Texte intégral
Q - Face à la crise économique actuelle, lEurope sapprête-t-elle à connaître une «génération perdue», tel que laffirme Angela Merkel?
R - La stagnation de léconomie européenne peut être enrayée. LEurope doit se réorganiser et se désendetter. Cest ce que nous faisons collectivement.
LEurope conserve de très réels atouts : la dynamique dun très grand marché de 500 millions de consommateurs, des infrastructures de grande qualité, des entreprises performantes, des pôles dexcellence scientifiques, universitaires et technologiques.
Lintégralité de nos efforts vise à recréer la confiance en Europe et à préparer un retour de la croissance. Je suis convaincu que nos dernières décisions vont y contribuer.
Q - Que répondez-vous à ceux qui voient dans la crise actuelle le reflet dune Europe en déclin économique et géopolitique inéluctable?
R - Il est normal que la mondialisation conduise à un mouvement de rattrapage des pays émergents. Mais, lEurope a toutes les cartes en main pour maîtriser son destin et profiter de cette mondialisation. Et il nest en rien écrit que la crise conduise à son déclin. Bien au contraire, cette crise loblige à ouvrir les yeux sur le monde qui lentoure, sur une véritable révolution qui a commencé. Elle lui offre lopportunité de se remettre en question, de transformer sa société, daccentuer la productivité de son économie et de moderniser sa gouvernance. Je note dailleurs, que dans un contexte extrêmement difficile, nous avons fait plus de progrès en matière de régulation économique et financière en Europe en quelques mois quen plus de vingt ans. Cette crise nous oblige souvent à «faire mieux avec moins», nous pousse à mutualiser nos forces au niveau européen et nous incite à exploiter au maximum nos atouts dans la compétition mondiale, comme la qualité de notre capital humain, de nos infrastructures et de nos technologies. Rappelons-le : lEurope demeure le premier marché au monde et la première puissance commerciale au monde, sa part dans les échanges commerciaux (plus de 16 %) se maintenant à ce niveau malgré la crise et lacuité de la concurrence internationale. Ne cédons donc pas à la tentation - dailleurs bien européenne - qui consiste à se complaire dans lidée que lEurope est un continent essoufflé !
Q - Les pays émergents, tels que le Brésil, peuvent-il apporter une aide à lEurope en crise? Si oui, sous quelle forme?
R - La crise de lEurope est en vérité une crise de lendettement public excessif de certains pays européens. LEurope, sous limpulsion du président Sarkozy et de la chancelière Merkel, a pris des mesures fortes : plans de sauvetage, mesures de discipline budgétaire, mise en place de pare-feux pour éviter la contagion. Le Brésil doit garder confiance dans leurozone. Les résultats du Conseil européen du 9 décembre démontrent notre très forte détermination à refonder la zone euro sur une gouvernance à la fois plus rigoureuse et plus solidaire. Cest sur cette base que nous attendons du Brésil quil prenne part à toute initiative internationale visant à renforcer les mécanismes de gestion de crise en partenariat avec le FMI, dont une modalité pourrait être une augmentation des ressources du FMI via des prêts bilatéraux.
Q - Face à la baisse de popularité du président Sarkozy et à lavance de lopposition dans les sondages pour léchéance de 2012, le gouvernement français regrette-t-il davoir pris des décisions impopulaires ?
R - Non, lapproche des élections présidentielles ne remet pas en cause la stratégie réformatrice du président de la République et du gouvernement. Et pour deux raisons. La première, cest que la crise des dettes européennes nous commande de respecter nos objectifs en matière de baisse des déficits, sous peine de voir la crédibilité financière de la France, qui reste forte, saffaiblir.
La deuxième raison, cest que face à la crise, le courage, la cohérence et lexpérience de Nicolas Sarkozy constitueront un atout face à ses opposants qui nont pas pris la mesure des défis actuels
Q - Pourquoi la France sest-elle si vite et autant impliquée aux cotés des rebelles en Libye après sêtre montrée hésitante en Tunisie et en Égypte?
R - En Libye, Kadhafi avait promis un bain de sang à sa population. Le président de la République avait clairement indiqué les conditions qui permettaient une intervention en Libye : une demande du peuple libyen puis de la Ligue des États arabes ; une autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies : cest exactement ce qui sest passé.
En Égypte et en Tunisie, la situation était différente, principalement parce que les dirigeants ont choisi de partir là où Kadhafi sest obstiné jusquau bout.
Q - La France est-elle préoccupée par la montée des partis islamiques dans le sillage du Printemps arabe ?
R - Nous voulons faire confiance à ces nouveaux régimes dès lors que leurs dirigeants rejettent lextrémisme sous toutes ses formes et sengagent à respecter les libertés fondamentales.
Nous serons sur ces points vigilants, mais nous ne voulons pas faire de procès dintention à des pays qui ont connu tant dannées de dictature et qui sessayent à la démocratie.
Q - Le ministre de la Défense a critiqué récemment les pays émergents, le Brésil en particulier, en affirmant «quil était grand temps quils deviennent émergents également en matière de respect des Droits de lHomme». Partagez-vous cette opinion?
