Texte intégral
Monsieur le Ministre des affaires étrangères, cher Laurent Fabius,
Madame la Ministre chargée de la francophonie, chère Yamina Benguigui,
Monsieur l'Ambassadeur, je devrais dire Monsieur le Premier ministre, cher Michel Rocard,
Madame la Présidente du conseil régional de la Guadeloupe, chère Josette Borel-Lincertin,
Monsieur le Président du conseil territorial de Saint Pierre et Miquelon, cher Stéphane Artano,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Préfets,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un plaisir renouvelé que je vous retrouve ce soir, ici en l'Hôtel de Montmorin, au ministère des Outre-mer, à l'occasion de l'édition 2013 de la Conférence des ambassadeurs. Pour la deuxième fois, j'ai l'honneur de m'adresser à toutes celles et à tous ceux qui uvrent à la vivacité de la présence française sur les trois océans à proximité des régions et collectivités françaises d'outre-mer.
La présence de Laurent Fabius et de Yamina Benguigui atteste des liens étroits qui unissent les ministères des Affaires étrangères et des Outre-mer dans la recherche, toujours plus affirmée depuis mai 2012, de la promotion des outre-mer dans la politique étrangère de la France.
Mais je ne peux commencer mon propos sans relever que notre rendez-vous intervient dans un moment particulier, empreint d'une certaine gravité que chacun mesure j'en suis sûr.
Le Président de la République s'est adressé à vous, et au-delà, à toute la Nation, pour dire que la France, fidèle à ses valeurs et à ses principes, se tenait prête à agir afin que les exactions qui ont été commises en Syrie ne se reproduisent plus.
Le chef de l'Etat a été clair : la guerre civile en Syrie est une menace pour la paix du monde. Des populations civiles innocentes sont exposées à des atrocités inacceptables. La France a donc le devoir de réfléchir, avec ses alliés, aux moyens les plus appropriés d'agir.
Nous devons donc être tous mobilisés en ces temps troublés où les consciences des démocraties sont mises à l'épreuve.
Nous devons être fermes sur nos valeurs et nos principes. Ces valeurs et ces principes qui font de la France la patrie des droits de l'Homme et que nous avons la responsabilité de faire rayonner partout où la France est présente.
La politique d'insertion des outre-mer dans leur environnement a fait l'objet de ma part d'une communication en conseil des ministres. J'y ai rappelé le rôle particulier joué par les outre-mer dans la politique étrangère de notre pays, à savoir celui de relais des intérêts stratégiques de la France et de la promotion de leurs propres intérêts ; lesquels se déclinent sous les angles suivants :
* La coopération régionale
La dimension européenne y est fondamentale, à travers les trois programmes opérationnels de la coopération territoriale européenne (Interreg IV Caraïbes, PO Amazonie, PO Océan indien) pour un montant de cent millions d'euros environ. Les négociations en cours sur les futurs règlements communautaires pour la période 2014/2020 devront permettre, par la mise au point d'une meilleure coordination des moyens du Fonds européen pour le développement (FED) et du Fonds européen de développement économique régional (FEDER) au service du développement régional, de faciliter l'insertion de ces territoires dans leur zone géographique. Cette insertion sera d'autant plus forte que les Outre-mer seront effectivement membres des organisations régionales dont ils relèvent. C'est le cas de la Nouvelle Calédonie, de la Polynésie française et de Wallis et Futuna pour la Communauté du Pacifique (CPS), de La Réunion pour la Commission de l'Océan indien (COI), de la Guadeloupe et de la Martinique pour la Commission économique pour l'Amérique et les Caraïbes (CEPALC). Mais, avec le fort soutien du Ministère des affaires étrangères, les DOMCOM veulent aller plus loin en intégrant pleinement le Forum des Iles du Pacifique (FIP) pour nos collectivités du Pacifique, l'Association des Etats de la Caraïbes (AEC), l'Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECO), la Communauté caribéenne (CARICOM) pour les départements français d'Amérique. Le processus d'adhésion est en bonne voie et nul doute que l'accomplissement d'une telle démarche renforcera le poids économique, culturel, géopolitique des outre-mer, et au-delà de la France toute entière, dans les environnements régionaux.
