Texte intégral
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui a du travail pour domestiquer, mâter la majorité socialiste sur certains projets de loi ?
ALAIN VIDALIES
Ah non ! Pas la mâter, je dirais coordonner, informer. Non ! Non, il n'y a pas de difficultés particulières.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors pour le mariage pour tous ça s'est plutôt bien passé, la prochaine perspective après évidemment la loi MOSCOVICI sur la séparation des activités bancaires il y aura cette fameuse transposition des accords sur le travail de décembre des partenaires sociaux, je rappelle c'est un peu un accord de flex-sécurité, on peut appeler ça comme ça ?
ALAIN VIDALIES
On peut l'appeler comme on veut ! Et dans tous les cas c'est un accord. Et donc il est équilibré, il y a des avancées pour les salariés - notamment pour ceux qui sont souvent oubliés dans les petites entreprises - la couverture maladie complémentaire, l'amélioration des droits des chômeurs pour ceux qui sont confrontés à la précarité, on peut en parler aujourd'hui
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
La modification de la loi sur les licenciements économiques aussi !
ALAIN VIDALIES
La modification de la loi sur les licenciements économiques, les accords. Donc, un vrai accord avec un contenu et une proposition de transposition, qui vient d'ailleurs d'être transmise au Conseil d'état par le gouvernement.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors quand même l'aile gauche du Parti Socialiste entend modifier un petit peu le texte, mais j'ai vu que dans le gouvernement on disait que vous abattriez une main de fer sur le groupe parlementaire, c'est vrai ça ?
ALAIN VIDALIES
Je ne sais pas qui a utilisé cet argument ! Ce n'est pas ma méthode. Mais je pense que la question, elle est très politique au fond, ce n'est pas une question de règlement ou de rigueur, qu'est-ce qu'on fait des accords faits par les partenaires sociaux ?
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Déjà, on les réécrits, puisqu'on a presque doublé le volume du texte qui
ALAIN VIDALIES
La transposition
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Eh oui !
ALAIN VIDALIES
La transposition
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et donc, et vous le savez, le diable est dans les détails.
ALAIN VIDALIES
Oui ! Mais la transposition elle est technique, bon passons sur cette question-là puisque ça été fait, en plus un accord avec les partenaires sociaux. Non ! Après, c'est : est-ce qu'on va au-delà ? Est-ce qu'on y met d'autres sujets ou pas ? La réponse ne peut être que non ! Parce que ce n'est pas une règle, c'est une question politique. Si on veut que demain les partenaires sociaux dans ce pays continuent à débattre, eh bien il faut respecter leur accord. J'ajoute que c'est vrai dans un débat avec les socialistes mais c'est vrai aussi vis-à-vis de l'UMP, parce que probablement - ce n'est beaucoup commenté mais ce qui est le plus choquant quand toutes les organisations patronales et toutes les organisations syndicales, c'est assez rare, se mettent d'accord dans ce pays sur le contrat de génération, il ne reste plus que l'UMP pour voter contre.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ça n'a pas été le cas, vous le savez, sur les accords de flex-sécurité. Par exemple la CGT et FO
ALAIN VIDALIES
Non ! Non, mais je vous donnais (brouhaha) je vous donnais l'exemple et la différence entre ce qu'est l'UMP, je veux dire il y a une autre façon, une autre approche de politique - c'est l'engagement du président de la République au moment de la campagne électorale et je pense que ce raisonnement-là conduira les socialistes, certes peut-être à débattre, mais en tous les cas à suivre cette volonté que la démocratie sociale devienne un instrument de régulation dans notre pays.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est-à-dire que vous n'accepterez pas d'amendement du groupe parlementaire socialiste sur ce texte ?
ALAIN VIDALIES
Nous accepterons des amendements de transcription, parce que c'est normal, il y a un travail propre du législateur, mais nous n'accepterons pas je le dis clairement de débattre d'autres sujets, ceux qui n'ont pas été abordés ou pas réglés par les partenaires sociaux, mais en tous les cas dans ce texte-là. Il y a des sujets, celui sur la reprise des sites rentables par exemple
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ah ! Parlons-en justement.
