Texte intégral
Monsieur le Président LIEBUS,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Mesdames et Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs,
Cest avec un grand plaisir que jinterviens aujourdhui devant vous et je vous remercie chaleureusement pour votre invitation pour ce moment important quest votre assemblée générale.
Il est dautant plus important pour moi, que, dans le contexte économique que nous traversons, je souhaite que les liens réguliers que nous entretenons, permettent un travail collectif au service de notre pays. Nous nous voyons souvent, Monsieur le Président, et encore dernièrement à Bercy dans le cadre du groupe de travail sur le bâtiment que je viens dinstaller avec mes collègues du Gouvernement, mais je suis heureuse aujourdhui de mexprimer devant lensemble de vos adhérents, devant vous, mesdames et messieurs, qui dirigez ces entreprises si importantes pour la vitalité de notre pays.
Et je voudrais vous dire, Monsieur le Président, que je partage votre détermination pour le maintien dune solide confiance entre les professionnels, le Gouvernement et lensemble des pouvoirs publics. Sachez que je my emploie avec force. Et cest explicitement cette confiance que le Président de la République a souhaité renforcer encore en lançant une grande mobilisation pour la construction de logements le 21 mars dernier.
Nous avons bien conscience que le secteur du bâtiment est incontestablement un secteur moteur de notre économie. Et, avec plus dun million et demi demploi, il est au coeur de la bataille pour lemploi que mène chaque jour le Gouvernement.
En 2012, la conjoncture sest dégradée, notamment pour les mises en chantier de logements neufs dont la baisse sest accentuée. Vous venez de rappeler lurgence de la situation et les attentes fortes des artisans du bâtiment.
Le Gouvernement a ouvert une nouvelle étape de la politique économique de notre pays, en sengageant pour un soutien et une stabilité de long terme pour les entreprises, et en construisant, toujours avec les professionnels, des réponses adaptées aux problématiques des secteurs et des entreprises concernées.
Le Pacte National pour la Compétitivité, la Croissance et lEmploi en a donné le coup denvoi. Il représente un effort massif et sans précédent en direction des entreprises.
Parmi ses mesures significatives, le secteur du bâtiment bénéficiera pleinement du crédit dimpôt compétitivité qui facilitera les embauches en allégeant les charges des entreprises.
Je tiens à insister également sur la deuxième mesure du Pacte de compétitivité, le fonds de garantie dOséo, qui répond étroitement aux problématiques du secteur. La Banque publique dInvestissement, dont Oséo est une filiale, est opérationnelle depuis le 1er janvier de cette année, et cet outil puissant doit répondre aux besoins des entreprises, de toutes les entreprises.
Cest la raison pour laquelle jai veillé à ce que le fonds de garantie en faveur des PME et TPE, doté de 500 millions deuros, soit ouvert à lensemble des entreprises, même les plus petites, quelle que soit le montant de leur besoin et leur nombre demployés.
Il permet de financer des besoins de trésorerie qui constituent un problème récurrent des entreprises artisanales, et qui les conduit à supporter des frais bancaires très importants, notamment dans les périodes de variation rapide dactivité. Je sais que cest un sujet de préoccupation de nos entreprises.
Jinvite tous les artisans du bâtiment à se saisir de ces dispositifs, mais aussi du contrat de génération qui est un instrument précieux, permettant de recruter, par une aide ciblée, un jeune, et de le former pendant 3 ans.
Je me suis personnellement investie pour quil bénéficie aux entreprises individuelles et jajoute quil peut également être utilisé dans le cadre dune transmission dentreprise pour permettre à un chef dentreprise de former son successeur avant son départ en retraite.
Voilà, sans être exhaustive, les outils dune impulsion majeure qui est donnée à lensemble de notre économie ; et je ne peux que vous encourager à les utiliser et à expliquer leur fonctionnement simple et accessible à lensemble de vos adhérents.
Et, en tant que Ministre de lArtisanat, du Commerce et du Tourisme, jai conscience que lattention est parfois rivée sur la situation des grands groupes. Mais la Première entreprise de France, ce sont les artisans. Et vous pouvez être certains que jai à coeur de montrer que nos champions nationaux de la qualité, du savoir-faire, et de la prestation sur mesure, cest vous !
Pour répondre aux enjeux que nous avions identifiés ensemble, avec vous, ainsi quavec lensemble des organisations professionnelles et les chambres des métiers que je tiens à saluer, jai présenté, comme vous le savez, un Pacte pour lArtisanat, qui comprend 33 mesures.