Parallèlement à cette recherche d'intégration, je peux vous annoncer que les chargés de mission de la Guadeloupe et de la Martinique pour la coopération régionale devraient bientôt être en poste, en dépit de quelques soucis d'ordre technique qui, je l'espère, seront résolus sans tarder. Ils seront présents dans les ambassades de France à Sainte-Lucie, Haïti, République dominicaine, Cuba, Venezuela, Trinidad, Panama et les consulats généraux de Miami, Bélem et Québec. C'est aussi le cas pour une représentation de la Guyane à l'ambassade de France au Suriname.
Ces représentants auront pour mission, à côté du chef de poste, de promouvoir et de faciliter les relations tant économiques que culturelles entre leurs régions d'origine et leur pays- hôte.
Concernant la diplomatie économique, cher Laurent Fabius, l'insertion économique régionale des Outre-mer est l'un des vecteurs de leur redressement économique. La lutte contre la vie chère et la mobilisation générale pour l'emploi passent aujourd'hui aussi par l'exploration méthodique des marchés régionaux. Loin d'être une finalité en soi, l'insertion économique régionale des Outre-mer n'a pas d'autre ambition que d'élargir le champ du possible pour les acteurs économiques et les populations locales. Il s'agit de favoriser la modernisation des économies insulaires dans une logique de développement mutuellement profitable, grâce à la projection régionale de nos meilleures PME des Outre-mer et à la capacité de nos Outre-mer à attirer des investisseurs internationaux. De nombreuses initiatives sont en cours de mise en uvre pour concrétiser cette stratégie.
L'un des acteurs essentiels du développement régional est l'Agence française de développement qui, par ses actions, participe à mettre les Outre-mer au cur de la compétition internationale.
* Deuxième angle : la francophonie et l'économie du savoir
Les régions et collectivités d'outre-mer éparpillées aux quatre coins du monde sont des vecteurs vivants de la francophonie qui, elle-même, est l'un des supports de notre développement économique et de notre influence. Pour continuer dans la voie d'une francophonie dynamique, il convient de donner toute sa place aux universités et à la recherche présentes dans les outre-mer. Une réflexion conjointe avec le ministre de l'Education nationale et la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche est engagée afin d'élaborer un plan spécifique baptisé « Plan Haute Qualité Educative pour l'Outre-mer ». Ce plan participera à l'attractivité des outre-mer et renforcera leur avantage comparatif en matière d'économie du savoir dans leur environnement respectif. De nombreux étudiants étrangers pourront venir poursuivre leur formation dans les universités ultramarines et les nôtres, en échange, pourront se rendre dans les universités avoisinantes.
J'aimerais d'ailleurs profiter de la présence ici des responsables du Ministère des affaires étrangères pour souligner l'importance que revêt pour la francophonie l'implantation dans la région d'Alliances françaises capables de former au français les futurs étudiants et professionnels qui seront nos partenaires naturels dans ces bassins géographiques.
Je suis, de longue date, un ardent militant de la francophonie qui, hélas, a été à bien des égards sacrifiées, en particulier durant la précédente décennie. Et je tiens d'ailleurs à saluer l'initiative de la République d'Haïti qui a fait admettre le Français comme langue officielle de la CARICOM.
* Troisième angle : les enjeux de sécurité et de défense nationale
Le Livre blanc de la défense a mis en exergue la place essentielle reconnue aux outre-mer dans la stratégie de sécurité et de défense nationale. Que ce soit dans le Pacifique où le rôle des forces françaises est salué par l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, ou dans l'Océan indien où la marine française agit tant pour lutter contre les pirates, protéger les côtes ou prévenir l'immigration clandestine, ou encore au large de la Guyane avec des programmes de coopération avec le Brésil afin de limiter les méfaits des tapouilles, les Outre-mer sont au cur d'enjeux économiques et géopolitiques majeurs.
La sécurité des outre-mer passe aussi par l'affirmation de leurs intérêts et ceux de la nation toute entière. Le Gouvernement s'engage pleinement pour réaffirmer la souveraineté française sur Tromelin, les Iles éparses et Clipperton. Jamais, il n'a été question de brader les droits de la France par quelque marchandage que ce soit. Au contraire, l'action du gouvernement consiste à développer des partenariats stratégiques avec des pays amis dans le respect de la reconnaissance de notre souveraineté sur ces territoires.
De même, le Président de la République a assuré de son soutien les élus de Saint-Pierre et Miquelon sur le dossier de l'extension du plateau continental.
