Texte intégral
* La Polynésie est confrontée à une grave instabilité politique depuis 2004. Organiserez-vous des élections anticipées ?
Un retour aux urnes ne peut se faire que dans le cadre du statut actuel de la Polynésie française. Aujourdhui, il ny a que trois possibilités : soit les institutions sont bloquées au point de ne plus pouvoir fonctionner, et le président de la République peut dissoudre lAssemblée de Polynésie ; soit le Parlement décide dabréger les mandats, par exemple, lors du vote dune loi électorale ; soit enfin le gouvernement de Polynésie le demande. À lheure actuelle, nous ne sommes dans aucun de ces trois cas, ce qui fait que les élections territoriales sont prévues au premier trimestre de 2013. Peut-on aller plus vite ? Nous le verrons, si les circonstances lexigent.
* Envisagez-vous de modifier à nouveau le statut de la Polynésie française ?
Comme vous le savez, jai souhaité la réforme statutaire de 2011 pour rétablir la stabilité politique et ainsi redonner du sens, de la cohérence et de la durée à laction politique. Il manquait à la Polynésie, ces dernières années, la visibilité politique nécessaire à lexercice convenable de lautonomie au sein de la République. Lurgence, cétait la stabilité : cest aujourdhui le cas, puisque les dispositions qui rendent plus difficiles un renversement de gouvernement sont entrées en vigueur immédiatement. Ensuite, il faut que le gouvernement qui sera issu des urnes soit vraiment représentatif dune majorité de Polynésiens. Cest la raison pour laquelle nous avons prévu une forte prime pour la liste qui arrivera en tête à lissue du second tour. Aucun système nest parfait, mais celui qui préexistait avant la réforme avait tous les défauts : non seulement, il a apporté une instabilité chronique qui a été préjudiciable aux Polynésiens, mais en plus, il a permis quun parti ayant rassemblé moins dun tiers des suffrages en 2008 contrôle à la fois le Gouvernement et lAssemblée. Il fallait prendre ses responsabilités pour que la volonté exprimée par les électeurs de Polynésie se traduise dans la réalité des institutions locales. Cest ce que jai essayé de faire avec ce statut. Il faut maintenant que nous fassions une pause dans ce domaine, et que nous nous concentrions sur les problèmes, lourds, auxquels les Polynésiens sont confrontés dans leur vie quotidienne.
* Oscar Temaru souhaite réinscrire la Polynésie française sur la liste de lONU des pays à décoloniser. Quen pensez-vous ?
Comme jai eu loccasion de vous le dire le 15 juillet 2011, je ne crois pas que lurgence soit là aujourdhui. Je suis vraiment très préoccupé par la situation en Polynésie française. Je trouve que les responsables du pays font trop de politique, pendant que les Polynésiens ont de plus en plus de mal à trouver un logement, un emploi, des chantiers pour leurs entreprises, un avenir pour leurs enfants. Parfois, ils ont même des difficultés à trouver tout simplement de quoi manger. Ce nest pas lONU qui réglera ces problèmes. Il faut quon arrive à se mettre autour dune table pour discuter de manière apaisée de ces questions. Je lai proposé à deux reprises, le 14 juillet 2011 et le 3 février dernier. Le gouvernement local a préféré la surenchère et les provocations. Je trouve cela dommage, dautant que les atouts de la Polynésie sont immenses, et que les savoir-faire des Polynésiens sont réels.
* Êtes-vous favorable à des Accords de Tahiti Nui, sur le modèle de lAccord de Nouméa, avec, à lissue un referendum dautodétermination ?
Chaque territoire du Pacifique a un destin unique et lhistoire naime pas les copier-coller. Je rappelle que la Polynésie bénéficie déjà, aujourdhui, du plus large degré dautonomie de toute la République.
