Texte intégral
Je souhaite vous faire part en premier lieu de lémotion et de la joie qui sont les miennes dêtre devant vous aujourdhui. Joie dêtre, enfin, en Nouvelle-Calédonie près de 6 mois après ma prise de fonction. Cest une découverte forte pour moi, même si depuis 6 mois jai reçu, à Paris, les uns et les autres. Votre pays ne mest donc pas inconnu, mais il me manquait le principal : venir sentir battre le cur, le pouls de la Nouvelle-Calédonie, de ses communautés, de ses institutions, de ses hommes et femmes.
Emotion, car ici sest tournée une page douloureuse de notre histoire commune, ici, en Nouvelle-Calédonie, nous avons vu ce que la division avait de mortel pour les sociétés, nous avons vu aussi ce quil fallait de courage et dabnégation, de part et dautre, pour accepter de sengager ensemble sur le chemin, long, parsemé parfois dobstacles et dembûches, de la réconciliation, de la concorde, bref, de lespoir et du destin commun et partagé.
Je veux ici rendre plus particulièrement hommage à MM. Jacques LAFLEUR et Jean- Marie TJIBAOU.
Lun comme lautre engagés dans des causes et des combats essentiels, lun comme lautre dédiés à ce quils estimaient juste, lun comme lautre comprenant, après les douloureux événements qui ont déchiré la Nouvelle-Calédonie, quil faudrait travailler ensemble, quil faudrait construire un avenir commun, que rien ne se ferait de bon sans les deux grandes communautés, que la force et la ténacité de tous pouvaient être utilisés et orientés pour le meilleur de la Nouvelle-Calédonie.
Que leurs vies et leurs actes restent dans nos mémoires, pour nous inspirer et nous montrer la force qui peut naître de la conjonction dêtres dexception.
Je tiens aussi à saluer la mémoire de Charles PIDJOT, disparu récemment, et à renouveler ma sympathie envers ses proches et les compagnons de son engagement politique.
Vous pourriez légitimement vous interroger : encore une visite ministérielle ou présidentielle, une de plus. Vous pourriez vous demander sil ne sagit pas encore dun rituel politique parisien: venir, être vu, et, au retour, dire « jy étais ».
Tel nest pas mon propos.
La Nouvelle-Calédonie vient de vivre un moment politique difficile, tendu. Je ne sous-estime pas les tensions quil a pu laisser croître. Cest le jeu normal de la démocratie, le charme et la vigueur du combat, livresse de la victoire, lamertume de la défaite.
Et après ? Après, nous sommes toujours là, tous trois : vous, les indépendantistes et les non- indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, et nous, lEtat, engagés dans le même processus, laccord de Nouméa, engagés dans le même navire, sur ce fleuve tantôt tumultueux, tantôt calme, dont nous connaissons la source tourmentée, et dont nous navons pas encore inventé le port de destination, port auquel nous accosterons ensemble.
Que de chemin parcouru ! Que dépreuves affrontées ! Et il en reste encore, nous le savons tous.
Dans cette période de tension, vous avez pu craindre que lEtat délaissait la Nouvelle- Calédonie, attendant, en quelques sortes, que les choses se calment.
Il nen est rien, et il ne saurait en être ainsi !
Car lEtat que je représente devant vous tous aujourdhui est, au même titre que vous, le garant des engagements pris par les signataires historiques.
Il est acteur de ce processus et je vous le dis, il est aussi amené à être non seulement larbitre équidistant quand des blocages apparaissent, mais aussi cette force dimpulsion lorsquil faut les dépasser.
LEtat est là, et je puis vous assurer quil mettra tout en uvre pour aider ses partenaires calédoniens, pour les accompagner et porter avec eux le destin de la Nouvelle-Calédonie.
Cest empreint de cette responsabilité que je madresse à vous aujourdhui. Laction de lEtat sinscrit dans le respect de la lettre et de lesprit de laccord de Nouméa, sous trois angles principaux :
Premièrement, renforcer ou rétablir les liens avec, et entre, ses partenaires calédoniens ;
Deuxièmement, aider à restaurer une confiance que lapproche des échéances électorales de 2014 pourrait menacer. Car 2014, ce nest pas une fin, cest un début, louverture dune période sensible, difficile, où tous, nous aurons à faire preuve de modération, dinventivité et de courage.