R - Il faut se méfier des déclarations sorties de leur contexte. Le mot critique ne me paraît pas approprié. Dans notre esprit, il sagit plutôt dun appel aux grands pays émergents qui revendiquent légitimement un rôle plus important dans la gouvernance mondiale. Le Brésil doit avoir toute sa place dans le système international et la France milite en ce sens depuis longtemps. Cela signifie plus de responsabilités, et notamment une obligation de résultats pour résoudre de graves crises internationales et sauver des vies. Il ne sagit bien sûr pas du respect des droits de lHomme au Brésil, mais de la condamnation internationale de pays qui violent ou ont violé ces droits. Nous avons à cet égard noté très positivement le vote récent, par le Brésil dune résolution de lAssemblée générale des Nations unies condamnant les exactions du régime syrien.
Q - Les divergences entre la France et le Brésil au sein du Conseil de sécurité de lONU au sujet de la Libye, de lIran et de la Syrie dans une moindre mesure remettent-elles en cause le soutien de Paris à une réforme du Conseil de sécurité qui permette ladhésion de Brasilia en tant que membre permanent ?
R - Absolument pas. La position de la France na pas changé. Nous sommes et restons plus que jamais de fervents partisans de lattribution au Brésil dun siège permanent au Conseil de sécurité. Parce que cest une évidence et le sens de lHistoire. Le président Sarkozy rappelle régulièrement notre appui à la candidature du Brésil lors de ses interventions internationales et je le redirai sans la moindre ambiguïté lors de ma visite au Brésil !
Q - Dans le cadre du marché pour la rénovation de la flotte davions de chasse utilisés par le Brésil, comment la France compte-t-elle répondre à lannonce des USA promettant eux aussi un transfert de technologies sensibles ?
R - Notre partenariat stratégique avec le Brésil comporte un volet militaire dense. Dans ce cadre, il y a bien sûr des contrats darmement, mais aussi une coopération en matière de défense de plus en plus étroite avec des transferts de technologie. Nous menons en particulier deux programmes ambitieux de construction de sous-marins et dhélicoptères qui dépassent la simple fourniture darmements et permettront au Brésil de franchir un palier industriel et technologique. Notre meilleur argument, cest la qualité des transferts que nous sommes en train de réaliser. Nous tenons nos engagements. Dans le même esprit, nous avons proposé lavion Rafale, à la fois projet militaire et projet industriel. Nous sommes confiants parce que nous pensons que loffre française est la meilleure possible avec un transfert de technologie sans équivalent.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 décembre 2011
R - La stagnation de léconomie européenne peut être enrayée. LEurope doit se réorganiser et se désendetter. Cest ce que nous faisons collectivement.
LEurope conserve de très réels atouts : la dynamique dun très grand marché de 500 millions de consommateurs, des infrastructures de grande qualité, des entreprises performantes, des pôles dexcellence scientifiques, universitaires et technologiques.
Lintégralité de nos efforts vise à recréer la confiance en Europe et à préparer un retour de la croissance. Je suis convaincu que nos dernières décisions vont y contribuer.
Q - Que répondez-vous à ceux qui voient dans la crise actuelle le reflet dune Europe en déclin économique et géopolitique inéluctable?
R - Il est normal que la mondialisation conduise à un mouvement de rattrapage des pays émergents. Mais, lEurope a toutes les cartes en main pour maîtriser son destin et profiter de cette mondialisation. Et il nest en rien écrit que la crise conduise à son déclin. Bien au contraire, cette crise loblige à ouvrir les yeux sur le monde qui lentoure, sur une véritable révolution qui a commencé. Elle lui offre lopportunité de se remettre en question, de transformer sa société, daccentuer la productivité de son économie et de moderniser sa gouvernance. Je note dailleurs, que dans un contexte extrêmement difficile, nous avons fait plus de progrès en matière de régulation économique et financière en Europe en quelques mois quen plus de vingt ans. Cette crise nous oblige souvent à «faire mieux avec moins», nous pousse à mutualiser nos forces au niveau européen et nous incite à exploiter au maximum nos atouts dans la compétition mondiale, comme la qualité de notre capital humain, de nos infrastructures et de nos technologies. Rappelons-le : lEurope demeure le premier marché au monde et la première puissance commerciale au monde, sa part dans les échanges commerciaux (plus de 16 %) se maintenant à ce niveau malgré la crise et lacuité de la concurrence internationale. Ne cédons donc pas à la tentation - dailleurs bien européenne - qui consiste à se complaire dans lidée que lEurope est un continent essoufflé !
Q - Les pays émergents, tels que le Brésil, peuvent-il apporter une aide à lEurope en crise? Si oui, sous quelle forme?
