Texte intégral
- Quel est lobjet de votre visite en Algérie ?
Je viens en Algérie à linvitation de mon homologue algérien Dahou Ould kablia, ministre de lIntérieur que javais eu loccasion de rencontrer au mois de mai à Paris lors de la réunion du G8 élargi sur la lutte contre le trafic international de la drogue. Nous avons ensemble beaucoup de sujets dintérêts communs : nos organisations administratives de part et dautre de la Méditerranée réciproques. Notre coopération dans le domaine de la protection civile est importante, la coopération décentralisée vous savez quil y a un grand nombre de jumelages entre les villes françaises et algériennes, Tlemcen-Montpellier, Oran-Bordeaux, Constantine-Grenoble contribue à rapprocher les populations.
De surcroît, il est fondamental que nous continuions à coopérer étroitement dans la lutte contre le terrorisme. Nous ferons aussi le point des discussions en cours sur les questions migratoires.
- En France, plusieurs de vos déclarations sur les musulmans et les étrangers ont suscité des polémiques et votre politique en matière dimmigration suscite également beaucoup dinquiétudes
Ces polémiques ont été alimentées par lopposition, qui a intérêt à exagérer et déformer la portée de mes propos. Je dis simplement que la France doit maîtriser et réduire les flux migratoires de 10% dans un premier temps si elle souhaite conserver la capacité dintégrer convenablement et dignement les étrangers quelle accueille sur son sol.
De même, je nai évidemment jamais tenu de propos désobligeants sur les personnes de confession musulmane. Jai simplement dit que nous devions traiter certaines questions concrètes. Par exemple, il y a eu le problème des prières de rue : ces pratiques ne sont pas conformes au principe de laïcité. Jai demandé à ce quelles naient plus lieu. Le dialogue avec les représentants du culte musulman a permis de trouver les bonnes solutions. La France est un pays ouvert et entend le rester, mais si nous voulons éviter les préjugés et les dérives xénophobes, nous devons prendre un certain nombre de mesures attendues par nos concitoyens.
- Vous envisagez de réviser les lois sur limmigration familiale et la nationalité. Quelles sont les principales modifications que vous comptez apporter à ces textes ?
Aujourdhui, limmigration familiale représente 80 000 entrées chaque année. Depuis 2007, le Gouvernement a déjà pris des mesures, par exemple en réformant le regroupement familial. Je souhaite aujourdhui que nous luttions plus efficacement contre certains abus, comme les mariages de complaisance contractés dans le seul but de sinstaller en France.
Par ailleurs, nous souhaitons mieux maîtriser notre politique daccès à la nationalité française en demandant à ceux qui souhaitent devenir français de sapproprier notre langue, nos principes et nos valeurs.
- Quel est le nombre dAlgériens expulsés de France en 2011 ?
Nous ne ciblons aucune nationalité en particulier. Nous menons avec détermination une politique de lutte contre limmigration clandestine, quel que soit le pays dorigine. Ceux qui entrent irrégulièrement en France vivent dans lillusion dun avenir meilleur, qui, en réalité, nexiste pas. Trop souvent, ils sont exploités par les filières qui vivent du trafic de limmigration clandestine.
- Deux Français ont été enlevés cette semaine dans le nord du Mali. En matière de lutte contre le terrorisme, quattendez-vous de lAlgérie, sachant quelle est hostile au paiement de rançons et à toute intervention de forces étrangères au Sahel ?
Vous avez raison de dire que la France est très préoccupée par la situation au Sahel. Notre pays paie un lourd tribut à linsécurité qui y règne. Cest un des sujets, bien sûr, sur lesquels nos deux pays ont intérêt à se concerter et à coopérer. Nous connaissons en effet le rôle important que joue lAlgérie pour contenir, et jespère un jour démanteler, des groupes terroristes qui doivent cesser de nuire. Nous nous félicitons dun certain nombre dinitiatives prises par lAlgérie telles que les deux récentes conférences sur le terrorisme au Sahel qui se sont tenues à Alger en septembre et la semaine dernière.
- Vous êtes un proche du président Nicolas Sarkozy. À quelques mois de lélection présidentielle, plusieurs hauts responsables français ont déjà visité lAlgérie cette année. Votre visite sinscrit-elle aussi dans ce cadre ?
A vrai dire, cette visite na rien à voir avec léchéance présidentielle française. Ce qui est exact en revanche, cest que dun commun accord entre le président Bouteflika et le président Sarkozy, nous avons relancé lannée dernière notre relation bilatérale après une période de deux années difficiles. Javais moi-même dailleurs à cette époque, à la demande du président de la République, joué un rôle dans la mise en uvre de ce dessein commun. Cest dans ce contexte que javais eu lhonneur de mentretenir avec le président Bouteflika et le Premier ministre Ouyahia et douvrir la voie à la mission de Jean-Pierre Raffarin.
