Texte intégral
Monsieur le Président de la CCI France,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier de votre invitation et de vous dire le plaisir qui est le mien de clore votre université dété.
Les échanges ont été, je crois, très riches et je suis heureuse quils se soient déroulés autour dun thème qui mest particulièrement cher, celui de la jeunesse.
Loin des clichés, vous avez su trouver le ton juste pour parler des jeunes, de leurs espoirs, de leurs aspirations mais aussi de tout ce quils doivent apprendre pour trouver leur vraie place dans la société. Vous avez su leur donner la parole et valoriser leurs interventions.
Il sagit là dun sujet essentiel car on entend encore trop souvent des discours sur la jeunesse qui ne sont pas réalistes et qui ne montrent pas suffisamment à quel point elle sintéresse aussi au travail, à la réussite, au développement de notre économie. Que notre jeunesse sinquiète, autant que nous tous, et voire même davantage, pour lavenir de notre pays.
Or il nest jamais bon quun entrepreneur ou un employeur en arrive à ne plus comprendre les aspirations de ses plus jeunes recrues.
Vous avez raison de dire quil faut comprendre et innover sans cesse.
Notre mission sera toujours de faire en sorte que ne se crée pas dans notre société un fossé ou un mur dincompréhension entre les générations. Cest lobjectif de lengagement du Président de la République, pendant sa campagne et au cours de son mandat : redonner toute sa place à notre jeunesse, et lui permettre de retrouver la confiance nécessaire dans nos institutions, dans notre économie, et dans nos entreprises.
Cest une des batailles que vous menez depuis longtemps et je tenais à venir ici vous dire que cest donc aussi une priorité du Gouvernement. Cest également en ce qui me concerne une priorité qui me touche tout particulièrement.
Vous me direz quétant une des plus jeunes ministres du gouvernement, je suis autorisée à avoir sur la jeunesse des vues pas encore trop éloignées !
Je connais bien la situation parfois ambiguë de beaucoup de jeunes : lenvie de réussir et en même temps la peur déchouer sans pouvoir se raccrocher à une position sociale ou économique qui, à cet âge, nest jamais acquise.
Le sentiment davoir des forces et des idées et en même temps limpression, parfois décourageante, de ne pas avoir loccasion de les mettre en oeuvre. Je sais tout ce quune vie doit à la volonté, au travail mais aussi au hasard des rencontres et des choix que lon fait très jeune à un âge où on nen mesure pas encore toutes les conséquences.
Cest ce message que je veux délivrer à la jeunesse daujourdhui, à toutes celles et ceux qui ont participé aux débats de ces journées et qui sont là dans la salle : le monde est ouvert, à vous dy entrer, de prendre des risques souvent, et aussi quelques coups parfois.
Mais cest à chaque fois loccasion dapprendre, sachant quaucun échec nest irréversible, aucun échec ni définitif.
La chance de la jeunesse, cest notamment davoir des idées, la volonté daller de lavant, de continuer à apprendre tout le temps. Car, on apprend de ses échecs souvent plus que de ses réussites. Et cela fait partie de la responsabilité dune société dencourager les jeunes qui prennent des risques, daider ceux qui chutent à se relever pour quils repartent plus forts, sans stigmatisation, bref de permettre à ceux qui veulent se lancer dans laventure avec un vrai projet daller au bout de cette envie. Il en va de lavenir économique de notre pays.
On la bien vu dans les débats de ces deux journées.
Les incompréhensions entre les jeunes salariés et leurs aînés ont été pointées lors de la table-ronde intitulée « le travail mais quel travail ? » Celles-ci sont exacerbées par le contexte économique difficile que nous traversons : les jeunes accèdent de plus en plus tardivement et difficilement à un emploi stable, lâge moyen du premier CDI recule et il se situe désormais autour de 30 ans. Quand ils y parviennent, nombre de jeunes ont déjà un long parcours de petits emplois précaires, voire de chômage et ont parfois dû faire des concessions importantes par rapport à ce quils espéraient, tant sur le plan professionnel que personnel.
Cest la raison pour laquelle le Président de la République a voulu mettre en place le contrat de génération. Les générations ne doivent pas sopposer. Le monde du travail doit permettre aux jeunes dapprendre de leurs aînés.
Il faut cesser de penser quune génération est au chômage à cause de la présence dune autre. Il ne faut pas stigmatiser. Cest notre modèle économique qui doit évoluer, créer davantage demplois, lever certaines barrières et être plus vertueux.
De la même manière je veux faciliter la transmission dentreprises. Il nest pas normal quaprès tant de réformes successives, il soit encore si compliqué de transmettre ou de reprendre une entreprise, alors même quil sagit là dun enjeu majeur pour la croissance de nos PME et de nos territoires dans la durée.
