiale a besoin.
Je pense que cette idée progresse. Naturellement, chacun a ses contraintes.
Les systèmes politiques et économiques des uns et des autres ne sont pas les mêmes mais on voit bien que dans une économie qui est désormais totalement mondialisée, personne ne peut tirer son épingle du jeu tout seul.
Si la zone euro ou si les Etats-Unis étaient durablement en panne, lensemble des économies asiatiques en subiraient très rapidement les conséquences. Et à linverse, les difficultés, désormais, dans la zone asiatique ont des répercussions immédiates sur léconomie mondiale.
Donc nous avons vraiment besoin de cette coordination confiante, sincère, régulière.
Les réunions du G20 ne doivent plus être simplement des forums où lon échange des idées. Ce doit être des lieux de décision où lon met en place des stratégies qui sont des compromis et où lon veille à ce que ces stratégies soient appliquées.
Cest tout simplement lavenir de léconomie mondiale qui est en cause. Si lon veut que la mondialisation réussisse, il faut quelle soit maîtrisée. Si la mondialisation nest pas maîtrisée, le monde connaîtra de nouvelles crises, de nouveaux soubresauts qui conduiront à des politiques de repli, à des politiques nationalistes, à des politiques comme on en a connues après toutes les grandes crises du XXème siècle et on sait que ces politiques ont toujours conduit à des catastrophes.
Nous avons une responsabilité qui est une responsabilité historique.
On ne peut pas se contenter de laisser léconomie mondiale fonctionner comme elle fonctionne aujourdhui ; on a besoin de règles, on a besoin déquilibre, on a besoin de politiques économiques complémentaires entre la zone euro, les Etats-Unis et lAsie et cest vraiment tout lenjeu du Sommet de Cannes dont jespère quil sera une réussite.Source http://www.gouvernement.fr, le 24 octobre 2011
Monsieur le Président de la Chambre de commerce et dindustrie franco-coréenne,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous remercier davoir organisé cette rencontre qui me permet de dialoguer avec la communauté daffaires franco-coréenne de Séoul.
Jai souhaité venir à la veille du G20 à Séoul parce que je suis convaincu que la Corée a des messages extrêmement forts à nous délivrer et à délivrer au monde dans le contexte de la mondialisation.
La Corée est la preuve quun pays qui sengage intelligemment dans cette mondialisation, loin de chercher à sen soustraire, a tout à y gagner. En misant sur son intégration dans les échanges internationaux, la Corée sest classée parmi les pays les plus industrialisés. En investissant massivement dans léducation, dans la recherche, dans léconomie numérique, elle prépare activement la compétition de demain.
Elle est passée du statut de pays en développement à celui de donateur et elle entend assumer toutes ses responsabilités internationales.
Aujourdhui, nous sommes à un moment de vérité pour lavenir de léconomie et de la gouvernance mondiale. Le monde connaît des turbulences économiques majeures, auxquelles lEurope est aujourdhui largement exposée, mais qui en réalité concernent le monde entier et concernent aussi lAsie et la Corée.
Depuis un peu plus dun an, vous entendez que lUnion européenne est une zone menacée, que leuro va éclater, que lEurope est divisée, que le continent européen est traversé par des forces centrifuges et que la Grèce pourrait sortir de leuro.
Cest un fait, la zone euro vient de traverser la crise la plus grave de son histoire.
Pour autant, la construction européenne na jamais été un long fleuve tranquille et dailleurs, pourrait-il en être autrement ? Les débats que nous avons à 27, loriginalité de la construction que nous avons engagée, lhistoire même de lEurope font que cette construction ne peut pas être un long fleuve tranquille. Mais les débats que nous engageons autour de la gouvernance économique, loin dêtre un indice de division, sont en réalité lexpression dune construction européenne qui progresse sans cesse.
Le projet européen na jamais visé à luniformité, et nous lui avons toujours préféré le consensus démocratique, au bénéfice de tous. Et cest précisément ce consensus qui fait la force de notre union.
