Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais dabord remercier Pierre Boulanger, le maire de Moreuil, pour le travail quil accomplit au bénéfice de sa collectivité, pour son dynamisme tout azimut et puis pour laccueil chaleureux quil vient de nous réserver à Valérie Pécresse, à François Baroin et à moi-même.
Je veux saluer tous les parlementaires présents ici, je veux leur dire toute lestime que minspire leur action au service de la Picardie et de notre pays et puis je voudrais évidemment remercier tout particulièrement Alain Gest qui a beaucoup insisté depuis plusieurs mois pour que je vienne dans la Somme, que je vienne ici à Moreuil. Alain fait partie de ces élus dexpérience qui savent ce que cest que la réforme, qui savent ce que cest que le courage, qui savent ce que cest que lintérêt général qui doit être mis au service de toutes les politiques que nous conduisons. Alain fait partie aussi des parlementaires qui sexpriment avec beaucoup de franchise, qui a beaucoup de dynamisme et de tonus le mardi matin aux réunions du groupe politique qui est le sien. Je connais maintenant le secret de ce dynamisme, ce sont les petits déjeuners à base de céréales quil prend avant de venir à Paris.
Alain a évoqué beaucoup de sujets et notamment des sujets qui concernent directement la Somme et la Picardie auxquels jaurai loccasion de lui répondre directement et sur lesquels je demanderai naturellement aux membres du Gouvernement de se pencher avec bienveillance et efficacité.
Je voudrais juste répondre à son interpellation sur le financement des collectivités locales, pour dire que non seulement nous allons mettre à la disposition des collectivités locales une nouvelle enveloppe sur les fonds dépargne de la caisse des dépôts, de lordre de 5 milliards, pour permettre le financement des investissements du premier semestre 2012, grosso modo, puisquil ne faut pas quil y ait de rupture dans le financement des investissements des collectivités locales. Et dici la fin du premier semestre 2012 nous aurons mis en place la banque des collectivités locales à partir de la caisse des dépôts et de la banque postale, qui pourra venir, avec lensemble du réseau bancaire privé, financer les investissements de collectivités.
On a connu un énorme sinistre, une crise majeure avec les difficultés de la banque Dexia. Ces difficultés, le Gouvernement français y fait face, cest compliqué, mais on y fait face, en veillant à protéger les intérêts des collectivités locales et cest la difficulté de ce dossier qui a un peu retardé la mise en place de cette banque des collectivités locales.
Alors en cette période préélectorale, les Français observent les candidats et ils se demandent ce que ces candidats peuvent faire pour eux
Cest une question qui est légitime, mais je crois que chacun dentre-nous devrait aussi se demander ce quil peut faire pour son pays.
Dans cette passe difficile que nous vivons, je voudrais vous convaincre que leffort de chacun, la lucidité de chacun, le sang froid de chacun constituent la meilleure arme de la France pour sortir de la crise et pour aller chercher la croissance. Jai été, dans cet esprit, très heureux de visiter ce matin le site de Daillycer à Faverolles. Parce que cette entreprise produit en France, parce quelle exporte les productions réalisées ici dans la Somme, parce quen investissant dans notre pays elle reconnaît les qualités et les compétences dont dispose la France et ces qualités et ces compétences, sont dabord celles des hommes et des femmes de cette région, ce sont celles des salariés de ce groupe, dont les effectifs ont ici augmenté de 10% au cours des cinq dernières années. Cette entreprise est une entreprise phare dun secteur qui est un secteur capital pour léconomie française, il sagit de lagro-alimentaire, lun des secteurs les plus dynamiques de notre économie.
Cest le premier secteur industriel français en termes de chiffre daffaires. Cest le deuxième secteur industriel français en termes demploi. Cest un secteur qui est implanté localement, qui ne délocalise pas ou peu, qui continue de recruter, avec 30.000 emplois à pourvoir chaque année.
Cest aussi le deuxième contributeur à notre balance commerciale, avec un excédent de près de 7 milliards deuros en 2011, un excédent qui est en hausse de près de 44% par rapport à lannée précédente. Pourtant, malgré ces indices qui sont extrêmement favorables, il ne faut pas se cacher que lagro-alimentaire a des défis à relever qui ne sont pas moins considérables.
Je pense à la volatilité des prix des matières premières agricoles.
Je pense à la question de la valeur ajoutée qui a beaucoup diminué au cours des deux années qui viennent de sécouler.
Je pense aussi à la fragilité de lexcédent commercial, parce que cet excédent ne doit pas occulter le fait que la France ne cesse de perdre des parts de marché au niveau mondial et européen.
Nous sommes en cinq ans passés du premier rang des pays exportateurs de produits agro-alimentaires au quatrième rang, derrière les Etats-Unis, derrière les Pays-Bas, et derrière lAllemagne.
Et la vérité cest que cet effritement reflète malheureusement celui qui touche à lensemble de notre commerce extérieur.
En 2011 nous avons eu un déficit commercial de 70 milliards deuros, cest 20 milliards de plus quen 2010. Ca fait presque dix ans maintenant que le solde du commerce extérieur français est négatif.
Ce sont bien sûr des chiffres que lon peut toujours expliquer par la conjoncture, la hausse de la facture énergétique qui est responsable de la moitié du creusement du déficit commercial extérieur, mais on ne peut pas se satisfaire de ces explications. Et nous avons le devoir de faire notre examen de conscience et de chercher tous les moyens pour renforcer la compétitivité de léconomie française.
Dans le débat politique, je le disais tout à l'heure lors de la table ronde que nous avons eue avec les industriels de la région, beaucoup craignent dutiliser même le mot de «compétitivité». Certains trouvent quil est trop technique, dautres trouvent quil est provocateur.
Nous, nous lutilisons avec François Baroin, avec Valérie Pécresse, parce que, dans notre esprit, il est absurde dopposer la compétitivité de lentreprise, la compétitivité de léconomie française à la solidarité qui est le corolaire dune activité économique, qui est une activité en croissance parce quelle produit de la richesse.
Derrière la compétitivité, il y a des entrepreneurs qui réussissent, il y a des emplois qui se créent, il y a des marchés qui souvrent, il y a des usines, il y a des travailleurs, il y a des ingénieurs, qui font face au choc de la mondialisation.
Cest-à-dire à léclosion dun très grand nombre de concurrents sur la surface de la planète. Vous savez quau niveau mondial la part de marché de la France est passée de 6% au début des années 90 à 3,5% aujourdhui.
A quoi est-ce que cela est dû ?
C'est dû évidemment à la montée en puissance des pays émergents, mais cest dû aussi à la dégradation de nos propres performances par rapport à certains de nos partenaires de la zone euro.