Cest également la raison pour laquelle nous devons tout faire pour accompagner les créateurs dentreprises, les aider dans leurs démarches, les aider pour la constitution de dossiers, parfois complexes. Je sais que certaines CCI ont mis en place des initiatives de coaching, comme par exemple la CCI de Paris. Je ne peux quencourager toutes les CCI à développer ces accompagnements nécessaires de nos jeunes entrepreneurs. Les services de lEtat ont également pour mission de rendre un service public plus efficace dans cet objectif.
Mais, me direz-vous, encore faut-il que les jeunes aient envie de se lancer dans lentrepreneuriat. Cétait la question posée par un autre atelier intitulé « Entreprendre, mais autrement ».
Les études montrent que les jeunes sont attirés par les grandes entreprises ou la fonction publique mais ne viennent pas assez souvent vers les PME qui offrent pourtant les 2/3 des emplois. Les PME subissent régulièrement la concurrence des grandes entreprises pour recruter des jeunes diplômés issus des écoles de commerce, dingénieur, ou de luniversité.
Cest donc souvent à lentreprise quil appartient de motiver les jeunes, de les rassurer et de leur expliquer ce quils trouveront dans les PME. Même si elles ne sont pas toujours organisées et armées pour cela.
Doù le rôle essentiel des CCI dans la constitution du réseau et dans des actions de valorisation et de communication. Je pense par exemple à laction, très emblématique, de laccompagnement pour la création dentreprise. Tout votre réseau promeut lentrepreneuriat auprès des jeunes, avec des initiatives variées, parfois anciennes, privilégiant la mise en situation et le témoignage de créateurs au parler vrai et réaliste. Cela me semble particulièrement porteur auprès des plus jeunes comme auprès des étudiants.
Pour les étudiants, ces accompagnements sont essentiels car ils leur permettent de faire arriver leur projet à maturité grâce aux parcours sous formes de modules à valider, de projet à faire aboutir devant un jury ou dincubation de projets réels. La formation permet ainsi daider les entrepreneurs de demain à passer à lacte.
Au-delà, de ce travail qui sème des graines pour diversifier les voies davenir dans lesquelles les jeunes pourront simaginer, je soulignerai trois aspects qui me tiennent particulièrement à coeur :
- laventure démocratique que constitue la création dune entreprise ;
- la mise en avant de la transmission dentreprise comme étant une autre façon de créer
- enfin, la valorisation de tels parcours auprès des jeunes femmes, pour stimuler lentrepreneuriat au féminin, encore trop réduit et trop stéréotypé.
Permettez-moi dinsister un peu plus sur ce dernier point. Jai été heureuse de constater dans le programme de ces deux jours que la parité a été presque atteinte pour lanimation des débats. Je pense, que bien au delà didées reçues sur la nécessité de la parité, il sagit dun besoin essentiel pour être plus efficaces, plus dynamiques, et plus compétitifs. Pour cela, nous devons tous, chacun à notre niveau, être exemplaire. Vous le savez, le gouvernement auquel jappartiens a pour la première fois une stricte parité. Cette exemplarité que nous incarnons, doit être prise comme une incitation forte pour que toutes les institutions, toutes les administrations et toutes les organisations tendent vers cet objectif.
Pour cela, comme pour les autres points que jai évoqués, se pose la question du système déducation quil convient de mettre en place pour nos jeunes. Vous le savez, une grande concertation sur lécole est lancée par Vincent Peillon. Je souhaite que la question de la formation professionnelle trouve toute sa place dans ce grand débat public qui a commencé afin que les formations soient mieux adaptées aux besoins réels des professionnels, et aussi en fonction des bassins demplois. Nous donnerons à notre système de formation la souplesse quil lui manque aujourdhui pour ladapter aux besoins des entreprises.
Les travaux menés à loccasion de la conférence sociale ont également conduit les partenaires sociaux au constat de la nécessité de construire des actions concrètes à déployer sur les territoires plutôt que de lancer une réforme supplémentaire de la formation professionnelle. Nous avons trois objectifs :
- diminuer le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail sans qualification,
- accompagner les salariés dans les entreprises menacées par des mutations économiques,
- renforcer la formation des demandeurs demploi.
Pour tout cela, la formation et léducation seront les pierres angulaires de notre politique, comme cest dailleurs une des priorités daction du réseau des CCI qui assure avec succès son rôle de deuxième formateur après le ministère de léducation nationale.
