Texte intégral
BRUNO DUVIC Exemplarité, ce mot est répété sans cesse depuis mardi à la formation du gouvernement. En quoi voulez-vous marquer un tournant, comment garantir que cet impératif restera à lordre du jour, pas seulement une semaine ?
JEAN-MARC AYRAULT Dabord cest un engagement qui a été pris pendant la campagne électorale par le président de la République, lexemplarité, et ça commence par ceux qui exercent les plus hautes fonctions. Et donc la première décision, le premier décret que jai proposé au Conseil des ministres, cest la diminution du traitement du président de la République, du Premier ministre, de tous les ministres de 30 %. Et puis aussi la signature par chacun des ministres dune charte de déontologie, donc ils sengagent à se mettre au service de lEtat et des Français exclusivement. Ça veut dire pas de conflit dintérêt, pas dactivité autre, pas de cadeaux de ceci ou de cela
BRUNO DUVIC Pas de séjours privés aux frais des gouvernements étrangers ?
JEAN-MARC AYRAULT Bien sûr et puis pas non plus de cumul entre un mandat exécutif local maire adjoint, président, vice-président et ministre. On se met au service des Français et nous y sommes déjà.
BRUNO DUVIC Maire de grandes agglomérations ou y compris des plus petites communes, pour préciser les choses ?
JEAN-MARC AYRAULT Toutes tailles, toutes tailles, toutes tailles, tout mandat exécutif. Le conflit dintérêt, c'est-à-dire que quand on est au service des Français, de lEtat, on doit être impartial. Alors on peut rester élu local, moi je veux rester conseiller municipal de Nantes, je ne quitte pas Nantes, jhabite à Nantes, enfin jhabite à Matignon parce que mes obligations gouvernementales my contraignent et je le fais bien sûr bien volontiers mais je reste nantais, je reste auprès des Nantais mais je suis dabord au service de la France comme tous les ministres.
BRUNO DUVIC Pour être très clair à propos de cette charte, un ministre qui ne la respecterait pas devrait quitter immédiatement le gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT Il ne sera plus ministre, il ne sera plus ministre.
BRUNO DUVIC Alors
JEAN-MARC AYRAULT Comme un ministre, qui est candidat aux élections législatives et qui ne serait pas élu, ne pourrait pas non plus rester au gouvernement, parce que cest la légitimité démocratique. Moi-même je suis candidat aux élections législatives, et je vais mener la campagne pour que le président dispose dune majorité claire, solide, cohérente pour gouverner.
BRUNO DUVIC Vous parliez de votre cas, quand allez-vous quitter le fauteuil de maire de Nantes ? On a compris que vous resteriez conseiller municipal.
JEAN-MARC AYRAULT Nous avons évoqué cela hier au Conseil des ministres, en fonction des dates des assemblées locales, donc ça sera plutôt courant juin ou fin juin au plus tard. En tout état de cause à la fin du mois de juin, et ça cest une décision qui sera totalement respectée. Il ny aura pas un seul ministre ou une seule ministre qui sera chef dans lexécutif local ou qui sera même adjoint ou président dune société locale ou dun Office dHLM. Il pourra rester sil le souhaite simple conseiller.
BRUNO DUVIC La baisse des salaires de 30 %, cest la mesure quon retient le plus parmi celles qui ont été actées hier. On est daccord quon est dans le symbole, il ne sagit pas déconomie budgétaire massive ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest vrai mais cest lexemplarité, cest tout le monde sait bien quel est le salaire moyen des Français, on est à moins de 1.600 , donc les Français font beaucoup defforts et ceux qui sont au pouvoir, sils doivent demander des efforts à tous ils doivent les demander dans la justice, mais dabord en donnant lexemple. Comment voulez-vous exiger quoi que ce soit des autres si vous ne donnez pas lexemple. Ça vaut pour les grands patrons, je le dis tout de suite.
BRUNO DUVIC Alors on a entendu Martin HIRSCH tout à lheure qui disait : baisse des salaires des ministres, bravo, il faut que les serviteurs de lEtat suivent tous, y compris les patrons des grandes entreprises publiques. Est-ce que vous relayez ce message ?
JEAN-MARC AYRAULT Absolument, absolu ce nest pas que je relaie ce message, cest que cest un engagement que la hiérarchie des salaires dans les entreprises publiques ne pourra pas aller au-delà de 1 à 20. Donc
BRUNO DUVIC Et il disait « il faut le faire vite, pas en un quinquennat ».
JEAN-MARC AYRAULT Cest envisagé pour que ça se fasse vite et cest décidé, ça se fera. Simplement le gouvernement vient de sinstaller, les ministres prennent leurs fonctions, ils nomment leurs directeurs de cabinet, et donc ils se mettent au travail, mais très, très vite. Moi-même jai déjà commencé, mon équipe à Matignon est quasi-constituée, donc on ne peut pas faire plus vite. Mais objectif : efficacité au service des Français, donc voilà une mesure qui est en cours de préparation.
BRUNO DUVIC Cette baisse des salaires, est-ce que cest aussi une façon de dire aux Français : les temps à venir seront durs ? Et est-ce que cest un signal de modération salariale plus générale ?
JEAN-MARC AYRAULT Non, il ne faut pas le prendre comme ça, il faut le prendre sous langle de lexemplarité. Vous savez, les Français ressentent aujourdhui comme une forme de crise de confiance, une crise morale, une crise de confiance dans lavenir du pays lui-même. Et donc pour redresser la France, cest lobjectif, réorienter lEurope, cest aussi la priorité dans le sens de la croissance, de la protection, bien sûr quil y a des choses à changer. Et donc lexemplarité, cest dabord ceux qui exercent les plus hautes responsabilités qui doivent lappliquer, et donc donner lexemple. Par contre en ce qui concerne les salaires, comme les autres sujets : le travail, la formation, lemploi, le contrat de génération puisque la jeunesse est vous le savez la priorité du président de la République, vont donner lieu à des négociations avec les partenaires sociaux, que nous sommes en train de préparer pour la future conférence sociale.
BRUNO DUVIC Alors salaires, cest notamment le coup de pouce au Smic annoncé pour le mois de juillet, vous avez une fourchette haute
JEAN-MARC AYRAULT Non
BRUNO DUVIC Une fourchette basse ?
JEAN-MARC AYRAULT Je ne vous donnerai pas de fourchette parce quil y a une règle qui sapplique, pour ce sujet comme pour les autres, que le président de la République a rappelé au Conseil des ministres, cest la concertation, cest le respect des partenaires. Dabord, je vous rappelle que nous avons vécu pendant 5 ans avec un président qui décidait de tout à lElysée, et en réalité tout se passait mal, lEtat fonctionnait mal, les corps intermédiaires ne jouaient pas leur rôle. Donc démocratie parlementaire, respect du Parlement, respect de la démocratie sociale, respect de la démocratie territoriale, de la démocratie citoyenne et participative, notamment les grandes associations, les ONG. Vous avez la France dispose de tant datouts qui sont les forces de la France, de la société, il faut les mettre en mouvement, il faut les respecter. Donc ça sera la règle, ça sera la méthode : discussion, négociation avec les partenaires sociaux.
BRUNO DUVIC A propos de concertation, est-ce que votre ministre de lEducation ici même à votre place hier matin est allé un peu vite en besogne en annonçant avant toute concertation avec les syndicats le passage à la semaine de 5 jours dans les écoles ?
JEAN-MARC AYRAULT Ecoutez, sur ce sujet je vais être très clair. La priorité, la jeunesse, la réussite des enfants, la réussite éducative, dailleurs il y a une ministre déléguée au
BRUNO DUVIC Pour linstant, vous ne répondez pas à ma question.
JEAN-MARC AYRAULT Je vais répondre, je vais répondre très précisément. Lenfant au coeur de notre système éducatif, la réussite de lenfant, et donc la question des rythmes scolaires a été abordée maintes et maintes fois, jai même participé moi-même à un colloque organisé par le groupe socialiste à lAssemblée nationale. Et on a vu que la question des rythmes scolaires pénalisait les enfants dans leur réussite. Donc la question elle est posée, semaine de 5 jours, pas 5 jours, ça fait partie du débat. Vincent PEILLON a rappelé la proposition, mais la méthode que je vais vous donner
BRUNO DUVIC Ça prenait la forme un peu dune annonce quand même, cétait « on passera à la semaine de 5 jours en 2013 ».
JEAN-MARC AYRAULT Une annonce
BRUNO DUVIC Hier, cétait ça le message.
