Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur le développement culturel et la promotion des cultures ultramarines, Paris le 21 mars 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Lancement de l'agence de promotion des cultures ultramarines à Paris le 21 mars 2012

Texte intégral

Je suis heureux de lancer avec Marie-Luce Penchard l’Agence nationale de promotion des cultures ultramarines, qui constituait l’une des mesures phares du Conseil interministériel de l’Outre-mer du 6 novembre 2009 annoncées par le Président de la République - au côté notamment de l’annonce d’une Année des outre-mer français, qui s’est achevée en décembre dernier et qui a connu un très important succès, dont l’agence consolidera et prolongera les acquis.
Ce Conseil interministériel de l’Outre-mer a marqué un tournant décisif dans la mise en place, par le gouvernement et, sous l’impulsion décisive du Président de la République, d’une nouvelle politique destinée aux territoires ultramarins, tenant compte de leurs spécificités, décentrant notre regard pour travailler à un enrichissement mutuel, afin de valoriser au mieux le potentiel de développement de ces territoires.
Dans le domaine de la culture, vous savez à quel point j’ai souhaité, en lien permanent avec Marie-Luce Penchard, refonder profondément l’action de mon ministère. J’avais constaté le retard de l’Outre-mer en matière de développement culturel, en termes de réseaux, de structures, d’institutions – un retard qui contrastait avec une effervescence créative manifeste, que ce soit bien sûr du côté de la littérature et de la poésie, mais aussi dans le domaine du cinéma, des arts plastiques, du spectacle vivant.
Comme l’a développé Michel Collardelle dans le rapport que je lui avais commandé – et qui a servi de point d’appui à mes réflexions et à mes décisions sur le sujet – les Outre-mer constituent un formidable terreau de la diversité culturelle. La richesse de leurs patrimoines matériel et immatériel, la vitalité des productions artistiques contemporaines et le multilinguisme constituent des sources d’enrichissement pour la communauté nationale.
C’est à partir de ce postulat que j’ai souhaité travailler. J’ai très tôt pris la mesure du chemin à parcourir, que ce soit en termes de moyens – mais les moyens ne sont pas tout –, ou en termes de philosophie d’action. J’ai ainsi mobilisé mes services afin qu’ils travaillent différemment avec les Outre-mer, en évitant d’appliquer des normes uniformisantes et inadaptées aux spécificités des outre-mer. J’ai donc engagé un chantier, qui s’est attaché aussi bien aux patrimoines avec notamment une campagne de protection d’éléments significatifs, aux musées - plusieurs musées d’Outremer ont été inscrits au « plan musées en région » que j’ai lancé en 2010 -, qu’aux bibliothèques ou au spectacle vivant. J’ai également tenu à lancer des projets emblématiques tels que la Maison des cultures et des mémoires guyanaises à l’ancien hôpital Jean Martial à Cayenne, ou encore le musée de Mayotte.
Le travail sur les territoires, grâce aux services déconcentrés de mon ministère – les directions des affaires culturelles d’outre-mer – devait se prolonger par une action en métropole, en lien avec les collectivités territoriales ultramarines.
L’agence nationale de promotion des cultures ultramarines constituera notre outil principal pour mettre en oeuvre ce travail.
L’ambition portée par le Gouvernement à travers cette agence est très haute. Il faut rappeler qu’il s’agit d’une proposition qui avait émané des Etats Généraux de l’Outre-mer, large consultation de la société civile de mars à juillet 2009 décidée par le Président de la République après les troubles sociaux de février 2009, et qui a été d’une très grande richesse.
Les enjeux que l’agence doit relever sont essentiels : il s’agit de mieux faire partager à l’hexagone les apports artistiques, culturels et intellectuels de l’Outre-mer, dans une perspective de dialogue et de « fertilisation croisée ».
