Texte intégral
Q - Israël et le Hamas ont trouvé un accord hier soir ; Gilad Shalit devrait être libéré dans les prochains jours après cinq ans de détention. Nicolas Sarkozy avait reçu la famille de ce soldat franco-israélien. Il sest réjoui hier soir de cette libération prochaine. Est-ce que la France a joué un rôle dans cette affaire ?
R - Bien sûr ! Nous nous sommes, comme vous lavez rappelé, fortement engagés pour convaincre les deux parties de parvenir à cet accord. Cest une formidable bonne nouvelle. Jespère quelle va se confirmer très prochainement.
Je pense aux parents de Gilad Shalit que javais moi-même rencontrés, au mois de juin dernier, quand jétais à Jérusalem. Ils attendaient cette libération depuis plus de cinq ans.
Q - Alors, justement, pourquoi cette libération arrive maintenant ? Depuis le début, les Palestiniens réclamaient la libération de prisonniers ; pourquoi Israël a-t-il cédé aujourdhui ?
R - Ne parlons pas de «céder» ou «de ne pas céder». Il sagit, selon le Premier ministre israélien, dun accord satisfaisant et nous ne pouvons que saluer le courage des autorités israéliennes, dont il fallait faire preuve pour libérer un millier de prisonniers. Nous le souhaitions ; il y a eu des médiations. Cela a pris du temps, beaucoup trop de temps naturellement, mais aujourdhui réjouissons-nous de cette bonne nouvelle !
Q - Est-ce que cela peut aider, selon vous, à relancer le dialogue israélo-palestinien ?
R - Je lespère ! Je connais la position du gouvernement israélien face au Hamas, mais jai lhabitude de dire que lon fait toujours la paix avec ses adversaires, pas avec ses amis. Il faut donc reprendre le dialogue : cest le message que la France ne cesse dadresser aux deux parties, Palestiniens et Israéliens.
Il ny a pas dautre solution, pour la paix dans la région et la sécurité dIsraël, que de se remettre autour de la table des négociations et de parvenir à un accord.
Q - Cette nouvelle va plutôt dans le sens de lapaisement mais, en même temps, on a appris tôt ce matin une nouvelle inquiétante : lIran aurait voulu assassiner lambassadeur saoudien en poste aux États-Unis - en tout cas les États-Unis le pensent. Que savez-vous de cette affaire qui nous arrive ce matin ?
R - Je nai pas dinformation particulière. Je sais que les Américains affirment détenir des informations prouvant que les services iraniens sont impliqués. Nous avons beaucoup de problèmes avec lIran, qui refuse le dialogue que nous lui proposons, en particulier sur la question nucléaire. Nous avons de bonnes raisons de penser que le régime continue à avancer dans lélaboration dune arme nucléaire ; ce qui est bien sûr totalement inacceptable.
Nous avons aussi de graves préoccupations sur la situation des droits de lHomme dans ce pays. Je crois donc quil faut que nous fassions preuve dune très grande fermeté vis-à-vis de ce régime pour quil cesse de violer toutes les règles internationales.
Q - De quels moyens dispose la communauté internationale ?
R - Nous avons une stratégie vis-à-vis de lIran que lon appelle la «double trace» : dune part, des sanctions sévères que nous avons mises en place et qui commencent à produire des effets
Q - Cela ne suffit pas, visiblement
R - Cela nest pas efficace à très court terme mais, avec le temps, les sanctions donnent des résultats. Et puis, en même temps, nous sommes toujours prêts au dialogue. Nous avons dit aux Iraniens : «si vous acceptez de vous mettre autour de la table et de discuter le dossier nucléaire, nous sommes prêts à dialoguer». Pour linstant, nous navons obtenu que des manuvres dilatoires ou des refus de la part de Téhéran.
Q - Autre sujet dans lactualité : la Slovaquie qui a rejeté hier soir le renforcement du Fonds de secours européen. Est-ce que cela veut dire que le deuxième plan daide à la Grèce est en danger de mort ?
R - Non ! Ce nest pas une bonne nouvelle. Il ny a pas que des bonnes nouvelles ce matin, mais je fais confiance aux autorités de Slovaquie pour adopter ce plan daide. Vous savez quun second vote sera organisé et, bien entendu, nous souhaitons ardemment quil soit positif. Il faut en effet mettre en place lensemble des mesures qui ont été décidées au mois de juillet dernier. Ces mesures de soutien sont absolument fondamentales pour le sauvetage financier de la Grèce et pour le renforcement de la zone euro.
