Texte intégral
BRUCE TOUSSAINT Benoist APPARU, secrétaire dÉtat au logement est notre invité. Il était bon ?
BENOIST APPARU Sur la forme ? Oui, je trouve quil était plutôt pas mal. Une belle salle.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Présidentiel ?
BENOIST APPARU Je nirai pas jusque-là et je nen sais rien dailleurs mais sur le fond, oui. Sur la forme, pardon !, il y avait un truc qui nétait pas mal. Sur le fond, jai trouvé ça beaucoup plus fade, beaucoup plus creux. Jai trouvé quil y avait beaucoup de constat mais peu de solutions.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Vous avez remarqué quand François HOLLANDE dit : « Mon adversaire, cest la finance » on dit : « Cest un coup de barre à gauche » et quand cest Nicolas SARKOZY qui le fait dans son grand discours de Toulon, on dit quil est responsable.
BENOIST APPARU Entre dire : « Mon adversaire », sous-entendu entre guillemets : « Mon ennemi principal, cest la finance », là ça va un peu trop loin. Je trouve que la formule de François BAROIN hier résumait parfaitement les choses.
BRUCE TOUSSAINT Il a dit : « Cest idiot. »
BENOIST APPARU Je ne sais pas si cest la bonne formule. En tous cas
BRUCE TOUSSAINT Ah, il a dit : « Cest idiot. »
BENOIST APPARU Jai bien entendu.
BRUCE TOUSSAINT Pardon.
BENOIST APPARU En tout état de cause, cest un peu comme dire effectivement : « Je suis contre le soleil ou contre la pluie. » Cest un peu ridicule.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Ridicule, carrément ?
BENOIST APPARU Oui, ridicule parce que là encore je comprends quil est en campagne électorale. Je comprends quil est devant une salle
BRUCE TOUSSAINT Dénoncer les dérives de la finance, cest ridicule ?
BENOIST APPARU Je comprends quil ait envie de se gaucher, se gauchiser Non, non, il y a deux choses différentes. Il y a les dérives de la finance c'est une chose et puis il y a la finance tout court.
BRUCE TOUSSAINT Oui, oui. Le problème cest quen ce moment, on voit plus les dérives de la finance que les bons côtés de la finance. Reconnaissez-le.
BENOIST APPARU Jentends bien. Mais simplement la France doit emprunter sur les marchés financiers 200 ou 300 milliards deuros par an, alors on peut être contre la finance. Si on se passe de ces gens-là, comment on fait pour tout simplement rembourser nos emprunts ? Donc il y a un moment, attaquer frontalement ceux avec qui de fait on travaille au quotidien me paraît effectivement un peu ridicule.
BRUCE TOUSSAINT On parle du logement ?
BENOIST APPARU On parle du logement.
BRUCE TOUSSAINT Le point commun entre Éric CANTONA et François HOLLANDE, cest quils mettent la question du logement au coeur de la campagne. Ça, ça vous réjouit forcément.
BENOIST APPARU Tout à fait.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Et après, sur le reste, cest plus compliqué. On prend les solutions une par une ?
BENOIST APPARU On y va !
BRUCE TOUSSAINT Et on en parle. Allons-y ! Encadrer les loyers là où ils sont excessifs. Bonne idée ?
BENOIST APPARU Très mauvaise idée.
BRUCE TOUSSAINT Très mauvaise idée.
BENOIST APPARU Très mauvaise idée et je ne suis pas le seul à le dire. Gérard COLLOMB, le maire de Lyon, dit exactement la même chose. Pourquoi une très mauvaise idée ? Quand vous êtes propriétaire, que vous attendez un loyer de 1 000 euros par mois et que, du jour au lendemain on vous dit : « Ce nest plus 1 000 euros, cest 900 euros maintenant pour le loyer », quelle est la conséquence ? Eh bien un certain nombre de propriétaires pas tous, on est daccord.
BRUCE TOUSSAINT Non mais on peut sarrêter à 1 000 et ne pas passer à 1 100 ou 1 200. Il a dit « stopper ».