Encore une fois, je ne pense pas que les Polynésiens ressentent comme une urgence le fait que nous engagions un débat institutionnel alors que la situation sociale est aujourdhui critique. Ils veulent que nous agissions aujourdhui pour que leur vie soit meilleure. Ils veulent que les responsables politiques locaux et nationaux travaillent ensemble pour trouver maintenant des solutions à leurs problèmes quotidiens. Je comprends leur impatience. Quand vous êtes dans les difficultés, le fait que celles-ci soient imputables au territoire ou à lÉtat vous est bien égal. Je dirais même que le fait que les uns et les autres se renvoient la balle au lieu dagir a plutôt tendance à vous exaspérer. Je comprends tout cela, cest pourquoi jai proposé à deux reprises que nous travaillons, avec les Polynésiens, à la définition dun projet de développement économique et social pour les 10 ou 15 prochaines années. Voilà lurgence. Au risque de me répéter, je crois quil nous faut agir ensemble, lÉtat et le Pays, pour trouver des solutions aujourdhui aux multiples questions qui se posent en Polynésie : que fait-on pour lemploi des jeunes ? Comment construire davantage de logements, notamment pour les foyers les plus modestes ? Comment lÉtat peut-il mieux accompagner la Protection sociale généralisée, notamment via le Régime de Solidarité ? Quelle caisse de retraite complémentaire peut-on mettre en place pour les fonctionnaires ? Comment modernise-t-on laéroport de Faaa ? Quels projets pour la reconversion des sites militaires et des atolls de Moruroa et de Hao ? Comment régler le problème du foncier ? Quelles sont les deux ou trois grandes orientations économiques sur lesquelles lÉtat et le Pays mettent, ensemble, le paquet pour relancer lactivité et lemploi ? Voilà les questions auxquelles nous devons apporter des réponses. Je suis prêt à prendre mes responsabilités sur lensemble de ces dossiers. Tout ne peut pas toujours être de la faute des institutions, de la monnaie, du lien avec la France, que sais-je encore Il faut nous mettre au travail. Si je suis réélu, je proposerai une grande loi dorientation pour le développement économique et social de la Polynésie française au Parlement, qui fera la synthèse de nos échanges et qui fixera très clairement les engagements des uns et des autres, au premier rang desquels lÉtat. Pour cela, il faut que nous arrivions à avoir des débats plus apaisés quaujourdhui. Cest désormais une question vitale pour les Polynésiens.
* Le sénateur Tuheiava souhaite que la France cède à la Polynésie le droit dexploiter les fonds sous-marins de sa ZEE, notamment pour les terres rares qui sy trouvent. Quen pensez-vous ?
Je ne suis fermé à rien de ce qui peut permettre de créer davantage de richesses et demplois en Polynésie française. Discutons-en de manière apaisée. Ces gisements pourraient constituer des ressources prometteuses pour la Polynésie, en raison notamment de la forte demande de cette matière première utilisée par lindustrie des nouvelles technologies. En Nouvelle-Calédonie, le territoire bénéficie de lensemble des ressources générées par le nickel. Donc personne nest crispé, il ne faut pas créer de faux débats. Dans le même temps, il faut dire la vérité : ces ressources potentielles sont encourageantes pour lavenir, mais cette promesse ne doit pas servir de paravent pour ne pas trouver de solutions aux problèmes qui se posent aux Polynésiens aujourdhui. Lorsque je propose 3 500 contrats de travail nouveaux pour les jeunes afin de répondre aux urgences sociales du territoire, le président du gouvernement trouve encore le moyen daller à la télévision dire quil les refuse, tout en faisant miroiter la création de dizaines de milliers demplois demain. Avec lui, tout est toujours demain. Les Polynésiens veulent des réponses pour aujourdhui.
* Le nombre de victimes reconnues par loi dindemnisation des victimes des essais nucléaires se compte sur les doigts dune seule main. La modification du décret ne satisfait pas les associations qui estiment quil faut changer la méthodologie. Envisagez-vous une nouvelle adaptation ?