JEAN-MARC AYRAULT La méthode cest la concertation, donc ce que Vincent PEILLON a annoncé, cest : les rythmes scolaires cest un chantier, cest une priorité, on va sy attaquer. Et puis on va engager la concertation avec les enseignants, avec les parents délèves, avec tous les professionnels, tous ceux qui ont leur mot à dire. Et puis à la fin de cette concertation, il y aura un arbitrage, je le prendrai pour que lobjectif principal soit respecté.
BRUNO DUVIC Donc cest un petit peu moins sûr quhier
JEAN-MARC AYRAULT Non.
BRUNO DUVIC Pour linstant, on attend la concertation ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest le chantier de la réussite éducative et le chantier de rythme scolaire, Vincent PEILLON a eu raison de le rappeler, cest une priorité.
BRUNO DUVIC Le collectif « Jeudi noir » sappuie sur votre volonté dexemplarité pour demander à Delphine BATHO, ministre déléguée à la Justice, de quitter son logement parisien, le prix est 30 % en dessous du marché, la Régie immobilière de Paris lui a demandé dès 2009 de quitter ce logement, selon le collectif « Jeudi noir », doit-elle déménager ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest fait.
BRUNO DUVIC Eh bien ! Voilà une réponse claire.
JEAN-MARC AYRAULT Enfin si cest fait, cest en cours mais cest fait parce que ça doit être fait.
BRUNO DUVIC Autre question concernant une de vos ministres, la règle qui a été fixée cest donc vous lavez rappelé quun ministre candidat aux législatives qui perdrait devra quitter le gouvernement. Najat VALLAUD-BELKACEM, la porte-parole du gouvernement, avait un combat difficile à mener dans la région lyonnaise, elle préfère se retirer. Elle se défile devant le suffrage universel Monsieur le Premier ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT Non mais écoutez franchement, personne nest obligé dêtre candidat aux élections législatives, tout le monde nest pas candidat aux élections législatives. Et elle a pris une a accepté une responsabilité importante, un ministère plein de Droit des femmes et qui plus est porte-parole. Donc nous aurons besoin dun porte-parole
BRUNO DUVIC Mais on se souvient
JEAN-MARC AYRAULT En permanence, en permanence.
BRUNO DUVIC On se souvient dAlain JUPPE qui, en 2007, était un des pivots du gouvernement, il avait perdu aux législatives, au moins il était allé devant le suffrage universel.
JEAN-MARC AYRAULT Mais de mémoire, il y a 25 ministres qui sont candidats aux élections législatives, donc il y aura peut-être des battus. Mais je souhaite
BRUNO DUVIC Stéphane le FOLL par exemple qui aura un...
JEAN-MARC AYRAULT Particulièrement. Jespère quils seront tous élus, et je vais vous dire pourquoi cest nécessaire quils soient tous élus, cest parce que le président de la République a été choisi par une majorité de Français pour quon engage le changement, changement de la manière de présider, la manière de gouverner, changement de politique, plus de justice et puis réorienter lEurope. Nous avons besoin dun pouvoir exécutif qui soit solide, donc moi pour moi lobjectif principal aujourdhui, cest de convaincre les Français que nous avons besoin dune large majorité, solide, cohérente, solidaire pour mettre en oeuvre ce que les Français ont choisi le 6 mai.
BRUNO DUVIC Parmi les dossiers très vite ouverts Monsieur AYRAULT, il y a celui des retraites, retraite à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 41 ans et qui ont commencé à travailler à 18 ans. On parle bien de cotisations, c'est-à-dire quon ne tient pas compte des trimestres de chômage ou de congés maternité ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais là encore cest la même chose, cest la même méthode. Jai demandé hier à Marisol TOURAINE, nouvelle ministre, dès sa prise de fonction dengager la concertation avec les partenaires sociaux avant de rédiger définitivement le projet de décret, parce que là cest une décision qui correspond à un engagement du président de la République
BRUNO DUVIC Voilà, qui était
JEAN-MARC AYRAULT C'est-à-dire que 41
BRUNO DUVIC Qui était très clair sur le fait quon ne tenait pas compte des trimestres de chômage ou congés de maternité ?
JEAN-MARC AYRAULT 41 années de cotisations, vous avez lâge de 60 ans, vous pouvez partir à la retraite. Mais simplement avant de rédiger le décret et les partenaires sociaux le souhaitent et nous aussi il y a une concertation, elle va commencer tout de suite.
BRUNO DUVIC Vous leur dites donc ce matin quil y a une marge de manoeuvre très précisément sur cette question des trimestres
JEAN-MARC AYRAULT Sil y a concertation
BRUNO DUVIC Validés
JEAN-MARC AYRAULT Cest pour pouvoir discuter, sinon ça ne sert à rien.
BRUNO DUVIC Donc marge de manoeuvre ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest ça lesprit du gouvernement et puis après, en fonction des contraintes financières aussi parce quil faut dire la vérité aux Français, on leur doit cette vérité, un arbitrage sera pris, je prendrai une décision, mais la concertation doit être le préalable à ce sujet. Je vous rappelle que jai demandé au premier président de la COUR DES COMPTES un rapport sur lexécution de la loi de finance 2012 et létat de nos finances publiques à ce jour. Et jai demandé que nous puissions disposer de ce rapport extrêmement précis avant le 1er juin pour que nous puissions prendre nos décisions. Toutes décisions qui sont déjà prises ou qui vont être prises, le prochain Conseil des ministres, seront financées, c'est-à-dire une dépense supplémentaire et une économie de lautre côté.
BRUNO DUVIC Et en tout cas sur ce retour très partiel de la retraite à 60 ans, le décret sera signé et publié avant lété ?
JEAN-MARC AYRAULT Ah oui ! On travaille pour ça. [08h45]
BRUNO DUVIC Autour de la table, Philippe LEFEBURE, Jean-François ACHILLI, Thomas LEGRAND, Caroline FOUREST et tous les auditeurs dINTER. Nous allons tout de suite au standard, Pierre-Yves nous appelle du Loir-et-Cher, bonjour.
PIERRE-YVES Oui, merci, bonjour, bonjour Monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT Bonjour.
PIERRE-YVES Ma question est très simple, elle concerne les questions européennes. Laurent FABIUS est ministre des Affaires étrangères, Bernard CAZENEUVE ministre délégué aux chargé des questions européennes, on sait que ce dernier est très proche de Laurent FABIUS. Quel signal envoyons-nous à nos partenaires européens, lorsque lon sait que Laurent FABIUS avait été un chaud partisan du non au projet de Constitution européenne en 2005 ? Cest ma question, jen ai une toute petite seconde à ajouter, je suis universitaire, je le précise, cest Geneviève FIORASO qui est chargée de lEnseignement supérieur et de la Recherche, elle nest pas universitaire, elle était chargée de marketing chez FRANCE TELECOM, je suis un petit peu anxieux.
BRUNO DUVIC Alors le Premier ministre va vous répondre, dabord sur les partisans du non à la tête de la diplomatie.
JEAN-MARC AYRAULT Sur la première question. Vous savez moi, je me souviens de 2005, du référendum et du choix des Français de voter non et nettement non, et dans le non il ny avait pas que des opposants à lEurope. Moi jai fait une campagne pour le oui au sein du Parti socialiste et aussi devant les Français, comme François HOLLANDE, comme Pierre MOSCOVICI, comme la quasi-totalité des membres du gouvernement. Mais dès le soir du résultat de ce référendum, je me souviens très bien, à la télévision javais dit : il faut dépasser le oui et le non pour trouver la réponse aux questions qui sont posées. Et donc aujourdhui nous en sommes où au fond ? Nous en sommes il y a une crise de lEurope, une crise grave, une crise où lEurope na plus de perspectives fortes et entraînantes, au point que beaucoup de citoyens européens voient dans lEurope la cause de nos maux, certains même la cause de nos maux dans leuro lui-même. La crise grecque est là avec sa brutalité, sa violence, avec tous ses risques et ses dangers, donc il y a un devoir impérieux et cest lengagement qua pris le président de la République François HOLLANDE, de réorienter lEurope dans le sens de la croissance, dans le sens de la protection. Donc cest une Europe plus forte
BRUNO DUVIC Et plus efficace.
JEAN-MARC AYRAULT Et plus juste que nous voulons
BRUNO DUVIC Et ces deux ministres qui avaient voté non à la Constitution, cest aussi un symbole, un signe envoyé à nos partenaires européens ?
