Interview de M. Benoît Hamon, ministre de l'économie sociale et solidaire et de la consommation, à "RMC" le 29 mai 2013, sur les suites du scandale lié à l'entreprise Spanghero, sur le projet de loi sur la consommation.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN
Benoit HAMON, SPANGHERO, tout de suite c’est l’actualité, 240 salariés licenciés, 68 reclassements proposés dans une filiale de la maison mère. Enfin nous verrons. Certains vous accusent d’avoir été à l’origine de cette faillite ?
BENOIT HAMON
Alors reprenons les choses au début si vous le voulez bien. Ce serait curieux que l’on dise par exemple des services de police quand ils découvrent des faits de délinquance dans une entreprise qu’ils sont responsables de ces faits de délinquance qui conduisent cette entreprise à mettre peut-être la clé sous la porte. La réalité c’est que nous avons découvert quoi ? Des faits de tromperie économique qui ont été confirmés en mars par la découverte en février en réalité mais après une recherche de documents auprès des Britanniques, en plus de 57 tonnes de mouton, séparés mécaniquement, dont l’importation est interdite depuis 2001. La réalité c’est qu’il y a une série de négligences qui ont été fatales – mais quand je dis ça je n’y croire guère - ou une tromperie et dont la justice devra confirmer l’ampleur puisque c’est elle qui est désormais saisie de cette affaire. La responsabilité c’est d’abord celle de la direction. De la direction d’une entreprise qui a mené ses salariés dans le gouffre. Et dans le gouffre depuis le début en mettant en oeuvre cette tromperie, dont je rappelle que moi comme ministre, je l’ai découverte, mais qu’elle concernait 4 millions et demi de plats préparés sur une durée de plus de six mois, dans une filière, en terme d’emploi – je veux le rappeler – l’agroalimentaire, où il y a 500 000 emplois. Avec des gens et des directions dans des PME qui font leur travail correctement mais qui ont vu impacter - en raison de cette affaire là - leur activité et leurs chiffres. Je ne parle même pas de ceux qui distribuent ces produits. On parlait de FINDUS, PICARD, CARREFOUR, etc, eux en aval ont vu aussi directement impacter, en raison de cette crise, leur chiffre d’affaires. Notre responsabilité elle était quoi ? De dire là où il y avait la faute, et de l’isoler, de la traiter pour rétablir la confiance. Encore maintenant elle n’est pas restaurée cette confiance des consommateurs dans ce qu’ils mangent. Et le problème c’est que si nous n’arrivons pas à restaurer cette confiance c'est-à-dire à revenir à la qualité, eh bien il y aura bien plus d’emplois qui ont été détruits. Est-ce que ça m’exonère d’une responsabilité sur la réponse qu’on peut apporter à SPANGHERO ? Pas plus que n’importe quel dirigeant politique. Et je pense, et c’est la raison pour laquelle avec mon collègue Guillaume GAROT de l’agroalimentaire, depuis le début nous essayons de trouver une solution qui soit une solution durable pour ces salariés qui eux, voyez-vous, n’ont rien à voir dans cette affaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais quand je les entends ils disent : mais pourquoi avoir retiré l’agrément sanitaire permettant à SPANGHERO de traiter de la viande alors qu’il n’y a pas de problème d’hygiène, alors qu’il n’y a aucune mise en danger de la vie d’autrui ?
