Déclaration de Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'Etat, porte-parole du Gouvernement, sur les orientations de la politique fiscale du gouvernement (réduction du déficit public, renforcement de la compétitivité de l'économie), au Sénat le 2 novembre 2011.

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Circonstance : Débat sur les prélèvements obligatoires après la publication du rapport de Nicole Bricq (Prélèvements obligatoires 2007-2012 : un quinquennat d'incohérences et d'injustices), au Sénat le 2 novembre 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Président de la commission des finances,
Madame la Présidente de la commission des affaires sociales,
Madame et Monsieur les rapporteurs généraux,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Dès l’origine, ce débat sur les prélèvements obligatoires a été conçu comme un rendez-vous stratégique. A travers lui, votre Haute assemblée, qui avait demandé sa création, voulait aborder les perspectives globales tracées par le projet de loi de finances et par le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ce soir, je vous présenterai donc les axes directeurs de notre politique fiscale. Naturellement, à travers elle, ce sont aussi les fondements de notre stratégie budgétaire que j’aurai l’occasion d’aborder.
Les principes directeurs de notre politique fiscale, Mesdames et Messieurs les Sénateurs, ce sont la constance, de la justice et de l’efficacité. Nous portons donc un tout autre regard – mais cela ne vous surprendra pas – que votre rapporteure générale sur la politique fiscale conduite depuis bientôt 5 ans.
* Le Gouvernement a divisé par deux l’impact de la crise sur le déficit public
Nous partageons toutefois, me semble-t-il, une même analyse de la situation de nos finances publiques. J’en veux pour preuve les chiffres qui figurent dans votre rapport, Madame BRICQ, et qui établissent clairement 3 faits essentiels.
Premier fait que votre rapport met en lumière : la crise explique intégralement l’augmentation du déficit entre 2007 et 2012. Ou plutôt ce que vous appelez les facteurs ne dépendant pas de l’action du Gouvernement. J’espère, Madame la rapporteure générale, que vous serez entendue en dehors de cette enceinte et qu’il ne se trouvera plus personne pour affirmer le contraire et tromper les Français. Si la dette a augmenté partout en Europe - sachant d’ailleurs qu’elle a plus augmenté en moyenne dans la zone Euro qu’en France- il y a bien une raison. Et cette raison, c’est la crise.
Deuxième fait qui se déduit de la lecture de votre rapport : la politique du Gouvernement a permis de diviser par deux l’effet de la crise sur le déficit public. Vous le dites très justement, si le Gouvernement n’avait pas agi, le déficit se serait creusé non pas de 1,8 points, mais bien de 3,8 points de PIB en 2007 et 2012. Sans notre détermination à redresser nos finances publiques, la France serait sans doute dans la situation que connaissent certains de nos voisins.
Troisième constat tiré des chiffres de votre rapport : l’action du Gouvernement sur 5 ans aura débouché sur une amélioration structurelle du déficit public à hauteur de 2,1 points de PIB. Là encore, je souhaite que vous soyez lue et que nous n’entendions plus parler de cadeaux fiscaux imaginaires à hauteur de 75 milliards d’euros. La mauvaise foi a des limites. Et plus encore quand les circonstances exigent de tous le plus grand sérieux.
Notre stratégie, elle, est très claire et ses résultats visibles. Notre effort de réduction du déficit sur 5 ans, il repose en priorité sur des économies en dépenses, à hauteur de 1,1 point de PIB. Et ensuite, mais ensuite seulement, sur des recettes fiscales ciblées à hauteur de 0,7 point de PIB, auxquelles s’ajoutent des recettes non fiscales.
Là encore, je ne fais que reprendre votre rapport et je me réjouis, Madame BRICQ, de vous voir l’écrire noir sur blanc. Force est de le reconnaître : notre politique est vertueuse et responsable, même si, Madame la Rapporteure générale, nous ne partageons naturellement pas les mêmes orientations.
* La leçon de la crise de la dette : nous devons réduire nos dépenses
Aujourd’hui, une même réalité s’impose à nous, quelles que soient nos convictions politiques. Cette réalité porte un nom : c’est la dette.
Notre niveau d’endettement, c’est le fruit de la crise et de 30 années de facilité. 30 années durant lesquelles nous avons vécu à crédit, avec une dette dont la valeur n’a jamais, je dis bien jamais, cessé de progresser depuis trois décennies.