Quest-ce qui sest passé ?
Notre compétitivité a dabord souffert des déficits publics qui se sont accumulés au cours des années. La dette a en effet entretenu un niveau dactivité artificiel, un niveau dactivité qui masque la fragilité de la production et de la création de richesses.
Et puis notre compétitivité a souffert aussi derreurs de politique économique qui ont été, pour une grande part, commises au début des années 2000 : les 35h uniformes, la hausse non maîtrisée des coûts de production, linsuffisance de la recherche et développement dans le secteur privé.
Pendant un temps la faiblesse initiale du cours de leuro a fait illusion et a relégué au second plan ces problèmes de compétitivité avant quils ne viennent ralentir de façon durable notre économie.
Nous avons pris des mesures dès 2007 pour desserrer les carcans qui pèsent sur la production française. Lexonération des heures supplémentaires, qui était saluée tout à lheure par tous les chefs dentreprise présents comme étant une mesure extrêmement positive, cette exonération des heures supplémentaires a permis à 9 millions de salariés de bénéficier de 450 euros en moyenne par an et elle a surtout permis aux entreprises de faire face à tous les à-coups de production, à faire preuve de beaucoup plus de flexibilité dans lorganisation du travail et donc de cette manière, à conserver des marchés qui auraient pu être perdus sans cette mesure.
Nous avons réduit la pression fiscale sur les entreprises avec en particulier cette réforme si discutée de la taxe professionnelle, il fallait supprimer un impôt qui nexistait quen France et qui venait taxer les investissements des entreprises. A chaque fois quune entreprise investissait pour produire plus, elle était taxée plus, cétait une aberration : il fallait en finir, nous lavons fait et là aussi jai été particulièrement heureux dentendre tout à lheure la plupart des chefs dentreprises présents lors de cette table ronde sen féliciter. Et puis nous avons assoupli le droit du travail avec ce que lon appelle la rupture conventionnelle qui permet à un salarié et à son entreprise de négocier une rupture du contrat de travail de manière amiable.
Ensuite, nous avons dessiné des ambitions stratégiques à long terme.
Nous avons encouragé linnovation, nous avons encouragé la conquête de nouveaux marchés. Je veux parler du triplement du crédit impôt recherche, des pôles de compétitivité, des investissements davenir. Je veux parler de lensemble du dispositif de financement de léconomie que nous avons mis en place avec le Fonds Stratégique dInvestissement, avec Oseo qui est devenu au fond une sorte de banque irremplaçable des PME, avec la médiation du crédit pour passer les moments les plus difficiles de la crise économique et on va poursuivre dans cette voie en créant, dans le cadre dOseo, une filiale destinée, spécialisée dans le financement de lindustrie.
Vous entendez souvent dans cette période où lon entend un peu tout et nimporte quoi, des critiques sur beaucoup de ces mesures et notamment des critiques sur lidée que beaucoup de ces mesures ne profiteraient quaux grandes entreprises. Outre le fait que lon ait besoin de grandes entreprises dans notre pays parce que ce sont elles qui tirent lensemble de léconomie française et qui assurent pour une large part notre présence sur les marchés internationaux, la vérité est totalement différente. Sagissant du crédit impôt recherche cest une mesure qui a principalement profité aux PME et aux entreprises de tailles intermédiaires.
En tout cas toutes ces mesures ont permis de contrer le choc de la crise.
Mais maintenant, nous sommes face à un nouveau palier et il nous faut prendre de nouvelles mesures pour permettre à léconomie française de trouver un rythme de croisière en termes de croissance qui soit plus satisfaisant.
Et de ce point de vue là on ne peut plus esquiver la question du coût du travail.
Il est grand temps que nous recalions nos coûts par rapport à ceux de nos concurrents de la zone euro. Et dailleurs comment pourrions-nous imaginer une monnaie européenne solide si cette monnaie européenne repose sur des territoires qui ont des coûts différents, qui ont des différences de compétitivité, qui ont une organisation en termes dorganisation du travail, dorganisation sociale, dorganisation fiscale complètement différente dun territoire à lautre.
Notre objectif doit être de faire en sorte que lensemble des pays de la zone euro progressivement se rejoignent sur un niveau de compétitivité qui soit comparable.
Alors on nous reproche souvent de navoir à la bouche que le mot Allemagne et de vouloir limiter en tout point. Cest évidemment tout à fait faux, personne ne veut imiter lAllemagne en tout point. Chacun a ses spécificités, il y a des domaines dans lesquels lAllemagne devrait plutôt essayer de nous imiter sur notre politique familiale par exemple, ou sagissant de lexistence dun salaire minimum dans notre pays, ou sagissant des règles que nous avons mises en place pour éviter le dumping social avec le recrutement de salariés venants de pays qui sont hors la zone euro. LAllemagne a des progrès à faire dans ces domaines.
Mais enfin, elle a aussi des performances économiques que nous devons regarder et donc nous devons nous inspirer.
LAllemagne est notre principal partenaire commercial et notre premier concurrent : une entreprise française exportatrice a environ huit chances sur dix de se trouver dans le monde, face à un concurrent allemand. Vous savez quautrefois, il ny a pas si longtemps, grosso modo avant les années 2000, nous avions un avantage sur lAllemagne en matière de coûts salariaux ?
Nous avons perdu cet avantage.
Nous lavons perdu, au cours de la dernière décennie, parce que nos voisins ont fait des efforts que nous, nous navons pas faits.
Dans lindustrie manufacturière les coûts salariaux étaient en France de 15% inférieurs à ceux de lAllemagne en 98, ils sont maintenant au même niveau. Et dans le secteur des services aux entreprises ils sont aujourdhui plus bas denviron 25% en Allemagne, alors quils étaient comparables à la fin des années 90.
A lheure actuelle, le coût horaire de la main duvre dans lindustrie et les services marchands est supérieur en France de près de 10% par rapport à lAllemagne, et de plus de 20% par rapport à la moyenne des pays de la zone euro.
Je disais tout à lheure que lAllemagne est récemment passée devant nous dans le classement des pays exportateurs de produits agro-alimentaires, et là encore les diagnostics convergent pour dire que la question du coût du travail a fortement pesé dans cette évolution. Lorsque les coûts de production sont trop élevés par rapport à la concurrence internationale, les entreprises ne parviennent plus à introduire de manière significative et durable leurs produits sur les marchés étrangers ou alors elles y parviennent au prix dune réduction trop importante de leurs marges qui les empêche dinvestir dans la recherche, qui les empêche dinvestir dans la qualité de leurs produits.
Cest justement pour remédier à ces difficultés que nous avons choisi avec le Président de la République de proposer à notre pays de réduire les charges qui pèsent sur le travail en réformant le financement de notre système de protection sociale.