Je me réjouis que nous travaillions en bonne entente pour sa mise en oeuvre. Un certain nombre dactions ont déjà été lancées et sont déjà en place, cest le cas du soutien à la trésorerie, cest le cas également de lévaluation des pôles dinnovation pour lartisanat et les petites entreprises, que vous évoquiez à linstant Monsieur le Président, et qui débouchera sur des propositions concrètes pour les rendre encore plus performants et davantage centrés sur la diffusion des innovations sur lensemble du territoire national.
Mais également, un véritable statut de lartisan, unifié et fondé sur une qualification reconnue, sera rétabli.
Les entreprises seront mieux accompagnées, puisque lEtat va signer une convention-cadre avec lAssemblée Permanente des Chambres des métiers et de lArtisanat, qui sera déclinée entre les préfets et les chambres au niveau local, et qui sera la base dune diffusion sur tout le territoire des bonnes pratiques repérées pour laccompagnement des chefs dentreprises.
Un bilan de compétences leur sera remis au moment de linscription au répertoire des métiers, et par la suite, au sein des chambres, ils pourront bénéficier dun interlocuteur unique et laccompagnement de ces entreprises sera facilité et personnalisé.
Dans lartisanat, je veux ajouter que les conjoints doivent aussi pouvoir trouver la place quil leur revient, et construire eux aussi un parcours. Cest pourquoi des dispositifs favorisant la validation des acquis de compétence ainsi que des formations spécifiques dédiés aux conjoints dartisans seront mis en place.
Je me permets de souligner que je parle des conjoints, et pas uniquement des conjointes, car jespère quà lavenir cette situation sera mieux partagée entre les femmes et les hommes, en particulier dans votre secteur.
Jai dailleurs tenu à ce que les campagnes de promotion et de valorisation de lartisanat insistent sur la parité des métiers et valorise les femmes exerçant des métiers traditionnellement masculins, mais aussi les hommes exerçant des métiers traditionnellement féminins.
Plus globalement, cest toute limage des métiers que je souhaite voir enfin évoluer. Lartisanat doit être une filière choisie, pour les parcours quelle permet et pour la liberté quelle offre de sétablir à son propre compte.
Des interventions dartisans seront organisées pendant le parcours scolaires, des actions de communication, de sensibilisation, et de valorisation seront menées par le Fonds National de Promotion de lArtisanat, par Pôle Emploi, et via le service public dorientation tout au long de la vie, au niveau national.
Les formations dispensées en Centre de Formation des Apprentis évolueront, puisquelles senrichiront dune préparation à lentrepreneuriat, mais elles doivent être davantage mises en avant. On ne répètera jamais assez combien ils sont des outils précieux, à lheure où tant de jeunes mettent parfois des années à trouver un emploi fixe, 90% des diplômés dun CFA sont embauchés à la sortie de leur cursus.
A cet égard, je tiens à saluer limplication du bâtiment dans la formation des jeunes apprentis, qui sont plus nombreux que dans nimporte quel autre secteur. Et pour ce nouvel horizon que constitue la transition écologique, de nouvelles compétences et de nouveaux métiers vont naître pour lesquels, je lespère, vous accueillerez aussi largement la jeunesse mais je sais pouvoir compter sur vous.
Au-delà de ces mesures qui concernent tout le secteur de lartisanat, je voudrais évoquer avec vous toutes celles qui concernent très directement le secteur du bâtiment. Car vous le savez bien, lactivité de la construction et de la rénovation est au coeur des préoccupations du Gouvernement, parce quelle est déterminante pour lemploi, et pour la santé économique et le dynamisme de nos territoires. Et je suis convaincue que le secteur du bâtiment est un excellent baromètre de cette santé économique que jévoquai à linstant.!
Cest conscient de cette réalité et de la nécessité dune action forte que le Président de la République a pris la décision dun grand Plan dinvestissement, le 21 mars, dont les 20 mesures apportent des solutions concrètes et pragmatiques pour lever les obstacles à la construction et la rénovation de logements.
Et pour soutenir lactivité du secteur, la pierre angulaire de cet ensemble de mesures, cest un choc positif de loffre : construire enfin les logements dont notre pays à tant besoin.
Pour cela, il nous faut dabord rétablir une cohérence entre notre fiscalité et cette priorité : il nest plus acceptable, dans le contexte actuel, dinciter par des avantages les propriétaires de foncier à détenir des terrains constructibles sans en faire usage.