BENOIST APPARU Non mais il a dit non, il a dit « encadrer » ; il a dit que les loyers étaient trop chers. Si les loyers sont trop chers, jimagine quil veut les baisser. Sils sont trop chers et quil laisse au prix où ils sont actuellement, ça na aucun intérêt. Encadrer les loyers, ça veut dire les baisser. Donc je suis propriétaire, jai 1 000 euros. On me dit demain : « Non, ce nest plus 1 000, cest 900 », que font les propriétaires ? Au revoir ! Je vends et jinvestis ailleurs. La conséquence, cest moins de biens sur le marché locatif. Je ne suis pas convaincu que ce soit une très bonne solution pour les locataires.
BRUCE TOUSSAINT Vous regardez de temps en temps les petites annonces ?
BENOIST APPARU Je les regarde, oui, de temps en temps.
BRUCE TOUSSAINT Par exemple jai Le Figaro de ce matin, décidément, qui ma beaucoup inspiré, Le Figaro. « Beau deux pièces dans le XVIème, Victor Hugo, 1 500 euros ». Un deux pièces à 1 500 euros ! Attendez, alors ça cest dans le XVIème. Dans le XIIème, rue Charenton, deux pièces : 1 080 euros.
BENOIST APPARU Mais là encore, ne confondons pas un constat et une solution. Il y a un constat : les loyers sont trop chers, notamment en Ile-de-France.
BRUCE TOUSSAINT Parking sous-sol, 200 euros.
BENOIST APPARU On sera daccord sur le constat ; là on ne parle pas du constat.
BRUCE TOUSSAINT Oui, mais on ne peut rien faire.
BENOIST APPARU Ce nest pas ce que jai dit. Là on ne parle pas du constat : on parle de la solution que préconise François HOLLANDE. Cette solution-là me paraît particulièrement mauvaise.
BRUCE TOUSSAINT Votre solution ?
BENOIST APPARU La solution cest de construire, de produire beaucoup plus de logements en Ile-de-France et vous verrez dans quelques jours quon sy met aussi.
BRUCE TOUSSAINT Multiplier par cinq les sanctions qui pèsent sur les communes qui bafouent les règles de la fameuse loi SRU sur le logement social, donc. Cette loi qui oblige les villes à avoir au moins 20 % de logements sociaux. On multiplie par cinq ?
BENOIST APPARU Première chose : regardons le constat. Est-ce que cette loi marche ou ne marche pas ? fonctionne ou ne fonctionne pas ? est appliquée ou nest pas appliquée ? puisquon nous dit en permanence que cette loi nest pas appliquée.
BRUCE TOUSSAINT Oui.
BENOIST APPARU Cette loi existe depuis dix ans. Quelle est lobligation légale de par cette loi de construire des logements dans les territoires qui nont pas les 20 % ? Il fallait en faire 200 000 logements sociaux, 200 000. On en a fait combien ? 300 000, et cest jimagine ce quon appelle une loi qui nest pas appliquée. Donc cette loi marche, elle fonctionne, elle est appliquée et plus quappliquée, même. Est-ce quil faut mettre des sanctions contre les très mauvais élèves, ceux qui ne jouent pas du tout le jeu ? La réponse est oui.
BRUCE TOUSSAINT Neuilly et puis il ny a pas que ça dailleurs. Il y en a dautres. Il y a aussi des communes de gauche, il ne sagit pas de stigmatiser, mais enfin ! Paris par exemple
BENOIST APPARU Paris par exemple. Si vous citez Neuilly, nhésitez surtout pas à citer Paris en même temps, vous avez tout à fait raison.
BRUCE TOUSSAINT Cest ce que je viens de dire.
BENOIST APPARU Donc là encore, multiplier par cinq, pourquoi pas ? Est-ce que cest cinq ? Je ne suis pas convaincu que le chiffre soit intéressant parce que là encore, il y a deux cliqués dans la loi : ceux qui nont pas les 20 % et ceux qui ne font pas, même pas leffort de bouger. Paris et Neuilly font leffort de bouger par exemple et du coup ne payent pas lamende. Si vous multipliez par cinq alors quils font des efforts, ils vont payer des amendes
BRUCE TOUSSAINT Oui. Le maire de Neuilly quon attendu tout à l'heure sur Europe 1 dit : « Jai un problème, je nai pas de place dans ma ville. Je nai pas de terrain. »
BENOIST APPARU Cest pour ça que les choses sont un tout petit peu plus compliquées et un tout petit peu plus nuancées quon veut bien lentendre.