Nous allons transférer une partie des cotisations qui pèsent sur les salaires, et donc sur les coûts de production, et donc sur les prix des produits fabriqués en France.
Cest une mesure qui ne peut avoir que des effets bénéfiques sur la compétitivité de nos entreprises.
Cest une mesure qui doit doper la production dans notre pays, qui doit favoriser les exportations, qui doit nous permettre de lutter contre les délocalisations.
Cest aussi une mesure qui, sur le plan des principes, se justifie pleinement, parce quil ny avait aucune logique, parce quil nétait pas cohérent, de faire autant reposer sur le travail le financement des charges sociales.
Je pense en particulier aux prestations familiales qui sont désormais universelles et qui ne doivent donc pas être financées par lentreprise, par les salaires mais par la fiscalité dans son ensemble.
Concrètement, cette mesure consiste à faire en sorte que d??sormais il ny ait plus du tout de cotisations sociales famille à payer pour les salaires inférieurs à 2 300 euros nets.
Le taux de cotisation augmentera ensuite progressivement pour les salaires compris entre 2 300 euros et 2 650 euros et au-delà, il restera identique à ce quil est aujourd'hui. Ca veut dire que 14 millions de salariés sont concernés par cette réforme et parmi eux, il y a 80% des salariés de lindustrie et 95% de salariés de lagriculture.
Ce sera donc une formidable bouffée doxygène pour des secteurs qui sont les secteurs les plus exposés à la concurrence internationale.
Nous estimons que cette baisse coût du travail devrait à terme permettre de créer de lordre de 100 000 emplois dans notre pays.
Je lisais ce matin dans un grand journal économique une analyse très intéressante, qui peut montrer à quel point on peut tout faire dire aux chiffres, qui prétendait que cette mesure était finalement assez peu, concernait assez peu lindustrie.
Comme lindustrie dans notre pays malheureusement compte beaucoup moins quautrefois, évidemment si on prend les 13 milliards de transferts, une partie seulement concernera lindustrie.
Mais cest la partie la plus importante, parce que cest celle qui va toucher la fabrication de produits en France qui va permettre de défendre la fabrication de produits en France, qui va permettre de maintenir des usines sur notre territoire et qui va permettre de lutter contre les délocalisations.
Alors pour financer cette mesure qui représente environ 13 milliards deuros, tout en garantissant léquilibre des finances publiques - ce nest pas le budget de lEtat qui peut prendre à sa charge comme on la fait par le passé avec les allégements de charges notamment sur les 35 heures, ça nest pas le budget de lEtat qui est, vous le savez, en déséquilibre qui peut prendre en charge ce transfert - nous avons donc décidé daugmenter de 1,6 point le taux normal de TVA et daugmenter les prélèvement sur le capital.
Je sais que cela suscite des interrogations et pour certain des inquiétudes et je veux y répondre devant vous.
Dabord, je voudrais dire quil nest pas justifié et quil est même assez fallacieux de présenter comme une hausse dimpôt une mesure qui est avant toute chose un transfert favorable aux entreprises dont les coûts de production vont diminuer et qui vont donc gagner en compétitivité.
Cest une mesure qui est favorable aux employeurs qui verront diminuer les freins à lembauche.
Cest une mesure qui est favorable aux salariés dont le sort est intimement lié aux performances de leur entreprise.
Jajoute que cette mesure nest pas une mesure de rendement qui viendrait augmenter les recettes de lEtat puisque lensemble de ce transfert ira au financement de la protection sociale et de la politique familiale.
Je veux insister également sur un point qui nest pas négligeable, qui est que les importations qui est que les importations vont désormais participer au financement de notre protection sociale puisque les produits importés devront sacquitter dune TVA augmentée.
Je veux souligner enfin que cette mesure ne pénalisera en aucun cas ni la consommation, ni le pouvoir dachat.
Bien sûr, il y aura une hausse de 1,6% de la TVA mais cette hausse ne devrait pas avoir de répercussions sur les prix.
Pourquoi ?
Dabord, parce que 60% des produits qui sont consommés au quotidien, 60% de ce qui fait le pouvoir dachat de nos concitoyens, nest pas soumis au taux de TVA normale. Ils sont soumis au taux de TVA réduit ou au taux de TVA intermédiaire.
Je pense notamment aux produits alimentaires.
Le prix de ces produits ne va donc pas augmenter puisque la TVA sur ces produits naugmente pas.
Je voudrais indiquer que le prix de ces produits devrait même baisser puisque les charges qui pèsent sur les salaires des ouvriers qui les produisent ou des agriculteurs qui les produisent, elles, vont baisser.
Quant aux produits qui sont au taux normal, ceux qui sont produits en France vont bénéficier de la baisse du coût du travail, et donc de celle de leur prix de fabrication.
Et cette baisse sera supérieure à la hausse de la TVA puisque vous savez quune partie de ce transfert est financée par une augmentation des prélèvements sur le capital.
Alors, est-ce que les entreprises ne vont pas conserver pour elles cette baisse de coût ?
Je sais que cest une question qui est souvent posée. Je ne le crois pas et je ne le crois pas pour une raison simple, cest que ça ne serait absolument pas leur intérêt.
Les entreprises sont dans une concurrence qui est une concurrence extrêmement dure et elles sont dans un contexte qui est un contexte de reprise progressive de la consommation et donc, elles chercheront avant tout à maintenir leurs ventes et à augmenter leurs parts de marché.
Voila Mesdames et Messieurs,
Avec le Président de la République, nous avons pris la décision dengager cette réforme parce que cest une réforme qui relève du bon sens.
Parce que notre redressement économique passe par des ajustements structurels, et pas simplement par des mesures de court terme, parce que le calendrier électoral nest pas une excuse pour tout arrêter, notamment tout ce qui est difficile.
Nous vivons dans un environnement international qui est de plus en plus concurrentiel, qui est de plus en plus dur, et la crise économique est venue accélérer ce processus.
Rien ne serait pire que de baisser les bras. Rien ne serait pire que de proposer aux Français des perspectives illusoires de repli sur soi.
Il faut dire à nos concitoyens que la mondialisation pèse sur notre destin.
Mais face à cette mondialisation, nous avons des atouts, nous avons même beaucoup datouts.
Nous avons des compétences techniques et scientifiques dans bien des domaines.
Je ne crois pas à la fatalité, je suis convaincu que la lucidité na rien à voir avec le pessimisme ou la résignation. Il ny a pas de raison à ce que nos usines ferment et il ny a pas de raison à ce que nos parts de marché diminuent.
