Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, sur la politique du logement, notamment la mobilisation du foncier public en faveur du logement social, à Paris le 7 septembre 2012.

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Circonstance : Déplacement du Premier ministre à la caserne de Reuilly, dans le 12e arrondissement de Paris le 7 septembre 2012

Texte intégral

Cher maire de Paris, cher Bertrand, madame la première adjointe, chère Anne Hildago ; madame la maire du 12e arrondissement ; mesdames et messieurs les Parlementaires ; madame la députée de la circonscription, chère Sandrine, je suis content de te retrouver ici chez toi dans ta circonscription avec tous les autres élus que je salue et bien sûr en particulier l’adjoint au logement. Et puis bien sur monsieur le président du Conseil régional d’Ile-de-France Jean-Paul Huchon avec lequel nous avons beaucoup de choses à faire ensemble. J’y reviendrai. Monsieur le Préfet, monsieur le Gouverneur militaire, mesdames et messieurs.
Je suis heureux d’être là, et ça se voit que nous sommes heureux parce qu’ici quelque chose a été préparé par la Ville de Paris et va pouvoir enfin se réaliser. Et avec Cécile Duflot, qui m’accompagne, ministre du Logement et de l’Egalité des territoires, nous sommes déterminés à soutenir les collectivités locales qui veulent avec nous atteindre cet objectif ambitieux de répondre à la demande de logement des Français.
Nous savons qu’il y a un retard immense et qu’il faudra une longue période pour le rattraper. Le président de la République, dans son projet, avait annoncé 500 000 logements par an – c’est considérable – dont 150 000 logements sociaux, sur une période longue. Ceux qui connaissent bien la question du logement savent que l’effort doit s’inscrire dans la durée, sans oublier aussi l’ambition qui est la nôtre de réhabiliter du logement ancien, notamment dans le logement social mais pas seulement, dans le parc locatif privé avec un objectif d’isolation thermique d’un million de logements par an. Et chacun sait qu’il y a là une dimension macro-économique, écologique, de développement durable, mais qu’il y a aussi une dimension sociale et qui va s’inscrire dans ce projet particulièrement puisque, à chaque fois que l’on fait des économies d’énergie, non seulement on contribue à la lutte contre le réchauffement climatique mais on contribue aussi à diminuer les charges que les locataires ou les propriétaires doivent payer pour se chauffer. Donc il y a un intérêt majeur à engager tout de suite cette promesse et cet engagement du président de la République. C’est ce qu’a fait le gouvernement dès son installation et je remercie chaleureusement Cécile Duflot : depuis les premiers jours, elle a travaillé avec détermination pour que ce projet de loi soit présenté au conseil des ministres de cette semaine.
Maintenant, nous sommes prêts et monsieur le maire de Paris, avec votre équipe, vous avez voulu anticiper le départ des militaires de la Défense nationale pour d’autres lieux et trop de retard a été pris et c’est dommage mais nous voulons changer la donne. Le changement, on nous demande si c’est maintenant. Oui, le changement, c’est maintenant mais ce n’est pas qu’un changement qui ferait croire que tout se réglerait en un jour ; c’est un changement d’objectifs, c’est un changement d’ambitions, mais c’est aussi un changement de méthode et donc il y a des conservatismes, il y a des résistances au point d’ailleurs que je voyais une liste publiée par France Domaine qui ne correspond pas tout à fait à notre commande, eh bien là aussi, des choses changeront. Je ne mets pas les personnes en cause, je dis simplement que la culture précédente, c’était surtout "ne donnez pas les terrains même si c’est pour du logement social, vendez les pour faire davantage de recettes pour l’Etat."
Ca pouvait se comprendre mais c’était une autre logique. Donc il faut tourner cette page et c’est pour ça que lorsque je me suis adressé à tous les préfets de région et préfets de département, au ministère de l’Intérieur, il y a quelques semaines, je leur ai demandé de se mobiliser avec les élus locaux et particulièrement les maires qui sont prêts à lancer des programmes, des programmes pour construire du logement mais de le faire dans des projets urbains de qualité comme ici à la caserne de Reuilly, c’est-à-dire des programmes de mixité urbaine et de mixité sociale où l’on retrouvera à la fois du logement locatif, social vraiment social, mais aussi du logement locatif abordable, intermédiaire, du logement accessible en-dessous du prix du marché, à la propriété. Notre vision de logement pour toute la France, ce n’est pas uniquement du logement social ; c’est du logement pour tous et permettre aussi les parcours résidentiels tout au long d’une vie. Donc ici, nous pouvons le rendre concret, mais nous pouvons le rendre concret parce que se rencontrent deux volontés politiques : celle du gouvernement et celle de la ville de Paris. Et je suis sûr que si nous voulons réussir, nous ne le ferons pas sans le concours des élus locaux et en particulier des maires ou des présidents des intercommunalités.