BRUCE TOUSSAINT Alors quest-ce quon a dautre ? On a la mise à disposition des terrains de lÉtat pour construire de nouveaux logements.
BENOIST APPARU Excellente idée.
BRUCE TOUSSAINT Excellente idée ? Oui. Bien dites-donc !
BENOIST APPARU Mais vous verrez dans quelques jours. Il y a ceux qui font des discours et puis ceux qui les font dans la vraie vie, dans lapplication.
BRUCE TOUSSAINT On aurait pu le faire plus tôt dailleurs, non.
BENOIST APPARU On la déjà fait. Il y a eu un programme 2008-2012 permettant de construire 50 000 logements sur terrains publics. Ça existe déjà.
BRUCE TOUSSAINT Vous vous souvenez du discours du 11 décembre 2007 du président de la République à Vandoeuvre ? Vous nétiez pas encore secrétaire dÉtat au logement, mais enfin cest un discours qui est resté évidemment et le président avait dit : « LÉtat sera exemplaire en lançant un plan de vente sans précédent des terrains de son domaine et de celui de ses établissements publics. Dici à 2012, il y aura 60 000 logements nouveaux. » On en est où, là ?
BENOIST APPARU Ça a été fait.
BRUCE TOUSSAINT 60 000 ?
BENOIST APPARU On na peut-être pas fait les 60 000, si mes souvenirs sont bons on doit être à 48 ou 49 000, mais ça a été fait.
BRUCE TOUSSAINT Bon. Il disait aussi dans ce fameux discours, cette phrase qui est restée célèbre évidemment : « La France de propriétaires. Aujourd'hui à peine plus de la moitié des Français sont propriétaires de leurs logements. Je souhaite que cette proportion dépasse les deux tiers. »
BENOIST APPARU Cest lobjectif quon sest fixé, les deux tiers de propriétaires. Nous aurons commencé le quinquennat à 56 % de propriétaires, on le finira à 58. Cest vrai que ça na pas progressé à la hauteur de ce quon souhaitait avec un élément là encore : cest que la crise a fait évidemment exploser les taux dintérêt et donc il était devenu plus difficile dêtre propriétaire. BRUCE TOUSSAINT Un dernier mot sur le Livret A ?
BENOIST APPARU Oui. BRUCE TOUSSAINT Doubler le plafond. On sait quaujourd'hui cest 15 000 euros, on ne peut pas mettre plus de 15 000 euros sur un Livret A donc François HOLLANDE propose de doubler, de passer à 30 000 pour financer le logement.
BENOIST APPARU Là pour moi il y a vraiment un problème de fiche. Il faudrait quil relise ses fiches.
BRUCE TOUSSAINT C'est-à-dire ?
BENOIST APPARU Il a fait deux grosses erreurs hier en parlant de logement. La première cest dire il faut un million de logements neufs construits en basse consommation ; c'est-à-dire quils ne dépensent pas beaucoup sur le plan énergétique. Il faudrait juste lui rappeler que ce sera une obligation légale pour tous les producteurs de logements à partir du 1er janvier prochain. Ça, cest déjà fait. Deuxième chose, il nous dit : il faut pour produire plus de logements sociaux doubler le Livret A. 1/ On a fait 600 000 logements sociaux pendant ce quinquennat. Le quinquennat JOSPIN cétait 265 000. On a presque triplé le nombre de logements produits sous ce quinquennat. Deuxième élément : il ny a pas de rapport entre le plafond du Livret A et la construction de logements sociaux. Lun nentraînera pas lautre.
BRUCE TOUSSAINT Ce nest pas le Livret A qui finance le logement social ?
BENOIST APPARU Le Livret A fonctionne comment ? Je mets mes 16 000 euros sur le Livret A ; ça rentre dans une caisse, la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS qui ensuite prête de largent. Si on nous dit : « Je baisse les taux auxquels la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS prête »
BRUCE TOUSSAINT Mais sil y a plus dargent, si on passe de 15 000 à 30 000 multiplié par le nombre de Livrets A quil y a en France
BENOIST APPARU Sil y a plus dargent, ça fait potentiellement plus dendettement pour les bailleurs sociaux. Je ne suis pas convaincu que ça aidera à construire des logements.
BRUCE TOUSSAINT On a beaucoup parlé de logement. Cest bien non ?