Tous les avantages fiscaux qui favorisent la rétention des terrains constructibles seront donc supprimés.
Les bureaux, notamment en Ile-de-France où les besoins de logement sont les plus criants, demeurent parfois vides plusieurs années. Des dispositions dassouplissement prises par voie dordonnance permettront de faciliter la reconversion des bureaux en logements.
Mais surtout, comme vous le savez, un soutien massif à la production et à la rénovation de logements sociaux est apporté par ces mesures.
Alors, oui, toutes les constructions ne sont pas du logement social. Mais, plutôt que de faire du saupoudrage, et à lheure où plus de huit millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté, le Gouvernement a décidé de renforcer son aide et son soutien aux solutions de logement à loyers modérés.
Cest la raison pour laquelle la TVA sur la construction et la rénovation de logement social a été abaissée de 7% à 5%. Pour lEtat, par rapport au taux intermédiaire du logement privé, cela représente un effort de 400 millions deuros.
Cest aussi pour cette raison quun pacte sera signé entre lEtat et lUnion Sociale des HLM, afin de faire passer la production de 100 000 à 150 000 logements par an.
Ce sont autant de mesures qui viendront soutenir la construction, et donc les carnets de commandes.
De plus, une nouvelle filière est en train démerger ; il sagit de la rénovation énergétique, qui représente un potentiel de 75 000 emplois. Avec lappui des mesures du Plan dinvestissement pour le logement, ce sont 140 000 rénovations lourdes, dans le logement privé, qui seront effectuées en 2014.
Pour rendre plus efficace ce soutien à lactivité, les mesures annoncées par le Président de la République produiront aussi un choc de simplification.
Les règles du jeu doivent favoriser la simplicité, la rapidité, la lisibilité, et la cohérence ; sans rien affaiblir des conditions impératives de sécurité, et de respect de la concertation.
Dans cette perspective, les délais de procédure des grandes opérations seront raccourcis, et les recours abusifs seront sanctionnés. Lobjectif du Gouvernement est aussi de diviser par deux les délais de traitement des contentieux pour les recours légitimes.
Les normes constituent un autre frein important au développement de lactivité.
La France a pris du retard sur cette question. « Toujours promis, jamais réalisé », disiez-vous. Aujourdhui, cette simplification, elle est non seulement prévue mais planifiée, et elle concerne aussi bien le flux que le stock de normes.
Pour endiguer lempilement des nouvelles règles, un moratoire de deux ans sur linstauration de nouvelles normes techniques va être instauré.
Et pour le stock, une évaluation de lensemble des normes existantes est en cours et celles présentant le moins bon rapport entre leur coût et leur efficacité ne seront plus contraignantes.
Enfin, certaines situations peuvent pénaliser les entreprises. Je pense notamment aux décalages entre les délais de paiement.
La Loi de Modernisation de lEconomie place les artisans du bâtiment dans une situation délicate, entre des règlements fournisseurs plus courts et des délais clients qui nont pas changé.
Dans les mesures présentées par le Président de la République, il y a des aspects qui concernent cette question : pour les commanditaires publics, les clauses relatives aux marchés publics de travaux seront revues afin de réduire les délais de production du décompte général après réception des travaux.
Pour les commandes privées, les maîtres douvrage devront désormais payer chaque mois les travaux exécutés par les entrepreneurs sur la base des demandes de paiement mensuel quils présentent.
Vous évoquez également les situations de concurrence déloyales de certaines sous-traitances, qui fraudent sur la facturation de leur TVA. Pour prévenir ce type de comportements, la facturation de la TVA au donneur dordre sera interdite. Cest le donneur dordre lui-même qui mentionnera dans sa déclaration de TVA celle quil doit au titre des travaux effectués.
Cette mesure limite considérablement la concurrence déloyale sur le prix hors taxe, et comble un important manque à gagner pour lEtat.
Une concurrence équitable, cest aussi ce à quoi je souhaite parvenir en ce qui concerne le régime de lauto-entrepreneur. Il crée parfois, dans certains secteurs dont le vôtre, des difficultés. Le rapport commandé à lIGF et lIGAS va être publié aujourdhui. Le Gouvernement a pris connaissance de ces recommandations et souhaite apporter au régime des évolutions pour en corriger les défauts et linscrire de manière harmonieuse dans le paysage de la création dentreprise.