Aussi, permettez-moi ici de saluer au nom du Gouvernement laction des 156 CFA des CCI, de leurs 100 000 apprentis et des 350 métiers différents auxquels ils préparent, à travers 600 diplômes, du CAP à la grande école, dans des secteurs très variés.
A un moment où chacun sinquiète du chômage des jeunes, cest notre devoir de rappeler que, six mois après leur sortie, 90% de vos apprentis ont trouvé un emploi. Dans ce même esprit, je salue le travail particulier réalisé par votre réseau pour aider des jeunes en situation difficile, voire en détresse, à sinsérer en leur offrant la possibilité de bénéficier de formations décalées, conçues sur mesure pour eux : école de la seconde chance, classes préparatoires à lapprentissage témoignent également de votre engagement éducatif.
Ces chiffres et cette mobilisation prouvent lefficacité dun modèle et la nécessité dun développement de lapprentissage et de lalternance dans notre pays. Il reste encore de gros efforts à faire pour changer les mentalités, revaloriser les métiers manuels, les métiers de lartisanat et du commerce. Nous devons collectivement y travailler.
Face à ces enjeux, les chambres de commerce et dindustrie sont donc des corps intermédiaires nécessaires à la mise en oeuvre des priorités du gouvernement.
En cette période économique difficile, les entreprises ont besoin dinterlocuteurs de proximité solides et disponibles pour les accompagner, les soutenir et les orienter.
Nous sommes aujourdhui au creux dune crise économique profonde, probablement la plus forte depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Toutes les économies occidentales sont aujourdhui touchées, mais la France doit faire face à un triple défi : au-delà du déficit budgétaire dont nous héritons, nous sommes également déterminés à lutter contre la crise de croissance, qui obère toute initiative ; nous devons ensuite retrouver la confiance dans notre économie ; et enfin, nous devons permettre à nos entreprises dêtre davantage compétitives. Lurgence absolue est aujourdhui le redressement de notre économie, le retour de la croissance et aussi et en premier lieu, la création demplois.
Pour mener cette bataille, une mobilisation de tous les acteurs est nécessaire. Je pense bien sur tout dabord au gouvernement qui mène avec énergie son programme de redressement. Je pense également aux élus, des communes, des intercommunalités, des départements, des régions, qui chacun à leur niveau se mobilisent pour remettre la France sur le chemin de la croissance et de la création demplois. Je pense enfin aux entreprises qui doivent, à nos côtés, se mobiliser et se concentrer aussi sur cette bataille que nous menons contre la crise économique et pour lemploi.
Pour cela, bien sûr, des efforts seront demandés à chacun, en fonction des moyens dont il dispose. Car la justice, cest aussi faire en sorte que chacun contribue à cet effort exceptionnel en fonction de ses capacités financières.
Tous les secteurs seront mis à contribution pour permettre à la France de redresser son économie, dêtre plus forte, plus compétitive et de donner davantage demplois aux français. Nous tirerons les conséquences des différentes réformes qui ont été menées, nous encouragerons de nouvelles mutualisations, de nouvelles expérimentations et de nouvelles synergies pour permettre la réalisation de cet effort collectif.
Dans ce combat de tous les jours que nous menons, le commerce occupe une place essentielle. Je me permets de vous rappeler quelques chiffres que vous connaissez bien : en 2011, le commerce représentait 730 000 entreprises, 3,5 millions de salariés et 1400 milliards deuros de chiffre daffaires, soit 11 % du Produit Intérieur Brut.
Mais ce poids économique nest pas tout. De même que le redressement de la France nest pas quéconomique. Nous voulons redonner aux français la fierté de leur pays, nous leur montrerons que lEtat est présent et que les activités reviennent aussi dans des territoires trop longtemps délaissés. Car les commerçants sont souvent, des acteurs essentiels de la structuration des territoires urbains et de la revitalisation des espaces ruraux.
En tant quélue locale, jai trop souvent vu des endroits où la seule activité encore ouverte aujourdhui est le petit commerce du village, et qui pourtant risque de fermer. Jai lutté contre cette fatalité en tant que députée, et je continue encore plus activement en tant que Ministre. Les valeurs républicaines fortes aux quelles je crois et que nous partageons tous doivent nous encourager à défendre encore davantage ces lieux de vie, qui rendent souvent un véritable service aux citoyens, que ce soit dans les territoires ruraux, ou dans les zones urbaines sensibles.
Ma priorité est également de ne pas céder devant les tendances actuelles qui sont à lhomogénéisation des commerces et à la désertification des territoires. Le prix de la valeur locative des commerces est trop souvent un problème pour louverture de commerces indépendants dans les centres-villes. Avec mes équipes je travaille à résoudre ce problème et je présenterai prochainement un plan pour le commerce permettant de préserver notre diversité et nos savoir-faire, de les encourager et de les développer encore davantage.
