Texte intégral
Q - Vous venez plaider devant le Parlement européen pour une plus grande intégration européenne mais dans les opinions nationales, lEurope suscite plutôt du scepticisme. Comment, peut-elle rester un rêve politique ?
R - ( ) LEurope doit être plus que jamais un projet pour nos sociétés. Et ce projet devrait mobiliser davantage. Si je suis lavocat dune percée sur le front de lintégration européenne, cest parce que lenjeu est simple : si on ne fait pas plus dEurope, lEurope risquera de seffondrer.
(...)
Q - Oui mais le règlement de la question grecque suscite aussi beaucoup dindignation...
R - Je comprends le sentiment de révolte des Grecs à qui on demande des efforts extrêmement douloureux. Et je comprends quon puisse sinterroger sur la brutalité de certaines mesures. Quand on vous annonce que vous allez perdre 15 à 20 % au moins de votre salaire, cest évidemment un choc. Mais la rupture avec lEurope serait bien pire. Aujourdhui cest lEurope qui continue de représenter une promesse de stabilité. Cest elle qui a considérablement augmenté le niveau de vie des Grecs avant quune dérive sans limite des déficits namène le pays là où il est. Il ne faudrait pas oublier non plus lénorme effort de solidarité des pays européens pour effacer purement et simplement 100 milliards de dette grecque !
Q - La Banque centrale européenne prête aux banques à 1 %. Pourquoi ne pas lui demander de prêter directement aux États à ce taux ?
R - Parce que le point dentente entre Mme Merkel et M. Sarkozy, cest le respect absolu de lindépendance de la BCE : lAllemagne na pas à lui dire ce quelle ne doit pas faire et la France na pas à lui dire ce quelle doit faire. Je remarque aussi quau-delà du problème grec, les marchés financiers se stabilisent. Regardez lappréciation de Moodys, elle na eu aucune incidence à ce stade. Parce que les marchés se disent que notre dispositif de retour à léquilibre tient la route et que laccord trouvé à Bruxelles sur le mécanisme européen de stabilité est une bonne garantie.
Q - À Strasbourg vous allez saluer le rôle du Parlement européen. Mais bon nombre de députés européens ont regretté quil ait été quasiment hors jeu durant toute la crise de la zone euro. Lurgence serait-elle incompatible avec un fonctionnement normal de la démocratie européenne ?
R - Dans les crises financières, on ne dispose que de quelques heures pour réagir, cest vrai, et ce sont les exécutifs qui, forcément, sont à la manuvre. Le Parlement, lui, nest pas là pour gouverner - cest déjà suffisamment difficile pour les gouvernements de le faire à 27 - mais pour légiférer et contrôler. Sur ce point le Traité de Lisbonne a marqué des avancées considérables dans le domaine de la codécision puisquelle sapplique désormais à une très large majorité des sujets. Par ailleurs, les parlements nationaux sont associés de plus en plus étroitement aux processus de décision. Cest une vraie avancée démocratique.
Q - Faut-il sortir de linterminable guerre du siège en imaginant un autre rôle, plus permanent, pour Strasbourg, quune session mensuelle du Parlement jugée souvent coûteuse et peu pratique par de nombreux parlementaires nordiques et anglo-saxons ?
R - Non. Il faut sen tenir au symbole de Strasbourg, bien ancré et sauvegardé, dailleurs, par les traités. Quant aux «déménagements» qui seraient coûteux, je ne suis pas convaincu par largument. La technologie des tablettes numériques devrait mettre fin sans difficulté à la valse des cantines
Q - Allez-vous soutenir linstallation à Strasbourg dun futur secrétariat de la zone euro, un projet porté par votre collègue alsacien, Philippe Richert ?
R - Naturellement mais il faudrait déjà que le projet soit acté.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2012
R - ( ) LEurope doit être plus que jamais un projet pour nos sociétés. Et ce projet devrait mobiliser davantage. Si je suis lavocat dune percée sur le front de lintégration européenne, cest parce que lenjeu est simple : si on ne fait pas plus dEurope, lEurope risquera de seffondrer.
(...)
Q - Oui mais le règlement de la question grecque suscite aussi beaucoup dindignation...
R - Je comprends le sentiment de révolte des Grecs à qui on demande des efforts extrêmement douloureux. Et je comprends quon puisse sinterroger sur la brutalité de certaines mesures. Quand on vous annonce que vous allez perdre 15 à 20 % au moins de votre salaire, cest évidemment un choc. Mais la rupture avec lEurope serait bien pire. Aujourdhui cest lEurope qui continue de représenter une promesse de stabilité. Cest elle qui a considérablement augmenté le niveau de vie des Grecs avant quune dérive sans limite des déficits namène le pays là où il est. Il ne faudrait pas oublier non plus lénorme effort de solidarité des pays européens pour effacer purement et simplement 100 milliards de dette grecque !
Q - La Banque centrale européenne prête aux banques à 1 %. Pourquoi ne pas lui demander de prêter directement aux États à ce taux ?
R - Parce que le point dentente entre Mme Merkel et M. Sarkozy, cest le respect absolu de lindépendance de la BCE : lAllemagne na pas à lui dire ce quelle ne doit pas faire et la France na pas à lui dire ce quelle doit faire. Je remarque aussi quau-delà du problème grec, les marchés financiers se stabilisent. Regardez lappréciation de Moodys, elle na eu aucune incidence à ce stade. Parce que les marchés se disent que notre dispositif de retour à léquilibre tient la route et que laccord trouvé à Bruxelles sur le mécanisme européen de stabilité est une bonne garantie.
Q - À Strasbourg vous allez saluer le rôle du Parlement européen. Mais bon nombre de députés européens ont regretté quil ait été quasiment hors jeu durant toute la crise de la zone euro. Lurgence serait-elle incompatible avec un fonctionnement normal de la démocratie européenne ?
R - Dans les crises financières, on ne dispose que de quelques heures pour réagir, cest vrai, et ce sont les exécutifs qui, forcément, sont à la manuvre. Le Parlement, lui, nest pas là pour gouverner - cest déjà suffisamment difficile pour les gouvernements de le faire à 27 - mais pour légiférer et contrôler. Sur ce point le Traité de Lisbonne a marqué des avancées considérables dans le domaine de la codécision puisquelle sapplique désormais à une très large majorité des sujets. Par ailleurs, les parlements nationaux sont associés de plus en plus étroitement aux processus de décision. Cest une vraie avancée démocratique.
Q - Faut-il sortir de linterminable guerre du siège en imaginant un autre rôle, plus permanent, pour Strasbourg, quune session mensuelle du Parlement jugée souvent coûteuse et peu pratique par de nombreux parlementaires nordiques et anglo-saxons ?
R - Non. Il faut sen tenir au symbole de Strasbourg, bien ancré et sauvegardé, dailleurs, par les traités. Quant aux «déménagements» qui seraient coûteux, je ne suis pas convaincu par largument. La technologie des tablettes numériques devrait mettre fin sans difficulté à la valse des cantines
Q - Allez-vous soutenir linstallation à Strasbourg dun futur secrétariat de la zone euro, un projet porté par votre collègue alsacien, Philippe Richert ?
R - Naturellement mais il faudrait déjà que le projet soit acté.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 février 2012