Si nous faisons des efforts, si nous sommes capables de donner à nos talents les moyens de se déployer, si nous libérons les énergies, nous avons toutes les chances de continuer à jouer un rôle important dans ce nouveau monde qui est en train de se dessiner sous nos yeux.
Nous y arriverons en faisant preuve de cran et daudace.
En ce début de campagne électorale, jentends ceux qui parlent de «rêves», et ceux aussi qui suggèrent de tout bazarder pour que les lendemains se mettent à chanter
Eh bien pardonnez-moi dêtre devant vous plus terre à terre mais la priorité des priorités, cest ni de rêver ni de tout bazarder, cest de sortir de la crise !
Cest un combat qui exige dabord de dire la vérité ; cest un combat qui exige de parler vrai, cest un combat qui est pragmatique, cest un combat qui dépend de chacun dentre nous parce les finances de lEtat sont strictement limitées, cest un combat qui exige encore et encore des changements.
Le Président de la République vient de proposer une grande réforme de la formation professionnelle, qui doit être au cur de la bataille pour lemploi.
Immédiatement, jai entendu des cris dorfraie venant dhommes et de femmes qui souvent dailleurs navaient même pas lu ce qui avait été dit par le Président de la République.
Quelle est la situation ?
Nous dépensons 31 milliards pour la formation professionnelle.
De lautre côté, nous dépensons des milliards pour indemniser les demandeurs demploi et nous narrivons pas à faire en sorte que ces demandeurs demploi bénéficient de la formation professionnelle qui est financée par ailleurs par les entreprises, par la fiscalité, cest-à-dire par chacun de nos concitoyens.
Ce que nous voulons demain, cest que tous les demandeurs demploi, en tout cas tous ceux qui sont demandeurs demploi un certain temps, puissent accéder à une vraie formation professionnelle qualifiante, soit pour améliorer leurs capacités, pour améliorer leur savoir-faire, pour pouvoir être plus efficace, pour pouvoir gravir des échelons demain dans leur emploi, soit pour apprendre un nouveau métier parce quils ont été formés à des métiers qui sont des métiers en voie de disparition.
Il ne sagit bien sûr pas dobliger.
Jentendais les micros qui se tendent avec rapidité. Alors on interroge un ingénieur et on lui dit « est-ce que vous seriez daccord pour devenir demain, pour tenir la caisse dun supermarché ? ».
Quest-ce quil faut être bête pour poser une question pareille, pour ne pas se rendre compte de labsurdité quil y a à détruire une idée qui mérite un vrai grand débat national par un raccourci aussi stupide !
Qui peut nier quil y a un énorme gâchis à laisser 90% des demandeurs demploi sans formation ? 90% des demandeurs demploi aujourdhui ne bénéficient daucune réelle formation professionnelle qualifiante.
Alors, nous avons depuis plusieurs années tenté des réformes de la formation professionnelle pour essayer de répondre à cette question ; jen ai moi-même conduit une en 2003.
Elle avait fait lobjet dun accord unanime des partenaires sociaux. Je métais félicité de cette unanimité mais je me suis rapidement rendu compte que quand il y a unanimité des partenaires sociaux sur ce sujet, cest que rien ne bouge parce que la vérité, cest que la formation professionnelle est un sujet tabou dans les relations sociales.
Cest 31 milliards deuros. Cest beaucoup dargent qui souvent participe au financement de lensemble des organisations quelles soient patronales ou quelles soient syndicales. Cest en tout cas un sujet qui est une sorte de chasse gardée de toute une série de groupements qui veulent garder leur autonomie et conserver largent de la formation professionnelle pour eux-mêmes.
Nous avons tenté une deuxième réforme de la formation professionnelle en 2009 ; elle a permis daméliorer les choses mais à la marge, elle na pas changé radicalement les données du problème.
Alors, le Président de la République a osé dire que si les partenaires sociaux ne parvenaient pas à proposer une véritable révolution dans le financement de la formation professionnelle pour faire en sorte que cette formation professionnelle bénéficie aux demandeurs demploi, alors peut-être serait-il possible de poser la question aux Français à travers un référendum.
Est-ce un crime ? Est-ce un crime de demander aux Français leur avis sur une question aussi fondamentale lorsque lon est en face dun blocage qui dure depuis aussi longtemps dans le dialogue entre les acteurs sociaux et les acteurs économiques de notre pays.
Bien sûr, le référendum, cest une sorte darme ultime contre le conservatisme du système. Si la voie de la négociation entre les acteurs, notamment les partenaires sociaux et les régions, permettait daboutir à une réforme ambitieuse, alors lappel au peuple ne serait pas nécessaire.
Mais si cest une négociation au rabais, si rien de fondamental ne bouge, alors oui le référendum est légitime et comme le Général de Gaulle, je crois quil y a des moments où la mise en uvre des procédures habituelles ne permet pas à la volonté nationale de saccomplir.
Eh bien justement, le référendum permet de transcender ces contingences procédurales. Le référendum permet de nouer un dialogue direct avec le peuple français pour avancer et personne ne devrait avoir peur de recourir au référendum lorsquil sagit de dénouer une situation qui est bloquée depuis des décennies et des décennies.
Mesdames et Messieurs,
Tout ce quinquennat aura été un quinquennat de combat : crise de la finance, crise des dettes des États, crise de lEurope.
Mais vous savez aussi que ca nest pas la première épreuve que la France rencontre dans son Histoire. Moreuil, dévasté par la guerre, connaît le prix du sacrifice et celui du redressement. La question que nous devons nous poser, cest « est-ce que nous sommes à la hauteur de nos anciens ? Est-ce que nous sommes à la hauteur de ceux qui nous ont apporté la liberté, qui nous apporté lindépendance, qui nous apporté la prospérité ? » Cest une question qui est une question difficile, mais il faut avoir le courage de nous la poser parce que lon a tendance à oublier doù nous venons, on a tendance à oublier à qui nous devons ce que nous sommes aujourdhui et on a tendance à oublier le prix extrêmement précieux de ce petit bout de terre qui sappelle la France.
La France est un petit pays par sa géographie et son territoire mais cest une grande nation.
Le défaitisme na pas de sens et le catastrophisme nest pas digne dun pays comme le nôtre.
Mesdames et Messieurs,
Avancer dans la mondialisation les bras croisés, la tête basse, ca nest pas ce que jai vu sur le site de Dailycer. Et ce nest pas ce que jai entendu de la bouche des chefs dentreprise avec lesquels jai débattu. Ici, jai vu de la fierté, jai vu de la ténacité, jai vu du dévouement. Et jen conclus avec vous que nous allons nous en sortir !
Voilà le message de volonté et de confiance que je voulais partager avec vous ce matin à Moreuil.