BENOIT HAMON
Monsieur BOURDIN, si nous nous n’appliquons pas la loi, qui l’appliquera ? Nous y sommes obligés par un article du code rural qui dit quoi ? Pardon d’être un peu technique : « quand il y a une rupture de traçabilité, quand on ne sait plus d’où les choses viennent, nous devons suspendre l’agrément sanitaire ». C’est la raison pour laquelle le ministre de l’Agriculture l’a fait. Nous l’avons rétabli ensuite à l’exception des activités de négoce. Nous les avons rétablis mis revenons encore au début de cette affaire. S’il n’y avait pas des changements d’étiquettes, qui se passent chez SPANGHERO, où un pain de viande arrive avec code où il y a marqué « cheval », il ressort avec un code où il y a marqué « boeuf », s’il n’y avait pas cela, il n’y aurait pas la situation que nous connaissons aujourd’hui. Après, SPANGHERO appartient à un groupe, le groupe LUR BERRI, qui décide, pour des raisons qui ne n’appartient pas de commenter aujourd’hui, de ne pas changer le management, de ne pas essayer de remonter la société…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le PDG de SPANGHERO vous traitait de très léger…
BENOIT HAMON
J’observe que c’est lui qui a recruté la personne, monsieur POUJOL, qui a quitté la société depuis, qui est resté en poste longtemps, qui a maintenu une direction. J’observe qu’on n’a pas cherché à relancer l’activité, à changer de nom…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais la tromperie est avérée. Pourquoi les dirigeants ne sont pas encore en justice ?
BENOIT HAMON
Il y a une enquête. Il ne m’appartient pas de juger à la place des juges. Ce que je veux dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon. Ils sont responsables ? Ce sont les premiers responsables selon vous ?
BENOIT HAMON
Ce que nous avons trouvé, le service national des enquêtes de la répression des fraudes, que j’ai rendu public, et j’ai rendu public, pourquoi ? Parce qu’il me fallait nous tenir compte de l’ensemble de la filière et rassurer aussi les Français sur le fait qu’on travaillait… Je vais vous donner un élément après, eh bien nous avons trouvé des faits qui montrent qu’il y a eu changement d’étiquette. Nous avons versé ça à la justice, un juge fait son travail, des gendarmes enquêtent et l’enquête ira au bout. Il ne m’appartient pas dire ce qui se passera à la fin. Mais juste une information. Les dix premiers contrôles ADN que nous faisons en France, montrent quoi ? Que dans 9 cas sur 10 il y a de la viande de cheval dans des plats de boeuf. Nous poursuivons nos enquêtes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans 9 cas sur 10 !!
BENOIT HAMON
Sur le 10 premiers contrôles que nous faisons. Alors on cherche aussi un endroit où on pense qu’on va trouver. Parce que les services, comme tous les enquêteurs ils savent où c’est. Aujourd’hui au bout de 150 contrôles nous n’en trouvons plus que 17 en tout dont le 9 premiers. Ça veut dire quoi ? Que nous avons réussi à faire en sorte que ces pratiques-là, qui pouvaient exister chez certains, est liée à un intermédiaire néerlandais…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ils existent encore.
BENOIT HAMON
En tout cas quand on cherche on trouve. Moi j’ai annoncé, et qu’on se le tienne pour dit, la filière viande et poisson sera sous surveillance toute l’année 2013 et s’il faut reconduire cette surveillance en 2014. Moi je tiens à ce que cette filière de l’agroalimentaire qui consomme des plats préparés, parce qu’on n’a pas le choix souvent ? Des familles modestes, des mères célibataires avec des enfants, qui parce qu’elles ont des horaires décalés vont faire cela, alors qu’elles préfèreraient préparer à manger pour leurs enfants. Et on va voir quoi ? Que pour ces familles là aujourd’hui, qui n’ont pas les moyens d’acheter beaucoup et cher, eh bien on mange en lieu et place de boeuf du minerais de cheval et du minerais de cheval en l’occurrence, quand on sait ce que c’est le minerais, ce qu’on appelle de l’aponévrose, des tendons, un peu de viande, de la gélatine etc. Ce que je veux dire c’est que ma responsabilité elle est, comme ministre de la Consommation, de m’assurer que demain vous ne soyez pas trompés sur ce qu’il y a dans votre assiette, et certains se sont faits de l’argent parce qu’il y a un bénéfice derrière tout ça. La tromperie économique on ne l’a fait pas juste pour tromper !! Et les bénéfices sont conséquents. C’est la raison pour laquelle dans la loi que je prépare et qui sera à l’Assemblée nationale le 24 juin, nous montons considérablement le quantum des peines. J’observe que dans l’affaire en question, les bénéfices indus seraient de 500 000 euros, or jusqu’ici le montant maximum de la peine pour une entreprise c’était 185 000 euros quand il y avait tromperie économique. Eh bien on va porter le niveau de la peine jusqu’à 10% du chiffre d’affaires de façon à ce que quoi ? Le juge puisse dire « je vous condamne à une amende qui soit proportionnelle au profit que vous avez réalisé ».