Q - Les seize autre pays de la zone euro ont voté ce renforcement. La Slovaquie est lun des plus petits pays européens et on voit quil peut tout bloquer. Est-ce quil faut revoir les traités européens ?
R - Cest la règle du jeu. Aujourdhui, nous sommes dans un système intergouvernemental et tous les pays sont autour de la table pour prendre les décisions. Sans doute faudra-t-il améliorer la gouvernance économique de la zone euro ; vous savez que cela fait partie des décisions annoncées, il y a quelques jours, par la chancelière Merkel et le président Sarkozy.
Q - Il faut donc revenir sur le principe dunanimité...
R - Nous nen sommes pas là, mais il y a un gros travail à faire pour améliorer et, surtout, accélérer la prise de décision. Cest bien là notre problème aujourdhui : la prise de décision dans la zone euro est trop lente, alors que les marchés financiers décident minute par minute.
Q - Alain Juppé, vous avez rencontré lundi soir, à Paris, des représentants de lopposition syrienne. Vous leur avez apporté votre soutien, mais il ny a pas encore de reconnaissance officielle par la France du CNS, lorgane représentatif de lopposition syrienne. Pourquoi la France le fait pour la Libye et pas pour la Syrie ?
R - Parce que lopposition syrienne na pas atteint le stade dorganisation auquel était parvenu le Conseil national de transition. Dailleurs, le Conseil national syrien ne nous demande pas cette reconnaissance. Nous pensons dores et déjà que cest un interlocuteur avec lequel il faut dialoguer.
Cette soirée était très émouvante. Il y avait beaucoup dintellectuels, dartistes et de comédiens qui nous ont parlé de la Syrie, de son histoire, de sa culture, et aussi des témoignages bouleversants sur la répression, les tortures qui sont absolument inacceptables. Vous savez que depuis le début - je lai dit dailleurs au cours de cette réunion - la France a eu un langage parfaitement clair en dénonçant cette répression inacceptable.
Il est regrettable que nous ne soyons pas parvenus à réunir une majorité au Conseil de sécurité ; la Russie et la Chine ont opposé leur veto à une résolution, pourtant modérée, qui se bornait à demander au régime syrien de cesser la répression. LUnion européenne, en revanche, a pris des sanctions et ne cessent de les renforcer. Nous avons décidé un embargo pétrolier, ainsi que toute une série de mesures visant les principales personnalités syriennes qui sont impliquées dans la répression. Je pense, là aussi, que ces sanctions, petit à petit, produiront des effets.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 2011
R - Bien sûr ! Nous nous sommes, comme vous lavez rappelé, fortement engagés pour convaincre les deux parties de parvenir à cet accord. Cest une formidable bonne nouvelle. Jespère quelle va se confirmer très prochainement.
Je pense aux parents de Gilad Shalit que javais moi-même rencontrés, au mois de juin dernier, quand jétais à Jérusalem. Ils attendaient cette libération depuis plus de cinq ans.
Q - Alors, justement, pourquoi cette libération arrive maintenant ? Depuis le début, les Palestiniens réclamaient la libération de prisonniers ; pourquoi Israël a-t-il cédé aujourdhui ?
R - Ne parlons pas de «céder» ou «de ne pas céder». Il sagit, selon le Premier ministre israélien, dun accord satisfaisant et nous ne pouvons que saluer le courage des autorités israéliennes, dont il fallait faire preuve pour libérer un millier de prisonniers. Nous le souhaitions ; il y a eu des médiations. Cela a pris du temps, beaucoup trop de temps naturellement, mais aujourdhui réjouissons-nous de cette bonne nouvelle !
Q - Est-ce que cela peut aider, selon vous, à relancer le dialogue israélo-palestinien ?
R - Je lespère ! Je connais la position du gouvernement israélien face au Hamas, mais jai lhabitude de dire que lon fait toujours la paix avec ses adversaires, pas avec ses amis. Il faut donc reprendre le dialogue : cest le message que la France ne cesse dadresser aux deux parties, Palestiniens et Israéliens.
Il ny a pas dautre solution, pour la paix dans la région et la sécurité dIsraël, que de se remettre autour de la table des négociations et de parvenir à un accord.
Q - Cette nouvelle va plutôt dans le sens de lapaisement mais, en même temps, on a appris tôt ce matin une nouvelle inquiétante : lIran aurait voulu assassiner lambassadeur saoudien en poste aux États-Unis - en tout cas les États-Unis le pensent. Que savez-vous de cette affaire qui nous arrive ce matin ?