ALAIN VIDALIES
Voilà ! Voilà.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est pour contrer cette fameuse loi
ALAIN VIDALIES
Dans un autre texte
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui devrait permettre de freiner
ALAIN VIDALIES
Bien sûr !
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'empêcher la vente d'usines
ALAIN VIDALIES
C'est une vraie
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
La fermeture d'usines rentables ?
ALAIN VIDALIES
C'est une vraie difficulté, parce que les gens y compris l'opinion publique se disent : « Mais enfin, bon, il y a suffisamment de difficultés comme ça comme essayer de ne pas fermer les usines quand elles marchent » et donc c'est la possibilité de reprendre un site un site rentable.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'obliger, en fait, l'industriel à revendre le site rentable à quelqu'un d'autre ?
ALAIN VIDALIES
De dissuader, voilà, de dissuader, d'obliger, enfin dans tous les cas d'avoir un système qui soit un peu plus incitatif au maintien de l'activité économique sur ces sites, parce que c'est quand même très choquant.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est pour quand cette proposition de loi ?
ALAIN VIDALIES
Proposition de loi ça veut dire fait par le groupe socialiste, probablement autour du 15 juin le dépôt d'une proposition de loi qui serait à ce moment-là débattue courant juillet.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, une question, pourquoi une proposition de loi alors que c'était une promesse du candidat HOLLANDE, donc on aurait pu avoir un projet de loi ?
ALAIN VIDALIES
Oui ! Enfin on peut le voir comme ça. On peut aussi se dire que lorsque François HOLLANDE dépose la première mouture, ça ne sera pas exactement la même chose, c'est sous la forme d'une proposition de loi, donc
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors pourquoi pas ne pas reprendre cette proposition HOLLANDE qui date d'il y a un an, elle devait forcément être parfaite puisque c'était lui qui l'avait rédigée, non ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien, écoutez, nous n'avons pas cette vision et on pense qu'on peut toujours améliorer les choses et même le président de la République il pense ça, donc ça ne sera pas exactement le même texte mais l'esprit, le message politique qu'il y avait derrière cette proposition de François HOLLANDE reste exactement la même.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est très compliqué juridiquement cette idée d'obliger, soit un industriel de céder son usine qu'il veut fermer à quelqu'un d'autre, ça va faire prendre quelle forme Globalement, c'est quoi ? C'est une loi d'expropriation ? C'est une loi
ALAIN VIDALIES
C'est une loi d'abord, enfin c'est le groupe qui va la faire, donc je ne peux pas vous donner le résultat avant que ce soit écrit, mais l'idée c'est quoi ? C'est que lorsqu'il y a un repreneur, on puisse avoir ce repreneur vienne donner du travail alors qu'aujourd'hui on ferme des sites qui sont rentables. Comment ça peut se faire ? Par la dissuasion, c'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a des mécanismes pour quand on fait un plan social auxquels on n'aurait pas le droit ou des pénalités qui seraient plus fortes et puis il y a aussi la reprise par les salariés, il y a toute cette mécanique-là - avec évidemment des questions juridiques - mais c'est pour ça qu'on a décidé le groupe fait son travail et en même temps on interroge le Conseil d'état pour essayer d'avoir toutes les garanties juridiques, mais c'est un message qui sera une promesse qui sera tenue.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est à l'Etat de dire que telle usine est rentable ou pas ? De rentrer dans les comptes ?
ALAIN VIDALIES
La question
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
De
ALAIN VIDALIES
La question elle est débattue, c'est-à-dire de savoir quelle sera l'autorité qui portera l'appréciation
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bien sûr !