Troisièmement enfin, appuyer la Nouvelle- Calédonie, laccompagner dans ses projets, lui apporter, quand cela savère nécessaire, lexpertise de lEtat.
A ce titre, je me dois daborder la question des transferts de compétences.
De nombreux transferts ont été menés à bien, les présidents successifs du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie savent le travail ardu, les négociations délicates, les points de friction.
Ah, les compensations ! On écrirait sur le sujet des thèses, ou même, parfois, des mélodrames.
Mais en fin de compte, je crois pouvoir affirmer que le travail que nous avons mené ensemble a été fructueux et bénéfique pour la Nouvelle-Calédonie. Des problèmes restent non résolus, jy reviendrai.
Il y a aussi les transferts de compétences en cours : laviation civile intérieure à compter du 1er janvier 2013, le droit civil et commercial à compter du 1er juillet 2013.
Le travail dextension du droit civil se poursuit, à Paris, conformément aux demandes que vous avez faites. Des experts ont été détachés auprès du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie, pour accompagner la transition.
Jai bon espoir que le travail engagé sera mené à bien, et cela, dans les délais.
Il y a, enfin, les transferts de compétences résiduels, ceux de larticle 27 : audiovisuel, enseignement supérieur, règles relatives aux collectivités locales.
Je sais que la question se pose de savoir si ces transferts de compétence sont obligatoires ou facultatifs, dès lors quils nécessitent, pour être engagés, une demande en ce sens émanant du Congrès.
Je vous le dis sans ambages, en toute honnêteté : quon les considère comme facultatifs ou obligatoires, ces transferts forment partie du processus de laccord de Nouméa, et ne peuvent en être dissociés. Ils ont vocation à être menés, et lEtat sera à votre disposition lorsque vous déciderez de vous engager dans ces transferts de compétences.
Je sais les craintes que certains peuvent exprimer, relatives à la faiblesse, parfois, de laccompagnement de la Nouvelle-Calédonie par lEtat, avant et surtout après les transferts de compétence.
Cela nest pas acceptable !
Jai demandé, et obtenu du Premier Ministre, la création dune structure pérenne chargée des transferts de compétence de la Nouvelle-Calédonie. Cette structure, qui associera lEtat et le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, aura trois missions :
* Premièrement, définir les modalités de mise à jour des branches du droit déjà transférées, je particulièrement assurances, et, veiller au règlement des problèmes rencontrés une fois les compétences transférées ;
* Deuxièmement, régler les problèmes posés lors de la phase de préparation des transferts de compétences ;
* Troisièmement enfin, sagissant des transferts de larticle 27, identifier les questions susceptibles de poser des difficultés dans les domaines concernés, de manière à pouvoir les régler au mieux lorsque vous déciderez de vous engager dans ce processus
Une convention liera lEtat et la Nouvelle- Calédonie, nous aurons loccasion den préparer le contenu après le comité des signataires.
Par ailleurs, nous avons tous, ici, à préparer ensemble la période charnière qui souvrira apr??s les élections provinciales de 2014.
A ce titre, lEtat continuera à accompagner ses partenaires calédoniens, sur deux plans :
Sagissant du premier, il vous appartiendra de définir ensemble le schéma stratégique industriel de la Nouvelle-Calédonie. Fruit dun diagnostic partagé, de la confrontation des stratégies et des priorités des acteurs calédoniens, il devrait permettre dassurer les retombées économiques suffisantes pour lensemble du pays, afin de permettre aux générations futures de connaître un développement économique satisfaisant.
Je tiens à saluer ici le travail mené par Mme Anne DUTHILLEUL dans le cadre du comité stratégique industriel. Son expertise et sa disponibilité témoignent de lengagement de lEtat auprès de la Nouvelle-Calédonie.
Je sais quil reste beaucoup à faire pour parvenir à un schéma stratégique industriel consensuel, mais je ne peux que me féliciter des conclusions constructives et encourageantes du comité qui vient de se tenir à Nouméa.
Sur le deuxième plan, lEtat, à la demande de ses partenaires, a mis en place une mission dexpertise et dappui au comité de pilotage relatif à lavenir institutionnel.
Cette mission, composée de MM. COURTIAL et MELIN-SOUCREMANIEN, auxquels je tiens aussi à rendre hommage ici, vient dêtre prolongée par la Premier Ministre.