C’est pourquoi la priorité absolue de ce Gouvernement, c’est de conduire la France sur le chemin du désendettement. Ce chemin, Mesdames et Messieurs les sénateurs, il comporte des étapes qui sont toutes décisives : 2012, qui marquera le retour à 4,5 % du déficit - nous prendrons d’ailleurs toutes les mesures nécessaires pour nous en assurer, comme l’a dit le Président de la République - mais aussi 2013, avec un déficit réduit à 3 %, ce qui permettra à la France d’entamer son désendettement ; et au-delà de 2013, il nous faudra poursuivre nos efforts pour revenir à l’équilibre en 2016.
La seule manière d’y parvenir, Mesdames et Messieurs les sénateurs, c’est de faire des économies. Le déficit, c’est la hausse perpétuelle des dépenses qui l’a creusé. Nous avons aujourd’hui un débat sur les prélèvements obligatoires, mais cela ne doit pas nous conduire à perdre de vue cette évidence fondamentale : c’est d’abord grâce aux économies sur les dépenses que nous parviendrons à désendetter la France. Il faut cesser de penser et de dire que le problème de notre pays, ce seraient des prélèvements obligatoires insuffisants. C’est un non-sens dans une nation qui a à la fois l’un des plus hauts niveaux de dépenses publiques et l’un des plus hauts niveaux de prélèvements obligatoires.
La réalité, c’est que nous devons nous appliquer la même règle que tous les ménages et commencer par faire des économies. C’est pourquoi les textes que vous examinerez dans quelques jours marquent un tournant historique, avec des dépenses de l’Etat qui baissent pour la première fois depuis 1945. Et également des dépenses sociales maîtrisées pour la 3e année consécutive. Nous continuerons dans cette voie, parce qu’il n’y en pas d’autre.
Je me réjouis de voir votre rapporteure générale reconnaître que des économies sur les dépenses sont indispensables. Mais je ne peux que le constater, Madame BRICQ, vous êtes encore très seule. Car c’est un fait : en pleine crise de la dette, les primaires socialistes se sont gagnées à coup de promesses et de milliards d’euros. Et à ce jour, aucune source précise d’économie n’a encore été évoquée par ceux-là même qui ont fait ces promesses.
* La hausse générale des impôts est un contresens
Mesdames et Messieurs les sénateurs, nous resterons donc fidèles à ce principe intangible : la hausse générale des impôts n’a pas d’avenir en France, elle n’est pas un avenir pour la France.
La vraie question, ce n’est pas celle du taux de prélèvements obligatoires. Vous le dites vous-même, Madame le rapporteure générale, à la première page de votre rapport : ce taux « n’a pas grande signification politique » - a fortiori dans un contexte de crise économique et donc de forte variation des recettes et de la richesse nationale.
Non, la vraie question, la voici : ce pays choisira-t-il la voie de la hausse générale des impôts ou des prélèvements ciblés ? A nos yeux, la réponse ne fait aucun doute.
* 3 objectifs de la stratégie des prélèvements ciblés : équité, compétitivité, efficacité
Il est en effet temps, Mesdames et Messieurs les sénateurs, de le reconnaître : les recettes fiscales ne peuvent être qu’un outil complémentaire, un outil qui doit être manié avec des objectifs précis. Cette conviction, elle est au coeur de notre stratégie fiscale depuis 5 ans.
Madame la rapporteure générale, vous rappelez vous-même les objectifs que s’est fixé le Gouvernement en 2008, avec la revue générale des prélèvements obligatoires : modifier la structure de notre fiscalité autour de 3 grands axes : l’équité ; la compétitivité; et enfin l’efficacité, avec notamment la fiscalité écologique.
Eh bien, c’est précisément ce que nous avons fait. Car si la crise a rendu impossible toute baisse générale des prélèvements obligatoires, elle a aussi rendu plus nécessaire encore la refonte de notre système fiscal autour de ces 3 objectifs. C’est pourquoi nous avons agi.
1. Et d’abord en rendant beaucoup plus juste notre système fiscal : à nos yeux, l’équité est une exigence fondamentale. Et elle l’est plus que jamais en période de crise. Tous les Français et toutes les entreprises participent aujourd’hui à l’effort national de réduction des déficits. Mais il est juste qu’il soit demandé plus aux ménages les plus aisés et aux plus grandes entreprises.
C’est ce que nous avons fait, en partant d’un constat indiscutable : la prolifération des niches avait fini par miter l’impôt sur le revenu ; quant aux revenus du patrimoine et du travail, ils étaient inégalement taxés ; enfin, l’écart d’imposition entre les PME et les grandes entreprises se creusait. C’était inacceptable. Et nous avons donc pris des mesures fortes.
Pour plus de justice fiscale pour les Français, tout d’abord. Je pense ainsi à l’impôt sur le revenu : avec le plafonnement global des niches, avec la réduction des avantages sociaux et fiscaux et la suppression des dispositifs inefficaces, nous avons reconstitué son assiette et nous lui avons redonné sa progressivité.
