Texte intégral
Monsieur le Président de la Région,
Monsieur le Président de la Communauté Urbaine,
Madame la Présidente de lUnadel,
Mesdames Messieurs,
Jaurais souhaité être présente ou au moins me faire représenter par un membre de mon équipe, à la clôture de vos journées dété mais laccélération du calendrier parlementaire et le dossier brûlant du foncier de lEtat pour le logement, mobilisent cette semaine toute mon équipe.
Je pense que nous trouverons bientôt le temps pour poursuivre léchange récent que vous avez eu avec mon cabinet et dont on me dit quil a été très prometteur.
Dans le paysage de l Égalité des Territoires, lUnadel présente un visage particulier :
* Elle est sans doute dabord la structure la plus expérimentée sur le sujet. Elle a la mémoire dun patrimoine dau moins 30 années dexpériences de terrain. Des Ministres, vous en avez vu passer... Des discours, vous en avez entendu Attentifs à la cohérence du dire et du faire, vous ne vous payez ni de mots ni de promesses mais les débats de fond vous intéressent. Vous êtes toujours preneurs didées et déchanges pour produire une vision dynamique des territoires.
* Ensuite vous associez dans un même cadre de réflexion et daction, des élus, des animateurs de développement, des fonctionnaires territoriaux, des militants engagés de léducation populaire ou de la citoyenneté active : je suis à cet égard très intéressée par vos réflexions et projets quant aux nouveaux métiers, à lidentité professionnelle et aux situations de travail des intervenants sur les territoires.
* Enfin vous insistez beaucoup sur la dimension ascendante des dynamiques locales, jai pris bonne note, comme je le pense mes autres collègues du gouvernement, de votre appel à « décentraliser autrement ».
Comme vous le savez, jai installé lundi dernier une commission, présidée par Thierry Wahl, dont le propos est la création dun Commissariat Général à lÉgalité des territoires et dont les résultats seront mis en discussion à loccasion du 50ème anniversaire de la Datar en février prochain.
Au-delà des intitulés, je voudrais en quelques mots vous dire lesprit qui manime dans la reforme des politiques publiques de lEtat sur les territoires, pour les années qui viennent.
Sans polémique aucune, je pars du constat que lEtat a largement abdiqué depuis 10 ans tout projet daménagement équilibré et durable des territoires.
Il a explicitement assumé le retrait de ses services. Il a multiplié les délégations aux grands opérateurs privés, aménageurs, promoteurs, sociétés de travaux publics, énergéticiens, multinationales de lenvironnement, prestataires de services à la personne, groupes de télécommunication et de réseaux etc.
Lidée était que léconomie mondialement compétitive tirerait toutes les économies locales vers le haut, que le jeu serait positif pour tout le monde
Ce choix en vérité na bénéficié quà quelques territoires. Il a renforcé les inégalités et les fractures... Dautres mêmes sont apparues.
Lexpulsion des couches populaires des centres villes, la périurbanisation mangeuse despaces, lenkystement de la grande pauvreté dans les territoires éloignés des centres, lexplosion des mobilités contraintes et couteuses : telles ont été les conséquences de cette pratique bien connue dite du « renard libre dans les poulaillers territoriaux libres ».
Dans une spirale extrêmement démobilisatrice pour la société, les dégâts de cette façon de faire ont annulé les gains et les apports des politiques spécifiques, par exemple les politiques de rénovation urbaine quon a ensuite, dans des rapports vengeurs, jeté en pâture à la vindicte publique.
Le Président de la République, en créant le Ministère de lEgalité des territoires, ma ainsi confié une mission claire et inscrite dans la durée :
* Dépasser le traitement au cas par cas, territoire par territoire, sans vue densemble ni stratégie cohérente.
* Parler et agir avec tous les territoires, ce qui signifie rompre avec les simples logiques de guichet et dappel à projets qui mettent les acteurs en compétition les uns avec les autres, arrosent les zones humides et désertifient les zones sèches.
* Au-delà de la réparation, passer à une politique de prévention et danticipation : la transition écologique et énergétique nous offre loccasion de revoir les conditions de production et de consommation de richesses, la répartition des activités et des filières, lémergence des nouvelles valeurs ajoutées qui feront demain lattractivité de territoires productifs, robustes, résilients et connectés.
Vous tenez vos universités dans un territoire où malgré les efforts des uns et des autres, (et je salue au passage ceux de la Région Paca et de lAgglomération) on court derrière les conséquences dune gouvernance éclatée, derrière la cohabitation du meilleur et du pire, derrière labsence de planification et de réflexion partagée sur les frontières.
Il est temps, ici comme ailleurs et comme la dit le Premier Ministre, de ne plus courir derrière personne mais davancer dun pas tranquille en indiquant une direction.
Et je sais quun certain nombre des sites que vous avez visités hier et les ateliers que vous avez tenus, indiquent dores et déjà cette direction.
LEgalite des territoires, doit devenir ou redevenir un des éléments majeurs de la formation en amont des politiques publiques stratégiques et cela tant au niveau national quau niveau des territoires eux-mêmes.