Tout dabord, je souhaite rappeler que, pour la première fois depuis louverture du CEP, la France a osé briser le tabou des conséquences des essais nucléaires sur la santé humaine. La loi du 5 janvier 2010 faisait partie de mes promesses de campagne pour la Polynésie, jai mis un point dhonneur à ce que le Parlement la vote. Cela na pas été facile. Mais je lai fait parce que cétait une question de justice. Comme il était juste de permettre aux historiens davoir accès à lensemble des archives sur Pouvanaa a Opaa. Dailleurs, à la suite de ma déclaration de février, luniversitaire Jean-Marc Regnault a demandé à avoir accès à certaines archives, ce qui lui a été accordé sans la moindre difficulté. Parfois, il faut prendre des décisions sans se demander si elles sont de droite ou de gauche, mais simplement si elles sont justes ou non. Pour en revenir à la question de lindemnisation des victimes des essais nucléaires, jai demandé à ce que les critères retenus dans le premier décret, qui étaient sans doute trop restrictifs, soient assouplis dans le sens demandé par les associations : plus de maladies reconnues et un zonage très largement étendu. Ce décret est actuellement devant le Conseil dÉtat, et sera pris dans quelques jours. Je pense que nous sommes arrivés à un bon équilibre.
* Linspection générale des finances juge les niches fiscales et sociales outre-mer peu efficaces, les parlementaires sont de plus en plus nombreux à penser que des dotations seraient plus efficaces. Que ferez-vous ?
Je nai jamais douté que le dispositif de défiscalisation en faveur des investissements productifs ou du logement constitue un levier de croissance indispensable pour les territoires ultramarins, et donc pour la Polynésie. Ce dispositif, qui a pu présenter des défauts par le passé, a été à la fois réorienté et rendu plus transparent. Aujourdhui, jai bien conscience que les dossiers qui remontent à Paris ont une durée dinstruction parfois très longue et, pourquoi ne pas le dire, que les retombées économiques sur le territoire ne sont pas toujours la priorité des services instructeurs. Je vais donc proposer, si je suis réélu, une mesure simple : que les dossiers de défiscalisation soient instruits par les services de lÉtat local jusquà 3 millions deuros. Concrètement, cela veut dire que nous allons multiplier par deux les marges de manoeuvre laissées aux services locaux, ce qui donnera de lair aux entrepreneurs. La défiscalisation, jy crois vraiment. Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, vouloir remplacer la défiscalisation par un système de subventions directes serait une folie. En outre, il est certain que le secteur privé est mieux armé que ladministration pour impulser un véritable développement économique. Je nai dailleurs pas bien compris ce que propose le candidat socialiste sur ce point, lui qui promet de réduire de 29 milliards deuros les niches fiscales et de plafonner les possibilités de déduction à 10 000 euros par foyer. Faire cela, cest mettre fin à la défiscalisation sans avoir le courage de le dire.
* Êtes-vous favorable à lintroduction de leuro dans les territoires français du Pacifique. Dans le cas contraire, une dévaluation du franc Pacifique est-elle envisageable ?
Sur leuro, pourquoi pas ? Je sais que les Polynésiens y sont favorables, dautres territoires du Pacifique sont plus hésitants, discutons-en. En réalité, le franc pacifique est déjà indexé sur leuro, il ne faut donc pas attendre deffet dentraînement massif de cette décision sur léconomie. En revanche, je ne suis clairement pas favorable à une dévaluation du franc Pacifique, qui aurait des conséquences catastrophiques en Polynésie : ce serait un facteur de renchérissement des prix très important, et cela viendrait écorner durablement la crédibilité de cette monnaie dont la stabilité est très appréciée des opérateurs économiques. Il ne faut pas ajouter une crise monétaire aux autres crises que connaît aujourdhui la Polynésie.
* En Polynésie française, les fonctionnaires dÉtat sont indexés à 75 %. Cette surémunération explique pour une part la cherté de la vie locale. Êtes-vous favorable à une réforme de cette indexation ?