Je suis heureux de constater que cette relance a notamment été illustrée par les visites en Algérie de membres du gouvernement français Alain Juppé, Frédéric Mitterrand, Jeannette Bougrab ainsi que de personnalités politiques comme le président Poncelet, Jean-François Copé, Jean-Pierre Chevènement. Cest un plaisir pour moi que de mettre mes pas dans ceux de ces personnalités et de contribuer, à mon tour, en tant que ministre de lIntérieur à la proximité et à la densité de nos relations bilatérales.
- La Tunisie et le Maroc viennent de connaître des élections législatives transparentes. Quelle est votre réaction à larrivée au pouvoir de formations islamistes dans ces pays ?
Il ne nous appartient pas de porter un jugement sur les résultats des élections au Maroc et en Tunisie. Cest le choix des peuples marocain et tunisien. Nous navons aucun a priori sur les partis à référence religieuse dès lors quils respectent les règles du jeu démocratique et les droits de lhomme.
- Comment jugez-vous létat des réformes politiques en Algérie ?
Sagissant de lAlgérie, notre regard est empreint de lamitié qui résulte de la proximité historique, géographique et humaine de nos deux pays. Mais ce nest certainement pas à nous de dire aux Algériens ce quils doivent faire ! Les pays du monde arabe et du bassin méditerranéen font leurs réformes chacun à leur rythme : la voie algérienne nest pas calquée sur ce qui se passe ailleurs. Nous apprécions et encourageons les efforts des autorités pour répondre aux aspirations du peuple algérien.
- En octobre dernier, vous avez déclaré : « le président de la République française est allé en Algérie, il a eu des propos extrêmement forts sur ce moment douloureux de notre passé entre lAlgérie et la France. Il a tourné la page ». Sagit-il de la réponse définitive de la France aux demandes algériennes sur la repentance ?
Il y a, cest vrai, de la part de certains, une attente de repentance. Nous lavons dit à plusieurs reprises, nous ne sommes pas sur cette ligne-là. Cela ne veut pas dire que nous ne reconnaissons pas ou nassumons pas notre histoire qui a été aussi, un certain temps, la vôtre. La page dont vous parlez, cest une page dhistoire, douloureuse pour les Algériens, douloureuse aussi pour les Français qui vivaient alors en Algérie. Cette page, comme le rappelait récemment un ministre algérien, il nous revient de la tourner, sans pour autant la déchirer : cest ce qua fait le président de la République lorsquil est venu à Alger en décembre 2007, puis à Constantine où il a condamné « un système colonial, injuste par nature qui ne pouvait être vécu que comme une entreprise dasservissement et dexploitation ». « Un système contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité ». Ces mots sont extrêmement forts, aucun autre chef dÉtat ne les a prononcés avant lui.
Source http://www.ambafrance-dz.org, le 5 décembre 2011
Je viens en Algérie à linvitation de mon homologue algérien Dahou Ould kablia, ministre de lIntérieur que javais eu loccasion de rencontrer au mois de mai à Paris lors de la réunion du G8 élargi sur la lutte contre le trafic international de la drogue. Nous avons ensemble beaucoup de sujets dintérêts communs : nos organisations administratives de part et dautre de la Méditerranée réciproques. Notre coopération dans le domaine de la protection civile est importante, la coopération décentralisée vous savez quil y a un grand nombre de jumelages entre les villes françaises et algériennes, Tlemcen-Montpellier, Oran-Bordeaux, Constantine-Grenoble contribue à rapprocher les populations.
De surcroît, il est fondamental que nous continuions à coopérer étroitement dans la lutte contre le terrorisme. Nous ferons aussi le point des discussions en cours sur les questions migratoires.
- En France, plusieurs de vos déclarations sur les musulmans et les étrangers ont suscité des polémiques et votre politique en matière dimmigration suscite également beaucoup dinquiétudes
Ces polémiques ont été alimentées par lopposition, qui a intérêt à exagérer et déformer la portée de mes propos. Je dis simplement que la France doit maîtriser et réduire les flux migratoires de 10% dans un premier temps si elle souhaite conserver la capacité dintégrer convenablement et dignement les étrangers quelle accueille sur son sol.
De même, je nai évidemment jamais tenu de propos désobligeants sur les personnes de confession musulmane. Jai simplement dit que nous devions traiter certaines questions concrètes. Par exemple, il y a eu le problème des prières de rue : ces pratiques ne sont pas conformes au principe de laïcité. Jai demandé à ce quelles naient plus lieu. Le dialogue avec les représentants du culte musulman a permis de trouver les bonnes solutions. La France est un pays ouvert et entend le rester, mais si nous voulons éviter les préjugés et les dérives xénophobes, nous devons prendre un certain nombre de mesures attendues par nos concitoyens.
- Vous envisagez de réviser les lois sur limmigration familiale et la nationalité. Quelles sont les principales modifications que vous comptez apporter à ces textes ?
Aujourdhui, limmigration familiale représente 80 000 entrées chaque année. Depuis 2007, le Gouvernement a déjà pris des mesures, par exemple en réformant le regroupement familial. Je souhaite aujourdhui que nous luttions plus efficacement contre certains abus, comme les mariages de complaisance contractés dans le seul but de sinstaller en France.