Je ne puis que me féliciter du travail novateur mené par cette mission qui, en présentant différents schémas institutionnels existant de par le monde, sans prendre parti, vous donne une matière à réflexion dont je sais que, en temps voulu, vous tirerez tous les fruits.
Je suis aussi venu vous dire que si lEtat continuera à vous accompagner dans les domaines qui relèvent de la compétence de la Nouvelle-Calédonie, il nentend pas rester inactif dans les domaines qui relèvent de ses compétences.
Ainsi, la loi relative à la régulation économique en outre-mer, qui vient dêtre promulguée par le Président de la République, prévoit que le Gouvernement peut réglementer, par décret, les tarifs dune quinzaine de services bancaires dits « de base ».
Jai dû batailler, parfois au sein même du Gouvernement, pour faire aboutir cette disposition.
Que nentendait-on pas ! Nos compatriotes ultramarins seraient de mauvais payeurs, doù des tarifs élevés ; on menacerait léquilibre économique des banques ; on mettrait en péril lemploi !
Partout on ma servi ces arguments, partout on ma fait valoir quil valait mieux sen tenir à des engagements de bonne pratique ! Est-ce suffisant ? Certainement pas !
Nous sommes en train de préparer un décret de méthode sur le sujet: le Gouvernement privilégiera, dans un premier temps, des négociations ouvertes sous légide du représentant de lEtat, sur la base dun constat et dune analyse objectifs faits par lIEOM, afin de parvenir à un accord de modération des tarifs bancaires.
Mais que lon ne sy trompe pas ! Si cette négociation, encadrée dans un délai raisonnable, échoue, alors le représentant de lEtat transmettra au Gouvernement les éléments destinés à être repris dans le décret de plafonnement.
Je privilégie la négociation des acteurs. Mais lEtat prendra toutes ses responsabilités en cas de défaillance de la négociation.
Beaucoup des dispositions de la loi que jai portée, si ce nest la plupart, ne sont pas applicables en Nouvelle-Calédonie, parce quelles relèvent de compétences qui sont les vôtres.
Il vous appartient, si vous le jugez utile, de transposer dans votre réglementation celles des dispositions de la loi que vous jugerez adaptées à la résolution des problèmes de vie chère auxquels la Nouvelle-Calédonie est confrontée.
LEtat sera présent pour vous aider et accompagner dans une telle démarche : les problèmes de vie chère sont les mêmes dans tous nos outre-mer, et il convient dy porter les remèdes nécessaires.
À ce titre je tiens à saluer la mise en place au sein de votre Congrès de deux commissions relatives à ce sujet, dans la droite ligne des accords sociaux et économiques daoût 2012.
Un travail ardu vous attend, mais lEtat, par ma voix, tient à vous dire solennellement quil sera présent à vos côtés, dans le respect des compétences qui sont les vôtres.
Car lurgence sociale simpose à nous tous, et il faut y trouver des solutions.
Le dispositif des emplois avenir nest pas, lui non plus, applicable à la Nouvelle- Calédonie. Mais, si vous lestimez utile, il vous appartiendra de transposer ces dispositions dans votre législation, et je ne verrais que des avantages à ce que, par voie de convention entre lEtat et la Nouvelle- Calédonie, les modalités de soutien financier de lEtat soient définies en commun.
Je tiens, avant de conclure, à vous faire part dune inquiétude qui est la mienne : le sort de la jeunesse, et plus particulièrement celui de la jeunesse mélanésienne. La question de lavenir de cette jeunesse, de sa formation, de son accès à lemploi, de son insertion dans la société de demain, elle est décisive pour la construction de ce pays.
Nous constatons tous des phénomènes de marginalisation sociale qui, couplés à une rupture des liens traditionnels qui unissaient les hommes au sein des tribus, sont porteurs de signes inquiétants.
Quelle que soit la voie qui sera choisie par les néo-calédoniens pour leur futur, la question sociale restera posée, et il vous appartiendra dy répondre.
Je veux ici vous dire que lEtat sera présent à vos côtés afin de faire en sorte que ces questions, douloureuses pour toute la société calédonienne, trouvent une solution.
Je conclurai mon propos en vous renouvelant mes remerciements pour laccueil que vous, et au-delà de vous, la Nouvelle-Calédonie, me réservez.
