Texte intégral
Monsieur le Directeur Général,
Mesdames, Messieurs,
Cette rencontre est une urgence autant quun plaisir pour moi. Je vais vous parler de manière directe et franche. Cela facilitera le dialogue.
UBIFRANCE, cest le bras armé de mon Ministère, des moyens, des implantations, des hommes et des femmes mobilisés pour la réussite commerciale de la France à lexport. Je my implique totalement. Je lai fait au moment des négociations budgétaires dans le contexte délicat de nos finances.
Je lai fait car nous avons besoin de vous pour redresser léconomie. Le Premier Ministre a fixé un objectif léquilibre du commerce extérieur hors énergie en cinq ans - son atteinte mengage personnellement mais je ny arriverai pas seule, leffort doit être collectif. Pour cela vous avez besoin non seulement de connaître le cap mais de comprendre laction que jentends conduire.
La situation économique est grave. Nous traversons une crise sans précédents. Un ordre ancien du monde sest effondré que rien nest encore venu remplacer. Comme toute période historique de transition, la nôtre est faite de collapsus et de conflits, de tensions et de déséquilibres.
La France na pas trouvé sa place dans la mondialisation. Elle doit et peut la trouver. Le commerce extérieur prend toute sa place dans la bataille économique conduite par le gouvernement.
Lobjectif que ma fixé le Premier Ministre est clair. Cest un objectif ambitieux et volontariste. Nous devons latteindre.
Lobjectif fixé par le Premier Ministre nous oblige à regarder à la fois les grands contrats mais aussi le commerce courant, en volume la part la plus importante. Il représente 400 milliards sur les 430 milliards de commerce extérieur en 2011.
Je noppose pas, ce faisant, grands groupes et PME ou ETI. Tous ont leur place. Mais cest dans ce commerce courant que nos PME et nos ETI trouveront à sinternationaliser. Cest là aussi que votre métier, laccompagnement des entreprises à linternational, est vital pour les y aider.
I. La stratégie
Je veux donc agir dans quatre directions :
1. Définir des filières prioritaires pour les inciter à structurer une démarche internationale de filière qui favorise lintervention collective sur les marchés étrangers et permette un renouvellement du portage entre les grands groupes à légard des PME ; mais le portage doit aussi les concerner au-delà de leur filière.
2. Améliorer le financement de lexport. Nos grands groupes ne disposent pas, aujourdhui, des mêmes conditions de garantie à lexport que celles pratiquées dans dautres pays. Cest un désavantage majeur. Nous travaillons à trouver une réponse pertinente qui nécessitera des modifications législatives avant la fin dannée 2012. Pour ce qui concerne les PME, Jai obtenu, mais jy reviendrai, que le volet export de la Banque Publique dInvestissement soit concomitant à sa création ;
3. Nous devons mieux repérer, sélectionner et préparer les entreprises capables daller vers linternational. Je compte mappuyer fortement sur les Régions. Maintenant que le cap est fixé entre Etat et Régions au sujet de la Banque Publique dInvestissement, je peux aller de lavant avec elles. Je les verrai demain. Elles organiseront, comme le prévoit la déclaration commune publiée la semaine dernière entre le Président de la République et les Régions, le dispositif dappui au développement international des PME et des ETI. Votre démarche devra être plus sélective (toutes les entreprises qui viennent sur les salons ne sont pas forcément toutes aptes à linternational). Elles le feront avec dautres opérateurs, et notamment les pôles de compétitivité et les CCI, en lien aussi avec les centres régionaux de la BPI. Elles animeront les déclinaisons régionales de mon plan daction. Pilotes ou chefs de file, la dénomination importe moins que leur rôle, majeur, central.
4. Réussir le pari de limplantation durable des entreprises. Nous aurons besoin dune approche spécifique pour les entreprises à fort potentiel et les ETI afin de développer leurs exportations et dassurer leur présence sur les marchés étrangers. Dans ce cadre, la diplomatie économique que je mets en oeuvre avec Laurent Fabius est une mission nécessaire mais pas suffisante. Vous aurez à conduire une action de terrain que vous êtes les seuls, aujourdhui, à pouvoir mener. Vous êtes des acteurs de la diplomatie économique.
Je ne crois guère à une action sans stratégie de produits ni priorités géographiques. Aussi, je mettrai en oeuvre, très prochainement, des couples pays-produits qui nous permettront dagir sélectivement et de coupler loffre commerciale de nos ETI avec les besoins pays, voilà votre tâche.
A cet égard, trois grandes zones géographiques me paraissent évidentes, lEurope, les grands émergents, et ceux que jappelle les émergents de Taille Intermédiaire, la Turquie, la Colombie, le Maroc et les nouvelles terres de croissance en Afrique.