Alors, aujourdhui, lEurope est face à un nouveau défi. Comme elle la toujours fait par le passé, elle surmontera les épreuves et elle en sortira renforcée.
Ma conviction - et jose le dire ici, au cur dune Asie en pleine croissance ! cest quavec sa cohésion démocratique et sociale, avec sa richesse, avec la qualité de sa formation, de sa technologie, de ses infrastructures, avec sa culture, lEurope de demain peut incarner un des espaces parmi les plus stables, parmi les plus prospères et parmi les plus influents du XXIème siècle.
Les bénéfices de lEurope dépassent de loin les difficultés quelle affronte.
Depuis plus de 60 ans, lEurope nous garantit un espace de paix et de prospérité que nous navions jamais connu dans notre histoire. Elle est le modèle le plus achevé dintégration régionale au monde, et elle est le plus grand marché développé avec 500 millions de consommateurs, qui représentent 30% du PIB mondial. Ce que lon peut dire aujourdhui, cest que la crise de la dette souveraine de certains Etats de la zone euro a éclaté alors quelle était encore insuffisamment organisée sur le plan économique.
Et cette crise a révélé des oublis de notre union monétaire.
Dune part, nous avons construit la monnaie européenne sans bâtir en même temps de gouvernance économique commune, sans harmoniser nos budgets et les fiscalités de nos pays. Cétait insuffisant, car partager une même monnaie suppose une plus grande convergence. Dautre part, nous avons laissé filer lendettement public de la plupart des pays, et avons laissé se creuser les écarts de compétitivité.
Grâce à la mobilisation franco-allemande exemplaire, nous avons répliqué rapidement avec lensemble des pays européens depuis le début de cette crise. En quelques mois, je voudrais vous faire remarquer que lEurope a fait plus de progrès quen 20 ans en matière de régulation.
LEurope soriente résolument vers la mise en place dun gouvernement économique de la zone euro, ce même gouvernement économique dont on ne pouvait même pas prononcer le nom il y a encore quelques mois tant il suscitait de divisions à lintérieur de lEurope.
LEurope appliquera bientôt de nouvelles règles plus exigeantes pour contrôler la dette, pour surveiller les déséquilibres macro économiques et pour améliorer les cadres budgétaires. Nous avons institutionnalisé le sommet de la zone euro pour une concertation plus efficace. Nous avons créé, pour protéger la zone euro, un Fonds européen de stabilité financière qui est désormais doté dune capacité daide de 440 milliards deuros, un fonds qui pourra agir à titre préventif, qui pourra acheter des emprunts dEtat sur le marché secondaire et qui pourra participer à la recapitalisation détablissements financiers. En 2013, ce Fonds deviendra permanent, à travers le mécanisme européen de stabilité.
Ainsi, en moins de trois mois, tous les Parlements des 17 pays de la zone euro ont ratifié les mesures de réforme de ce Fonds qui va donc pouvoir désormais donner sa pleine efficacité.
A présent, il faut structurer une réponse globale de l'Europe.
Après-demain et puis jusquau milieu de la semaine prochaine, le Conseil européen et le Sommet de la zone euro vont se réunir. Nous nous sommes fixés pour cette réunion qui est une réunion décisive, qui est une réunion capitale trois objectifs.
Dabord, nous voulons un plan de recapitalisation des banques européennes qui en ont besoin. Il sagit de mettre en place un mécanisme de recapitalisation qui soit ordonné, qui soit cohérent, qui obéisse aux mêmes règles sur lensemble du territoire européen.
Nous voulons aussi et cest notre deuxième objectif définir une stratégie pour la Grèce qui tienne compte des circonstances nouvelles et une amélioration de la gouvernance de la zone euro. Il y a deux semaines, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures pour faciliter le refinancement des banques.