Car le régime a en pratique davantage facilité lexercice dactivités accessoires ou à faible valeur ajoutée que permis la création dentreprises pérennes à potentiel de croissance En effet, près de la moitié des auto-entrepreneurs ne dégagent pas de chiffre daffaire, et 90 % dentre eux réalisent un chiffre daffaire inférieur au SMIC.
Par ailleurs, la mission, dont les travaux se sont heurtés à la faiblesse du suivi statistique des auto-entrepreneurs, reconnaît lexistence de risques et parfois dabus liés à ce régime en matière de concurrence déloyale, de salariat déguisé en fausse sous-traitance, ou de fraudes.
Notre objectif nest pas de casser ce régime, mais de le clarifier, laméliorer et le rendre vraiment efficace, en tenant compte de ces limites que les artisans nous signalent régulièrement, en particulier dans le bâtiment.
Le gouvernement souhaite adapter le régime pour répondre à deux objectifs distincts, qui appellent des réponses différentes :
1. Premier objectif : lexercice dune activité complémentaire permettant de se créer un revenu dappoint, notamment pour les populations au revenu modeste : chômeurs, retraités, etc. ; dans ce cas, le régime sera maintenu ; mais il faut que cette activité reste une activité dappoint, pour maintenir les conditions dune concurrence saine et loyale, et pour cela il nous faut examiner, avec vous, les critères qui le permettront, par exemple par linstauration de seuils de chiffre daffaire intermédiaires.
2. Deuxième objectif : la création dentreprise par son caractère simple et accessible en restant un tremplin qui permet de créer à terme une structure classique dentreprise, pour une activité viable et pérenne, et un régime plus protecteur. Dans ce cas, nous souhaitons que ce régime soit limité dans le temps. La durée précise fera lobjet de discussions avec les acteurs. Nous renforcerons laccompagnement de ces auto-entrepreneurs pour les aider à basculer vers le régime normal, et nous étudierons les modalités dune transition aménagée pour faciliter ce passage.
Plus généralement, je souhaite préserver globalement le cadre fiscal et social du régime, dont la simplicité est un des atouts, mais apporter des évolutions concernant lassujettissement à la cotisation foncière des entreprises (CFE), dans le sens dune plus grande équité avec les autres régimes de création dentreprise. Nous avons déjà rapproché les cotisations sociales des auto-entrepreneurs et des autres travailleurs indépendants dans le cadre du PLFSS 2013. Ce sont des mesures de justice, mais qui préservent la simplicité de ce régime.
Nous sommes également favorables aux recommandations qui sont faites dans le rapport en matière de suivi statistique et de contrôles. Le Gouvernement partage ces orientations et les services des ministères concernés doivent dans les prochaines semaines expertiser la possibilité de les mettre en oeuvre. En particulier, pour certains métiers, je pense tout particulièrement au bâtiment, il y a une exigence de qualification qui permet de protéger le consommateur, par exemple parce quil y a des enjeux de sécurité, il est important davoir des garanties sur les qualifications et la qualité du travail réalisé ; pour cela, nous sommes favorables à un renforcement des obligations déclaratives et des vérifications a priori pour lexercice des professions, par exemple en matière dassurance et de qualifications. Sur ce point, jai demandé à mes services de faire une étude de faisabilité, parce que ce nest pas forcément simple à mettre en oeuvre concrètement et juridiquement, mais cela répond à un enjeu fort de protection du consommateur.
Notre volonté est de trouver les réponses adaptées, et comme pour lensemble des décisions que prend ce gouvernement, nous sommes guidés par lobjectif defficacité économique et de justice à légard de lensemble des acteurs.
Je marrêterai là, mais vous le voyez, le Gouvernement a pris toute la mesure des enjeux auxquels est aujourdhui confronté le secteur du bâtiment, de nombreux leviers ont été actionnés, les objectifs ont été fixés, et nous construirons ensemble les modalités concrètes de leur mise en oeuvre, dans le cadre du groupe de travail interministériel que je pilote.
Les Français sont directement concernés par les travaux que nous menons, et comme jai eu loccasion de vous le dire lors de louverture de ce groupe, je partage entièrement votre souhait que nous avancions rapidement, ensemble, et avec détermination.
La mobilisation pour le redressement de notre économie et pour lemploi est la première priorité de ce Gouvernement, et cest un combat que nous menons avec lensemble des acteurs qui simpliquent à nos côtés dans lintérêt de notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 12 avril 2013
Mesdames et Messieurs les Parlementaires
Mesdames et Messieurs les Présidents
Mesdames et Messieurs,
Cest avec un grand plaisir que jinterviens aujourdhui devant vous et je vous remercie chaleureusement pour votre invitation pour ce moment important quest votre assemblée générale.