Enfin, permettez-moi de saluer le travail considérable du Service militaire adapté en matière de formation de la jeunesse, le SMA qui est considéré comme un exemple à suivre par de nombreux pays à l'instar du Salvador, d'Haïti ou du Vanuatu.
* Quatrième angle : la transition énergétique
Par leurs caractéristiques et leur situation, les Outre-mer constituent en effet un foyer d'expérimentation des technologies et des projets innovants qui permettront de développer et valoriser le savoir-faire français dans des domaines variés comme l'éolien off-shore adapté aux zones cycloniques, la géothermie, ou la biomasse. Le champ des potentialités est donc vaste. Ces dernières n'intéressent pas uniquement les outre-mer en réduisant leur coûteuse dépendance aux énergies fossiles mais elles constituent autant d'opportunités pour la France de développer des filières énergétiques innovantes destinées aux marchés en fort développement des pays de la zone intertropicale.
* Autre angle, le cinquième : la mobilité des personnes
Cette question reste essentielle dans le processus d'intégration régionale. Pour développer les échanges économiques et humains, il serait souhaitable de simplifier les procédures d'obtention des visas de circulation afin que les touristes, les étudiants, les chercheurs et les entrepreneurs puissent se rendre dans les territoires d'outre-mer. C'est déjà le cas pour les ressortissants sud-africains qui veulent visiter La Réunion. D'autres mesures sont à l'étude concernant la Chine et l'Inde pour La Réunion, le Brésil pour la Guyane ou les Comores pour Mayotte.
* Dernier angle : la santé
C'est l'un des axes de développement de la coopération régionale car les établissements hospitaliers d'outre-mer jouissent d'un avantage compétitif indéniable. Le système de santé, la qualité des soins et le savoir-faire français doivent être promus auprès des pays environnants afin de renforcer les liens avec eux tout en assurant l'équilibre financier de nos établissements. Des coopérations prometteuses sont en cours notamment avec Sainte-Lucie.
Dans l'Océan indien, un projet est en train d'être mis en uvre consistant à dispenser des formations aux équipes soignantes comoriennes par le personnel médical du CHU de la Réunion.
Voilà donc, dessinée à grands traits, la politique du Gouvernement en matière de coopération régionale dans les outre-mer.
Nous aurons l'occasion, lors des conférences de coopération régionale, de faire le point sur l'état d'avancement des dossiers. Celle de l'Océan indien se tiendra les 17 et 18 octobre à La Réunion et celle des Antilles-Guyane aura lieu les 7 et 8 novembre en Guadeloupe.
Je ne voudrais toutefois pas conclure sans appeler votre attention sur les points suivants :
- La réforme en cours de la politique de développement doit permettre de conforter la place des outre-mer comme acteurs de la politique d'aide et de développement de la France dans les pays environnants et je me réjouis particulièrement que le dernier comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) du 31 juillet dernier présidé par le Premier ministre ait mis l'accent sur la situation en Haïti en faisant de ce pays une priorité de l'aide française.
- Deux dossiers d'actualité semblent trouver une forme d'apaisement. D'abord, celui des relations des Comores avec la France concernant Mayotte. La visite récente du Président Ikililou a consacré un rapprochement entre les deux pays, concrétisé par la signature d'une déclaration politique qui ouvre la voie à des champs de coopération fructueux en matière de sécurité maritime, d'échanges économiques et d'approche judiciaire.
Pour terminer, je voudrais vous dire combien je suis convaincu du rôle éminent des outre-mer dans la place que la France occupe dans le monde. Mes fonctions de ministre n'ont fait que renforcer cette conviction qui était déjà mienne quand j'étais président du conseil régional de la Guadeloupe.
A ces territoires, qui sont plus que des paysages, et à ces habitants qui ne sont pas que des populations (pour reprendre le mot célèbre d'Aimé Césaire dont nous célébrons cette année le centenaire de la naissance), je veux rendre hommage. Car, par eux, passe pour de nombreux pays de leur environnement géographique, le désir de France, comme j'ai pu m'en rendre compte le mois dernier à la Maison de l'Amérique latine où j'étais l'invité du groupe des ambassadeurs d'Amérique latine et des Caraïbes.