En Europe, nous sommes d'accord pour renforcer la structure du capital des banques, conformément aux accords que lon appelle les accords « de Bâle III », conclus pour tirer les conséquences de la précédente crise financière. Dores et déjà, les banques françaises se sont engagées à détenir 9% de fonds propres dès 2013. Au niveau européen, pour renforcer le capital des banques, il faudra dabord réinvestir les revenus des banques, puis, le cas échéant, recourir aux capitaux privés des actionnaires et des investisseurs, et seulement en ultime recours mobiliser des capitaux publics. Sagissant des banques françaises, je veux vous dire que je suis confiant dans leur capacité à mobiliser leurs bénéfices et leurs ressources nécessaires pour renforcer leurs fonds propres.
Aujourdhui, tous les pays européens ont fait de lassainissement de leurs finances publiques leur première priorité. Les déséquilibres macroéconomiques vont désormais être surveillés par des instruments collectifs de surveillance des budgets nationaux. Et les pays seront soumis à des sanctions financières précoces, quasi-automatiques, et d'un montant très dissuasif. Pour faire converger nos fiscalités, la Commission européenne a fait des propositions pour consolider une assiette commune de limpôt sur les sociétés. Nous nous dirigeons vers un impôt sur les sociétés commun à lensemble des pays de la zone euro.
Mais sans attendre cet objectif, la France et lAllemagne ont décidé de sengager dans un effort historique dintégration fiscale puisque nous avons pris lengagement de mettre en place un impôt sur les sociétés commun à la France et à lAllemagne dès 2013.
Après-demain, et au début de la semaine prochaine, le deuxième défi des Chefs dEtat et de Gouvernement, ce sera aussi de dynamiser la croissance.
Sans dépenser plus dans les circonstances financières actuelles, l'Europe doit cibler ses efforts sur l'activité économique et les secteurs d'avenir. Cela passe par une dynamique en faveur du capital risque, par une stratégie commune de valorisation des brevets, par un encouragement de l'économie numérique et par un financement européen ciblé sur les infrastructures les plus indispensables à l'innovation et à la compétitivité.
Dimanche prochain et en début de semaine prochaine puisque nous avons choisi détaler le prochain sommet européen sur plusieurs jours, je suis certain que lEurope saura prendre les décisions qui simposent pour dessiner lunion monétaire de demain.
Ce que je veux retenir des tensions récentes, cest que nos efforts de coordination internationale sont plus importants que jamais. Et ces efforts valent bien au-delà du continent européen.
Si nous voulons apporter une réponse concertée aux turbulences économiques, le G20 me paraît aujourdhui le forum le plus adapté.
Les 3 et 4 novembre prochains, le G20 de Cannes devra offrir des solutions pour restaurer la confiance et pour soutenir la croissance. Nous attendons beaucoup dun plan daction pour une croissance forte, durable et équilibrée, qui réponde aux enjeux économiques actuels et à linquiétude des marchés financiers.
Lobjectif cest à la fois de traiter les facteurs de vulnérabilités à court terme, et de consolider les fondements de la croissance à moyen terme.
Les pays du G20 à lorigine des principaux déséquilibres économiques mondiaux devront prendre des engagements concrets à la hauteur de la situation. Dans certains États industrialisés, il existe en effet des marges pour soutenir la demande globale, soit via un développement de la demande intérieure pour les pays qui sont en excédent, soit en adaptant le rythme de consolidation budgétaire. Ceux, en revanche, qui présentent un déficit courant élevé devront mettre en uvre des politiques destinées à accroître leur épargne nationale. Et au fond, ce sont ces mouvements équilibrés qui doivent permettre de retrouver les conditions dune croissance mondiale durable.
De la part de certains grands pays émergents, nous attendons une contribution accrue à la croissance mondiale et nous attendons notamment quils accélèrent leur évolution vers une croissance davantage tirée par la demande intérieure.
Cela suppose des réformes structurelles, cela suppose une flexibilité accrue des taux de change pour refléter vraiment les fondamentaux économiques. Je nignore pas que ces réformes sont difficiles à conduire, mais je veux dire très solennellement quelles sont absolument indispensables si nous voulons que prévale une approche coopérative face aux enjeux économiques internationaux.