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ce qui me parait logique.
BENOIT HAMON
Oui mais ce n’était pas le cas avant.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les deux plans de reprise chez SPANGHERO, dont une scoop qui rassemble les salariés.
BENOIT HAMON
C’est pas une scoop justement.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors les salariés disent : l’Etat doit nous aider. C’est ce que j’ai entendu ce matin. Est-ce que l’Etat va aider la reprise par les salariés de l’entreprise SPANGHERO ?
BENOIT HAMON
Alors ce n’est pas un projet de scoop mais c’est un projet de reprise par les salariés. Il y a deux projets. Un de Laurent SPANGHERO, l’ancien patron. Et un des salariés. Alors on regarde les deux. Il y a une mission qui a été ordonnée par le ministre de l’Agroalimentaire qui va travailler à cela. Le sujet c’est quoi ? C’est le tour de table financier. Moi j’ai parfaitement confiance… Moi je pense que les salariés ils ont les savoir-faire et peuvent maintenir l’activité. Hier soit j’étais encore avec plusieurs patrons de l’agroalimentaire pour leur redire que nous avons besoin de partenaires pour remettre l’entreprise en marche mais ensuite distribuer ces produits. La réalité c’est qu’il faut changer le monde des produits, la marque, et les salariés…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Alors on change la marque, on change le nom, mais …
BENOIT HAMON
Et la direction.
JEAN-JACQUES BOURDIN
L’usine peut franchement redémarrer ?
BENOIT HAMON
Elle a un propriétaire cette entreprise, c’est la coopérative LUR BERRI. Et moi je regrette que nous en soyons aujourd’hui devant un choix qui est une mise en liquidation de cette entreprise avec un PSE où moi je mettrais LUR BERRI devant ses responsabilités. Ils vont au-delà de leur obligation légale, mais je leur demanderai d’aller beaucoup plus loin. Et nous verrons… Effectivement nous travaillons et avec le ministre de l’Agroalimentaire qui en première ligne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que l’Etat pourrait aider financièrement à la reprise ?
BENOIT HAMON
Il y a déjà la région Languedoc-Roussillon, Christian BOURQUIN qui a dit qu’il était prêt à mettre au pot dans une opération comme celle-là, de reprise. L’Etat il ne peut pas…il peut faire, il peut faciliter les conditions de reclassement etc…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais pas mettre d’argent.
BENOIT HAMON
Mais mettre de l’argent… on peut regarder de quelle manière aujourd’hui aider à la constitution du tour de table financier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Aider mais pas mettre d’argent.
BENOIT HAMON
Mais ça ne se fait pas, sauf à nationaliser SPANGHERO.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Benoit HAMON, est-il vrai que vous préparez la portabilité bancaire ?
BENOIT HAMON
Non je ne la prépare pas, je sais que ces propositions existent. De quoi s’agit-il ? Un certain nombre de parlementaires ou de citoyens considèrent qu’il faudrait pouvoir garder le même numéro de compte quand on change de banque. Comme il existe la portabilité du numéro de téléphone. Comme il y a un projet de loi consommation qui arrive, ces propositions existent. Aujourd’hui je discute avec les parlementaires dès lors qu’ils me font des propositions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous êtes favorable ?