Vous avez évoqué, Monsieur le Président, votre souhait dêtre associé à la BPI. Je partage ce voeu et je veille à ce que dans la construction de cette nouvelle banque, les entreprises du commerce et de lartisanat puissent en être pleinement bénéficiaires. Il est impératif de leur permettre davoir un meilleur accès aux financements bancaires.
Pour mettre en oeuvre ces réformes, le rôle des CCI est incontournable et lévolution du fonctionnement du réseau doit être un gage du renforcement de son efficacité et de son efficience au service des entreprises. Jy veillerai personnellement. Jai découvert avec plaisir en arrivant votre nouvelle identité visuelle. Cette réforme de votre communication doit être à limage dun fonctionnement renouvelé.
Je souhaite que vos chambres se tournent résolument vers une culture de lefficacité, fortes des actions exemplaires réussies dans des domaines variés. Nous devons désormais mettre en place un contrat entre lEtat et la CCI France pour mieux définir et prendre des engagements clairs et vérifiables tant à légard des entreprises que des partenaires institutionnels des chambres.
Ce contrat nous permettra de finaliser la mise en oeuvre de la réforme et dinscrire les CCI dans lacte III de la décentralisation que le gouvernement va lancer au début du mois doctobre. Le réseau réformé sera recentré autour de son échelon régional, pour une plus grande efficacité et une meilleure coordination des actions.
Jattache, comme vous le savez, une importance toute particulière au volet social de cette réforme, dont une étape majeure est le transfert des personnels prévu au 1er janvier 2013 au niveau régional. Léchéance se rapproche et je renouvelle mon souhait que ce transfert ait lieu dans les meilleures conditions possibles pour les personnels concernés. Je compte sur vous, ainsi que sur les partenaires sociaux, pour réussir cette réforme.
Laboutissement de cette réforme est essentiel pour permettre aux CCI de jouer pleinement leur rôle dans lentreprise de redressement que nous menons. Vous êtes nécessaires pour mobiliser les réseaux des entreprises, pour mener et accompagner des projets structurants pour les territoires et pour diffuser linformation aux entreprises.
Cest pourquoi vous me permettrez de conclure en évoquant devant vous une initiative à laquelle le gouvernement et mon ministère en particulier vont satteler dans les mois à venir et dans laquelle je souhaite que les CCI puissent prendre toute leur part : je veux parler de la valorisation du « Fabriqué en France ».
Vous ne connaissez que trop bien les difficultés des entreprises françaises à lexportation. Cest la question de la compétitivité, que nous ne nions pas et qui doit être traitée de front. Vous avez certainement entendu mon collègue Pierre Moscovici qui ont fait de cette question leur priorité. Elle soulève dimmenses défis dinnovation, de rééquilibrage des charges sociales, de réarmement de lEurope face aux dogmes du libre-échange. Mais elle soulève aussi la question de la défense et de la promotion par nos pouvoirs publics des produits fabriqués dans notre pays.
Cest pourquoi, avec le gouvernement, nous avons comme priorité de renforcer la compétitivité du « fabriqué en France ».
Notre savoir faire, la qualité de nos produits, lexcellence de notre réputation doivent être davantage portés pour renforcer nos entreprises. Cela est vrai tant pour le marché interne quexterne. Nous devons accompagner le mouvement qui émerge en force chez nos concitoyens, et nous devons le renforcer à lextérieur. Il ny a pas un jour sans que la presse relaye lengouement des français pour telle petite entreprise, pour le « cousu main », pour des restaurants utilisant les produits frais de sa région. Nous accompagnerons ce mouvement et nous renforcerons la « marque fabriqué en France » qui témoignera de la qualité de nos produits.
Cest un chantier crucial qui souvre dans les mois à venir, dont nous aurons à reparler dans dautres circonstances, et je compte sur vous et sur notre capacité à travailler ensemble pour nous mobiliser au service dobjectifs clairs : la compétitivité de notre économie, le dynamisme de nos entreprises, la reconquête de nos emplois et la défense des intérêts de notre pays : nous avons beaucoup datouts mais nous devons aussi avoir la volonté de les exploiter avec pragmatisme dans lintérêt de notre nation.
Cest pour offrir aux jeunes, qui ont été à lhonneur pendant ces deux jours, un avenir meilleur et une confiance renouvelée dans notre pays que nous devons réussir. Nous devons leur redonner envie, nous devons leur redonner espoir. Et bien pour cela, nous ne comptons ni nos efforts ni notre énergie ! La jeunesse est notre avenir et cest pour elle que nous devons redresser la France !