JEAN-MARC AYRAULT Non, le signe le principal signe cest le président de la République, lautre signe cest le Premier ministre, moi-même, chacun sait que nous sommes des Européens convaincus. Mais je sais aussi que Laurent FABIUS comme Bernard CAZENEUVE que je connais très bien puisque cest un de mes collègues à lAssemblée nationale, en qui jai beaucoup confiance, qui est quelquun de très sérieux et compétent nous voulons obtenir un changement de la politique européenne en matière de croissance. Et cest une priorité et nous allons y parvenir, le premier déplacement du président de la République cest dès sa prise de fonction à Berlin pour discuter avec Madame MERKEL. Mais à Washington, je termine juste pour vous dire
BRUNO DUVIC Allez-y.
JEAN-MARC AYRAULT Que nos partenaires américains avec lesquels nous avons déjà discutés avant les élections, nous disent : mais que fait lEurope pour la croissance ? Donc je pense que cette question, cest la question prioritaire.
BRUNO DUVIC A propos de Washington, question rapide, on va essayer davoir des questions et des réponses rapides parce quil y en a beaucoup. Que va dire à propos de lAfghanistan François HOLLANDE à Barack OBAMA ? Est-ce que ce retrait avant fin 2012 nest absolument pas négociable ou on nest pas à quelques semaines ou quelques mois ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest un engagement qui a été pris et il sera tenu, nos partenaires BRUNO DUVIC Engagement qui pose des problèmes logistiques et qui
JEAN-MARC AYRAULT Bien sûr qui pose des problèmes
BRUNO DUVIC Embête nos alliés, disons-le comme cela.
JEAN-MARC AYRAULT Alors je vous ferai observer que le KARZAI, qui sest entretenu au téléphone avec le président de la République, Françoise HOLLANDE dès sa prise de fonction, a approuvé ce départ et le comprend fort bien. Donc à nous de lorganiser en concertation avec nos alliés, ça sera des discussions non seulement avec le président OBAMA mais avec nos partenaires de lOtan pour que ce départ se fasse conformément aux engagements pris devant les Français dans le bon ordre
BRUNO DUVIC Donc avant 2012
JEAN-MARC AYRAULT La sécurité de nos troupes, parce que je pense que cest un engagement pris devant les Français qui doit être respecté.
BRUNO DUVIC Philippe LEFEBURE, Thomas LEGRAND, le standard ensuite.
PHILIPPE LEFEBURE Vous lavez dit tout à lheure, vous avez commandé un audit auprès de la COUR DES COMPTES, quest-ce que vous en attendez, est-ce que vous pensez quil y a des surprises que vous a laissé le gouvernement sortant, est-ce que vous vous attendez à un déficit plus grand prévu et est-ce que ça va nous conduire directement à un nouveau plan de rigueur ?
JEAN-MARC AYRAULT Non mais écoutez, les objectifs de maîtrise des comptes publics, nous les avons annoncés déjà et ils seront tenus à la fin du quinquennat. Simplement il faut avoir les données précises pour que les Français, dans la transparence, connaissent exactement la réalité. Mais lobjectif, cest dun côté maîtriser nos déficits, faire reculer la dette ; mais de lautre côté cest de créer les conditions du redémarrage de la croissance, à la fois en France et en Europe. Ce nest pas dajouter un plan daustérité à un autre, donc il y aura des choix à faire et notre objectif, cest bien le redémarrage de la croissance. Certains ironisaient sur lintitulé du ministère quoccupe Arnaud MONTEBOURG
BRUNO DUVIC Redressement productif, cest vrai quil y a plus clair.
JEAN-MARC AYRAULT Oui, eh bien oui, le redressement économique de la France, cest un engagement qui a été pris. Ça passe par la relance de notre production, dune politique industrielle ambitieuse, dune politique de formations efficace, une politique de lEnseignement supérieur, de la Recherche et de lInnovation, et je réponds à une question précédente, comme une de nos priorités. Voilà, cest ça que nous allons faire.
THOMAS LEGRAND Vous avez nommé un ministre délégué au Développement, cest un intitulé inédit
JEAN-MARC AYRAULT Cest un
THOMAS LEGRAND Pascal CANFIN, est-ce que ça comprend la coopération, est-ce que cest un signe que vous voulez lutter contre la Françafrique, est-ce quil aura les moyens, est-ce que cest une vraie nouveauté, est-ce quil aura des marges de manoeuvre ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest un changement détat desprit, il est ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères Laurent FABIUS, nous allons donc discuter ensemble y compris de lintitulé. Le mot coopération a un côté désuet et rappelle dautres époques, un peu paternaliste. En tout cas, il sagit de respecter nos partenaires, les pays en développement, notamment dAfrique. La plupart des dirigeants africains, notamment démocratiques, souhaitent de nouveaux rapports. Et donc cest bien le signe qui est donné, celui du développement et je dirai du co-développement.
THOMAS LEGRAND Contre la Françafrique donc ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais la Françafrique pour nous, cest dépassé.
THOMAS LEGRAND Puisque les budgets de laide au développement ont baissé ces dernières années, est-ce quils vont continuer à baisser ?
JEAN-MARC AYRAULT Il ne faut surtout pas quils baissent, simplement nous voulons un vrai partenariat. Donc je dirai au-delà du développement, le co-développement, la codécision, la mise en oeuvre de projets
INTERVENANT Cest un changement de culture alors ?
JEAN-MARC AYRAULT Absolument.
BRUNO DUVIC Dalila au standard de FRANCE INTER, soyez la bienvenue.
DALILA Bonjour, merci de prendre ma question. Bonjour Monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT Bonjour Madame.
DALILA Je vous appelle pour savoir si vous allez tenir la promesse de Monsieur HOLLANDE de supprimer les heures sup défiscalisées ? Je vous explique rapidement pourquoi, jai été en grande maladie, jai repris mon boulot à mi-temps thérapeutique et mes collègues nont pas voulu céder leurs heures sup défiscalisées. Du coup je suis tombée en dépression et jai perdu mon travail.
JEAN-MARC AYRAULT Alors dans la campagne électorale, François HOLLANDE sest expliqué là-dessus. Il y a eu été mis en place un système qui au fond empêche, dans une période surtout de montée du chômage, les embauches, cest plus facile de recruter de donner des heures supplémentaires que dembaucher, ça cest un premier point. Maintenant, nous connaissons la réalité aussi des très petites entreprises, cest pour ça que nous voulions maintenir ce système pour les très petites entreprises où là, lembauche se fait dans dautres conditions. Donc sur lensemble de ces questions, je lai dit tout à lheure, lors du sommet social le premier dossier qui sera à lordre du jour cest celui de lemploi, lemploi et la formation, notamment lemploi des jeunes et puis la question salariale. Donc nous mettons ça en concertation et en négociation.
BRUNO DUVIC Vous parliez des difficultés des petites entreprises, est-ce que dans la concertation autour du Smic, vous allez tenir compte du fait que les marges des entreprises sont très réduites en ce moment ?
JEAN-MARC AYRAULT Il y a des situations très contrastées, des entreprises qui sont en difficulté et bien évidemment, il faut à la fois trouver la réponse en termes defficacité économique et de justice. Tout à lheure vous avez parlé dexemplarité, nous avons parlé deffort, je tiens à rassurer nos auditeurs, la justice sera associée à chaque décision. Et en même temps, notre objectif cest bien le redressement du pays, dont le redressement économique, social et moral.
BRUNO DUVIC Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Une question Jean-Marc AYRAULT concernant la bataille des législatives, tout dabord une précision, que lon comprenne bien, le chef de bataille au PS cest bien vous, ce nest pas Martine AUBRY ?
JEAN-MARC AYRAULT Eh bien ! Le chef de la majorité cest le Premier ministre, donc cest moi
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Par définition.