Je sais la qualité des hommes que porte cette terre, et cest confiant en leur capacité à trouver le chemin de la concorde que jaborde cette première visite qui, jen suis sûr, ne sera pas la dernière.
Je vous remercie
source http://www.congres.nc, le 30 novembre 2012
Emotion, car ici sest tournée une page douloureuse de notre histoire commune, ici, en Nouvelle-Calédonie, nous avons vu ce que la division avait de mortel pour les sociétés, nous avons vu aussi ce quil fallait de courage et dabnégation, de part et dautre, pour accepter de sengager ensemble sur le chemin, long, parsemé parfois dobstacles et dembûches, de la réconciliation, de la concorde, bref, de lespoir et du destin commun et partagé.
Je veux ici rendre plus particulièrement hommage à MM. Jacques LAFLEUR et Jean- Marie TJIBAOU.
Lun comme lautre engagés dans des causes et des combats essentiels, lun comme lautre dédiés à ce quils estimaient juste, lun comme lautre comprenant, après les douloureux événements qui ont déchiré la Nouvelle-Calédonie, quil faudrait travailler ensemble, quil faudrait construire un avenir commun, que rien ne se ferait de bon sans les deux grandes communautés, que la force et la ténacité de tous pouvaient être utilisés et orientés pour le meilleur de la Nouvelle-Calédonie.
Que leurs vies et leurs actes restent dans nos mémoires, pour nous inspirer et nous montrer la force qui peut naître de la conjonction dêtres dexception.
Je tiens aussi à saluer la mémoire de Charles PIDJOT, disparu récemment, et à renouveler ma sympathie envers ses proches et les compagnons de son engagement politique.
Vous pourriez légitimement vous interroger : encore une visite ministérielle ou présidentielle, une de plus. Vous pourriez vous demander sil ne sagit pas encore dun rituel politique parisien: venir, être vu, et, au retour, dire « jy étais ».
Tel nest pas mon propos.
La Nouvelle-Calédonie vient de vivre un moment politique difficile, tendu. Je ne sous-estime pas les tensions quil a pu laisser croître. Cest le jeu normal de la démocratie, le charme et la vigueur du combat, livresse de la victoire, lamertume de la défaite.
Et après ? Après, nous sommes toujours là, tous trois : vous, les indépendantistes et les non- indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, et nous, lEtat, engagés dans le même processus, laccord de Nouméa, engagés dans le même navire, sur ce fleuve tantôt tumultueux, tantôt calme, dont nous connaissons la source tourmentée, et dont nous navons pas encore inventé le port de destination, port auquel nous accosterons ensemble.
Que de chemin parcouru ! Que dépreuves affrontées ! Et il en reste encore, nous le savons tous.
Dans cette période de tension, vous avez pu craindre que lEtat délaissait la Nouvelle- Calédonie, attendant, en quelques sortes, que les choses se calment.
Il nen est rien, et il ne saurait en être ainsi !
Car lEtat que je représente devant vous tous aujourdhui est, au même titre que vous, le garant des engagements pris par les signataires historiques.
Il est acteur de ce processus et je vous le dis, il est aussi amené à être non seulement larbitre équidistant quand des blocages apparaissent, mais aussi cette force dimpulsion lorsquil faut les dépasser.
LEtat est là, et je puis vous assurer quil mettra tout en uvre pour aider ses partenaires calédoniens, pour les accompagner et porter avec eux le destin de la Nouvelle-Calédonie.
Cest empreint de cette responsabilité que je madresse à vous aujourdhui. Laction de lEtat sinscrit dans le respect de la lettre et de lesprit de laccord de Nouméa, sous trois angles principaux :
Premièrement, renforcer ou rétablir les liens avec, et entre, ses partenaires calédoniens ;
Deuxièmement, aider à restaurer une confiance que lapproche des échéances électorales de 2014 pourrait menacer. Car 2014, ce nest pas une fin, cest un début, louverture dune période sensible, difficile, où tous, nous aurons à faire preuve de modération, dinventivité et de courage.
Troisièmement enfin, appuyer la Nouvelle- Calédonie, laccompagner dans ses projets, lui apporter, quand cela savère nécessaire, lexpertise de lEtat.
A ce titre, je me dois daborder la question des transferts de compétences.
