Texte intégral
Je suis particulièrement heureuse dêtre parmi vous ce matin à loccasion de ce forum économie et santé, dont je félicite les Echos davoir pris linitiative. Il intervient effectivement dans un contexte historique, alors que le Gouvernement se mobilise pour pérenniser et améliorer notre système de santé, en affrontant une crise économique sans précédent depuis 1945. Les questions dont vous allez débattre ce matin sont au cur des préoccupations du Gouvernement :
* quil sagisse des nécessaires plans dactions globales en matière de santé,
* de lamélioration de loffre de soins dans les établissements de santé, tout en maîtrisant les dépenses,
* de la contribution de la médecine libérale aux objectifs de santé publique.
Comme vous le savez, la ligne directrice du Gouvernement pour le système de santé dans les années à venir, cest de maîtriser les dépenses tout en maintenant un haut niveau de prise en charge.
Cest un combat difficile, nous sommes arrivés à le faire ! Cest la remarquable conclusion issue des comptes de la santé : dun côté, lONDAM est respecté depuis 2 ans. De lautre, le reste à charge diminue depuis trois ans, comme le font apparaître les comptes de la santé de septembre 2011.
1. Sur le champ du médicament
Pour ce qui concerne le champ du médicament, lapproche du Gouvernement est celle précisée par le HCAAM (Haut Conseil pour lavenir de lassurance maladie) dans son rapport de 2009 : cest viser lamélioration de la qualité des prescriptions pour parvenir à réaliser des économies, en sappuyant dailleurs sur les recommandations de la Haute Autorité de Santé.
Cest précisément le principe de la démarche de la maîtrise médicalisée qui permet entre 400M et 500M déconomie chaque année, notamment par une amélioration des prescriptions (iatrogénie chez les personnes âgées, antibiotiques, avec les campagnes dinformation médico-économiques de lassurance maladie etc).
La rémunération à la performance, qui a été généralisée dans la convention médicale signée en juillet dernier, sinscrit précisément dans cette logique de rechercher dabord la qualité pour obtenir ensuite des économies. Cest pour cela que cette rémunération à la performance sappuie sur des objectifs de bonnes pratiques et de santé publique, tels que loptimisation des prescriptions.
Laffaire Médiator a par ailleurs montré la nécessité de bases institutionnelles saines, pour pouvoir garantir la qualité de la prise en charge et pour avoir une évaluation médicale et une évaluation médico-économique fiables, transparentes et indépendantes. Cest ce que nous avons fait dans le projet de loi relatif au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé.
Je viens donc dexposer le principe de la maîtrise médicalisée.
Sagissant des économies directes sur les produits de santé, lindustrie pharmaceutique est chaque année mise à contribution pour des économies supplémentaires dans le cadre de lONDAM. Cette année, elle contribuera pour près d1,5Md sur des moindres dépenses et des recettes supplémentaires.
Nous recevons souvent la critique dun prix élevé du médicament en France. Jestime que nous avons un mécanisme efficace : les négociations conventionnelles entre entreprises des produits de santé et le comité économique des produits de santé, le CEPS, permettent, dune part, de maîtriser lévolution des dépenses de produits de santé à un niveau compatible avec lONDAM, et dautre part, de maintenir une économie viable pour ces entreprises en France. Et si les prix sont facialement plus élevés que dans dautres pays, cest parce quon ne prend pas en compte les remises de tarifs que négocie le CEPS, et qui représentent environ 300M par an, qui sajoutent aux baisses de prix, qui elles représenteront en 2012 près dun milliard deuros. Cest grâce à cette politique conventionnelle, et non unilatérale, que nous pouvons maintenir une innovation et des progrès dans la recherche. Cest grâce à notre gestion dynamique des prix, avec des baisses de prix et des déremboursements lorsque le produit a pas un SMR insuffisant, que nous pouvons nous permettre de traiter les assurés avec les meilleures thérapeutiques, même si elles sont très coûteuses.
Le meilleur soin accessible à tous, cest le credo que nous entendons faire perdurer.
2. Sur le champ des établissements de santé
Cette même logique de maîtrise des dépenses pour maintenir un haut niveau de prise en charge, et cette philosophie de qualité des soins doivent également valoir dans le champ de nos établissements de santé. Vous le savez, Mesdames et Messieurs : étant donné linévitable complexité de loffre de soins hospitalière, qui est lillustration du progrès, les établissements de santé sont des paquebots, qui ont beaucoup dinertie, et qui ont besoin dêtre manuvrés avec beaucoup de progressivité, de continuité, et de lisibilité.