Je vous remercie.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 11 septembre 2012
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de vous remercier de votre invitation et de vous dire le plaisir qui est le mien de clore votre université dété.
Les échanges ont été, je crois, très riches et je suis heureuse quils se soient déroulés autour dun thème qui mest particulièrement cher, celui de la jeunesse.
Loin des clichés, vous avez su trouver le ton juste pour parler des jeunes, de leurs espoirs, de leurs aspirations mais aussi de tout ce quils doivent apprendre pour trouver leur vraie place dans la société. Vous avez su leur donner la parole et valoriser leurs interventions.
Il sagit là dun sujet essentiel car on entend encore trop souvent des discours sur la jeunesse qui ne sont pas réalistes et qui ne montrent pas suffisamment à quel point elle sintéresse aussi au travail, à la réussite, au développement de notre économie. Que notre jeunesse sinquiète, autant que nous tous, et voire même davantage, pour lavenir de notre pays.
Or il nest jamais bon quun entrepreneur ou un employeur en arrive à ne plus comprendre les aspirations de ses plus jeunes recrues.
Vous avez raison de dire quil faut comprendre et innover sans cesse.
Notre mission sera toujours de faire en sorte que ne se crée pas dans notre société un fossé ou un mur dincompréhension entre les générations. Cest lobjectif de lengagement du Président de la République, pendant sa campagne et au cours de son mandat : redonner toute sa place à notre jeunesse, et lui permettre de retrouver la confiance nécessaire dans nos institutions, dans notre économie, et dans nos entreprises.
Cest une des batailles que vous menez depuis longtemps et je tenais à venir ici vous dire que cest donc aussi une priorité du Gouvernement. Cest également en ce qui me concerne une priorité qui me touche tout particulièrement.
Vous me direz quétant une des plus jeunes ministres du gouvernement, je suis autorisée à avoir sur la jeunesse des vues pas encore trop éloignées !
Je connais bien la situation parfois ambiguë de beaucoup de jeunes : lenvie de réussir et en même temps la peur déchouer sans pouvoir se raccrocher à une position sociale ou économique qui, à cet âge, nest jamais acquise.
Le sentiment davoir des forces et des idées et en même temps limpression, parfois décourageante, de ne pas avoir loccasion de les mettre en oeuvre. Je sais tout ce quune vie doit à la volonté, au travail mais aussi au hasard des rencontres et des choix que lon fait très jeune à un âge où on nen mesure pas encore toutes les conséquences.
Cest ce message que je veux délivrer à la jeunesse daujourdhui, à toutes celles et ceux qui ont participé aux débats de ces journées et qui sont là dans la salle : le monde est ouvert, à vous dy entrer, de prendre des risques souvent, et aussi quelques coups parfois.
Mais cest à chaque fois loccasion dapprendre, sachant quaucun échec nest irréversible, aucun échec ni définitif.
La chance de la jeunesse, cest notamment davoir des idées, la volonté daller de lavant, de continuer à apprendre tout le temps. Car, on apprend de ses échecs souvent plus que de ses réussites. Et cela fait partie de la responsabilité dune société dencourager les jeunes qui prennent des risques, daider ceux qui chutent à se relever pour quils repartent plus forts, sans stigmatisation, bref de permettre à ceux qui veulent se lancer dans laventure avec un vrai projet daller au bout de cette envie. Il en va de lavenir économique de notre pays.
On la bien vu dans les débats de ces deux journées.
Les incompréhensions entre les jeunes salariés et leurs aînés ont été pointées lors de la table-ronde intitulée « le travail mais quel travail ? » Celles-ci sont exacerbées par le contexte économique difficile que nous traversons : les jeunes accèdent de plus en plus tardivement et difficilement à un emploi stable, lâge moyen du premier CDI recule et il se situe désormais autour de 30 ans. Quand ils y parviennent, nombre de jeunes ont déjà un long parcours de petits emplois précaires, voire de chômage et ont parfois dû faire des concessions importantes par rapport à ce quils espéraient, tant sur le plan professionnel que personnel.
Cest la raison pour laquelle le Président de la République a voulu mettre en place le contrat de génération. Les générations ne doivent pas sopposer. Le monde du travail doit permettre aux jeunes dapprendre de leurs aînés.
Il faut cesser de penser quune génération est au chômage à cause de la présence dune autre. Il ne faut pas stigmatiser. Cest notre modèle économique qui doit évoluer, créer davantage demplois, lever certaines barrières et être plus vertueux.
De la même manière je veux faciliter la transmission dentreprises. Il nest pas normal quaprès tant de réformes successives, il soit encore si compliqué de transmettre ou de reprendre une entreprise, alors même quil sagit là dun enjeu majeur pour la croissance de nos PME et de nos territoires dans la durée.