Source http://www.gouvernement.fr, le 14 février 2012
Je voudrais dabord remercier Pierre Boulanger, le maire de Moreuil, pour le travail quil accomplit au bénéfice de sa collectivité, pour son dynamisme tout azimut et puis pour laccueil chaleureux quil vient de nous réserver à Valérie Pécresse, à François Baroin et à moi-même.
Je veux saluer tous les parlementaires présents ici, je veux leur dire toute lestime que minspire leur action au service de la Picardie et de notre pays et puis je voudrais évidemment remercier tout particulièrement Alain Gest qui a beaucoup insisté depuis plusieurs mois pour que je vienne dans la Somme, que je vienne ici à Moreuil. Alain fait partie de ces élus dexpérience qui savent ce que cest que la réforme, qui savent ce que cest que le courage, qui savent ce que cest que lintérêt général qui doit être mis au service de toutes les politiques que nous conduisons. Alain fait partie aussi des parlementaires qui sexpriment avec beaucoup de franchise, qui a beaucoup de dynamisme et de tonus le mardi matin aux réunions du groupe politique qui est le sien. Je connais maintenant le secret de ce dynamisme, ce sont les petits déjeuners à base de céréales quil prend avant de venir à Paris.
Alain a évoqué beaucoup de sujets et notamment des sujets qui concernent directement la Somme et la Picardie auxquels jaurai loccasion de lui répondre directement et sur lesquels je demanderai naturellement aux membres du Gouvernement de se pencher avec bienveillance et efficacité.
Je voudrais juste répondre à son interpellation sur le financement des collectivités locales, pour dire que non seulement nous allons mettre à la disposition des collectivités locales une nouvelle enveloppe sur les fonds dépargne de la caisse des dépôts, de lordre de 5 milliards, pour permettre le financement des investissements du premier semestre 2012, grosso modo, puisquil ne faut pas quil y ait de rupture dans le financement des investissements des collectivités locales. Et dici la fin du premier semestre 2012 nous aurons mis en place la banque des collectivités locales à partir de la caisse des dépôts et de la banque postale, qui pourra venir, avec lensemble du réseau bancaire privé, financer les investissements de collectivités.
On a connu un énorme sinistre, une crise majeure avec les difficultés de la banque Dexia. Ces difficultés, le Gouvernement français y fait face, cest compliqué, mais on y fait face, en veillant à protéger les intérêts des collectivités locales et cest la difficulté de ce dossier qui a un peu retardé la mise en place de cette banque des collectivités locales.
Alors en cette période préélectorale, les Français observent les candidats et ils se demandent ce que ces candidats peuvent faire pour eux
Cest une question qui est légitime, mais je crois que chacun dentre-nous devrait aussi se demander ce quil peut faire pour son pays.
Dans cette passe difficile que nous vivons, je voudrais vous convaincre que leffort de chacun, la lucidité de chacun, le sang froid de chacun constituent la meilleure arme de la France pour sortir de la crise et pour aller chercher la croissance. Jai été, dans cet esprit, très heureux de visiter ce matin le site de Daillycer à Faverolles. Parce que cette entreprise produit en France, parce quelle exporte les productions réalisées ici dans la Somme, parce quen investissant dans notre pays elle reconnaît les qualités et les compétences dont dispose la France et ces qualités et ces compétences, sont dabord celles des hommes et des femmes de cette région, ce sont celles des salariés de ce groupe, dont les effectifs ont ici augmenté de 10% au cours des cinq dernières années. Cette entreprise est une entreprise phare dun secteur qui est un secteur capital pour léconomie française, il sagit de lagro-alimentaire, lun des secteurs les plus dynamiques de notre économie.
Cest le premier secteur industriel français en termes de chiffre daffaires. Cest le deuxième secteur industriel français en termes demploi. Cest un secteur qui est implanté localement, qui ne délocalise pas ou peu, qui continue de recruter, avec 30.000 emplois à pourvoir chaque année.
Cest aussi le deuxième contributeur à notre balance commerciale, avec un excédent de près de 7 milliards deuros en 2011, un excédent qui est en hausse de près de 44% par rapport à lannée précédente. Pourtant, malgré ces indices qui sont extrêmement favorables, il ne faut pas se cacher que lagro-alimentaire a des défis à relever qui ne sont pas moins considérables.
Je pense à la volatilité des prix des matières premières agricoles.
Je pense à la question de la valeur ajoutée qui a beaucoup diminué au cours des deux années qui viennent de sécouler.
Je pense aussi à la fragilité de lexcédent commercial, parce que cet excédent ne doit pas occulter le fait que la France ne cesse de perdre des parts de marché au niveau mondial et européen.
Nous sommes en cinq ans passés du premier rang des pays exportateurs de produits agro-alimentaires au quatrième rang, derrière les Etats-Unis, derrière les Pays-Bas, et derrière lAllemagne.
Et la vérité cest que cet effritement reflète malheureusement celui qui touche à lensemble de notre commerce extérieur.
En 2011 nous avons eu un déficit commercial de 70 milliards deuros, cest 20 milliards de plus quen 2010. Ca fait presque dix ans maintenant que le solde du commerce extérieur français est négatif.
Ce sont bien sûr des chiffres que lon peut toujours expliquer par la conjoncture, la hausse de la facture énergétique qui est responsable de la moitié du creusement du déficit commercial extérieur, mais on ne peut pas se satisfaire de ces explications. Et nous avons le devoir de faire notre examen de conscience et de chercher tous les moyens pour renforcer la compétitivité de léconomie française.
Dans le débat politique, je le disais tout à l'heure lors de la table ronde que nous avons eue avec les industriels de la région, beaucoup craignent dutiliser même le mot de «compétitivité». Certains trouvent quil est trop technique, dautres trouvent quil est provocateur.
Nous, nous lutilisons avec François Baroin, avec Valérie Pécresse, parce que, dans notre esprit, il est absurde dopposer la compétitivité de lentreprise, la compétitivité de léconomie française à la solidarité qui est le corolaire dune activité économique, qui est une activité en croissance parce quelle produit de la richesse.
Derrière la compétitivité, il y a des entrepreneurs qui réussissent, il y a des emplois qui se créent, il y a des marchés qui souvrent, il y a des usines, il y a des travailleurs, il y a des ingénieurs, qui font face au choc de la mondialisation.
Cest-à-dire à léclosion dun très grand nombre de concurrents sur la surface de la planète. Vous savez quau niveau mondial la part de marché de la France est passée de 6% au début des années 90 à 3,5% aujourdhui.
A quoi est-ce que cela est dû ?
C'est dû évidemment à la montée en puissance des pays émergents, mais cest dû aussi à la dégradation de nos propres performances par rapport à certains de nos partenaires de la zone euro.