JEAN-MARC AYRAULT Et Martine AUBRY qui a souhaité en plein accord avec le président de la République et moi-même rester à la tête du Parti socialiste pour mener la bataille des législatives, entraîner les socialistes parce que cest très important le Parti socialiste et nos alliés, le fera avec moi. Dailleurs nous nous voyons ce midi à Matignon, je la reçois à déjeuner et nous allons entrer dans les détails pour faire en sorte que cette campagne soit la plus dynamique possible, la plus rassembleuse possible et avec un seul objectif, cest de donner au président de la République la majorité présidentielle parlementaire la plus large.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Alors question sur le principe, rapide, Marine le PEN a totalisé près de 18 % des voix au premier tour de lélection présidentielle, est-il selon vous souhaitable quil y ait des députés Front National au soir des législatives
JEAN-MARC AYRAULT Ecoutez
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Est-ce quil est souhaitable
JEAN-MARC AYRAULT Ce qui est souhaitable les 10 et 17 juin, cest quil y ait une majorité pour gouverner la France, cest ça la priorité. Alors ensuite, votre question renvoie à autre chose, nous avons prévu et nous allons y travailler pour que lors des prochaines élections législatives, donc à la fin du quinquennat lorsque le Parlement sera renouvelé, nous ayons un système électoral qui permette une part de proportionnelle, pour que tous les courants de pensée soient représentés à lAssemblée nationale. Mais pour lheure, jinsiste vraiment auprès des Français, nous avons besoin parce que sinon lélection présidentielle naura servi à rien dune majorité large, dune majorité stable, dune majorité cohérente et solidaire.
INTERVENANT Vous redoutez que le résultat soit ric-rac ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais nous avons besoin de cette majorité forte parce que la situation du pays lexige. Vous avez abordé plusieurs points, la situation économique, la situation financière, la situation sociale, la situation morale, le poids de la France, comment voulez-vous je le dis aux Français, je le dis quand jentends les arguments de lUMP qui voudrait installer une cohabitation et qui voulait une France forte, une France forte
INTERVENANT Cest légitime quelle veuille remporter les législatives.
JEAN-MARC AYRAULT Non, ce nest pas légitime, cest légitime, ils ont
INTERVENANT Ils ont le droit de vouloir gagner.
JEAN-MARC AYRAULT Bien entendu, bien entendu, mais du point de vue de lintérêt de la France, on ne peut pas à la fois dire « on veut une France forte » et avoir un gouvernement faible. Que pèserait la voix du président de la République en Europe et dans le monde ?
BRUNO DUVIC Vous avez dit que Martine AUBRY restait à la tête du PS pour mener la campagne des législatives
JEAN-MARC AYRAULT A mobiliser le Parti socialiste
BRUNO DUVIC Ça veut dire quaprès... après elle pourrait être ministre alors ?
JEAN-MARC AYRAULT Ecoutez franchement, à chaque jour suffit sa peine. Aujourdhui nous avons un ordre du jour, pour le gouvernement cest de se mettre au travail tout de suite et tous les ministres y sont ; et puis en même temps pour toute la gauche et en particulier le Parti socialiste et pour le Premier ministre, cest de faire que les Français nous fassent confiance pour une majorité parlementaire.
PHILIPPE LEFEBURE La situation en Grèce et la zone euro, comment vous qualifiez aujourdhui la situation, vous avez dit « il faut plus de croissance » mais là, dans limmédiat, on voit bien que lEspagne, la Grèce plombent les marchés, plombent lambiance, pardon de le dire comme ça, et met à mal justement les perspectives de croissance ?
JEAN-MARC AYRAULT Il y a à la fois des causes internes dans chacun de ces pays, il y a les difficultés spécifiques mais il y a le problème général de la zone euro avec une croissance si faible, une spéculation des marchés. Et nous sommes tous daccord pour dire en tout cas point de vue français quon a trop traîné à agir pour aider la Grèce. Ça fait 2 ans quand même que cette situation existe, elle na fait que saggraver, saggraver, saggraver. Et donc
PHILIPPE LEFEBURE Vous pensez quil y aura un plan nécessaire à faire très vite, un nouveau plan de sauvetage de la Grèce ?
JEAN-MARC AYRAULT Les premiers échanges qui ont eu lieu entre la Chancelière MERKEL et le président François HOLLANDE portent justement sur laide spécifique à apporter à la Grèce. La Grèce a besoin de redresser son économie, il existe des fonds structurels non utilisés. Donc il faut, à côté de la nécessité de remettre de lordre dans les comptes, aussi aider ce pays à se redresser. Et donc lobjectif, cest bien que la Grèce reste dans la zone euro. Il faut aider les Grecs
PHILIPPE LEFEBURE La première priorité
JEAN-MARC AYRAULT Il faut leur donner un signe, que si le seul signe qui est donné cest la brutalité du plan daustérité sans quil y ait des perspectives de relance, de croissance, de justice aussi dans ce pays, alors les Grecs risquent de se décourager. Et le résultat aux élections législatives catastrophique. Alors que lintérêt des Grecs comme des Européens, cest que leuro la situation dans la zone euro se redresse.
CAROLINE FOUREST Justement la négociation avec la Chancelière allemande, dont on croit comprendre quun compromis ne se dessinera pas avant les législatives, est-ce que on parle souvent de croissance mais cest un mot qui reste très général, est-ce que vous incluez sous ce mot de croissance et de relance aussi lobjectif des euro-bonds, c'est-à-dire mutualiser les dettes et lévolution du rôle de la Banque centrale européenne ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest toujours notre objectif, et François HOLLANDE a été très clair, il a même dit dailleurs dans la conférence de presse il a évoqué le mot euro-bonds, on na pas vu la Chancelière sursauter. Ce qui est important dans la relation franco-allemande, cest le respect mutuel, ce nest pas quil y en ait un qui soit soumis à lautre parce que nous sommes rentrés dans une situation de déséquilibre, cest évident, mais cest se dire les choses. Ce nest pas parce que vous êtes ami avec lAllemagne moi je connais bien ce pays, je connais bien sa vie politique, je connais sa culture et ses traditions, il faut se parler en toute franchise, donc se dire les choses. Ou nous sommes en accord ou nous sommes en désaccord. Et ça sera fait également avec lensemble des pays européens au dîner informel auquel participera François HOLLANDE le 23 mai prochain. On dira : voilà les positions de la France, où nous en sommes, ce que nous voulons faire, où sont les vôtres ? Et puis on essaiera de converger parce quil faut sortir de la crise, cest un devoir impérieux.
BRUNO DUVIC Et quel calendrier pour une décision européenne qui fasse vraiment progresser le débat ?
JEAN-MARC AYRAULT Vous savez, il faut quand même ça ne peut pas se faire en 24 h 00 ou 48 h 00, il faut faire les choses sérieusement tant parfois les points de vue peuvent être éloignés. Donc
BRUNO DUVIC Cest laffaire de 6 mois, de 1 an, de 2 ans ?
JEAN-MARC AYRAULT Je vous rappelle que nous avons un autre sommet européen à la fin du mois de juin, et donc cest dici là quil faut beaucoup travailler.
BRUNO DUVIC Monsieur le Premier ministre, toute une série dentreprises sont dans une situation délicate en ce printemps 2012 : FRALIB, PETROPLUS, TECHNICOLORE, il y a des menaces de fermeture de sites, il ny a pas forcément de projets de reprise. On arrive au terme de cet entretien, quelle est la consigne donnée au ministre du Redressement productif Arnaud MONTEBOURG, est-ce que lEtat peut toujours jouer les pompiers ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais il faut le faire enfin il y aura beaucoup de règles du jeu à changer et puis beaucoup de moyens et doutils à mettre en place. On na peut-être pas le temps dévoquer la politique industrielle, la Banque publique dinvestissement. Mais il y a aussi une méthode nouvelle à mettre en place, pas attendre que les situations se dégradent, agir de façon préventive quand on sent que dans un secteur industriel ou sur un territoire, la catastrophe peut arriver. Et donc mettre en place avec les pouvoirs locaux, cest pour ça que la nouvelle étape de la décentralisation est nécessaire, les régions, les grandes villes, les intercommunalités, les entreprises, les institutions professionnelles, les salariés pour anticiper, préparer, réorganiser, plutôt que dêtre là toujours avec des crises sociales brutales, où les gens ont le sentiment dêtre abandonnés. Je pense par exemple à cette situation de FRALIB où je suis allé moi-même, François HOLLANDE aussi, on se dit : mais pourquoi est-ce quon na pas géré les choses en amont autrement ? Alors dans lurgence, les préfets et en particulier de régions seront chargés dorganiser toutes ces concertations, nous demandons aussi un audit de chaque situation. Là, on a demandé à la COUR DES COMPTES une évaluation de la situation financière, il faut quon regarde tous les projets de plans sociaux, il faut quon regarde toutes les situations dramatiques, je pense évidemment à Florange. Et ça, cest le travail du ministre de lIndustrie avec le ministre de lEconomie et des Finances, ils sont déjà sur ces dossiers.