Enfin, nous souhaitons que les États du G20 puissent sengager collectivement à ce que le FMI dispose toujours des ressources nécessaires à lexercice de ses missions. Et pour cela, il faudrait que nous réfléchissions dès que possible aux modalités qui permettront de doter le FMI de moyens accrus en cas de besoin. De nouvelles ressources pourraient être envisagées sous forme de nouveaux prêts bilatéraux de la part dÉtats volontaires, qui pourront être mobilisables rapidement.
La deuxième mission du Sommet de Cannes, cest de poursuivre les réformes en matière de régulation financière.
Aucun marché, aucun acteur, aucun produit ne doit échapper à des règles et à une surveillance appropriées.
Nous devrons nous accorder pour mieux réguler le système bancaire parallèle et les dérivés de matières premières. Nous devons nous doter dun cadre permanent pour vérifier que les engagements du G20 sur les bonus des opérateurs de marché soient effectivement respectés dans la durée.
Nous devrons rendre le système financier moins dépendant des agences de notation, et faire en sorte quil réagisse de manière moins disproportionnée à leurs moindres jugements, même si je suis le premier à rappeler que les États, par leur politique budgétaire, sont les premiers responsables des notes qui peuvent leur être attribuées.
La troisième ambition du G20 de Cannes, cest de poser les bases d'un Système monétaire international qui soit plus stable pour résister aux chocs de liquidité, mais qui soit aussi plus adapté au nouvel équilibre entre les pays du G7 et les grands émergents.
Nous avons déjà progressé sur plusieurs fronts : le développement de lutilisation des monnaies locales pour lémission des dettes souveraines, la définition de principes communs pour encadrer les relations entre le Fonds monétaire international et les accords régionaux de financement, et enfin, la détermination dun cadre pour la gestion des flux internationaux de capitaux.
A présent, nous voulons que le Sommet de Cannes puisse contribuer à renforcer les filets internationaux de protection financière, en favorisant un mécanisme nouveau qui devrait assurer la fourniture de liquidités à court terme aux pays dont les politiques économiques et les fondamentaux sont sains, mais qui sont confrontés à un choc.
Nous voulons aussi renforcer les outils et lefficacité de la surveillance macroéconomique des pays par le FMI.
Enfin, nous devons progresser sur la question de linclusion des devises de nouveaux pays dans le panier de monnaies qui définit les droits de tirage spéciaux sur la base des critères existants.
Depuis le Sommet de Séoul, le développement figure parmi les priorités du G20 et de la Présidence française.
Concrètement, il sagit didentifier les projets dinfrastructures à soutenir, parmi ceux qui permettraient de mieux renforcer le potentiel de croissance à long terme des régions concernées. En juin dernier lors de la première réunion des ministres de lAgriculture du G20, un plan daction en cinq points sur la sécurité alimentaire a été adopté.
Cest un premier succès quil va falloir maintenant mettre en uvre.
Je suis convaincu que le financement de certains biens publics mondiaux comme lenvironnement et même la stabilité financière nécessite que lon mobilise des ressources nouvelles.
Vous le savez, la France a proposé à ses partenaires la mise en place dune taxe sur les transactions financières au niveau international, car nous voulons que les pays du G20 aient le choix entre différents outils pour financer leurs engagements pour le développement.
Lannée dernière, la Corée a su avec beaucoup de talent porter plus haut laction du G20 et amener le monde vers une globalisation mieux maîtrisée et qui profite au plus grand nombre.
Les propositions de la France sinscrivent dans le prolongement de la réussite du G20 de Séoul.
Nous avons décidé de poursuivre la démarche que vous avez engagée lan dernier et nous avons en particulier souhaité réunir un « B20 » qui regroupe les organisations patronales et les entreprises des pays du G20. Dès le début de lannée, nous les avons associées très étroitement aux travaux du G20, ce qui a permis un dialogue sur tous les sujets de notre agenda.