ALAIN VIDALIES
Ça fait partie du débat qu'on a aujourd'hui - mais naturellement, à un moment donné, il y a le juge qui intervient et je ne vois pas dans ce cas-là l'intervention du juge, par exemple du juge consulaire (c'est-à-dire du Tribunal de Commerce) ou d'un mandataire, choquerait alors que ça ne choque personne lorsqu'il y a une liquidation de biens que des décisions soient prises et y compris de transfert de biens.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, a reconnu hier soir que la France ne tiendrait pas son engagement de ramener les déficits publics à 3% du PIB cette année, on a envie de dire : à quoi ça sert tous ces efforts qu'on demande aux Français si, finalement, c'est pour ne pas atteindre l'objectif ?
ALAIN VIDALIES
Oui ! Je pense qu'il ne faut pas avoir une vision notariale ! L'objectif Je suis un peu surpris de tous ces gens, qui disent : « Oh ! C'est un malheur qui s'abat »
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On avait promis qu'on tiendrait les 3% !
ALAIN VIDALIES
Mais 3% ! Mais enfin je veux dire que le Premier ministre ça ne sera pas 3% parce que peut-être ça sera 3,1 ou 3,2, on ne sait pas exactement, l'important c'est la trajectoire : d'on où vient, où on va ? D'où on vient ? 5,2 quand on arrive, c'est-à-dire là vraiment une situation catastrophique ; fin 2012, 4,5, un gros effort qui a été fait ; l'objectif : 3, on n'y arrivera peut-être pas, pourquoi pas ? Parce que tout le monde le sait, ce sont les annonces qui sont faites sur la croissance, qui concernent la France mais aussi l'ensemble de l'Europe, il va y avoir une mécanique transparente, ce qui a été dit hier soir, aujourd'hui les chiffres de l'INSEE, les chiffres de l'Europe le 22 février
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Le 22 février !
ALAIN VIDALIES
Puis ensuite un débat devant le Parlement et une discussion avec la Commission. Sans être trop technique, sur quoi ? Sur la question de savoir ce qu'on prend en compte pour calculer les déficits, c'est-à-dire ce que dit la Cour des comptes, qui dit : « c'est le plus gros effort qui a été fait par un gouvernement » et qui dit : « notamment sur le déficit structurel »
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Structurel, sur le débat, ce qui est lié à la conjoncture (brouhaha)
ALAIN VIDALIES
Le déficit est permanent. Voilà ! Voilà.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce qu'il faudrait qu'il y ait encore plus de rigueur justement dans les mois qui viennent, on parle maintenant au gouvernement on voit des choses sur les bureaux ministériels qu'on ne voyait pas avant, par exemple de sous-indexer la valorisation des retraites par rapport à l'inflation ?
ALAIN VIDALIES
Oui ! Le Premier ministre a dit hier qu'il faudrait qu'on règle cette question, 5 milliards de déficit ce n'est pas notre réforme mais le déficit est là donc il faut qu'on le prenne en compte
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ce sont les retraités qui vont payer ?
ALAIN VIDALIES
On aura ce débat ! D'abord les partenaires sociaux vont en discuter, donc je ne peux pas vous donner la réponse, en tous les cas la décision du Premier ministre et du président de la République c'est qu'il faut une réponse sur la question des retraites puisqu'on ne peut pas continuer à vivre avec ce déficit.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre sujet tabou, dont on n'avait pas le droit de parler avant, la fin peut-être du caractère universel des allocations familiales, c'est-à-dire le fait de les moduler en fonction du revenu des ménages ?