Source :Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 24 mai 2012
JEAN-MARC AYRAULT Dabord cest un engagement qui a été pris pendant la campagne électorale par le président de la République, lexemplarité, et ça commence par ceux qui exercent les plus hautes fonctions. Et donc la première décision, le premier décret que jai proposé au Conseil des ministres, cest la diminution du traitement du président de la République, du Premier ministre, de tous les ministres de 30 %. Et puis aussi la signature par chacun des ministres dune charte de déontologie, donc ils sengagent à se mettre au service de lEtat et des Français exclusivement. Ça veut dire pas de conflit dintérêt, pas dactivité autre, pas de cadeaux de ceci ou de cela
BRUNO DUVIC Pas de séjours privés aux frais des gouvernements étrangers ?
JEAN-MARC AYRAULT Bien sûr et puis pas non plus de cumul entre un mandat exécutif local maire adjoint, président, vice-président et ministre. On se met au service des Français et nous y sommes déjà.
BRUNO DUVIC Maire de grandes agglomérations ou y compris des plus petites communes, pour préciser les choses ?
JEAN-MARC AYRAULT Toutes tailles, toutes tailles, toutes tailles, tout mandat exécutif. Le conflit dintérêt, c'est-à-dire que quand on est au service des Français, de lEtat, on doit être impartial. Alors on peut rester élu local, moi je veux rester conseiller municipal de Nantes, je ne quitte pas Nantes, jhabite à Nantes, enfin jhabite à Matignon parce que mes obligations gouvernementales my contraignent et je le fais bien sûr bien volontiers mais je reste nantais, je reste auprès des Nantais mais je suis dabord au service de la France comme tous les ministres.
BRUNO DUVIC Pour être très clair à propos de cette charte, un ministre qui ne la respecterait pas devrait quitter immédiatement le gouvernement ?
JEAN-MARC AYRAULT Il ne sera plus ministre, il ne sera plus ministre.
BRUNO DUVIC Alors
JEAN-MARC AYRAULT Comme un ministre, qui est candidat aux élections législatives et qui ne serait pas élu, ne pourrait pas non plus rester au gouvernement, parce que cest la légitimité démocratique. Moi-même je suis candidat aux élections législatives, et je vais mener la campagne pour que le président dispose dune majorité claire, solide, cohérente pour gouverner.
BRUNO DUVIC Vous parliez de votre cas, quand allez-vous quitter le fauteuil de maire de Nantes ? On a compris que vous resteriez conseiller municipal.
JEAN-MARC AYRAULT Nous avons évoqué cela hier au Conseil des ministres, en fonction des dates des assemblées locales, donc ça sera plutôt courant juin ou fin juin au plus tard. En tout état de cause à la fin du mois de juin, et ça cest une décision qui sera totalement respectée. Il ny aura pas un seul ministre ou une seule ministre qui sera chef dans lexécutif local ou qui sera même adjoint ou président dune société locale ou dun Office dHLM. Il pourra rester sil le souhaite simple conseiller.
BRUNO DUVIC La baisse des salaires de 30 %, cest la mesure quon retient le plus parmi celles qui ont été actées hier. On est daccord quon est dans le symbole, il ne sagit pas déconomie budgétaire massive ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest vrai mais cest lexemplarité, cest tout le monde sait bien quel est le salaire moyen des Français, on est à moins de 1.600 , donc les Français font beaucoup defforts et ceux qui sont au pouvoir, sils doivent demander des efforts à tous ils doivent les demander dans la justice, mais dabord en donnant lexemple. Comment voulez-vous exiger quoi que ce soit des autres si vous ne donnez pas lexemple. Ça vaut pour les grands patrons, je le dis tout de suite.
BRUNO DUVIC Alors on a entendu Martin HIRSCH tout à lheure qui disait : baisse des salaires des ministres, bravo, il faut que les serviteurs de lEtat suivent tous, y compris les patrons des grandes entreprises publiques. Est-ce que vous relayez ce message ?
JEAN-MARC AYRAULT Absolument, absolu ce nest pas que je relaie ce message, cest que cest un engagement que la hiérarchie des salaires dans les entreprises publiques ne pourra pas aller au-delà de 1 à 20. Donc
BRUNO DUVIC Et il disait « il faut le faire vite, pas en un quinquennat ».
JEAN-MARC AYRAULT Cest envisagé pour que ça se fasse vite et cest décidé, ça se fera. Simplement le gouvernement vient de sinstaller, les ministres prennent leurs fonctions, ils nomment leurs directeurs de cabinet, et donc ils se mettent au travail, mais très, très vite. Moi-même jai déjà commencé, mon équipe à Matignon est quasi-constituée, donc on ne peut pas faire plus vite. Mais objectif : efficacité au service des Français, donc voilà une mesure qui est en cours de préparation.
BRUNO DUVIC Cette baisse des salaires, est-ce que cest aussi une façon de dire aux Français : les temps à venir seront durs ? Et est-ce que cest un signal de modération salariale plus générale ?
JEAN-MARC AYRAULT Non, il ne faut pas le prendre comme ça, il faut le prendre sous langle de lexemplarité. Vous savez, les Français ressentent aujourdhui comme une forme de crise de confiance, une crise morale, une crise de confiance dans lavenir du pays lui-même. Et donc pour redresser la France, cest lobjectif, réorienter lEurope, cest aussi la priorité dans le sens de la croissance, de la protection, bien sûr quil y a des choses à changer. Et donc lexemplarité, cest dabord ceux qui exercent les plus hautes responsabilités qui doivent lappliquer, et donc donner lexemple. Par contre en ce qui concerne les salaires, comme les autres sujets : le travail, la formation, lemploi, le contrat de génération puisque la jeunesse est vous le savez la priorité du président de la République, vont donner lieu à des négociations avec les partenaires sociaux, que nous sommes en train de préparer pour la future conférence sociale.
BRUNO DUVIC Alors salaires, cest notamment le coup de pouce au Smic annoncé pour le mois de juillet, vous avez une fourchette haute
JEAN-MARC AYRAULT Non
BRUNO DUVIC Une fourchette basse ?
JEAN-MARC AYRAULT Je ne vous donnerai pas de fourchette parce quil y a une règle qui sapplique, pour ce sujet comme pour les autres, que le président de la République a rappelé au Conseil des ministres, cest la concertation, cest le respect des partenaires. Dabord, je vous rappelle que nous avons vécu pendant 5 ans avec un président qui décidait de tout à lElysée, et en réalité tout se passait mal, lEtat fonctionnait mal, les corps intermédiaires ne jouaient pas leur rôle. Donc démocratie parlementaire, respect du Parlement, respect de la démocratie sociale, respect de la démocratie territoriale, de la démocratie citoyenne et participative, notamment les grandes associations, les ONG. Vous avez la France dispose de tant datouts qui sont les forces de la France, de la société, il faut les mettre en mouvement, il faut les respecter. Donc ça sera la règle, ça sera la méthode : discussion, négociation avec les partenaires sociaux.
BRUNO DUVIC A propos de concertation, est-ce que votre ministre de lEducation ici même à votre place hier matin est allé un peu vite en besogne en annonçant avant toute concertation avec les syndicats le passage à la semaine de 5 jours dans les écoles ?
JEAN-MARC AYRAULT Ecoutez, sur ce sujet je vais être très clair. La priorité, la jeunesse, la réussite des enfants, la réussite éducative, dailleurs il y a une ministre déléguée au
BRUNO DUVIC Pour linstant, vous ne répondez pas à ma question.
JEAN-MARC AYRAULT Je vais répondre, je vais répondre très précisément. Lenfant au coeur de notre système éducatif, la réussite de lenfant, et donc la question des rythmes scolaires a été abordée maintes et maintes fois, jai même participé moi-même à un colloque organisé par le groupe socialiste à lAssemblée nationale. Et on a vu que la question des rythmes scolaires pénalisait les enfants dans leur réussite. Donc la question elle est posée, semaine de 5 jours, pas 5 jours, ça fait partie du débat. Vincent PEILLON a rappelé la proposition, mais la méthode que je vais vous donner
BRUNO DUVIC Ça prenait la forme un peu dune annonce quand même, cétait « on passera à la semaine de 5 jours en 2013 ».
JEAN-MARC AYRAULT Une annonce
BRUNO DUVIC Hier, cétait ça le message.