Il est dautant plus important pour moi, que, dans le contexte économique que nous traversons, je souhaite que les liens réguliers que nous entretenons, permettent un travail collectif au service de notre pays. Nous nous voyons souvent, Monsieur le Président, et encore dernièrement à Bercy dans le cadre du groupe de travail sur le bâtiment que je viens dinstaller avec mes collègues du Gouvernement, mais je suis heureuse aujourdhui de mexprimer devant lensemble de vos adhérents, devant vous, mesdames et messieurs, qui dirigez ces entreprises si importantes pour la vitalité de notre pays.
Et je voudrais vous dire, Monsieur le Président, que je partage votre détermination pour le maintien dune solide confiance entre les professionnels, le Gouvernement et lensemble des pouvoirs publics. Sachez que je my emploie avec force. Et cest explicitement cette confiance que le Président de la République a souhaité renforcer encore en lançant une grande mobilisation pour la construction de logements le 21 mars dernier.
Nous avons bien conscience que le secteur du bâtiment est incontestablement un secteur moteur de notre économie. Et, avec plus dun million et demi demploi, il est au coeur de la bataille pour lemploi que mène chaque jour le Gouvernement.
En 2012, la conjoncture sest dégradée, notamment pour les mises en chantier de logements neufs dont la baisse sest accentuée. Vous venez de rappeler lurgence de la situation et les attentes fortes des artisans du bâtiment.
Le Gouvernement a ouvert une nouvelle étape de la politique économique de notre pays, en sengageant pour un soutien et une stabilité de long terme pour les entreprises, et en construisant, toujours avec les professionnels, des réponses adaptées aux problématiques des secteurs et des entreprises concernées.
Le Pacte National pour la Compétitivité, la Croissance et lEmploi en a donné le coup denvoi. Il représente un effort massif et sans précédent en direction des entreprises.
Parmi ses mesures significatives, le secteur du bâtiment bénéficiera pleinement du crédit dimpôt compétitivité qui facilitera les embauches en allégeant les charges des entreprises.
Je tiens à insister également sur la deuxième mesure du Pacte de compétitivité, le fonds de garantie dOséo, qui répond étroitement aux problématiques du secteur. La Banque publique dInvestissement, dont Oséo est une filiale, est opérationnelle depuis le 1er janvier de cette année, et cet outil puissant doit répondre aux besoins des entreprises, de toutes les entreprises.
Cest la raison pour laquelle jai veillé à ce que le fonds de garantie en faveur des PME et TPE, doté de 500 millions deuros, soit ouvert à lensemble des entreprises, même les plus petites, quelle que soit le montant de leur besoin et leur nombre demployés.
Il permet de financer des besoins de trésorerie qui constituent un problème récurrent des entreprises artisanales, et qui les conduit à supporter des frais bancaires très importants, notamment dans les périodes de variation rapide dactivité. Je sais que cest un sujet de préoccupation de nos entreprises.
Jinvite tous les artisans du bâtiment à se saisir de ces dispositifs, mais aussi du contrat de génération qui est un instrument précieux, permettant de recruter, par une aide ciblée, un jeune, et de le former pendant 3 ans.
Je me suis personnellement investie pour quil bénéficie aux entreprises individuelles et jajoute quil peut également être utilisé dans le cadre dune transmission dentreprise pour permettre à un chef dentreprise de former son successeur avant son départ en retraite.
Voilà, sans être exhaustive, les outils dune impulsion majeure qui est donnée à lensemble de notre économie ; et je ne peux que vous encourager à les utiliser et à expliquer leur fonctionnement simple et accessible à lensemble de vos adhérents.
Et, en tant que Ministre de lArtisanat, du Commerce et du Tourisme, jai conscience que lattention est parfois rivée sur la situation des grands groupes. Mais la Première entreprise de France, ce sont les artisans. Et vous pouvez être certains que jai à coeur de montrer que nos champions nationaux de la qualité, du savoir-faire, et de la prestation sur mesure, cest vous !
Pour répondre aux enjeux que nous avions identifiés ensemble, avec vous, ainsi quavec lensemble des organisations professionnelles et les chambres des métiers que je tiens à saluer, jai présenté, comme vous le savez, un Pacte pour lArtisanat, qui comprend 33 mesures.