ALAIN VIDALIES
C'est un débat qui a toujours existé en France, il y a une décision politique, le moduler en fonction des ménages ce n'est pas aujourd'hui une décision qui a été prise - elle ne l'a pas été dans le dernier budget et vous savez je pense qu'on n'est pas à l'époque des grandes révolutions, c'est-à-dire ce qui devait être fait de très important l'a été fait dans le budget de l'année dernière et donc je pense qu'aujourd'hui, certes on a un problème qui est le problème de la croissance et ce qu'il nous faut c'est rester je dirais l'oeil rivé et la détermination forte sur la question, qui est la seule question qui intéresse les Français, qui est la question du chômage, qui est la question de la croissance. Et ce qui est important c'est ce qu'on débat aujourd'hui à l'Assemblée nationale sur le changement de règles dans les banques, parce que je crois que ça choquait beaucoup les gens, d'investissement que l'on a fait et surtout je dirais peut-être, le plus important, l'entrée en vigueur aujourd'hui du crédit compétitivité, vous savez que les entreprises à partir d'aujourd'hui vont pouvoir demander à leurs banques
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Un chèque en fonction
ALAIN VIDALIES
Une avance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui ! Juste une dernière question, très rapidement. Le budget européen : 960 milliards d'euros contre les 1.060 que proposait la Commission européenne, HOLLANDE, François HOLLANDE lui-même a dit, a reconnu, que ce n'était pas le budget d'une Europe ambitieuse et j'ai vu que Jean-Luc MELENCHON parlait de : « MERKEL tient le guidon, HOLLANDE pédale », c'est un peu ça ? On est à la traîne, à la remorque des Allemands et des Anglais ?
ALAIN VIDALIES
Je ne crois pas ! Et donc on va faire un débat la semaine prochaine à l'Assemblée nationale pour bien expliquer ce qui s'est passé, Monsieur CAMERON a fait une belle opération de communication que vous pourrez apprécier, il ne pouvait pas son chèque ne pouvait pas être remis en cause parce qu'il résulte d'un traité, donc il était sûr de gagner à la sortie par rapport à ce qu'il s'était donné. Je crois que ce n'est pas l'Europe - et ça il faut le rappeler ce n'est pas l'Europe dont nous rêvons, mais ce qui a été obtenu compte tenu de ce qu'est la position des conservateurs Allemands et Anglais
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'était le mieux que l'on pouvait avoir !
ALAIN VIDALIES
C'est quand même le mieux, même si ce n'est pas la bonne image de l'Europe.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2013
Qui a du travail pour domestiquer, mâter la majorité socialiste sur certains projets de loi ?
ALAIN VIDALIES
Ah non ! Pas la mâter, je dirais coordonner, informer. Non ! Non, il n'y a pas de difficultés particulières.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors pour le mariage pour tous ça s'est plutôt bien passé, la prochaine perspective après évidemment la loi MOSCOVICI sur la séparation des activités bancaires il y aura cette fameuse transposition des accords sur le travail de décembre des partenaires sociaux, je rappelle c'est un peu un accord de flex-sécurité, on peut appeler ça comme ça ?
ALAIN VIDALIES
On peut l'appeler comme on veut ! Et dans tous les cas c'est un accord. Et donc il est équilibré, il y a des avancées pour les salariés - notamment pour ceux qui sont souvent oubliés dans les petites entreprises - la couverture maladie complémentaire, l'amélioration des droits des chômeurs pour ceux qui sont confrontés à la précarité, on peut en parler aujourd'hui
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
La modification de la loi sur les licenciements économiques aussi !
ALAIN VIDALIES
La modification de la loi sur les licenciements économiques, les accords. Donc, un vrai accord avec un contenu et une proposition de transposition, qui vient d'ailleurs d'être transmise au Conseil d'état par le gouvernement.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors quand même l'aile gauche du Parti Socialiste entend modifier un petit peu le texte, mais j'ai vu que dans le gouvernement on disait que vous abattriez une main de fer sur le groupe parlementaire, c'est vrai ça ?
ALAIN VIDALIES
Je ne sais pas qui a utilisé cet argument ! Ce n'est pas ma méthode. Mais je pense que la question, elle est très politique au fond, ce n'est pas une question de règlement ou de rigueur, qu'est-ce qu'on fait des accords faits par les partenaires sociaux ?
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Déjà, on les réécrits, puisqu'on a presque doublé le volume du texte qui
ALAIN VIDALIES
La transposition
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Eh oui !
ALAIN VIDALIES
La transposition
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Et donc, et vous le savez, le diable est dans les détails.