R - Je nai pas dinformation particulière. Je sais que les Américains affirment détenir des informations prouvant que les services iraniens sont impliqués. Nous avons beaucoup de problèmes avec lIran, qui refuse le dialogue que nous lui proposons, en particulier sur la question nucléaire. Nous avons de bonnes raisons de penser que le régime continue à avancer dans lélaboration dune arme nucléaire ; ce qui est bien sûr totalement inacceptable.
Nous avons aussi de graves préoccupations sur la situation des droits de lHomme dans ce pays. Je crois donc quil faut que nous fassions preuve dune très grande fermeté vis-à-vis de ce régime pour quil cesse de violer toutes les règles internationales.
Q - De quels moyens dispose la communauté internationale ?
R - Nous avons une stratégie vis-à-vis de lIran que lon appelle la «double trace» : dune part, des sanctions sévères que nous avons mises en place et qui commencent à produire des effets
Q - Cela ne suffit pas, visiblement
R - Cela nest pas efficace à très court terme mais, avec le temps, les sanctions donnent des résultats. Et puis, en même temps, nous sommes toujours prêts au dialogue. Nous avons dit aux Iraniens : «si vous acceptez de vous mettre autour de la table et de discuter le dossier nucléaire, nous sommes prêts à dialoguer». Pour linstant, nous navons obtenu que des manuvres dilatoires ou des refus de la part de Téhéran.
Q - Autre sujet dans lactualité : la Slovaquie qui a rejeté hier soir le renforcement du Fonds de secours européen. Est-ce que cela veut dire que le deuxième plan daide à la Grèce est en danger de mort ?
R - Non ! Ce nest pas une bonne nouvelle. Il ny a pas que des bonnes nouvelles ce matin, mais je fais confiance aux autorités de Slovaquie pour adopter ce plan daide. Vous savez quun second vote sera organisé et, bien entendu, nous souhaitons ardemment quil soit positif. Il faut en effet mettre en place lensemble des mesures qui ont été décidées au mois de juillet dernier. Ces mesures de soutien sont absolument fondamentales pour le sauvetage financier de la Grèce et pour le renforcement de la zone euro.
Q - Les seize autre pays de la zone euro ont voté ce renforcement. La Slovaquie est lun des plus petits pays européens et on voit quil peut tout bloquer. Est-ce quil faut revoir les traités européens ?
R - Cest la règle du jeu. Aujourdhui, nous sommes dans un système intergouvernemental et tous les pays sont autour de la table pour prendre les décisions. Sans doute faudra-t-il améliorer la gouvernance économique de la zone euro ; vous savez que cela fait partie des décisions annoncées, il y a quelques jours, par la chancelière Merkel et le président Sarkozy.
Q - Il faut donc revenir sur le principe dunanimité...
R - Nous nen sommes pas là, mais il y a un gros travail à faire pour améliorer et, surtout, accélérer la prise de décision. Cest bien là notre problème aujourdhui : la prise de décision dans la zone euro est trop lente, alors que les marchés financiers décident minute par minute.
Q - Alain Juppé, vous avez rencontré lundi soir, à Paris, des représentants de lopposition syrienne. Vous leur avez apporté votre soutien, mais il ny a pas encore de reconnaissance officielle par la France du CNS, lorgane représentatif de lopposition syrienne. Pourquoi la France le fait pour la Libye et pas pour la Syrie ?
R - Parce que lopposition syrienne na pas atteint le stade dorganisation auquel était parvenu le Conseil national de transition. Dailleurs, le Conseil national syrien ne nous demande pas cette reconnaissance. Nous pensons dores et déjà que cest un interlocuteur avec lequel il faut dialoguer.
Cette soirée était très émouvante. Il y avait beaucoup dintellectuels, dartistes et de comédiens qui nous ont parlé de la Syrie, de son histoire, de sa culture, et aussi des témoignages bouleversants sur la répression, les tortures qui sont absolument inacceptables. Vous savez que depuis le début - je lai dit dailleurs au cours de cette réunion - la France a eu un langage parfaitement clair en dénonçant cette répression inacceptable.
Il est regrettable que nous ne soyons pas parvenus à réunir une majorité au Conseil de sécurité ; la Russie et la Chine ont opposé leur veto à une résolution, pourtant modérée, qui se bornait à demander au régime syrien de cesser la répression. LUnion européenne, en revanche, a pris des sanctions et ne cessent de les renforcer. Nous avons décidé un embargo pétrolier, ainsi que toute une série de mesures visant les principales personnalités syriennes qui sont impliquées dans la répression. Je pense, là aussi, que ces sanctions, petit à petit, produiront des effets.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 octobre 2011