JEAN-MARC AYRAULT La méthode cest la concertation, donc ce que Vincent PEILLON a annoncé, cest : les rythmes scolaires cest un chantier, cest une priorité, on va sy attaquer. Et puis on va engager la concertation avec les enseignants, avec les parents délèves, avec tous les professionnels, tous ceux qui ont leur mot à dire. Et puis à la fin de cette concertation, il y aura un arbitrage, je le prendrai pour que lobjectif principal soit respecté.
BRUNO DUVIC Donc cest un petit peu moins sûr quhier
JEAN-MARC AYRAULT Non.
BRUNO DUVIC Pour linstant, on attend la concertation ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest le chantier de la réussite éducative et le chantier de rythme scolaire, Vincent PEILLON a eu raison de le rappeler, cest une priorité.
BRUNO DUVIC Le collectif « Jeudi noir » sappuie sur votre volonté dexemplarité pour demander à Delphine BATHO, ministre déléguée à la Justice, de quitter son logement parisien, le prix est 30 % en dessous du marché, la Régie immobilière de Paris lui a demandé dès 2009 de quitter ce logement, selon le collectif « Jeudi noir », doit-elle déménager ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest fait.
BRUNO DUVIC Eh bien ! Voilà une réponse claire.
JEAN-MARC AYRAULT Enfin si cest fait, cest en cours mais cest fait parce que ça doit être fait.
BRUNO DUVIC Autre question concernant une de vos ministres, la règle qui a été fixée cest donc vous lavez rappelé quun ministre candidat aux législatives qui perdrait devra quitter le gouvernement. Najat VALLAUD-BELKACEM, la porte-parole du gouvernement, avait un combat difficile à mener dans la région lyonnaise, elle préfère se retirer. Elle se défile devant le suffrage universel Monsieur le Premier ministre ?
JEAN-MARC AYRAULT Non mais écoutez franchement, personne nest obligé dêtre candidat aux élections législatives, tout le monde nest pas candidat aux élections législatives. Et elle a pris une a accepté une responsabilité importante, un ministère plein de Droit des femmes et qui plus est porte-parole. Donc nous aurons besoin dun porte-parole
BRUNO DUVIC Mais on se souvient
JEAN-MARC AYRAULT En permanence, en permanence.
BRUNO DUVIC On se souvient dAlain JUPPE qui, en 2007, était un des pivots du gouvernement, il avait perdu aux législatives, au moins il était allé devant le suffrage universel.
JEAN-MARC AYRAULT Mais de mémoire, il y a 25 ministres qui sont candidats aux élections législatives, donc il y aura peut-être des battus. Mais je souhaite
BRUNO DUVIC Stéphane le FOLL par exemple qui aura un...
JEAN-MARC AYRAULT Particulièrement. Jespère quils seront tous élus, et je vais vous dire pourquoi cest nécessaire quils soient tous élus, cest parce que le président de la République a été choisi par une majorité de Français pour quon engage le changement, changement de la manière de présider, la manière de gouverner, changement de politique, plus de justice et puis réorienter lEurope. Nous avons besoin dun pouvoir exécutif qui soit solide, donc moi pour moi lobjectif principal aujourdhui, cest de convaincre les Français que nous avons besoin dune large majorité, solide, cohérente, solidaire pour mettre en oeuvre ce que les Français ont choisi le 6 mai.
BRUNO DUVIC Parmi les dossiers très vite ouverts Monsieur AYRAULT, il y a celui des retraites, retraite à 60 ans pour ceux qui ont cotisé 41 ans et qui ont commencé à travailler à 18 ans. On parle bien de cotisations, c'est-à-dire quon ne tient pas compte des trimestres de chômage ou de congés maternité ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais là encore cest la même chose, cest la même méthode. Jai demandé hier à Marisol TOURAINE, nouvelle ministre, dès sa prise de fonction dengager la concertation avec les partenaires sociaux avant de rédiger définitivement le projet de décret, parce que là cest une décision qui correspond à un engagement du président de la République
BRUNO DUVIC Voilà, qui était
JEAN-MARC AYRAULT C'est-à-dire que 41
BRUNO DUVIC Qui était très clair sur le fait quon ne tenait pas compte des trimestres de chômage ou congés de maternité ?
JEAN-MARC AYRAULT 41 années de cotisations, vous avez lâge de 60 ans, vous pouvez partir à la retraite. Mais simplement avant de rédiger le décret et les partenaires sociaux le souhaitent et nous aussi il y a une concertation, elle va commencer tout de suite.
BRUNO DUVIC Vous leur dites donc ce matin quil y a une marge de manoeuvre très précisément sur cette question des trimestres
JEAN-MARC AYRAULT Sil y a concertation
BRUNO DUVIC Validés
JEAN-MARC AYRAULT Cest pour pouvoir discuter, sinon ça ne sert à rien.
BRUNO DUVIC Donc marge de manoeuvre ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest ça lesprit du gouvernement et puis après, en fonction des contraintes financières aussi parce quil faut dire la vérité aux Français, on leur doit cette vérité, un arbitrage sera pris, je prendrai une décision, mais la concertation doit être le préalable à ce sujet. Je vous rappelle que jai demandé au premier président de la COUR DES COMPTES un rapport sur lexécution de la loi de finance 2012 et létat de nos finances publiques à ce jour. Et jai demandé que nous puissions disposer de ce rapport extrêmement précis avant le 1er juin pour que nous puissions prendre nos décisions. Toutes décisions qui sont déjà prises ou qui vont être prises, le prochain Conseil des ministres, seront financées, c'est-à-dire une dépense supplémentaire et une économie de lautre côté.
BRUNO DUVIC Et en tout cas sur ce retour très partiel de la retraite à 60 ans, le décret sera signé et publié avant lété ?
JEAN-MARC AYRAULT Ah oui ! On travaille pour ça. [08h45]
BRUNO DUVIC Autour de la table, Philippe LEFEBURE, Jean-François ACHILLI, Thomas LEGRAND, Caroline FOUREST et tous les auditeurs dINTER. Nous allons tout de suite au standard, Pierre-Yves nous appelle du Loir-et-Cher, bonjour.
PIERRE-YVES Oui, merci, bonjour, bonjour Monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT Bonjour.
PIERRE-YVES Ma question est très simple, elle concerne les questions européennes. Laurent FABIUS est ministre des Affaires étrangères, Bernard CAZENEUVE ministre délégué aux chargé des questions européennes, on sait que ce dernier est très proche de Laurent FABIUS. Quel signal envoyons-nous à nos partenaires européens, lorsque lon sait que Laurent FABIUS avait été un chaud partisan du non au projet de Constitution européenne en 2005 ? Cest ma question, jen ai une toute petite seconde à ajouter, je suis universitaire, je le précise, cest Geneviève FIORASO qui est chargée de lEnseignement supérieur et de la Recherche, elle nest pas universitaire, elle était chargée de marketing chez FRANCE TELECOM, je suis un petit peu anxieux.
BRUNO DUVIC Alors le Premier ministre va vous répondre, dabord sur les partisans du non à la tête de la diplomatie.
JEAN-MARC AYRAULT Sur la première question. Vous savez moi, je me souviens de 2005, du référendum et du choix des Français de voter non et nettement non, et dans le non il ny avait pas que des opposants à lEurope. Moi jai fait une campagne pour le oui au sein du Parti socialiste et aussi devant les Français, comme François HOLLANDE, comme Pierre MOSCOVICI, comme la quasi-totalité des membres du gouvernement. Mais dès le soir du résultat de ce référendum, je me souviens très bien, à la télévision javais dit : il faut dépasser le oui et le non pour trouver la réponse aux questions qui sont posées. Et donc aujourdhui nous en sommes où au fond ? Nous en sommes il y a une crise de lEurope, une crise grave, une crise où lEurope na plus de perspectives fortes et entraînantes, au point que beaucoup de citoyens européens voient dans lEurope la cause de nos maux, certains même la cause de nos maux dans leuro lui-même. La crise grecque est là avec sa brutalité, sa violence, avec tous ses risques et ses dangers, donc il y a un devoir impérieux et cest lengagement qua pris le président de la République François HOLLANDE, de réorienter lEurope dans le sens de la croissance, dans le sens de la protection. Donc cest une Europe plus forte
BRUNO DUVIC Et plus efficace.
JEAN-MARC AYRAULT Et plus juste que nous voulons
BRUNO DUVIC Et ces deux ministres qui avaient voté non à la Constitution, cest aussi un symbole, un signe envoyé à nos partenaires européens ?