Mesdames et Messieurs,
Au-delà de notre coopération au sein des instances internationales, nos deux pays sont liés par des échanges qui sont appelés à être intensifiés.
La Corée est notre 4ème partenaire commercial en Asie, avec près de 7 milliards deuros déchanges annuels. Après sept années de déficit commercial, lannée 2010 a marqué le retour à lexcédent pour la France vis-à-vis de la Corée, une tendance qui se confirme en 2011, eh bien, je veux voir dans ce quasi-équilibre atteint aujourdhui le signe positif de la maturité de nos relations commerciales.
Lentrée en vigueur de laccord de libre-échange entre lUnion Européenne et la Corée, le 1er juillet dernier, doit être loccasion daller encore plus loin et de poursuivre le processus dintégration de nos économies.
Quand nous nous sommes rencontrés à Paris en mai dernier, votre Président ma proposé un objectif ambitieux puisquil sagit de tripler nos échanges en cinq ans. Cest un objectif auquel je souscris entièrement.
Vous qui dirigez des entreprises, vous êtes les premiers invités à saisir les nouvelles opportunités offertes par laccord de libre-échange pour renforcer nos relations commerciales et partenariales.
De leur côté, les pouvoirs publics garantiront son application en ouvrant leurs marchés respectifs, sans obstacles quils soient de nature tarifaire ou réglementaire, et en multipliant les encouragements en direction de nos exportateurs. Concrètement, nous devrons veiller au démantèlement progressif des barrières tarifaires et à la mise en place des facilités commerciales.
Ces dernières années, les coopérations entre la France et la Corée se sont multipliées dans les secteurs à très fort contenu technologique.
Cest vrai du secteur automobile, de lélectronique, des énergies renouvelables, de lenvironnement et des transports. Cest vrai aussi de laéronautique, avec le programme Airbus A350 sur lequel nous avons noué un partenariat avec des industriels coréens, et avec le développement franco-coréen de lhélicoptère de transport militaire léger qui va équiper larmée coréenne.
Ces partenariats industriels sont extrêmement prometteurs, et je forme le vu quils ouvrent la voie à dautres réussites communes entre des entreprises françaises et des entreprises coréennes.
En matière dinvestissements, les entreprises françaises se sont montrées plus volontaires dans leur politique dimplantations en Corée que leurs homologues coréennes sur le marché français.
Pourtant, je veux vous dire que la France a toutes les raisons dattirer les investisseurs.
Depuis 2007, nous avons renforcé la compétitivité de notre pays. Nous avons défiscalisé les heures supplémentaires pour que ceux qui le souhaitent puissent travailler davantage. Nous avons rendu nos universités autonomes, libres de développer leurs partenariats avec les entreprises. Nous avons encouragé les liens entre lentreprise et les secteurs dexcellence scientifique, technologique et industrielle : aujourdhui, nous avons mis en place 71 « pôles de compétitivité » qui réunissent des chercheurs et des industriels dune même filière sur un même territoire. Nous avons supprimé la taxe professionnelle, un impôt qui pesait sur linvestissement des entreprises installées en France et pour encourager les entreprises à investir dans la recherche, nous avons considérablement réformé notre système fiscal puisque la France est devenue aujourdhui lun des pays les plus attractifs de lOCDE pour les investissements de recherche, à tel point que nous sommes aujourdhui le premier pays européen pour laccueil de centres de Recherche & Développement dentreprises étrangères.
Nous avons créé des instruments dédiés au financement de la Recherche & Développement, y compris en faveur des petites entreprises. En mai dernier, notre principal organisme public de soutien à linnovation des PME, OSEO, a signé un accord de partenariat avec le Korea Institute for Advancement of Technology et je souhaite que les premiers projets conjoints puissent être financés extrêmement rapidement.