Cette réforme nest pas à lordre du jour.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 11 avril 2012
Un retour aux urnes ne peut se faire que dans le cadre du statut actuel de la Polynésie française. Aujourdhui, il ny a que trois possibilités : soit les institutions sont bloquées au point de ne plus pouvoir fonctionner, et le président de la République peut dissoudre lAssemblée de Polynésie ; soit le Parlement décide dabréger les mandats, par exemple, lors du vote dune loi électorale ; soit enfin le gouvernement de Polynésie le demande. À lheure actuelle, nous ne sommes dans aucun de ces trois cas, ce qui fait que les élections territoriales sont prévues au premier trimestre de 2013. Peut-on aller plus vite ? Nous le verrons, si les circonstances lexigent.
* Envisagez-vous de modifier à nouveau le statut de la Polynésie française ?
Comme vous le savez, jai souhaité la réforme statutaire de 2011 pour rétablir la stabilité politique et ainsi redonner du sens, de la cohérence et de la durée à laction politique. Il manquait à la Polynésie, ces dernières années, la visibilité politique nécessaire à lexercice convenable de lautonomie au sein de la République. Lurgence, cétait la stabilité : cest aujourdhui le cas, puisque les dispositions qui rendent plus difficiles un renversement de gouvernement sont entrées en vigueur immédiatement. Ensuite, il faut que le gouvernement qui sera issu des urnes soit vraiment représentatif dune majorité de Polynésiens. Cest la raison pour laquelle nous avons prévu une forte prime pour la liste qui arrivera en tête à lissue du second tour. Aucun système nest parfait, mais celui qui préexistait avant la réforme avait tous les défauts : non seulement, il a apporté une instabilité chronique qui a été préjudiciable aux Polynésiens, mais en plus, il a permis quun parti ayant rassemblé moins dun tiers des suffrages en 2008 contrôle à la fois le Gouvernement et lAssemblée. Il fallait prendre ses responsabilités pour que la volonté exprimée par les électeurs de Polynésie se traduise dans la réalité des institutions locales. Cest ce que jai essayé de faire avec ce statut. Il faut maintenant que nous fassions une pause dans ce domaine, et que nous nous concentrions sur les problèmes, lourds, auxquels les Polynésiens sont confrontés dans leur vie quotidienne.
* Oscar Temaru souhaite réinscrire la Polynésie française sur la liste de lONU des pays à décoloniser. Quen pensez-vous ?
Comme jai eu loccasion de vous le dire le 15 juillet 2011, je ne crois pas que lurgence soit là aujourdhui. Je suis vraiment très préoccupé par la situation en Polynésie française. Je trouve que les responsables du pays font trop de politique, pendant que les Polynésiens ont de plus en plus de mal à trouver un logement, un emploi, des chantiers pour leurs entreprises, un avenir pour leurs enfants. Parfois, ils ont même des difficultés à trouver tout simplement de quoi manger. Ce nest pas lONU qui réglera ces problèmes. Il faut quon arrive à se mettre autour dune table pour discuter de manière apaisée de ces questions. Je lai proposé à deux reprises, le 14 juillet 2011 et le 3 février dernier. Le gouvernement local a préféré la surenchère et les provocations. Je trouve cela dommage, dautant que les atouts de la Polynésie sont immenses, et que les savoir-faire des Polynésiens sont réels.
* Êtes-vous favorable à des Accords de Tahiti Nui, sur le modèle de lAccord de Nouméa, avec, à lissue un referendum dautodétermination ?
Chaque territoire du Pacifique a un destin unique et lhistoire naime pas les copier-coller. Je rappelle que la Polynésie bénéficie déjà, aujourdhui, du plus large degré dautonomie de toute la République.
