Texte intégral
ROLAND SICARD
Vous allez bientôt présenter votre projet de loi sur la consommation. Il y a un point de ce projet qui fait hurler les assureurs : c'est celui qui permettrait aux assurés de résilier leur contrat à nimporte quel moment. Est-ce que vous allez mettre en danger ce secteur de lassurance ?
BENOIT HAMON
Alors, de quelle mesure sagit-il ? Effectivement
ROLAND SICARD
Ils sont inquiets.
BENOIT HAMON
Oui, ils sont inquiets mais ils sont inquiets, pourquoi ? Parce quils réalisent de solides bénéfices, peut-être ont-ils peur den faire un peu moins.
ROLAND SICARD
Vous pensez quils gagnent trop dargent ?
BENOIT HAMON
Non, je ne pense pas quils gagnent trop dargent mais je pense que si on payait moins chères les assurances, ce ne serait pas plus mal. Quest-ce quon veut faire ? Cest permettre aux assurés de résilier à partir du treizième mois quand ils le veulent leur contrat dassurance. Aujourd'hui les contrats dassurance, ça pèse cinq pourcents des dépenses des ménages par mois. Cinq pourcents pour lesquels vous navez pas le choix, parce que lassurance automobile, lassurance multirisque habitation, vous êtes obligés de la prendre. Jobserve que dans les trois dernières années, la multirisque habitation a augmenté trois fois plus que linflation. Ça, cest une réalité. Ce que nous voulons faire, c'est
ROLAND SICARD
Vous dites que les assurances sen mettent trop dans les poches, clairement.
BENOIT HAMON
Je pense quaujourd'hui on peut faire baisser les prix et que le moyen de faire baisser les prix
ROLAND SICARD
De combien ?
BENOIT HAMON
On verra. Il a baissé, en tous cas dans les pays dans lesquels cette mesure a été mise en oeuvre, et cest ce que nous cherchons comme objectif, c'est que parce quil y aura davantage de fluidité sur le marché, nous obtiendrons une baisse des prix. Cest une mesure de pouvoir dachat. Je comprends que les assureurs ne soient pas favorables à une mesure qui leur ferait diminuer un tout petit peu leurs considérables bénéfices. En même temps, jobserve quil vient dy avoir un sondage et quatre-vingt-trois pourcents des Français sont favorables à cette mesure. Sils y sont favorables, cest parce quils pensent aujourd'hui que mettre davantage de concurrence dans ce secteur, ce nest pas mauvais et que ça permettra aux assureurs de faire des offres qui sont plus raisonnables en termes de niveau des primes.
ROLAND SICARD
Dans ce projet, il y a aussi ce quon appelle laction de groupe, c'est-à-dire la possibilité pour les consommateurs de porter plainte contre une entreprise qui les aurait lésés. Ça existe aux États-Unis. Quest-ce que ça peut apporter ?
BENOIT HAMON
Laction de groupe, cest la possibilité effectivement pour les consommateurs de se rassembler et dobtenir réparation dun préjudice quils ont subi, un préjudice économique. Je vais prendre un exemple dont tout le monde se souvient sans doute : lautorité de la concurrence avait condamné les grands opérateurs de téléphonie pour des pratiques anticoncurrentielles. On estime que quand des grands opérateurs ou des entreprises sentendent sur un prix, en réalité le prix que vous vous allez payer comme consommateur est de vingt pourcents en moyenne supérieur au prix normal du marché. Et quand on constate quil y a une entente illicite comme celle-là, lautorité de la concurrence peut condamner les entreprises à payer une amende à lÉtat et vous, consommateur qui avez payé vingt pourcents de plus que le prix du marché, vous nêtes jamais indemnisé. Eh bien laction de groupe permettra aux consommateurs, avec une association de consommateurs, de ne pas avoir à engager de procédure eux-mêmes - c'est lassociation de consommateurs qui le fera à leur place et dobtenir la réparation de cette multitude de préjudices du quotidien, de ces litiges de consommation que lon vit, qui vous empoisonnent la vie, pour lesquels seul on na pas lénergie daller déclencher une procédure et qui vous permettront enfin dêtre indemnisés, remboursés dun préjudice subi. Cest un transfert dune forme de rente économique, de bénéfices consolidés par certaines entreprises, des entreprises vers les consommateurs. Là encore, c'est du pouvoir dachat.