Cest lEgalité des territoires qui tient à cet instant la clef du redressement productif, de lemploi et de la transition écologique dans notre pays.
Voila pourquoi, je souhaite installer ce ministère dans la durée.
Et il ne sinstallera dans la durée que sil est au cur dun triple mouvement :
1/ Le transfert aux régions dune capacité dintervention nouvelle.
2/ De nouvelles formes de contractualisation entre lEtat et les territoires : je souhaite par exemple une mise en cohérence forte de la gestion future des fonds européens et de la nouvelle génération de contrats de projet qui incluront un volet territorial.
3/ Le renforcement des moyens de lEtat sur des priorités identifiées, laffichage plus clair de ses missions stratégiques danimation, de veille et daction pour laccès de tous au minimum de services publics et de services à la personne.
Ce renforcement nous pousse à la remise en ordre de nos outils dintervention, primes, fonds, conventions et contrats...
Il nous renvoie, à la réforme de la péréquation, à un effort soutenu pour la stabilité des ressources fiscales des collectivités locales.
Il appelle une véritable négociation sur la répartition des rôles de lEtat et de celles-ci, sur la mutualisation par exemple des outils dobservation, dintervention, daction économique ou de préservation de la nature...
Il impose la mise en valeur de linnovation territoriale, la relance des dynamiques de territoires : vous avez suffisamment agi en faveur des conseils de développement pour que je me dispense ici de revenir sur la notion de « territoires de projets ».
Enfin, il nous amènera à un réexamen du rôle et des métiers des agents de lEtat sur les territoires.
Mesdames, messieurs,
Je souhaite pouvoir poursuivre avec vous un échange approfondi sur lensemble de ces sujets, auxquels je vous sais très attentifs.
Je demanderai, si vous en convenez, à ce que lUnadel soit entendue par la Commission pour la Création du Commissariat au Développement Durable.
Je veillerai à ce que vos propres préoccupations soient prises en compte dans les orientations à venir du gouvernement.
Les temps qui viennent ne sont pas faciles, tant convergent des difficultés et les crises dorigine diverse.
Mais ils sont passionnants du point de vue de laction publique...
Nos marges de manuvre résident certes dans la participation de tous à leffort de redressement.
Mais elles résident beaucoup dans une autre façon de gouverner, dans la mobilisation des acteurs et des populations, dans la recherche de voies et moyens adaptés à la richesse et à la diversité de nos territoires.
Je suis certaine que vous trouverez vous aussi les plus adaptées pour faire progresser les valeurs que vous portez depuis longtemps.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 20 septembre 2012
Monsieur le Président de la Communauté Urbaine,
Madame la Présidente de lUnadel,
Mesdames Messieurs,
Jaurais souhaité être présente ou au moins me faire représenter par un membre de mon équipe, à la clôture de vos journées dété mais laccélération du calendrier parlementaire et le dossier brûlant du foncier de lEtat pour le logement, mobilisent cette semaine toute mon équipe.
Je pense que nous trouverons bientôt le temps pour poursuivre léchange récent que vous avez eu avec mon cabinet et dont on me dit quil a été très prometteur.
Dans le paysage de l Égalité des Territoires, lUnadel présente un visage particulier :
* Elle est sans doute dabord la structure la plus expérimentée sur le sujet. Elle a la mémoire dun patrimoine dau moins 30 années dexpériences de terrain. Des Ministres, vous en avez vu passer... Des discours, vous en avez entendu Attentifs à la cohérence du dire et du faire, vous ne vous payez ni de mots ni de promesses mais les débats de fond vous intéressent. Vous êtes toujours preneurs didées et déchanges pour produire une vision dynamique des territoires.
* Ensuite vous associez dans un même cadre de réflexion et daction, des élus, des animateurs de développement, des fonctionnaires territoriaux, des militants engagés de léducation populaire ou de la citoyenneté active : je suis à cet égard très intéressée par vos réflexions et projets quant aux nouveaux métiers, à lidentité professionnelle et aux situations de travail des intervenants sur les territoires.
* Enfin vous insistez beaucoup sur la dimension ascendante des dynamiques locales, jai pris bonne note, comme je le pense mes autres collègues du gouvernement, de votre appel à « décentraliser autrement ».
Comme vous le savez, jai installé lundi dernier une commission, présidée par Thierry Wahl, dont le propos est la création dun Commissariat Général à lÉgalité des territoires et dont les résultats seront mis en discussion à loccasion du 50ème anniversaire de la Datar en février prochain.
Au-delà des intitulés, je voudrais en quelques mots vous dire lesprit qui manime dans la reforme des politiques publiques de lEtat sur les territoires, pour les années qui viennent.
Sans polémique aucune, je pars du constat que lEtat a largement abdiqué depuis 10 ans tout projet daménagement équilibré et durable des territoires.
Il a explicitement assumé le retrait de ses services. Il a multiplié les délégations aux grands opérateurs privés, aménageurs, promoteurs, sociétés de travaux publics, énergéticiens, multinationales de lenvironnement, prestataires de services à la personne, groupes de télécommunication et de réseaux etc.