BENOIT HAMON
Je vais d’abord interroger le monde bancaire sur la manière dont il reçoit cela. Je crains que ce ne soit pas très favorable pour des raisons qui sont liées au fait que chacun veut garder sa clientèle. Cela étant dit je pense qu’il faut faire des efforts, aujourd’hui il y a des formes de clientèle captive, on l’est dès lors que quand on a beaucoup de virements, c’est très compliqué de changer de banque, parce qu’il faut se livrer à toute une série de tâches administratives pour changer de banque. Et en tout cas ce sera un élément de discussion que nous aurons probablement si ces amendements étaient déposés avec les parlementaires et le monde bancaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc des amendements seront déposés, que vous êtes prêt à soutenir si j’ai bien compris…
BENOIT HAMON
Je discute de tout, le projet existe.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Changer de banque sans changer de compte. Voilà.
BENOIT HAMON
Voilà. C’est ce qui … Du papier à la pratique après il faut regarder, parce que ça … je vous prends un exemple, le projet existe…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que ce sera contenu dans la loi sur la consommation ou pas ?
BENOIT HAMON
Un numéro de compte, un code guichet, un code banque etc, ce n’est pas les mêmes en fonction que ce soit un compte d’épargne ou un compte courant, mais ce n’est pas les mêmes d’une banque à une autre.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais ce sera contenu dans la loi consommation ?
BENOIT HAMON
Dans la loi consommation il y a beaucoup de choses. Il y a la possibilité de résilier quand vous voulez au bout d’un an votre contrat d’assurance. Ça nous le faisons. Ce qui me met quelques gros assureurs à dos. Il y a la possibilité désormais de la responsabilisation du prêteur quand il vous fait un crédit à la consommation. Ce qui me met quelques grosses banques à dos. Et je regrette d’ailleurs que la BANQUE DE FRANCE soit alignée sur cette position des gros établissements bancaires et préconise dans ce domaine une forme de statut quo là où on aurait besoin de faire bouger les lignes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc est-ce qu’une responsabilité pourrait être dans ce projet de loi ?
BENOIT HAMON
Nous verrons. Honnêtement nous verrons. C’est très à discuter. Ça fait partie… Ça c’était fait dans le téléphone, il n’y a pas de raison qu’on n’en discute pas en ce qui concerne les banques. On va en discuter. Mais d’abord on va regarder si c’est possible.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le projet de loi sur l’Economie sociale, qui sera présenté mi-juillet en conseil des ministres. Alors je vous rappelle 200 000 entreprises. Il y a quand même beaucoup d ‘emplois à trouver dans ce secteur. Ça représente 10 % du PIB je crois.
BENOIT HAMON
Considérable. Oui. Et 2 millions 400 000 emplois en France. Et pour avoir un chiffre en tête parce qu’on est persuadé que est l’économie sociale et solidaire c’est une forme d’économie administrée des gens sous perfusion, de la subvention. Ce qui n’est absolument pas le cas…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Associations, mutuelles, coopératives…
BENOIT HAMON
Absolument. Dans les dix dernières années c’est un secteur dont le nombre d’emplois a augmenté de 23 % ; l’économie classique, 7 %. Et c’est un secteur qui s’est révélé assez résilient à la crise. Pourtant les subventions elles n’ont cessé de baisser. Et donc ce qui nous intéresse nous c’est comment faire en sorte que dans des domaines où ce secteur-là est fort… je prends les maisons de retraite par exemple, beaucoup de maisons de retraite sont gérées par des établissements privés non lucratifs. Beaucoup d’hôpitaux sont gérés par des établissements privés non lucratifs. Des associations, des mutuelles. On a dans le domaine de ce qu’on appelle le recyclage beaucoup d’établissements privés non lucratifs. Et nous voulons nous faire en sorte que ces sociétés qui ont une particularité c’est que leur bénéfice elles ne les redistribuent pas sous forme de dividende aux actionnaires, elles se fixent par statut une obligation de les réinjecter dans l’entreprise à son fonctionnement à l’investissement. C’est pour ça qu’elles sont plus résistantes. C’est qu’elles s’obligent à réinjecter leurs bénéfices dans l’entreprise. Eh bien nous voulons développer ce modèle-là, de façon à continuer à créer des emplois dans un secteur qui est un secteur …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien d’emplois peut-on créer dans ce secteur ?