A Paris, monsieur le maire, vous avez au fond entre vos mains beaucoup de pouvoir et je m’en félicite d’une certaine façon parce que c’est plus facile. Dans certains territoires, il y a le maire, il y a l’intercommunalité, il y a la région, il y a aussi le département, il faut mettre tout le monde ensemble, c’est nécessaire. C’est ce que le Gouvernement a décidé hier pour Marseille : lorsque là, les élus locaux prennent du retard, eh bien, l’Etat doit prendre ses responsabilités pour donner de l’espoir et pour apporter des réponses concrètes aux habitants. Eh bien, ici à Paris, monsieur le maire, vous l’avez dit, vous étiez impatient et moi aussi, je suis impatient mais vous avez surtout fait une démonstration que la volonté politique locale était capable aussi de transformer les choses et vous avez atteint et même dépassé l’objectif que le Gouvernement fixe à toutes les communes de 25 % de logements sociaux. Et moi, je suis fier de ce que vous avez fait et les Français peuvent aussi regarder partout en France ce que des élus comme vous ont été capables de faire pour vaincre aussi parfois, je le disais, les conservatismes mais aussi les peurs : "ah, vous voulez nous mettre du logement social ?" mais du logement, nous voulons mettre du logement pour tous, pour tous les Français, de tous les âges, de toutes les catégories sociales mais faire de la ville et ici, vous n’allez pas vous contenter de rénover, de réhabiliter, de mettre en valeur ce beau patrimoine historique, vous allez aussi faire un parc urbain dans un contexte contraint et ce n’est pas facile mais vous avez décidé de le faire, vous ne faites pas, je dirais, de la rentabilité financière en disant "bah, il y a 5000 m2 là, on va faire encore du bâtiment", non, vous voulez en faire un parc public ouvert sur le quartier. C’est ça aussi la mixité urbaine. Et puis, en même temps, des services publics, des écoles, des crèches, vous l’avez rappelé tout à l’heure. Donc moi, je suis vraiment heureux de partager avec vous cette ambition.
Alors, la règle du jeu qui a été fixée et qui sera présentée devant le Parlement dans quelques jours par Cécile Duflot, c’est qu’en effet, l’engagement du président de la République, c’est de mettre du foncier à disposition avec les financements d’aide à la pierre, avec la mobilisation d’Action Logement et des collectivités territoriales mais la mise à disposition du foncier de l’Etat qui donne l’exemple, qui exprime une détermination, une volonté, gratuitement lorsqu’il s’agit de logement social, de vrais logements sociaux. Et puis, négocier avec une décote et trouver projet par projet en fonction de la qualité urbaine et sociale et en particulier lorsqu’il y a une ambition, je le disais, de logements abordables et d’accession sociale à la propriété. En ce qui concerne ce projet, c’est le cas. Donc je suis sûr que très vite, dans quelques jours, l’accord sera trouvé.
C’est la règle du jeu pour tous les projets et donc j’appelle l’ensemble des fonctionnaires de l’Etat à se mobiliser pour cette grande cause, bien sûr aussi les fonctionnaires territoriaux de l’Etat mais aussi les élus locaux et régionaux. J’ai eu l’occasion il y a quelques semaines de discuter avec Jean-Paul Huchon et sa présence n’est sans doute pas un hasard aussi puisqu’il va venir apporter le concours du Conseil régional au projet de Paris mais aussi des autres communes, des autres territoires de ce Grand Paris. Alors, je ne vais pas développer aujourd’hui le projet du Grand Paris, j’aurai l’occasion d’y revenir mais ce que je sais, c’est que les élus de Paris comme de l’Ile-de-France sont conscients des difficultés de leurs concitoyens pour accéder au logement, il y a trop d’inégalités territoriales, trop d’inégalités pour se rendre au travail par des transports en commun encore trop dégradés, mais il y a la question du logement.
Alors, nous aurons dans quelques semaines, j’espère, l’occasion de nous retrouver pour prendre des décisions qui montreront aux habitants de l’Ile-de-France que le gouvernement comprend les problèmes spécifiques de ce territoire et qu’il vous donnera les moyens non seulement réglementaires, non seulement d’organisation mais aussi financiers qui vous permettront de contribuer vous aussi en l’Ile-de-France à l’objectif de répondre à la demande de logement de nos concitoyens sur tout le territoire de la France. Alors merci pour votre mobilisation, merci à tous ceux qui vont ici œuvrer pour réaliser ce projet. Le changement, oui, est intervenu, il faut l’inscrire dans la durée, c’est vrai mais ça commence effectivement maintenant et vous, monsieur le maire de Paris, vous l’avez anticipé. Et donc je ne suis pas là par hasard avec Cécile Duflot ; je suis là pour vous remercier et pour encourager toutes celles et tous ceux qui demain sur tous les territoires vont aller dans la même direction car cette chance que nous avons, c’est que maintenant, les grandes lois de décentralisation lorsque François Mitterrand a été élu président de la République pour son premier mandat ont fini par porter leurs fruits et changer la manière d’aborder les questions.
Le Gouvernement avec l’Etat bien sûr dont il a la responsabilité, le Parlement qui vote les lois, les budgets, eh bien, nous fixons les objectifs, nous dégageons les moyens mais pour réaliser, nous avons besoin du concours des collectivités territoriales, des communes, des intercommunalités, des départements et des régions. Et je suis sûr qu’elles seront au rendez-vous tant la demande de nos concitoyens est forte, tant en matière de logement qu’en matière d’emploi puisque ce sont vraiment aujourd’hui les préoccupations principales et essentielles et ça sera l’occasion sans doute de faire d’autres visites de terrain lorsque le projet de loi de la Banque publique d’Investissement aura été voté dans quelques semaines par le Parlement. Ce sera la même démarche : pour réussir le redressement du pays, pour changer durablement profondément les choses en France, nous avons besoin de la mobilisation de tous les acteurs de la société. Le gouvernement, le Parlement les élus locaux, les entreprises, les citoyens, ici à Paris, nous voyons que ça peut marcher ; donc moi, j’ai confiance, nous réussirons !
Source http://www.gouvernement.fr, le 13 septembre 2012