Il y a 5 ans – mais cela était aussi vrai à l’époque de Lionel JOSPIN, Mesdames et Messieurs les sénateurs, un ménage qui gagnait 1 million d’euros pouvait avoir un impôt sur le revenu égal à zéro, s’il choisissait les bonnes niches. Eh bien, c’est fini : avec le plafonnement global créé par ce Gouvernement, aujourd’hui, ce foyer, il paie au moins 300 000 euros d’impôt sur le revenu.
Et avec la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus que vous examinez dans quelques jours, au total, ce sont au moins 315 000 d’euros d’impôts supplémentaires que ce ménage devra acquitter. La progressivité de notre système fiscal, c’est le Président de la République qui l’a renforcée.
Ces résultats, nous les devons aussi à notre politique constante de réduction de l’écart d’imposition entre les revenus du patrimoine et ceux du travail, un écart qui conduisait à taxer moins ceux qui avaient plus !
Eh bien, là encore, c’est nous qui avons remis à l’endroit notre système fiscal. En 5 ans, nous avons pris 25 mesures qui alourdissent l’imposition sur les plus aisés : elles portent en priorité sur les revenus de l’épargne et du patrimoine.
J’en veux pour preuve les décisions prises le 24 août par le Premier Ministre : en 2012, les ménages les plus aisés seront taxés trois fois. Ils ont plus de revenus – eh bien, ils acquitteront la contribution exceptionnelle ; ils ont plus de biens immobiliers – eh bien, ils seront concernés par la refonte de l’abattement sur les plus-values immobilières ; ils ont plus de patrimoine, eh bien, ils devront acquitter des prélèvements sociaux plus élevés sur les revenus qu’il génère.
Je veux enfin le rappeler : c’est ce Gouvernement qui a réformé l’impôt sur la fortune, afin de le concentrer sur les foyers les plus aisés et mettre ainsi fin à des effets pervers dénoncés depuis des années. Le bouclier fiscal était une première réponse, encore imparfaite. En renforçant l’imposition sur la transmission plutôt que la détention et en alourdissant la fiscalité sur les plus hauts patrimoines, nous avons enfin fait de l’ISF un impôt intelligent. Autrement dit, un impôt qui touche les plus aisés au lieu de peser sur des foyers qui bénéficiaient virtuellement de la hausse des prix de l’immobilier. Cette réforme est donc juste et vous le dites vous-même, Madame la Rapporteure générale, elle est parfaitement financée en régime de croisière.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au total, en 2011 et 2012, effet de la réforme de l’ISF comprise, ce sont près de 2 milliards d’euros supplémentaires que nous aurons demandé aux plus aisés.
La justice, c’est aussi la redistribution. Eh bien, là encore, les chiffres sont éloquents : avec le RSA, nous avons renforcé le pouvoir d’achat des Français – et en particulier des Français qui travaillent. Un seul exemple, celui d’un couple avec deux enfants, qui vit avec un SMIC : eh bien, grâce au RSA, le revenu disponible de ce couple a augmenté de 256 euros par mois. Cela représente une hausse de 15 % entre 2006 et 2011.
Et je vous rappelle, Mesdames et Messieurs les sénateurs, que le RSA, nous l’avons notamment financé avec une hausse de la fiscalité sur le patrimoine. Alors, voilà le vrai symbole d’un quinquennat d’équité et de justice !
Et c’est vrai aussi pour les entreprises : la question de l’écart d’imposition entre les grands groupes et les PME nous l’avons prise à bras le corps. J’en veux pour preuve la suppression du bénéfice mondial consolidé, bien sûr, mais aussi la réforme de l’impôt sur les sociétés, avec la limitation des reports de déficit : nous avons ainsi créé un impôt minimum pour les grandes entreprises bénéficiaires, qui vient s’ajouter à l’imposition forfaitaire annuelle (IFA), que ces mêmes entreprises continueront à acquitter.
Et en retour, nous avons allégé la charge fiscale qui pèse sur les PME, qui, elles, bénéficient d’ores et déjà de la suppression de l’IFA. Et j’y reviendrai dans un instant, elles font partie des grandes gagnantes de la disparition de la taxe professionnelle. Là encore, c’est un fait : nous avons renforcé l’équité fiscale.
2. Le deuxième objectif de notre politique fiscale, c’est de renforcer notre compétitivité.
Et sur ce point également, nous avons agi en toute lucidité, en partant d’un constat très simple, un constat que nous pouvons tous partager. La France souffrait d’un triple handicap : notre coût du travail était trop lourd ; nous n’investissions pas assez ; et enfin, nous n’avions pas pris le virage de l’innovation.