JEAN-MARC AYRAULT Non, le signe le principal signe cest le président de la République, lautre signe cest le Premier ministre, moi-même, chacun sait que nous sommes des Européens convaincus. Mais je sais aussi que Laurent FABIUS comme Bernard CAZENEUVE que je connais très bien puisque cest un de mes collègues à lAssemblée nationale, en qui jai beaucoup confiance, qui est quelquun de très sérieux et compétent nous voulons obtenir un changement de la politique européenne en matière de croissance. Et cest une priorité et nous allons y parvenir, le premier déplacement du président de la République cest dès sa prise de fonction à Berlin pour discuter avec Madame MERKEL. Mais à Washington, je termine juste pour vous dire
BRUNO DUVIC Allez-y.
JEAN-MARC AYRAULT Que nos partenaires américains avec lesquels nous avons déjà discutés avant les élections, nous disent : mais que fait lEurope pour la croissance ? Donc je pense que cette question, cest la question prioritaire.
BRUNO DUVIC A propos de Washington, question rapide, on va essayer davoir des questions et des réponses rapides parce quil y en a beaucoup. Que va dire à propos de lAfghanistan François HOLLANDE à Barack OBAMA ? Est-ce que ce retrait avant fin 2012 nest absolument pas négociable ou on nest pas à quelques semaines ou quelques mois ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest un engagement qui a été pris et il sera tenu, nos partenaires BRUNO DUVIC Engagement qui pose des problèmes logistiques et qui
JEAN-MARC AYRAULT Bien sûr qui pose des problèmes
BRUNO DUVIC Embête nos alliés, disons-le comme cela.
JEAN-MARC AYRAULT Alors je vous ferai observer que le KARZAI, qui sest entretenu au téléphone avec le président de la République, Françoise HOLLANDE dès sa prise de fonction, a approuvé ce départ et le comprend fort bien. Donc à nous de lorganiser en concertation avec nos alliés, ça sera des discussions non seulement avec le président OBAMA mais avec nos partenaires de lOtan pour que ce départ se fasse conformément aux engagements pris devant les Français dans le bon ordre
BRUNO DUVIC Donc avant 2012
JEAN-MARC AYRAULT La sécurité de nos troupes, parce que je pense que cest un engagement pris devant les Français qui doit être respecté.
BRUNO DUVIC Philippe LEFEBURE, Thomas LEGRAND, le standard ensuite.
PHILIPPE LEFEBURE Vous lavez dit tout à lheure, vous avez commandé un audit auprès de la COUR DES COMPTES, quest-ce que vous en attendez, est-ce que vous pensez quil y a des surprises que vous a laissé le gouvernement sortant, est-ce que vous vous attendez à un déficit plus grand prévu et est-ce que ça va nous conduire directement à un nouveau plan de rigueur ?
JEAN-MARC AYRAULT Non mais écoutez, les objectifs de maîtrise des comptes publics, nous les avons annoncés déjà et ils seront tenus à la fin du quinquennat. Simplement il faut avoir les données précises pour que les Français, dans la transparence, connaissent exactement la réalité. Mais lobjectif, cest dun côté maîtriser nos déficits, faire reculer la dette ; mais de lautre côté cest de créer les conditions du redémarrage de la croissance, à la fois en France et en Europe. Ce nest pas dajouter un plan daustérité à un autre, donc il y aura des choix à faire et notre objectif, cest bien le redémarrage de la croissance. Certains ironisaient sur lintitulé du ministère quoccupe Arnaud MONTEBOURG
BRUNO DUVIC Redressement productif, cest vrai quil y a plus clair.
JEAN-MARC AYRAULT Oui, eh bien oui, le redressement économique de la France, cest un engagement qui a été pris. Ça passe par la relance de notre production, dune politique industrielle ambitieuse, dune politique de formations efficace, une politique de lEnseignement supérieur, de la Recherche et de lInnovation, et je réponds à une question précédente, comme une de nos priorités. Voilà, cest ça que nous allons faire.
THOMAS LEGRAND Vous avez nommé un ministre délégué au Développement, cest un intitulé inédit
JEAN-MARC AYRAULT Cest un
THOMAS LEGRAND Pascal CANFIN, est-ce que ça comprend la coopération, est-ce que cest un signe que vous voulez lutter contre la Françafrique, est-ce quil aura les moyens, est-ce que cest une vraie nouveauté, est-ce quil aura des marges de manoeuvre ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest un changement détat desprit, il est ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères Laurent FABIUS, nous allons donc discuter ensemble y compris de lintitulé. Le mot coopération a un côté désuet et rappelle dautres époques, un peu paternaliste. En tout cas, il sagit de respecter nos partenaires, les pays en développement, notamment dAfrique. La plupart des dirigeants africains, notamment démocratiques, souhaitent de nouveaux rapports. Et donc cest bien le signe qui est donné, celui du développement et je dirai du co-développement.
THOMAS LEGRAND Contre la Françafrique donc ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais la Françafrique pour nous, cest dépassé.
THOMAS LEGRAND Puisque les budgets de laide au développement ont baissé ces dernières années, est-ce quils vont continuer à baisser ?
JEAN-MARC AYRAULT Il ne faut surtout pas quils baissent, simplement nous voulons un vrai partenariat. Donc je dirai au-delà du développement, le co-développement, la codécision, la mise en oeuvre de projets
INTERVENANT Cest un changement de culture alors ?
JEAN-MARC AYRAULT Absolument.
BRUNO DUVIC Dalila au standard de FRANCE INTER, soyez la bienvenue.
DALILA Bonjour, merci de prendre ma question. Bonjour Monsieur le Premier ministre.
JEAN-MARC AYRAULT Bonjour Madame.
DALILA Je vous appelle pour savoir si vous allez tenir la promesse de Monsieur HOLLANDE de supprimer les heures sup défiscalisées ? Je vous explique rapidement pourquoi, jai été en grande maladie, jai repris mon boulot à mi-temps thérapeutique et mes collègues nont pas voulu céder leurs heures sup défiscalisées. Du coup je suis tombée en dépression et jai perdu mon travail.
JEAN-MARC AYRAULT Alors dans la campagne électorale, François HOLLANDE sest expliqué là-dessus. Il y a eu été mis en place un système qui au fond empêche, dans une période surtout de montée du chômage, les embauches, cest plus facile de recruter de donner des heures supplémentaires que dembaucher, ça cest un premier point. Maintenant, nous connaissons la réalité aussi des très petites entreprises, cest pour ça que nous voulions maintenir ce système pour les très petites entreprises où là, lembauche se fait dans dautres conditions. Donc sur lensemble de ces questions, je lai dit tout à lheure, lors du sommet social le premier dossier qui sera à lordre du jour cest celui de lemploi, lemploi et la formation, notamment lemploi des jeunes et puis la question salariale. Donc nous mettons ça en concertation et en négociation.
BRUNO DUVIC Vous parliez des difficultés des petites entreprises, est-ce que dans la concertation autour du Smic, vous allez tenir compte du fait que les marges des entreprises sont très réduites en ce moment ?
JEAN-MARC AYRAULT Il y a des situations très contrastées, des entreprises qui sont en difficulté et bien évidemment, il faut à la fois trouver la réponse en termes defficacité économique et de justice. Tout à lheure vous avez parlé dexemplarité, nous avons parlé deffort, je tiens à rassurer nos auditeurs, la justice sera associée à chaque décision. Et en même temps, notre objectif cest bien le redressement du pays, dont le redressement économique, social et moral.
BRUNO DUVIC Jean-François ACHILLI.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Une question Jean-Marc AYRAULT concernant la bataille des législatives, tout dabord une précision, que lon comprenne bien, le chef de bataille au PS cest bien vous, ce nest pas Martine AUBRY ?
JEAN-MARC AYRAULT Eh bien ! Le chef de la majorité cest le Premier ministre, donc cest moi
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Par définition.