Enfin, en 2009, nous avons lancé un grand programme dinvestissements dans des secteurs de pointe qui devraient tirer notre croissance de demain. Nous avons en effet en pleine crise financière, et malgré un effort considérable de réduction de nos dépenses, affecté 35 milliards deuros à lenseignement supérieur, à la recherche, à lindustrie, au nucléaire de 4ème génération, aux réseaux à haut débit. Avec leffet de levier que représentent ces crédits publics, cest environ 60 milliards deuros qui vont être investis en trois ans sur les secteurs de pointe, les secteurs davenir de léconomie française.
Je sais que la Corée a également adopté un plan dinvestissement ambitieux qui est un peu similaire dans plusieurs de ces domaines et donc jy vois une raison supplémentaire de plus de renforcer nos coopérations.
Au-delà de nos relations bilatérales, notre coopération économique doit pouvoir sexprimer dans le cadre de nos responsabilités globales en matière de changement climatique et de développement durable.
La France et la Corée se sont engagées dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et nous avons tout à gagner à accompagner ensemble la mutation de nos économies vers un modèle plus durable et plus protecteur de lenvironnement. Je pense au développement du véhicule électrique, aux infrastructures de recharge, à la mise en place dun marché de crédits carbone, dans lequel nous avons lun et lautre une expérience à faire partager.
Sur tous ces sujets, nous avons encore de grands champs pour développer notre coopération.
Maintenant que la Corée est devenue un pays donateur, nous avons aussi intérêt à renforcer notre dialogue bilatéral avec certaines régions, comme lAfrique subsaharienne, et à agir ensemble dans un nombre croissant de pays, notamment via lAgence française de développement et la Kexim Bank. Ceci serait en ligne avec les engagements communs que nous avons pris dans le cadre du G20.
Le renforcement de nos relations, Mesdames et Messieurs, ne doit rien au hasard. Il sinscrit dans une amitié, dans une amitié qui a été scellée il y a soixante ans sur les champs de bataille. Il sancre dans des intérêts convergents et dans un même désir de prendre nos responsabilités pour une mondialisation qui soit mutuellement profitable.
Je vous encourage à développer des projets communs qui serviront dexemple aux générations qui nous suivront.
Je vous encourage à voir dans la France votre partenaire et votre amie.
Et je vous invite à avoir confiance dans le destin de lEurope, comme jai confiance dans la force de votre pays et de votre avenir.
Question de Monsieur Young-Doo YOO, président et CEO de la société ASIANA AIRLINES
Monsieur le Président,
Je pense quen tant que pays démocratiques et puissances économiques, nous avons des valeurs et des responsabilités communes.
Nous avons montré à travers les Présidents successifs du G20 une très grande similitude au fond sur notre approche de la régulation du commerce international des échanges et de la mondialisation. Votre Président, je lai dit tout à lheure, lorsquil est venu à Paris avec un volontarisme remarquable a dit : « en cinq ans, il faut tripler les échanges ». Maintenant que cette «instruction » nous a été donnée, il faut obtenir des résultats.
Alors comment peut-on les obtenir ?
Dabord, je pense que le plus important, cest le développement de partenariats industriels entre des entreprises françaises et des entreprises coréennes. Nous avons des exemples avec lautomobile, nous avons des exemples avec les chantiers navals, nous avons des exemples dans le domaine de laéronautique.
Je pense que ce sont ces exemples quil faut multiplier en développant des projets communs à des entreprises françaises et des entreprises coréennes. Jai quelques thèmes prioritaires que je veux évoquer devant vous à titre dexemple : la mobilité électrique, le partenariat dans le domaine de laéronautique, ce que nous avons commencé à faire sur lAIRBUS A350 peut trouver des prolongements importants.
La deuxième piste, me semble-t-il, pour améliorer les échanges, cest daugmenter les investissements coréens en France. Jai dit tout à lheure quil y avait pas mal dinvestissements français en Corée mais encore assez peu dinvestissements coréens en France. Je crois quaujourdhui, si lon met STX et les Chantiers de lAtlantique à part, il doit y avoir 1 400 emplois en France qui dépendent dentreprises coréennes contre 63 000 qui dépendent dentreprises japonaises.