ROLAND SICARD
Justement, les entreprises. Le MEDEF dit que ça va multiplier les conflits ; ça pourrait faire perdre un pourcent de PIB à la France.
BENOIT HAMON
Alors, le MEDEF ne sait pas regarder la réalité parce que je vois très bien à quelle référence ils font allusion. Aux États-Unis où il y a une action de groupe qui nest pas du tout sur le même modèle de ce que nous allons faire, on constate selon une étude du conseil danalyse économique quil y a eu effectivement au mieux parce quil y a peu de littérature économique sur le sujet quil y aurait eu un pourcent du PIB non pas perdu par léconomie américaine mais transféré des entreprises vers les consommateurs. Donc ce nest pas une perte de PIB, cest une perte peut-être des entreprises mais en réparation dun préjudice subi par le consommateur. Noublions pas que laction de groupe, cest une manière de protéger le consommateur.
ROLAND SICARD
Vous ne pensez pas que ça peut entraîner des faillites dentreprises ?
BENOIT HAMON
Non. Je pense que ça ne sest jamais produit nulle part et que ça ne se passera pas en France. Je rappelle que cette mesure permet dobtenir pour le consommateur la réparation dun préjudice quil a subi. On nattaque pas les entreprises, on ne leur propose pas une contrainte supplémentaire. On leur dit quun certain nombre dentre elles trichent, et quand elles trichent et que cest le consommateur qui paye la facture de cette triche, il est normal que le consommateur se voit indemnisé du préjudice quil a subi. Pour cela, il fallait une action de groupe. Ça nexistait pas en droit français, elle existera grâce à la loi que je vais porter.
ROLAND SICARD
Il y a deux secteurs qui ne sont pas concernés : cest la santé et lenvironnement. Pourquoi ?
BENOIT HAMON
Ils ne sont pas concernés par la loi que je porte, pourquoi ? Parce que la loi que je porte se concentre sur les préjudices économiques. Pour ce qui concernerait par exemple la santé on pense à laffaire du Mediator ce que les patients ou les Français qui ont consommé du Mediator, et qui ont eu des dégâts pour leur santé attendent, ce nest pas quon soit remboursé de la plaquette de médicaments quils ont acheté ou le prix du médicament mais bien du préjudice sur leur santé. Et là-dessus, sil doit y avoir une action de groupe elle ne peut pas être donc dans la loi de consommation, mais elle pourrait être demain si on élargissait le champ dapplication dans un texte qui serait à ce moment-là un texte porté par ma collègue Marisol TOURAINE. On nest pas fermé, le gouvernement, à lélargissement du champ dapplication. Cependant, cest une fusée à plusieurs étages. Nous considérons quil faut commencer par les préjudices du quotidien, ceux qui sont les plus nombreux, la consommation, et si demain on doit lélargir à lenvironnement et à la santé, cet élargissement se fera dans dautres textes de loi mais pas dans un texte qui concerne pour lessentiel léconomie.
ROLAND SICARD
Vous êtes le Ministre de la Consommation à un moment où la consommation baisse, le pouvoir dachat baisse. Ce nest pas formidable !
BENOIT HAMON
Ah, ce nest pas formidable mais en même temps, cest maintenant quil faut essayer de prendre des mesures de soutien au pouvoir dachat. Cest là où je demande aux assureurs que nous proposent-ils de faire pour
ROLAND SICARD
Il ne faudrait pas augmenter les salaires ? Augmenter le SMIC ?