Je vous remercie toutes et tous pour le travail que vous accomplissez et je vous souhaite une excellente soirée.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 29 août 2013
Madame la Ministre chargée de la francophonie, chère Yamina Benguigui,
Monsieur l'Ambassadeur, je devrais dire Monsieur le Premier ministre, cher Michel Rocard,
Madame la Présidente du conseil régional de la Guadeloupe, chère Josette Borel-Lincertin,
Monsieur le Président du conseil territorial de Saint Pierre et Miquelon, cher Stéphane Artano,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Préfets,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un plaisir renouvelé que je vous retrouve ce soir, ici en l'Hôtel de Montmorin, au ministère des Outre-mer, à l'occasion de l'édition 2013 de la Conférence des ambassadeurs. Pour la deuxième fois, j'ai l'honneur de m'adresser à toutes celles et à tous ceux qui uvrent à la vivacité de la présence française sur les trois océans à proximité des régions et collectivités françaises d'outre-mer.
La présence de Laurent Fabius et de Yamina Benguigui atteste des liens étroits qui unissent les ministères des Affaires étrangères et des Outre-mer dans la recherche, toujours plus affirmée depuis mai 2012, de la promotion des outre-mer dans la politique étrangère de la France.
Mais je ne peux commencer mon propos sans relever que notre rendez-vous intervient dans un moment particulier, empreint d'une certaine gravité que chacun mesure j'en suis sûr.
Le Président de la République s'est adressé à vous, et au-delà, à toute la Nation, pour dire que la France, fidèle à ses valeurs et à ses principes, se tenait prête à agir afin que les exactions qui ont été commises en Syrie ne se reproduisent plus.
Le chef de l'Etat a été clair : la guerre civile en Syrie est une menace pour la paix du monde. Des populations civiles innocentes sont exposées à des atrocités inacceptables. La France a donc le devoir de réfléchir, avec ses alliés, aux moyens les plus appropriés d'agir.
Nous devons donc être tous mobilisés en ces temps troublés où les consciences des démocraties sont mises à l'épreuve.
Nous devons être fermes sur nos valeurs et nos principes. Ces valeurs et ces principes qui font de la France la patrie des droits de l'Homme et que nous avons la responsabilité de faire rayonner partout où la France est présente.
La politique d'insertion des outre-mer dans leur environnement a fait l'objet de ma part d'une communication en conseil des ministres. J'y ai rappelé le rôle particulier joué par les outre-mer dans la politique étrangère de notre pays, à savoir celui de relais des intérêts stratégiques de la France et de la promotion de leurs propres intérêts ; lesquels se déclinent sous les angles suivants :
* La coopération régionale
La dimension européenne y est fondamentale, à travers les trois programmes opérationnels de la coopération territoriale européenne (Interreg IV Caraïbes, PO Amazonie, PO Océan indien) pour un montant de cent millions d'euros environ. Les négociations en cours sur les futurs règlements communautaires pour la période 2014/2020 devront permettre, par la mise au point d'une meilleure coordination des moyens du Fonds européen pour le développement (FED) et du Fonds européen de développement économique régional (FEDER) au service du développement régional, de faciliter l'insertion de ces territoires dans leur zone géographique. Cette insertion sera d'autant plus forte que les Outre-mer seront effectivement membres des organisations régionales dont ils relèvent. C'est le cas de la Nouvelle Calédonie, de la Polynésie française et de Wallis et Futuna pour la Communauté du Pacifique (CPS), de La Réunion pour la Commission de l'Océan indien (COI), de la Guadeloupe et de la Martinique pour la Commission économique pour l'Amérique et les Caraïbes (CEPALC). Mais, avec le fort soutien du Ministère des affaires étrangères, les DOMCOM veulent aller plus loin en intégrant pleinement le Forum des Iles du Pacifique (FIP) pour nos collectivités du Pacifique, l'Association des Etats de la Caraïbes (AEC), l'Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECO), la Communauté caribéenne (CARICOM) pour les départements français d'Amérique. Le processus d'adhésion est en bonne voie et nul doute que l'accomplissement d'une telle démarche renforcera le poids économique, culturel, géopolitique des outre-mer, et au-delà de la France toute entière, dans les environnements régionaux.