Cest également la raison pour laquelle nous devons tout faire pour accompagner les créateurs dentreprises, les aider dans leurs démarches, les aider pour la constitution de dossiers, parfois complexes. Je sais que certaines CCI ont mis en place des initiatives de coaching, comme par exemple la CCI de Paris. Je ne peux quencourager toutes les CCI à développer ces accompagnements nécessaires de nos jeunes entrepreneurs. Les services de lEtat ont également pour mission de rendre un service public plus efficace dans cet objectif.
Mais, me direz-vous, encore faut-il que les jeunes aient envie de se lancer dans lentrepreneuriat. Cétait la question posée par un autre atelier intitulé « Entreprendre, mais autrement ».
Les études montrent que les jeunes sont attirés par les grandes entreprises ou la fonction publique mais ne viennent pas assez souvent vers les PME qui offrent pourtant les 2/3 des emplois. Les PME subissent régulièrement la concurrence des grandes entreprises pour recruter des jeunes diplômés issus des écoles de commerce, dingénieur, ou de luniversité.
Cest donc souvent à lentreprise quil appartient de motiver les jeunes, de les rassurer et de leur expliquer ce quils trouveront dans les PME. Même si elles ne sont pas toujours organisées et armées pour cela.
Doù le rôle essentiel des CCI dans la constitution du réseau et dans des actions de valorisation et de communication. Je pense par exemple à laction, très emblématique, de laccompagnement pour la création dentreprise. Tout votre réseau promeut lentrepreneuriat auprès des jeunes, avec des initiatives variées, parfois anciennes, privilégiant la mise en situation et le témoignage de créateurs au parler vrai et réaliste. Cela me semble particulièrement porteur auprès des plus jeunes comme auprès des étudiants.
Pour les étudiants, ces accompagnements sont essentiels car ils leur permettent de faire arriver leur projet à maturité grâce aux parcours sous formes de modules à valider, de projet à faire aboutir devant un jury ou dincubation de projets réels. La formation permet ainsi daider les entrepreneurs de demain à passer à lacte.
Au-delà, de ce travail qui sème des graines pour diversifier les voies davenir dans lesquelles les jeunes pourront simaginer, je soulignerai trois aspects qui me tiennent particulièrement à coeur :
- laventure démocratique que constitue la création dune entreprise ;
- la mise en avant de la transmission dentreprise comme étant une autre façon de créer
- enfin, la valorisation de tels parcours auprès des jeunes femmes, pour stimuler lentrepreneuriat au féminin, encore trop réduit et trop stéréotypé.
Permettez-moi dinsister un peu plus sur ce dernier point. Jai été heureuse de constater dans le programme de ces deux jours que la parité a été presque atteinte pour lanimation des débats. Je pense, que bien au delà didées reçues sur la nécessité de la parité, il sagit dun besoin essentiel pour être plus efficaces, plus dynamiques, et plus compétitifs. Pour cela, nous devons tous, chacun à notre niveau, être exemplaire. Vous le savez, le gouvernement auquel jappartiens a pour la première fois une stricte parité. Cette exemplarité que nous incarnons, doit être prise comme une incitation forte pour que toutes les institutions, toutes les administrations et toutes les organisations tendent vers cet objectif.
Pour cela, comme pour les autres points que jai évoqués, se pose la question du système déducation quil convient de mettre en place pour nos jeunes. Vous le savez, une grande concertation sur lécole est lancée par Vincent Peillon. Je souhaite que la question de la formation professionnelle trouve toute sa place dans ce grand débat public qui a commencé afin que les formations soient mieux adaptées aux besoins réels des professionnels, et aussi en fonction des bassins demplois. Nous donnerons à notre système de formation la souplesse quil lui manque aujourdhui pour ladapter aux besoins des entreprises.
Les travaux menés à loccasion de la conférence sociale ont également conduit les partenaires sociaux au constat de la nécessité de construire des actions concrètes à déployer sur les territoires plutôt que de lancer une réforme supplémentaire de la formation professionnelle. Nous avons trois objectifs :
- diminuer le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail sans qualification,
- accompagner les salariés dans les entreprises menacées par des mutations économiques,
- renforcer la formation des demandeurs demploi.
Pour tout cela, la formation et léducation seront les pierres angulaires de notre politique, comme cest dailleurs une des priorités daction du réseau des CCI qui assure avec succès son rôle de deuxième formateur après le ministère de léducation nationale.
Aussi, permettez-moi ici de saluer au nom du Gouvernement laction des 156 CFA des CCI, de leurs 100 000 apprentis et des 350 métiers différents auxquels ils préparent, à travers 600 diplômes, du CAP à la grande école, dans des secteurs très variés.