A. Et sur ces trois plans, nous avons agi pour rendre la France plus compétitive et plus forte. Et nous avons commencé par rendre le travail plus attractif.
A défaut de tous le reconnaître, nous savons tous que les 35 heures ont été une erreur, une faute historique. Au même moment, Gerhard Schroeder choisissait, lui, une toute autre voie. Et leur compétitivité, nos voisins allemands la doivent entre autres à un chancelier social-démocrate qui avait su voir la réalité en face.
Avec Lionel Jospin, la France, elle, est allée à contresens. Les 35 heures n’ont pas seulement alourdi le coût du travail pour les entreprises ; elles ont aussi pesé sur le pouvoir d’achat des Français. Et elles ont contraint l’Etat à acquitter chaque année des milliards d’euros d’allègement de charges pour éviter que les Français les moins qualifiés ne soient les victimes de cette politique absurde. C’est pourquoi que nous n’avons jamais remis en cause ces exonérations.
Et pour redonner du pouvoir d’achat aux Français, nous leur avons permis de gagner plus en travaillant plus, grâce à la défiscalisation des heures supplémentaires. Cette mesure, libre à vous de la critiquer. Mais alors, allez jusqu’au bout et dites aux 9 millions de Français qui en bénéficient que votre projet, c’est de leur retirer 450 euros chaque année. Ils ont le droit de le savoir.
Car la loi TEPA, c’étaient des mesures qui bénéficiaient à 90 % aux classes moyennes : grâce aux heures supplémentaires, bien sûr, mais aussi à la suppression des droits de succession sur ces patrimoines des classes moyennes qui sont le fruit d’une vie de travail. Vous souhaitez taxer le travail, nous nous préférons l’encourager.
Encourager le travail, c’est bien cet objectif qui nous a guidé lorsque nous avons appliqué le taux réduit de TVA à la restauration. J’ai lu votre rapport sur le sujet, Madame le Rapporteur. Il oublie de mentionner les emplois créés dans ce secteur, l’amélioration de la couverture des salariés et de leurs rémunérations, ainsi que les baisses de prix. Il oublie également de dire qu’en 2000, la Ministre de l’Emploi, Martine AUBRY, avait demandé au Premier Ministre l’application de la TVA à 5,5 % dans la restauration pour, je la cite, « moderniser ce secteur ».
B. Renforcer l’économie française face à la crise, c’est aussi favoriser l’investissement, qui soutient la croissance et crée des emplois. J’ai entendu le Parti socialiste proposer de ressusciter un dispositif que Lionel Jospin lui-même avait supprimé, tout simplement parce qu’il ne marchait pas : le taux variable d’impôt sur les sociétés en fonction du niveau d’investissement.
Il aurait été bien plus simple de voter avec nous la suppression de la taxe professionnelle, cet impôt absurde qui pénalisait justement les entreprises qui investissent ! Et vous auriez été bien inspirés de le faire, car votre rapporteure générale elle-même le dit, les résultats sont là.
Quelles sont en effet les 3 grandes gagnantes de la suppression de la taxe professionnelle ? Eh bien, vous le dites vous-même, Madame BRICQ, ce sont nos industries, nos PME et tout spécialement nos entreprises de taille intermédiaire. Autrement dit les 3 maillons-clefs dont notre économie a besoin pour créer des emplois et reconquérir des parts de marché à l’export. Alors, oui, cette réforme a renforcé notre compétitivité. Et la suppression de la TP, c’est sans doute le meilleur investissement que l’Etat ait fait depuis longtemps.
Et je regrette que par calcul politique, vous vous soyez opposés à cette réforme majeure, comme vous n’avez cessé de vous opposer à la refonte du crédit impôt recherche, j’y reviendrai.
Pour renforcer notre compétitivité et continuer à simplifier la vie de nos entreprises, nous devons également regarder ce qui se passe ailleurs en Europe et avancer sur le chemin de la convergence.
C’est la raison pour laquelle, sous l’impulsion du Président de la République et de la Chancelière Angela MERKEL, nous avons fixé un calendrier précis pour harmoniser l’impôt sur les sociétés de la France et de l’Allemagne. Au premier trimestre 2012, les gouvernements français et allemand feront des propositions précises sur le sujet pour une mise en oeuvre en 2013.