Parallèlement à cette recherche d'intégration, je peux vous annoncer que les chargés de mission de la Guadeloupe et de la Martinique pour la coopération régionale devraient bientôt être en poste, en dépit de quelques soucis d'ordre technique qui, je l'espère, seront résolus sans tarder. Ils seront présents dans les ambassades de France à Sainte-Lucie, Haïti, République dominicaine, Cuba, Venezuela, Trinidad, Panama et les consulats généraux de Miami, Bélem et Québec. C'est aussi le cas pour une représentation de la Guyane à l'ambassade de France au Suriname.
Ces représentants auront pour mission, à côté du chef de poste, de promouvoir et de faciliter les relations tant économiques que culturelles entre leurs régions d'origine et leur pays- hôte.
Concernant la diplomatie économique, cher Laurent Fabius, l'insertion économique régionale des Outre-mer est l'un des vecteurs de leur redressement économique. La lutte contre la vie chère et la mobilisation générale pour l'emploi passent aujourd'hui aussi par l'exploration méthodique des marchés régionaux. Loin d'être une finalité en soi, l'insertion économique régionale des Outre-mer n'a pas d'autre ambition que d'élargir le champ du possible pour les acteurs économiques et les populations locales. Il s'agit de favoriser la modernisation des économies insulaires dans une logique de développement mutuellement profitable, grâce à la projection régionale de nos meilleures PME des Outre-mer et à la capacité de nos Outre-mer à attirer des investisseurs internationaux. De nombreuses initiatives sont en cours de mise en uvre pour concrétiser cette stratégie.
L'un des acteurs essentiels du développement régional est l'Agence française de développement qui, par ses actions, participe à mettre les Outre-mer au cur de la compétition internationale.
* Deuxième angle : la francophonie et l'économie du savoir
Les régions et collectivités d'outre-mer éparpillées aux quatre coins du monde sont des vecteurs vivants de la francophonie qui, elle-même, est l'un des supports de notre développement économique et de notre influence. Pour continuer dans la voie d'une francophonie dynamique, il convient de donner toute sa place aux universités et à la recherche présentes dans les outre-mer. Une réflexion conjointe avec le ministre de l'Education nationale et la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche est engagée afin d'élaborer un plan spécifique baptisé « Plan Haute Qualité Educative pour l'Outre-mer ». Ce plan participera à l'attractivité des outre-mer et renforcera leur avantage comparatif en matière d'économie du savoir dans leur environnement respectif. De nombreux étudiants étrangers pourront venir poursuivre leur formation dans les universités ultramarines et les nôtres, en échange, pourront se rendre dans les universités avoisinantes.
J'aimerais d'ailleurs profiter de la présence ici des responsables du Ministère des affaires étrangères pour souligner l'importance que revêt pour la francophonie l'implantation dans la région d'Alliances françaises capables de former au français les futurs étudiants et professionnels qui seront nos partenaires naturels dans ces bassins géographiques.
Je suis, de longue date, un ardent militant de la francophonie qui, hélas, a été à bien des égards sacrifiées, en particulier durant la précédente décennie. Et je tiens d'ailleurs à saluer l'initiative de la République d'Haïti qui a fait admettre le Français comme langue officielle de la CARICOM.
* Troisième angle : les enjeux de sécurité et de défense nationale
Le Livre blanc de la défense a mis en exergue la place essentielle reconnue aux outre-mer dans la stratégie de sécurité et de défense nationale. Que ce soit dans le Pacifique où le rôle des forces françaises est salué par l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, ou dans l'Océan indien où la marine française agit tant pour lutter contre les pirates, protéger les côtes ou prévenir l'immigration clandestine, ou encore au large de la Guyane avec des programmes de coopération avec le Brésil afin de limiter les méfaits des tapouilles, les Outre-mer sont au cur d'enjeux économiques et géopolitiques majeurs.
La sécurité des outre-mer passe aussi par l'affirmation de leurs intérêts et ceux de la nation toute entière. Le Gouvernement s'engage pleinement pour réaffirmer la souveraineté française sur Tromelin, les Iles éparses et Clipperton. Jamais, il n'a été question de brader les droits de la France par quelque marchandage que ce soit. Au contraire, l'action du gouvernement consiste à développer des partenariats stratégiques avec des pays amis dans le respect de la reconnaissance de notre souveraineté sur ces territoires.
De même, le Président de la République a assuré de son soutien les élus de Saint-Pierre et Miquelon sur le dossier de l'extension du plateau continental.