A un moment où chacun sinquiète du chômage des jeunes, cest notre devoir de rappeler que, six mois après leur sortie, 90% de vos apprentis ont trouvé un emploi. Dans ce même esprit, je salue le travail particulier réalisé par votre réseau pour aider des jeunes en situation difficile, voire en détresse, à sinsérer en leur offrant la possibilité de bénéficier de formations décalées, conçues sur mesure pour eux : école de la seconde chance, classes préparatoires à lapprentissage témoignent également de votre engagement éducatif.
Ces chiffres et cette mobilisation prouvent lefficacité dun modèle et la nécessité dun développement de lapprentissage et de lalternance dans notre pays. Il reste encore de gros efforts à faire pour changer les mentalités, revaloriser les métiers manuels, les métiers de lartisanat et du commerce. Nous devons collectivement y travailler.
Face à ces enjeux, les chambres de commerce et dindustrie sont donc des corps intermédiaires nécessaires à la mise en oeuvre des priorités du gouvernement.
En cette période économique difficile, les entreprises ont besoin dinterlocuteurs de proximité solides et disponibles pour les accompagner, les soutenir et les orienter.
Nous sommes aujourdhui au creux dune crise économique profonde, probablement la plus forte depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Toutes les économies occidentales sont aujourdhui touchées, mais la France doit faire face à un triple défi : au-delà du déficit budgétaire dont nous héritons, nous sommes également déterminés à lutter contre la crise de croissance, qui obère toute initiative ; nous devons ensuite retrouver la confiance dans notre économie ; et enfin, nous devons permettre à nos entreprises dêtre davantage compétitives. Lurgence absolue est aujourdhui le redressement de notre économie, le retour de la croissance et aussi et en premier lieu, la création demplois.
Pour mener cette bataille, une mobilisation de tous les acteurs est nécessaire. Je pense bien sur tout dabord au gouvernement qui mène avec énergie son programme de redressement. Je pense également aux élus, des communes, des intercommunalités, des départements, des régions, qui chacun à leur niveau se mobilisent pour remettre la France sur le chemin de la croissance et de la création demplois. Je pense enfin aux entreprises qui doivent, à nos côtés, se mobiliser et se concentrer aussi sur cette bataille que nous menons contre la crise économique et pour lemploi.
Pour cela, bien sûr, des efforts seront demandés à chacun, en fonction des moyens dont il dispose. Car la justice, cest aussi faire en sorte que chacun contribue à cet effort exceptionnel en fonction de ses capacités financières.
Tous les secteurs seront mis à contribution pour permettre à la France de redresser son économie, dêtre plus forte, plus compétitive et de donner davantage demplois aux français. Nous tirerons les conséquences des différentes réformes qui ont été menées, nous encouragerons de nouvelles mutualisations, de nouvelles expérimentations et de nouvelles synergies pour permettre la réalisation de cet effort collectif.
Dans ce combat de tous les jours que nous menons, le commerce occupe une place essentielle. Je me permets de vous rappeler quelques chiffres que vous connaissez bien : en 2011, le commerce représentait 730 000 entreprises, 3,5 millions de salariés et 1400 milliards deuros de chiffre daffaires, soit 11 % du Produit Intérieur Brut.
Mais ce poids économique nest pas tout. De même que le redressement de la France nest pas quéconomique. Nous voulons redonner aux français la fierté de leur pays, nous leur montrerons que lEtat est présent et que les activités reviennent aussi dans des territoires trop longtemps délaissés. Car les commerçants sont souvent, des acteurs essentiels de la structuration des territoires urbains et de la revitalisation des espaces ruraux.
En tant quélue locale, jai trop souvent vu des endroits où la seule activité encore ouverte aujourdhui est le petit commerce du village, et qui pourtant risque de fermer. Jai lutté contre cette fatalité en tant que députée, et je continue encore plus activement en tant que Ministre. Les valeurs républicaines fortes aux quelles je crois et que nous partageons tous doivent nous encourager à défendre encore davantage ces lieux de vie, qui rendent souvent un véritable service aux citoyens, que ce soit dans les territoires ruraux, ou dans les zones urbaines sensibles.
Ma priorité est également de ne pas céder devant les tendances actuelles qui sont à lhomogénéisation des commerces et à la désertification des territoires. Le prix de la valeur locative des commerces est trop souvent un problème pour louverture de commerces indépendants dans les centres-villes. Avec mes équipes je travaille à résoudre ce problème et je présenterai prochainement un plan pour le commerce permettant de préserver notre diversité et nos savoir-faire, de les encourager et de les développer encore davantage.