À l’instar de la reconnaissance dont jouissent les littératures ultramarines en métropole, beaucoup d’autres secteurs de l’art et de la culture méritent ce même type de reconnaissance. Mais cela exige un travail de fond, un travail subtil de sensibilisation, de connaissance mutuelle entre les acteurs culturels, des échanges permanents, des projets communs. Il s’agit d’un travail de mobilisation des acteurs de métropole et d’Outre-mer, des institutions et des réseaux culturels, des médias, afin de leur faire percevoir le potentiel de ce travail commun. L’agence veillera également à accompagner au mieux les artistes et les acteurs culturels ultramarins en matière de formation, d’information, de veille juridique et économique.
Je pense que la réussite de notre objectif passera également par des projets communs entre artistes ultramarins et artistes métropolitains que l’agence pourrait favoriser, en lien avec les institutions. Ce type de projets pourra symboliser le lien fort qui unit la métropole et l’outre-mer, et le dialogue artistique fécond qui peut se nouer.
La création de cette agence est le fruit d’un travail minutieux mené par les services du ministère de l’Outre-mer et ceux du ministère de la Culture et de la Communication, pour définir préalablement l’étendue des besoins et la réponse la plus adéquate à ces besoins. Je tiens à les remercier. Je ne peux que me féliciter une fois de plus de la qualité des relations que j’entretiens avec Marie-Luce Penchard, qui ont permis à nos départements ministériels de travailler à l’unisson.
Plusieurs étapes ont rythmé l’élaboration du projet de l’agence. Une première étude menée par le Cabinet Tertius a permis d’en définir les contours et les hypothèses juridiques et économiques. Puis Catherine Giffard, chargée de mission à l’Inspection général des affaires culturelles et Jean-François de Canchy, inspecteur général, se sont rendus en Outremer ; ils y ont rencontré les élus et les acteurs culturels pour faire un état approfondi des besoins, permettant ainsi de stabiliser les missions fondamentales de l’agence. Je tiens à les remercier pour le travail précieux qu’ils ont accompli.
Je voudrais également saluer chaleureusement Greg Germain, qui a été élu hier président de cette agence. Greg Germain a mené depuis plusieurs années un travail pionnier depuis presque 15 ans avec le Théâtre de l’Outre-mer en Avignon (le TOMA), à la Chapelle du Verbe Incarné. Avec l’énergie et l’efficacité que nous lui connaissons, il a permis à plusieurs équipes d’artistes venus de l’ensemble des territoires d’Outre-mer de faire connaître leur travail pendant le festival d’Avignon, leur donnant ainsi une forte visibilité et l’occasion de nouer des contacts fructueux avec des professionnels métropolitains. En tant que Président du festival Off d’Avignon, Greg Germain a démultiplié les partenariats fructueux et développé l’action internationale du festival.
Je tiens enfin à remercier chaleureusement les personnalités qualifiées qui ont accepté de faire partie du conseil d’administration de l’agence : Jacques Toubon, Michel Collardelle, Marie-José Alie, Philippe Chazal, Christiane Falgayrettes-Leveau, Daniel Picouly et Joël Viratelle. Ils apporteront leur expertise, leur connaissance des milieux ultramarins et du monde de l’art et de la culture.
Je remercie également les membres de droit du conseil d’administration, qu’ils soient issus de l’administration centrale de nos deux ministères ou des établissements publics.
Dans les semaines qui viennent, nous nous emploierons, Marie-Luce Penchard et moi-même, à constituer l’équipe qui va animer l’agence, en identifiant son directeur et ses collaborateurs, de manière à ce qu’elle soit opérationnelle très rapidement. Les collectivités territoriales ultramarines seront invitées à définir leur rôle au sein de cette agence : nous souhaitons avec Marie-Luce Penchard qu’elles puissent y prendre toute leur place.
Nous allons leur écrire dans ce sens.
Cette agence sera un instrument de dialogue entre la métropole et les territoires ultramarins, au service des artistes et de l’héritage culturel de l’Outre-mer, et pour le bénéfice de l’ensemble de nos concitoyens.
Je vous remercie de votre attention.

Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 22 mars 2012