Texte intégral
- Le projet de loi contractuels attend son examen au Sénat. Quels sont ses points essentiels ?
Ce projet repose sur deux piliers : la cd-isation et la titularisation. La nouveauté, en plus de possibilités offertes de titularisation, cest la transformation automatique des contrats à durée déterminée (CDD) en contrats à durée indéterminée (CDI) pour ceux qui auront occupé pendant 6 ans des postes répondant à un besoin permanent. Cette mesure concernera plus 100 000 personnes dès promulgation de la loi mais au-delà cest également une réponse pérenne à la précarité dans la Fonction publique puisque cette règle deviendra automatique. Enfin, jai souhaité un axe fort pour améliorer légalité professionnelle entre les hommes et les femmes dans la Fonction publique. Une fonction publique moderne, à limage de la société quelle sert, passe par légal accès des femmes aux postes à responsabilité. Une négociation avec les organisations syndicales est en cours, je souhaite que nous aboutissions à un protocole daccord. Les mesures législatives seront ainsi reprises à loccasion du débat parlementaire. Je souhaite voir ce texte voté avant la fin de la mandature.
- Les contrats occasionnels répétés seront-ils pris en compte ? Quels amendements préparez-vous ?
Il ne sagit pas avec ce texte de mettre fin à la place du contrat dans la Fonction publique. Quil sagisse de remplacements occasionnels, de répondre à des besoins spécifiques ou de sappuyer sur des compétences particulières, le service public doit pouvoir sappuyer sur des contractuels. Il sagit simplement déviter les abus et de mieux encadrer le recours aux CDD. LEtat, 1er employeur de France, doit être exemplaire. Pour les contrats éducatifs « 10-12 » et recherche, je souhaite que le débat parlementaire nous permette davancer. Je serai dailleurs très ouvert aux amendements déposés par les sénateurs et les députés pour enrichir le texte.
Je présenterai par ailleurs, comme je lai annoncé, un amendement supprimant le mécanisme du classement de sortie pour les élèves de lENA. Jai entendu les voix qui se sont élevées contre cette mesure, mais je souhaite que nous puissions sur ce sujet trouver les voies de la convergence.
- En dehors des CD-Isations, comment seffectueront les titularisations ?
La titularisation par valorisation des acquis de lexpérience sera proposée durant quatre ans, dans le respect des statuts et concours, aux agents contractuels en poste depuis quatre ans. Cela concernera environ 40 000 agents. Lidée, cest de valoriser les carrières, de permettre la mobilité et de tenir compte de lallongement de la durée de la vie au travail en accompagnant les agents. Une mission a dailleurs été confiée par le Premier ministre au député Pascal Brindeau sur la gestion des âges de la vie dans la fonction publique.
- A Brest, en octobre, vous avez annoncé aux directeurs généraux la transposition de la réforme de lencadrement supérieur, à parité avec lEtat. Or ils demandent la comparabilité
La réforme de lencadrement supérieur pour la fonction publique territoriale, que jai annoncé au mois doctobre avec mon collègue Philippe RICHERT, est pour moi un sujet essentiel.
Il est essentiel que les cadres supérieurs territoriaux, qui exercent ou ont exercé dimportantes responsabilités, puissent voir leur carrière mieux valorisée. Lidée également cest de permettre la mobilité, de fluidifier les parcours, de les enrichir, en passant dune fonction publique à une autre et pourquoi pas en permettant des allers retours avec le privé. Cet enrichissement est facteur dépanouissement.
- Pouvez-vous détailler les mesures prévues ?
Le grade à accès fonctionnel (Graf) pour les administrateurs territoriaux, la création de nouveaux statuts demploi tel celui de directeur de projets, déjà présent à lEtat, vont ainsi être présentés aux territoriaux à loccasion de prochains conseils supérieurs de la fonction publique territoriale. Ces dispositifs offriront au management supérieur la possibilité davancer et de valoriser ainsi leur mérite et leur engagement professionnel.
La création dun tour extérieur pour les administrateurs territoriaux permettra daméliorer laccès à ce cadre demplois, en donnant un cadre précis, bâti sur la base de la reconnaissance de lexpérience professionnelle. Il ne sagira pas de créer un examen supplémentaire. Ce nouveau dispositif sera dailleurs accompagné dune formation adaptée aux parcours des agents recrutés.
La diversité des parcours est également une chance à donner à la fonction publique territoriale. Les classes préparatoires intégrées (CPI) qui permettent la diversité des recrutements aux postes à responsabilité existent pour lEtat, comme à lEna et dans les Ira, mais pas encore à lInet. Or ce besoin vaut pour la territoriale.