BENOIT HAMON
Oui, alors ça, ça pourrait être effectivement une solution qui relève, pour ce qui concerne les salaires, des entreprises elles-mêmes et de la politique salariale quelles engagent. Ce que nous, nous pouvons faire, en tous cas à travers une loi, il y a deux manières daugmenter le pouvoir dachat et daugmenter la consommation : soit augmenter largent qui rentre dans vos poches, soit baisser ou diminuer largent qui en sort. Et ce que nous, nous allons essayer de faire à travers la loi consommation, cest diminuer les dépenses contraintes. Il y a une multitude de secteurs dans lesquels en clair aujourd'hui ce sont les frais bancaires que nous essayons de diminuer, ce sont les tarifs des assurances, ce sont les loyers, ce sont les tarifs de lénergie ces dépenses-là, cest très compliqué de pouvoir jouer avec et elles sont contraintes. Nous allons essayer de les faire baisser pour augmenter le pouvoir dachat. Ce sont par ces deux bouts-là quil faut travailler le pouvoir dachat : largent qui rentre mais aussi largent qui sort de votre compte en banque et de votre porte-monnaie.
ROLAND SICARD
Un mot sur les retraites. Il y a un dossier sur le bureau du Premier ministre qui prévoit notamment de porter la durée de cotisation à quarante-trois ou quarante-quatre ans. Ça vous paraît une bonne mesure ? C'est une mesure supportable ?
BENOIT HAMON
Ça me paraît être une proposition je ne vais pas parler en lieu et place du Premier ministre. La seule chose que je vais vous dire, cest que dans cette réforme on veut pérenniser le système par répartition donc la solidarité. Ce que je constate aujourd'hui, cest que ceux qui cotisent et qui en profitent le moins, ce sont les ouvriers parce quils cotisent toute leur vie mais ont une retraite courte. Pourquoi ? Parce quils vivent moins longtemps après leur départ du travail. En clair, les ouvriers payent la retraite de ceux qui vivent beaucoup plus longtemps, c'est-à-dire les cadres. Cest un peu grossier comme raccourci, mais cest une réalité. Je pense que quand on fait les 3x8, quand on a un travail où pendant vingt heures par semaine minimum, on porte des charges lourdes, quand on travaille la nuit et quand on a un travail pénible, il est incontestable quon vit moins longtemps. Ça doit être pris en compte dans la réforme. Cest la condition pour quelle soit juste et acceptée. Je pense que cette question de la pénibilité que le rapport Moreau évoque peut-être une question au centre de la future réforme des retraites.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 juin 2013
Vous allez bientôt présenter votre projet de loi sur la consommation. Il y a un point de ce projet qui fait hurler les assureurs : c'est celui qui permettrait aux assurés de résilier leur contrat à nimporte quel moment. Est-ce que vous allez mettre en danger ce secteur de lassurance ?
BENOIT HAMON
Alors, de quelle mesure sagit-il ? Effectivement
ROLAND SICARD
Ils sont inquiets.
BENOIT HAMON
Oui, ils sont inquiets mais ils sont inquiets, pourquoi ? Parce quils réalisent de solides bénéfices, peut-être ont-ils peur den faire un peu moins.
ROLAND SICARD
Vous pensez quils gagnent trop dargent ?
BENOIT HAMON
Non, je ne pense pas quils gagnent trop dargent mais je pense que si on payait moins chères les assurances, ce ne serait pas plus mal. Quest-ce quon veut faire ? Cest permettre aux assurés de résilier à partir du treizième mois quand ils le veulent leur contrat dassurance. Aujourd'hui les contrats dassurance, ça pèse cinq pourcents des dépenses des ménages par mois. Cinq pourcents pour lesquels vous navez pas le choix, parce que lassurance automobile, lassurance multirisque habitation, vous êtes obligés de la prendre. Jobserve que dans les trois dernières années, la multirisque habitation a augmenté trois fois plus que linflation. Ça, cest une réalité. Ce que nous voulons faire, c'est
ROLAND SICARD
Vous dites que les assurances sen mettent trop dans les poches, clairement.
BENOIT HAMON
Je pense quaujourd'hui on peut faire baisser les prix et que le moyen de faire baisser les prix
ROLAND SICARD
De combien ?