ALAIN VIDALIES
Oui ! Mais la transposition elle est technique, bon passons sur cette question-là puisque ça été fait, en plus un accord avec les partenaires sociaux. Non ! Après, c'est : est-ce qu'on va au-delà ? Est-ce qu'on y met d'autres sujets ou pas ? La réponse ne peut être que non ! Parce que ce n'est pas une règle, c'est une question politique. Si on veut que demain les partenaires sociaux dans ce pays continuent à débattre, eh bien il faut respecter leur accord. J'ajoute que c'est vrai dans un débat avec les socialistes mais c'est vrai aussi vis-à-vis de l'UMP, parce que probablement - ce n'est beaucoup commenté mais ce qui est le plus choquant quand toutes les organisations patronales et toutes les organisations syndicales, c'est assez rare, se mettent d'accord dans ce pays sur le contrat de génération, il ne reste plus que l'UMP pour voter contre.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ça n'a pas été le cas, vous le savez, sur les accords de flex-sécurité. Par exemple la CGT et FO
ALAIN VIDALIES
Non ! Non, mais je vous donnais (brouhaha) je vous donnais l'exemple et la différence entre ce qu'est l'UMP, je veux dire il y a une autre façon, une autre approche de politique - c'est l'engagement du président de la République au moment de la campagne électorale et je pense que ce raisonnement-là conduira les socialistes, certes peut-être à débattre, mais en tous les cas à suivre cette volonté que la démocratie sociale devienne un instrument de régulation dans notre pays.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est-à-dire que vous n'accepterez pas d'amendement du groupe parlementaire socialiste sur ce texte ?
ALAIN VIDALIES
Nous accepterons des amendements de transcription, parce que c'est normal, il y a un travail propre du législateur, mais nous n'accepterons pas je le dis clairement de débattre d'autres sujets, ceux qui n'ont pas été abordés ou pas réglés par les partenaires sociaux, mais en tous les cas dans ce texte-là. Il y a des sujets, celui sur la reprise des sites rentables par exemple
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Ah ! Parlons-en justement.
ALAIN VIDALIES
Voilà ! Voilà.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est pour contrer cette fameuse loi
ALAIN VIDALIES
Dans un autre texte
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Qui devrait permettre de freiner
ALAIN VIDALIES
Bien sûr !
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'empêcher la vente d'usines
ALAIN VIDALIES
C'est une vraie
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
La fermeture d'usines rentables ?
ALAIN VIDALIES
C'est une vraie difficulté, parce que les gens y compris l'opinion publique se disent : « Mais enfin, bon, il y a suffisamment de difficultés comme ça comme essayer de ne pas fermer les usines quand elles marchent » et donc c'est la possibilité de reprendre un site un site rentable.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
D'obliger, en fait, l'industriel à revendre le site rentable à quelqu'un d'autre ?
ALAIN VIDALIES
De dissuader, voilà, de dissuader, d'obliger, enfin dans tous les cas d'avoir un système qui soit un peu plus incitatif au maintien de l'activité économique sur ces sites, parce que c'est quand même très choquant.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est pour quand cette proposition de loi ?
ALAIN VIDALIES
Proposition de loi ça veut dire fait par le groupe socialiste, probablement autour du 15 juin le dépôt d'une proposition de loi qui serait à ce moment-là débattue courant juillet.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors, une question, pourquoi une proposition de loi alors que c'était une promesse du candidat HOLLANDE, donc on aurait pu avoir un projet de loi ?
ALAIN VIDALIES
Oui ! Enfin on peut le voir comme ça. On peut aussi se dire que lorsque François HOLLANDE dépose la première mouture, ça ne sera pas exactement la même chose, c'est sous la forme d'une proposition de loi, donc
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors pourquoi pas ne pas reprendre cette proposition HOLLANDE qui date d'il y a un an, elle devait forcément être parfaite puisque c'était lui qui l'avait rédigée, non ?