Vous avez évoqué, Monsieur le Président, votre souhait dêtre associé à la BPI. Je partage ce voeu et je veille à ce que dans la construction de cette nouvelle banque, les entreprises du commerce et de lartisanat puissent en être pleinement bénéficiaires. Il est impératif de leur permettre davoir un meilleur accès aux financements bancaires.
Pour mettre en oeuvre ces réformes, le rôle des CCI est incontournable et lévolution du fonctionnement du réseau doit être un gage du renforcement de son efficacité et de son efficience au service des entreprises. Jy veillerai personnellement. Jai découvert avec plaisir en arrivant votre nouvelle identité visuelle. Cette réforme de votre communication doit être à limage dun fonctionnement renouvelé.
Je souhaite que vos chambres se tournent résolument vers une culture de lefficacité, fortes des actions exemplaires réussies dans des domaines variés. Nous devons désormais mettre en place un contrat entre lEtat et la CCI France pour mieux définir et prendre des engagements clairs et vérifiables tant à légard des entreprises que des partenaires institutionnels des chambres.
Ce contrat nous permettra de finaliser la mise en oeuvre de la réforme et dinscrire les CCI dans lacte III de la décentralisation que le gouvernement va lancer au début du mois doctobre. Le réseau réformé sera recentré autour de son échelon régional, pour une plus grande efficacité et une meilleure coordination des actions.
Jattache, comme vous le savez, une importance toute particulière au volet social de cette réforme, dont une étape majeure est le transfert des personnels prévu au 1er janvier 2013 au niveau régional. Léchéance se rapproche et je renouvelle mon souhait que ce transfert ait lieu dans les meilleures conditions possibles pour les personnels concernés. Je compte sur vous, ainsi que sur les partenaires sociaux, pour réussir cette réforme.
Laboutissement de cette réforme est essentiel pour permettre aux CCI de jouer pleinement leur rôle dans lentreprise de redressement que nous menons. Vous êtes nécessaires pour mobiliser les réseaux des entreprises, pour mener et accompagner des projets structurants pour les territoires et pour diffuser linformation aux entreprises.
Cest pourquoi vous me permettrez de conclure en évoquant devant vous une initiative à laquelle le gouvernement et mon ministère en particulier vont satteler dans les mois à venir et dans laquelle je souhaite que les CCI puissent prendre toute leur part : je veux parler de la valorisation du « Fabriqué en France ».
Vous ne connaissez que trop bien les difficultés des entreprises françaises à lexportation. Cest la question de la compétitivité, que nous ne nions pas et qui doit être traitée de front. Vous avez certainement entendu mon collègue Pierre Moscovici qui ont fait de cette question leur priorité. Elle soulève dimmenses défis dinnovation, de rééquilibrage des charges sociales, de réarmement de lEurope face aux dogmes du libre-échange. Mais elle soulève aussi la question de la défense et de la promotion par nos pouvoirs publics des produits fabriqués dans notre pays.
Cest pourquoi, avec le gouvernement, nous avons comme priorité de renforcer la compétitivité du « fabriqué en France ».
Notre savoir faire, la qualité de nos produits, lexcellence de notre réputation doivent être davantage portés pour renforcer nos entreprises. Cela est vrai tant pour le marché interne quexterne. Nous devons accompagner le mouvement qui émerge en force chez nos concitoyens, et nous devons le renforcer à lextérieur. Il ny a pas un jour sans que la presse relaye lengouement des français pour telle petite entreprise, pour le « cousu main », pour des restaurants utilisant les produits frais de sa région. Nous accompagnerons ce mouvement et nous renforcerons la « marque fabriqué en France » qui témoignera de la qualité de nos produits.
Cest un chantier crucial qui souvre dans les mois à venir, dont nous aurons à reparler dans dautres circonstances, et je compte sur vous et sur notre capacité à travailler ensemble pour nous mobiliser au service dobjectifs clairs : la compétitivité de notre économie, le dynamisme de nos entreprises, la reconquête de nos emplois et la défense des intérêts de notre pays : nous avons beaucoup datouts mais nous devons aussi avoir la volonté de les exploiter avec pragmatisme dans lintérêt de notre nation.
Cest pour offrir aux jeunes, qui ont été à lhonneur pendant ces deux jours, un avenir meilleur et une confiance renouvelée dans notre pays que nous devons réussir. Nous devons leur redonner envie, nous devons leur redonner espoir. Et bien pour cela, nous ne comptons ni nos efforts ni notre énergie ! La jeunesse est notre avenir et cest pour elle que nous devons redresser la France !
Je vous remercie.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 11 septembre 2012