BENOIT HAMON
On peut créer des dizaines de milliers incontestablement. Je vous prends une filière qui est celle de la réparation, ca tombe bien c’est en lien avec la consommation, aujourd’hui vous achetez un bien d’équipement, vous faites jouer la garantie, avant la tentation, ou même la pratique c’était de vous le remplacer. Nous on va obliger désormais le fournisseur, non seulement à vous informer du temps de disponibilité des pièces détachées pour le réparer, mais on va l’obliger à vous fournir les pièces détachées. Et donc l’obliger à réparer. Ce qui crée de l’emploi ici et pas de l’emploi en Chine quand on remplace le fer à repasser ou la machine à laver. Je dis ça pourquoi ? Parce que ces filières de la réparation ce sont souvent des entreprises d’insertion. C'est-à-dire des salariés peu ou pas qualifiés qui sont remis au travail en faisant cela. Eh bien l’économie sociale et solidaire s’associe à l’économie classique dans une tache qui est une tache formidable, c’est qu’on va dominer ce qui est l’empreinte écologique de toute cette folie qui consiste à remplacer tout dès lors qu’il y a un seul fil électrique qui est dénudé et que ça ne marche plus.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Benoit HAMON vous parliez tout à l’heure des maisons de retraite. J’ai par exemple un père ou une mère en maison de retraite qui décède le 3 janvier, je suis obligé de payer jusqu’à fin janvier. Est-ce normal ?
BENOIT HAMON
Inadmissible. C’est pourtant une pratique. Là encore c’est un sujet que nous allons traiter. C’est vrai qu’aujourd’hui on découvre qu’on peut avoir, et c’est une période de deuil pour les familles, des maisons de retraite qui vous facturent jusqu’à la fin du mois le service, la chambre d’un parent qui pourtant va décéder en début de moi …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui est occupée trois jours après.
BENOIT HAMON
Exactement, ou quelques jours après. Et donc il faut que ça cesse, c’est tout. Je vais prendre les dispositions que pour que ça cesse. Et plus généralement la répression des fraudes dont on parlait tout à l’heure dans l’affaire SPANGHERO elle va travailler à faire une sorte de baromètre qui sera public, un comparateur, disponible pour tous les Français qui comparera justement les établissements en fonction d’un panier de services moyen minimum sur ce que vous pouvez attendre d’un …
JEAN-JACQUES BOURDIN
Une évaluation des maisons de retraite…
BENOIT HAMON
Et on comparera. Et pour que nos compatriotes puissent choisir aussi en fonction de la qualité du service rendu et des prix pratiqués, et ne se laissent pas abuser parfois aussi par ce qui peut être la politique marketing ou la publicité de certains établissements.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La rémunération des patrons des entreprises privées, pas de loi spécifique, ça vous convient ?
BENOIT HAMON
Je ne crois pas que le gouvernement ait renoncé à légiférer. Pierre MOSCOVICI l’a redit hier…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le gouvernement n’a pas renoncé à légiférer ?
BENOIT HAMON
En tout cas si jamais demain ce qu’on appelle le « say and pay » c'est-à-dire le fait de se saisir par les assemblées générales de la rémunération des patrons n’était pas mis en oeuvre, cette question-là reviendrait.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le « say and pay » n’est pas très efficace dans les pays anglo-saxons.