Je me réjouis que nous travaillions en bonne entente pour sa mise en oeuvre. Un certain nombre dactions ont déjà été lancées et sont déjà en place, cest le cas du soutien à la trésorerie, cest le cas également de lévaluation des pôles dinnovation pour lartisanat et les petites entreprises, que vous évoquiez à linstant Monsieur le Président, et qui débouchera sur des propositions concrètes pour les rendre encore plus performants et davantage centrés sur la diffusion des innovations sur lensemble du territoire national.
Mais également, un véritable statut de lartisan, unifié et fondé sur une qualification reconnue, sera rétabli.
Les entreprises seront mieux accompagnées, puisque lEtat va signer une convention-cadre avec lAssemblée Permanente des Chambres des métiers et de lArtisanat, qui sera déclinée entre les préfets et les chambres au niveau local, et qui sera la base dune diffusion sur tout le territoire des bonnes pratiques repérées pour laccompagnement des chefs dentreprises.
Un bilan de compétences leur sera remis au moment de linscription au répertoire des métiers, et par la suite, au sein des chambres, ils pourront bénéficier dun interlocuteur unique et laccompagnement de ces entreprises sera facilité et personnalisé.
Dans lartisanat, je veux ajouter que les conjoints doivent aussi pouvoir trouver la place quil leur revient, et construire eux aussi un parcours. Cest pourquoi des dispositifs favorisant la validation des acquis de compétence ainsi que des formations spécifiques dédiés aux conjoints dartisans seront mis en place.
Je me permets de souligner que je parle des conjoints, et pas uniquement des conjointes, car jespère quà lavenir cette situation sera mieux partagée entre les femmes et les hommes, en particulier dans votre secteur.
Jai dailleurs tenu à ce que les campagnes de promotion et de valorisation de lartisanat insistent sur la parité des métiers et valorise les femmes exerçant des métiers traditionnellement masculins, mais aussi les hommes exerçant des métiers traditionnellement féminins.
Plus globalement, cest toute limage des métiers que je souhaite voir enfin évoluer. Lartisanat doit être une filière choisie, pour les parcours quelle permet et pour la liberté quelle offre de sétablir à son propre compte.
Des interventions dartisans seront organisées pendant le parcours scolaires, des actions de communication, de sensibilisation, et de valorisation seront menées par le Fonds National de Promotion de lArtisanat, par Pôle Emploi, et via le service public dorientation tout au long de la vie, au niveau national.
Les formations dispensées en Centre de Formation des Apprentis évolueront, puisquelles senrichiront dune préparation à lentrepreneuriat, mais elles doivent être davantage mises en avant. On ne répètera jamais assez combien ils sont des outils précieux, à lheure où tant de jeunes mettent parfois des années à trouver un emploi fixe, 90% des diplômés dun CFA sont embauchés à la sortie de leur cursus.
A cet égard, je tiens à saluer limplication du bâtiment dans la formation des jeunes apprentis, qui sont plus nombreux que dans nimporte quel autre secteur. Et pour ce nouvel horizon que constitue la transition écologique, de nouvelles compétences et de nouveaux métiers vont naître pour lesquels, je lespère, vous accueillerez aussi largement la jeunesse mais je sais pouvoir compter sur vous.
Au-delà de ces mesures qui concernent tout le secteur de lartisanat, je voudrais évoquer avec vous toutes celles qui concernent très directement le secteur du bâtiment. Car vous le savez bien, lactivité de la construction et de la rénovation est au coeur des préoccupations du Gouvernement, parce quelle est déterminante pour lemploi, et pour la santé économique et le dynamisme de nos territoires. Et je suis convaincue que le secteur du bâtiment est un excellent baromètre de cette santé économique que jévoquai à linstant.!
Cest conscient de cette réalité et de la nécessité dune action forte que le Président de la République a pris la décision dun grand Plan dinvestissement, le 21 mars, dont les 20 mesures apportent des solutions concrètes et pragmatiques pour lever les obstacles à la construction et la rénovation de logements.
Et pour soutenir lactivité du secteur, la pierre angulaire de cet ensemble de mesures, cest un choc positif de loffre : construire enfin les logements dont notre pays à tant besoin.
Pour cela, il nous faut dabord rétablir une cohérence entre notre fiscalité et cette priorité : il nest plus acceptable, dans le contexte actuel, dinciter par des avantages les propriétaires de foncier à détenir des terrains constructibles sans en faire usage.