Encore une fois, je ne pense pas que les Polynésiens ressentent comme une urgence le fait que nous engagions un débat institutionnel alors que la situation sociale est aujourdhui critique. Ils veulent que nous agissions aujourdhui pour que leur vie soit meilleure. Ils veulent que les responsables politiques locaux et nationaux travaillent ensemble pour trouver maintenant des solutions à leurs problèmes quotidiens. Je comprends leur impatience. Quand vous êtes dans les difficultés, le fait que celles-ci soient imputables au territoire ou à lÉtat vous est bien égal. Je dirais même que le fait que les uns et les autres se renvoient la balle au lieu dagir a plutôt tendance à vous exaspérer. Je comprends tout cela, cest pourquoi jai proposé à deux reprises que nous travaillons, avec les Polynésiens, à la définition dun projet de développement économique et social pour les 10 ou 15 prochaines années. Voilà lurgence. Au risque de me répéter, je crois quil nous faut agir ensemble, lÉtat et le Pays, pour trouver des solutions aujourdhui aux multiples questions qui se posent en Polynésie : que fait-on pour lemploi des jeunes ? Comment construire davantage de logements, notamment pour les foyers les plus modestes ? Comment lÉtat peut-il mieux accompagner la Protection sociale généralisée, notamment via le Régime de Solidarité ? Quelle caisse de retraite complémentaire peut-on mettre en place pour les fonctionnaires ? Comment modernise-t-on laéroport de Faaa ? Quels projets pour la reconversion des sites militaires et des atolls de Moruroa et de Hao ? Comment régler le problème du foncier ? Quelles sont les deux ou trois grandes orientations économiques sur lesquelles lÉtat et le Pays mettent, ensemble, le paquet pour relancer lactivité et lemploi ? Voilà les questions auxquelles nous devons apporter des réponses. Je suis prêt à prendre mes responsabilités sur lensemble de ces dossiers. Tout ne peut pas toujours être de la faute des institutions, de la monnaie, du lien avec la France, que sais-je encore Il faut nous mettre au travail. Si je suis réélu, je proposerai une grande loi dorientation pour le développement économique et social de la Polynésie française au Parlement, qui fera la synthèse de nos échanges et qui fixera très clairement les engagements des uns et des autres, au premier rang desquels lÉtat. Pour cela, il faut que nous arrivions à avoir des débats plus apaisés quaujourdhui. Cest désormais une question vitale pour les Polynésiens.
* Le sénateur Tuheiava souhaite que la France cède à la Polynésie le droit dexploiter les fonds sous-marins de sa ZEE, notamment pour les terres rares qui sy trouvent. Quen pensez-vous ?
Je ne suis fermé à rien de ce qui peut permettre de créer davantage de richesses et demplois en Polynésie française. Discutons-en de manière apaisée. Ces gisements pourraient constituer des ressources prometteuses pour la Polynésie, en raison notamment de la forte demande de cette matière première utilisée par lindustrie des nouvelles technologies. En Nouvelle-Calédonie, le territoire bénéficie de lensemble des ressources générées par le nickel. Donc personne nest crispé, il ne faut pas créer de faux débats. Dans le même temps, il faut dire la vérité : ces ressources potentielles sont encourageantes pour lavenir, mais cette promesse ne doit pas servir de paravent pour ne pas trouver de solutions aux problèmes qui se posent aux Polynésiens aujourdhui. Lorsque je propose 3 500 contrats de travail nouveaux pour les jeunes afin de répondre aux urgences sociales du territoire, le président du gouvernement trouve encore le moyen daller à la télévision dire quil les refuse, tout en faisant miroiter la création de dizaines de milliers demplois demain. Avec lui, tout est toujours demain. Les Polynésiens veulent des réponses pour aujourdhui.
* Le nombre de victimes reconnues par loi dindemnisation des victimes des essais nucléaires se compte sur les doigts dune seule main. La modification du décret ne satisfait pas les associations qui estiment quil faut changer la méthodologie. Envisagez-vous une nouvelle adaptation ?