Enfin, permettez-moi de saluer le travail considérable du Service militaire adapté en matière de formation de la jeunesse, le SMA qui est considéré comme un exemple à suivre par de nombreux pays à l'instar du Salvador, d'Haïti ou du Vanuatu.
* Quatrième angle : la transition énergétique
Par leurs caractéristiques et leur situation, les Outre-mer constituent en effet un foyer d'expérimentation des technologies et des projets innovants qui permettront de développer et valoriser le savoir-faire français dans des domaines variés comme l'éolien off-shore adapté aux zones cycloniques, la géothermie, ou la biomasse. Le champ des potentialités est donc vaste. Ces dernières n'intéressent pas uniquement les outre-mer en réduisant leur coûteuse dépendance aux énergies fossiles mais elles constituent autant d'opportunités pour la France de développer des filières énergétiques innovantes destinées aux marchés en fort développement des pays de la zone intertropicale.
* Autre angle, le cinquième : la mobilité des personnes
Cette question reste essentielle dans le processus d'intégration régionale. Pour développer les échanges économiques et humains, il serait souhaitable de simplifier les procédures d'obtention des visas de circulation afin que les touristes, les étudiants, les chercheurs et les entrepreneurs puissent se rendre dans les territoires d'outre-mer. C'est déjà le cas pour les ressortissants sud-africains qui veulent visiter La Réunion. D'autres mesures sont à l'étude concernant la Chine et l'Inde pour La Réunion, le Brésil pour la Guyane ou les Comores pour Mayotte.
* Dernier angle : la santé
C'est l'un des axes de développement de la coopération régionale car les établissements hospitaliers d'outre-mer jouissent d'un avantage compétitif indéniable. Le système de santé, la qualité des soins et le savoir-faire français doivent être promus auprès des pays environnants afin de renforcer les liens avec eux tout en assurant l'équilibre financier de nos établissements. Des coopérations prometteuses sont en cours notamment avec Sainte-Lucie.
Dans l'Océan indien, un projet est en train d'être mis en uvre consistant à dispenser des formations aux équipes soignantes comoriennes par le personnel médical du CHU de la Réunion.
Voilà donc, dessinée à grands traits, la politique du Gouvernement en matière de coopération régionale dans les outre-mer.
Nous aurons l'occasion, lors des conférences de coopération régionale, de faire le point sur l'état d'avancement des dossiers. Celle de l'Océan indien se tiendra les 17 et 18 octobre à La Réunion et celle des Antilles-Guyane aura lieu les 7 et 8 novembre en Guadeloupe.
Je ne voudrais toutefois pas conclure sans appeler votre attention sur les points suivants :
- La réforme en cours de la politique de développement doit permettre de conforter la place des outre-mer comme acteurs de la politique d'aide et de développement de la France dans les pays environnants et je me réjouis particulièrement que le dernier comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) du 31 juillet dernier présidé par le Premier ministre ait mis l'accent sur la situation en Haïti en faisant de ce pays une priorité de l'aide française.
- Deux dossiers d'actualité semblent trouver une forme d'apaisement. D'abord, celui des relations des Comores avec la France concernant Mayotte. La visite récente du Président Ikililou a consacré un rapprochement entre les deux pays, concrétisé par la signature d'une déclaration politique qui ouvre la voie à des champs de coopération fructueux en matière de sécurité maritime, d'échanges économiques et d'approche judiciaire.
Pour terminer, je voudrais vous dire combien je suis convaincu du rôle éminent des outre-mer dans la place que la France occupe dans le monde. Mes fonctions de ministre n'ont fait que renforcer cette conviction qui était déjà mienne quand j'étais président du conseil régional de la Guadeloupe.
A ces territoires, qui sont plus que des paysages, et à ces habitants qui ne sont pas que des populations (pour reprendre le mot célèbre d'Aimé Césaire dont nous célébrons cette année le centenaire de la naissance), je veux rendre hommage. Car, par eux, passe pour de nombreux pays de leur environnement géographique, le désir de France, comme j'ai pu m'en rendre compte le mois dernier à la Maison de l'Amérique latine où j'étais l'invité du groupe des ambassadeurs d'Amérique latine et des Caraïbes.
Je vous remercie toutes et tous pour le travail que vous accomplissez et je vous souhaite une excellente soirée.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 29 août 2013