- Les cadres territoriaux revendiquent lintégration des primes dans le calcul de leur retraite
Je sais quil y a des attentes de lencadrement supérieur pour mieux prendre en compte leur régime indemnitaire dans le calcul de leur retraite. Un nouveau rendez-vous sur la réforme des retraites est prévu en 2013, cest à cette occasion que nous rediscuterons avec les organisations syndicales.
- Les présidents des trois grandes associations délus sinquiètent du large champ de saisine du conseil commun et de la dilution de la spécificité territoriale. Que répondez-vous ?
Je dis aux employeurs territoriaux, nayez pas peur ! On ne peut pas se plaindre dune situation et sinquiéter de son évolution. Je souhaite que la spécificité territoriale soit reconnue. En même temps, il y a nécessité de convergence.
Les associations délus sont associées à toutes les réflexions et elles sont attentives à ce que nous définissions des règles communes. Je regrette quun communiqué ait évoqué une « recentralisation des pouvoirs » avec la création du futur Conseil commun. Cest tout le contraire.
Le conseil commun est la réponse aux critiques tout à fait fondées de nombreux élus selon lesquelles la fonction publique de lEtat (FPE) imprimait son rythme à une fonction publique territoriale (FPT) qui, pour sa part, ne pouvait que difficilement sexprimer. Jai voulu changer de système et donner la parole aux élus.
Désormais, les employeurs territoriaux seront mieux représentés autour de la table en passant de 6 à 10 représentants, quand lEtat nen aura quun seul, le ministre de la Fonction publique, et lhospitalière 5. Le président du conseil supérieur de la FPT présidera une formation spécialisée importante sur les carrières, les parcours professionnelles et légalité professionnelle où siégera un président de centre de gestion, un autre sera présent dans la formation sur lhygiène, la sécurité et les conditions de travail, le président du CNFPT aura un siège dans la formation compétente sur la connaissance statistique de la fonction publique.
Le Conseil commun que jinstallerai début 2012 est une chance pour la fonction publique territoriale. Lavis des élus pourra être formulé dès quun texte ayant un objet commun sera examiné.
Ainsi le dialogue entre fonctions publiques senrichira, dans le respect de chacune. Et chaque conseil supérieur continuera à travailler avec ses spécificités sur les sujets le concernant directement.
- Quel message voulez vous passer aux fonctionnaires ?
Etre fonctionnaire, ce nest pas un métier comme un autre. Cest être au service du public. Cest exigeant, mais en même temps on ne peut sexonérer des contraintes financières qui supposent de rechercher lefficience, tout en jouant gagnant-gagnant avec les agents. Cest la spécificité de la réforme à la française, à la différence dautres pays qui baissent les traitements et pensions ou même qui licencient. En France, le non remplacement dun fonctionnaire sur deux demande des efforts. Je veux que ceux-ci soient mieux reconnus. La réforme se fera pour les agents et avec eux. Et lefficience sinscrira dans le temps. Nos compatriotes lattendent, car la dépense publique doit être maîtrisée. Cela suppose de mieux accompagner les mutations. Le message sadresse à toute la société, attachée au service public à la française, mais prompte à désigner ses fonctionnaires comme boucs émissaires. Chacun doit avoir conscience des efforts fournis par les fonctionnaires. Jai dailleurs réuni récemment les directeurs des plateformes RH de lEtat en région et je vais ouvrir des discussions sur les risques psycho-sociaux.
- La mandature sachève. Quel bilan faites-vous ?
Notre objectif, cest de garantir un modèle de service public et de service au public à la française. Quatre accords majeurs ont été signés avec les organisations syndicales depuis 2007. Les réformes que nous avons menées ont amélioré les services au public. Jai entendu la critique des réformes qui auraient été faites de manière brutale et aveugle. Joppose un démenti. Il suffit de regarder ce qui se passe dans les pays qui nont pas fait ces efforts. Nous, nous utilisons 50 % des économies réalisées pour améliorer la situation des agents. Désormais, il nous faut poursuivre en matière de ressources humaines. Une fonction publique moderne, ce nest plus seulement des liens hiérarchiques, cest un management nouveau, des évolutions de carrières permettant la mobilité, une diversité de parcours et daccès aux plus hautes responsabilités.. Cest une attente de nos compatriotes. Pour garantir ce modèle, Il faut continuer de le moderniser.