De nombreux transferts ont été menés à bien, les présidents successifs du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie savent le travail ardu, les négociations délicates, les points de friction.
Ah, les compensations ! On écrirait sur le sujet des thèses, ou même, parfois, des mélodrames.
Mais en fin de compte, je crois pouvoir affirmer que le travail que nous avons mené ensemble a été fructueux et bénéfique pour la Nouvelle-Calédonie. Des problèmes restent non résolus, jy reviendrai.
Il y a aussi les transferts de compétences en cours : laviation civile intérieure à compter du 1er janvier 2013, le droit civil et commercial à compter du 1er juillet 2013.
Le travail dextension du droit civil se poursuit, à Paris, conformément aux demandes que vous avez faites. Des experts ont été détachés auprès du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie, pour accompagner la transition.
Jai bon espoir que le travail engagé sera mené à bien, et cela, dans les délais.
Il y a, enfin, les transferts de compétences résiduels, ceux de larticle 27 : audiovisuel, enseignement supérieur, règles relatives aux collectivités locales.
Je sais que la question se pose de savoir si ces transferts de compétence sont obligatoires ou facultatifs, dès lors quils nécessitent, pour être engagés, une demande en ce sens émanant du Congrès.
Je vous le dis sans ambages, en toute honnêteté : quon les considère comme facultatifs ou obligatoires, ces transferts forment partie du processus de laccord de Nouméa, et ne peuvent en être dissociés. Ils ont vocation à être menés, et lEtat sera à votre disposition lorsque vous déciderez de vous engager dans ces transferts de compétences.
Je sais les craintes que certains peuvent exprimer, relatives à la faiblesse, parfois, de laccompagnement de la Nouvelle-Calédonie par lEtat, avant et surtout après les transferts de compétence.
Cela nest pas acceptable !
Jai demandé, et obtenu du Premier Ministre, la création dune structure pérenne chargée des transferts de compétence de la Nouvelle-Calédonie. Cette structure, qui associera lEtat et le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, aura trois missions :
* Premièrement, définir les modalités de mise à jour des branches du droit déjà transférées, je particulièrement assurances, et, veiller au règlement des problèmes rencontrés une fois les compétences transférées ;
* Deuxièmement, régler les problèmes posés lors de la phase de préparation des transferts de compétences ;
* Troisièmement enfin, sagissant des transferts de larticle 27, identifier les questions susceptibles de poser des difficultés dans les domaines concernés, de manière à pouvoir les régler au mieux lorsque vous déciderez de vous engager dans ce processus
Une convention liera lEtat et la Nouvelle- Calédonie, nous aurons loccasion den préparer le contenu après le comité des signataires.
Par ailleurs, nous avons tous, ici, à préparer ensemble la période charnière qui souvrira apr??s les élections provinciales de 2014.
A ce titre, lEtat continuera à accompagner ses partenaires calédoniens, sur deux plans :
Sagissant du premier, il vous appartiendra de définir ensemble le schéma stratégique industriel de la Nouvelle-Calédonie. Fruit dun diagnostic partagé, de la confrontation des stratégies et des priorités des acteurs calédoniens, il devrait permettre dassurer les retombées économiques suffisantes pour lensemble du pays, afin de permettre aux générations futures de connaître un développement économique satisfaisant.
Je tiens à saluer ici le travail mené par Mme Anne DUTHILLEUL dans le cadre du comité stratégique industriel. Son expertise et sa disponibilité témoignent de lengagement de lEtat auprès de la Nouvelle-Calédonie.
Je sais quil reste beaucoup à faire pour parvenir à un schéma stratégique industriel consensuel, mais je ne peux que me féliciter des conclusions constructives et encourageantes du comité qui vient de se tenir à Nouméa.
Sur le deuxième plan, lEtat, à la demande de ses partenaires, a mis en place une mission dexpertise et dappui au comité de pilotage relatif à lavenir institutionnel.
Cette mission, composée de MM. COURTIAL et MELIN-SOUCREMANIEN, auxquels je tiens aussi à rendre hommage ici, vient dêtre prolongée par la Premier Ministre.
Je ne puis que me féliciter du travail novateur mené par cette mission qui, en présentant différents schémas institutionnels existant de par le monde, sans prendre parti, vous donne une matière à réflexion dont je sais que, en temps voulu, vous tirerez tous les fruits.