BENOIST APPARU Cest très bien même.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 23 janvier 2012
BENOIST APPARU Sur la forme ? Oui, je trouve quil était plutôt pas mal. Une belle salle.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Présidentiel ?
BENOIST APPARU Je nirai pas jusque-là et je nen sais rien dailleurs mais sur le fond, oui. Sur la forme, pardon !, il y avait un truc qui nétait pas mal. Sur le fond, jai trouvé ça beaucoup plus fade, beaucoup plus creux. Jai trouvé quil y avait beaucoup de constat mais peu de solutions.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Vous avez remarqué quand François HOLLANDE dit : « Mon adversaire, cest la finance » on dit : « Cest un coup de barre à gauche » et quand cest Nicolas SARKOZY qui le fait dans son grand discours de Toulon, on dit quil est responsable.
BENOIST APPARU Entre dire : « Mon adversaire », sous-entendu entre guillemets : « Mon ennemi principal, cest la finance », là ça va un peu trop loin. Je trouve que la formule de François BAROIN hier résumait parfaitement les choses.
BRUCE TOUSSAINT Il a dit : « Cest idiot. »
BENOIST APPARU Je ne sais pas si cest la bonne formule. En tous cas
BRUCE TOUSSAINT Ah, il a dit : « Cest idiot. »
BENOIST APPARU Jai bien entendu.
BRUCE TOUSSAINT Pardon.
BENOIST APPARU En tout état de cause, cest un peu comme dire effectivement : « Je suis contre le soleil ou contre la pluie. » Cest un peu ridicule.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Ridicule, carrément ?
BENOIST APPARU Oui, ridicule parce que là encore je comprends quil est en campagne électorale. Je comprends quil est devant une salle
BRUCE TOUSSAINT Dénoncer les dérives de la finance, cest ridicule ?
BENOIST APPARU Je comprends quil ait envie de se gaucher, se gauchiser Non, non, il y a deux choses différentes. Il y a les dérives de la finance c'est une chose et puis il y a la finance tout court.
BRUCE TOUSSAINT Oui, oui. Le problème cest quen ce moment, on voit plus les dérives de la finance que les bons côtés de la finance. Reconnaissez-le.
BENOIST APPARU Jentends bien. Mais simplement la France doit emprunter sur les marchés financiers 200 ou 300 milliards deuros par an, alors on peut être contre la finance. Si on se passe de ces gens-là, comment on fait pour tout simplement rembourser nos emprunts ? Donc il y a un moment, attaquer frontalement ceux avec qui de fait on travaille au quotidien me paraît effectivement un peu ridicule.
BRUCE TOUSSAINT On parle du logement ?
BENOIST APPARU On parle du logement.
BRUCE TOUSSAINT Le point commun entre Éric CANTONA et François HOLLANDE, cest quils mettent la question du logement au coeur de la campagne. Ça, ça vous réjouit forcément.
BENOIST APPARU Tout à fait.
BRUCE TOUSSAINT Oui. Et après, sur le reste, cest plus compliqué. On prend les solutions une par une ?
BENOIST APPARU On y va !
BRUCE TOUSSAINT Et on en parle. Allons-y ! Encadrer les loyers là où ils sont excessifs. Bonne idée ?
BENOIST APPARU Très mauvaise idée.
BRUCE TOUSSAINT Très mauvaise idée.
BENOIST APPARU Très mauvaise idée et je ne suis pas le seul à le dire. Gérard COLLOMB, le maire de Lyon, dit exactement la même chose. Pourquoi une très mauvaise idée ? Quand vous êtes propriétaire, que vous attendez un loyer de 1 000 euros par mois et que, du jour au lendemain on vous dit : « Ce nest plus 1 000 euros, cest 900 euros maintenant pour le loyer », quelle est la conséquence ? Eh bien un certain nombre de propriétaires pas tous, on est daccord.
BRUCE TOUSSAINT Non mais on peut sarrêter à 1 000 et ne pas passer à 1 100 ou 1 200. Il a dit « stopper ».