Propos recueillis par Martine Doriac et Sylvie Fagnart
source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 6 décembre 2011
Ce projet repose sur deux piliers : la cd-isation et la titularisation. La nouveauté, en plus de possibilités offertes de titularisation, cest la transformation automatique des contrats à durée déterminée (CDD) en contrats à durée indéterminée (CDI) pour ceux qui auront occupé pendant 6 ans des postes répondant à un besoin permanent. Cette mesure concernera plus 100 000 personnes dès promulgation de la loi mais au-delà cest également une réponse pérenne à la précarité dans la Fonction publique puisque cette règle deviendra automatique. Enfin, jai souhaité un axe fort pour améliorer légalité professionnelle entre les hommes et les femmes dans la Fonction publique. Une fonction publique moderne, à limage de la société quelle sert, passe par légal accès des femmes aux postes à responsabilité. Une négociation avec les organisations syndicales est en cours, je souhaite que nous aboutissions à un protocole daccord. Les mesures législatives seront ainsi reprises à loccasion du débat parlementaire. Je souhaite voir ce texte voté avant la fin de la mandature.
- Les contrats occasionnels répétés seront-ils pris en compte ? Quels amendements préparez-vous ?
Il ne sagit pas avec ce texte de mettre fin à la place du contrat dans la Fonction publique. Quil sagisse de remplacements occasionnels, de répondre à des besoins spécifiques ou de sappuyer sur des compétences particulières, le service public doit pouvoir sappuyer sur des contractuels. Il sagit simplement déviter les abus et de mieux encadrer le recours aux CDD. LEtat, 1er employeur de France, doit être exemplaire. Pour les contrats éducatifs « 10-12 » et recherche, je souhaite que le débat parlementaire nous permette davancer. Je serai dailleurs très ouvert aux amendements déposés par les sénateurs et les députés pour enrichir le texte.
Je présenterai par ailleurs, comme je lai annoncé, un amendement supprimant le mécanisme du classement de sortie pour les élèves de lENA. Jai entendu les voix qui se sont élevées contre cette mesure, mais je souhaite que nous puissions sur ce sujet trouver les voies de la convergence.
- En dehors des CD-Isations, comment seffectueront les titularisations ?
La titularisation par valorisation des acquis de lexpérience sera proposée durant quatre ans, dans le respect des statuts et concours, aux agents contractuels en poste depuis quatre ans. Cela concernera environ 40 000 agents. Lidée, cest de valoriser les carrières, de permettre la mobilité et de tenir compte de lallongement de la durée de la vie au travail en accompagnant les agents. Une mission a dailleurs été confiée par le Premier ministre au député Pascal Brindeau sur la gestion des âges de la vie dans la fonction publique.
- A Brest, en octobre, vous avez annoncé aux directeurs généraux la transposition de la réforme de lencadrement supérieur, à parité avec lEtat. Or ils demandent la comparabilité
La réforme de lencadrement supérieur pour la fonction publique territoriale, que jai annoncé au mois doctobre avec mon collègue Philippe RICHERT, est pour moi un sujet essentiel.
Il est essentiel que les cadres supérieurs territoriaux, qui exercent ou ont exercé dimportantes responsabilités, puissent voir leur carrière mieux valorisée. Lidée également cest de permettre la mobilité, de fluidifier les parcours, de les enrichir, en passant dune fonction publique à une autre et pourquoi pas en permettant des allers retours avec le privé. Cet enrichissement est facteur dépanouissement.
- Pouvez-vous détailler les mesures prévues ?
Le grade à accès fonctionnel (Graf) pour les administrateurs territoriaux, la création de nouveaux statuts demploi tel celui de directeur de projets, déjà présent à lEtat, vont ainsi être présentés aux territoriaux à loccasion de prochains conseils supérieurs de la fonction publique territoriale. Ces dispositifs offriront au management supérieur la possibilité davancer et de valoriser ainsi leur mérite et leur engagement professionnel.
La création dun tour extérieur pour les administrateurs territoriaux permettra daméliorer laccès à ce cadre demplois, en donnant un cadre précis, bâti sur la base de la reconnaissance de lexpérience professionnelle. Il ne sagira pas de créer un examen supplémentaire. Ce nouveau dispositif sera dailleurs accompagné dune formation adaptée aux parcours des agents recrutés.
La diversité des parcours est également une chance à donner à la fonction publique territoriale. Les classes préparatoires intégrées (CPI) qui permettent la diversité des recrutements aux postes à responsabilité existent pour lEtat, comme à lEna et dans les Ira, mais pas encore à lInet. Or ce besoin vaut pour la territoriale.