ALAIN VIDALIES
Eh bien, écoutez, nous n'avons pas cette vision et on pense qu'on peut toujours améliorer les choses et même le président de la République il pense ça, donc ça ne sera pas exactement le même texte mais l'esprit, le message politique qu'il y avait derrière cette proposition de François HOLLANDE reste exactement la même.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est très compliqué juridiquement cette idée d'obliger, soit un industriel de céder son usine qu'il veut fermer à quelqu'un d'autre, ça va faire prendre quelle forme Globalement, c'est quoi ? C'est une loi d'expropriation ? C'est une loi
ALAIN VIDALIES
C'est une loi d'abord, enfin c'est le groupe qui va la faire, donc je ne peux pas vous donner le résultat avant que ce soit écrit, mais l'idée c'est quoi ? C'est que lorsqu'il y a un repreneur, on puisse avoir ce repreneur vienne donner du travail alors qu'aujourd'hui on ferme des sites qui sont rentables. Comment ça peut se faire ? Par la dissuasion, c'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a des mécanismes pour quand on fait un plan social auxquels on n'aurait pas le droit ou des pénalités qui seraient plus fortes et puis il y a aussi la reprise par les salariés, il y a toute cette mécanique-là - avec évidemment des questions juridiques - mais c'est pour ça qu'on a décidé le groupe fait son travail et en même temps on interroge le Conseil d'état pour essayer d'avoir toutes les garanties juridiques, mais c'est un message qui sera une promesse qui sera tenue.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'est à l'Etat de dire que telle usine est rentable ou pas ? De rentrer dans les comptes ?
ALAIN VIDALIES
La question
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
De
ALAIN VIDALIES
La question elle est débattue, c'est-à-dire de savoir quelle sera l'autorité qui portera l'appréciation
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Bien sûr !
ALAIN VIDALIES
Ça fait partie du débat qu'on a aujourd'hui - mais naturellement, à un moment donné, il y a le juge qui intervient et je ne vois pas dans ce cas-là l'intervention du juge, par exemple du juge consulaire (c'est-à-dire du Tribunal de Commerce) ou d'un mandataire, choquerait alors que ça ne choque personne lorsqu'il y a une liquidation de biens que des décisions soient prises et y compris de transfert de biens.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Alors le Premier ministre, Jean-Marc AYRAULT, a reconnu hier soir que la France ne tiendrait pas son engagement de ramener les déficits publics à 3% du PIB cette année, on a envie de dire : à quoi ça sert tous ces efforts qu'on demande aux Français si, finalement, c'est pour ne pas atteindre l'objectif ?
ALAIN VIDALIES
Oui ! Je pense qu'il ne faut pas avoir une vision notariale ! L'objectif Je suis un peu surpris de tous ces gens, qui disent : « Oh ! C'est un malheur qui s'abat »
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
On avait promis qu'on tiendrait les 3% !
ALAIN VIDALIES
Mais 3% ! Mais enfin je veux dire que le Premier ministre ça ne sera pas 3% parce que peut-être ça sera 3,1 ou 3,2, on ne sait pas exactement, l'important c'est la trajectoire : d'on où vient, où on va ? D'où on vient ? 5,2 quand on arrive, c'est-à-dire là vraiment une situation catastrophique ; fin 2012, 4,5, un gros effort qui a été fait ; l'objectif : 3, on n'y arrivera peut-être pas, pourquoi pas ? Parce que tout le monde le sait, ce sont les annonces qui sont faites sur la croissance, qui concernent la France mais aussi l'ensemble de l'Europe, il va y avoir une mécanique transparente, ce qui a été dit hier soir, aujourd'hui les chiffres de l'INSEE, les chiffres de l'Europe le 22 février
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Le 22 février !
