Déclaration de M. François Lamy, ministre délégué à la ville, sur le bilan à mi-parcours de la mobilisation pour la réforme de la politique de la ville, à Paris le 22 novembre 2012.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Concertation nationale "Quartiers, engageons le changement", à Paris le 22 novembre 2012

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Nous voilà à mi-parcours de la concertation, 1 mois ½ après le lancement de la concertation à Roubaix le 11 octobre dernier. Je sais combien les agendas de chacun sont denses, particulièrement dans cette période. Chacun des 3 groupes de travail s’est réuni 3 à 4 fois et chaque réunion rassemble 40 à 50 personnes, attestant de l’implication de chacun. Je voudrais donc tout d’abord vous remercier pour votre participation et votre mobilisation.
Cette mobilisation pour la réforme de la politique de la ville est essentielle car il nous faut agir pour nos quartiers populaires concrètement et rapidement. L’actualité nous le rappelle. De nombreux sujets ont été abondamment traités dans les médias ces quinze derniers jours quant aux difficultés des communes les plus pauvres et en particulier des habitants des quartiers populaires. Les banlieues souffrent.
* L’étude de l’Observatoire National des Zones Urbaines Sensibles est venu vendredi dernier confirmer que les difficultés au quotidiens sont présents et que la crise touche encore plus les habitants des quartiers populaires.
* La situation financière des communes les plus pauvres brusquement mis en lumière par l’action du maire de Sevran nous commande d’agir. Le Président de la République l’a rappelé lors de sa conférence de presse la semaine passée et encore avant-hier lors du Congrès des maires de France. Les villes pauvres doivent recevoir plus de solidarité.
Je l’ai dit à Roubaix et je réinsiste aujourd’hui devant vous, cette concertation est nécessairement opérationnelle. Il faut confronter, échanger et formuler des préconisations concrètes. A partir de vos préconisations, un Conseil interministériel des villes sera organisé en février, qui traduira la réforme dans un projet de loi d’ici l’été prochain.
La diversité que vous représentez et que j’ai voulue dans cette concertation, aussi bien politique, géographique que dans les fonctions représentées, est, je le crois, le gage d’une vision globale et partagée de ce que doit être la réforme de la politique de la ville. Elus, représentants de l’Etat, associations locales et nationales, organismes HLM, entreprises, personnalités qualifiées : nous avons tous une certaine idée de ce vers quoi la politique de la ville doit s’orienter, de la manière dont on peut la rendre plus efficace.
Mais cette concertation c’est aussi et surtout l’occasion de repenser totalement la place des habitants car ils sont au coeur du processus. Ce sont eux les meilleurs représentants de leur quartier et de leur quotidien. Ce sont eux les meilleurs experts car ils sont les usagers de leur territoire. Si on ne leur en donne pas les moyens, si on ne leur créé pas l’espace suffisant, on ne peut pas leur reprocher de ne pas s’impliquer plus. On ne peut pas d’un côté s’inquiéter du désintérêt croissant pour la chose publique, se préoccuper de l’hémorragie électorale dans ces quartiers ou de la montée des scores du FN et en même temps ne pas donner les moyens aux habitants d’être acteurs de leur propre quartier.
Je veux que la réforme de la politique de la ville marque sur cette question de la participation des habitants un tournant décisif. Je veux que les habitants deviennent des acteurs à part entière dans les territoires, aux côtés de l’Etat et des collectivités. C’est, j’en suis convaincu, la condition première du rétablissement de l’égalité républicaine dans ces quartiers. Ils ont des choses à nous dire, que ce soit sur leurs attentes, leurs projets, sur les relations entre les habitants et la police, sur les discriminations dont ils font parfois l’objet, sur la Ville dans laquelle ils veulent vivre. Redonner toute leur place à ceux pour qui l’on conduit nos politiques publiques, rapprocher notre action au plus près des besoins des habitants, est un enjeu primordial.
Que ce soit par les associations locales membres dans la concertation, par les cahiers d’acteur que nous avons mis à disposition des habitants et des associations, ou encore avec les réflexions des groupes de travail sur ce sujet, je veux que nous proposions ensemble une nouvelle façon de penser la participation active des habitants à la politique de la ville. Dès janvier, seront d’ailleurs organisées des rencontres « avis citoyens » dans certaines villes de France, afin d’aller discuter de ce que les gens attendent de la politique de la ville pour leurs quartiers, d’entendre leurs préoccupations et leurs préconisations.
Place maintenant à nos deux séances de la matinée. Dans un premier temps nous allons voir les avancées de chacun des 3 groupes et en discuter : je souhaite d’ailleurs remercier les 6 co-présidents pour leur disponibilité et leur implication dans la mission que je leur ai confiée. Ensuite, j’ai donc souhaité mettre les habitants au coeur de la 2ème partie de cette plénière, avec la présence aujourd’hui de certains d’entre eux qui ont participé à l’ouvrage de la fédération des centres sociaux et de questions de ville : « on voudrait entendre crier toutes les voix de nos cités » pour un échange qui marquera une nouvelle avancée pour cette réforme de la politique de la ville que nous construisons ensemble.
Je vous remercie.
Source www.territoires.gouv.fr, le 23 novembre 2012