Jai commandé à la Direction Générale du Trésor une étude des zones de croissance et des marchés porteurs en leur sein. Ce travail nous permettra de faire porter notre effort sur des couples pays/produits performants tout en effectuant une veille vigilante sur les autres.
II. Le rôle dUBIFRANCE
UBIFRANCE est désormais une agence reconnue pour son professionnalisme. La réussite de lintégration du réseau commercial de la DG Trésor, laugmentation du nombre dentreprises accompagnées, la croissance forte du nombre de prestations sont autant de succès à votre actif. Mais, comme disait Camus « tout accomplissement est une servitude, il oblige à un accomplissement plus haut. » Le temps est venu, pour UBIFRANCE, dune deuxième étape, beaucoup plus qualitative.
Vous mettrez désormais en oeuvre des prestations de service sélectives et approfondies destinées à accompagner lentreprise avec un projet individualisé, personnalisé et inscrit dans la durée.
Votre coeur de cible, ce sont les ETI et les PME qui peuvent sinternationaliser durablement. Le FSI a identifié plus de 800 ETI stratégiques. Vous proposerez à chacune dentre elles un programme de prospection et daccompagnement personnalisé triennal et contractualisé.
Lagence doit prolonger ses séquences daccompagnement au-delà de la phase de prospection, en développement commercial.
Enfin, il vous faut identifier à létranger le potentiel clients de nos entreprises, en précisant ses besoins et en lui proposant de rencontrer des entreprises sélectionnées que vous aurez préparées à cette rencontre.
Le rôle dUBIFRANCE en Région doit lui aussi évoluer.
Je souhaite que vous accompagniez la future BPI dans ce qui constituera le volet conseil de sa mission. Sur le modèle de vos ingénieurs daffaires, des agents dUBIFRANCE pourraient prendre leur place aux côtés des collaborateurs de la BPI en charge des financements, des fonds propres, des prêts et de linnovation, dans ce qui constituerait la porte dentrée pour linternational. Ces nouveaux développeurs à linternational dUBIFRANCE seraient ainsi en mesure daccompagner les ETI et de jeunes entreprises innovantes en conseil à lexport dans la durée.
Lexpertise internationale dUBIFRANCE sera essentielle à la réussite de la BPI. Je souhaite quUBIFRANCE soit pleinement associée à la BPI. Cette participation nimplique pas de réforme organique. Je ne veux pas de réforme « mécano » perturbant les personnels et loutil quest UBI. Lagence ne sera pas intégrée à la BPI dans cette première étape.
Je lai dit, jentends renforcer le rôle des Régions. Dans la mesure où il leur appartiendra de repérer les entreprises à plus fort potentiel export et de définir leurs priorités en termes de soutien, votre agence doit devenir un opérateur connu et reconnu par les Régions.
Je souhaite que les Régions élaborent des plans régionaux pour linternationalisation des entreprises. Lagence pourra être impliquée dans leur mise en oeuvre et dans lidentification et laccompagnement des entreprises. Vous avez déjà des conventions avec certaines Régions. Vous aurez à répondre, dans ce cadre ou un autre et si les Régions le décident, aux besoins spécifiques identifiés dans les plans régionaux.
Lagence, en partenariat avec dautres acteurs le cas échéant, doit être le partenaire opérationnel des Régions. Jentends dailleurs quelles trouvent rapidement une plus juste place dans la gouvernance dUBIFRANCE.
Je discuterai, enfin, avec les Régions, de leur présence à létranger et de la nécessité doptimiser laction française à linternational.
Mes orientations devront se retrouver dans le nouveau cadre stratégique de lagence. Aussi, je souhaite que soit révisé, avant la fin du premier trimestre 2013, le Contrat dObjectifs et de Performances (COP) qui vous lie à lEtat. Il fixera à lagence des objectifs qui porteront sur laccompagnement dans la durée des entreprises et leur réussite à linternational, ainsi que sur la démarche client. Il proposera des actions définies en fonction de la taille et des besoins des entreprises et devra dire, avec clarté, ce que sont nos priorités en termes de types dentreprises, de filières et de marchés.
Ces propositions daction, vous les attendiez. Elles ne sont pas fermées. Avec le directeur général, nous les préciserons.
Nous avons tous lenvie de réussir. Nous avons tous la fierté dêtre français. Nous sommes bons mais la mondialisation appelle lexcellence. Nous allons ensemble y accéder. Cela demande de la volonté et un peu de temps, nous avons un quinquennat.