Tous les avantages fiscaux qui favorisent la rétention des terrains constructibles seront donc supprimés.
Les bureaux, notamment en Ile-de-France où les besoins de logement sont les plus criants, demeurent parfois vides plusieurs années. Des dispositions dassouplissement prises par voie dordonnance permettront de faciliter la reconversion des bureaux en logements.
Mais surtout, comme vous le savez, un soutien massif à la production et à la rénovation de logements sociaux est apporté par ces mesures.
Alors, oui, toutes les constructions ne sont pas du logement social. Mais, plutôt que de faire du saupoudrage, et à lheure où plus de huit millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté, le Gouvernement a décidé de renforcer son aide et son soutien aux solutions de logement à loyers modérés.
Cest la raison pour laquelle la TVA sur la construction et la rénovation de logement social a été abaissée de 7% à 5%. Pour lEtat, par rapport au taux intermédiaire du logement privé, cela représente un effort de 400 millions deuros.
Cest aussi pour cette raison quun pacte sera signé entre lEtat et lUnion Sociale des HLM, afin de faire passer la production de 100 000 à 150 000 logements par an.
Ce sont autant de mesures qui viendront soutenir la construction, et donc les carnets de commandes.
De plus, une nouvelle filière est en train démerger ; il sagit de la rénovation énergétique, qui représente un potentiel de 75 000 emplois. Avec lappui des mesures du Plan dinvestissement pour le logement, ce sont 140 000 rénovations lourdes, dans le logement privé, qui seront effectuées en 2014.
Pour rendre plus efficace ce soutien à lactivité, les mesures annoncées par le Président de la République produiront aussi un choc de simplification.
Les règles du jeu doivent favoriser la simplicité, la rapidité, la lisibilité, et la cohérence ; sans rien affaiblir des conditions impératives de sécurité, et de respect de la concertation.
Dans cette perspective, les délais de procédure des grandes opérations seront raccourcis, et les recours abusifs seront sanctionnés. Lobjectif du Gouvernement est aussi de diviser par deux les délais de traitement des contentieux pour les recours légitimes.
Les normes constituent un autre frein important au développement de lactivité.
La France a pris du retard sur cette question. « Toujours promis, jamais réalisé », disiez-vous. Aujourdhui, cette simplification, elle est non seulement prévue mais planifiée, et elle concerne aussi bien le flux que le stock de normes.
Pour endiguer lempilement des nouvelles règles, un moratoire de deux ans sur linstauration de nouvelles normes techniques va être instauré.
Et pour le stock, une évaluation de lensemble des normes existantes est en cours et celles présentant le moins bon rapport entre leur coût et leur efficacité ne seront plus contraignantes.
Enfin, certaines situations peuvent pénaliser les entreprises. Je pense notamment aux décalages entre les délais de paiement.
La Loi de Modernisation de lEconomie place les artisans du bâtiment dans une situation délicate, entre des règlements fournisseurs plus courts et des délais clients qui nont pas changé.
Dans les mesures présentées par le Président de la République, il y a des aspects qui concernent cette question : pour les commanditaires publics, les clauses relatives aux marchés publics de travaux seront revues afin de réduire les délais de production du décompte général après réception des travaux.
Pour les commandes privées, les maîtres douvrage devront désormais payer chaque mois les travaux exécutés par les entrepreneurs sur la base des demandes de paiement mensuel quils présentent.
Vous évoquez également les situations de concurrence déloyales de certaines sous-traitances, qui fraudent sur la facturation de leur TVA. Pour prévenir ce type de comportements, la facturation de la TVA au donneur dordre sera interdite. Cest le donneur dordre lui-même qui mentionnera dans sa déclaration de TVA celle quil doit au titre des travaux effectués.
Cette mesure limite considérablement la concurrence déloyale sur le prix hors taxe, et comble un important manque à gagner pour lEtat.
Une concurrence équitable, cest aussi ce à quoi je souhaite parvenir en ce qui concerne le régime de lauto-entrepreneur. Il crée parfois, dans certains secteurs dont le vôtre, des difficultés. Le rapport commandé à lIGF et lIGAS va être publié aujourdhui. Le Gouvernement a pris connaissance de ces recommandations et souhaite apporter au régime des évolutions pour en corriger les défauts et linscrire de manière harmonieuse dans le paysage de la création dentreprise.