Quest-ce qui sest passé ?
Notre compétitivité a dabord souffert des déficits publics qui se sont accumulés au cours des années. La dette a en effet entretenu un niveau dactivité artificiel, un niveau dactivité qui masque la fragilité de la production et de la création de richesses.
Et puis notre compétitivité a souffert aussi derreurs de politique économique qui ont été, pour une grande part, commises au début des années 2000 : les 35h uniformes, la hausse non maîtrisée des coûts de production, linsuffisance de la recherche et développement dans le secteur privé.
Pendant un temps la faiblesse initiale du cours de leuro a fait illusion et a relégué au second plan ces problèmes de compétitivité avant quils ne viennent ralentir de façon durable notre économie.
Nous avons pris des mesures dès 2007 pour desserrer les carcans qui pèsent sur la production française. Lexonération des heures supplémentaires, qui était saluée tout à lheure par tous les chefs dentreprise présents comme étant une mesure extrêmement positive, cette exonération des heures supplémentaires a permis à 9 millions de salariés de bénéficier de 450 euros en moyenne par an et elle a surtout permis aux entreprises de faire face à tous les à-coups de production, à faire preuve de beaucoup plus de flexibilité dans lorganisation du travail et donc de cette manière, à conserver des marchés qui auraient pu être perdus sans cette mesure.
Nous avons réduit la pression fiscale sur les entreprises avec en particulier cette réforme si discutée de la taxe professionnelle, il fallait supprimer un impôt qui nexistait quen France et qui venait taxer les investissements des entreprises. A chaque fois quune entreprise investissait pour produire plus, elle était taxée plus, cétait une aberration : il fallait en finir, nous lavons fait et là aussi jai été particulièrement heureux dentendre tout à lheure la plupart des chefs dentreprises présents lors de cette table ronde sen féliciter. Et puis nous avons assoupli le droit du travail avec ce que lon appelle la rupture conventionnelle qui permet à un salarié et à son entreprise de négocier une rupture du contrat de travail de manière amiable.
Ensuite, nous avons dessiné des ambitions stratégiques à long terme.
Nous avons encouragé linnovation, nous avons encouragé la conquête de nouveaux marchés. Je veux parler du triplement du crédit impôt recherche, des pôles de compétitivité, des investissements davenir. Je veux parler de lensemble du dispositif de financement de léconomie que nous avons mis en place avec le Fonds Stratégique dInvestissement, avec Oseo qui est devenu au fond une sorte de banque irremplaçable des PME, avec la médiation du crédit pour passer les moments les plus difficiles de la crise économique et on va poursuivre dans cette voie en créant, dans le cadre dOseo, une filiale destinée, spécialisée dans le financement de lindustrie.
Vous entendez souvent dans cette période où lon entend un peu tout et nimporte quoi, des critiques sur beaucoup de ces mesures et notamment des critiques sur lidée que beaucoup de ces mesures ne profiteraient quaux grandes entreprises. Outre le fait que lon ait besoin de grandes entreprises dans notre pays parce que ce sont elles qui tirent lensemble de léconomie française et qui assurent pour une large part notre présence sur les marchés internationaux, la vérité est totalement différente. Sagissant du crédit impôt recherche cest une mesure qui a principalement profité aux PME et aux entreprises de tailles intermédiaires.
En tout cas toutes ces mesures ont permis de contrer le choc de la crise.
Mais maintenant, nous sommes face à un nouveau palier et il nous faut prendre de nouvelles mesures pour permettre à léconomie française de trouver un rythme de croisière en termes de croissance qui soit plus satisfaisant.
Et de ce point de vue là on ne peut plus esquiver la question du coût du travail.
Il est grand temps que nous recalions nos coûts par rapport à ceux de nos concurrents de la zone euro. Et dailleurs comment pourrions-nous imaginer une monnaie européenne solide si cette monnaie européenne repose sur des territoires qui ont des coûts différents, qui ont des différences de compétitivité, qui ont une organisation en termes dorganisation du travail, dorganisation sociale, dorganisation fiscale complètement différente dun territoire à lautre.
Notre objectif doit être de faire en sorte que lensemble des pays de la zone euro progressivement se rejoignent sur un niveau de compétitivité qui soit comparable.
Alors on nous reproche souvent de navoir à la bouche que le mot Allemagne et de vouloir limiter en tout point. Cest évidemment tout à fait faux, personne ne veut imiter lAllemagne en tout point. Chacun a ses spécificités, il y a des domaines dans lesquels lAllemagne devrait plutôt essayer de nous imiter sur notre politique familiale par exemple, ou sagissant de lexistence dun salaire minimum dans notre pays, ou sagissant des règles que nous avons mises en place pour éviter le dumping social avec le recrutement de salariés venants de pays qui sont hors la zone euro. LAllemagne a des progrès à faire dans ces domaines.
Mais enfin, elle a aussi des performances économiques que nous devons regarder et donc nous devons nous inspirer.
LAllemagne est notre principal partenaire commercial et notre premier concurrent : une entreprise française exportatrice a environ huit chances sur dix de se trouver dans le monde, face à un concurrent allemand. Vous savez quautrefois, il ny a pas si longtemps, grosso modo avant les années 2000, nous avions un avantage sur lAllemagne en matière de coûts salariaux ?
Nous avons perdu cet avantage.
Nous lavons perdu, au cours de la dernière décennie, parce que nos voisins ont fait des efforts que nous, nous navons pas faits.
Dans lindustrie manufacturière les coûts salariaux étaient en France de 15% inférieurs à ceux de lAllemagne en 98, ils sont maintenant au même niveau. Et dans le secteur des services aux entreprises ils sont aujourdhui plus bas denviron 25% en Allemagne, alors quils étaient comparables à la fin des années 90.
A lheure actuelle, le coût horaire de la main duvre dans lindustrie et les services marchands est supérieur en France de près de 10% par rapport à lAllemagne, et de plus de 20% par rapport à la moyenne des pays de la zone euro.
Je disais tout à lheure que lAllemagne est récemment passée devant nous dans le classement des pays exportateurs de produits agro-alimentaires, et là encore les diagnostics convergent pour dire que la question du coût du travail a fortement pesé dans cette évolution. Lorsque les coûts de production sont trop élevés par rapport à la concurrence internationale, les entreprises ne parviennent plus à introduire de manière significative et durable leurs produits sur les marchés étrangers ou alors elles y parviennent au prix dune réduction trop importante de leurs marges qui les empêche dinvestir dans la recherche, qui les empêche dinvestir dans la qualité de leurs produits.
Cest justement pour remédier à ces difficultés que nous avons choisi avec le Président de la République de proposer à notre pays de réduire les charges qui pèsent sur le travail en réformant le financement de notre système de protection sociale.