Lidée était que léconomie mondialement compétitive tirerait toutes les économies locales vers le haut, que le jeu serait positif pour tout le monde
Ce choix en vérité na bénéficié quà quelques territoires. Il a renforcé les inégalités et les fractures... Dautres mêmes sont apparues.
Lexpulsion des couches populaires des centres villes, la périurbanisation mangeuse despaces, lenkystement de la grande pauvreté dans les territoires éloignés des centres, lexplosion des mobilités contraintes et couteuses : telles ont été les conséquences de cette pratique bien connue dite du « renard libre dans les poulaillers territoriaux libres ».
Dans une spirale extrêmement démobilisatrice pour la société, les dégâts de cette façon de faire ont annulé les gains et les apports des politiques spécifiques, par exemple les politiques de rénovation urbaine quon a ensuite, dans des rapports vengeurs, jeté en pâture à la vindicte publique.
Le Président de la République, en créant le Ministère de lEgalité des territoires, ma ainsi confié une mission claire et inscrite dans la durée :
* Dépasser le traitement au cas par cas, territoire par territoire, sans vue densemble ni stratégie cohérente.
* Parler et agir avec tous les territoires, ce qui signifie rompre avec les simples logiques de guichet et dappel à projets qui mettent les acteurs en compétition les uns avec les autres, arrosent les zones humides et désertifient les zones sèches.
* Au-delà de la réparation, passer à une politique de prévention et danticipation : la transition écologique et énergétique nous offre loccasion de revoir les conditions de production et de consommation de richesses, la répartition des activités et des filières, lémergence des nouvelles valeurs ajoutées qui feront demain lattractivité de territoires productifs, robustes, résilients et connectés.
Vous tenez vos universités dans un territoire où malgré les efforts des uns et des autres, (et je salue au passage ceux de la Région Paca et de lAgglomération) on court derrière les conséquences dune gouvernance éclatée, derrière la cohabitation du meilleur et du pire, derrière labsence de planification et de réflexion partagée sur les frontières.
Il est temps, ici comme ailleurs et comme la dit le Premier Ministre, de ne plus courir derrière personne mais davancer dun pas tranquille en indiquant une direction.
Et je sais quun certain nombre des sites que vous avez visités hier et les ateliers que vous avez tenus, indiquent dores et déjà cette direction.
LEgalite des territoires, doit devenir ou redevenir un des éléments majeurs de la formation en amont des politiques publiques stratégiques et cela tant au niveau national quau niveau des territoires eux-mêmes.
Cest lEgalité des territoires qui tient à cet instant la clef du redressement productif, de lemploi et de la transition écologique dans notre pays.
Voila pourquoi, je souhaite installer ce ministère dans la durée.
Et il ne sinstallera dans la durée que sil est au cur dun triple mouvement :
1/ Le transfert aux régions dune capacité dintervention nouvelle.
2/ De nouvelles formes de contractualisation entre lEtat et les territoires : je souhaite par exemple une mise en cohérence forte de la gestion future des fonds européens et de la nouvelle génération de contrats de projet qui incluront un volet territorial.
3/ Le renforcement des moyens de lEtat sur des priorités identifiées, laffichage plus clair de ses missions stratégiques danimation, de veille et daction pour laccès de tous au minimum de services publics et de services à la personne.
Ce renforcement nous pousse à la remise en ordre de nos outils dintervention, primes, fonds, conventions et contrats...
Il nous renvoie, à la réforme de la péréquation, à un effort soutenu pour la stabilité des ressources fiscales des collectivités locales.
Il appelle une véritable négociation sur la répartition des rôles de lEtat et de celles-ci, sur la mutualisation par exemple des outils dobservation, dintervention, daction économique ou de préservation de la nature...
Il impose la mise en valeur de linnovation territoriale, la relance des dynamiques de territoires : vous avez suffisamment agi en faveur des conseils de développement pour que je me dispense ici de revenir sur la notion de « territoires de projets ».
Enfin, il nous amènera à un réexamen du rôle et des métiers des agents de lEtat sur les territoires.
Mesdames, messieurs,
Je souhaite pouvoir poursuivre avec vous un échange approfondi sur lensemble de ces sujets, auxquels je vous sais très attentifs.
Je demanderai, si vous en convenez, à ce que lUnadel soit entendue par la Commission pour la Création du Commissariat au Développement Durable.
Je veillerai à ce que vos propres préoccupations soient prises en compte dans les orientations à venir du gouvernement.
Les temps qui viennent ne sont pas faciles, tant convergent des difficultés et les crises dorigine diverse.
Mais ils sont passionnants du point de vue de laction publique...
Nos marges de manuvre résident certes dans la participation de tous à leffort de redressement.
Mais elles résident beaucoup dans une autre façon de gouverner, dans la mobilisation des acteurs et des populations, dans la recherche de voies et moyens adaptés à la richesse et à la diversité de nos territoires.
Je suis certaine que vous trouverez vous aussi les plus adaptées pour faire progresser les valeurs que vous portez depuis longtemps.
Source http://www.territoires.gouv.fr, le 20 septembre 2012