ALAIN VIDALIES
Puis ensuite un débat devant le Parlement et une discussion avec la Commission. Sans être trop technique, sur quoi ? Sur la question de savoir ce qu'on prend en compte pour calculer les déficits, c'est-à-dire ce que dit la Cour des comptes, qui dit : « c'est le plus gros effort qui a été fait par un gouvernement » et qui dit : « notamment sur le déficit structurel »
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Structurel, sur le débat, ce qui est lié à la conjoncture (brouhaha)
ALAIN VIDALIES
Le déficit est permanent. Voilà ! Voilà.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Est-ce qu'il faudrait qu'il y ait encore plus de rigueur justement dans les mois qui viennent, on parle maintenant au gouvernement on voit des choses sur les bureaux ministériels qu'on ne voyait pas avant, par exemple de sous-indexer la valorisation des retraites par rapport à l'inflation ?
ALAIN VIDALIES
Oui ! Le Premier ministre a dit hier qu'il faudrait qu'on règle cette question, 5 milliards de déficit ce n'est pas notre réforme mais le déficit est là donc il faut qu'on le prenne en compte
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Mais ce sont les retraités qui vont payer ?
ALAIN VIDALIES
On aura ce débat ! D'abord les partenaires sociaux vont en discuter, donc je ne peux pas vous donner la réponse, en tous les cas la décision du Premier ministre et du président de la République c'est qu'il faut une réponse sur la question des retraites puisqu'on ne peut pas continuer à vivre avec ce déficit.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Autre sujet tabou, dont on n'avait pas le droit de parler avant, la fin peut-être du caractère universel des allocations familiales, c'est-à-dire le fait de les moduler en fonction du revenu des ménages ?
ALAIN VIDALIES
C'est un débat qui a toujours existé en France, il y a une décision politique, le moduler en fonction des ménages ce n'est pas aujourd'hui une décision qui a été prise - elle ne l'a pas été dans le dernier budget et vous savez je pense qu'on n'est pas à l'époque des grandes révolutions, c'est-à-dire ce qui devait être fait de très important l'a été fait dans le budget de l'année dernière et donc je pense qu'aujourd'hui, certes on a un problème qui est le problème de la croissance et ce qu'il nous faut c'est rester je dirais l'oeil rivé et la détermination forte sur la question, qui est la seule question qui intéresse les Français, qui est la question du chômage, qui est la question de la croissance. Et ce qui est important c'est ce qu'on débat aujourd'hui à l'Assemblée nationale sur le changement de règles dans les banques, parce que je crois que ça choquait beaucoup les gens, d'investissement que l'on a fait et surtout je dirais peut-être, le plus important, l'entrée en vigueur aujourd'hui du crédit compétitivité, vous savez que les entreprises à partir d'aujourd'hui vont pouvoir demander à leurs banques
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Un chèque en fonction
ALAIN VIDALIES
Une avance.
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
Oui ! Juste une dernière question, très rapidement. Le budget européen : 960 milliards d'euros contre les 1.060 que proposait la Commission européenne, HOLLANDE, François HOLLANDE lui-même a dit, a reconnu, que ce n'était pas le budget d'une Europe ambitieuse et j'ai vu que Jean-Luc MELENCHON parlait de : « MERKEL tient le guidon, HOLLANDE pédale », c'est un peu ça ? On est à la traîne, à la remorque des Allemands et des Anglais ?
ALAIN VIDALIES
Je ne crois pas ! Et donc on va faire un débat la semaine prochaine à l'Assemblée nationale pour bien expliquer ce qui s'est passé, Monsieur CAMERON a fait une belle opération de communication que vous pourrez apprécier, il ne pouvait pas son chèque ne pouvait pas être remis en cause parce qu'il résulte d'un traité, donc il était sûr de gagner à la sortie par rapport à ce qu'il s'était donné. Je crois que ce n'est pas l'Europe - et ça il faut le rappeler ce n'est pas l'Europe dont nous rêvons, mais ce qui a été obtenu compte tenu de ce qu'est la position des conservateurs Allemands et Anglais
CHRISTOPHE JAKUBYSZYN
C'était le mieux que l'on pouvait avoir !
ALAIN VIDALIES
C'est quand même le mieux, même si ce n'est pas la bonne image de l'Europe.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2013