Je vous remercie.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 18 septembre 2012
Mesdames, Messieurs,
Cette rencontre est une urgence autant quun plaisir pour moi. Je vais vous parler de manière directe et franche. Cela facilitera le dialogue.
UBIFRANCE, cest le bras armé de mon Ministère, des moyens, des implantations, des hommes et des femmes mobilisés pour la réussite commerciale de la France à lexport. Je my implique totalement. Je lai fait au moment des négociations budgétaires dans le contexte délicat de nos finances.
Je lai fait car nous avons besoin de vous pour redresser léconomie. Le Premier Ministre a fixé un objectif léquilibre du commerce extérieur hors énergie en cinq ans - son atteinte mengage personnellement mais je ny arriverai pas seule, leffort doit être collectif. Pour cela vous avez besoin non seulement de connaître le cap mais de comprendre laction que jentends conduire.
La situation économique est grave. Nous traversons une crise sans précédents. Un ordre ancien du monde sest effondré que rien nest encore venu remplacer. Comme toute période historique de transition, la nôtre est faite de collapsus et de conflits, de tensions et de déséquilibres.
La France na pas trouvé sa place dans la mondialisation. Elle doit et peut la trouver. Le commerce extérieur prend toute sa place dans la bataille économique conduite par le gouvernement.
Lobjectif que ma fixé le Premier Ministre est clair. Cest un objectif ambitieux et volontariste. Nous devons latteindre.
Lobjectif fixé par le Premier Ministre nous oblige à regarder à la fois les grands contrats mais aussi le commerce courant, en volume la part la plus importante. Il représente 400 milliards sur les 430 milliards de commerce extérieur en 2011.
Je noppose pas, ce faisant, grands groupes et PME ou ETI. Tous ont leur place. Mais cest dans ce commerce courant que nos PME et nos ETI trouveront à sinternationaliser. Cest là aussi que votre métier, laccompagnement des entreprises à linternational, est vital pour les y aider.
I. La stratégie
Je veux donc agir dans quatre directions :
1. Définir des filières prioritaires pour les inciter à structurer une démarche internationale de filière qui favorise lintervention collective sur les marchés étrangers et permette un renouvellement du portage entre les grands groupes à légard des PME ; mais le portage doit aussi les concerner au-delà de leur filière.
2. Améliorer le financement de lexport. Nos grands groupes ne disposent pas, aujourdhui, des mêmes conditions de garantie à lexport que celles pratiquées dans dautres pays. Cest un désavantage majeur. Nous travaillons à trouver une réponse pertinente qui nécessitera des modifications législatives avant la fin dannée 2012. Pour ce qui concerne les PME, Jai obtenu, mais jy reviendrai, que le volet export de la Banque Publique dInvestissement soit concomitant à sa création ;
3. Nous devons mieux repérer, sélectionner et préparer les entreprises capables daller vers linternational. Je compte mappuyer fortement sur les Régions. Maintenant que le cap est fixé entre Etat et Régions au sujet de la Banque Publique dInvestissement, je peux aller de lavant avec elles. Je les verrai demain. Elles organiseront, comme le prévoit la déclaration commune publiée la semaine dernière entre le Président de la République et les Régions, le dispositif dappui au développement international des PME et des ETI. Votre démarche devra être plus sélective (toutes les entreprises qui viennent sur les salons ne sont pas forcément toutes aptes à linternational). Elles le feront avec dautres opérateurs, et notamment les pôles de compétitivité et les CCI, en lien aussi avec les centres régionaux de la BPI. Elles animeront les déclinaisons régionales de mon plan daction. Pilotes ou chefs de file, la dénomination importe moins que leur rôle, majeur, central.
4. Réussir le pari de limplantation durable des entreprises. Nous aurons besoin dune approche spécifique pour les entreprises à fort potentiel et les ETI afin de développer leurs exportations et dassurer leur présence sur les marchés étrangers. Dans ce cadre, la diplomatie économique que je mets en oeuvre avec Laurent Fabius est une mission nécessaire mais pas suffisante. Vous aurez à conduire une action de terrain que vous êtes les seuls, aujourdhui, à pouvoir mener. Vous êtes des acteurs de la diplomatie économique.
Je ne crois guère à une action sans stratégie de produits ni priorités géographiques. Aussi, je mettrai en oeuvre, très prochainement, des couples pays-produits qui nous permettront dagir sélectivement et de coupler loffre commerciale de nos ETI avec les besoins pays, voilà votre tâche.
A cet égard, trois grandes zones géographiques me paraissent évidentes, lEurope, les grands émergents, et ceux que jappelle les émergents de Taille Intermédiaire, la Turquie, la Colombie, le Maroc et les nouvelles terres de croissance en Afrique.