Je suis aussi venu vous dire que si lEtat continuera à vous accompagner dans les domaines qui relèvent de la compétence de la Nouvelle-Calédonie, il nentend pas rester inactif dans les domaines qui relèvent de ses compétences.
Ainsi, la loi relative à la régulation économique en outre-mer, qui vient dêtre promulguée par le Président de la République, prévoit que le Gouvernement peut réglementer, par décret, les tarifs dune quinzaine de services bancaires dits « de base ».
Jai dû batailler, parfois au sein même du Gouvernement, pour faire aboutir cette disposition.
Que nentendait-on pas ! Nos compatriotes ultramarins seraient de mauvais payeurs, doù des tarifs élevés ; on menacerait léquilibre économique des banques ; on mettrait en péril lemploi !
Partout on ma servi ces arguments, partout on ma fait valoir quil valait mieux sen tenir à des engagements de bonne pratique ! Est-ce suffisant ? Certainement pas !
Nous sommes en train de préparer un décret de méthode sur le sujet: le Gouvernement privilégiera, dans un premier temps, des négociations ouvertes sous légide du représentant de lEtat, sur la base dun constat et dune analyse objectifs faits par lIEOM, afin de parvenir à un accord de modération des tarifs bancaires.
Mais que lon ne sy trompe pas ! Si cette négociation, encadrée dans un délai raisonnable, échoue, alors le représentant de lEtat transmettra au Gouvernement les éléments destinés à être repris dans le décret de plafonnement.
Je privilégie la négociation des acteurs. Mais lEtat prendra toutes ses responsabilités en cas de défaillance de la négociation.
Beaucoup des dispositions de la loi que jai portée, si ce nest la plupart, ne sont pas applicables en Nouvelle-Calédonie, parce quelles relèvent de compétences qui sont les vôtres.
Il vous appartient, si vous le jugez utile, de transposer dans votre réglementation celles des dispositions de la loi que vous jugerez adaptées à la résolution des problèmes de vie chère auxquels la Nouvelle-Calédonie est confrontée.
LEtat sera présent pour vous aider et accompagner dans une telle démarche : les problèmes de vie chère sont les mêmes dans tous nos outre-mer, et il convient dy porter les remèdes nécessaires.
À ce titre je tiens à saluer la mise en place au sein de votre Congrès de deux commissions relatives à ce sujet, dans la droite ligne des accords sociaux et économiques daoût 2012.
Un travail ardu vous attend, mais lEtat, par ma voix, tient à vous dire solennellement quil sera présent à vos côtés, dans le respect des compétences qui sont les vôtres.
Car lurgence sociale simpose à nous tous, et il faut y trouver des solutions.
Le dispositif des emplois avenir nest pas, lui non plus, applicable à la Nouvelle- Calédonie. Mais, si vous lestimez utile, il vous appartiendra de transposer ces dispositions dans votre législation, et je ne verrais que des avantages à ce que, par voie de convention entre lEtat et la Nouvelle- Calédonie, les modalités de soutien financier de lEtat soient définies en commun.
Je tiens, avant de conclure, à vous faire part dune inquiétude qui est la mienne : le sort de la jeunesse, et plus particulièrement celui de la jeunesse mélanésienne. La question de lavenir de cette jeunesse, de sa formation, de son accès à lemploi, de son insertion dans la société de demain, elle est décisive pour la construction de ce pays.
Nous constatons tous des phénomènes de marginalisation sociale qui, couplés à une rupture des liens traditionnels qui unissaient les hommes au sein des tribus, sont porteurs de signes inquiétants.
Quelle que soit la voie qui sera choisie par les néo-calédoniens pour leur futur, la question sociale restera posée, et il vous appartiendra dy répondre.
Je veux ici vous dire que lEtat sera présent à vos côtés afin de faire en sorte que ces questions, douloureuses pour toute la société calédonienne, trouvent une solution.
Je conclurai mon propos en vous renouvelant mes remerciements pour laccueil que vous, et au-delà de vous, la Nouvelle-Calédonie, me réservez.
Je sais la qualité des hommes que porte cette terre, et cest confiant en leur capacité à trouver le chemin de la concorde que jaborde cette première visite qui, jen suis sûr, ne sera pas la dernière.
Je vous remercie
source http://www.congres.nc, le 30 novembre 2012