Donc il y a, je crois, un champ de progression considérable et jai indiqué tout à lheure toutes les raisons pour lesquelles il était intéressant pour des entreprises coréennes dinvestir en France au cur du marché européen avec une compétitivité de léconomie française qui sest accrue et avec en particulier des dispositifs fiscaux en matière de soutien à la recherche et au développement qui sont aujourdhui beaucoup plus performants que par le passé.
Et puis, troisièmement, il faut mettre en place vraiment laccord de libre-échange entre lUnion européenne et la Corée. On attend 20 milliards sur les vingt prochaines années de progression dans les échanges Union européenne / Corée grâce à cet accord, mais vous savez bien quil faut quils passent des textes, des principes qui ont été décidés, à la réalité.
La réalité, cest les blocages sur les marchés publics chez les uns ou chez les autres, cest toutes les questions de normalisation. Je prends lexemple du véhicule électrique. Si nous ne sommes pas capables de mettre en place des dispositifs de recharge des véhicules électriques qui soient standardisés entre la France et la Corée -nous sommes en train dessayer de le faire à lintérieur de lUnion européenne- alors bien sûr, nous aurons des difficultés à pratiquer les échanges dans ce domaine.
Je ne voudrais pas négliger dans ma réponse les projets dans le domaine culturel et dans le domaine éducatif parce que ces projets sont susceptibles de nourrir le développement et la coopération économique.
Nous allons avoir des saisons culturelles croisées, la Corée en France en 2015 et la France en Corée en 2016. Nous avons un projet de création dune maison à la Cité internationale universitaire de Paris qui pourrait être un très beau symbole permettant de rendre plus attractive la France pour les étudiants coréens et qui aura le moment venu, je le dis parce quil y a beaucoup de chefs dentreprises coréens et français ici, qui aura besoin du soutien des entreprises coréennes. Je veux dire dailleurs au sujet des universités quil existe actuellement 200 accords entre des universités françaises et coréennes et que nous accueillons un peu plus de 6 500 étudiants coréens.
Enfin, nous attachons beaucoup dimportance à lenseignement des langues. Nous avons ouvert les premières classes de lycée avec le coréen en troisième langue en France à Bordeaux et à Paris et on va poursuivre dans cette voie et il nous faut aussi agrandir notre lycée ici à Séoul et nous avons pour cela besoin dun soutien fort de la municipalité de Séoul. Je suis sûr que nous lobtiendrons.
Voilà, je pense que la feuille de route pour le développement des échanges entre la France et la Corée est parfaitement tracée. Il suffit maintenant que chacun se retrousse les manches et ait à cur de tenir les engagements qui ont été pris.
Question de PARC Dae-Shik, secrétaire général de la Federation of korean industries.
Sur le Gouvernement économique européen, nous avons avec leuro créé une monnaie qui est sans équivalent dans lhistoire puisquil sagit dune monnaie qui est partagée par 17 pays, mais qui ont chacun leur autonomie, leur souveraineté dans la conduite de leur politique économique.
Alors bien sûr, nous avions dans le cadre du traité qui a mis en place leuro prévu un certain nombre de règles communes pour assurer la crédibilité de cette monnaie.
Ces règles nont pas suffisamment été respectées et en particulier, nous navons pas réussi à mettre en place les institutions suffisamment réactives pour intervenir dès les premières dérives dans les Etats qui ne respectaient pas les critères permettant la convergence des économies.
Et donc nous sommes en train de remédier à cela.
Nous sommes en train de remédier à cela dabord en créant un Gouvernement économique. Le Gouvernement économique, ce sera dabord la réunion des chefs dEtat et de Gouvernement de la zone euro. Ce conseil des chefs dEtat et de Gouvernement de la zone euro devra pouvoir se doter dune petite structure permanente qui en liaison avec la Commission européenne aura pour mission dappliquer strictement les décisions, les orientations qui auront été prises en matière de politique économique.