Nous allons transférer une partie des cotisations qui pèsent sur les salaires, et donc sur les coûts de production, et donc sur les prix des produits fabriqués en France.
Cest une mesure qui ne peut avoir que des effets bénéfiques sur la compétitivité de nos entreprises.
Cest une mesure qui doit doper la production dans notre pays, qui doit favoriser les exportations, qui doit nous permettre de lutter contre les délocalisations.
Cest aussi une mesure qui, sur le plan des principes, se justifie pleinement, parce quil ny avait aucune logique, parce quil nétait pas cohérent, de faire autant reposer sur le travail le financement des charges sociales.
Je pense en particulier aux prestations familiales qui sont désormais universelles et qui ne doivent donc pas être financées par lentreprise, par les salaires mais par la fiscalité dans son ensemble.
Concrètement, cette mesure consiste à faire en sorte que d??sormais il ny ait plus du tout de cotisations sociales famille à payer pour les salaires inférieurs à 2 300 euros nets.
Le taux de cotisation augmentera ensuite progressivement pour les salaires compris entre 2 300 euros et 2 650 euros et au-delà, il restera identique à ce quil est aujourd'hui. Ca veut dire que 14 millions de salariés sont concernés par cette réforme et parmi eux, il y a 80% des salariés de lindustrie et 95% de salariés de lagriculture.
Ce sera donc une formidable bouffée doxygène pour des secteurs qui sont les secteurs les plus exposés à la concurrence internationale.
Nous estimons que cette baisse coût du travail devrait à terme permettre de créer de lordre de 100 000 emplois dans notre pays.
Je lisais ce matin dans un grand journal économique une analyse très intéressante, qui peut montrer à quel point on peut tout faire dire aux chiffres, qui prétendait que cette mesure était finalement assez peu, concernait assez peu lindustrie.
Comme lindustrie dans notre pays malheureusement compte beaucoup moins quautrefois, évidemment si on prend les 13 milliards de transferts, une partie seulement concernera lindustrie.
Mais cest la partie la plus importante, parce que cest celle qui va toucher la fabrication de produits en France qui va permettre de défendre la fabrication de produits en France, qui va permettre de maintenir des usines sur notre territoire et qui va permettre de lutter contre les délocalisations.
Alors pour financer cette mesure qui représente environ 13 milliards deuros, tout en garantissant léquilibre des finances publiques - ce nest pas le budget de lEtat qui peut prendre à sa charge comme on la fait par le passé avec les allégements de charges notamment sur les 35 heures, ça nest pas le budget de lEtat qui est, vous le savez, en déséquilibre qui peut prendre en charge ce transfert - nous avons donc décidé daugmenter de 1,6 point le taux normal de TVA et daugmenter les prélèvement sur le capital.
Je sais que cela suscite des interrogations et pour certain des inquiétudes et je veux y répondre devant vous.
Dabord, je voudrais dire quil nest pas justifié et quil est même assez fallacieux de présenter comme une hausse dimpôt une mesure qui est avant toute chose un transfert favorable aux entreprises dont les coûts de production vont diminuer et qui vont donc gagner en compétitivité.
Cest une mesure qui est favorable aux employeurs qui verront diminuer les freins à lembauche.
Cest une mesure qui est favorable aux salariés dont le sort est intimement lié aux performances de leur entreprise.
Jajoute que cette mesure nest pas une mesure de rendement qui viendrait augmenter les recettes de lEtat puisque lensemble de ce transfert ira au financement de la protection sociale et de la politique familiale.
Je veux insister également sur un point qui nest pas négligeable, qui est que les importations qui est que les importations vont désormais participer au financement de notre protection sociale puisque les produits importés devront sacquitter dune TVA augmentée.
Je veux souligner enfin que cette mesure ne pénalisera en aucun cas ni la consommation, ni le pouvoir dachat.
Bien sûr, il y aura une hausse de 1,6% de la TVA mais cette hausse ne devrait pas avoir de répercussions sur les prix.
Pourquoi ?
Dabord, parce que 60% des produits qui sont consommés au quotidien, 60% de ce qui fait le pouvoir dachat de nos concitoyens, nest pas soumis au taux de TVA normale. Ils sont soumis au taux de TVA réduit ou au taux de TVA intermédiaire.
Je pense notamment aux produits alimentaires.
Le prix de ces produits ne va donc pas augmenter puisque la TVA sur ces produits naugmente pas.
Je voudrais indiquer que le prix de ces produits devrait même baisser puisque les charges qui pèsent sur les salaires des ouvriers qui les produisent ou des agriculteurs qui les produisent, elles, vont baisser.
Quant aux produits qui sont au taux normal, ceux qui sont produits en France vont bénéficier de la baisse du coût du travail, et donc de celle de leur prix de fabrication.
Et cette baisse sera supérieure à la hausse de la TVA puisque vous savez quune partie de ce transfert est financée par une augmentation des prélèvements sur le capital.
Alors, est-ce que les entreprises ne vont pas conserver pour elles cette baisse de coût ?
Je sais que cest une question qui est souvent posée. Je ne le crois pas et je ne le crois pas pour une raison simple, cest que ça ne serait absolument pas leur intérêt.
Les entreprises sont dans une concurrence qui est une concurrence extrêmement dure et elles sont dans un contexte qui est un contexte de reprise progressive de la consommation et donc, elles chercheront avant tout à maintenir leurs ventes et à augmenter leurs parts de marché.
Voila Mesdames et Messieurs,
Avec le Président de la République, nous avons pris la décision dengager cette réforme parce que cest une réforme qui relève du bon sens.
Parce que notre redressement économique passe par des ajustements structurels, et pas simplement par des mesures de court terme, parce que le calendrier électoral nest pas une excuse pour tout arrêter, notamment tout ce qui est difficile.
Nous vivons dans un environnement international qui est de plus en plus concurrentiel, qui est de plus en plus dur, et la crise économique est venue accélérer ce processus.
Rien ne serait pire que de baisser les bras. Rien ne serait pire que de proposer aux Français des perspectives illusoires de repli sur soi.
Il faut dire à nos concitoyens que la mondialisation pèse sur notre destin.
Mais face à cette mondialisation, nous avons des atouts, nous avons même beaucoup datouts.
Nous avons des compétences techniques et scientifiques dans bien des domaines.
Je ne crois pas à la fatalité, je suis convaincu que la lucidité na rien à voir avec le pessimisme ou la résignation. Il ny a pas de raison à ce que nos usines ferment et il ny a pas de raison à ce que nos parts de marché diminuent.