BENOIT HAMON
Quand je dis qu’on n’a pas renoncé à légiférer, je m’explique. Dans la loi de finances nous aurons la fameuse mesure qui est la mesure d’application de la fameuse taxe à 75 % qui va faire en sorte de contraindre ou de réguler la distribution dans les entreprises de ce type de rémunération au-dessus d’un million d’euros, donc on aura déjà une disposition législative. Ce qui est clair aujourd’hui c’est que plus généralement à côté de ce type de sujet moi ce qui me préoccupe c’est le pouvoir d’achat des Français, parce que si on ne gagne rien savoir qu’un riche gagne un tout petit peu moins, ce qui ne l’empêche pas de rester riche, ça vous console deux secondes. Parce que pour soit ça ne change pas grand-chose. Et le vrai sujet c’est le pouvoir d’achat des Français. Et le pouvoir d’achat des Français il a reculé l’année dernière. Alors la droite nous dit : c’est les augmentations des impôts. C’est vrai, c’est les augmentations des impôts. Sauf, qu’il y en a eu 20 milliards d’euros pour l’année 2012, dont 13 milliards issus des lois de finances avant mai 2012. Avant mai 2012 c’était qui ? Nicolas SARKOZY. L’essentiel de la baisse du pouvoir d’achat, ce qui ne va pas non plus consoler ceux qui ont vu le pouvoir d’achat baisser, mais je veux juste le redire parce que le grand numéro de la droite sur le thème « vous avez augmenté les impôts », l’essentiel de ces augmentations d’impôt c’est eux. Donc je continue. Il y a deux manières de jouer sur le pouvoir d’achat : ou vous augmentez ce qui rentre dans vos poches ou vous essayer de diminuer ce qui en sort. Et moi mon projet de loi consommation il va s’attaquer aux dépenses contraintes. J’ai parlé des assurances tout à l’heure, on parle de ces petites niches mais un peu partout. Tenez par exemple…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez une autre idée pour …
BENOIT HAMON
On va jouer sur ce qu’on appelle les assurances affinitaires. Vous pouvez acheter un mobile, un forfait avec une assurance qui va avec, vous arrêtez, vous vous rétractez, l’assurance court toujours, vous payez toujours mais vous n’avez plus de mobile. Il y a toute une série … Vous êtes parfois dix fois assuré pour la même chose. Eh bien on va lutter dans la loi contre ces assurances affinitaires et le fait que quand vous cessez un contrat, l’assurance qui va avec s’éteint. Il y a une multitude de…
JEAN-JACQUES BOURDIN
D’autres pistes ? Un ou deux autres exemples.
BENOIT HAMON
On a … je vous ai parlé des maisons de retraite, on aura sans doute des amendements…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous en connaissez d’autres ?
BENOIT HAMON
Oui, mais je laisse les parlementaires, ils vont avancer sur cette question. Mais je pense qu’il y a des dépenses qui sont aujourd’hui des dépenses contraintes sur lesquelles on peut davantage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Lesquelles ?
BENOIT HAMON
Pour l’instant je reste à ce que j’ai dit, des dépenses contraintes…vous verrez dans les semaines qui viennent les terrains sur lesquels nous aurons …
JEAN-JACQUES BOURDIN
On a déjà eu une information sur la possible mobilité bancaire, c'est très intéressant, changer de banque sans changer de compte, mais …
BENOIT HAMON
Je vous ai dit que ce n’est pas le projet gouvernemental…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non, non, mais enfin c’est une initiative, oui oui…
BENOIT HAMON
Enfin parlementaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dernière chose sur l’affaire TAPIE. Est-ce qu’il y aura un recours en annulation ? Vous êtes à Bercy, vous le savez.
BENOIT HAMON
Non je ne sais pas. Et puis je laisserai à Pierre MOSCOVICI le soin de …
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est le patron ?
BENOIT HAMON
C’est le ministre de l’Economie et des Finances.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon mais est-ce que c’est votre patron ?
BENOIT HAMON
Je suis sous la tutelle du ministre de l’Economie et des Finances…
JEAN-JACQUES BOURDIN
C’est votre patron alors.
BENOIT HAMON
Si vous voulez le dire comme ça, moi je n’ai pas de problème. Après la répartition des taches fait qu’on est capable les uns et les autres de coexister en bonne intelligence. Mais c’est le ministre de l’Economie et des Finances et il a autorité sur ces questions, et c’est lui qui parlera.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 31 mai 2013