BENOIT HAMON
On verra. Il a baissé, en tous cas dans les pays dans lesquels cette mesure a été mise en oeuvre, et cest ce que nous cherchons comme objectif, c'est que parce quil y aura davantage de fluidité sur le marché, nous obtiendrons une baisse des prix. Cest une mesure de pouvoir dachat. Je comprends que les assureurs ne soient pas favorables à une mesure qui leur ferait diminuer un tout petit peu leurs considérables bénéfices. En même temps, jobserve quil vient dy avoir un sondage et quatre-vingt-trois pourcents des Français sont favorables à cette mesure. Sils y sont favorables, cest parce quils pensent aujourd'hui que mettre davantage de concurrence dans ce secteur, ce nest pas mauvais et que ça permettra aux assureurs de faire des offres qui sont plus raisonnables en termes de niveau des primes.
ROLAND SICARD
Dans ce projet, il y a aussi ce quon appelle laction de groupe, c'est-à-dire la possibilité pour les consommateurs de porter plainte contre une entreprise qui les aurait lésés. Ça existe aux États-Unis. Quest-ce que ça peut apporter ?
BENOIT HAMON
Laction de groupe, cest la possibilité effectivement pour les consommateurs de se rassembler et dobtenir réparation dun préjudice quils ont subi, un préjudice économique. Je vais prendre un exemple dont tout le monde se souvient sans doute : lautorité de la concurrence avait condamné les grands opérateurs de téléphonie pour des pratiques anticoncurrentielles. On estime que quand des grands opérateurs ou des entreprises sentendent sur un prix, en réalité le prix que vous vous allez payer comme consommateur est de vingt pourcents en moyenne supérieur au prix normal du marché. Et quand on constate quil y a une entente illicite comme celle-là, lautorité de la concurrence peut condamner les entreprises à payer une amende à lÉtat et vous, consommateur qui avez payé vingt pourcents de plus que le prix du marché, vous nêtes jamais indemnisé. Eh bien laction de groupe permettra aux consommateurs, avec une association de consommateurs, de ne pas avoir à engager de procédure eux-mêmes - c'est lassociation de consommateurs qui le fera à leur place et dobtenir la réparation de cette multitude de préjudices du quotidien, de ces litiges de consommation que lon vit, qui vous empoisonnent la vie, pour lesquels seul on na pas lénergie daller déclencher une procédure et qui vous permettront enfin dêtre indemnisés, remboursés dun préjudice subi. Cest un transfert dune forme de rente économique, de bénéfices consolidés par certaines entreprises, des entreprises vers les consommateurs. Là encore, c'est du pouvoir dachat.
ROLAND SICARD
Justement, les entreprises. Le MEDEF dit que ça va multiplier les conflits ; ça pourrait faire perdre un pourcent de PIB à la France.
BENOIT HAMON
Alors, le MEDEF ne sait pas regarder la réalité parce que je vois très bien à quelle référence ils font allusion. Aux États-Unis où il y a une action de groupe qui nest pas du tout sur le même modèle de ce que nous allons faire, on constate selon une étude du conseil danalyse économique quil y a eu effectivement au mieux parce quil y a peu de littérature économique sur le sujet quil y aurait eu un pourcent du PIB non pas perdu par léconomie américaine mais transféré des entreprises vers les consommateurs. Donc ce nest pas une perte de PIB, cest une perte peut-être des entreprises mais en réparation dun préjudice subi par le consommateur. Noublions pas que laction de groupe, cest une manière de protéger le consommateur.
ROLAND SICARD
Vous ne pensez pas que ça peut entraîner des faillites dentreprises ?
BENOIT HAMON
Non. Je pense que ça ne sest jamais produit nulle part et que ça ne se passera pas en France. Je rappelle que cette mesure permet dobtenir pour le consommateur la réparation dun préjudice quil a subi. On nattaque pas les entreprises, on ne leur propose pas une contrainte supplémentaire. On leur dit quun certain nombre dentre elles trichent, et quand elles trichent et que cest le consommateur qui paye la facture de cette triche, il est normal que le consommateur se voit indemnisé du préjudice quil a subi. Pour cela, il fallait une action de groupe. Ça nexistait pas en droit français, elle existera grâce à la loi que je vais porter.
ROLAND SICARD
Il y a deux secteurs qui ne sont pas concernés : cest la santé et lenvironnement. Pourquoi ?