Donc lune des premières missions de ce Gouvernement économique, ce sera dorganiser selon un calendrier qui naturellement prendra du temps une convergence relative des économies de la zone euro. Et cest vrai quil faudra pas à pas rapprocher les règles sociales, les règles fiscales des principaux pays de la zone euro, enfin de lensemble des pays de la zone euro, si nous voulons donner à la monnaie européenne dans la durée la solidité qui est aujourdhui la sienne.
Sans doute aurait-il fallu créer ce Gouvernement économique avant de créer la monnaie. Nous avons fait les choses dans lautre sens et la monnaie, au fond, a été une sorte de stimulant qui a conduit à une plus grande cohésion de la zone euro.
En tout cas, je nai pas de doute sur lavenir de cette monnaie et je nai pas de doute sur lavenir de la zone euro parce que cette monnaie, cest le symbole le plus fort de 60 ans de construction européenne. Donc renoncer à ce symbole, ce serait en réalité renoncer à lensemble de la construction européenne.
Cest évidemment quelque chose qui narrivera pas, parce que ce serait aller complètement à contre-courant de lHistoire.
Vous avez évoqué la Grèce.
Il est incontestable que la Grèce non seulement na pas respecté les règles de convergence qui étaient prévues par le traité mais il est aussi incontestable quelle na pas fourni aux instances européennes les bonnes informations sur la réalité de son économie. Et donc les dispositifs que nous sommes en train de mettre en place vont être beaucoup plus contraignants et permettront de donner des injonctions précises aux États qui sécarteraient des stratégies, des lignes qui ont été fixées collectivement.
Cest difficile de répondre en un mot sur la question que vous posiez sur la Chine et le G20, je pense que chacun aura compris dans mon intervention préliminaire que nous attendons beaucoup de la Chine.
Nous attendons beaucoup de la Chine sur la question des monnaies, sur la question de lévolution de la monnaie chinoise, de son évaluation et nous attendons beaucoup de la Chine quelle mène une politique qui permette de relancer la consommation à lintérieur de son territoire pour mettre en place les stabilisateurs dont léconomie mondiale a besoin.
Je pense que cette idée progresse. Naturellement, chacun a ses contraintes.
Les systèmes politiques et économiques des uns et des autres ne sont pas les mêmes mais on voit bien que dans une économie qui est désormais totalement mondialisée, personne ne peut tirer son épingle du jeu tout seul.
Si la zone euro ou si les Etats-Unis étaient durablement en panne, lensemble des économies asiatiques en subiraient très rapidement les conséquences. Et à linverse, les difficultés, désormais, dans la zone asiatique ont des répercussions immédiates sur léconomie mondiale.
Donc nous avons vraiment besoin de cette coordination confiante, sincère, régulière.
Les réunions du G20 ne doivent plus être simplement des forums où lon échange des idées. Ce doit être des lieux de décision où lon met en place des stratégies qui sont des compromis et où lon veille à ce que ces stratégies soient appliquées.
Cest tout simplement lavenir de léconomie mondiale qui est en cause. Si lon veut que la mondialisation réussisse, il faut quelle soit maîtrisée. Si la mondialisation nest pas maîtrisée, le monde connaîtra de nouvelles crises, de nouveaux soubresauts qui conduiront à des politiques de repli, à des politiques nationalistes, à des politiques comme on en a connues après toutes les grandes crises du XXème siècle et on sait que ces politiques ont toujours conduit à des catastrophes.
Nous avons une responsabilité qui est une responsabilité historique.
On ne peut pas se contenter de laisser léconomie mondiale fonctionner comme elle fonctionne aujourdhui ; on a besoin de règles, on a besoin déquilibre, on a besoin de politiques économiques complémentaires entre la zone euro, les Etats-Unis et lAsie et cest vraiment tout lenjeu du Sommet de Cannes dont jespère quil sera une réussite.Source http://www.gouvernement.fr, le 24 octobre 2011