BENOIST APPARU Non mais il a dit non, il a dit « encadrer » ; il a dit que les loyers étaient trop chers. Si les loyers sont trop chers, jimagine quil veut les baisser. Sils sont trop chers et quil laisse au prix où ils sont actuellement, ça na aucun intérêt. Encadrer les loyers, ça veut dire les baisser. Donc je suis propriétaire, jai 1 000 euros. On me dit demain : « Non, ce nest plus 1 000, cest 900 », que font les propriétaires ? Au revoir ! Je vends et jinvestis ailleurs. La conséquence, cest moins de biens sur le marché locatif. Je ne suis pas convaincu que ce soit une très bonne solution pour les locataires.
BRUCE TOUSSAINT Vous regardez de temps en temps les petites annonces ?
BENOIST APPARU Je les regarde, oui, de temps en temps.
BRUCE TOUSSAINT Par exemple jai Le Figaro de ce matin, décidément, qui ma beaucoup inspiré, Le Figaro. « Beau deux pièces dans le XVIème, Victor Hugo, 1 500 euros ». Un deux pièces à 1 500 euros ! Attendez, alors ça cest dans le XVIème. Dans le XIIème, rue Charenton, deux pièces : 1 080 euros.
BENOIST APPARU Mais là encore, ne confondons pas un constat et une solution. Il y a un constat : les loyers sont trop chers, notamment en Ile-de-France.
BRUCE TOUSSAINT Parking sous-sol, 200 euros.
BENOIST APPARU On sera daccord sur le constat ; là on ne parle pas du constat.
BRUCE TOUSSAINT Oui, mais on ne peut rien faire.
BENOIST APPARU Ce nest pas ce que jai dit. Là on ne parle pas du constat : on parle de la solution que préconise François HOLLANDE. Cette solution-là me paraît particulièrement mauvaise.
BRUCE TOUSSAINT Votre solution ?
BENOIST APPARU La solution cest de construire, de produire beaucoup plus de logements en Ile-de-France et vous verrez dans quelques jours quon sy met aussi.
BRUCE TOUSSAINT Multiplier par cinq les sanctions qui pèsent sur les communes qui bafouent les règles de la fameuse loi SRU sur le logement social, donc. Cette loi qui oblige les villes à avoir au moins 20 % de logements sociaux. On multiplie par cinq ?
BENOIST APPARU Première chose : regardons le constat. Est-ce que cette loi marche ou ne marche pas ? fonctionne ou ne fonctionne pas ? est appliquée ou nest pas appliquée ? puisquon nous dit en permanence que cette loi nest pas appliquée.
BRUCE TOUSSAINT Oui.
BENOIST APPARU Cette loi existe depuis dix ans. Quelle est lobligation légale de par cette loi de construire des logements dans les territoires qui nont pas les 20 % ? Il fallait en faire 200 000 logements sociaux, 200 000. On en a fait combien ? 300 000, et cest jimagine ce quon appelle une loi qui nest pas appliquée. Donc cette loi marche, elle fonctionne, elle est appliquée et plus quappliquée, même. Est-ce quil faut mettre des sanctions contre les très mauvais élèves, ceux qui ne jouent pas du tout le jeu ? La réponse est oui.
BRUCE TOUSSAINT Neuilly et puis il ny a pas que ça dailleurs. Il y en a dautres. Il y a aussi des communes de gauche, il ne sagit pas de stigmatiser, mais enfin ! Paris par exemple
BENOIST APPARU Paris par exemple. Si vous citez Neuilly, nhésitez surtout pas à citer Paris en même temps, vous avez tout à fait raison.
BRUCE TOUSSAINT Cest ce que je viens de dire.
BENOIST APPARU Donc là encore, multiplier par cinq, pourquoi pas ? Est-ce que cest cinq ? Je ne suis pas convaincu que le chiffre soit intéressant parce que là encore, il y a deux cliqués dans la loi : ceux qui nont pas les 20 % et ceux qui ne font pas, même pas leffort de bouger. Paris et Neuilly font leffort de bouger par exemple et du coup ne payent pas lamende. Si vous multipliez par cinq alors quils font des efforts, ils vont payer des amendes
BRUCE TOUSSAINT Oui. Le maire de Neuilly quon attendu tout à l'heure sur Europe 1 dit : « Jai un problème, je nai pas de place dans ma ville. Je nai pas de terrain. »
BENOIST APPARU Cest pour ça que les choses sont un tout petit peu plus compliquées et un tout petit peu plus nuancées quon veut bien lentendre.
BRUCE TOUSSAINT Alors quest-ce quon a dautre ? On a la mise à disposition des terrains de lÉtat pour construire de nouveaux logements.