Améliorer leur efficience, à la fois dans leur prise en charge et dans leur organisation, est un impératif pour la soutenabilité de notre système de soins. Cest précisément ce qua entrepris le Gouvernement depuis quelques années :
* la loi HPST a entrepris de réformer la gouvernance de lhôpital pour pouvoir piloter au sein des établissements de santé ces changements,
* elle est également à lorigine de la création de lAgence Nationale dAppui à la Performance des Etablissements de Santé et médico-sociaux (ANAP), qui, sur la base de ses contrats de performance, intervient sur lensemble du champ de ces établissements : en matière dorganisation, dachats, de personnels.
Pour ce qui concerne lorganisation proprement dite, je citerais linitiative du gouvernement dans le projet de loi actuellement débattu dintroduire progressivement lefficience dans le pilotage des établissements. Ainsi, il est proposé de fixer dans les Contrats Pluriannuels dObjectifs et de Moyens (CPOM), des objectifs sur des indicateurs de performance qui concernent le taux doccupation des salles dIRM, des scanners, des blocs opératoires, mais aussi la durée moyenne des séjours, avec un mécanisme incitatif, pour atteindre les objectifs fixés de manière contractuelle avec lARS.
Pour ce qui concerne les achats, qui représentent une dépense annuelle de 18Md, soit le deuxième poste de dépenses de lhôpital après le personnel, les contrats de performance de lANAP vont permettre également une mutualisation et une optimisation des achats. Ainsi, pour 2012, ce sont 150 millions deuros déconomie que nous prévoyons déjà !
Cest donc beaucoup par laccompagnement continu de lhôpital quon parvient à améliorer son efficience. Mais il nous faut pour cela de la patience, de la persévérance, et du courage politique.
Enfin, des efforts plus structurels sont faits par le biais de la tarification à lactivité et de la convergence intersectorielle entre établissements de santé publics et privés. Cest un facteur démulation sur des champs dactivités comparables entre les acteurs publics et les acteurs privés. Il nous faut poursuivre ces efforts avec progressivité et parcimonie.
3. Avec les professionnels de santé
Dici 2017, nous devrons enfin relever le défi démographique, question que vous allez aborder dans la troisième table ronde de cette matinée.
Sagissant des médecins, il sagit dun problème de déficit de loffre dans certaines zones sous-denses. Le Gouvernement privilégie lapproche incitative.
Comme vous le savez, les partenaires conventionnels sont parvenus à des propositions concrètes (« option démographie », « option santé solidarité » de la convention de juillet dernier).
Et le gouvernement développe de nouveaux dispositifs, comme les contrats dengagement de service public notamment, que jai soutenus personnellement, pour fidéliser les étudiants en médecine à leur région de formation.
Sagissant des autres professions de santé, les problèmes démographiques sont davantage liés à une surdensité de loffre dans certains territoires : il sagit par exemple des infirmiers et des masseurs-kinésithérapeutes, dont la surdensité se traduit par une surconsommation de soins, nuisible à la performance du système de santé.
Là encore, le gouvernement privilégie la voie conventionnelle. Tous sy sont engagés : les infirmiers libéraux ont été les premiers à le faire, suivis par les masseurs kinésithérapeutes récemment.
Surtout, dici à 2017, nous aurons réalisé une évolution majeure des modes dexercices :
* quil sagisse dexercices pluridisciplinaires basées sur les maisons de santé pluriprofessionnelles, pour la médecine de premier recours ;
* quil sagisse de rémunérations forfaitaires à lacte pour le pharmacien, pour le suivi des patients chroniques ou du calendrier de vaccination ;
* des compétences accrues pour les infirmières qui mettent en uvre pleinement le fruit de leurs études.
Mesdames et Messieurs,
Nous savons aujourdhui que le seul moyen de maintenir les fondamentaux de notre système de santé solidaire, issus de la Libération en 1945, cest, comme je vous lai dit, de maîtriser les dépenses, en améliorant la qualité.
Cest ainsi, et seulement ainsi, que nous assurerons la soutenabilité, et donc la pérennité de notre système de santé, avec un haut niveau de prise en charge. Je vous souhaite de fructueux débats, et attends avec attention votre contribution, qui intervient à un moment historique pour notre pays.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 18 novembre 2011