R - La crise de lEurope est en vérité une crise de lendettement public excessif de certains pays européens. LEurope, sous limpulsion du président Sarkozy et de la chancelière Merkel, a pris des mesures fortes : plans de sauvetage, mesures de discipline budgétaire, mise en place de pare-feux pour éviter la contagion. Le Brésil doit garder confiance dans leurozone. Les résultats du Conseil européen du 9 décembre démontrent notre très forte détermination à refonder la zone euro sur une gouvernance à la fois plus rigoureuse et plus solidaire. Cest sur cette base que nous attendons du Brésil quil prenne part à toute initiative internationale visant à renforcer les mécanismes de gestion de crise en partenariat avec le FMI, dont une modalité pourrait être une augmentation des ressources du FMI via des prêts bilatéraux.
Q - Face à la baisse de popularité du président Sarkozy et à lavance de lopposition dans les sondages pour léchéance de 2012, le gouvernement français regrette-t-il davoir pris des décisions impopulaires ?
R - Non, lapproche des élections présidentielles ne remet pas en cause la stratégie réformatrice du président de la République et du gouvernement. Et pour deux raisons. La première, cest que la crise des dettes européennes nous commande de respecter nos objectifs en matière de baisse des déficits, sous peine de voir la crédibilité financière de la France, qui reste forte, saffaiblir.
La deuxième raison, cest que face à la crise, le courage, la cohérence et lexpérience de Nicolas Sarkozy constitueront un atout face à ses opposants qui nont pas pris la mesure des défis actuels
Q - Pourquoi la France sest-elle si vite et autant impliquée aux cotés des rebelles en Libye après sêtre montrée hésitante en Tunisie et en Égypte?
R - En Libye, Kadhafi avait promis un bain de sang à sa population. Le président de la République avait clairement indiqué les conditions qui permettaient une intervention en Libye : une demande du peuple libyen puis de la Ligue des États arabes ; une autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies : cest exactement ce qui sest passé.
En Égypte et en Tunisie, la situation était différente, principalement parce que les dirigeants ont choisi de partir là où Kadhafi sest obstiné jusquau bout.
Q - La France est-elle préoccupée par la montée des partis islamiques dans le sillage du Printemps arabe ?
R - Nous voulons faire confiance à ces nouveaux régimes dès lors que leurs dirigeants rejettent lextrémisme sous toutes ses formes et sengagent à respecter les libertés fondamentales.
Nous serons sur ces points vigilants, mais nous ne voulons pas faire de procès dintention à des pays qui ont connu tant dannées de dictature et qui sessayent à la démocratie.
Q - Le ministre de la Défense a critiqué récemment les pays émergents, le Brésil en particulier, en affirmant «quil était grand temps quils deviennent émergents également en matière de respect des Droits de lHomme». Partagez-vous cette opinion?
R - Il faut se méfier des déclarations sorties de leur contexte. Le mot critique ne me paraît pas approprié. Dans notre esprit, il sagit plutôt dun appel aux grands pays émergents qui revendiquent légitimement un rôle plus important dans la gouvernance mondiale. Le Brésil doit avoir toute sa place dans le système international et la France milite en ce sens depuis longtemps. Cela signifie plus de responsabilités, et notamment une obligation de résultats pour résoudre de graves crises internationales et sauver des vies. Il ne sagit bien sûr pas du respect des droits de lHomme au Brésil, mais de la condamnation internationale de pays qui violent ou ont violé ces droits. Nous avons à cet égard noté très positivement le vote récent, par le Brésil dune résolution de lAssemblée générale des Nations unies condamnant les exactions du régime syrien.
Q - Les divergences entre la France et le Brésil au sein du Conseil de sécurité de lONU au sujet de la Libye, de lIran et de la Syrie dans une moindre mesure remettent-elles en cause le soutien de Paris à une réforme du Conseil de sécurité qui permette ladhésion de Brasilia en tant que membre permanent ?
R - Absolument pas. La position de la France na pas changé. Nous sommes et restons plus que jamais de fervents partisans de lattribution au Brésil dun siège permanent au Conseil de sécurité. Parce que cest une évidence et le sens de lHistoire. Le président Sarkozy rappelle régulièrement notre appui à la candidature du Brésil lors de ses interventions internationales et je le redirai sans la moindre ambiguïté lors de ma visite au Brésil !
Q - Dans le cadre du marché pour la rénovation de la flotte davions de chasse utilisés par le Brésil, comment la France compte-t-elle répondre à lannonce des USA promettant eux aussi un transfert de technologies sensibles ?
R - Notre partenariat stratégique avec le Brésil comporte un volet militaire dense. Dans ce cadre, il y a bien sûr des contrats darmement, mais aussi une coopération en matière de défense de plus en plus étroite avec des transferts de technologie. Nous menons en particulier deux programmes ambitieux de construction de sous-marins et dhélicoptères qui dépassent la simple fourniture darmements et permettront au Brésil de franchir un palier industriel et technologique. Notre meilleur argument, cest la qualité des transferts que nous sommes en train de réaliser. Nous tenons nos engagements. Dans le même esprit, nous avons proposé lavion Rafale, à la fois projet militaire et projet industriel. Nous sommes confiants parce que nous pensons que loffre française est la meilleure possible avec un transfert de technologie sans équivalent.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 décembre 2011