JEAN-MARC AYRAULT Et Martine AUBRY qui a souhaité en plein accord avec le président de la République et moi-même rester à la tête du Parti socialiste pour mener la bataille des législatives, entraîner les socialistes parce que cest très important le Parti socialiste et nos alliés, le fera avec moi. Dailleurs nous nous voyons ce midi à Matignon, je la reçois à déjeuner et nous allons entrer dans les détails pour faire en sorte que cette campagne soit la plus dynamique possible, la plus rassembleuse possible et avec un seul objectif, cest de donner au président de la République la majorité présidentielle parlementaire la plus large.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Alors question sur le principe, rapide, Marine le PEN a totalisé près de 18 % des voix au premier tour de lélection présidentielle, est-il selon vous souhaitable quil y ait des députés Front National au soir des législatives
JEAN-MARC AYRAULT Ecoutez
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI Est-ce quil est souhaitable
JEAN-MARC AYRAULT Ce qui est souhaitable les 10 et 17 juin, cest quil y ait une majorité pour gouverner la France, cest ça la priorité. Alors ensuite, votre question renvoie à autre chose, nous avons prévu et nous allons y travailler pour que lors des prochaines élections législatives, donc à la fin du quinquennat lorsque le Parlement sera renouvelé, nous ayons un système électoral qui permette une part de proportionnelle, pour que tous les courants de pensée soient représentés à lAssemblée nationale. Mais pour lheure, jinsiste vraiment auprès des Français, nous avons besoin parce que sinon lélection présidentielle naura servi à rien dune majorité large, dune majorité stable, dune majorité cohérente et solidaire.
INTERVENANT Vous redoutez que le résultat soit ric-rac ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais nous avons besoin de cette majorité forte parce que la situation du pays lexige. Vous avez abordé plusieurs points, la situation économique, la situation financière, la situation sociale, la situation morale, le poids de la France, comment voulez-vous je le dis aux Français, je le dis quand jentends les arguments de lUMP qui voudrait installer une cohabitation et qui voulait une France forte, une France forte
INTERVENANT Cest légitime quelle veuille remporter les législatives.
JEAN-MARC AYRAULT Non, ce nest pas légitime, cest légitime, ils ont
INTERVENANT Ils ont le droit de vouloir gagner.
JEAN-MARC AYRAULT Bien entendu, bien entendu, mais du point de vue de lintérêt de la France, on ne peut pas à la fois dire « on veut une France forte » et avoir un gouvernement faible. Que pèserait la voix du président de la République en Europe et dans le monde ?
BRUNO DUVIC Vous avez dit que Martine AUBRY restait à la tête du PS pour mener la campagne des législatives
JEAN-MARC AYRAULT A mobiliser le Parti socialiste
BRUNO DUVIC Ça veut dire quaprès... après elle pourrait être ministre alors ?
JEAN-MARC AYRAULT Ecoutez franchement, à chaque jour suffit sa peine. Aujourdhui nous avons un ordre du jour, pour le gouvernement cest de se mettre au travail tout de suite et tous les ministres y sont ; et puis en même temps pour toute la gauche et en particulier le Parti socialiste et pour le Premier ministre, cest de faire que les Français nous fassent confiance pour une majorité parlementaire.
PHILIPPE LEFEBURE La situation en Grèce et la zone euro, comment vous qualifiez aujourdhui la situation, vous avez dit « il faut plus de croissance » mais là, dans limmédiat, on voit bien que lEspagne, la Grèce plombent les marchés, plombent lambiance, pardon de le dire comme ça, et met à mal justement les perspectives de croissance ?
JEAN-MARC AYRAULT Il y a à la fois des causes internes dans chacun de ces pays, il y a les difficultés spécifiques mais il y a le problème général de la zone euro avec une croissance si faible, une spéculation des marchés. Et nous sommes tous daccord pour dire en tout cas point de vue français quon a trop traîné à agir pour aider la Grèce. Ça fait 2 ans quand même que cette situation existe, elle na fait que saggraver, saggraver, saggraver. Et donc
PHILIPPE LEFEBURE Vous pensez quil y aura un plan nécessaire à faire très vite, un nouveau plan de sauvetage de la Grèce ?
JEAN-MARC AYRAULT Les premiers échanges qui ont eu lieu entre la Chancelière MERKEL et le président François HOLLANDE portent justement sur laide spécifique à apporter à la Grèce. La Grèce a besoin de redresser son économie, il existe des fonds structurels non utilisés. Donc il faut, à côté de la nécessité de remettre de lordre dans les comptes, aussi aider ce pays à se redresser. Et donc lobjectif, cest bien que la Grèce reste dans la zone euro. Il faut aider les Grecs
PHILIPPE LEFEBURE La première priorité
JEAN-MARC AYRAULT Il faut leur donner un signe, que si le seul signe qui est donné cest la brutalité du plan daustérité sans quil y ait des perspectives de relance, de croissance, de justice aussi dans ce pays, alors les Grecs risquent de se décourager. Et le résultat aux élections législatives catastrophique. Alors que lintérêt des Grecs comme des Européens, cest que leuro la situation dans la zone euro se redresse.
CAROLINE FOUREST Justement la négociation avec la Chancelière allemande, dont on croit comprendre quun compromis ne se dessinera pas avant les législatives, est-ce que on parle souvent de croissance mais cest un mot qui reste très général, est-ce que vous incluez sous ce mot de croissance et de relance aussi lobjectif des euro-bonds, c'est-à-dire mutualiser les dettes et lévolution du rôle de la Banque centrale européenne ?
JEAN-MARC AYRAULT Cest toujours notre objectif, et François HOLLANDE a été très clair, il a même dit dailleurs dans la conférence de presse il a évoqué le mot euro-bonds, on na pas vu la Chancelière sursauter. Ce qui est important dans la relation franco-allemande, cest le respect mutuel, ce nest pas quil y en ait un qui soit soumis à lautre parce que nous sommes rentrés dans une situation de déséquilibre, cest évident, mais cest se dire les choses. Ce nest pas parce que vous êtes ami avec lAllemagne moi je connais bien ce pays, je connais bien sa vie politique, je connais sa culture et ses traditions, il faut se parler en toute franchise, donc se dire les choses. Ou nous sommes en accord ou nous sommes en désaccord. Et ça sera fait également avec lensemble des pays européens au dîner informel auquel participera François HOLLANDE le 23 mai prochain. On dira : voilà les positions de la France, où nous en sommes, ce que nous voulons faire, où sont les vôtres ? Et puis on essaiera de converger parce quil faut sortir de la crise, cest un devoir impérieux.
BRUNO DUVIC Et quel calendrier pour une décision européenne qui fasse vraiment progresser le débat ?
JEAN-MARC AYRAULT Vous savez, il faut quand même ça ne peut pas se faire en 24 h 00 ou 48 h 00, il faut faire les choses sérieusement tant parfois les points de vue peuvent être éloignés. Donc
BRUNO DUVIC Cest laffaire de 6 mois, de 1 an, de 2 ans ?
JEAN-MARC AYRAULT Je vous rappelle que nous avons un autre sommet européen à la fin du mois de juin, et donc cest dici là quil faut beaucoup travailler.
BRUNO DUVIC Monsieur le Premier ministre, toute une série dentreprises sont dans une situation délicate en ce printemps 2012 : FRALIB, PETROPLUS, TECHNICOLORE, il y a des menaces de fermeture de sites, il ny a pas forcément de projets de reprise. On arrive au terme de cet entretien, quelle est la consigne donnée au ministre du Redressement productif Arnaud MONTEBOURG, est-ce que lEtat peut toujours jouer les pompiers ?
JEAN-MARC AYRAULT Mais il faut le faire enfin il y aura beaucoup de règles du jeu à changer et puis beaucoup de moyens et doutils à mettre en place. On na peut-être pas le temps dévoquer la politique industrielle, la Banque publique dinvestissement. Mais il y a aussi une méthode nouvelle à mettre en place, pas attendre que les situations se dégradent, agir de façon préventive quand on sent que dans un secteur industriel ou sur un territoire, la catastrophe peut arriver. Et donc mettre en place avec les pouvoirs locaux, cest pour ça que la nouvelle étape de la décentralisation est nécessaire, les régions, les grandes villes, les intercommunalités, les entreprises, les institutions professionnelles, les salariés pour anticiper, préparer, réorganiser, plutôt que dêtre là toujours avec des crises sociales brutales, où les gens ont le sentiment dêtre abandonnés. Je pense par exemple à cette situation de FRALIB où je suis allé moi-même, François HOLLANDE aussi, on se dit : mais pourquoi est-ce quon na pas géré les choses en amont autrement ? Alors dans lurgence, les préfets et en particulier de régions seront chargés dorganiser toutes ces concertations, nous demandons aussi un audit de chaque situation. Là, on a demandé à la COUR DES COMPTES une évaluation de la situation financière, il faut quon regarde tous les projets de plans sociaux, il faut quon regarde toutes les situations dramatiques, je pense évidemment à Florange. Et ça, cest le travail du ministre de lIndustrie avec le ministre de lEconomie et des Finances, ils sont déjà sur ces dossiers.
Source :Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 24 mai 2012