BENOIST APPARU Excellente idée.
BRUCE TOUSSAINT Excellente idée ? Oui. Bien dites-donc !
BENOIST APPARU Mais vous verrez dans quelques jours. Il y a ceux qui font des discours et puis ceux qui les font dans la vraie vie, dans lapplication.
BRUCE TOUSSAINT On aurait pu le faire plus tôt dailleurs, non.
BENOIST APPARU On la déjà fait. Il y a eu un programme 2008-2012 permettant de construire 50 000 logements sur terrains publics. Ça existe déjà.
BRUCE TOUSSAINT Vous vous souvenez du discours du 11 décembre 2007 du président de la République à Vandoeuvre ? Vous nétiez pas encore secrétaire dÉtat au logement, mais enfin cest un discours qui est resté évidemment et le président avait dit : « LÉtat sera exemplaire en lançant un plan de vente sans précédent des terrains de son domaine et de celui de ses établissements publics. Dici à 2012, il y aura 60 000 logements nouveaux. » On en est où, là ?
BENOIST APPARU Ça a été fait.
BRUCE TOUSSAINT 60 000 ?
BENOIST APPARU On na peut-être pas fait les 60 000, si mes souvenirs sont bons on doit être à 48 ou 49 000, mais ça a été fait.
BRUCE TOUSSAINT Bon. Il disait aussi dans ce fameux discours, cette phrase qui est restée célèbre évidemment : « La France de propriétaires. Aujourd'hui à peine plus de la moitié des Français sont propriétaires de leurs logements. Je souhaite que cette proportion dépasse les deux tiers. »
BENOIST APPARU Cest lobjectif quon sest fixé, les deux tiers de propriétaires. Nous aurons commencé le quinquennat à 56 % de propriétaires, on le finira à 58. Cest vrai que ça na pas progressé à la hauteur de ce quon souhaitait avec un élément là encore : cest que la crise a fait évidemment exploser les taux dintérêt et donc il était devenu plus difficile dêtre propriétaire. BRUCE TOUSSAINT Un dernier mot sur le Livret A ?
BENOIST APPARU Oui. BRUCE TOUSSAINT Doubler le plafond. On sait quaujourd'hui cest 15 000 euros, on ne peut pas mettre plus de 15 000 euros sur un Livret A donc François HOLLANDE propose de doubler, de passer à 30 000 pour financer le logement.
BENOIST APPARU Là pour moi il y a vraiment un problème de fiche. Il faudrait quil relise ses fiches.
BRUCE TOUSSAINT C'est-à-dire ?
BENOIST APPARU Il a fait deux grosses erreurs hier en parlant de logement. La première cest dire il faut un million de logements neufs construits en basse consommation ; c'est-à-dire quils ne dépensent pas beaucoup sur le plan énergétique. Il faudrait juste lui rappeler que ce sera une obligation légale pour tous les producteurs de logements à partir du 1er janvier prochain. Ça, cest déjà fait. Deuxième chose, il nous dit : il faut pour produire plus de logements sociaux doubler le Livret A. 1/ On a fait 600 000 logements sociaux pendant ce quinquennat. Le quinquennat JOSPIN cétait 265 000. On a presque triplé le nombre de logements produits sous ce quinquennat. Deuxième élément : il ny a pas de rapport entre le plafond du Livret A et la construction de logements sociaux. Lun nentraînera pas lautre.
BRUCE TOUSSAINT Ce nest pas le Livret A qui finance le logement social ?
BENOIST APPARU Le Livret A fonctionne comment ? Je mets mes 16 000 euros sur le Livret A ; ça rentre dans une caisse, la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS qui ensuite prête de largent. Si on nous dit : « Je baisse les taux auxquels la CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS prête »
BRUCE TOUSSAINT Mais sil y a plus dargent, si on passe de 15 000 à 30 000 multiplié par le nombre de Livrets A quil y a en France
BENOIST APPARU Sil y a plus dargent, ça fait potentiellement plus dendettement pour les bailleurs sociaux. Je ne suis pas convaincu que ça aidera à construire des logements.
BRUCE TOUSSAINT On a beaucoup parlé de logement. Cest bien non ?
BENOIST APPARU Cest très bien même.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 23 janvier 2012