Tout dabord, je souhaite rappeler que, pour la première fois depuis louverture du CEP, la France a osé briser le tabou des conséquences des essais nucléaires sur la santé humaine. La loi du 5 janvier 2010 faisait partie de mes promesses de campagne pour la Polynésie, jai mis un point dhonneur à ce que le Parlement la vote. Cela na pas été facile. Mais je lai fait parce que cétait une question de justice. Comme il était juste de permettre aux historiens davoir accès à lensemble des archives sur Pouvanaa a Opaa. Dailleurs, à la suite de ma déclaration de février, luniversitaire Jean-Marc Regnault a demandé à avoir accès à certaines archives, ce qui lui a été accordé sans la moindre difficulté. Parfois, il faut prendre des décisions sans se demander si elles sont de droite ou de gauche, mais simplement si elles sont justes ou non. Pour en revenir à la question de lindemnisation des victimes des essais nucléaires, jai demandé à ce que les critères retenus dans le premier décret, qui étaient sans doute trop restrictifs, soient assouplis dans le sens demandé par les associations : plus de maladies reconnues et un zonage très largement étendu. Ce décret est actuellement devant le Conseil dÉtat, et sera pris dans quelques jours. Je pense que nous sommes arrivés à un bon équilibre.
* Linspection générale des finances juge les niches fiscales et sociales outre-mer peu efficaces, les parlementaires sont de plus en plus nombreux à penser que des dotations seraient plus efficaces. Que ferez-vous ?
Je nai jamais douté que le dispositif de défiscalisation en faveur des investissements productifs ou du logement constitue un levier de croissance indispensable pour les territoires ultramarins, et donc pour la Polynésie. Ce dispositif, qui a pu présenter des défauts par le passé, a été à la fois réorienté et rendu plus transparent. Aujourdhui, jai bien conscience que les dossiers qui remontent à Paris ont une durée dinstruction parfois très longue et, pourquoi ne pas le dire, que les retombées économiques sur le territoire ne sont pas toujours la priorité des services instructeurs. Je vais donc proposer, si je suis réélu, une mesure simple : que les dossiers de défiscalisation soient instruits par les services de lÉtat local jusquà 3 millions deuros. Concrètement, cela veut dire que nous allons multiplier par deux les marges de manoeuvre laissées aux services locaux, ce qui donnera de lair aux entrepreneurs. La défiscalisation, jy crois vraiment. Dans le contexte budgétaire qui est le nôtre, vouloir remplacer la défiscalisation par un système de subventions directes serait une folie. En outre, il est certain que le secteur privé est mieux armé que ladministration pour impulser un véritable développement économique. Je nai dailleurs pas bien compris ce que propose le candidat socialiste sur ce point, lui qui promet de réduire de 29 milliards deuros les niches fiscales et de plafonner les possibilités de déduction à 10 000 euros par foyer. Faire cela, cest mettre fin à la défiscalisation sans avoir le courage de le dire.
* Êtes-vous favorable à lintroduction de leuro dans les territoires français du Pacifique. Dans le cas contraire, une dévaluation du franc Pacifique est-elle envisageable ?
Sur leuro, pourquoi pas ? Je sais que les Polynésiens y sont favorables, dautres territoires du Pacifique sont plus hésitants, discutons-en. En réalité, le franc pacifique est déjà indexé sur leuro, il ne faut donc pas attendre deffet dentraînement massif de cette décision sur léconomie. En revanche, je ne suis clairement pas favorable à une dévaluation du franc Pacifique, qui aurait des conséquences catastrophiques en Polynésie : ce serait un facteur de renchérissement des prix très important, et cela viendrait écorner durablement la crédibilité de cette monnaie dont la stabilité est très appréciée des opérateurs économiques. Il ne faut pas ajouter une crise monétaire aux autres crises que connaît aujourdhui la Polynésie.
* En Polynésie française, les fonctionnaires dÉtat sont indexés à 75 %. Cette surémunération explique pour une part la cherté de la vie locale. Êtes-vous favorable à une réforme de cette indexation ?
Cette réforme nest pas à lordre du jour.
Source http://www.lafranceforte.fr, le 11 avril 2012