C. La compétitivité, elle passe également par l’innovation. Et chacun le sait, la France avait pris du retard en la matière : l’Etat lui-même n’investissait pas assez. Et l’effort en recherche et développement de nos entreprises restait très insuffisant. Avec 9 milliards d’euros en 5 ans pour nos universités et notre recherche, sans compter les 22 milliards que les investissements d’avenir réservent à l’innovation, la France a fait plus que rattraper son retard. Et grâce au crédit impôt recherche, nos entreprises sont elles aussi au rendez-vous. Là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre 2007 et 2009, elles sont 60 % de plus à bénéficier de ce dispositif – et 80 % de ces nouveaux déclarants sont des PME. Et j’ajoute que là aussi, nos industries sont le premier secteur – et de très loin – à bénéficier du crédit impôt recherche.
C’est pourquoi je regrette, Madame la rapporteure générale, que vous n’ayez pas eu un mot pour ce dispositif qui dope notre compétitivité. Notre politique fiscale, elle nous a en effet permis de bâtir une France plus forte, une France qui, sans naïveté, mais avec détermination, s’impose dans la mondialisation au lieu de se replier sur elle-même.
3. Troisième axe de notre politique fiscale : l’efficacité, en nous donnant les moyens de modifier les comportements. Et là encore, nos objectifs sont simples : modifier les habitudes des Français pour les mettre au service du développement durable, tout d’abord ; et agir pour la santé publique, ensuite.
La fiscalité verte, Mesdames et Messieurs les sénateurs, c’est en effet ce Gouvernement qui l’a mise en place. Dans la droite ligne du Grenelle, nous avons agi : je pense par exemple aux dispositifs qui favorisent les économies d’énergie, comme l’éco-prêt à taux zéro ou bien encore au crédit d’impôt développement durable (CIDD). Dans quelques jours, vous aurez à examiner la prorogation de ce dernier dans le projet de loi de finances. Et vous constaterez que nous renforçons son efficacité en le concentrant sur les travaux qui ont le plus d’impact sur les économies d’énergie.
La fiscalité comportementale, c’est un domaine nouveau. Peu à peu, nous affinons les dispositifs, nous tirons les leçons des évaluations et des études. C’est une démarche raisonnée, une démarche exemplaire. Et j’en suis convaincue : personne ne reviendra jamais sur la fiscalité verte. Comme personne ne reviendra sur nos décisions en matière de santé publique.
Je pense à la hausse continue des prix du tabac, mais aussi aux augmentations des impositions sur l’alcool. Et avec la taxe sur les boissons à sucres ajoutées, dont vous débattrez bientôt, c’est ce Gouvernement qui aura été le premier à donner des signes très forts de sa détermination à lutter contre l’obésité. Car la prévention, chacun le sait, c’est l’avenir de nos politiques de santé. Et c’est pourquoi la fiscalité comportementale est appelée à se développer tout au long des années qui viennent.
Equité, compétitivité, efficacité : voilà les principes qui guident notre politique fiscale. Alors, oui, ce Gouvernement fait des choix, des choix raisonnés et mûrement pesés et il les assume pleinement.
Les maîtres mots de notre politique fiscale, ce sont le travail, la compétitivité, l’innovation. Ce sont l’écologie et la santé publique. Et bien sûr ce sont l’équité et la justice.
Notre politique fiscale est un reflet de nos valeurs. Elle est aussi le reflet de nos convictions économiques. Et dans ce domaine, je veux le redire avec force : s’engager dans une augmentation générale des impôts serait commettre une nouvelle faute historique. Aucun autre pays en Europe n’a choisi cette voie. Si elle l’empruntait, la France, une fois encore, s’isolerait en s’engageant dans une voie sans issue : celle de la divergence. Celle du « grand soir fiscal » évoqué au cours des primaires socialistes, qui reste terriblement nébuleux.
Même votre Rapporteure générale n’est pas parvenue à en préciser les contours : vous nous parlez d’un impôt unique, Madame BRICQ, mais vous êtes incapable de nous donner le moindre détail. Vous nous parlez de milliards d’euros de suppression de niches, mais vous reprenez le constat de l’Inspection générale des finances sans jamais vous prononcer. Vous nous parlez de maîtrise des dépenses, mais vous ne faites pas la moindre proposition concrète. En vérité, le flou le plus total règne et la seule chose qui soit claire, c’est que vous voulez augmenter les impôts de 50 milliards d’euros.
C’est une erreur, car le seul chemin de désendettement qui soit à la fois réaliste et juste, il passe d’abord et avant tout par la baisse des dépenses. C’est le coeur de la stratégie du Gouvernement, qui continuera dans cette voie pour garantir le respect de nos engagements. Dans l’intérêt du pays, je souhaite que la Haute assemblée nous rejoigne sur ce chemin.
Je vous remercie.
Source http://www.budget.gouv.fr, le 9 novembre 2011