BENOIT HAMON
Ils ne sont pas concernés par la loi que je porte, pourquoi ? Parce que la loi que je porte se concentre sur les préjudices économiques. Pour ce qui concernerait par exemple la santé on pense à laffaire du Mediator ce que les patients ou les Français qui ont consommé du Mediator, et qui ont eu des dégâts pour leur santé attendent, ce nest pas quon soit remboursé de la plaquette de médicaments quils ont acheté ou le prix du médicament mais bien du préjudice sur leur santé. Et là-dessus, sil doit y avoir une action de groupe elle ne peut pas être donc dans la loi de consommation, mais elle pourrait être demain si on élargissait le champ dapplication dans un texte qui serait à ce moment-là un texte porté par ma collègue Marisol TOURAINE. On nest pas fermé, le gouvernement, à lélargissement du champ dapplication. Cependant, cest une fusée à plusieurs étages. Nous considérons quil faut commencer par les préjudices du quotidien, ceux qui sont les plus nombreux, la consommation, et si demain on doit lélargir à lenvironnement et à la santé, cet élargissement se fera dans dautres textes de loi mais pas dans un texte qui concerne pour lessentiel léconomie.
ROLAND SICARD
Vous êtes le Ministre de la Consommation à un moment où la consommation baisse, le pouvoir dachat baisse. Ce nest pas formidable !
BENOIT HAMON
Ah, ce nest pas formidable mais en même temps, cest maintenant quil faut essayer de prendre des mesures de soutien au pouvoir dachat. Cest là où je demande aux assureurs que nous proposent-ils de faire pour
ROLAND SICARD
Il ne faudrait pas augmenter les salaires ? Augmenter le SMIC ?
BENOIT HAMON
Oui, alors ça, ça pourrait être effectivement une solution qui relève, pour ce qui concerne les salaires, des entreprises elles-mêmes et de la politique salariale quelles engagent. Ce que nous, nous pouvons faire, en tous cas à travers une loi, il y a deux manières daugmenter le pouvoir dachat et daugmenter la consommation : soit augmenter largent qui rentre dans vos poches, soit baisser ou diminuer largent qui en sort. Et ce que nous, nous allons essayer de faire à travers la loi consommation, cest diminuer les dépenses contraintes. Il y a une multitude de secteurs dans lesquels en clair aujourd'hui ce sont les frais bancaires que nous essayons de diminuer, ce sont les tarifs des assurances, ce sont les loyers, ce sont les tarifs de lénergie ces dépenses-là, cest très compliqué de pouvoir jouer avec et elles sont contraintes. Nous allons essayer de les faire baisser pour augmenter le pouvoir dachat. Ce sont par ces deux bouts-là quil faut travailler le pouvoir dachat : largent qui rentre mais aussi largent qui sort de votre compte en banque et de votre porte-monnaie.
ROLAND SICARD
Un mot sur les retraites. Il y a un dossier sur le bureau du Premier ministre qui prévoit notamment de porter la durée de cotisation à quarante-trois ou quarante-quatre ans. Ça vous paraît une bonne mesure ? C'est une mesure supportable ?
BENOIT HAMON
Ça me paraît être une proposition je ne vais pas parler en lieu et place du Premier ministre. La seule chose que je vais vous dire, cest que dans cette réforme on veut pérenniser le système par répartition donc la solidarité. Ce que je constate aujourd'hui, cest que ceux qui cotisent et qui en profitent le moins, ce sont les ouvriers parce quils cotisent toute leur vie mais ont une retraite courte. Pourquoi ? Parce quils vivent moins longtemps après leur départ du travail. En clair, les ouvriers payent la retraite de ceux qui vivent beaucoup plus longtemps, c'est-à-dire les cadres. Cest un peu grossier comme raccourci, mais cest une réalité. Je pense que quand on fait les 3x8, quand on a un travail où pendant vingt heures par semaine minimum, on porte des charges lourdes, quand on travaille la nuit et quand on a un travail pénible, il est incontestable quon vit moins longtemps. Ça doit être pris en compte dans la réforme. Cest la condition pour quelle soit juste et acceptée. Je pense que cette question de la pénibilité que le rapport Moreau évoque peut-être une question au centre de la future réforme des retraites.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 juin 2013