- Les cadres territoriaux revendiquent lintégration des primes dans le calcul de leur retraite
Je sais quil y a des attentes de lencadrement supérieur pour mieux prendre en compte leur régime indemnitaire dans le calcul de leur retraite. Un nouveau rendez-vous sur la réforme des retraites est prévu en 2013, cest à cette occasion que nous rediscuterons avec les organisations syndicales.
- Les présidents des trois grandes associations délus sinquiètent du large champ de saisine du conseil commun et de la dilution de la spécificité territoriale. Que répondez-vous ?
Je dis aux employeurs territoriaux, nayez pas peur ! On ne peut pas se plaindre dune situation et sinquiéter de son évolution. Je souhaite que la spécificité territoriale soit reconnue. En même temps, il y a nécessité de convergence.
Les associations délus sont associées à toutes les réflexions et elles sont attentives à ce que nous définissions des règles communes. Je regrette quun communiqué ait évoqué une « recentralisation des pouvoirs » avec la création du futur Conseil commun. Cest tout le contraire.
Le conseil commun est la réponse aux critiques tout à fait fondées de nombreux élus selon lesquelles la fonction publique de lEtat (FPE) imprimait son rythme à une fonction publique territoriale (FPT) qui, pour sa part, ne pouvait que difficilement sexprimer. Jai voulu changer de système et donner la parole aux élus.
Désormais, les employeurs territoriaux seront mieux représentés autour de la table en passant de 6 à 10 représentants, quand lEtat nen aura quun seul, le ministre de la Fonction publique, et lhospitalière 5. Le président du conseil supérieur de la FPT présidera une formation spécialisée importante sur les carrières, les parcours professionnelles et légalité professionnelle où siégera un président de centre de gestion, un autre sera présent dans la formation sur lhygiène, la sécurité et les conditions de travail, le président du CNFPT aura un siège dans la formation compétente sur la connaissance statistique de la fonction publique.
Le Conseil commun que jinstallerai début 2012 est une chance pour la fonction publique territoriale. Lavis des élus pourra être formulé dès quun texte ayant un objet commun sera examiné.
Ainsi le dialogue entre fonctions publiques senrichira, dans le respect de chacune. Et chaque conseil supérieur continuera à travailler avec ses spécificités sur les sujets le concernant directement.
- Quel message voulez vous passer aux fonctionnaires ?
Etre fonctionnaire, ce nest pas un métier comme un autre. Cest être au service du public. Cest exigeant, mais en même temps on ne peut sexonérer des contraintes financières qui supposent de rechercher lefficience, tout en jouant gagnant-gagnant avec les agents. Cest la spécificité de la réforme à la française, à la différence dautres pays qui baissent les traitements et pensions ou même qui licencient. En France, le non remplacement dun fonctionnaire sur deux demande des efforts. Je veux que ceux-ci soient mieux reconnus. La réforme se fera pour les agents et avec eux. Et lefficience sinscrira dans le temps. Nos compatriotes lattendent, car la dépense publique doit être maîtrisée. Cela suppose de mieux accompagner les mutations. Le message sadresse à toute la société, attachée au service public à la française, mais prompte à désigner ses fonctionnaires comme boucs émissaires. Chacun doit avoir conscience des efforts fournis par les fonctionnaires. Jai dailleurs réuni récemment les directeurs des plateformes RH de lEtat en région et je vais ouvrir des discussions sur les risques psycho-sociaux.
- La mandature sachève. Quel bilan faites-vous ?
Notre objectif, cest de garantir un modèle de service public et de service au public à la française. Quatre accords majeurs ont été signés avec les organisations syndicales depuis 2007. Les réformes que nous avons menées ont amélioré les services au public. Jai entendu la critique des réformes qui auraient été faites de manière brutale et aveugle. Joppose un démenti. Il suffit de regarder ce qui se passe dans les pays qui nont pas fait ces efforts. Nous, nous utilisons 50 % des économies réalisées pour améliorer la situation des agents. Désormais, il nous faut poursuivre en matière de ressources humaines. Une fonction publique moderne, ce nest plus seulement des liens hiérarchiques, cest un management nouveau, des évolutions de carrières permettant la mobilité, une diversité de parcours et daccès aux plus hautes responsabilités.. Cest une attente de nos compatriotes. Pour garantir ce modèle, Il faut continuer de le moderniser.
Propos recueillis par Martine Doriac et Sylvie Fagnart
source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 6 décembre 2011