Jai commandé à la Direction Générale du Trésor une étude des zones de croissance et des marchés porteurs en leur sein. Ce travail nous permettra de faire porter notre effort sur des couples pays/produits performants tout en effectuant une veille vigilante sur les autres.
II. Le rôle dUBIFRANCE
UBIFRANCE est désormais une agence reconnue pour son professionnalisme. La réussite de lintégration du réseau commercial de la DG Trésor, laugmentation du nombre dentreprises accompagnées, la croissance forte du nombre de prestations sont autant de succès à votre actif. Mais, comme disait Camus « tout accomplissement est une servitude, il oblige à un accomplissement plus haut. » Le temps est venu, pour UBIFRANCE, dune deuxième étape, beaucoup plus qualitative.
Vous mettrez désormais en oeuvre des prestations de service sélectives et approfondies destinées à accompagner lentreprise avec un projet individualisé, personnalisé et inscrit dans la durée.
Votre coeur de cible, ce sont les ETI et les PME qui peuvent sinternationaliser durablement. Le FSI a identifié plus de 800 ETI stratégiques. Vous proposerez à chacune dentre elles un programme de prospection et daccompagnement personnalisé triennal et contractualisé.
Lagence doit prolonger ses séquences daccompagnement au-delà de la phase de prospection, en développement commercial.
Enfin, il vous faut identifier à létranger le potentiel clients de nos entreprises, en précisant ses besoins et en lui proposant de rencontrer des entreprises sélectionnées que vous aurez préparées à cette rencontre.
Le rôle dUBIFRANCE en Région doit lui aussi évoluer.
Je souhaite que vous accompagniez la future BPI dans ce qui constituera le volet conseil de sa mission. Sur le modèle de vos ingénieurs daffaires, des agents dUBIFRANCE pourraient prendre leur place aux côtés des collaborateurs de la BPI en charge des financements, des fonds propres, des prêts et de linnovation, dans ce qui constituerait la porte dentrée pour linternational. Ces nouveaux développeurs à linternational dUBIFRANCE seraient ainsi en mesure daccompagner les ETI et de jeunes entreprises innovantes en conseil à lexport dans la durée.
Lexpertise internationale dUBIFRANCE sera essentielle à la réussite de la BPI. Je souhaite quUBIFRANCE soit pleinement associée à la BPI. Cette participation nimplique pas de réforme organique. Je ne veux pas de réforme « mécano » perturbant les personnels et loutil quest UBI. Lagence ne sera pas intégrée à la BPI dans cette première étape.
Je lai dit, jentends renforcer le rôle des Régions. Dans la mesure où il leur appartiendra de repérer les entreprises à plus fort potentiel export et de définir leurs priorités en termes de soutien, votre agence doit devenir un opérateur connu et reconnu par les Régions.
Je souhaite que les Régions élaborent des plans régionaux pour linternationalisation des entreprises. Lagence pourra être impliquée dans leur mise en oeuvre et dans lidentification et laccompagnement des entreprises. Vous avez déjà des conventions avec certaines Régions. Vous aurez à répondre, dans ce cadre ou un autre et si les Régions le décident, aux besoins spécifiques identifiés dans les plans régionaux.
Lagence, en partenariat avec dautres acteurs le cas échéant, doit être le partenaire opérationnel des Régions. Jentends dailleurs quelles trouvent rapidement une plus juste place dans la gouvernance dUBIFRANCE.
Je discuterai, enfin, avec les Régions, de leur présence à létranger et de la nécessité doptimiser laction française à linternational.
Mes orientations devront se retrouver dans le nouveau cadre stratégique de lagence. Aussi, je souhaite que soit révisé, avant la fin du premier trimestre 2013, le Contrat dObjectifs et de Performances (COP) qui vous lie à lEtat. Il fixera à lagence des objectifs qui porteront sur laccompagnement dans la durée des entreprises et leur réussite à linternational, ainsi que sur la démarche client. Il proposera des actions définies en fonction de la taille et des besoins des entreprises et devra dire, avec clarté, ce que sont nos priorités en termes de types dentreprises, de filières et de marchés.
Ces propositions daction, vous les attendiez. Elles ne sont pas fermées. Avec le directeur général, nous les préciserons.
Nous avons tous lenvie de réussir. Nous avons tous la fierté dêtre français. Nous sommes bons mais la mondialisation appelle lexcellence. Nous allons ensemble y accéder. Cela demande de la volonté et un peu de temps, nous avons un quinquennat.
Je vous remercie.
Source http://www.commerce-exterieur.gouv.fr, le 18 septembre 2012