Car le régime a en pratique davantage facilité lexercice dactivités accessoires ou à faible valeur ajoutée que permis la création dentreprises pérennes à potentiel de croissance En effet, près de la moitié des auto-entrepreneurs ne dégagent pas de chiffre daffaire, et 90 % dentre eux réalisent un chiffre daffaire inférieur au SMIC.
Par ailleurs, la mission, dont les travaux se sont heurtés à la faiblesse du suivi statistique des auto-entrepreneurs, reconnaît lexistence de risques et parfois dabus liés à ce régime en matière de concurrence déloyale, de salariat déguisé en fausse sous-traitance, ou de fraudes.
Notre objectif nest pas de casser ce régime, mais de le clarifier, laméliorer et le rendre vraiment efficace, en tenant compte de ces limites que les artisans nous signalent régulièrement, en particulier dans le bâtiment.
Le gouvernement souhaite adapter le régime pour répondre à deux objectifs distincts, qui appellent des réponses différentes :
1. Premier objectif : lexercice dune activité complémentaire permettant de se créer un revenu dappoint, notamment pour les populations au revenu modeste : chômeurs, retraités, etc. ; dans ce cas, le régime sera maintenu ; mais il faut que cette activité reste une activité dappoint, pour maintenir les conditions dune concurrence saine et loyale, et pour cela il nous faut examiner, avec vous, les critères qui le permettront, par exemple par linstauration de seuils de chiffre daffaire intermédiaires.
2. Deuxième objectif : la création dentreprise par son caractère simple et accessible en restant un tremplin qui permet de créer à terme une structure classique dentreprise, pour une activité viable et pérenne, et un régime plus protecteur. Dans ce cas, nous souhaitons que ce régime soit limité dans le temps. La durée précise fera lobjet de discussions avec les acteurs. Nous renforcerons laccompagnement de ces auto-entrepreneurs pour les aider à basculer vers le régime normal, et nous étudierons les modalités dune transition aménagée pour faciliter ce passage.
Plus généralement, je souhaite préserver globalement le cadre fiscal et social du régime, dont la simplicité est un des atouts, mais apporter des évolutions concernant lassujettissement à la cotisation foncière des entreprises (CFE), dans le sens dune plus grande équité avec les autres régimes de création dentreprise. Nous avons déjà rapproché les cotisations sociales des auto-entrepreneurs et des autres travailleurs indépendants dans le cadre du PLFSS 2013. Ce sont des mesures de justice, mais qui préservent la simplicité de ce régime.
Nous sommes également favorables aux recommandations qui sont faites dans le rapport en matière de suivi statistique et de contrôles. Le Gouvernement partage ces orientations et les services des ministères concernés doivent dans les prochaines semaines expertiser la possibilité de les mettre en oeuvre. En particulier, pour certains métiers, je pense tout particulièrement au bâtiment, il y a une exigence de qualification qui permet de protéger le consommateur, par exemple parce quil y a des enjeux de sécurité, il est important davoir des garanties sur les qualifications et la qualité du travail réalisé ; pour cela, nous sommes favorables à un renforcement des obligations déclaratives et des vérifications a priori pour lexercice des professions, par exemple en matière dassurance et de qualifications. Sur ce point, jai demandé à mes services de faire une étude de faisabilité, parce que ce nest pas forcément simple à mettre en oeuvre concrètement et juridiquement, mais cela répond à un enjeu fort de protection du consommateur.
Notre volonté est de trouver les réponses adaptées, et comme pour lensemble des décisions que prend ce gouvernement, nous sommes guidés par lobjectif defficacité économique et de justice à légard de lensemble des acteurs.
Je marrêterai là, mais vous le voyez, le Gouvernement a pris toute la mesure des enjeux auxquels est aujourdhui confronté le secteur du bâtiment, de nombreux leviers ont été actionnés, les objectifs ont été fixés, et nous construirons ensemble les modalités concrètes de leur mise en oeuvre, dans le cadre du groupe de travail interministériel que je pilote.
Les Français sont directement concernés par les travaux que nous menons, et comme jai eu loccasion de vous le dire lors de louverture de ce groupe, je partage entièrement votre souhait que nous avancions rapidement, ensemble, et avec détermination.
La mobilisation pour le redressement de notre économie et pour lemploi est la première priorité de ce Gouvernement, et cest un combat que nous menons avec lensemble des acteurs qui simpliquent à nos côtés dans lintérêt de notre pays.
Je vous remercie.
Source http://www.artisanat-commerce-tourisme.gouv.fr, le 12 avril 2013