Par ailleurs, nous souhaitons mieux maîtriser notre politique daccès à la nationalité française en demandant à ceux qui souhaitent devenir français de sapproprier notre langue, nos principes et nos valeurs.
- Quel est le nombre dAlgériens expulsés de France en 2011 ?
Nous ne ciblons aucune nationalité en particulier. Nous menons avec détermination une politique de lutte contre limmigration clandestine, quel que soit le pays dorigine. Ceux qui entrent irrégulièrement en France vivent dans lillusion dun avenir meilleur, qui, en réalité, nexiste pas. Trop souvent, ils sont exploités par les filières qui vivent du trafic de limmigration clandestine.
- Deux Français ont été enlevés cette semaine dans le nord du Mali. En matière de lutte contre le terrorisme, quattendez-vous de lAlgérie, sachant quelle est hostile au paiement de rançons et à toute intervention de forces étrangères au Sahel ?
Vous avez raison de dire que la France est très préoccupée par la situation au Sahel. Notre pays paie un lourd tribut à linsécurité qui y règne. Cest un des sujets, bien sûr, sur lesquels nos deux pays ont intérêt à se concerter et à coopérer. Nous connaissons en effet le rôle important que joue lAlgérie pour contenir, et jespère un jour démanteler, des groupes terroristes qui doivent cesser de nuire. Nous nous félicitons dun certain nombre dinitiatives prises par lAlgérie telles que les deux récentes conférences sur le terrorisme au Sahel qui se sont tenues à Alger en septembre et la semaine dernière.
- Vous êtes un proche du président Nicolas Sarkozy. À quelques mois de lélection présidentielle, plusieurs hauts responsables français ont déjà visité lAlgérie cette année. Votre visite sinscrit-elle aussi dans ce cadre ?
A vrai dire, cette visite na rien à voir avec léchéance présidentielle française. Ce qui est exact en revanche, cest que dun commun accord entre le président Bouteflika et le président Sarkozy, nous avons relancé lannée dernière notre relation bilatérale après une période de deux années difficiles. Javais moi-même dailleurs à cette époque, à la demande du président de la République, joué un rôle dans la mise en uvre de ce dessein commun. Cest dans ce contexte que javais eu lhonneur de mentretenir avec le président Bouteflika et le Premier ministre Ouyahia et douvrir la voie à la mission de Jean-Pierre Raffarin.
Je suis heureux de constater que cette relance a notamment été illustrée par les visites en Algérie de membres du gouvernement français Alain Juppé, Frédéric Mitterrand, Jeannette Bougrab ainsi que de personnalités politiques comme le président Poncelet, Jean-François Copé, Jean-Pierre Chevènement. Cest un plaisir pour moi que de mettre mes pas dans ceux de ces personnalités et de contribuer, à mon tour, en tant que ministre de lIntérieur à la proximité et à la densité de nos relations bilatérales.
- La Tunisie et le Maroc viennent de connaître des élections législatives transparentes. Quelle est votre réaction à larrivée au pouvoir de formations islamistes dans ces pays ?
Il ne nous appartient pas de porter un jugement sur les résultats des élections au Maroc et en Tunisie. Cest le choix des peuples marocain et tunisien. Nous navons aucun a priori sur les partis à référence religieuse dès lors quils respectent les règles du jeu démocratique et les droits de lhomme.
- Comment jugez-vous létat des réformes politiques en Algérie ?
Sagissant de lAlgérie, notre regard est empreint de lamitié qui résulte de la proximité historique, géographique et humaine de nos deux pays. Mais ce nest certainement pas à nous de dire aux Algériens ce quils doivent faire ! Les pays du monde arabe et du bassin méditerranéen font leurs réformes chacun à leur rythme : la voie algérienne nest pas calquée sur ce qui se passe ailleurs. Nous apprécions et encourageons les efforts des autorités pour répondre aux aspirations du peuple algérien.
- En octobre dernier, vous avez déclaré : « le président de la République française est allé en Algérie, il a eu des propos extrêmement forts sur ce moment douloureux de notre passé entre lAlgérie et la France. Il a tourné la page ». Sagit-il de la réponse définitive de la France aux demandes algériennes sur la repentance ?
Il y a, cest vrai, de la part de certains, une attente de repentance. Nous lavons dit à plusieurs reprises, nous ne sommes pas sur cette ligne-là. Cela ne veut pas dire que nous ne reconnaissons pas ou nassumons pas notre histoire qui a été aussi, un certain temps, la vôtre. La page dont vous parlez, cest une page dhistoire, douloureuse pour les Algériens, douloureuse aussi pour les Français qui vivaient alors en Algérie. Cette page, comme le rappelait récemment un ministre algérien, il nous revient de la tourner, sans pour autant la déchirer : cest ce qua fait le président de la République lorsquil est venu à Alger en décembre 2007, puis à Constantine où il a condamné « un système colonial, injuste par nature qui ne pouvait être vécu que comme une entreprise dasservissement et dexploitation ». « Un système contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité ». Ces mots sont extrêmement forts, aucun autre chef dÉtat ne les a prononcés avant lui.
Source http://www.ambafrance-dz.org, le 5 décembre 2011