Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur les orientations de la politique économique et budgétaire du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 13 décembre 2011.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Jean-Marc Ayrault, député PS (président du groupe parlementaire SRC) de Loire-Atlantique, à l'Assemblée nationale le 13 décembre 2011

Texte intégral

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Président Ayrault,
D’abord, je voudrais vous rassurer sur notre cap. Il est parfaitement simple : en 2011 nous respecterons strictement les engagements que nous avons pris et le déficit de notre budget sera de 5,7 %, comme nous nous y sommes engagés. Et en 2012 il sera de 4,5 % comme nous nous y sommes engagés, pour parvenir en 2016 et non pas en 2017, comme j’entends déjà le candidat socialiste le proposer, se donnant une année de plus pour atteindre des objectifs qui, par ailleurs nous engagent au niveau européen. Nous avons anticipé la possibilité d’une baisse de croissance dans les pays de la zone euro en gelant six milliards de crédits et nous procéderons aux ajustements nécessaires au vu, non pas des prévisions de croissance, mais au vu de la croissance réalisée trimestre après trimestre, comme nous l’avons fait d’ailleurs en 2011.
Si nous atteignons ces objectifs c’est grâce à des mesures qui ont été prises et que vous avez toujours combattues. C’est grâce à la révision générale des politiques publiques qui a permis d’économiser quinze milliards d’euros. C’est grâce au non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui a permis de baisser de cent cinquante mille les effectifs de la Fonction publique d’Etat. C’est grâce à la réforme des retraites.
C’est grâce à l’ensemble de ces mesures que nous aurons en 2012, pour la première fois un budget de l’Etat qui sera en diminution depuis 1945. Alors Monsieur Ayrault vous seriez plus crédible pour nous donner des leçons, si vous aviez soutenu ces politiques, si vous aviez soutenu ces efforts. Mais les agences de notation ne pointent pas seulement les déséquilibres budgétaires. Elles pointent aussi le problème de la crédibilité de la zone euro. Et la réponse à la crédibilité de la zone euro, c’est l’accord du 9 décembre. C’est un accord obtenu grâce à l’initiative franco-allemande qui a réuni vingt-six pays de l’Union européenne sur vingt-sept. C’est un accord qui nous permet de nous doter enfin d’un gouvernement économique qui va pouvoir piloter une convergence des politiques, qui sera à même d’assurer la pérennité de l’euro et la croissance, et qui permettra peut-être un jour d’arriver à ces eurobonds que vous brandissez comme une sorte de pierre philosophale, alors que vous savez pertinemment que jamais le peuple allemand - gauche / droite confondues - comme d’ailleurs le peuple français, n’acceptera de financer la dette des autres pays européens, sans avoir un droit de regard sur la mise en œuvre de leur politique économique et sur l’endettement de ces pays.
La réponse c’est une règle d’or qui a été approuvée par la plupart des Partis socialistes européens et notamment par le Parti socialiste allemand que vous êtes allé voir la semaine dernière. Cet accord c’est le renoncement par l’Allemagne à l’implication des investisseurs privés dans la restructuration des dettes souveraines, alors même que cette décision qui a été prise pour la Grèce, a pesé lourd dans la crise financière que nous connaissons aujourd’hui.
Et enfin cet accord c’est la mise en place d’un véritable fonds monétaire européen doté d’un système de fonctionnement avec une majorité qualifiée qui permettra d’éviter les blocages que nous avons connus.
Alors Monsieur Ayrault, la meilleure façon de soutenir le "AAA" des pays européens, c’est de défendre l’accord du 9 décembre et c’est la raison pour laquelle j’ai eu l’occasion de dire qu’il n’était pas responsable de la part du candidat socialiste de prétendre qu’il allait pouvoir à lui tout seul le remettre en cause. Chacun sait que c’est tromper les Français.
Quand vingt-six pays, avec des gouvernements de gauche comme des gouvernements de droite, se sont mis d’accord sur une des dispositions qui permet d’assurer la pérennisation de l’euro, on ne prétend pas qu’on va le remettre tout seul.
Et d’ailleurs vous devriez avoir de la mémoire. En 1997 Monsieur Jospin et Monsieur Strauss-Kahn étaient partis, la fleur au fusil, à Bruxelles pour remettre en cause le pacte de stabilité. Ils sont rentrés bredouilles. Et c’est normal. Parce qu’il y avait à l’époque un consensus des pays européens pour mener cette politique.
Alors Monsieur Ayrault si vous voulez soutenir le "AAA" c’est très simple : renoncez à votre funeste projet d’abrogation de la réforme des retraites ; votez la règle d’or ; et enfin soutenez l’accord du 9 décembre.
Source http://www.gouvernement.fr, le 14 décembre 2011