Si nous faisons des efforts, si nous sommes capables de donner à nos talents les moyens de se déployer, si nous libérons les énergies, nous avons toutes les chances de continuer à jouer un rôle important dans ce nouveau monde qui est en train de se dessiner sous nos yeux.
Nous y arriverons en faisant preuve de cran et daudace.
En ce début de campagne électorale, jentends ceux qui parlent de «rêves», et ceux aussi qui suggèrent de tout bazarder pour que les lendemains se mettent à chanter
Eh bien pardonnez-moi dêtre devant vous plus terre à terre mais la priorité des priorités, cest ni de rêver ni de tout bazarder, cest de sortir de la crise !
Cest un combat qui exige dabord de dire la vérité ; cest un combat qui exige de parler vrai, cest un combat qui est pragmatique, cest un combat qui dépend de chacun dentre nous parce les finances de lEtat sont strictement limitées, cest un combat qui exige encore et encore des changements.
Le Président de la République vient de proposer une grande réforme de la formation professionnelle, qui doit être au cur de la bataille pour lemploi.
Immédiatement, jai entendu des cris dorfraie venant dhommes et de femmes qui souvent dailleurs navaient même pas lu ce qui avait été dit par le Président de la République.
Quelle est la situation ?
Nous dépensons 31 milliards pour la formation professionnelle.
De lautre côté, nous dépensons des milliards pour indemniser les demandeurs demploi et nous narrivons pas à faire en sorte que ces demandeurs demploi bénéficient de la formation professionnelle qui est financée par ailleurs par les entreprises, par la fiscalité, cest-à-dire par chacun de nos concitoyens.
Ce que nous voulons demain, cest que tous les demandeurs demploi, en tout cas tous ceux qui sont demandeurs demploi un certain temps, puissent accéder à une vraie formation professionnelle qualifiante, soit pour améliorer leurs capacités, pour améliorer leur savoir-faire, pour pouvoir être plus efficace, pour pouvoir gravir des échelons demain dans leur emploi, soit pour apprendre un nouveau métier parce quils ont été formés à des métiers qui sont des métiers en voie de disparition.
Il ne sagit bien sûr pas dobliger.
Jentendais les micros qui se tendent avec rapidité. Alors on interroge un ingénieur et on lui dit « est-ce que vous seriez daccord pour devenir demain, pour tenir la caisse dun supermarché ? ».
Quest-ce quil faut être bête pour poser une question pareille, pour ne pas se rendre compte de labsurdité quil y a à détruire une idée qui mérite un vrai grand débat national par un raccourci aussi stupide !
Qui peut nier quil y a un énorme gâchis à laisser 90% des demandeurs demploi sans formation ? 90% des demandeurs demploi aujourdhui ne bénéficient daucune réelle formation professionnelle qualifiante.
Alors, nous avons depuis plusieurs années tenté des réformes de la formation professionnelle pour essayer de répondre à cette question ; jen ai moi-même conduit une en 2003.
Elle avait fait lobjet dun accord unanime des partenaires sociaux. Je métais félicité de cette unanimité mais je me suis rapidement rendu compte que quand il y a unanimité des partenaires sociaux sur ce sujet, cest que rien ne bouge parce que la vérité, cest que la formation professionnelle est un sujet tabou dans les relations sociales.
Cest 31 milliards deuros. Cest beaucoup dargent qui souvent participe au financement de lensemble des organisations quelles soient patronales ou quelles soient syndicales. Cest en tout cas un sujet qui est une sorte de chasse gardée de toute une série de groupements qui veulent garder leur autonomie et conserver largent de la formation professionnelle pour eux-mêmes.
Nous avons tenté une deuxième réforme de la formation professionnelle en 2009 ; elle a permis daméliorer les choses mais à la marge, elle na pas changé radicalement les données du problème.
Alors, le Président de la République a osé dire que si les partenaires sociaux ne parvenaient pas à proposer une véritable révolution dans le financement de la formation professionnelle pour faire en sorte que cette formation professionnelle bénéficie aux demandeurs demploi, alors peut-être serait-il possible de poser la question aux Français à travers un référendum.
Est-ce un crime ? Est-ce un crime de demander aux Français leur avis sur une question aussi fondamentale lorsque lon est en face dun blocage qui dure depuis aussi longtemps dans le dialogue entre les acteurs sociaux et les acteurs économiques de notre pays.
Bien sûr, le référendum, cest une sorte darme ultime contre le conservatisme du système. Si la voie de la négociation entre les acteurs, notamment les partenaires sociaux et les régions, permettait daboutir à une réforme ambitieuse, alors lappel au peuple ne serait pas nécessaire.
Mais si cest une négociation au rabais, si rien de fondamental ne bouge, alors oui le référendum est légitime et comme le Général de Gaulle, je crois quil y a des moments où la mise en uvre des procédures habituelles ne permet pas à la volonté nationale de saccomplir.
Eh bien justement, le référendum permet de transcender ces contingences procédurales. Le référendum permet de nouer un dialogue direct avec le peuple français pour avancer et personne ne devrait avoir peur de recourir au référendum lorsquil sagit de dénouer une situation qui est bloquée depuis des décennies et des décennies.
Mesdames et Messieurs,
Tout ce quinquennat aura été un quinquennat de combat : crise de la finance, crise des dettes des États, crise de lEurope.
Mais vous savez aussi que ca nest pas la première épreuve que la France rencontre dans son Histoire. Moreuil, dévasté par la guerre, connaît le prix du sacrifice et celui du redressement. La question que nous devons nous poser, cest « est-ce que nous sommes à la hauteur de nos anciens ? Est-ce que nous sommes à la hauteur de ceux qui nous ont apporté la liberté, qui nous apporté lindépendance, qui nous apporté la prospérité ? » Cest une question qui est une question difficile, mais il faut avoir le courage de nous la poser parce que lon a tendance à oublier doù nous venons, on a tendance à oublier à qui nous devons ce que nous sommes aujourdhui et on a tendance à oublier le prix extrêmement précieux de ce petit bout de terre qui sappelle la France.
La France est un petit pays par sa géographie et son territoire mais cest une grande nation.
Le défaitisme na pas de sens et le catastrophisme nest pas digne dun pays comme le nôtre.
Mesdames et Messieurs,
Avancer dans la mondialisation les bras croisés, la tête basse, ca nest pas ce que jai vu sur le site de Dailycer. Et ce nest pas ce que jai entendu de la bouche des chefs dentreprise avec lesquels jai débattu. Ici, jai vu de la fierté, jai vu de la ténacité, jai vu du dévouement. Et jen conclus avec vous que nous allons nous en sortir !
Voilà le message de volonté et de confiance que je voulais partager avec vous ce matin à Moreuil.
Source http://www.gouvernement.fr, le 14 février 2012